la situation apocalyptique de l'éducation nationale.

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00:00 Ev Vaguerlant, merci d'être avec nous. Vous avez écrit "un prof ne devrait pas dire ça",
00:05 vous êtes professeur agrégé, docteur, et vous avez enseigné depuis 2014.
00:09 Yvan Rioufol, pourquoi avoir invité Ev Vaguerlant ce soir ?
00:13 Écoutez, parce que j'ai une profonde admiration, un profond respect pour ces enseignants qui
00:18 sont entrés en résistance face au désastre éducatif, dans le fond, et qui prennent des
00:23 risques à dire des vérités. Et c'est en ceci, et après avoir lu le livre d'Ev Vaguerlant,
00:28 qui est un livre qui est bourré d'anecdotes, alors certes, des livres sur le désastre scolaire,
00:32 il y en a eu beaucoup depuis maintenant 20 ans ou 30 ans, celui-ci a une spécificité,
00:36 c'est-à-dire qu'il est très accessible et qu'il montre très concrètement ce qu'est
00:41 aujourd'hui ce désastre éducatif. Et ma première question était de savoir, très brièvement,
00:46 de quoi souffre, selon vous, l'école publique aujourd'hui.
00:50 Alors c'est important, je pense, de poser le problème clairement, parce que très souvent,
00:55 les problèmes d'éducation nationale sont justement mal présentés, du moins à mon sens.
01:00 Qu'il s'agisse des questions de pédagogie, de problèmes de discipline en classe, ou même
01:05 de laïcité, on entend toujours que les professeurs ne sont pas assez formés, par exemple. Donc ça,
01:09 c'est un escourt qui m'exaspère, parce qu'il sous-entend que s'il y a des problèmes, c'est
01:15 parce que nous ne savons pas y faire, en tant que corenseignant. En plus, il faut savoir que
01:19 les instituts de formation des professeurs sont les temples du pédagogisme qui a mis
01:24 l'école par terre, donc je ne sais pas, c'est une très bonne idée d'y passer plus de temps.
01:28 Après, vous avez le discours des syndicats, qui revient très souvent à dire qu'il y a un manque
01:33 de moyens, alors que le budget de l'éducation est colossal, il est supérieur à la moyenne
01:38 de l'OCDE pour un résultat maintenant inférieur. On entend par exemple souvent que les classes
01:43 sont surchargées. Alors c'est vrai qu'à l'heure actuelle, il est difficile de faire cours tranquillement
01:48 avec un groupe de plus de 15 élèves. Mais on sait tous aussi très bien que si les élèves se
01:53 comportent correctement, on peut parfaitement avoir des classes de 40, ça ne pose aucun problème.
01:57 Donc tout ça maquille en fait le vrai problème et la vraie question qui est de savoir pourquoi
02:03 aujourd'hui, de plus en plus de classes, il est pratiquement impossible d'enseigner.
02:07 Est-ce le poids de l'idéologie, du pédagogisme ? Est-ce le poids dans le fond du communautarisme ?
02:14 Est-ce le poids de cette société nouvelle qui s'est installée au cœur de l'école avec une
02:18 immigration de peuplement ? Dans tous ces éléments-là, qu'est-ce qui est l'élément primordial dans
02:23 l'effondrement aujourd'hui de la transmission ? Alors de manière générale, j'insisterai sur le
02:27 facteur idéologique et dans le livre, j'insiste sur les idéologies dans l'école parce que ça me
02:32 paraît plus intéressant comme analyse en tout cas que le discours sur l'absence de moyens. On a
02:36 une idéologie progressiste, égalitariste qui a mis l'école par terre en créant déjà une
02:44 hétérogénéité dans les classes à cause du refus des classes de niveau par exemple.
02:48 L'arrivée du collège unique.
