Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h45, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.
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00:00 *musique*
00:05 C'est pas toujours facile de passer du porno au pancréas.
00:08 D'ici une dizaine d'années, ce cancer du pancréas sera en Europe et aux Etats-Unis le cancer le plus mortel après celui des poumons.
00:18 Alors autant de questions, bien sûr, il faut nous expliquer pourquoi.
00:23 Petit rappel d'abord sur le pancréas. Où est-il ? A quoi il sert ?
00:26 C'est la deuxième glande la plus grosse du corps, vous voyez, ça ressemble un petit peu à un pistolet.
00:31 C'est situé en profondeur là. En fait on ne le sent pas, on ne peut pas le toucher, on ne peut pas le palper.
00:36 Et c'est aussi toute la difficulté...
00:38 C'est là en plein milieu là ?
00:39 Oui, derrière, entre, vous voyez, au niveau de l'abdomen et derrière, enfin on ne voit pas évidemment, il est exactement là, en profondeur.
00:47 Et comme il est en profondeur, on ne peut pas le palper, donc savoir s'il est gros, s'il est dur, s'il y a...
00:50 Ah oui, il faut faire une radio si on veut le voir.
00:52 Voilà, il faut faire une échographie, il faut faire une IRF, voilà.
00:55 Et en plus, où il est situé, il y a des gros vaisseaux, et donc c'est pour métastaser, pour envoyer des petites cellules cancéreuses dans le corps,
01:03 ça va permettre de métastaser plus facilement.
01:07 Je vous le disais, c'est une glande qui a essentiellement deux fonctions, donc la digestion avec les sucres pancréatiques, etc.
01:14 Et il s'y crée deux hormones qui vont régler en permanence votre taux de sucre dans votre sang.
01:20 Ah oui ?
01:21 Donc c'est l'insuline pour faire baisser quand il y a trop de sucre, pour le faire baisser,
01:24 et c'est le glucagon, quand il n'y en a pas assez, pour le faire monter.
01:27 Donc hop, hop, hop, et ça règle en permanence votre glycémie.
01:30 Et c'est son seul boulot, au pancréas ?
01:32 Non, les sucres digestifs aussi, ils permettent la digestion, ils facilitent la digestion des graisses, etc.
01:37 Donc il est super important. Il est vital, il est hyper important.
01:39 Oui, oui, il est hyper important.
01:40 Oui, c'est ça, on ne peut pas s'en passer.
01:42 On ne peut pas s'en passer, et on n'a pas trouvé le pancréas artificiel, c'est ce qu'on cherche depuis longtemps pour arriver à le remplacer.
01:48 Mais les greffes de pancréas et tout, ça n'existe pas, les greffes ?
01:50 On fait des greffes de pancréas exceptionnellement, mais c'est vraiment très, très exceptionnel.
01:54 Mais c'est vrai que les chercheurs travaillent depuis des années à trouver un pancréas artificiel.
01:58 Et donc ça ne se répare pas ?
02:00 Voilà.
02:01 Voilà, c'est un problème.
02:02 Bon, alors maintenant, quelles sont les principales causes du cancer du pancréas ?
02:05 Alors, il y a évidemment l'âge, plus on avance en âge, et comme l'espérance de vie augmente, il y en a de plus en plus aussi.
02:12 Après, il y a une cause qui est la cause numéro un du cancer du pancréas, c'est le tabac.
02:18 Le tabac multiplie par trois le risque de faire un cancer du pancréas.
02:23 Ensuite, il y a le diabète de type 2, qui multiplie par deux le risque de faire un cancer du pancréas.
02:30 Le surpoids, l'obésité, parce que comme je vous ai dit, ça rentre en jeu dans la régulation de la glycémie, etc.
02:36 L'alcoolisme aussi favorise l'apparition du cancer.
02:39 Dans la mucoviscidose, qui est une maladie où le mucus est épais, visqueux, etc., ça bouche un petit peu tout ça.
02:45 Ça évite justement la sécrétion de ces hormones, donc ça dérègle un petit peu tout.
02:50 Des facteurs génétiques, 5% seraient d'origine génétique.
02:53 Et après, il y a ce qu'on appelle l'environnement, avec l'exposition aux pesticides, aux métaux lourds, voilà.
02:58 Mais pourquoi est-ce qu'on dit que ça sera, d'ici quelques années, peut-être plus court que ça, le plus mortel après les poumons ?
03:06 Déjà parce qu'il ne cesse d'augmenter. Il augmente de 3% chaque année, je ne sais pas si vous imaginez.
03:10 Mais pourquoi il est fragile ? Pourquoi il est vulnérable comme ça ? On dit toujours que c'est lui.
