Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent des moyens mis en place par l'Etat pour faire face au trafic de stupéfiant dans les villes moyennes.
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00:00 18h01 et une poignée de secondes. On se retrouve sur le plateau de punchline sur ces news européens avec Louis Doregnel,
00:05 chef du service politique d'Europe 1. Bonsoir Louis. Bonsoir Laurence. On accueille une policière Linda Kebab. Bonsoir Linda. Bonsoir.
00:11 Déléguée nationale, unité SGP. Catherine Ney nous fait le plaisir d'être là. Bonsoir. Editorialiste, journaliste à Europe 1.
00:17 Eric Revel, journaliste. Bonsoir à tous. On va commencer, si vous le permettez, avant de parler de politique, qui est votre passion, Catherine Ney,
00:23 par parler de l'insécurité qui est un véritable fléau qui gangrène notre pays. Ces six derniers jours,
00:28 le trafic de drogue a fait quatre morts et cinq blessés, dont trois graves dans notre pays.
00:33 Des règlements de comptes qui touchent désormais les villes moyennes. Je vous parlais de Marseille, mais il y a aussi Valence,
00:38 ville rupte en Meurthe et Moselle.
00:40 Explication de Maxime Lavandier et on en débat ensuite.
00:43 En moins d'une semaine, quatre personnes ont perdu la vie dans différents règlements de comptes sur fonds de trafic de stupéfiants.
00:50 À Marseille, mercredi dernier, une mère de famille a été tuée lors d'un affrontement entre deux gangs.
00:56 De nombreux coups de feu ont également été échangés dans la petite ville de ville rupte en Meurthe et Moselle, faisant cinq blessés.
01:01 Enfin à Valence, plusieurs fusillades ont eu lieu ces derniers jours. Trois morts sont à déplorer. Au total,
01:08 cinq fusillades en moins d'une semaine, avec la particularité de toucher des villes moyennes, comme l'explique le maire de Valence, Nicolas Daragon.
01:15 Ce qui se passe en ce moment,
01:16 c'est aussi ce que j'ai décrit au ministre de l'Intérieur et à la Première Ministre, il y a deux ou trois ans, leur écrivant régulièrement,
01:22 pour leur dire "Attention, nous sommes dans une ville de taille moyenne, on peut maîtriser la délinquance,
01:26 à condition d'y mettre les moyens". Ça n'est pas le cas, peut-être qu'il y a une prise de conscience en ce moment, c'est ce que j'espère.
01:31 J'espère que l'État va enfin se rendre compte que les élus locaux connaissent bien leur territoire,
01:35 et que quand on appelle leur attention, ça n'est pas juste pour le plaisir d'écrire.
01:38 Pour revenir au calme dans la Drôme, la CRS 8, unité spécialisée dans le maintien de l'ordre, a été dépêchée sur place.
01:45 Voilà, pour le constat, l'Inna Kebab, une compagnie CRS
01:49 dépêchée sur place, ça veut dire qu'elle va rester que quelques jours, et après elle va repartir, et le trafic va reprendre comme d'habitude.
01:54 Mais là, il y a des fusillades et des blessés, des morts, dans des villes qui sont a priori pas des villes connues pour leur grande violence.
02:00 Qu'est-ce qui se passe, en fait ?
02:02 Alors, à Valence, comme à Villerupe, on parle de "ville moyenne qui ne connaîtrait pas la délinquance",
02:06 en réalité, ce sont des villes qui connaissent la délinquance.
02:08 Comme l'a dit le maire, en effet, elles pourraient être maîtrisées, mais elles ne le sont pas.
02:11 Il faut savoir qu'à Valence, ça fait déjà une dizaine d'années, peut-être même avant d'autres grandes agglomérations,
02:16 que la ville a cédé au trafic de cocaïne et d'héroïne. Ça fait déjà plus de dix ans qu'à Valence, ça existe. Pourquoi ? Parce que
02:22 géographiquement, la ville se trouve quand même un petit peu à la croisée des chemins dans le sud du pays,
02:26 et donc du coup, il y a une facilité d'accès à la ville par des trafiquants qui vont ensuite rayonner, voire
02:31 en France, mais également dans les pays limitrophes. Et puis, on a aussi une politique qui a été menée, vous savez, le service public
02:38 se démantèlement progressif avec une mutualisation des moyens, et particulièrement avant Lens, où le quartier Fontbarnet, qui a été
02:44 touché, frappé par les règlements de comptes, s'est vu fermer son poste de police il y a une dizaine d'années environ.
