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00:00 on en parle avec vous, Odile Rouanet, professeure d'Histoire contemporaine à l'Université
00:03 de Bourgogne, spécialiste de l'histoire militaire des 19e et 20e siècles.
00:07 Merci d'être avec nous.
00:08 Cette loi de programmation militaire se heurte déjà à plus de 1700 amendements déposés
00:14 par l'opposition.
00:15 C'est un sujet qui se prête au débat, d'après vous, en pleine guerre d'Ukraine,
00:19 alors que d'autres conflits menacent.
00:21 Oui, je pense que ça se prête en effet au débat.
00:30 Tout dépend évidemment de quel est l'enjeu de ce débat.
00:37 En fait, on parle effectivement d'un budget historique.
00:41 Il faut relativiser un tout petit peu, je pense, cet adjectif d'historique, c'est-à-dire
00:47 que l'armée française, ou plus exactement les armées françaises, sont sur un trend
00:52 depuis le début des années 2000 d'augmentation progressive des budgets militaires qui visent
00:59 à rattraper en réalité une situation très très dégradée depuis de nombreuses années.
01:07 Et ce budget finalement va dans le sens d'une consolidation plutôt que d'une manière
01:20 de faire en sorte que l'armée, comme dans votre reportage s'était indiqué, soit en
01:29 mesure de faire face à une guerre de haute intensité.
01:33 Ça c'est vraiment une autre question.
01:34 Il s'agit plutôt là actuellement au fond d'essayer de rattraper un retard important
01:42 dans un contexte international.
01:44 On vient de parler de l'Ukraine, qui vient d'être tout à fait délicate.
01:49 Donc c'est ça.
01:50 Et là-dessus bien sûr, et c'est une tradition républicaine, la nation et l'Assemblée
01:57 nationale, enfin la Chambre des députés et le Sénat ont évidemment leur mot à dire
02:03 sur ces questions.
02:04 Des priorités portées comme toujours sur la dissuasion nucléaire et aussi la fidélisation
02:10 des troupes, on consolide l'existant plus qu'on ne se prépare aux guerres du futur
02:16 et à l'évolution des technologies ?
02:18 Alors il y a un effort, en tout cas une intention vraiment très forte de mettre, si vous voulez,
02:26 l'accent apparemment dans cette loi de programmation militaire sur effectivement tous les problèmes
02:33 et toutes les innovations technologiques qui vont être fondamentales dans les futurs
02:41 conflits qui malheureusement se profilent à l'horizon.
02:45 Donc une accentuation importante sur les drones, sur la robotique, sur l'intelligence artificielle,
02:57 sur, on l'a vu, la dissuasion nucléaire et en particulier le remplacement du porte-avions
03:05 Charles de Gaulle qui est une vieille entienne et qui semble être programmée.
03:11 Donc tout ça va dans le sens, si vous voulez, d'une adaptation des armées aux nouvelles
03:16 technologies qui sont indispensables pour qu'elles puissent œuvrer.
03:21 Et puis de l'autre côté, il y a une remise à niveau, si vous voulez, d'un matériel
03:29 défaillant, insuffisant, notamment en termes de munitions.
03:34 Oui, la guerre en Ukraine a mis en évidence l'insuffisance de munitions ou des dispositifs
03:39 de défense solaire, leur caractère crucial aujourd'hui.
03:41 De ce point de vue-là, ce projet de loi de programmation militaire y répond ?
03:48 Il y répond en partie, en fait, il répond surtout à la nécessité de reconstituer
03:55 en quelque sorte des réserves qui sont en partie allées vers l'Ukraine dans l'aide
04:03 aux forces ukrainiennes qui combattent.
04:05 Et du coup, effectivement, il s'agit pour l'armée française de revenir un petit peu
04:10 à niveau, de reconstituer en fait des réserves, plus que de véritablement être capable d'affronter
04:18 une menace ou une guerre du type de celle que mènent les Ukrainiens face aux Russes
04:26 actuellement.
04:27 On a vu qu'avec cette guerre en Ukraine, on a vu l'efficacité des batteries de défense
04:32 antiaériennes, les missiles solaires.
04:34 De ce point de vue-là, ça a été véritablement une guerre de drones.
04:38 Est-ce que cela a encore un sens d'investir massivement dans des rafales ou des mirages ?
04:42 Le rôle de l'aviation est quand même très important.
04:48 On le voit d'ailleurs dans la décision de Joe Biden d'autoriser, là il y a quelques
04:53 jours, l'envoi quand même d'avions, alors qu'ils ne sont pas forcément les plus modernes,
05:01 des F-16 vers l'Ukraine.
05:04 Mais le contrôle quand même de l'espace aérien constitue quand même un enjeu extrêmement
05:10 important.
05:11 Il ne peut pas être complètement fait sans l'aviation et sans vraiment cet apport des
05:21 forces aériennes.
05:22 Donc les drones ne suffisent pas.
05:25 Merci Odile Rouanet d'avoir été avec nous pour commenter ce projet de loi de programmation