Zoom - Thierry Mariani : "Cette guerre n'est pas la nôtre"

  • l’année dernière
Le député européen Rassemblement national et ancien ministre Thierry Mariani était en Hongrie les 4 et 5 mai 2023 pour participer à la CPAC Hungary, un rendez-vous incontournable des conservateurs organisé pour la deuxième année consécutive à Budapest par le Centre pour les droits fondamentaux, un think-tank proche du gouvernement hongrois. Yann Caspar, journaliste, juriste et auteur franco-hongrois l’a interrogé le 5 mai 2023 pour TVLibertés. Un entretien ayant essentiellement pour sujets le conflit russo-ukrainien, ses causes, son actualité, ses perspectives et ses conséquences, mais aussi la position de la Hongrie de Viktor Orbán et celle du président Emmanuel Macron.

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00:00 Bonjour Thierry Marien. Bonjour. Merci d'accepter cet entretien pour Timid Témé Liberté.
00:10 Vous êtes eurodéputé Rassemblement National et membre du groupe ID.
00:15 Et nous sommes aujourd'hui à Budapest dans le cadre de la CIPAC.
00:20 Pouvez-vous nous préciser ou nous expliquer l'objet de votre voyage en Hongrie ?
00:26 Écoutez, c'est toujours intéressant ce genre de colopte
00:29 parce qu'en réalité, d'abord, il y a des conférences qui sont intéressantes.
00:35 Chacun de nous suit certains sujets.
00:37 Donc, on va un peu picorer les conférences qui nous intéressent.
00:40 Et puis, c'est aussi l'occasion, comme tous les salons, de rencontrer.
00:45 J'étais il y a quelques minutes en discussion, par exemple, avec des Serbes.
00:49 Ce matin, j'étais avec des ressortissants roumains.
00:54 Donc, c'est l'occasion aussi de rencontrer d'autres pays en un seul lieu.
00:59 Et puis aussi, c'est la Hongrie.
01:01 C'est quand même, grâce à Viktor Orban, un cas en Europe.
01:06 C'est-à-dire que c'est, j'ai envie de vous dire,
01:08 le seul pays qui résiste au double totalitarisme de l'Europe et des États-Unis.
01:13 Et donc, c'est aussi un pays qui est intéressant à observer.
01:17 Très bien. Qu'est-ce que Viktor Orban vous évoque ?
01:20 C'est un, pour vous, la Hongrie, Viktor Orban, c'est un modèle
01:24 pour la force politique qui est la vôtre en France, un ami politique, un allié.
01:32 Est-ce que vous pouvez préciser votre position sur la Hongrie ?
01:35 Ce qui est intéressant, je ne suis pas d'accord sur tout avec Viktor Orban.
01:38 Attention. Mais ce qui est intéressant, c'est son raisonnement.
01:41 C'est-à-dire qu'il dit qu'est-ce qui est intéressant pour la Hongrie.
01:44 Il ne se demande pas qu'est-ce qui est intéressant pour Bruxelles.
01:46 Qu'est-ce qui est intéressant pour Washington ?
01:48 Il prend ses décisions en disant qu'est-ce qui est intéressant pour la Hongrie.
01:51 Regardez dans la situation actuelle.
01:53 C'est par exemple, à ma connaissance, le seul État qui, en Europe,
01:57 continue à avoir des accords avec la Russie pour payer l'énergie moins cher.
02:02 L'Union européenne a décidé de terminer ses relations énergétiques avec la Russie.
02:08 De ce fait, on achète en réalité, notamment du gaz naturel liquéfié,
02:13 soit aux États-Unis, soit aux monarchies du Golfe.
02:16 Et vous savez comme moi que le Qatar est un exemple de démocratie
02:19 comme l'Algérie à qui, désormais, on achète cette énergie.
02:22 Donc ce qui est intéressant, c'est le raisonnement.
02:24 C'est-à-dire de dire avant de penser à ce que souhaite tel ou tel de nos alliés,
02:30 essayons de voir quel est l'intérêt des Hongrois.
02:34 Et aussi sur le conflit russo-ukrainien, la Hongrie a une position très particulière.