02:49 Ce qui veut dire, en fait, que l'État, progressivement, a retiré ses billes de ces quartiers,
02:53 qui avaient besoin d'une présence forte de l'État, et progressivement, ce sont les trafiquants qui ont mis la main dessus.
02:58 Il y a encore un ou deux mois, on en parle très peu,
03:00 il faut savoir que la médiathèque de ce quartier très populaire a dû fermer ses portes, parce qu'il y a la pression des
03:05 trafiquants de stupes qui, impunément, par dizaine, mettaient la pression sur les agents chargés de la médiathèque,
03:12 et notamment empêcher aussi les personnes de pouvoir y accéder. Villerup, c'est la même chose.
03:16 C'est une ville qui connaît des difficultés.
03:19 J'ai eu l'occasion plusieurs fois de me rendre sur le département pour aller au contact des collègues, et qui nous disent
03:23 "mais parce que nous ne sommes pas à Paris, en fait, on parle pas de nous, mais le trafic de stupes, il existe,
03:26 et qui dit trafic de stupes, dit règlement de comptes".
03:29 On a l'impression, Louis de Ragnel, que malgré les efforts des policiers, rien ne se passe, et que les voyous s'entretuent,
03:35 faisant des victimes collatérales, évidemment, dans la population civile.
03:38 Absolument, en fait, il y a aussi un problème macro, si on peut parler comme ça, qui est un problème de la masse.
03:43 C'est-à-dire qu'il n'y a jamais eu autant de quantités de produits stupéfiants qui entrent sur le territoire français.
03:50 Et donc, c'est tout type de produits stupéfiants, ça va vraiment du haut du spectre, avec tous les produits chimiques,
03:55 dont fait partie la cocaïne, à l'herbe, la résine de cannabis.
03:58 Et donc, vous avez cette quantité qui est phénoménale, et qui brasse des quantités d'argent énormes.
04:05 Ça se compte en milliards d'euros, il faut quand même mesurer ce que c'est.
04:09 C'est-à-dire qu'il y a une vraie industrie, vraiment, de la drogue en France, et plus largement en Europe.
04:14 Et c'est vrai que l'État, entre guillemets, avec ses petits bras, n'a pas les mêmes moyens que les trafiquants en face.
04:19 Donc la police, les douanes et les armées font globalement des importantes saisies, font des interpellations,
04:26 essaient de démanteler des réseaux, mais c'est extrêmement compliqué face à la sophistication des gens qu'ils ont en face d'eux.
04:33 Et puis, la conséquence directe, du coup, c'est que tout le pays est abreuvé de produits stupéfiants.
04:39 Aujourd'hui, c'est comme que pour vous faire livrer une pizza,
04:42 vous pouvez habiter n'importe où sur le territoire français,
04:44 vous pouvez vous faire livrer par la poste, en colissimo, des produits stupéfiants,
04:48 de la même manière que vous pouvez vous faire livrer des armes de manière détachée.
04:51 Et tout ça se passe, évidemment... La police ne peut pas contrôler 100 % des colis.
04:56 C'est vraiment accessible à tout le monde, Louis ?
04:57 - Ça paraît assez hallucinant, ce que vous dites. - Bien sûr.
05:00 Il y a eu des livres qui ont été écrits sur l'ubérisation des trafics de stupéfiants.
05:05 Donc vous avez le problème macro, qui est effectivement la quantité, les masses d'argent.
05:09 De l'autre côté, vous avez l'État, les policiers à qui on fixe.
05:12 Tout est prioritaire, en fait.
05:14 Il y a les violences intrafamiliales, il y a les manifestations.
05:17 Je parle sous votre contrôle, tout est prioritaire.
05:19 Et donc, à la fin, s'il vous plaît, il n'y a que 24 heures dans une journée,
05:23 et on ne mettra pas un policier derrière chaque habitant.
