Ivan Rioufol et Véronique Jacquier passent en revue l’actualité de la semaine dans #FaceARioufol
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00:00 Il est 20h, ravi de vous retrouver pour Face à Riofol.
00:04 Cher Yvan, bonsoir.
00:05 Bonsoir.
00:06 Véronique, comment va ?
00:09 Ça va très bien.
00:10 On commence le débat dans un instant.
00:13 Mais avant cela, le point sur l'information avec Isabelle Piboulot.
00:17 Trois morts après une fusillade dans le 11e arrondissement de Marseille.
00:23 Vers 5h du matin, des individus en voiture ont ouvert le feu à la Kalachnikov
00:28 sur un autre véhicule où se trouvaient 5 hommes.
00:31 Trois d'entre eux ont été tués.
00:33 Les agresseurs ont pris la fuite.
00:35 Leur véhicule a été retrouvé incendié.
00:37 Un mode opératoire connu dans les trafics de stupéfiants
00:40 selon la préfète de police des Bouches-du-Rhône.
00:43 C'est une première pour un président français.
00:45 À l'issue du sommet du G7 au Japon, Emmanuel Macron s'est rendu en Mongolie
00:50 où il a promu un partenariat axé sur l'énergie.
00:53 Une visite symbolique dont ce pays est enclavé entre la Chine et la Russie.
00:57 Emmanuel Macron a partagé à son homologue mongol sa détermination à soutenir l'Ukraine.
01:03 La France multiplie les efforts pour parler aux pays
01:06 qui n'ont pas clairement condamné l'invasion russe.
01:09 La première ministre italienne a rendu visite aux sinistrés des inondations.
01:13 Giorgia Meloni présidera un conseil des ministres mardi pour débloquer des fonds d'urgence.
01:19 Le nord-est de l'Italie a été violemment touché.
01:22 14 morts sont à déplorer.
01:24 Dans la région d'Emilie-Romagne, sur les 36 000 personnes déplacées,
01:28 seulement 10 000 ont pu regagner leur domicile.
01:31 L'alerte rouge météo a été prolongée jusqu'à demain.
01:35 À la une de face à Riofol, cette semaine, Jean-Baptiste Tronieux a été agressé.
01:42 Une agression ciblée parce qu'il est le petit-neveu de Brigitte Macron.
01:45 La violence se banalise sans aucune limite, sans aucune frontière.
01:49 Et à travers les actes, il y a les mots.
01:51 Les politiques jouent parfois au pompier Pierroman.
01:54 Alors à qui la faute ? On en parle dans un instant.
01:56 À la une également, Manuel Valls a signé une tribune cette semaine chez nos confrères du Figaro.
02:00 Où il appelle à appuyer sur le bouton stop en matière migratoire.
02:04 Une partie de la gauche se réveille.
02:06 Enfin, dirait certains.
02:08 À droite, les Républicains présentent un texte voulant révolutionner la politique migratoire
02:12 à travers l'immigration massive, la question de l'assimilation, de la montée du décommunautarisme.
02:18 Que faire pour changer de logiciel ?
02:20 Éléments de réponse dans Face à Riofol.
02:22 Enfin, cher Yvan, vous recevez ce dimanche Eve Vaguerlant, professeure, auteure d'un prof ne devrait pas dire ça.
02:30 Vous allez revenir sur l'effondrement de l'école publique, sur les mots qui rongent l'éducation.
02:35 Voilà le programme Face à Riofol, c'est parti.
02:38 Et on va commencer donc avec cette violence qui se généralise, Yvan.
02:41 L'agression physique de Jean-Baptiste Tronieux, petit-neveu des époux Macron lundi à Amiens.
02:46 A-t-elle fait franchir en quelque sorte un cap dans la violence ?
02:50 Je le crois. Je crois que nous vivons là un moment inédit, une sorte de tsunami de violence disparate.
02:57 C'est-à-dire que jusqu'à présent, nous avions été confrontés à la violence sociétale, c'est-à-dire à la violence des cités.
03:05 Encore aujourd'hui, j'ai appris qu'il y avait eu trois morts à Marseille et trois policiers ont été tués dans leur voiture
03:10 par des délinquants, visiblement qui se rentraient en collision.
03:15 Cette violence-là était devenue presque habituelle et on n'en parle quasiment plus de cette violence sociétale.
03:20 Nous avons découvert également une violence sociale à travers les affrontements lors des manifestations syndicales
03:25 contre les forces de l'ordre elles-mêmes.
03:27 Nous avions connu précédemment la violence djihadiste, c'est-à-dire cette violence des terroristes islamistes
03:32 qui ont tué à Paris, notamment des confrères Charlie Hebdo ou des habitués des terrasses en 2015, etc.
03:41 Et bien d'autres encore. Et là, nous découvrons la violence politique.
03:45 C'est une violence politique qui s'est affirmée aujourd'hui à travers l'agression contre ce jeune homme
03:52 qui a été choisi parce qu'il était en filiation avec la famille du président de la République.
03:58 Singulièrement, c'était un proche de l'épouse du président de la République.
04:01 Et donc, il a été choisi parce qu'il représentait dans le fond le président de la République.
04:05 Et moi, je tiens pour responsable dans le fond l'extrême gauche dans ses appels à l'insurrection de la rue,
04:12 dans ses appels à la violence, dans ses appels à faire tomber la Vème République,
04:17 dans ses odes à 1793, dans cette réhabilitation de Robespierre et de cette tête qui roule.
04:24 Et je pense que les profils qui sont apparus d'ailleurs de ceux qui ont agressé M. Tronieu
04:28 étaient vraiment des... c'était la bêtise au front de Taureau pour reprendre l'expression de Baudelaire.
04:34 Vraiment, ce n'étaient pas des gens très malins, c'étaient des gens vraiment très influençables.
04:37 Et ceci est le terreau qui me fait dire que cette violence politique peut en effet s'accentuer
04:42 parce qu'elle rentre malgré tout en résonance avec des esprits faibles.
04:46 Et on a vu également pour autres violences politiques qu'outre des maires qui sont ciblés,
04:50 il y a eu le maire de Saint-Brévin-les-Pins qui a été la cible également d'une sorte d'attentat
04:56 où un cocktail molotov a été lancé contre ses voitures qui a atteint également sa propre maison.
05:01 On ne sait pas quels sont les auteurs de cet attentat-là, mais à priori ce ne sont pas ceux-ci,
05:05 ne viennent pas de l'extrême gauche parce que vraiment l'extrême gauche n'aurait pas été
05:10 à manifester contre ce projet. En l'occurrence, c'était un projet d'implantation d'un centre de migrants
05:15 auprès d'une école. Et donc on voit qu'il y a là, dans le fond, un terreau qui me paraît être très brutal
05:23 et qui me paraît peut-être faire présager de ce que pourrait être une guerre civile
05:28 qui pourrait arriver plus vite que prévu avec cette violence politique.
05:31 Mais en même temps, il ne suffit pas de condamner ces actes-là,
05:34 ces actes condamnables sont condamnables, on est bien d'accord,
05:37 mais il faudrait savoir d'où vient cette violence, d'où vient cette haine que suscite le président de la République.
05:41 Je pense que c'est cette question-là qu'il faut poser et cette haine que suscite le président de la République
05:45 ne peut pas être évacuée au prétexte qu'on viendrait à l'excuser.
05:48 On ne l'excusera pas en posant cette question de savoir pourquoi, dans le fond,
05:51 ce président de la République suscite maintenant un tel rejet.
05:54 Moi, j'y vois deux explications, voilà de ce qu'elles valent,
05:58 mais en tout cas, je crois que les Français voient en lui, dans le fond,
06:03 l'expression d'un autoritarisme, que je ne confonds pas avec l'autorité,
06:07 et l'expression d'un profond mépris.
06:09 Un autoritarisme dans la mesure où précisément, le président de la République
06:13 cherche à pallier le manque d'autorité de l'État par une sorte de mise en scène d'une autorité factice
06:21 s'en prend, dans le fond, qu'à des minorités vulnérables.