02:38 C'est-à-dire que depuis le départ, elle refuse les envois d'armes à l'Ukraine.
02:43 Elle a condamné l'opération militaire spéciale,
02:48 ou le déclenchement de la guerre par les forces russes,
02:51 il y a un instant, un peu plus d'un an.
02:53 Mais surtout, elle plaide pour des négociations.
02:56 But de paix, c'est la position hongroise qui est en décriée.
02:59 Récemment, dans le cadre du retour d'un voyage de Chine,
03:03 Emmanuel Macron a aussi semblé vouloir bichurquer sur ce terrain-là.
03:08 C'est-à-dire qu'il a eu des mots relativement durs envers les alliés américains de la France.
03:14 Et les déclarations d'Emmanuel Macron ont suscité, pour certaines personnes, de l'espoir en Hongrie.
03:21 C'est-à-dire qu'on s'est dit, enfin, il y a un pays de taille importante au sein de l'Union européenne
03:27 qui est en train un peu de changer son fusil d'épaule sur la question russo-ukraïenne.
03:32 Qu'est-ce que vous leur dites à ces Hongrois ?
03:33 C'est un gros espoir ou ils ont raison ? Qu'est-ce que vous leur dites ?
03:37 Je voudrais qu'ils aient raison. Je voudrais qu'ils aient raison.
03:40 Mais malheureusement, en France, on connaît un peu Macron.
03:43 On sait que la bonne nouvelle du lundi est annulée par le naturel qui revient au galop le mardi et pour le reste de la semaine.
03:50 Donc si vous faites référence aux déclarations qui, en clair, disaient qu'on n'est pas obligé de suivre les États-Unis sur le conflit avec Taïwan,
04:00 Macron essaye par moment de mettre ses pieds dans les bottes du général De Gaulle.
04:06 C'est vrai que depuis les années 60, la position de la France sur la Chine est très claire.
04:10 On ne reconnaît qu'une seule Chine. Et Taïwan-Pékin, c'est un problème qui regarde la Chine.
04:15 Je ne vois pas pourquoi on devrait s'engager dans un conflit éventuel alors que sincèrement, ce n'est pas du tout notre intérêt.
04:24 On ne s'engage pas dans le conflit au Soudan. On ne s'engage pas dans le conflit au Yémen.
04:28 Et donc la déclaration de Macron sur Taïwan était positive.
04:33 Le problème, c'est qu'on sait très bien que Macron n'a aucune...
04:38 C'est un vendeur de tapis. Pardonnez-moi, un vendeur de tapis qui est un chef d'État.
04:41 Mais les gens ont compris que c'est un vendeur de tapis, c'est-à-dire qu'il est Américain avec les Américains, Chinois avec les Chinois.
04:49 Et tous les jours, sa position change. Donc voilà, ne comparons pas Orban, qui a une position claire sur le conflit depuis le début, à Emmanuel Macron.
05:01 Moi, je vois surtout qu'Orban a une position qui est certainement la plus proche de Marine Le Pen.
05:06 Marine Le Pen est l'une des rares dirigeantes de partis dans les grands pays en Europe à dire qu'il faut une conférence de paix, il faut tout de suite arrêter.
05:12 La priorité, c'est d'arrêter la guerre, parce qu'une guerre, ça peut déraper.
05:16 Et aujourd'hui, tous ceux qui encouragent cette guerre en restant bien au calme dans des studios télé ou sur des plateaux,
05:24 je serais curieux de savoir si demain, on leur demande à ce que leurs enfants soient mobilisés pour aller défendre le Donbass, comment ils réagiront.
05:33 Voilà. Et Marine Le Pen, au moins, a une position comme Orban, qui consiste à dire la priorité, c'est la paix.
05:39 Et puis après, on a le temps de négocier, etc. Mais pour le moment, encourager une guerre en livrant sans cesse des armes et en étant prêt à se battre courageusement jusqu'aux derniers Ukrainiens,
05:52 c'est pas forcément, à mon avis, ni l'intérêt de l'Ukraine, ni l'intérêt de l'Europe.
05:56 Mais l'intérêt de la Russie n'est-il pas que ce conflit dure aussi ?