05:26 Et ensuite, il y a quand même un autre... C'est peut-être la dernière partie du problème.
05:30 Il y a des problèmes, on en parlait tout à l'heure,
05:32 d'urbanisation de certaines villes, où il y a une surconcentration
05:35 liée notamment à l'architecture, avec des tours,
05:38 qui fait que vous avez à peu près le même type de population
05:41 qui se retrouve au même endroit,
05:43 avec la police qui a le plus grand mal, globalement, à rentrer,
05:45 parce que ça nécessite énormément de moyens,
05:47 parce qu'il y a des caves, parce qu'il y a énormément d'étages,
05:50 parce que tous les ascenseurs sont bloqués,
05:52 parce que vous avez une concentration de misère.
05:54 Et ensuite, il y a évidemment le problème de l'éducation, de l'école,
05:57 le problème de ces enclaves où personne ne...
06:00 Ce qui est terrible, c'est qu'il y a une forme de fatalité.
06:02 Vous grandissez dans certains endroits comme ça,
06:05 il faut être un héros pour échapper au trafic de stupéfiants.
06:08 Quand on vous propose de gagner 5 000 euros par mois en faisant le chouffe,
06:12 et de l'autre côté, d'aller jusqu'au bac
06:14 et d'espérer après gagner 1 250 euros par mois...
06:16 Vous voyez, le problème est assez complexe,
06:19 mais derrière tout ça, je pense qu'il faut avoir du courage politique.
06:24 Les conséquences politiques,
06:25 si vraiment le gouvernement voulait s'attaquer au problème,
06:29 seraient tellement terribles, socialement et en matière d'ordre public,
06:32 que c'est la raison pour laquelle il ne le fait pas.
06:35 L'activisme de Gérald Darmanin, Catherine Ney,
06:38 on a l'impression qu'il ne se traduit pas sur le terrain,
06:40 malgré les efforts des policiers.
06:42 D'abord, moi, je crois que c'est très difficile,
06:45 parce que c'est un problème, maintenant,
06:46 qui le dépasse un peu et qui nous le dépasse tous.
06:49 Parce que s'il y a ce trafic dans des villes moyennes et tout ça,
06:52 c'est bien qu'il y a des consommateurs.
06:54 Ce qui veut dire que le nombre des consommateurs est en expansion.
06:59 Et après, on s'étonne,
07:00 et des enfants, des adolescents qui se droguent,
07:03 des jeunes qui se droguent,
07:04 mais même des gens dans le travail qui...
07:06 Ça crée... Ça modifie le caractère
07:10 et ça alimente l'ambiance,
07:13 parce que l'ambiance de colère et de violence qu'il y a dans le pays.
07:18 Et il y a beaucoup d'accidents,
07:21 tous ces jeunes en moto qui... Voilà.
07:23 C'est quelque chose...
07:25 S'il y a de la drogue,
07:28 c'est qu'il y a des consommateurs, et de plus en plus.
07:30 Alors là, que peut faire l'État ?
07:31 Comment on contrôle ça ?
07:32 Est-ce que les parents sont vigilants ?
07:34 Qui est vigilant, même dans les lieux de travail ?
07:37 Et puis, s'il y a autant de morts,
07:40 c'est bien aussi que les armes circulent énormément.
07:44 Bien sûr. Lina Kebab, il y a un climat délétère pour vous ?
07:47 Oui, il y a un climat délétère.
07:48 Vous disiez au début de propos
07:49 que les CNCRS avaient été envoyées pour quelques jours,
07:52 mais en réalité, ça ne réglera pas le problème.
07:53 Vous parlez aussi de la suractivité du ministre.
07:55 En fait, le trafic de stups, c'est un travail au long cours.
07:58 C'est un travail de proximité,
07:59 c'est un travail de connaissance du terrain.
08:00 Ce n'est pas un travail médiatique,
08:01 ce n'est pas un travail de one-shot et de coup public.
08:04 Et ça, malheureusement, on en manque dans la police.
08:05 On est débordés.
08:06 On parle du cas de Valence,
08:07 c'est une petite ville, alors imaginez les grandes villes.