02:49 L'arrivée du collège unique, l'absence totale de sélection à un point où beaucoup de gens ne
02:56 s'en rendent pas compte. Dans l'école où ils déposent leurs enfants, petits-enfants, il n'y a
03:01 aucune forme de redoublement. On entre au collège sans savoir lire, on entre en seconde sans avoir
03:07 eu son brevet. Ça c'est la réalité actuelle. Ça fait qu'en classe, on nous demande d'enseigner
03:12 à plusieurs niveaux en même temps. Ça s'appelle la pédagogie différenciée, ça ne marche absolument
03:17 pas. Donc ça c'est cette hétérogénéité. Ensuite vous avez l'obsession de l'inclusion qui fait
03:24 qu'on a des élèves avec des troubles graves qui nécessiterait un établissement spécialisé qui
03:29 sont présents en classe. Cette fameuse école inclusive qui voudrait y inclure des élèves
03:35 dans le fond également handicapés mentaux. C'est un mensonge parce que moi j'en ai eu des élèves
03:40 comme ça en classe, ils sont en souffrance. C'est vraiment terrible. Ils ne peuvent évidemment rien
03:45 suivre de ce qu'on fait. Nous les profs, on n'a aucune espèce de moyens pour se charger d'eux.
03:53 Dans un tout autre registre, vous avez maintenant des petits délinquants, des élèves qui peuvent
03:59 arriver avec une arme blanche dans leur sac. C'est courant en fait dans les établissements scolaires
04:04 et ça, ça peut être dans n'importe quel établissement scolaire aujourd'hui. C'est-à-dire
04:08 que vous nous dites que ce qui arrive aujourd'hui à l'école publique n'est pas simplement dans
04:12 l'école publique dans le fond des zones prieuses, des zones sensibles, des zones décitées, mais
04:16 réellement c'est une situation qui s'est généralisée à l'ensemble des écoles publiques.
04:20 C'est bien ce que vous nous dites. Dans le livre, j'insiste beaucoup sur le fait que mon expérience ne
04:24 se cantonne pas du tout aux REP, aux zones difficiles, etc. J'ai enseigné dans des établissements
04:30 tout à fait standards et ça ne m'a pas empêché d'y constater à peu près les mêmes choses. Alors
04:36 forcément, ça s'aggrave dans certains établissements, mais globalement, ces phénomènes
04:43 que je décris sont présents un peu partout. Ça, c'est certain. Ce que vous dites est ahurissant.
04:47 Et comment réagissent les professeurs eux-mêmes ? Est-ce qu'ils acquiescent dans le fond à cette
04:51 situation ou est-ce qu'il y en a tout de même quelques-uns qui, comme vous, commencent à se
04:55 rebeller dans le fond ? D'ailleurs, peut-être prenez-vous des risques à dire ces choses-là,
04:58 vous me direz également. C'est possible. Je ne sais pas dans quelle mesure, mais la suite le dira.
05:03 Pour ce qui est des collègues, il est certain que maintenant, une salle des professeurs est
05:08 généralement une sorte de bureau des plaintes où toute la journée, on raconte ses expériences
05:13 difficiles avec les élèves. Les profs sont vraiment en souffrance. Donc maintenant, il y a
05:19 de moins en moins d'hypogrésies à ce niveau-là. On entend de moins en moins que c'est merveilleux,
05:23 que c'est très sympa. Il y en a encore qui le font. L'OMERTA reste encore un conseil de classe
05:29 où souvent les profs n'osent pas assumer leurs difficultés parce qu'ils sont culpabilisés. C'est
05:34 à cause de ce que je vous disais tout à l'heure. On est dans l'idée que s'il y a des problèmes de
05:37 discipline, ce n'est pas la faute du comportement des élèves, c'est le prof qui ne sait pas gérer
05:41 sa classe. Donc ça fait qu'en conseil de classe, par exemple, les profs assument très peu leurs
05:45 difficultés. Mais sinon, en salle des profs, le constat est assez partagé. Par contre, lorsqu'il
05:50 s'agit de réclamer des solutions, il y a un blocage idéologique qui est total. C'est-à-dire que
05:55 l'école reste encore le réceptacle de l'extrême gauche, pour dire les choses assez clairement.
06:01 L'extrême gauche est surreprésentée par rapport au reste de la population chez les enseignants.
06:07 Et sinon, il y a une majorité d'enseignants qui sont dans l'idéologie progressiste,
06:13 en tout cas qui seraient horrifiés par des idées réactionnaires.