06:28 Je veux dire par là que, d'abord, sur l'affaire de Saint-Herblain,
06:32 on a appris, et le maire l'a dit lui-même dans une audition au Sénat,
06:37 que l'État lui-même n'avait refusé d'informer la population
06:41 de son intention d'imposer un centre de migrants.
06:44 Il a délégué cette décision régalienne au maire, qui s'en est débrouillé comme il a pu, le pauvre,
06:50 et en effet, il s'est opposé à ce rejet d'une partie de la population,
06:54 une population qui a manifesté dans le calme, celle-là,
06:57 trouvant désagréable, et même antidémocratique, d'avoir à supporter une décision parisienne.
07:04 Cet autoritarisme s'est vu également, on en a parlé la semaine dernière,
07:08 avec cette décision par exemple d'interdire des manifestations qui déplaisent,
07:11 ou d'interdire des colloques, alors que l'on voit que le grand...
07:15 - Ah, le Technival, ça va !
07:16 - Le Technival, qui était interdit et qui a rassemblé 30 000 personnes, a été autorisé.
07:22 Et donc, on pourrait multiplier naturellement les exemples de ce type.
07:27 Et le mépris est intrinsèque également à la personnalité du président de la République.
07:31 Alors, je l'ai entendu récuser cette observation lorsqu'il a été interviewé sur TF1,
07:36 où il a dit "le vrai mépris, c'est de mentir aux gens", mais en réalité, non,
07:41 oui, le vrai mépris, c'est de mentir aux gens, certainement,
07:44 mais peut-être ment-il également aux gens, dans la mesure où lui-même ne veut pas s'admettre
07:48 qu'il suscite effectivement ce mépris-là.
07:50 Et ce mépris-là, on pourrait le décliner, je vais vite, avec toutes les petites phrases qu'il a pu essaimer,
07:55 j'en ai retrouvé une qui me semble être assez révélatrice,
07:59 de la manière dont il a méprisé, en tout cas, le peuple en colère, c'était à l'époque des Gilets jaunes,
08:04 car lors de ses voeux du 31 décembre 2018,
08:07 donc c'était l'époque où les Gilets jaunes commençaient à descendre dans les rues,
08:11 sur les Champs-Élysées, France oubliée,
08:13 il avait dit ceci, qu'il s'en prenait aux élus, aux forces de l'ordre,
08:17 aux journalistes, aux Juifs, aux étrangers et aux homosexuels,
08:20 avec des amalgames mensongers qui étaient faits simplement, naturellement,
08:24 pour rendre cette révolte insupportable,
08:29 dans ces soutiens qu'elle cherchait auprès de l'opinion.
08:32 Et je vous passe, j'ai bien envie de les emmerder concernant les non-vaccinés
08:37 ou venez me chercher dans l'affaire Benalla, etc.
08:39 Donc je veux bien concevoir que le président de la République n'est pas dénoué d'empathie,
08:44 je veux bien concevoir qu'il aime qu'on l'aime,
08:47 mais j'observe malgré tout que c'est un homme qui déverse de l'huile sur le feu
08:50 et que dans le fond, sans être trop polémique, ou même en étant assez polémique,
08:53 je trouve qu'il est assez pyromane, c'est un président pyromane.
08:56 – Bon, vous exagérez quand même un peu, Yvan-Emmanuel Macron,
08:59 ne peut pas être tenu pour responsable de toutes les violences.
09:02 – Non, il ne peut pas être tenu pour toutes ces violences que j'ai énumérées,
09:06 elles datent bien avant lui, en tout cas les violences sociétales,
09:09 les violences djihadistes également, les violences politiques,
09:12 ce sont des violences malgré tout nouvelles, et je l'accuse malgré tout
09:15 de n'avoir rien fait pour réguler, pour essayer d'amoindrir ces grandes fractures.
09:20 Je l'entends abondamment parler, et d'ailleurs je m'en méfie en général
09:23 quand les gens parlent ainsi, abondamment parler d'apaisement,
09:26 de bienveillance, de vivre ensemble, et en général quand on déverse ces mots-là,
09:29 c'est précisément, on veut taire en tout cas l'incapacité
09:33 qu'a l'homme politique à résoudre ces graves fractures.
09:37 Et je pense que quand il a dit par exemple dans le journal "L'Opinion" cette semaine
09:41 "le déni est le carburant des extrêmes", il a assurément raison,
09:45 mais simplement lui-même participe à ce déni, d'abord il participe à ce déni
09:48 en refusant d'admettre qu'il est méprisant, c'est une chose admise,
09:52 mais il participe à ce déni également en réduisant sa politique
09:55 au seul aspect économique et social, dans une sorte de vision marxiste,
09:59 d'ailleurs qui voudrait que l'histoire ne soit qu'une réponse économique
10:03 à des tensions sociales, et en ignorant toute la question
10:07 qui me paraît pour moi fondamentale, et pour moi et pour d'autres,
10:11 la question identitaire, civilisationnelle, la question de l'âme d'un peuple, etc.
10:15 Et je trouve qu'à force d'évacuer ce sujet-là, alors il a fait,
10:19 il a invité à Versailles, au nom de Choose France,
10:23 200 grands patrons mondiaux qui ont promis 900 emplois,
10:30 c'est très bien, naturellement, on peut applaudir,
10:33 il a saturé l'espace médiatique en promettant 2 milliards d'euros
10:37 à la classe moyenne, c'est très bien, mais je pense que c'est ignorer,
10:44 malgré tout, ce qu'est cette classe moyenne-là, qui ne demande pas d'argent,
10:47 simplement qui demande de la considération, et qui demande, dans le fond,
10:50 à être rassuré sur sa grande fragilité existentielle,
10:53 car dans le fond, cette classe moyenne-là, cette France oubliée,
10:55 cette France périphérique, est une France qui ne réclame pas des subventions,
10:58 qui ne réclame pas l'aumône, qui réclame simplement une sorte
11:02 de continuité historique que n'arrive pas à assumer le président de la République,
11:05 sinon à inviter les plus grands dans les fastes de Louis XIV.
11:09 Cette continuité historique, naturellement en étude, mais simplement,
11:12 elle ne parle pas au peuple qui est un peuple délaissé.
11:16 Et d'autant plus que je trouve que Macron ne va pas au fond de ce qu'est
11:22 cette violence en appliquant lui-même la violence légitime.
11:26 C'est-à-dire que s'il y a ce tsunami de violence, c'est parce que
11:30 la seule violence respectable qui pourrait advenir serait la violence d'État,
11:34 la violence légitime. Or, ces violences s'accentuent à mesure que
11:38 la violence légitime s'efface. On voit bien à chaque fois,
11:41 je ne veux pas non plus faire l'inventaire aujourd'hui de ces contre-sociétés
11:44 qui imposent leurs lois. Les exemples sont innombrables.
11:48 On a vu par exemple cette semaine à Villerupte, en Mörtemoselle,
11:51 que l'auteur d'une fusillade qui avait 37 ans avait 140 mentions
11:55 aux casiers judiciaires, avec donc une sorte d'effacement de l'autorité
11:59 de l'État qui est catastrophique. Mais cet exemple en vaut bien d'autres
12:03 et il y en a maintenant, hélas, 10 par jour. Et le laxisme est tel
12:07 aujourd'hui que la justice n'arrive plus naturellement à s'imposer
12:10 à ces délinquants, sauf quand il s'agit, parenthèse,
12:13 quand il s'agit de s'imposer aux hommes politiques.