08:09 Moi, je parle au nom de mes collègues de Valence
08:11 qui disent qu'ils n'ont plus les moyens, ils sont débordés.
08:13 Parfois, ils n'ont même pas le temps d'aller sur la voie publique.
08:15 Ils vont au contact, ils tentent de faire
08:16 un audit de la police de proximité pour aller collecter du renseignement
08:19 dans la lutte contre le stup.
08:20 Parfois, ils se font caillasser.
08:21 On parle de Valence, on ne parle pas du 93.
08:23 J'ai un collègue qui était primo-intervenant,
08:25 Christophe, sur la personne qui est décédée samedi
08:27 dans le règlement de comptes.
08:28 C'est notre secrétaire départemental,
08:30 unité AGP, police sur place,
08:32 qui fait également de la voie publique.
08:33 Et il me dit, en fait, c'est choquant
08:35 parce qu'en fait, progressivement,
08:36 il a vu la ville se dégrader
08:38 alors même que les sonnettes d'alarme ont été tirées,
08:40 notamment par notre organisation syndicale.
08:41 On a mutualisé, soi-disant, des moyens,
08:43 alors qu'en réalité, on les a juste fermés.
08:45 Et puis, il y a aussi une photographie à prendre.
08:47 C'est-à-dire qu'on a là une fratrie
08:49 qui a été visiblement décimée dans le cas du règlement de comptes,
08:52 mais quel a été le travail des institutions en amont
08:54 pour empêcher ça ?
08:55 À Villerue, l'auteur de "La fusillade",
08:58 sachez, madame Ferrari,
08:59 qu'il est connu 120 fois.
09:02 - 120 ? - Il a 120 mentions
09:04 aux traitements des antécédents judiciaires de la police,
09:06 notamment des violences, du trafic de stupéfiants,
09:08 de l'usage d'armes.
09:10 Il y a évidemment du contrôle du délit routier,
09:12 mais on va dire que c'est le moins pire,
09:14 quoiqu'il y ait du refus de tempérer
09:15 et de la conduite sous alcoolémie.
09:16 Et donc, ce gars-là, il a 120 mentions.
09:19 Et il s'offre encore la liberté, en étant libre,
09:21 de pouvoir tirer sur des personnes
09:23 dans le cadre d'un règlement de comptes.
09:24 Petite pause. On se retrouve dans un instant.
09:26 Je passerai la parole à Eric Revelle,
09:27 puisque vous ne l'avez pas eu.
09:28 On continuera à évoquer ce fléau des règlements de comptes
09:31 liés au trafic de drogue, à tout de suite,
09:32 dans "Punchline", sur CNews et sur Europe 1.
09:34 "Punchline", Laurence Ferrari sur Europe 1.
09:39 "Punchline", Laurence Ferrari sur Europe 1.
09:44 18h15, on se retrouve en direct dans "Punchline",
09:47 sur CNews et sur Europe 1,
09:48 toujours avec Louis de Ragnell, d'Europe 1,
09:50 Linda Kebab, policière,
09:52 Catherine Ney, évidemment d'Europe 1,
09:54 Eric Revelle, journaliste.
09:55 On continue à parler des règlements de comptes
09:57 liés au trafic de stupéfiants.
09:58 Je vous propose d'écouter un témoignage
10:00 extrêmement édifiant d'un jeune qui habite à Valence.
10:02 Valence, où il y a eu, évidemment, des règlements de comptes.
10:06 Trois hommes blessés.
10:08 Écoutez ce qu'il dit. Il s'appelle Antoine,
10:10 c'est un nom d'emprunt.
10:11 Il explique que c'est absolument intenable
10:12 de vivre dans ces quartiers.
10:15 Ça commence à être un peu un quotidien,
10:16 parce qu'on entend des tortures, des séquestrations,
10:20 des meurtres, on entend plein de choses.
10:22 Le souci, c'est qu'eux, ils vont tuer des gens
10:26 qu'ils ont sur leur liste, on va dire.
10:28 Ils ont telle personne, telle personne,
10:29 ils vont tuer telle personne.
10:30 C'est pour le paraître, c'est pour montrer sa force,
10:33 pour aussi les trafics de drogue, pour un peu de tout, en fait.
