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00:00 en forêt, en montagne, en ville ou sur la route, ils sauvent nos vies.
00:04 Aujourd'hui, France Bleu rend hommage à tous les sauveteurs.
00:08 Et tout au long de la journée sur France Bleu azur, la preuve avec nous ce matin,
00:11 le lieutenant colonel pompier infirmier chef, Michael Boué.
00:15 Bonjour. Bonjour.
00:16 Sauver c'est compliqué ?
00:17 Non, sauver c'est pas si compliqué.
00:19 Tant qu'on est léger, c'est comme tout.
00:21 Mais pourquoi on est si mauvais alors ?
00:23 Alors je sais pas si on est si mauvais,
00:26 en tout cas on est plus mauvais que d'autres pays en Europe.
00:28 On est à moins de 30% de gens qui savent sauver.
00:30 Absolument.
00:31 Qui savent faire un message cardiaque.
00:32 L'arsenal juridique est là aujourd'hui pour donner la possibilité à tout le monde de se former,
00:37 que ce soit dans les écoles, les collèges et les lycées,
00:39 voire en pré-retraite puisque depuis récemment vous êtes tenu de vous former,
00:42 enfin votre employeur vous forme avant de partir en retraite.
00:45 Néanmoins, il est vrai que c'est pas encore suffisamment mis en oeuvre,
00:48 pas encore suffisamment déployé, pas encore suffisamment connu,
00:50 et du coup on a du mal à faire pénétrer dans les foyers français les gestes de secours.
00:55 Ça commence par l'école ?
00:56 Ça commence effectivement dès 10 ans à peu près.
00:58 Mais on n'a pas beaucoup là aussi d'enfants qui savent sauver ?
01:02 Non, on n'a pas beaucoup d'enfants qui savent sauver,
01:04 malgré les actions que porte notamment le 1006.
01:07 On a peu d'écoles qui ouvrent les portes aujourd'hui,
01:10 même si ça progresse chaque année,
01:12 et il faut qu'on aille plus avant sur ce sujet pour que dès 10-12 ans,
01:16 tout le monde connaisse les gestes de secours et puisse les réviser régulièrement.
01:20 Concrètement, on doit réagir comment ?
01:23 On voit quelqu'un qui tombe, qu'est-ce qu'il faut faire ?
01:26 Aujourd'hui, si quelqu'un s'effondre dans la rue devant vous,
01:28 la première chose à faire c'est de vérifier sa respiration
01:30 en mettant une main devant la bouche et une main sur le thorax.
01:32 Si ça ne bouge pas et qu'elle ne répond pas,
01:34 elle est donc en arrêt cardio-respiratoire.
01:36 On va mettre ses deux mains sur la poitrine l'une sur l'autre,
01:38 appuyer vite et fort,
01:40 et ça c'est pour un arrêt cardio-respiratoire.
01:43 Si elle est juste inconsciente, qu'elle s'effondre devant vous sans autre traumatisme,
01:46 on la met en position latérale de sécurité,
01:48 donc on la fait pivoter sur le côté,
01:49 et on attend les secours qu'on prévient avec le 112, le FAPAS PLS.
01:52 Et puis, pendant qu'on fait ça, il faut penser surtout à cette chanson.
01:56 Pourquoi il faut penser à ça ?
02:02 Il faut penser à cette chanson parce qu'elle donne exactement le rythme
02:04 d'un massage cardiaque bien conduit.
02:06 C'est-à-dire que sur chaque mouvement musical,
02:09 vous allez appuyer sur la poitrine du patient,
02:11 ça donne un rythme de 100 à 120 par minute,
02:13 ce qui est recommandé pour animer un patient.
02:15 Et en plus, parce qu'il existe une application qui s'appelle Staying Alive,
02:18 qu'il faut télécharger dès que vous connaissez quelques gestes de secours,
02:21 le minimum pour l'arrêt cardio-respiratoire,
02:25 vous téléchargez cette application, vous inscrivez,
02:26 et les sapeurs-pompiers vous déclencheront
02:28 dans l'environnement d'un arrêt cardiaque,
02:30 dans l'attente des secours spécialisés.
02:32 Staying Alive, donc c'est l'application, c'est pour tout le monde ?
02:34 C'est pour tout le monde, dès lors qu'on connaît quelques gestes.
02:37 Vous, vous avez sauvé combien de personnes ?
02:39 - En 30... - Vous, personnellement ?
02:41 En 30 ans de métier, c'est difficile à dire,
02:42 parce qu'à quel moment on met le curseur de sauvé,
02:45 pour être très objectif,
02:46 mais ça se compte en plusieurs dizaines,
02:48 dans la mesure où on a les bons gestes,
02:49 au bon moment, en équipe.
02:51 Donc imaginons qu'on en soit un petit peu
02:54 à plus de 30% de la population qui sache sauver,
02:58 ça veut dire qu'on aurait des milliers de victimes
03:00 qui seraient épargnées ?
