Sécurité des soignants : il faut "porter plainte" rappelle la présidente de l'Ordre des médecins à Belfort

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Présidente de l'Ordre des médecins dans le Territoire de Belfort, Frédérique Nassoy-Stehlin encourage les médecins et les professionnels de santé à porter plainte en cas d'agression via une déclaration en ligne.

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00:00 Quelle sécurité pour les soignants après le drame du CHU de Reims ?
00:05 Une infirmière poignardée à mort lundi soir, l'invité de France Bleu France 3
00:09 matin, Alexandre Leperre, la présidente de l'Ordre des médecins dans le
00:12 territoire de Belfort. Bonjour Frédéric Nasswa-Stellin.
00:15 Bonjour. Le temps de l'émotion ce midi donc, une minute de silence dans tous les
00:19 hôpitaux de France, minute de silence respectée notamment dans les hôpitaux
00:22 du Nord-Franche-Comté, le temps de la réflexion aussi. Faut-il prendre des
00:26 mesures concrètes après ce qui s'est passé à Reims ? Alors il est vrai que
00:31 depuis longtemps l'insécurité des soignants est soulignée dans les
00:36 établissements de santé bien sûr, puisque beaucoup de monde passe dans ces
00:41 établissements mais aussi dans les cabinets médicaux des médecins.
00:44 Le Conseil national de l'ordre des médecins a établi depuis plus de 20 ans
00:48 un observatoire des violences. On a constaté une forte augmentation des
00:52 violences ces dernières années notamment une augmentation de 22% en 2022.
00:57 Vous êtes donc favorable à ce qui est par exemple des fouilles, des portiques de
01:01 sécurité dans les hôpitaux ? Je ne sais pas si c'est la solution, ça sera très
01:08 difficile à mettre en place. C'est vrai que les établissements ont
01:13 peut-être les moyens de mettre en place des agents de sécurité. Est-ce que cela
01:16 suffira ? Je ne sais pas mais en tout cas il faut réfléchir à cela évidemment.
01:19 Vous dites que c'est difficile à mettre en place dans nos hôpitaux du Nord-Franche-Comté
01:22 vous pensez donc que ça peut être difficile ?
01:27 Écoutez, vous avez vu pendant la période Covid quand les gens étaient
01:32 arrêtés systématiquement pour vérifier des passes, qu'il y avait des files
01:35 d'attente. C'était compliqué. Vous imaginez bien que si on doit fouiller les
01:40 personnes qui arrivent à l'hôpital, il y a beaucoup de passages, ça va être
01:43 compliqué forcément. Il est 7h47, l'invité de France Bleu France 3 Matins
01:47 est la présidente de l'ordre des médecins dans le territoire de Belfort.
01:50 Frédéric Nassois-Stellin, le ministre de la Santé et le belfortin François
01:54 Brun a promis de réunir en urgence un comité pour garantir donc plus de
01:57 sécurité aux soignants après ce qui s'est passé à Reims.
02:00 Vous avez des pistes concrètes, on a bien compris que les portiques de
02:03 sécurité par exemple ça va pas être très possible dans nos hôpitaux ?
02:08 Je ne dis pas que ça va pas être possible mais en tout cas c'est quelque chose à étudier.
02:11 Quelque chose de lourd à mettre en place.
02:13 Ça sera probablement compliqué. Encore une fois, moi j'ai envie de, j'ai malgré tout envie
02:18 d'appuyer sur le fait que les violences existent aussi dans les cabinets médicaux.
02:23 Les violences physiques sont une chose, très grave évidemment, elles ont augmenté.
02:28 Mais il faut aussi penser aux violences verbales dont sont victimes les médecins
02:33 libérons dans leur cabinet et dans leur cabinet très souvent les médecins sont
02:38 seuls.
02:39 Ça qui a une question de comportement à faire passer, c'est vrai qu'on a entendu ce matin un médecin
02:43 généraliste de Menoncourt qui nous disait dans les journaux qu'il y a plus de
02:46 soucis avec des gens mécontents. C'est donc une question de comportement global
02:49 à faire passer au delà du drame assez particulier de ce qui s'est passé à Reims ?
02:54 Tout à fait. À Reims, c'est évidemment une tragédie.
02:58 On avait affaire à un patient qui était connu, qui avait des mesures de
03:05 protection et donc qui avait un problème de santé mentale grave.
03:10 Alors c'est pas à moi de dire qu'il aurait dû être arrêté avant mais en
03:14 tout cas voilà c'est quelque chose, un problème bien spécifique.
03:18 On a dans la société un problème de comportement qui est de plus en plus
03:23 présent et qui fait que les personnes qui vont dans un cabinet médical se
03:28 permettent d'insulter, de frapper, de dégrader les biens.
03:30 Il y a vraiment plus d'impatience depuis le Covid par exemple, vous sentez ça Frédéric Nasswa-Stelin ?
03:35 Je ne sais pas si c'est le Covid.
03:38 Alors c'est vrai qu'on a tendance maintenant à dire avant et après Covid.
03:42 Je pense que le Covid n'a rien à voir là-dedans.
03:45 C'est un problème de démographie médicale.
03:47 Il y a de moins en moins de médecins, il y a de plus en plus de patients et il y a de plus en plus de patients impatients.
03:53 C'est un problème de comportement qui malheureusement se généralise.
03:56 Ça veut dire comment on peut faire pour éviter ces agressions verbales que le personnel de santé subit ?
04:03 Le conseil départemental est aux côtés des médecins.
04:08 Les médecins sont appelés à remplir une déclaration en ligne.
04:12 Une déclaration d'incident qui nous revient systématiquement.
04:16 On encourage les médecins à porter plainte et on se porte partie civile à leur côté.
04:20 Ça c'est une démarche qui doit se développer.
04:23 Ce n'est pas dans la culture des médecins de dénoncer.
04:26 C'est normal mais malheureusement on en est là et il faut agir.
04:31 Notre objectif est vraiment que les forces de l'ordre et la justice soient vraiment sensibilisées à cela et qu'on aille vers l'impunité zéro.
04:39 Vous dites que les professionnels de santé ne portent pas plainte.
04:43 Elles ne vont pas à ce niveau et elles gardent ça pour elles, ce qui peut poser des problèmes.
04:48 Sur l'ensemble des déclarations d'incident qui arrivent au niveau national,
04:52 on a seulement 34% des médecins qui vont au bout des démarches, c'est-à-dire qui concrétisent par une plainte.
04:57 C'est un chiffre qu'on retrouve dans le Nord-Franche-Comté ?
05:01 C'est à peu près similaire.
05:03 Certains pensent arrêter, dernière question, ou pas dans ce contexte ?
05:08 Arrêter, je dirais non.
05:10 Mais on a de plus en plus de contacts de la part des médecins qu'on essaie d'aider, qu'on écoute.
05:16 Pour leur porter aide et leur montrer qu'on est là à leur côté,
05:22 il y aura une campagne d'affichage qui va être développée.
05:28 On adresse une affiche, le Conseil national de l'ordre et des médecins a établi une affiche
05:33 qui va être adressée à tous les médecins pour procéder à l'affichage dans les cabinets médicaux.
05:38 Plus de prévention donc pour la suite.
05:39 Merci beaucoup Frédéric Nasswa-Stallin de nous avoir répondu ce matin.
05:42 Je le rappelle, vous êtes présidente de l'ordre des médecins dans le territoire de Belfort.
05:46 Bonne journée.
05:47 Très bonne journée, au revoir.
05:48 Et retrouvez l'invité de France Bleu France 3 matins sur l'application ICI et sur francebleu.fr Belfort Montbéliard.

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