06:00 Non, je pense pas que ce soit l'intérêt de la Russie. Vous savez, c'est l'intérêt des États-Unis.
06:05 Le grand gagnant à la fin de ce conflit, on s'en apercevra, ce sont les États-Unis. C'est déjà le grand gagnant au niveau économique,
06:11 puisque vous remarquerez que désormais, tout son surplus, notamment en termes de GNL, gaz naturel liquéfié,
06:18 eh bien, il a trouvé un débouché. Et en plus, où ils le vendent très cher, c'est l'Union européenne.
06:23 L'industrie d'armement américaine tourne à fond aujourd'hui. Donc comme d'habitude, le grand gagnant, ce sera les États-Unis.
06:32 Le grand perdant, ce sera, à mon avis, l'Europe, parce que comme d'habitude, l'Europe payera la note.
06:38 Et on est habitué, l'Europe paye la note, les Américains prennent les contrats.
06:42 Donc je pense qu'on a un intérêt à ce que ce conflit s'arrête très vite.
06:47 Donc cette guerre, finalement, c'est quoi ? C'est vouloir, depuis Washington, prendre l'Europe en un bloc pour mieux la contrôler ?
06:55 Ou est-ce qu'il y a des nuances à l'intérieur de l'Union européenne ? On s'aperçoit, par exemple,
07:00 sans doute, vous ne serez pas d'accord avec cet angle ou cette réflexion, mais la Pologne prend plus en plus de poids.
07:09 Elle assure non pas un leadership, mais sa voix est de plus en plus entendue.
07:14 Non, la Pologne assure un leadership. Il n'y a plus de leadership. Vous savez, pendant des années,
07:17 on a expliqué que l'Union européenne allait donner un coffre, un écho supérieur à la politique étrangère française.
07:23 C'est exactement l'inverse. Il n'y a plus de politique étrangère française sur ce conflit.
07:28 Permettez-moi un bref rappel en arrière. 2008. La France, en août 2008, est présidente de l'Union européenne.
07:36 Et éclate ce conflit en août 2008 entre Russie et Géorgie. Que fait Nicolas Sarkozy ? Il part tout seul.
07:44 Il demande son avis à personne. Il obtient un cessez-le-feu. 2014. 2014, François Hollande part avec Angela Merkel
07:54 et obtient un accord qui est loin d'être parfait, puisqu'en réalité, les combats n'ont jamais cessé.
07:59 Mais au moins, les combats ne se sont pas étendus. Il obtient ce qu'on appelle les accords de Minsk. 2022. Emmanuel Macron téléphone.
08:10 Pays téléphone. Mais en clair, il n'obtient rien. La voix de la France dans ce conflit est totalement inaudible.
08:16 Et en réalité, qui mène la danse au niveau européen aujourd'hui ? La Pologne et les États baltes.
08:21 On est à la remorque, effectivement, de ces États, que je comprends, parce que la géographie commande la géopolitique.
08:28 Ces États ont une histoire difficile avec leurs voisins, la Russie. Et donc je comprends que ces États ont peur de la Russie.
08:36 Et cette peur, quand on regarde l'histoire, est légitime. Mais c'est pas l'intérêt de la France.
08:41 Et donc aujourd'hui, la France est en réalité coincée dans cette politique européenne où les Américains... Pardon, les Polonais...
08:50 Les Polonais et les Américains... — C'est exactement la même chose pour vous. C'est la même politique.
08:55 — Voilà. Excusez-moi. Les Polonais sont des très bons...
09:01 — Les conservateurs sont au pouvoir et les démocrates... À Varsovie. Et les démocrates sont au pouvoir à avoir rien à voir.
09:08 Le rêve des Américains, c'est de casser du russe. Et le rêve des Polonais, c'est de contenir la Russie.
09:13 Donc ces histoires de démocrates ou républicains, excusez-moi, par rapport aux règles éternelles de la géopolitique
09:21 que dû au voisinage des frontières, ne changent pas grand-chose. Donc les intérêts aujourd'hui de Varsovie et les intérêts de Washington
09:28 sont les mêmes, même si M. Biden est à Washington et le PiS est à Varsovie.