10:36 C'est pour montrer qui est le plus fort.
10:39 C'est assez bête, en plus, on est des quartiers,
10:41 on doit s'unir.
10:42 Avec ces homicides, est-ce que t'as changé ton quotidien ?
10:44 Bah oui, du coup, même ma famille, on veut déménager.
10:48 En fait, le souci, c'est qu'on peut pas sortir.
10:50 C'est qu'à partir de 17h, 18h, on peut pas sortir.
10:53 Il m'est déjà arrivé des trucs, en rentrant tard,
10:55 il y a des personnes qui sont passées à côté de moi,
10:57 armées, qui voulaient me tirer dessus,
10:58 je me suis déjà fait braquer.
11:00 Comme les soirs, pour rentrer, comme je finis tard le travail,
11:03 ils bloquent parfois les routes.
11:05 Ils bloquent les routes avec les barrières des travaux,
11:07 ils sont habillés tout en noir, ils regardent c'est qui,
11:09 ils nous laissent passer.
11:10 C'est vraiment une dégradation comme Marseille,
11:12 comme Grenoble, comme Lyon.
11:13 C'est ça, ça commence à être assez chaud pour une petite ville.
11:16 Parce qu'on est quand même des petits quartiers,
11:18 et pour un petit quartier que ça se passe comme ça,
11:20 c'est assez compliqué, assez chaud.
11:23 Voilà pour ce témoignage recueilli par Célia Barrette et Antoine Durand.
11:26 L'Inde-Hakeim, on croit à Réveil,
11:27 on se croit ailleurs qu'en France et à Valence.
11:30 À partir de 17h, 18h, c'est compliqué de rentrer chez soi.
11:32 Donc, ouais, on a peur, quoi, en fait.
11:35 C'est compliqué, il faut savoir qu'à Valence, comme ailleurs,
11:37 à Valence comme ailleurs, on parle quand même d'une ville
11:40 supposée être sans histoire.
11:42 Les découvertes d'armes longues par des collègues, c'est courant.
11:46 Les collègues m'ont dit aujourd'hui,
11:48 "Il nous arrive de trouver des armes d'épaule."
11:49 On a l'impression que c'est un marché courant,
11:51 même dans notre ville.
11:52 Et en fait, ce qui est dramatique, là, on entend ce jeune homme
11:54 qui nous dit que finalement, leur vie, elle est impactée
11:56 par le trafic de stup, par les criminels, par les délinquants,
11:59 mais qui sont les seuls qui affrontent et qui confrontent...
12:02 Ces délinquants, c'est les policiers.
12:04 C'est la seule représentation de l'État,
12:05 et même là-dedans, on leur donne pas les moyens
12:07 d'arriver jusqu'au bout de leur mission.
12:09 En réalité, c'est un échec total de notre société,
12:11 parce que quand une ville comme celle-ci...
12:12 Dans une ville comme celle-ci, vous avez un habitant
12:14 qui vous dit qu'à 17h, 18h, il faut rentrer chez soi,
12:16 mais en fait, il faut penser aussi à tous ces salariés,
12:19 ces employés du service public ou du service à la personne
12:22 qui refusent aussi d'aller dans ces quartiers.
12:24 Je pense à des agents EDF, des médecins,
12:26 des personnes du paramédical qui refusent aussi
12:28 d'aller dans ces quartiers parce qu'elles ont peur,
12:30 parce qu'elles craignent pour leur vie,
12:31 parce qu'elles sont attaquées,
12:32 parce qu'elles gênent le trafic de stup
12:34 par leur passage dans les hauts d'immeubles.
12:35 Les seuls qui y vont, ce sont aujourd'hui les policiers.
12:37 Moi, j'en appelle juste à une chose,
12:39 c'est qu'on a souvent des gens en politique
12:41 qui prétendent représenter les quartiers populaires,
12:44 mais qui n'ont jamais un mot contre les trafiquants de stup.
12:47 Il faut savoir que c'est à peu près une centaine de morts par an,
12:49 le trafic de stup, les règlements de comptes, et jamais un mot.