03:02 Absolument, oui. Nous dans le département,
03:03 on fait par exemple 3 arrêts cardiaques tous les jours,
03:05 et malheureusement, on n'en ranime pas tant que ça,
03:07 ce qu'on appelle sortie de l'hôpital sans séquel,
03:09 et puis c'est ceux-là qui comptent,
03:10 c'est ceux que l'on ranime sur le terrain,
03:11 mais qui ensuite reprennent une vie normale derrière.
03:14 Et ces gens-là, aujourd'hui, on en sauve moins de 10%,
03:17 d'accord, donc une personne sur dix à peu près,
03:18 et qu'on sauve dans ces conditions,
03:20 et dans les autres pays qui sont formés plus largement,
03:22 on est à plus de 30%,
03:24 donc on espère arriver sur ce chiffre-là dans quelques années.
03:26 Est-ce qu'il ne faudrait pas le rendre obligatoire ?
03:28 Bien sûr qu'il faudrait le rendre obligatoire,
03:29 la réglementation encourage à faire ces gestes-là,
03:33 malheureusement, ce n'est pas encore suffisamment déployé,
03:35 donc oui, il faut que tout le monde se forme,
03:37 spontanément ou par la réglementation.
03:39 Votre intervention la plus marquante,
03:42 vous nous parlez de dizaines de vies sauvées.
03:44 Il y en aurait beaucoup, ça peut aller de quelqu'un
03:46 à qui on a retiré un bout de viande dans la gorge,
03:48 qui a eu un arrêt cardiaque et qui reprend une respiration,
03:50 et qui vous dit merci 20 minutes après,
03:51 ça nous est arrivé, ça m'est arrivé.
03:53 Un bout de viande dans la bouche ?
03:54 Oui, une personne qui va s'étouffer.
03:55 C'est-à-dire que là, vous allez tout simplement avec vos doigts,
03:58 chercher le bout de viande, comment ça se passe ?
03:59 Pour le grand public, ça va être des tapes dans le dos,
04:01 cinq tapes dans le dos,
04:02 pour nous, on a des pinces pour aller chercher,
04:04 pour moi qui suis infirmier, sapeur-pompier,
04:06 on a des pinces pour aller récupérer,
04:07 mais en tout cas, quand vous ne respirez plus,
04:09 le corps s'arrête rapidement,
04:10 et si jamais on peut retirer le bout de viande rapidement,
04:12 alors la respiration reprend très vite derrière,
04:14 on a des gens qui nous disent vraiment merci 20 minutes après.
04:16 Donc ça, c'est des intentions qui nous marquent bien évidemment,
04:19 mais ça va être aussi des arrêts cardiaques
04:20 sur lesquels on a conduit des réanimations assez longues,
04:23 et malgré 50 minutes de réanimation,
04:26 des gens qu'on retrouve derrière, qui viennent nous remercier,
04:28 ça c'est des beaux moments,
04:29 parce que quand vous avez 50 minutes d'arrêt cardiaque
04:30 et que derrière, les gens vous disent merci deux semaines après,
04:32 vous dites qu'on a vraiment sauvé une vie.
04:34 Mais au bout de 50 minutes,
04:36 la personne en question, elle doit avoir de graves séquelles, non ?
04:40 Pas tant que ça si la réanimation initiale est bien conduite,
04:42 c'est pour ça qu'on encourage les gens à se former.
04:44 Chaque minute de perdue dans le démarrage de la réanimation,
04:47 c'est 10% de chances de survie en moins.
04:49 Si jamais la famille masse tout de suite,
04:50 on augmente nos chances de réanimation,
04:52 et on poursuit la réanimation plus longtemps,
04:53 c'est plus facile de réanimer les gens.
04:54 Vous avez fait 50 minutes de massage ?
04:56 On a fait jusqu'à 50 minutes de massage, facile.
04:58 Et comment vous vous dites "là je peux le sauver" ?
05:00 Au bout de 15, 20, 35 minutes, le temps passe ?
05:03 Si on n'a pas ce qu'on appelle de "no flow",
05:05 c'est-à-dire de temps d'attente avant les gestes de réanimation,
05:07 si quelqu'un ramasse très vite, tout de suite,
05:10 alors on sait qu'on va pouvoir sauver plus facilement.
05:12 Après on a des moyens plus professionnels,
05:13 des mesures de gaz, des défibrillations, des chocs qui sont délivrés,
05:17 qui vont nous dire qu'on a de bons espoirs
05:19 de réanimer cette patiente dans de bonnes conditions.
05:21 Et si on sauvait des vies aujourd'hui ?
05:23 Eh bien c'est avec vous qu'on a vu ça,
05:26 le lieutenant-colonel pompier infirmier-chef,
05:28 Michael Boué.
05:30 Ce qu'on va faire, si vous le voulez bien,
05:32 c'est qu'on va vous filmer en train de réanimer Quentin,
05:35 et on va mettre ça sur Twitter, sur les réseaux sociaux,
05:39 comme ça vous allez nous montrer concrètement
05:41 comment vous avez réussi à sauver Quentin.
05:44 - Pas de problème. - Merci beaucoup,
05:46 Michael Boué, lieutenant-colonel pompier dans les Alpes-Maritimes.