12:15 Et là, on peut tout de même voir une sorte de paradoxe,
12:19 avoir accablé à ce point un ancien président de la République,
12:25 je parle de Nicolas Sarkozy, qui a été condamné en appel à trois mois,
12:28 à trois ans de prison, dont un an ferme, ce qui est considérable,
12:32 pour un délit d'intention avec en plus une pratique d'écoute
12:37 qui sont devenues illégales parce qu'une loi a été changée,
12:40 mais qui à l'époque avait été avalisée par la Cour d'Education,
12:43 des écoutes maintenant illégales entre l'avocat et son client,
12:48 donc avec une sorte d'intrusion liberticide qui, normalement,
12:53 devant la Cour européenne de justice, ne devrait pas passer,
12:55 je l'espère en tout cas. Mais enfin, vous voyez bien que
12:57 quand je vous parle d'autoritarisme, c'est précisément pour masquer
13:01 ce manque d'autorité d'un État qui se délite et qui s'en prend
13:05 maintenant simplement à des symboles politiques à travers une justice
13:09 qui me semblait être une justice politique. Et d'ailleurs,
13:12 et j'en finis parce que je voudrais vous laisser parler,
13:15 cette carence sécuritaire est telle que l'Institut pour la justice,
13:20 qui est donc une formation qui défend notamment les victimes,
13:22 envisage de porter plainte pour carence sécuritaire à la manière
13:27 dont les écologistes avaient porté plainte contre l'État
13:30 et avaient gagné pour carence climatique.
13:33 Et je pense que c'est une très bonne solution, en effet,
13:35 que de confronter aujourd'hui l'État et le chef de l'État,
13:38 qui en le font à ses manquements, en tout cas sécuritaires.
13:41 Véronique Jacquier, sur cette violence qui se généralise
13:44 et cette expression d'Ivan Riofol qui parle désormais de violence politique,
13:48 est-ce que vous partagez ce constat ?
13:50 Alors oui, bien entendu, il y a une violence politique
13:53 qui est concentrée symboliquement, mais pas que, puisqu'on a vu
13:57 l'agression envers l'un des membres de sa famille,
14:00 contre le chef de l'État. Alors, pour deux raisons, me semble-t-il,
14:03 Ivan a évoqué la classe moyenne. C'est vrai qu'il y a ce sentiment
14:06 de possession de la classe moyenne. Alors, on ne va pas jusqu'à la violence,
14:09 mais il y a en tout cas une exaspération de voir ce chef de l'État
14:12 qui n'est pas capable, le mot est fort, mais de penser contre lui-même
14:17 pour défendre le bien commun et défendre les intérêts vitaux de la nation,
14:21 tout simplement, ne serait-ce que sur les questions d'immigration,
14:24 où il a réfuté d'un revers de la main un référendum.
14:27 Après, on voit ce président, depuis six ans, qui a quand même
14:30 beaucoup de mal à créer un lien avec les Français,
14:33 qui ne les connaît pas. Il a dit lors d'un entretien
14:36 "J'ai appris à aimer les Français". Bon, ça arrivait un petit peu tard,
14:39 et puis on a le sentiment que ça reste toujours maladroit,
14:42 là où Jacques Chirac, évidemment, avait beaucoup d'aisance,
14:44 là où Nicolas Sarkozy, c'était un peu rugueux, mais on lui devait
14:47 un côté clivant et une sincérité. Et puis, François Hollande,
14:50 lui, vous avez vu, pour essayer justement d'être dans la normalité,
14:54 eh bien, il est devenu le président normal. Bon, on voit bien que ce président,
14:58 Emmanuel Macron, il n'a toujours pas trouvé la bonne formule
15:02 pour essayer d'arriver à emmener les Français avec lui
15:06 dans une aventure politique, et surtout dans une vision.
15:08 C'est ça qui est exaspérant aussi, c'est qu'il y a une montée de la violence
15:11 parce qu'on voit bien que les Français ne se voient pas
15:13 où on veut les emmener. Alors après, sur le terreau,
15:16 proprement dit, de la violence, il y a un angle que n'a pas abordé Ivan
15:20 et qui me paraît important, c'est quand même le délitement total
15:22 de la société. Emmanuel Macron n'est pas responsable de tout,
15:26 bien entendu. Perte de repères, perte de civilité,
15:29 perte d'éducation basique à la maison et à l'école,
15:34 voilà ce que ça donne, c'est-à-dire qu'on crée quand même
15:36 des bombes à retardement en puissance, et des gens qui ne savent plus se parler,
15:39 on n'a jamais autant parlé de vivre ensemble, et on n'est absolument
15:42 plus capable de vivre ensemble. On a donc maintenant des individus
15:45 qui sont très seuls, qui ne sont plus capables de vivre en société,
15:49 disparition de l'usine, disparition du bistrot, c'était des amortisseurs,
15:52 tout ça, de colère sociale, c'est vrai, même l'église, après tout.
15:56 Et maintenant on a des gens qui sont très seuls, et qu'est-ce qu'ils font ?
15:59 Ils regardent les réseaux sociaux, ils sont en permanence sur leur smartphone,
16:01 où ils sont incroyablement perméables à la violence.
16:04 Puis la deuxième raison, bien entendu, et ça c'est un fait nouveau
16:07 qui est quand même un fait politique majeur, c'est la radicalité
16:10 de la vie politique, avec évidemment le côté insurrectionnel
16:13 prôné du matin au soir par l'extrême-gauche et la France insoumise,
16:17 et on en voit là les dégâts considérables, c'est-à-dire des maires
16:21 en première ligne, avec des gens qui n'osent plus aller baffer
16:25 parce qu'ils sont à portée de baffe, ou à les agresser physiquement,
16:28 mais le péché original de la Macronie, c'est aussi quand même,
16:31 quand il y a eu les gilets jaunes et le saccage de l'arc de triomphe,
16:34 un pouvoir qui derrière a lâché 17 milliards d'euros,
16:38 donc il y a quand même pas mal de gens en France qui sont pour l'insurrection,
16:41 pour frapper le maire parce qu'il n'est pas loin et qu'il a porté de coups de poing,
16:44 tout simplement parce qu'il se dit que c'est la seule façon d'obtenir quelque chose.
16:47 Justement, sur cette classe politique, Yvan, est-ce qu'elle joue ce rôle
16:51 si important de modérateur ?
16:54 Une petite parenthèse pour compléter mon propos.
16:57 C'est vrai que ce qui a alimenté la violence politique, c'est également
17:00 l'usage de ce 49-3. J'ai oublié de le mentionner dans les raisons,
17:03 mais c'est vrai que ce 49-3, malgré tout, a été également en lui-même,
17:06 alors certes, c'était un acte constitutionnel, un acte légal,
17:09 c'est-à-dire qu'il a été vu lui-même comme une sorte d'acte de violence,
17:12 dans la mesure où il a interdit les députés d'avoir à se prononcer
17:15 sur un projet dont ils auraient peut-être rejeté.
17:18 Je vous ferme cette parenthèse pour que ce soit bien clair.
17:20 Sur votre question, oui, je pense que les... En tout cas, ce que j'observe,
17:24 c'est que la droite joue le jeu, la droite se tient bien, la droite essaye
17:27 de calmer le jeu. En revanche, je suis absolument sidéré, je suis
17:30 scandalisé même par l'attitude de l'extrême gauche depuis le début,
17:35 je l'ai dit en introduction, mais je le précise encore aujourd'hui,
17:38 et singulièrement à travers les propos incendiaires qui ont été tenus
17:41 cette semaine par Marine Tondelier, qui est la secrétaire nationale
17:46 d'Europe Ecologie Les Verts, et qui, s'en prenant d'ailleurs à CNews
17:51 et à Valeurs Actuelles, a fait un amalgame pour laisser comprendre
17:54 que ces médias-là laisseraient l'idéologie néo-nazie prospérer,
18:00 et en accusant précisément CNews, une fois de plus, ce n'est pas la première
18:03 fois que CNews maintenant est la cible de ceux qui voudraient la faire taire,
18:06 en accusant CNews de diffuser des idées réactionnaires, racistes,
18:10 misogynes, homophobes et climato-sceptiques. Mais quand on voit
18:15 que ces... Alors, naturellement, on peut se contenter de dire que ces propos
18:18 sont des propos imbéciles et polémiques, mais simplement, quand on voit
18:21 comment ces propos peuvent être entendus par des esprits faibles,
18:24 du profil de ceux que l'on a pu voir qui ont agressé Jean-Baptiste Tronué,
18:29 par exemple, on a bien vu que c'était vraiment des brutes épaisses.
