• l’année dernière
FranceAgriMer s’est penché sur la notion à la mode de souveraineté alimentaire, tâchant de l’étudier pour trente productions françaises, à travers trois indicateurs : dépendance aux importations, taux d’auto-approvisionnèrent et capacité d’exportation. Parmi ses conclusions : « pas d’effondrement » de la souveraineté ces dix dernières années, plutôt une légère dégradation, qui cache des situations très contrastées selon les filières. Pierre Claquin (directeur de la direction Marchés, études, prospective) et Cécile Guillot (cheffe du service Analyse économique des filières et OFPM), nous en disent plus.

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Transcription
00:00 La souveraineté alimentaire est un concept qui n'est pas récent, mais qui a certainement
00:09 évolué dans le temps.
00:10 Il a évolué notamment avec le contexte actuel.
00:12 Il est chance qu'il faut reposer une définition de la souveraineté dans le contexte actuel
00:16 qui met davantage en importance le rôle des États.
00:20 On l'a défini pour les besoins du travail qu'on a conduit à France Agrimaire comme
00:24 la capacité de détermination des États sur les systèmes alimentaires qui se déploient
00:29 sur leur territoire.
00:30 C'est en gros la capacité qu'ils ont à maîtriser à la fois l'acte productif, mais
00:33 aussi les éléments de consommation pour la nourriture des habitants du pays.
00:38 Il y a plein de dimensions à la souveraineté.
00:46 On va aller chercher à en illustrer quelques-unes à travers les indicateurs.
00:49 On a calculé trois indicateurs en particulier.
00:51 Le taux d'auto-approvisionnement, c'est-à-dire la partie de la consommation qui peut être
00:55 couverte par la production nationale.
00:57 Quand la production est supérieure à la consommation, on va considérer qu'on est
01:00 en situation apparente d'autosuffisance.
01:02 On a mesuré également la dépendance aux importations, c'est-à-dire la part de la
01:05 consommation qui est d'origine étrangère, que ce soit une européenne ou une paysitière.
01:09 On a distingué les deux origines parce que ce n'est pas les mêmes enjeux en termes
01:12 de souveraineté.
01:13 Et puis la capacité d'exportation qui est aussi une forme de dépendance aux paysitières
01:17 pour les exportations parce que c'est important pour l'équilibre des filières dans leur
01:21 équilibre économique.
01:22 Donc c'est en gros la part de la production qui est exportée là aussi, soit pour les
01:27 paysitières, soit pour le reste de l'Union européenne.
01:28 Alors il n'y a pas d'effondrement général de la situation, c'est ce qu'on montre assez
01:37 bien dans le travail.
01:38 Il y a plutôt une dégradation, il faut le reconnaître, on est plutôt sur une situation
01:41 qui se dégrade de l'ordre de 1-3% par an selon les indicateurs qu'on va regarder.
01:46 Donc ce n'est pas quelque chose de massif, ça fait sur 10 ans.
01:50 Par contre les situations sont très contrastées effectivement.
01:53 On a des produits pour lesquels la situation s'est très fortement dégradée, on a le
01:57 cas de la févrole, c'est une production beaucoup moins connue en France que d'autres,
01:59 mais pour laquelle la situation s'est très nettement dégradée, notamment à l'exportation.
02:03 Et puis on a des productions qui ont progressé, notamment des productions qui étaient en
02:06 situation assez défavorable.
02:08 C'est le cas du soja ces dernières années, c'est le cas aussi par exemple de la viande
02:11 aux vines pour lesquelles notre situation de dépendance aux importations s'est un
02:15 peu améliorée, même si on reste nettement importateur sur ces productions-là.
02:20 C'est assez difficile de situer, ce qu'il faut vraiment regarder c'est ce qu'il
02:28 y a, les réalités derrière chacun des chiffres et chacun des indicateurs.
02:31 Globalement ce qu'on voit à travers une comparaison notamment à partir des données
02:35 de la FAO, c'est que la France est très bien située en termes de production céréalière,
02:39 on est fait partie des pays qui contribuent à l'équilibre mondial en matière de céréales
02:43 et il n'y a pas de difficultés absolument aucunes sur les céréales.
02:47 Au passage c'est vrai d'ailleurs pour l'ensemble de l'Union Européenne, il faut le rappeler
02:50 aussi ce qu'il faut pour la France.
02:52 On n'est pas au mieux sur les oléagineux mais on n'est pas forcément les pires non
02:56 plus, il y a beaucoup de pays dans le monde qui sont dépendants sur les oléagineux.
02:59 Les producteurs mondiaux d'oléagineux, les exportateurs nets d'oléagineux sont assez
03:02 peu nombreux dans le monde.
03:03 En France et l'Europe aussi on est plutôt importateur.
03:06 La situation est quand même beaucoup moins favorable sur les fruits et légumes.
03:09 Là aussi il y a quand même beaucoup de pays qui sont dépendants des importations pour
03:11 les fruits et légumes.
03:12 Et puis elle n'est pas si mauvaise qu'on pourrait le penser en tout cas sur les viandes,
03:17 même si là aussi il faut regarder production par production et il faut venir compter les
03:20 dernières évolutions sur certaines d'entre elles, notamment avec les crises récentes.
03:24 Et puis sur le produit laitier, là pour nous c'est plutôt un point fort, encore une fois
03:29 ce n'est pas un scoop pour la France.
03:31 Alors en fait il faut être vigilant sur la filière blé-tendre parce que dans nos exportations
03:42 on est très très exportateur de blé-tendre au niveau national.
03:46 Mais le problème c'est que la plupart de nos exportations sont à destination des pays
03:52 tiers.
03:53 Notamment l'Algérie est notre premier client et pour un volume très très conséquent.
03:59 Et du coup les tensions géopolitiques et l'année 2022 en a été vraiment l'éclairage,
04:05 nos impacts nécessairement sur nos exportations vers les pays tiers au sens large.
04:11 Il faut rester vigilant par rapport à ça.
04:13 Il y a d'autres facteurs de vigilance, notre dépendance aux intrants, les engrais en particulier.
04:20 Pour produire du blé il faut y mettre des engrais et nous ne sommes pas souverains en
04:24 termes de production d'engrais en France.
04:27 Et donc il faut être tout à fait vigilant par rapport à ça.
04:30 Encore une fois les tensions géopolitiques là sont majeures par rapport au marché mondial
04:35 des engrais.
04:36 Et puis enfin en usage interne au niveau national français on est bien sûr le pays
04:42 de la baguette et du pain.
04:43 Mais malheureusement la consommation de pain diminue régulièrement depuis de nombreuses
04:48 années et moins on consomme de pain moins on utilise évidemment la farine produite
04:53 à partir du blé-tendre français.
04:56 [Musique]

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