09:34 — Alors ce conflit qui a essentiellement lieu dans l'est de l'Ukraine et au sud de l'Ukraine, l'argument qui est utilisé par les Polonais,
09:43 c'est justement pour revenir à la Géorgie ou à 2014. C'est-à-dire qu'il fallait être plus dur avec les Russes,
09:49 parce que sinon, en quelque sorte, les prochains sur la liste, c'est nous. Il y a très peu de personnes qui pensent comme ça en Hongrie.
09:56 Assez peu. Mais est-ce que, selon vous, on peut entendre ce point de vue polonais qui consiste à dire
10:04 « Les Russes ont une politique étrangère militaire agressive par nature. C'est une puissance qui s'étend. Donc le risque,
10:13 c'est que dans quelques mois ou dans quelques années, on ne soit plus dans un cadre complètement russo-ukrainien,
10:19 mais qu'on ait des frictions dans les pays baltes, en Pologne. » Est-ce que, selon vous, c'est envisageable ?
10:25 — La puissance qui s'étend depuis 1991, croyez-vous vraiment, c'est la Russie ou c'est l'OTAN ?
10:31 — Ah, je vous pose la question. — Non, non, mais moi, quand je regarde la carte, je constate que le pacte de Varsovie a été dissous.
10:38 L'OTAN avance sans cesse vers la Russie. Il y a un moment – vous vous souvenez comme moi – dans les années 60, en 62,
10:46 si ma mémoire est bonne, quand l'URSS a installé des fusées à Cuba, les Américains ont expliqué que c'était intolérable
10:53 et qu'on était au bord de la guerre nucléaire. Par contre, quand on installe des fusées au bord de la frontière russe,
10:58 on trouve tout ça normal. Non, soyons sérieux deux minutes. Je pense qu'on a loupé le coche dans les années 90.
11:03 Il fallait insérer la Russie déclinante, puisque dans les années 90, avec M. Yeltsin et avec l'URSS qui s'était effondrée,
11:14 la Russie déclinante et la Russie à terre dans un pacte de sécurité où tout le monde était – j'allais dire – lié.
11:21 Et il fallait dissoudre l'OTAN comme a été dissous le pacte de Varsovie. Voilà. Aujourd'hui, on est dans une confrontation qui renaît.
11:29 Et puis je comprends les inquiétudes des Polonais. Je le dis franchement. Mais je pense que c'est pas les nôtres. Voilà.
11:36 Vous savez, Marie-France Garot, que tout le monde a oublié, mais Marie-France Garot avait une phrase qu'elle sortait souvent.
11:40 Elle disait « L'UE nous amènera à mener des guerres qui ne sont pas les nôtres et à ne pas mener les guerres qui sont les nôtres ».
11:47 Cette guerre n'est pas la nôtre. Par contre, protéger l'Europe et protéger la France plutôt du flanc sud, c'est-à-dire en clair,
11:54 de la masse migratoire qui arrive d'Afrique, c'est une guerre pour nous, une guerre heureusement beaucoup moins mortelle qu'en Ukraine.
12:02 Mais c'est un enjeu d'avenir. Voilà. Et cette guerre, on la mène pas, puisqu'au contraire, l'UE nous prépare un pacte migratoire
12:09 qui ouvre grand les frontières de l'UE. Donc voilà. On n'a pas les mêmes intérêts que la Pologne. Mais je comprends tout à fait les craintes des Polonais.
12:19 Alors concernant les craintes, en Hongrie, il y en a. Cela concerne la minorité hongroise de l'oblaste de Transcarpathie,
12:26 en bon français, Subcarpathie, puisque nous sommes de ce côté de la chaîne des Carpathes. C'est notamment ce qui explique,
12:34 que le ministre des Affaires étrangères explique que la Hongrie ne veut pas prendre part aux négociations d'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN
12:42 tant que cette question des minorités linguistiques hongroises ne sera pas réglée en Subcarpathie,
12:50 tant que le pouvoir central de Kiev n'aura pas adouci sa législation qui véritablement persécute cette minorité,
13:00 même si ce n'est pas encore une persécution physique, mais ça peut venir. Mais j'ai envie de vous demander,
13:06 est-ce que de facto l'OTAN est peut-être déjà membre de l'OTAN ? Pourquoi ces négociations ?