12:52 Donc j'en appelle particulièrement à tous ces politiciens,
12:54 je vais pas amalgamer des partis complets,
12:56 mais je vais même pas les citer, ça vaut même pas le coup,
12:58 mais qui passent leur temps à taper sur la police.
13:01 Qui passent leur temps à taper sur la police.
13:02 La police, c'est la seule institution.
13:04 Et les policiers, ce sont les seuls salariés
13:07 qui vont encore à la confrontation avec ces trafiquants de stup.
13:10 Parce qu'aujourd'hui, on a un jeune homme qui nous parle
13:12 de ces règlements de comptes entre individus,
13:14 mais c'est pas qu'entre individus, il y a aussi des balles perdues.
13:16 Il y a des gens qui sont tués, qui sont blessés
13:18 dans le cadre de ces règlements de comptes.
13:20 Et puis, dans l'absolu, qui a envie de vivre dans un appartement
13:23 et entendre des coups de feu en bas de chez soi ?
13:24 C'est impossible de vivre dans ces conditions.
13:26 Des tortures, comme il disait, des raptes...
13:28 Bien sûr, c'est effroyable.
13:29 On collecte des témoignages dans le cadre des procédures
13:31 après ce type d'événement, avec des habitants
13:34 qui sont complètement effrayés, même si les personnes
13:36 savent qu'elles sont pas directement vies.
13:37 Elles disent "mais c'est effrayant, je ne suis pas tranquille
13:40 dans mon propre quartier où je suis née, où j'ai grandi",
13:42 alors qu'en réalité, c'est juste un échec total de notre société
13:46 qui a juste abandonné ses quartiers.
13:47 À la demande de quoi ? Je ne sais pas.
13:49 En tout cas, l'échec est là.
13:50 Éric Reuel, c'est aussi un problème d'économie parallèle,
13:53 parce que là, on est face à des millions d'euros
13:56 qui sont brassés dans ces endroits.
13:57 Oui, c'est un trafic qui rapporte beaucoup d'argent,
14:00 notamment à ceux qui sont à l'origine de ces trafics,
14:03 mais à toute la chaîne également.
14:04 Mais je voulais revenir sur le témoignage
14:06 qui est intéressant, qu'on a entendu.
14:08 En fait, ces gens, dans ces quartiers, ou dans d'autres,
14:12 mais parlons de celui-ci,
14:14 ils sont un peu assignés à résidence, en réalité,
14:16 parce que souvent, ils n'ont pas les moyens, eux,
14:18 financièrement, de déménager.
14:21 Ils sont pris au piège d'un habitat social.
14:25 Ils ne peuvent pas, pour des raisons x ou y,
14:27 quitter ce quartier, donc en fait, eux,
14:28 ils subissent de plein fouet ce que vous avez appelé,
14:31 à juste titre, l'échec de notre société.
14:33 C'est-à-dire qu'eux, ils sont pris au piège.
14:35 Et ce chiffre qui m'a frappé, je le donne,
14:38 c'est que non seulement ces populations fragiles
14:40 n'ont pas d'autre choix que d'habiter là
14:42 où les trafiquants sèment la terreur,
14:44 mais en plus, on a un effondrement total
14:46 dans notre pays depuis plusieurs années de l'habitat social.
14:50 Il y a 2,5 millions de foyers français
14:53 qui sont sur des listes d'attente
14:55 pour obtenir des habitats sociaux.
14:57 - Des logements sociaux, quoi. - Des HLM.
15:00 Donc, ça veut dire que non seulement ces gens ne peuvent pas partir,
15:02 mais qu'en plus, il y a des gens qui ne savent plus
15:04 où, aujourd'hui, ils peuvent habiter.
15:06 Et c'est peut-être une crise sociale qui est en train de monter.
15:10 Et puis, un autre point aussi, si vous le permettez,
15:12 c'est que dans un pays où on paye tant d'impôts,
15:15 on paye tant d'impôts,
15:16 avoir le sentiment, comme vous l'avez dit,
15:18 que les services publics reculent partout.
15:21 La sécurité, la poste,
15:24 tous ces services qui faisaient aussi
15:27 la gloire de la France.
15:28 Mais il y a de quoi comprendre
15:30 l'exaspération dans laquelle je m'inclus des Français.