06:17 Ce serait quoi, les idées réactionnaires ?
06:19 Remettre des classes de niveau. C'est certain que si vous proposez,
06:24 ne serait-ce que de réinstaurer une véritable sélection à un examen comme le brevet,
06:28 on se heurterait à des grèves d'enseignants. C'est à peu près certain.
06:32 Et quelle est la place que tient cette immigration dont nous parlions tout à l'heure,
06:37 cette immigration de peuplement, qui arrive également, qui de mon point de vue,
06:40 asphyxie également une grande partie du système scolaire, qui n'arrive plus à faire passer des
06:47 cultures, une culture occidentale, à ceux qui en sont étrangers.
06:52 Alors je pense qu'effectivement, il y a un problème de culture commune qu'on n'arrive plus à instaurer,
06:58 à avoir, avec effectivement, d'une part, des enfants venus ayant une autre culture
07:04 et des enfants français qui ne possèdent plus leur propre culture, qui sont déracinés.
07:08 Ah oui, vous dites deux choses. D'abord, des élèves qui arrivent et qui ne connaissent pas la culture,
07:14 et des élèves qui sont des Français de France et qui eux-mêmes ont oublié leur culture.
07:19 Le vide dans la transmission de notre propre culture crée un appel d'air,
07:23 notamment pour l'islamisation, ça c'est certain.
07:25 Ensuite, c'est vrai que pour les enfants issus de l'immigration,
07:29 qui sont en majorité dans certains établissements,
07:32 il y a des difficultés accrues pour eux du fait de la maîtrise de la langue.
07:38 C'est la base. Donc ça crée effectivement des problèmes supplémentaires dans le système scolaire.
07:43 Cette mauvaise maîtrise de la langue, quand elle est mal parlée ou peu parlée à la maison,
07:48 c'est difficile pour eux ensuite de réussir scolairement.
07:52 Vous avez la méconnaissance du système scolaire de la part des parents,
07:55 qui fait que pour eux c'est difficile de suivre la scolarité de leurs enfants.
08:00 Effectivement, ça complique encore.
08:02 Je dirais que c'est un facteur aggravant de problèmes qui sont déjà là, qui sont déjà présents,
08:06 à cause des choix éducatifs qui ont été faits depuis 40 ans maintenant.
08:10 Béhornique Jacquet.
08:11 Qu'est-ce que vous pensez du respect de la laïcité ?
08:13 Parce qu'on voit qu'il y a de plus en plus d'atteintes à la laïcité.
08:16 Est-ce que la notion vous paraît même de plus en plus compliquée à défendre
08:20 au sein des établissements scolaires ?
08:22 Alors, dans les établissements scolaires, on est de plus en plus avec deux attitudes différentes,
08:27 qui se répartissent un peu en fonction des générations.
08:29 Vous avez une ancienne génération de professeurs qui est encore assez laïcarde,
08:33 on dirait qu'ils défendent vraiment la laïcité pure et dure,
08:37 qui pose aussi des problèmes, notamment dans cette déculturation, je pense,
08:41 parce qu'on a supprimé du système éducatif toute la culture chrétienne
08:46 qui fait que les élèves n'ont pas de repères pour la majorité des productions artistiques
08:53 jusqu'au XXe siècle, qui sont complètement imprégnées de culture chrétienne.
08:56 Donc on a refusé de transmettre tout ça au nom d'une vision de la laïcité
09:00 qui me paraît vraiment antichrétienne, etc.
09:04 Et d'un autre côté, maintenant, se répand de plus en plus une sorte de laïcité ouverte
09:08 qui n'est en fait qu'une complaisance vis-à-vis de l'islam.
09:11 Un exemple, dans les datations historiques, les élèves ne savent plus ce que veut dire
09:16 "JC", Jésus Christ.
09:19 Oui, ça arrive, je vous dis dans le livre.
09:21 Quand ils voient "JC", ils comprennent quoi ?
09:23 Oui, je dis qu'il vaut mieux vérifier qu'ils savent à quoi ça se réfère.
09:27 Ce n'est pas évident.
