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00:00 Nous recevons 144 mails par semaine et pour en parler avec nous le docteur Marie Duforestel du centre de médecine du travail de Nice.
00:07 Bonjour docteur. Bonjour. C'est grave ? C'est grave docteur ?
00:10 C'est pas grave, ça demande un petit peu d'organisation. C'est à dire ?
00:15 C'est à dire que effectivement 144 mails par semaine, a priori sur l'étude il me semble que c'est par semaine,
00:22 ça représente si on fait un... Que pour le professionnel, pardon. Oui, que pour le professionnel.
00:29 Ça représente si on fait un rapide calcul, un mail toutes les 15 minutes pour un salarié
00:34 concerné. Donc forcément ça fait beaucoup et ça demande un petit peu d'organisation pour éviter d'être
00:40 interrompu systématiquement par ces mails qui arrivent régulièrement. Allons-y, justement les conseils. Alors les conseils c'est
00:46 déjà d'une part d'organiser sa boîte mail, ça peut paraître
00:50 facile comme conseil mais ça permet aussi de trier régulièrement les mails. Ça veut dire quoi ?
00:56 Organiser par exemple avec des sous-dossiers et pouvoir aussi hiérarchiser les urgences sur ces mails. Ça c'est important, c'est quelque chose que souvent on a du mal à faire.
01:04 Les gens traitent leurs mails de la même manière quelle que soit l'importance du mail.
01:08 Donc ça c'est important pour pouvoir
01:11 réussir à s'organiser un petit peu plus facilement.
01:13 Ça c'est la première chose. On conseille aussi de limiter le nombre de destinataires en copie sur les mails. Il y a beaucoup de mails qui
01:19 arrivent à des gens qui ne sont pas directement concernés par la conversation.
01:22 Donc ça, ça limite aussi le nombre de mails reçus. - Oui mais c'est pour montrer qu'on travaille aussi.
01:26 Soyons très sincères, c'est aussi pour ça qu'on le fait. - Je pense qu'il suffit
01:31 d'envoyer à la personne qui est concernée
01:34 et après il y a souvent quand même des réunions d'équipe et des moments où on peut reparler du sujet du mail.
01:40 Ça sert à rien d'encombrer les boîtes mail de ceux qui ne sont pas directement concernés par le sujet.
01:44 C'est important aussi d'en revenir aux fondamentaux, c'est-à-dire les échanges verbaux,
01:48 aller taper à la porte d'à côté ou appeler la personne qui est concernée par les échanges de mail.
01:52 Notamment si ça va nécessiter plusieurs allers-retours de mail, ça c'est important, quitte à faire un mail récapitulatif de la conversation.
01:59 - Et ça vous le dites au patron ?
02:01 Ce genre de conseils là, parce que finalement c'est
02:04 notre n+1 qui doit impulser cette dynamique là, non ? - Alors il y a un rôle effectivement important à jouer du management,
02:11 notamment sur la régulation des outils numériques en entreprise. Ça c'est vrai que
02:16 les n+1 comme vous dites ont un rôle à jouer, mais le salarié tout court a un rôle à jouer, parce que c'est aussi à lui
02:22 de pouvoir
02:23 gérer dans sa journée à quel moment il ouvre sa boîte mail, de pouvoir prioriser ses mails, ça c'est lui qui a un regard dessus.
02:31 Et toutes les petites astuces qu'on donne en consultation sont applicables évidemment par les n+1 mais aussi par les salariés.
02:38 - Les vacances arrivent, on en a très envie.
02:40 Il faut couper
02:43 justement avec ces mails professionnels ? - Bien sûr, il faut couper avec des mails professionnels et avec tout ce qui peut
02:48 être assimilé aux réseaux sociaux en entreprise. On utilise beaucoup des groupes de conversation dans diverses applications.
02:55 Voilà, c'est vrai que ça peut être générateur de stress pour un salarié qui reçoit systématiquement des mails dans une conversation.
03:03 Donc oui, le repos, le temps
03:06 personnel, la vie familiale, ça doit être respecté évidemment. On n'ouvre pas ses mails
03:12 en vacances. - Dans certaines entreprises, on n'a
03:15 pas obligation, mais en tout cas on est incité à quand même rester connecté.
03:21 Quelle est la loi là-dessus ? Est-ce qu'un patron a le droit de nous dire
03:25 "j'aimerais bien que tu restes un petit peu connecté quand même" ? - Alors dans le code du travail, il y a un article qui
03:32 parle du droit à la déconnexion.
03:34 Alors c'est un concept qui est très vaste mais qui rappelle qu'on doit respecter
03:40 le temps de vie personnel, de vie familiale, les repos des salariés, les congés des salariés,
03:46 et qu'il y a un rôle de l'employeur
03:49 pour mettre en place, lui qui a la responsabilité, de mettre en place une régulation de ces fameux outils numériques.
03:54 - Donc notre patron n'a pas le droit de nous obliger
03:56 à rester connecté ? - Le repos, c'est le repos et le travail, c'est sur les temps
04:01 de travail et donc sur les horaires officiels de travail. - Ça participe à un burnout ?
04:07 Vous avez l'impression qu'il y en a de plus en plus de ces salariés qui sont fatigués par le travail ?
04:11 - De plus en plus, je ne sais pas s'il faudrait vraiment avoir des chiffres pour se prononcer là-dessus. En revanche, effectivement,
04:18 le nombre de mails reçus par jour, ça participe à des interruptions de tâches régulières avec la sensation d'avoir
04:25 une charge mentale qui s'accumule parce qu'il y a beaucoup de mails non lus.
04:29 Et donc ça, ça peut être un facteur de risque
04:32 dans tous les facteurs qu'on regarde sur l'épuisement
04:36 professionnel. Effectivement, ça y participe. C'est pas quelque chose qui est très bien identifié par les salariés qui se rendent pas compte
04:42 de l'impact que ça peut avoir.
04:44 Mais c'est vrai que c'est quelque chose que nous on identifie en consultation ou lorsqu'on fait des études de poste.
04:49 - Merci beaucoup docteur. - Merci à vous. - C'est pas grave.
04:52 144 mails, on peut bien le vivre par semaine si on est bien organisé et on va retrouver ces conseils
04:59 de Marie Dufaur-Estelle du Centre Médecine du Travail de Nice. On va les tout mettre sur notre site internet francebleu.fr

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