15:33 On paye de plus en plus d'impôts
15:34 et tous les services publics, l'hôpital et autres,
15:36 sont en recul.
15:37 Et dans des territoires comme ceux-là,
15:39 on a l'impression que ceux-là payent encore plus fort
15:41 le recul des services publics,
15:43 alors que ce sont les citoyens comme les autres
15:44 qui payent leurs impôts.
15:45 Catherine Ney, on a le sentiment de l'impuissance de l'État
15:47 qui nous saute aux yeux dans ces villes.
15:48 Oui, le président parlait du pognon de dingue
15:53 qu'ils ont déversé en aide sociale et autres.
15:56 Et c'est vrai que depuis quelques années,
15:58 tout ce qui est services publics se délitent.
16:00 C'est tout ce qui crée ce malaise
16:02 et qui fait qu'aujourd'hui, il y a les casserolades,
16:05 il y a tout ça, il y a ce malaise,
16:06 parce qu'on a l'impression que l'État est impuissant,
16:08 que tout se délite,
16:09 que dans les villes moyennes, il y a de plus en plus de drogue,
16:11 que la drogue engendre des comportements violents.
16:14 Et c'est un peu la peur qui gagne.
16:17 Et les gens cherchent un peu des réserves d'Indiens
16:21 à être dans des petits villages tranquilles.
16:23 Et c'est souvent dans ces petits villages
16:25 qu'on leur annonce qu'ont arrivé peut-être des migrants
16:28 pour eux, comme ça, en attendant.
16:30 Et ça, c'est quelque chose qui les rend fous,
16:32 parce que c'est la peur qui gagne un peu partout.
16:35 Louis de Rognel, chef du service politique d'Europe 1,
16:38 sur cette question de l'insécurité,
16:40 avec l'impuissance de l'État, malgré les efforts des policiers,
16:44 et sur le décalage qui paraît flagrant
16:46 entre ce que vivent les Français au quotidien
16:48 et ce que nos dirigeants nous vendent tous les jours.
16:51 Ce qui est vrai, ce qui est très frappant,
16:53 c'est que quand vous voyez des membres du gouvernement
16:55 qui vous expliquent "mais on a déversé tant d'argent,
16:57 mais on a fait ci, on a fait cela,
16:58 on a augmenté, on a créé France Relance,
17:01 on augmente la fonction publique,
17:03 maintenant c'est l'État près de chez vous,
17:07 partout dans toutes les sous-préfectures",
17:08 et en fait, il y a un décalage de perception
17:10 qui est abyssal entre ce que disent les membres du gouvernement
17:14 et de l'autre côté, les Français.
17:16 Vous savez, ça rejoint l'éternel débat
17:19 sur le fameux sentiment d'insécurité,
17:22 avec tout le monde à un avis très précis sur le sujet,
17:25 mais en fait, ce décalage se voit vraiment,
17:28 je trouve, à tous les niveaux,
17:30 et c'est ça qui est assez terrible.
17:31 C'est-à-dire que quand vous allez, par exemple,
17:32 avec des gens qui sont vraiment très investis
17:34 auprès du président de la République,
17:36 eux, ils vous disent que tout va bien,
17:37 que le président va bien, que les indicateurs sont au vert,
17:40 regardez, le président attire des investissements étrangers,
17:44 jamais la France n'a attiré autant d'investissements étrangers,
17:46 et de l'autre côté, vous écoutez ça,
17:48 et puis vous revenez chez vous,
17:50 vous regardez un peu autour de vous,
17:51 et globalement, c'est absolument pas
17:53 la manière avec laquelle les Français perçoivent tout ça.
17:55 Et en fait, ça, vous pouvez le décliner vraiment,
17:57 absolument, sur tous les sujets.
17:59 Et donc, vous avez toutes les réussites de la France
18:01 dont on nous parle,
18:02 les Français ont beaucoup, beaucoup de mal à le voir,
18:05 voire même, ils voient pas des réussites,
18:07 ils voient beaucoup d'échecs,
18:08 c'est un peu ce que disait Catherine Hess,
18:10 ils voient surtout l'État qui n'a plus d'autorité,
18:13 ils voient l'effondrement, le recul des services publics,
18:16 dont parlait Éric Reuvel,
18:17 avec, je sais pas, par exemple, les fermetures de postes,
18:20 de petites antennes de services publics près de chez eux,
18:24 et donc, voilà, je pense que le malaise vient de là.