09:28 Alors eux pensent que c'est quoi "JC" ? Pour vous donner l'exemple,
09:31 je crois qu'ils pensent que ça veut dire Jacques Chirac ou je ne sais plus.
09:33 Ça, je le dis comme une blague, mais je ne sais pas ce qu'ils pensent.
09:36 Mais en tout cas, ils ne savent pas forcément à quoi ça renvoie.
09:40 Et il y a un vide de ce côté-là qui est total, qui fait que si vous les emmenez au Louvre,
09:45 sans avoir en tête des épisodes très simples de la Bible,
09:48 comme le déluge ou la tour de Babel, on n'identifie aucun tableau.
09:53 Pour lire n'importe quelle œuvre littéraire, il faut une petite base même
09:57 pour comprendre les œuvres des auteurs des Lumières.
10:00 Quand ils se moquent du christianisme, par exemple, quand Montesquieu se moque du pape
10:04 en disant que c'est un grand magicien parce qu'il dit que le pain n'est pas du pain,
10:07 il se réfère au dogme de l'Eucharistie.
10:09 Mais si on n'a aucune idée de ce que c'est, on ne comprend pas la blague de Montesquieu.
10:13 Ça imprègne vraiment toute notre culture à tous les niveaux.
10:17 Et ce désastre qui accable maintenant l'école publique, est-ce que vous le retrouvez ?
10:21 Vous ne connaissez pas bien l'école privée, mais dans les témoignages que vous pouvez avoir,
10:25 vous le voyez également par capillarité dans l'école privée ?
10:28 J'ai l'impression que l'école privée s'en sort mieux parce qu'il y a une meilleure sélection sociale des élèves.
10:34 Il y a quand même encore davantage une volonté de transmettre le savoir.
10:39 En revanche, au niveau de l'imprégnation idéologique, j'ai l'impression que c'est de plus en plus semblable.
10:46 Par rapport au public, je n'ai pas l'impression qu'on transmette d'autres valeurs.
10:50 Est-ce que vous pensez malgré tout que le corps enseignant, pour revenir de là où vous venez,
10:56 pourrait être une force de résistance à ce que je vois moi comme étant une décadence
11:00 et peut-être pour essayer d'ouvrir dans le fond une sorte de renaissance,
11:04 de rétablissement d'une culture perdue ?
11:07 Outre vous-même, est-ce que l'on peut espérer que le corps enseignant puisse se réveiller ?
11:13 Par exemple, je voyais que dans les sondages,
11:15 ce n'est peut-être pas un mauvais exemple,
11:18 25% des enseignants aujourd'hui dans ce corps très très d'extrême gauche avaient voté pour Marine Le Pen.
11:24 Ce qui montre malgré tout une sorte de réflexe, dans le fond réactif en tout cas, face à ce que vous décrivez.
11:31 Est-ce que vous observez ceci ?
11:33 Non, pas du tout.
11:34 Ce sont des chiffres qui sont toujours assez étonnants, je veux bien le croire,
11:37 mais en tout cas, ça ne transparaît pas en salle des profs
11:40 où le discours de gauche domine largement, où c'est lui qui a voix au chapitre.
11:44 Je pense ensuite que le corps enseignant est tout à fait capable d'assurer sa mission,
11:51 il faut qu'on lui en donne les moyens.
11:52 Maintenant, il faut vraiment un changement de politique
11:55 qui nous permette tout simplement d'enseigner dans nos classes.
11:59 Est-ce que vous dites un peu désespérons,
12:01 parce qu'on a l'impression qu'il faut vraiment un changement de logiciel et de mentalité
12:04 quand vous parlez d'un corps enseignant qui est encore très progressiste,
12:07 est-ce que vous croyez du coup au développement des écoles hors contrat ?
12:10 Parce que leur nombre a vraiment beaucoup augmenté ces dix dernières années.
12:17 Alors, c'est certain qu'on peut créer des établissements d'excellence
12:20 en revenant à des méthodes de bon sens dans le hors contrat.
12:24 Ensuite, moi, ce qui me désespère un peu, c'est que je vois la logique politique
12:28 qui est à l'œuvre derrière tout ça,
12:29 c'est-à-dire qu'on a des élites qui abandonnent le système scolaire
12:33 en faisant le calcul que leurs propres enfants pourront toujours s'en sortir
12:38 en trouvant refuge dans le privé.