18:32 Et quand on lance sur la place publique de tels propos, on se dit que,
18:35 dans le fond, on se rappelle le sort qui a été, par exemple, celui
18:38 de nos confrères de Charlie Hebdo, qui, de la même manière, avaient été
18:41 traités d'islamophobes, non pas par eux, mais également par une sorte
18:45 d'islamo-gauchisme, et qui, il faut-il le rappeler, ont été assassinés
18:48 dans leurs locaux. Je ne dis pas, naturellement, que c'est ce qui va
18:51 se produire, mais simplement, il est parfaitement irresponsable,
18:53 et scandaleux, d'ailleurs, dans le fond, qu'au cœur même de cette chaîne,
18:57 au cœur même de CNews, vous ayez des présentateurs, des présentatrices,
19:01 ou des commentateurs qui soient sous protection policière. Je ne sais pas
19:04 si vous vous rendez compte de l'état dans lequel, aujourd'hui,
19:07 la liberté d'expression accause précisément de ces incendiaires
19:10 qui sont précisément au cœur de cette extrême gauche qui appelle
19:13 à l'insurrection, sautement, sans voir quelles sont les cibles
19:16 qu'elle désigne. Il y a peut-être, naturellement, à désigner des cibles,
19:19 mais certainement pas au cœur d'une démocratie et d'une chaîne qui accepte
19:22 le pluralisme. Et donc, moi, j'ai envie de dénoncer, naturellement,
19:27 tous ces faiseurs de haine, et je pense que le camp du bien fait
19:30 beaucoup de mal. – J'invite Marine Tondelier à passer une après-midi
19:33 et faire une manifestation avec certains journalistes de CNews
19:36 qui subissent les insultes, les menaces et des déclarations
19:40 qui font ensuite écho à ce qui a pu être dit par certains responsables politiques.
19:44 Passons au communautarisme à présent. Dans le Figaro, lundi, Manuel Valls,
19:48 ancien Premier ministre socialiste, déclare sur l'immigration,
19:52 "Nous devons appuyer sur le bouton stop". Et cette déclaration,
19:56 j'imagine qu'elle doit vous réjouir.
19:58 – Elle me réjouit, oui, par sa lucidité, mais elle m'accable par son retard.
20:04 – Et ça fait maintenant 40 ans, 50 ans que nous sommes quelques-uns
20:08 à sonner l'alarme et à dire que cette immigration est une immigration folle.
20:12 On ne découvre pas, j'espère qu'on ne découvre pas aujourd'hui
20:14 les conséquences d'une immigration de peublement qui n'a pas été pensée.
20:16 J'observe d'ailleurs que les Républicains également se réveillent,
20:19 puisque dans le JDD aujourd'hui, les trois principaux responsables
20:23 du Parti Républicain… – La piste révélateur.
20:27 – Non, pas encore, pas tout à fait. Messieurs Ciotti, Retailleau et Marlex
20:32 disent également qu'il faut mettre un coup d'arrêt à l'immigration de masse.
20:35 Mais que ne l'ont-ils fait auparavant ?
20:37 Moi, naturellement, je suis content d'entendre ça, mais simplement,
20:40 je suis désespéré, je suis même révolté de voir tant de lâcheté
20:45 qui s'est accumulée au cœur de la gauche, mais également au cœur de la droite.
20:49 On l'oublie trop à ne pas vouloir se saisir de cette question-là,
20:54 parce que j'en ai fait l'expérience moi-même pour avoir alerté avec d'autres
20:58 sur ce problème d'immigration. Je vous assure que les colibés, les insultes,
21:02 les étiquettes infamantes que l'on a pu recevoir depuis 30 ans ou 40 ans
21:07 peuvent naturellement conduire certains d'entre nous à renoncer, dans le fond,
21:13 à désigner ce qui est pour moi le problème le plus fondamental
21:16 dans le déséquilibre de la nation. Je parle de l'immigration de plus en plus…
21:20 – Olivier Marlex, non, Bruno Retailleau dit peu au prou la même chose que vous.
21:24 – Mais oui, c'est très bien de le dire maintenant, c'est parfait, bravo, bravo,
21:26 bravo Monsieur Retailleau, et encore, Monsieur Retailleau n'est pas
21:29 le plus pleutre de tous naturellement, mais simplement il y a quand même
21:32 un procès en lâcheté qui a été fait, et quand j'entends, par exemple,
21:36 Manuel Valls dire "les politiques migratoires n'ont guère évolué en 40 ans,
21:40 il faut en changer, il n'y a jamais eu autant d'immigrés dans notre pays",
21:43 je dis "oui, bien sûr, mais pourquoi n'avez-vous pas voulu entendre
21:46 ceux qui vous disaient ceci depuis des lustres et des années et des décennies ? "
21:51 D'ailleurs, Valls donne une explication, et il dit que le camp du républicain
21:58 était tétanisé par l'extrême droite depuis des décennies,
22:00 donc il donne bien la clé, effectivement, de cet aveuglement d'une partie
22:04 de ceux qui aujourd'hui, maintenant, sont lucides, et la clé de cet aveuglement,
22:07 c'est une lâcheté, en effet, et c'est une volonté de ne pas vouloir faire le jeu
22:11 du Front National de l'époque, du Rassemblement National de maintenant,
22:14 qui précisément montrait quels étaient les graves dangers
22:19 d'une immigration qui ne s'intègre pas et d'une assimilation qui a été abandonnée.
22:23 Alors maintenant, j'entends les républicains et Valls dire qu'il faut également
22:25 rétablir l'assimilation, très bien, mais je voudrais maintenant
22:29 qu'après avoir découvert ces évidences, on découvre les autres évidences,
22:32 notamment des dérives communautaires qui ne sont pas réglées.
22:35 - Quelles sont ces dérives ? Et ensuite, je vous donne la parole.
22:37 Oh, Véronique, vous vouliez réagir tout de suite, peut-être ?
22:39 - Oui, les républicains proposent même de constitutionnaliser l'assimilation,
22:42 c'est-à-dire de le mettre dans la Constitution.
22:44 - Oui, mais sur ces dérives...
22:46 - L'assimilation est déjà dans le code civil. Enfin, oui, pourquoi pas.
22:49 - Mais là, c'est dans la Constitution.
22:51 - Oui, pourquoi pas ? Ce sont des mots, encore.
22:53 - Vous vouliez revenir sur les dérives, Yvan Rioufol, de l'immigration.
22:57 - Parce que les dérives vont avec cette immigration de peuplement,
23:01 qui est une immigration qui porte une nouvelle civilisation, une nouvelle culture,
23:04 une culture majoritairement aujourd'hui islamique, musulmane,
23:07 qui a des grandes difficultés à s'intégrer.
23:10 Et je n'en fais pas procès, d'ailleurs, aux musulmans eux-mêmes, je fais procès.
23:13 Mon procès ne vise pas les immigrés, mon procès vise les élites occidentales,
23:18 les élites françaises qui ont laissé venir ces immigrés,
23:20 et qui, naturellement, viennent avec leur culture, leur mode de vie,
23:23 et leur communauté.
23:25 Mon grief ne porte pas sur eux.
23:27 Simplement, aujourd'hui, ce communautarisme a pris une telle envergure
23:31 qu'il devient un problème pour la cohésion nationale,
23:34 et qu'il s'appuie, dans le fond, sur une dialectique
23:39 qui est une dialectique de la victimisation.
23:42 Alors, on l'a bien vu avec, par exemple, l'islamisme qui s'installe aujourd'hui
23:47 au nom de l'islamophobie, bien sûr,
23:51 mais on voit aujourd'hui que le nouveau communautarisme,
23:54 le nouveau lobby LGBT+, reprend cette même dialectique également,
23:58 écrit lui-même à l'homophobie, à la moindre contrariété.
24:01 C'est-à-dire que l'on a vu, par exemple, je prends quelques exemples,
24:04 il y a eu, Madame la ministre des Sports a voulu sanctionner
24:08 des joueurs de foot musulmans qui ont refusé de porter les couleurs LGBT,
24:13 les couleurs arc-en-ciel, sur leurs maillots.