03:14 Ce n'est pas qu'il est vulnérable, c'est que lorsqu'on s'en aperçoit, on s'en aperçoit bien souvent quand la tumeur fait déjà 3 cm.
03:20 Pourquoi on ne fait pas des préventions ?
03:22 Parce que tu ne vas pas faire une ERM tous les 6 mois à tout le monde.
03:25 Déjà, la meilleure des préventions, c'est de ne pas fumer, de limiter les facteurs de risque, on est d'accord.
03:29 Pas fumer, pas... Non mais c'est vrai que pour l'instant, comme on n'a pas de traitement...
03:34 Non, parce que c'est un cancer silencieux.
03:37 C'est ça.
03:38 Et après, vous arrivez, mais c'est trop tard.
03:40 C'est exactement ça. C'est parce qu'on n'arrive pas... Je vous dis, la taille de la tumeur, lorsqu'on la dépiste,
03:46 elle fait déjà 3 cm la tumeur. En plus, elle a déjà eu le temps, quand ça grossit, tu vois, comme elle a de la place là-dedans
03:53 et qu'elle ne gêne aucun autre viscère à côté, elle peut se développer tranquillement sans que tu ressentes le moindre symptôme.
03:59 Et donc après, elle a déjà eu le temps de métastaser, donc c'est pour ça qu'il est redouté et redoutable,
04:04 parce qu'on n'arrive pas à le traiter puisqu'il a déjà fait des dégâts, justement, essentiellement liés à sa position.
04:10 Mais là, un petit espoir. Un petit espoir.
04:14 Je dis bien petit, parce que c'est enthousiasmant, mais c'est sur une toute petite étude.
04:19 L'ARN, dont on a beaucoup parlé pendant l'épidémie, l'ARN messager, vous savez,
04:24 c'est-à-dire qu'en fait, on sait que ce cancer, même quand on l'opère, il récidive.
04:29 Et là, en fait, les chercheurs ont opéré des cancers du pancréas et ont trouvé toutes les protéines qui sont à leur surface, etc.
04:40 Et ils ont fait un ARN messager qui est capable d'éduquer nos propres défenses immunitaires du patient pour reconnaître ces...
04:49 Et donc anticiper, alors.
04:51 Il a la carte d'identité, le petit, comme un vaccin, si vous voulez.
04:54 Il a la carte d'identité et il va pouvoir éduquer les cellules du patient à le reconnaître et à aller l'attaquer.
04:59 Car ce n'était pas le cas.
05:01 Alors que ce n'était pas le cas du tout.
05:03 Et la moitié des patients qui ont été traités par cet ARN messager n'ont pas récidivé.
05:07 Alors c'est une petite étude.
05:09 Par contre, le vaccin, tu le fais qu'une fois que tu as eu un cancer.
05:12 Ah oui, pour l'instant.
05:14 Non, mais peut-être qu'on arrivera justement à dépister.
05:17 Et autre piste intéressante, grâce à l'intelligence artificielle, on pourrait arriver, en fonction de toutes les données, des milliers de données,
05:25 arriver à repérer qui serait à risque dans 10 ans, dans 20 ans, de faire un cancer.
05:31 On est comme des signes qui nous permettent d'y penser.
05:34 Des signes, pour l'instant, on n'en a pas qui permettent d'y penser.
05:37 Malheureusement.
05:38 Alors il y a tout cela, mais une fois qu'il a déjà évolué, on va aller voir une jaunisse, des démangeaisons, etc.
05:43 Mais malheureusement, c'est une fois qu'il a déjà évolué.
05:45 Donc pour l'instant, ce qui reste vraiment, c'est la prévention.
05:49 On ne l'a pas évoqué, mais il y a aussi toute l'alimentation ultra transformée qui agirait directement sur les cellules cancéreuses,
05:56 en les rendant un peu inflammatoires, en les rendant hypertrophiques, etc.
06:00 Donc pareil, essayer de cuisiner maison, tous les conseils qu'on donne tout le temps.
06:03 Ça concerne surtout les hommes ou c'est une idée reçue ? Plus les hommes que les femmes ?
06:06 Alors il y a un peu plus d'hommes parce que, pour l'instant, il y avait plus d'hommes qui fumaient.
06:09 Maintenant, les femmes sont en train de les rattraper.
06:11 Ah oui, c'est pour cette raison.
06:12 Et donc c'est un cancer qui évolue.
06:15 Et on espère quand même que les prochaines études qui vont être faites justement avec la RNMSA G vont encore…
06:22 Porter leurs fruits, comme on dit.
06:24 Voilà.
06:25 Merci docteur.
06:26 [Musique]