12:40 Et ça, ça me choque beaucoup personnellement.
12:42 Je pense que tout le monde a droit à une instruction correcte
12:44 et ça, c'est dans le public qu'il faut le défendre.
12:47 Vous m'amenez à parler de Papandia, qui a mis ses enfants à l'école alsacienne
12:53 et qui, lui, veut naturellement faire en sorte que l'école privée s'ouvre
12:56 à l'identique de l'école publique à une immigration,
13:00 enfin en tout cas à une France de la diversité.
13:03 Quel jugement portez-vous sur votre ministre de l'Éducation
13:06 sans vous mettre dans l'embarras ?
13:07 Parce que peut-être êtes-vous tenu par un devoir de réserve, je ne sais pas.
13:11 Mais enfin, vous n'êtes pas obligé de répondre,
13:12 mais enfin, si ça ne vous gêne, mais sinon, qu'est-ce que vous pourriez en dire ?
13:16 Alors, c'est vrai que par-delà, effectivement, cette hypocrisie très choquante
13:19 qui consiste à faire la leçon à tout le monde sur la mixité sociale
13:24 en l'évitant soi-même, on a un bilan avec Papandia
13:30 qui est pour moi calamiteux parce qu'on voit que ses priorités,
13:33 sont hallucinantes par rapport à la réalité du système scolaire.
13:36 Rappelez-les pour les téléspectateurs.
13:38 Alors, dès le départ, ça a été l'éducation à la sexualité,
13:41 maintenant la lutte contre l'homophobie.
13:44 Contre le réchauffement climatique.
13:45 Oui, voilà, donc des choses extrêmement idéologisées.
13:48 Il faut savoir que quand on vous parle de faire aux enfants
13:52 de l'éducation à la sexualité ou de la lutte contre les discriminations,
13:56 c'est systématiquement le prétexte à répandre l'idéologie du genre,
14:01 en particulier dans l'école, puisque les interventions
14:05 autour de ces thèmes-là se font très souvent par des associations
14:09 de militants d'extrême gauche.
14:10 J'y ai assisté moi-même, j'ai été extrêmement choquée
14:13 d'entendre au sujet des discriminations un militant expliquer aux élèves
14:17 qu'il n'y a pas de christianophobie en France,
14:19 puisque nous sommes dans un pays à majorité chrétienne,
14:22 que c'est toujours la majorité qui opprime les minorités.
14:25 Et donc, en France, il ne peut y avoir que de l'islamophobie
14:27 et de l'antisémitisme.
14:28 Donc apparemment, les personnes massacrées à la Basilique de Nice,
14:32 ça ne compte pas.
14:35 J'ai assisté aussi à une intervention sur les règles des filles,
14:39 tout en écriture inclusive, une écriture qui est interdite
14:41 normalement dans l'éducation nationale, mais qui se répand,
14:44 où on parlait de l'ostracisme dont les filles seraient victimes
14:48 dans nos sociétés pendant leurs règles.
14:50 Et la personne qui intervenait n'a jamais utilisé le mot "femme"
14:54 pour parler des personnes ayant leurs règles,
14:55 mais de personnes ayant un utérus, en expliquant aux élèves
14:58 qu'il fallait penser aux personnes trans,
15:00 aux hommes trans qui ont aussi leurs règles.
15:02 Donc on fait des choses comme ça à l'école tout de même.
15:05 Comment donc vous avez un discours très libre ?
15:07 Vous ne cachez pas vraiment vos opinions, dans le fond,
15:09 on le voit bien.
15:10 Peut-être même, pourriez-vous, je pense que vous vous affirmez
15:13 de droite dans votre livre.
15:14 Est-ce que pour un prof, peut-il s'affirmer de droite ?
15:17 Alors pour un prof qui s'affirme de gauche,
15:18 naturellement, tout cela est très conforme et très facile pour lui.
15:22 Est-ce qu'un prof qui s'affirme de droite est entendu
15:25 et est accepté par la profession,
15:27 en tout cas par la corporation des professeurs ?