13:13 On sait que maintenant, ces publics, depuis un certain nombre d'années, des instructeurs de l'OTAN sont sur place pour former les militaires qui viennent,
13:23 les envois d'armes. Est-ce qu'il y a une co-béligérance ? Et est-ce que d'un autre côté, l'Ukraine n'est pas membre de l'OTAN, tout simplement, déjà maintenant ?
13:32 Écoutez, de facto, on est engagé dans une guerre comme si c'était un membre de l'OTAN.
13:37 Alors c'est vrai qu'on n'a heureusement pas nos soldats sur le territoire ukrainien, mais on voit très bien qu'immédiatement,
13:42 on nous a expliqué que cette agression contre l'Ukraine était une agression contre l'ensemble des États et qu'au nom des valeurs, on devait se battre.
13:50 Quelle valeur on a en commun ? L'Ukraine est l'un des États les plus corrompus. Quelle valeur on a en commun ?
13:54 L'Ukraine, avant même le déclenchement de cette guerre, avait une opposition où la plupart de ses leaders étaient déjà en prison ou exilés.
14:01 Voilà. Je ne vois pas tellement qu'est-ce qu'on a en commun. Quelle valeur on a en commun ?
14:06 Vous le rappeliez, en ce qui concerne le traitement des minorités. Engager l'Union européenne, ou plutôt engager l'Ukraine dans l'Union européenne et dans l'OTAN,
14:15 c'est un pied de plus dans la guerre. Voilà. C'est tout. Vous avez remarqué d'ailleurs que dans ce bâtiment, c'est extraordinaire, il y a deux entrées.
14:21 Vous avez remarqué la différence entre les entrées ? — L'entrée presse et l'entrée normale.
14:25 — Oui. Alors l'entrée normale, il y a un beau arche avec marqué « CIPAC », etc. L'entrée presse, vous passez dessous le drapeau hongrois et dessous le drapeau de l'OTAN.
14:37 — La Hongrie est membre de l'OTAN ? — Oui, oui. C'est vrai. Mais vous connaissez la blague au Parlement hongrois ?
14:42 — Oui, je la connais. — Voilà. Donc... — Allez-y. Allez-y. Elle est là.
14:46 — Non, mais la blague favorite de certains députés, c'est « Il faut rester dans l'OTAN pour nous protéger des bombes américaines ».
14:51 Mais écoutez, en réalité, je pense qu'on joue un jeu extrêmement dangereux et que l'Ukraine, sa vocation, y compris dans son propre intérêt,
15:00 c'était d'être entre les deux blocs et pas du tout être engagée dans un bloc. Parce qu'engagés aujourd'hui dans un bloc, ils sont en première ligne.
15:07 Aujourd'hui, le pays qui est détruit, c'est pas la France, c'est pas l'Espagne, c'est pas la Pologne. C'est l'Ukraine.
15:13 — Voilà. Et alors quelles sont les perspectives en Ukraine ? Quelles sont, selon vous, la situation qui pourrait satisfaire toutes les parties ?
15:22 — Il n'y en a pas. Il n'y en a aucune, soyons sérieux. Il n'y a pas... — Au niveau territorial, au niveau politique, ou en y est-il pas ?
15:28 — On y est aussi de l'intermédiaire. Est-ce que la Chine va commencer à jouer un rôle dans tout ça ? On voit bien que depuis quelques semaines,
15:36 elle essaye un peu de s'interposer. Est-ce que, selon vous, c'est plutôt bon signe ? Qu'est-ce qui risque de se passer ?
15:41 — Je vois pas tellement aujourd'hui quel plan de paix il peut avoir. Voilà, soyons clairs. Je constate qu'il y a des succès diplomatiques des Chinois.
15:49 Mais aujourd'hui, c'est plutôt au Moyen-Orient. En réconciliant Arabie saoudite et Iran, c'est quand même quelque chose d'assez spectaculaire.
15:56 Mais voilà. Aujourd'hui, je ne vois pas tellement quel est l'accord possible quand on voit les positions russes et les positions ukrainiennes. Voilà.