24:15 En montrant d'ailleurs, ils se réclamaient eux-mêmes de leur culture
24:18 et de leur religion, et en montrant effectivement que la condition
24:20 des homosexuels dans le monde musulman n'est certainement pas enviable,
24:23 et même, quand je dis ceci, c'est pour être poli.
24:26 Simplement, je suis, dans le fond, je suis d'accord avec eux,
24:29 malgré tout, même si je déplore naturellement la condition
24:32 des homosexuels dans le monde musulman, mais je suis d'accord avec eux
24:34 pour dire qu'un joueur de foot ne doit faire que du foot,
24:36 il n'a pas à porter un drapeau communautaire.
24:38 Et ce drapeau communautaire, il est maintenant, il est même à Paris,
24:41 en tout cas, sur les passages floutés, où l'on voit que vous avez maintenant
24:44 sur les passages floutés, les couleurs arc-en-ciel qui sont imposées
24:48 dans une sorte de visibilité d'un communautarisme qui demande des solutions
24:55 hors du commun.
24:58 Ces mêmes joueurs de foot n'auraient pas hésité à porter un maillot
25:01 pour soutenir George Floyd, par exemple, ou poser un genou à terre.
25:04 Oui, ils auraient tort également.
25:07 Et le pire, c'est qu'on a vu également à l'école alsacienne,
25:10 et là, ça a été la même chose, vous avez eu un groupe de pression LGBT
25:15 qui a institué également une sorte de contre-culture au cœur de l'éducation
25:23 et qui a traité de transphobie des élèves qui avaient contesté
25:27 que l'homme puisse être enceint, que l'homme puisse être enceint,
25:31 vous avez bien entendu, et qui ont assuré que dire qu'il y a seulement deux sexes
25:35 est une représentation d'athées et c'est faux.
25:37 Donc je trouve qu'il faut arrêter avec ces âneries-là
25:40 et il faut retrouver les fondamentaux de la démocratie,
25:43 et les fondamentaux de la démocratie, c'est la loi du nombre.
25:46 En une minute, Véronique Jacquet, pardonnez-moi, parce que le temps file.
25:50 Mais non, pas du tout, le temps file, Véronique.
25:53 Sur le communautarisme et sur...
25:55 Non, mais un mot sur ce que dit Manuel Valls quand il dit "stop".
25:59 C'est bien gentil, mais enfin, c'est sous le quinquennat de François Hollande
26:03 qu'on a levé le côté délit pour séjour clandestin et irrégulier dans notre pays.
26:09 Et il dit d'ailleurs à demi-mot dans son interview que,
26:12 oui, oui, bon, ben ça, ils n'auraient peut-être pas dû le faire.
26:14 Je trouve que c'est un petit peu facile.
26:16 À l'époque, il était dans la majorité, il était Premier ministre,
26:20 donc ce sont des discours, moi, qui me paraissent toujours parcellaires.
26:23 C'est-à-dire, on a d'un côté un ancien Premier ministre socialiste
26:26 qui fait son mea culpa, d'un autre côté la droite qui dit
26:29 "Ah oui, on n'est jamais allé aussi loin, il faut aller encore plus loin".
26:31 Qu'est-ce qui marche et qu'est-ce qui peut marcher,
26:34 d'après moi, c'est la seule chose qu'il faut retenir,
26:36 c'est qu'au Danemark, comme en Suède, les partis de gouvernement
26:39 ont été capables d'ouvrir l'arc républicain à tous les partis dits populistes
26:43 pour prendre d'ailleurs certaines de leurs idées et pour dire "stop, l'immigration,
26:47 on n'en veut plus" et en prendre des mesures absolument drastiques et radicales.
26:50 C'est la seule chose qui marche.
26:52 Tant qu'ils seront chacun, tous, dans leur écurie, la France n'avancera pas de ce côté-là.
26:56 La publicité, on revient dans un instant.
26:58 Vous allez recevoir Eve Wagerland, professeure agrégée, docteur, auteure de "Un prof ne devrait pas dire ça".
27:05 Elle va nous dire ce qu'il ne faudrait pas dire quand on est professeur.
27:08 A tout de suite pour la deuxième partie de "Face à Riocol".
27:11 20h30 sur CNews, le point sur l'information, Isabelle Piboulot.
27:17 Accident mortel à Villeneuve-d'Ascq.
27:24 Ce matin, 4 personnes ont été tuées, dont 3 jeunes policiers.
27:28 Deux passagers ont été grièvement blessés dans une collision entre un véhicule de police et une voiture.
27:33 Les premiers éléments confortent l'hypothèse d'un choc frontal.
27:37 Gérald Darmanin se rendra dans le commissariat de Roubaix demain matin où travaillent les 3 fonctionnaires.
27:42 Une enquête est ouverte pour homicide et blessure involontaire.
27:45 Dans l'Indre, les participants au Tecnival prennent la route.
27:49 Il n'était plus qu'environ 15 000 sur le site dans l'après-midi.
27:53 La préfecture s'attend tout de même à voir l'événement se prolonger jusqu'à demain matin pour son 30e anniversaire.
27:59 Le rassemblement, qui était interdit par les autorités, a dépassé la barre des 30 000 personnes la nuit dernière.
28:05 Et puis, la même liesse qu'il y a un an, drapeau jaune et noir à l'honneur,
28:10 la Rochelle a célébré ses rugbymen au lendemain de leur sacre en Champions Cup.
28:15 Un deuxième titre européen au consécutif après cette refaire le Leinster à Dublin, 27 à 26.
28:21 Des dizaines de milliers de personnes ont envahi les quais du Vieux-Port
28:24 pour acclamer leurs joueurs qui rêvent désormais d'un titre de champion de France.
28:29 Pour le point sur l'information, on reçoit ce soir Eve Vaguerlant.
28:34 Merci d'être avec nous.
28:35 Vous avez écrit "un prof ne devrait pas dire ça", vous êtes professeur agrégé, docteur, et vous avez enseigné depuis 2014.
28:43 Yvan Rioufol, pourquoi avoir invité Eve Vaguerlant ce soir ?
28:46 Écoutez, parce que j'ai une profonde admiration, un profond respect pour ces enseignants
28:51 qui sont entrés en résistance face au désastre éducatif, dans le fond,
28:55 et qui prennent des risques à dire des vérités.
28:58 Et c'est en ceci, et après avoir lu le livre d'Eve Vaguerlant, qui je conseille,
29:02 qui est un livre qui est bourré d'anecdotes, alors certes, des livres sur le désastre scolaire,
29:06 il y en a eu beaucoup depuis maintenant 20 ans ou 30 ans, celui-ci a une spécificité,
29:10 c'est-à-dire qu'il est très accessible et qu'il montre très concrètement ce qu'est aujourd'hui ce désastre éducatif.
29:16 Et ma première question était de savoir, très brièvement, de quoi souffre, selon vous, l'école publique aujourd'hui ?
29:24 Alors c'est important, je pense, de poser le problème clairement,
29:28 parce que très souvent les problèmes d'éducation nationale sont justement mal présentés,
29:33 du moins à mon sens, qu'il s'agisse des questions de pédagogie, de problèmes de discipline en classe,
29:38 ou même de laïcité, on entend toujours que les professeurs ne sont pas assez formés, par exemple.
29:42 Donc ça, c'est un escourt qui m'exaspère, parce qu'il sous-entend que s'il y a des problèmes,
29:48 c'est parce que nous ne savons pas y faire, comme corps enseignant.
29:51 En plus, il faut savoir que les instituts de formation des professeurs
29:54 sont les temples du pédagogisme qui a mis l'école par terre,
29:58 donc je ne sais pas, c'est une très bonne idée d'y passer plus de temps.
30:02 Après, vous avez le discours des syndicats, qui revient très souvent à dire qu'il y a un manque de moyens,
30:08 alors que le budget de l'éducation est colossal, il est supérieur à la moyenne de l'OCDE pour un résultat maintenant inférieur.