15:29 Je ne me suis jamais amusée à le dire comme tel en salle d'épreuves.
15:33 Ah ben là c'est fait !
15:34 Là c'est fait ici, mais...
15:37 En salle d'épreuve, c'est difficile à assumer, oui.
15:40 Très difficile à dire "je suis de droite"
15:43 comme ça dans une salle d'épreuve.
15:44 Non, ça ne s'imagine pas.
15:46 Ça n'existe pas, c'est impossible.
15:47 Non, ça n'existe pas, oui.
15:48 On part du principe dans les conversations
15:51 que les gens sont de gauche.
15:52 Et donc quels risquent d'être les réactions de vos collègues
15:57 après vous avoir vus, s'ils vous voient,
15:59 ou après vous avoir lus ?
16:00 Je rappelle que Eva Guerlain, ce n'est pas votre vrai nom,
16:04 vous avez voulu prendre un pseudonyme malgré tout
16:06 pour essayer de vous préserver.
16:07 Mais maintenant que vous apparaissez en public,
16:09 je ne suis pas sûr que ces précautions soient utiles.
16:11 J'espère que les collègues, s'ils m'entendent,
16:14 entendront davantage le contenu de mon discours
16:16 que l'option politique, je pense, qui n'a pas d'importance,
16:19 enfin, qui est moins importante,
16:22 parce que je sais que le constat que je fais,
16:24 ils sont beaucoup à le partager.
16:26 Sans se l'avouer, sans le dire.
16:28 Sans se l'avouer.
16:29 Mais malgré tout, n'êtes-vous pas prise
16:31 par une sorte de découragement ?
16:33 D'où mon admiration a été sincère au début,
16:35 parce que je vois qu'il y a un vrai courage,
16:36 naturellement, à affronter toute cette omerta.
16:38 Mais est-ce que vous n'êtes pas, à un moment donné,
16:40 découragé par ce combat qui pourrait être un combat vain
16:43 si vous êtes seul ou si, en tout cas,
16:44 vous n'êtes pas soutenu par une partie,
16:47 ne serait-ce que de vos collègues ?
16:48 Si, il y a du découragement.
16:51 Comme je l'explique dans le livre,
16:54 le yo-yo émotionnel dans l'éducation nationale,
16:57 c'est tous les jours.
16:58 C'est-à-dire que vous pouvez constamment passer
17:00 d'un moment où vous avez réussi à accrocher vos élèves
17:02 avec quelque chose, où ça s'est bien passé,
17:04 où vous avez pu transmettre des sortes de moments de grâce
17:07 que j'évoque dans le livre,
17:08 à une situation absolument catastrophique, qui désespère.
17:12 On pense...
17:13 Moi, je raconte dans le livre que très souvent,
17:15 ça m'est arrivé de craquer complètement
17:17 pendant ma carrière, de penser à démissionner.
17:21 Il y a énormément de collègues qui démissionnent.
17:23 Je pense que ça nous passe par l'esprit.
17:25 Vous avez toujours en tête cette perspective,
17:27 à un moment donné, de démissionner et de jeter le gant ?
17:29 Oui, on y pense à jeter les penches de plus en plus.
17:32 En tout cas, les chiffres de démission le montrent.
17:35 C'était passionnant.
17:38 Bravo.
17:38 Vous allez revenir quand même ?
17:39 J'espère.
17:40 J'avais juste une toute petite question.
17:44 Est-ce que vous avez signalé, lorsque vous avez vécu
17:47 cette conférence, quand on vous dit
17:49 qu'il n'y a pas de christianophobie sur les règles des femmes,
17:54 vous l'avez signalé au rectorat ou au directeur de l'établissement ?
17:57 Je l'ai signalé au chef d'établissement.
17:59 Et on vous dit quoi ?
17:59 Il n'a rien dit.
18:00 Je sais qu'une collègue en a rediscuté ensuite.
18:07 Mais de toute façon, les chefs d'établissement
18:08 sont couverts par le fait que toutes ces associations
18:12 ont l'aval du ministère.
18:13 Ils ont une autorisation du ministère.
18:18 Eh bien écoutez...

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