16:05 Donc malheureusement, je crains que cette guerre continue. — Très bien.
16:09 M. Mariani, nous arrivons à la fin de cet entretien. Peut-être une dernière question plus franco-française sur la politique actuelle qui est menée en France.
16:18 On critique souvent la Hongrie sous l'angle de l'état de droit, de la liberté de la presse, de l'indépendance de la justice.
16:26 Et souvent, je suis obligé d'expliquer de manière assez générale ce qui se passe en France. Expliquez aux Hongrois, répondez à leurs questions.
16:37 Est-ce que la France est un état de droit ? Est-ce que l'indépendance de la justice, c'est quelque chose d'un principe qui est respecté ?
16:45 Est-ce que les médias sont libres ? Etc. Les Hongrois ont besoin de savoir.
16:50 — Écoutez, l'expression « état de droit », c'est la nouvelle formule magique pour s'occuper de tout. Parce que quand vous demandez...
16:57 Je vous rappelle que ça n'est défini dans aucun texte. Les textes européens disent « l'état de droit », c'est ce qui concerne les valeurs européennes.
17:03 Alors une fois que vous avez dit « les valeurs européennes », c'est quoi, les valeurs européennes ? Vous pouvez tout mettre dedans. Voilà.
17:09 Aujourd'hui, je constate surtout que cet état de droit sert à faire en sorte que côté hongrois ou côté polonais, eh bien Bruxelles ait un interventionnisme
17:19 extrêmement fort dans des domaines qui sont pas de ses compétences. L'impérialisme aujourd'hui le plus dangereux, c'est l'impérialisme de Bruxelles,
17:26 qui veut tout réglementer. Et l'enjeu des élections européennes sera extrêmement important, parfois, parce que moi, je dis souvent...
17:36 Surtout en Europe, il y a deux sortes d'États. Il y a ceux qui reçoivent plus et ceux qui payent plus. Ceux qui reçoivent plus, eh bien vous avez la Pologne et la Hongrie.
17:45 Et quand on reçoit plus, on peut être sous la pression de Bruxelles. Vous savez, l'UE, pendant longtemps, a essayé de faire rêver.
17:54 L'Europe, c'est la paix. Aujourd'hui, elle peut plus faire rêver. Donc elle fait chanter. Si vous ne faites pas ce que je veux, vous n'avez pas de subvention.
18:00 Et le vrai danger pour des États comme la France, c'est quoi, aujourd'hui ? Eh bien moi, je me bats contre ce qu'on appelle les ressources propres.
18:09 Parce que les ressources propres, c'est quoi ? C'est un discours européen qui est extrêmement dangereux, qui dit que l'Europe peut percevoir des impôts
18:18 beaucoup plus efficacement que les États nationaux. Oui, mais après, c'est l'Europe qui les répartit. Et à ce moment-là, l'Europe fait chanter.
18:24 Vous avez l'exemple. Aujourd'hui, je le répète, avec la Pologne ou la Hongrie. Demain, ce sera avec la France. Aujourd'hui, c'est avec l'Italie.
18:32 Moi, je constate que Mme Mélanie a une politique extrêmement conciliante depuis qu'elle est au pouvoir vis-à-vis de l'Europe.
18:39 Mais vous savez pourquoi ? Elle doit récupérer plus de 100 milliards. Et donc, elle joue un jeu d'équilibre où elle se débrouille bien, d'ailleurs.
18:48 Elle a des positions, en revanche, très claires sur le conflit russo-ukrainien.
18:51 Oui, oui. Bah, qui plaisent à l'Europe.
18:53 Qui ne sont pas forcément les vôtres ou celles des positions de...
19:00 Mais soyons clairs. Elle a des positions très conformes à tout ce que veut l'Europe à part la question migratoire. Voilà.
19:06 Aujourd'hui, je constate que Mme Mélanie est devenue une bonne élève. Il lui manque le chapitre migratoire, qui est certes très important.
19:12 M. Darmanin a déclaré, je crois, très récemment...
19:15 Non mais attendez. Ça, c'est un jeu de comédie. Attendez. M. Darmanin, aujourd'hui, pardonnez-moi, c'est un disciple de Sarkozy.