30:15 On entend par exemple souvent que les classes sont surchargées.
30:17 C'est vrai qu'à l'heure actuelle, il est difficile de faire cours tranquillement avec un groupe de plus de 15 élèves,
30:24 mais on sait tous aussi très bien que si les élèves se comportent correctement,
30:28 on peut parfaitement avoir des classes de 40, ça ne pose aucun problème.
30:31 Donc tout ça maquille le vrai problème et la vraie question,
30:35 qui est de savoir pourquoi aujourd'hui, de plus en plus de classes, il est pratiquement impossible d'enseigner.
30:41 Est-ce le poids de l'idéologie, du pédagogisme, du communautarisme,
30:48 est-ce le poids de cette société nouvelle qui s'est installée au cœur de l'école avec une immigration de peuplement ?
30:53 Dans tous ces éléments-là, qu'est-ce qui est l'élément primordial dans l'effondrement de la transmission ?
30:59 De manière générale, j'insisterai sur le facteur idéologique.
31:02 Dans le livre, j'insiste sur les idéologies dans l'école,
31:04 parce que ça me paraît plus intéressant comme analyse que le discours sur l'absence de moyens.
31:09 On a une idéologie progressiste, égalitariste, qui a mis l'école par terre,
31:16 en créant déjà une hétérogénéité dans les classes à cause du refus des classes de niveau, par exemple,
31:21 et de toutes sortes de sélections.
31:23 L'arrivée du collège unique.
31:25 L'absence totale de sélection, un point que beaucoup de gens ne se rendent pas compte,
31:30 mais dans l'école où ils déposent leurs enfants, petits-enfants, il n'y a aucune forme de redoublement.
31:36 On entre au collège sans savoir lire, on entre en seconde sans avoir eu son brevet.
31:41 Donc ça, c'est la réalité actuelle.
31:43 Ça fait qu'en classe, on nous demande d'enseigner à plusieurs niveaux en même temps.
31:48 Ça s'appelle la pédagogie différenciée, ça ne marche absolument pas.
31:51 Donc ça, c'est cette hétérogénéité.
31:53 Ensuite, vous avez l'obsession de l'inclusion,
31:56 qui fait qu'on a des élèves avec des troubles graves,
31:59 qui nécessiteraient un établissement spécialisé qui sont présents en classe.
32:04 Cette fameuse école inclusive qui voudrait y inclure des élèves, dans le fond, également handicapés mentaux.
32:11 Qui est un mensonge, parce que moi j'en ai eu des élèves comme ça en classe,
32:14 ils sont en souffrance, c'est vraiment terrible.
32:17 Ils ne peuvent évidemment rien suivre de ce qu'on fait.
32:20 Nous les profs, on n'a aucune espèce de moyen pour se charger d'eux.
32:26 Dans un tout autre registre, vous avez maintenant des petits délinquants,
32:30 des élèves qui peuvent arriver avec une arme blanche dans leur sac.
32:34 C'est courant en fait, dans les établissements scolaires.
32:38 Et ça, ça peut être dans n'importe quel établissement scolaire aujourd'hui.
32:41 C'est-à-dire que vous nous dites que ce qui arrive aujourd'hui à l'école publique
32:44 n'est pas simplement dans l'école publique, dans le fond, des zones prieuses, des zones sensibles,
32:48 des zones décités, mais réellement c'est une situation qui s'est généralisée à l'ensemble des écoles publiques.
32:54 C'est bien ce que vous nous dites.
32:55 C'est ça, dans le livre j'insiste beaucoup sur le fait que mon expérience ne se cantonne pas du tout
32:58 aux REP, aux zones difficiles, etc.
33:01 que j'ai enseigné dans des établissements tout à fait standards.
33:06 Et ça ne m'a pas empêché d'y constater à peu près les mêmes choses.
33:09 Alors forcément, ça s'aggrave dans certains établissements,
33:12 mais globalement, ces phénomènes que je décris sont présents un peu partout.
33:18 Ça, c'est certain.
33:19 Ce que vous dites est ahurissant.
33:20 Et comment réagissent les professeurs eux-mêmes ?
33:22 Est-ce qu'ils acquiescent dans le fond à cette situation
33:25 ou est-ce qu'il y en a tout de même quelques-uns qui, comme vous,
33:27 commencent à se rebeller dans le fond ?
33:29 D'ailleurs, peut-être prenez-vous des risques à dire ces choses-là, vous me direz également.
33:32 C'est possible. Je ne sais pas dans quelle mesure, mais la suite le dira.
33:36 Pour ce qui est des collègues, il est certain que maintenant,
33:40 une salle des professeurs est généralement une sorte de bureau des plaintes
33:44 où toute la journée, on raconte ses expériences difficiles avec les élèves.
33:48 Les profs sont vraiment en souffrance.
33:50 Donc maintenant, il y a de moins en moins d'hypogrésie à ce niveau-là.
33:54 On entend de moins en moins que c'est merveilleux, que c'est très sympa.
33:57 Il y en a encore qui le font.
33:59 L'OMERTA reste encore un conseil de classe où souvent,
34:02 les profs n'osent pas assumer leurs difficultés parce qu'ils sont culpabilisés.
34:06 C'est à cause de ce que je vous disais tout à l'heure.
34:08 On est dans l'idée que s'il y a des problèmes de discipline,
34:11 ce n'est pas la faute du comportement des élèves,
34:13 c'est le prof qui ne sait pas gérer sa classe.
34:15 Donc, ça fait qu'en conseil de classe, par exemple,
34:17 les profs assument très peu leurs difficultés.
34:19 Mais sinon, en salle des profs, le constat est assez partagé.
34:22 Par contre, lorsqu'il s'agit de réclamer des solutions,
34:25 il y a un blocage idéologique qui est total.
34:27 C'est-à-dire que l'école reste encore le réceptacle de l'extrême-gauche,
34:32 pour dire les choses assez clairement.
34:34 Est-ce que c'est bien ce que vous constatez ?
34:36 L'extrême-gauche est surreprésentée par rapport au reste de la population
34:40 chez les enseignants.
34:41 Et sinon, il y a une majorité d'enseignants qui sont dans l'idéologie progressiste,
34:47 en tout cas qui seraient horrifiés par des idées, je dirais, réactionnaires.
34:51 Ce serait quoi, les idées réactionnaires ?
34:53 Remettre des classes de niveau.
34:55 C'est certain que si vous proposez, ne serait-ce que de réinstaurer
34:59 une véritable sélection à un examen comme le brevet,
35:02 on se heurterait à des grèves d'enseignants.
35:05 C'est à peu près certain.
35:06 Et quelle est la place que tient cette immigration,
35:09 dont nous parlions tout à l'heure, cette immigration de peuplement,
35:12 qui arrive également, qui, de mon point de vue,
35:14 asphyxie également une grande partie du système scolaire,
35:17 qui n'arrive plus à faire passer des cultures,
35:21 une culture occidentale, à ceux qui en sont étrangers ?
35:25 Alors je pense qu'effectivement, il y a un problème de culture commune
35:29 qu'on n'arrive plus à instaurer, à avoir, avec effectivement,
35:34 d'une part, des enfants venus ayant une autre culture
35:37 et des enfants français qui ne possèdent plus leur propre culture,
35:40 qui sont déracinés.
35:41 Ah oui, vous dites deux choses.
35:44 D'abord, il y a des élèves qui arrivent et qui ne connaissent pas la culture
35:48 et des élèves qui sont des Français de France
35:51 et qui eux-mêmes ont oublié leur culture.
35:53 Le vide dans la transmission de notre propre culture
35:55 crée un appel d'air, notamment pour l'islamisation, ça c'est certain.
35:59 Ensuite, c'est vrai que pour les enfants issus de l'immigration
36:02 qui sont en majorité dans certains établissements,
36:06 il y a des difficultés accrues pour eux,
36:10 du fait déjà de la maîtrise de la langue.
36:12 C'est la base, ça crée des problèmes supplémentaires
36:15 dans le système scolaire.
36:17 Cette mauvaise maîtrise de la langue,
36:19 quand elle est mal parlée ou peu parlée à la maison,
36:21 c'est difficile pour eux ensuite de réussir scolairement.
36:25 Vous avez la méconnaissance du système scolaire de la part des parents
36:28 qui fait que pour eux, c'est difficile de suivre la scolarité de leurs enfants.
36:33 Ça complique encore, je dirais que c'est un facteur aggravant
36:36 de problèmes qui sont déjà là, qui sont déjà présents
36:39 à cause des choix éducatifs qui ont été faits depuis 40 ans maintenant.
36:43 - Véronique Jacquet.
36:44 - Qu'est-ce que vous pensez du respect de la laïcité ?
36:46 Parce qu'on voit qu'il y a de plus en plus d'atteintes à la laïcité.
36:49 Est-ce que la notion vous paraît même de plus en plus compliquée
36:53 à défendre au sein des établissements scolaires ?
36:55 - Dans les établissements scolaires, on est de plus en plus
36:58 avec deux attitudes différentes qui se répartissent
37:01 un peu en fonction des générations.
37:02 Vous avez une ancienne génération de professeurs
37:04 qui est encore assez laïcarde, on dirait qu'ils défendent
37:07 vraiment la laïcité pure et dure, qui pose aussi des problèmes
37:12 notamment dans cette déculturation, je pense, parce qu'on a supprimé
37:16 du système éducatif toute la culture chrétienne,
37:19 qui fait que les élèves n'ont pas de repères pour la majorité
37:24 des productions artistiques jusqu'au XXe siècle,
37:27 qui sont complètement imprégnées de culture chrétienne.
37:29 Donc on a refusé de transmettre tout ça au nom d'une vision
37:32 de la laïcité qui me paraît vraiment antichrétienne, etc.
37:37 Et d'un autre côté, maintenant, se répand de plus en plus
37:40 une sorte de laïcité ouverte qui n'est en fait qu'une complaisance
37:43 vis-à-vis de l'islam.
37:44 - Un exemple, dans les datations historiques,
37:47 les élèves ne savent plus ce que veut dire "JC", Jésus Christ.
37:52 - Oui, ça arrive, je le dis dans le livre.
37:54 - Quand ils voient "JC", ils comprennent quoi ?
37:56 - Oui, je dis qu'il vaut mieux vérifier qu'ils savent
37:59 à quoi ça se réfère, ça n'est pas évident.
38:01 - Alors eux pensent que c'est quoi "JC" ?
38:03 Pour vous donner l'exemple, je crois qu'ils pensent que ça veut dire
38:05 Jacques Chirac ou je ne sais plus.
38:06 - Ça, je le dis comme une blague, mais je ne sais pas ce qu'ils pensent.
38:09 Mais en tout cas, ils ne savent pas forcément à quoi ça renvoie.
38:13 Et il y a un vide de ce côté-là qui est total,
38:15 qui fait que si vous les emmenez au Louvre,
38:17 sans avoir en tête des épisodes très simples de la Bible,
38:21 comme le déluge ou la tour de Babel, on n'identifie aucun tableau.
38:25 Pour lire n'importe quelle oeuvre littéraire,
38:28 il faut une petite base même pour comprendre
38:31 les oeuvres des auteurs des Lumières,
38:33 quand ils se moquent du christianisme.
38:35 Par exemple, quand Montesquieu se moque du pape
38:37 en disant que c'est un grand magicien parce qu'il dit que le pain n'est pas du pain,
38:40 il se réfère au dogme de l'Eucharistie.
38:42 Mais si on n'a aucune idée de ce que c'est,
38:45 on ne comprend pas la blague de Montesquieu.
38:46 Ça imprègne vraiment toute notre culture à tous les niveaux.
38:50 - Et ce désastre qui accable maintenant l'école publique,
38:53 est-ce que vous le retrouvez ?
38:54 Vous ne connaissez pas bien l'école privée,
38:56 mais dans les témoignages que vous pouvez avoir,
38:58 vous le voyez également par capillarité dans l'école privée ?
39:01 - J'ai l'impression que l'école privée s'en sort mieux
39:04 parce qu'il y a une meilleure sélection sociale des élèves.
39:07 Il y a quand même encore davantage une volonté de transmettre le savoir.
39:12 En revanche, au niveau de l'imprégnation idéologique,
39:15 j'ai l'impression que c'est de plus en plus semblable
39:18 par rapport au public.
39:21 Je n'ai pas l'impression qu'on transmette d'autres valeurs.
39:23 - Est-ce que vous pensez malgré tout que le corps enseignant,
39:26 pour revenir de là où vous venez,
39:29 pourrait être une force de résistance à ce que je vois, moi,
39:32 comme étant une décadence et peut-être pour essayer d'ouvrir,
39:35 dans le fond, une sorte de renaissance,
39:37 de rétablissement d'une culture perdue ?
39:40 Est-ce que l'on peut, outre vous-même,
39:43 est-ce que l'on peut espérer que le corps enseignant puisse se réveiller ?
39:46 Par exemple, je voyais que dans les sondages,
39:48 alors c'est peut-être un mauvais exemple,
39:51 25% des enseignants aujourd'hui, dans ce corps très, très,
39:54 très grécrème rouge, avaient voté pour Marine Le Pen.
39:57 Donc, ce qui montre malgré tout une sorte de réflexe,
40:00 dans le fond, réactif en tout cas, face à ce que vous décrivez.
40:04 Est-ce que vous observez ceci ?
40:06 - Non, pas du tout.
40:07 C'est des chiffres qui sont toujours assez étonnants,
40:09 je veux bien le croire, mais en tout cas,
40:11 ça ne transparaît pas en salle des profs
40:13 où le discours de gauche domine largement,
40:15 où c'est lui qui a voix au chapitre.
40:17 Je pense qu'ensuite, voilà, le corps enseignant
40:20 est tout à fait capable d'assurer sa mission,
40:24 il faut qu'on lui en donne les moyens.
40:26 Maintenant, il faut vraiment un changement de politique
40:28 qui nous permette tout simplement d'enseigner dans nos classes.
40:32 - Oui.
40:33 - Ce que vous dites est un peu désespérant,
40:34 parce qu'on a l'impression qu'il faut vraiment
40:36 un changement de logiciel et de mentalité.
40:37 Quand vous parlez d'un corps enseignant
40:39 qui est encore très progressiste,
40:41 est-ce que vous croyez du coup au développement
40:43 des écoles hors contrat ?
40:44 Parce que leur nombre a vraiment beaucoup augmenté
40:48 ces dix dernières années.
40:49 - Alors, c'est certain qu'on peut créer
40:52 des établissements d'excellence
40:53 en revenant à des méthodes de bon sens
40:55 dans le hors contrat.
40:57 Ensuite, moi, ce qui me désespère un peu,
40:58 c'est que je vois la logique politique
41:01 qui est à l'œuvre derrière tout ça,
41:02 c'est-à-dire qu'on a des élites
41:03 qui abandonnent le système scolaire
41:05 en faisant le calcul que leurs propres enfants
41:10 pourront toujours s'en sortir
41:11 en trouvant refuge dans le privé.
41:13 Et ça, ça me choque beaucoup personnellement.
41:15 Je pense que tout le monde a droit
41:16 à une instruction correcte,
41:17 et ça, c'est dans le public qu'il faut le défendre.
41:20 - Vous m'amenez à parler de Papandia,
41:23 qui a mis ses enfants à l'école alsacienne
41:25 et qui, lui, veut naturellement faire en sorte
41:27 que l'école privée s'ouvre à l'identique
41:30 de l'école publique à une immigration,
41:33 enfin, en tout cas, à une France de la diversité.
41:35 Quel jugement portez-vous sur votre ministre
41:38 de l'Éducation, sans vous mettre dans l'embarras ?
41:40 Parce que peut-être êtes-vous tenu
41:42 par un devoir de réserve, je ne sais pas,
41:44 mais enfin, vous n'êtes pas obligé de répondre,
41:45 mais enfin, si ça vous gêne,
41:46 mais sinon, qu'est-ce que vous pourriez en dire ?