19:21 Sarkozy, j'ai été un de ses ministres. Je connais la méthode par cœur. C'est quand tu es dans la merde, excuse-moi, tu crées un autre problème.
19:29 Voilà. M. Darmanin nous a expliqué pendant 10 jours en France qu'il allait libérer Mayotte des milliers de sans-papiers. Ça a fini par 4.
19:38 4. Oui, 4. 4 qui ont pu être expulsés. À moins qu'il y en ait eu un cinquième cette nuit, mais 4. Voilà. Et donc en clair, c'est un bide.
19:45 Et donc quand vous voulez faire oublier quelque chose qui a mal tourné, vous créez une autre affaire dans l'affaire.
19:51 Donc aujourd'hui, vous avez remarqué qu'on parle plus de Mayotte. On parle en réalité maintenant de Mme Mélanie.
19:56 Et pour Mme Mélanie, c'est du pas rêvé d'être attaqué par Macron, qui est quasiment aussi impopulaire en Italie que ce qu'il est en France.
20:04 Donc c'est une sorte de jeu de rôle où chacun se renvoie, j'allais dire, la balle. Mais ce qui est bien plus important pour la suite,
20:11 et je voudrais y revenir dessus, c'est cette histoire de ressources propres, parce que je pense qu'il faut que les Français comprennent bien ce que c'est.
20:18 Ça veut dire que c'est l'Europe qui va percevoir un certain nombre d'impôts et qui, après, redistribuera l'argent.
20:26 Et à ces conditions, à ces conditions, y compris au nom du fameux État de droit, des conditions qui ne sont nulle part avant les traités.
20:34 Aujourd'hui, ce qui se passe avec la Pologne et la Hongrie risque de se passer demain avec la France. Pourquoi ?
20:40 Parce que pour récupérer une partie de ses ressources propres, on sera les pieds et poings liés avec Bruxelles.
20:49 Donc c'est ça, à mon avis, l'un des principaux enjeux de l'avenir. Et ce qui se passe en Italie est intéressant.
20:55 Vous l'avez dit vous-même, Mme Melloni est devenue une très bonne élève de l'Union européenne, sauf sur l'immigration.
21:00 Mais elle veut surtout récupérer plus de 100 milliards que lui doit l'Europe avec le plan Covid.
21:05 Bien. Mais écoutez, rendez-vous l'année prochaine aux élections européennes qui, manifestement, si je vous comprends bien,
21:10 seront moins boudées que d'habitude. Elles auront un enjeu...
21:13 Non, parce que je pense que malheureusement, les Français comprennent pas l'enjeu de l'Union européenne.
21:17 Voilà. C'est triste à dire, mais j'ai été député 25 ans en France. Et j'ai été rapporteur de 7 lois d'immigration.
21:27 À la fin, j'étais découragé parce que ça sert plus à rien. Voilà.
21:30 Vous savez, c'est une sorte de comédie où les députés français déplacent le curseur pour le regroupement familial,
21:36 pour certaines conditions. Mais en réalité, c'est l'Europe, l'Union européenne et la Cour européenne des droits de l'homme,
21:42 c'est-à-dire le Conseil de l'Europe, qui, aujourd'hui, fixent les règles.
21:45 La seule condition, si on veut reprendre le contrôle de notre politique migratoire, c'est ce que propose Marine Le Pen,
21:51 c'est-à-dire un référendum pour que, désormais, toute cette jurisprudence vole en éclat,
21:57 parce que la volonté populaire se sera effectivement clairement exprimée.
22:01 Voilà aussi pourquoi je soutiens Marine Le Pen et Jordan Bardella, parce que je pense que, pour l'avenir de la France,
22:08 ce référendum sur l'immigration, c'est l'alpha et l'oméga, si on veut garder un peu de ce qu'a fait la France dans les années passées.
22:15 Très bien. Eh bien, nous verrons ce que nous réserve l'avenir. Merci, monsieur Thierry Mariani.
22:19 Merci pour vous avoir accordé cet entretien pour TV Liberté. Et bonne fin de séjour en Hongrie.
22:24 Merci.
22:25 Sous-titrage Société Radio-Canada

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