41:48 - Alors, c'est vrai que par-delà,
41:50 effectivement, cette hypocrisie très choquante
41:52 qui consiste à faire la leçon à tout le monde
41:56 sur la mixité sociale en l'évitant soi-même,
41:59 on a un bilan avec Papandia,
42:02 qui est pour moi calamiteux,
42:04 parce qu'on voit que ses priorités sont hallucinantes
42:07 par rapport à la réalité du système scolaire.
42:09 - Rappelez-les pour les téléspectateurs.
42:11 - Alors, dès le départ, ça a été l'éducation à la sexualité,
42:14 maintenant la lutte contre l'homophobie.
42:17 - Contre le réchauffement climaté.
42:19 - Oui, voilà, donc des choses extrêmement idéologisées.
42:22 Il faut savoir que quand on vous parle
42:25 de faire aux enfants de l'éducation à la sexualité
42:28 ou de la lutte contre les discriminations,
42:30 c'est systématiquement le prétexte
42:32 à répandre l'idéologie du genre,
42:35 en particulier dans l'école,
42:37 puisque les interventions autour de ces thèmes-là
42:40 se font très, très souvent par des associations
42:43 d'extrême-gauche. J'y ai assisté moi-même.
42:45 J'ai été extrêmement choquée d'entendre,
42:48 au sujet des discriminations, un militant expliquer aux élèves
42:51 qu'il n'y a pas de christianophobie en France,
42:53 puisque nous sommes dans un pays à majorité chrétienne,
42:56 que c'est toujours la majorité qui opprime les minorités,
42:59 et donc qu'en France, il ne peut y avoir
43:01 que de l'islamophobie et de l'antisémitisme.
43:03 Donc apparemment, les personnes massacrées
43:05 à la basilique de Nice, ça ne compte pas.
43:08 J'ai assisté aussi à une intervention
43:10 sur les règles des filles, tout en écriture inclusive,
43:13 une écriture qui est interdite normalement
43:15 dans l'éducation nationale, mais qui se répand,
43:17 où on parlait de l'ostracisme dont les filles
43:21 seraient victimes dans nos sociétés,
43:23 pendant leurs règles, et la personne qui intervenait
43:25 n'a jamais utilisé le mot "femme"
43:27 pour parler des personnes ayant leurs règles,
43:29 mais de personnes ayant un utérus,
43:31 en expliquant aux élèves qu'il fallait penser
43:33 aux hommes trans qui ont aussi leurs règles.
43:35 Donc on fait des choses comme ça à l'école, tout de même.
43:38 Comment donc vous avez un discours très libre,
43:41 vous ne cachez pas vraiment vos opinions,
43:43 on le voit bien, peut-être même pourriez-vous,
43:45 je pense que vous vous affirmez de droite
43:47 dans votre livre, est-ce que, pour un prof,
43:49 peut-il s'affirmer de droite, alors pour un prof
43:51 qui s'affirme de gauche, naturellement,
43:53 tout cela est très conforme et très facile pour lui,
43:56 est-ce qu'un prof qui s'affirme de droite
43:58 est entendu et est accepté par la profession,
44:01 en tout cas par la corporation des professeurs ?
44:03 Je ne me suis jamais amusée à le dire
44:05 comme tel en salle des profs.
44:07 Là c'est fait ici.
44:09 En salle des profs, c'est difficile à assumer,
44:13 très difficile à dire je suis de droite
44:16 comme ça dans une salle des profs.
44:18 Non, ça n'existe pas.
44:20 Non, ça n'existe pas, oui.
44:22 On part du principe dans les conversations
44:24 que les gens sont de gauche.
44:26 Mais donc quels risquent d'être les réactions
44:29 de vos collègues après vous avoir vus,
44:31 s'ils vous voient, ou après vous avoir lus ?
44:34 Je rappelle qu'Eve Vagerland ce n'est pas votre vrai nom,
44:37 vous avez voulu prendre un pseudonyme malgré tout
44:39 pour essayer de vous préserver.
44:41 Mais maintenant que vous apparaissez en public,
44:43 je ne suis pas sûre que ces précautions soient utiles.
44:45 J'espère que les collègues s'ils m'entendent
44:47 entendront davantage le contenu de mon discours
44:49 que l'option politique, je pense,
44:51 qui n'a pas d'importance,
44:53 qui est moins importante,
44:55 parce que je sais que le constat que je fais,
44:57 ils sont beaucoup à le partager.
44:59 Beaucoup à le partager, mais qui...
45:01 Sans s'avouer, sans le dire.
45:02 Sans se l'avouer.
45:03 Mais malgré tout, n'êtes-vous pas prise
45:05 par une sorte de découragement,
45:07 d'où mon admiration a été sincère au début,
45:09 parce que je vois qu'il y a un vrai courage,
45:11 naturellement, à affronter toute cette omerta,
45:13 mais est-ce que vous n'êtes pas à un moment donné
45:15 découragé par ce combat qui pourrait être un combat vain
45:17 si vous êtes seul, ou si en tout cas,
45:19 vous n'êtes pas soutenu par une partie,
45:21 ne serait-ce que de vos collègues ?
45:23 Si, il y a du découragement,
45:25 comme je l'explique dans le livre,
45:27 le yo-yo émotionnel dans l'éducation nationale,
45:30 c'est tous les jours, c'est-à-dire que vous pouvez
45:32 constamment passer d'un moment
45:34 où vous avez réussi à accrocher vos élèves
45:36 avec quelque chose, où ça s'est bien passé,
45:38 où vous avez pu transmettre des sortes de moments
45:40 de grâce que j'évoque dans le livre,
45:42 à une situation absolument catastrophique,
45:44 qui désespère. On pense...
45:46 Moi, je raconte dans le livre
45:48 que très souvent, ça m'est arrivé de craquer
45:50 complètement pendant ma carrière,
45:52 de penser à démissionner.
45:54 Il y a énormément de collègues qui démissionnent.
45:56 Je pense que ça nous passe...
45:58 - Et vous avez toujours en tête cette perspective,
46:00 à un moment donné, de démissionner,
46:02 de jeter le gant ? - Oui, on y pense,
46:04 à jeter l'éponge de plus en plus.
46:06 En tout cas, les chiffres de démission le montrent.
46:08 - C'était passionnant.
46:10 - Bravo.
46:12 - Vous allez revenir, quand même ? - J'espère.
46:14 - Vous avez juste une toute petite question.
46:16 Est-ce que vous avez signalé,
46:18 lorsque vous avez vécu
46:20 cette conférence sur...
46:22 Quand on vous dit qu'il n'y a pas de christianophobie
46:24 sur les règles des femmes,
46:26 vous l'avez signalé au rectorat
46:28 ou au directeur de l'établissement ?
46:30 - Je l'ai signalé au chef d'établissement.
46:32 - Et on vous dit quoi ? - Il n'a rien dit.
46:34 Je sais qu'une collègue
46:38 en a rediscuté ensuite,
46:40 mais de toute façon, les chefs d'établissement
46:42 sont couverts par le fait que
46:44 toutes ces associations ont l'aval
46:46 du ministère. Ils ont une
46:48 autorisation du ministère.
46:50 - Eh bien, écoutez.
46:52 Merci beaucoup. Merci, cher Yvan.
46:54 Merci beaucoup. Merci, Véronique.
46:56 L'info se poursuit sur CNews.
46:58 Dans un instant, c'est Enquête d'Esprit.
47:00 - Enquête d'Esprit consacrée aux exorcistes.
47:02 Parce qu'un film sort sur l'exorciste du Vatican.
47:04 Alors attention, c'est l'exorciste
47:06 du diocèse de Rome, pas le Vatican.
47:08 - C'était une histoire.
47:10 - Voilà. C'est Enquête d'Esprit.
47:12 - L'info se poursuit sur CNews.
47:14 pour nous poursuivre sur CNews.
47:16 *Bruit de porte qui s'ouvre*