18:27 Un tout petit mot, Éric parlait de l'immigration,
18:30 le président Macron a donné une interview,
18:32 on en parlait il y a quelques instants avec Catherine Ney,
18:34 il est très, très loquace,
18:37 le président, on l'entend parler à peu près tous les jours,
18:39 n'est-ce pas ? Il a parlé de l'immigration,
18:41 il a dit qu'il ne souhaitait pas faire un référendum
18:43 sur l'immigration, Catherine Ney.
18:45 Est-ce que c'est une erreur ? Les Français le souhaitent,
18:47 quelles questions pourrait-on leur poser ?
18:49 Oui, bonnes questions, quelles questions ?
18:51 Est-ce que vous êtes pour ou contre ?
18:53 Non, mais c'est très difficile.
18:54 Est-ce qu'il faut des quotas ? C'est impossible pour lui ?
18:55 Oui, en tous les cas, il entend que la loi
19:00 soit présentée en Conseil des ministres au mois de juillet,
19:03 mais pour les parlementaires, il y en a changé,
19:06 parce que la discussion ne viendra pas avant l'automne.
19:07 Donc là, il fait un peu de communication pour dire
19:10 "on vous oublie pas, on va traiter le problème",
19:11 et puis rien n'est réglé, parce qu'entre la majorité,
19:15 enfin, l'absence de majorité,
19:17 enfin, le camp macroniste et les LR,
19:20 il y a deux positions qui sont presque irréconciliables,
19:23 et on voit pas comment Mme Borne, malgré le talent qu'elle a
19:28 pour essayer d'acrobate, aura du mal à trouver...
19:33 L'indic est pas, les policiers ont besoin de ce texte de loi
19:35 sur l'immigration pour pouvoir agir ou pas ?
19:38 Ils l'attendent ?
19:39 En fait, ils en ont besoin, parce qu'aujourd'hui,
19:41 on a une problématique, en fait, dans la gestion,
19:45 en tout cas, les missions qui sont celles des policiers,
19:47 avec des centres de rétention administrative
19:48 qui sont débordés, vous savez,
19:50 on a dû changer, à la demande du ministre,
19:52 les profils des personnes qui sont dans l'écrat.
19:54 Autrefois, c'était des personnes qui étaient interpellées
19:57 très banalement, et donc, du coup, qui se retrouvaient
19:59 dans ces écrats en attente d'être expulsées,
20:01 quand elles l'étaient.
20:02 Aujourd'hui, on a des profils très délinquants, criminels.
20:05 On a des individus qui sont tous en fin de peine
20:08 et qui sont en attente d'expulsion.
20:10 Et donc, du coup, aujourd'hui, on a une surcharge de travail
20:12 avec des collègues qui sont vraiment débordés.
20:13 Sur la voie publique, on vit, franchement,
20:15 on vit de remplir un tonneau de Danaïde.
20:17 En réalité, on sait même plus trop ce qu'on fait.
20:19 Et oui, c'est un projet de loi qui peut être important pour nous.
20:21 Pourquoi ? Parce qu'il nous permettra
20:23 de réguler un petit peu plus, parce qu'il y a notamment
20:25 ce sujet-là, parce que là, la question,
20:28 ça va être surtout des questions administratives,
20:29 en fait, de gestion administrative, notamment la limitation
20:31 des recours, etc. Mais en réalité, le vrai problème,
20:34 en tout cas, que nous, on rencontre depuis environ
20:35 une dizaine d'années, c'est la dépénalisation
20:38 du fait d'être en situation irrégulière dans le pays.
20:40 Autrefois, c'était un délit.
20:41 Vous interpellez une personne dans cette situation,
20:43 et donc vous pouvez avoir un traitement coercitif
20:45 de cette personne. Aujourd'hui, c'est plus le cas.
20:47 C'est une situation administrative.
20:48 Et je pense, en effet, que ça a eu des conséquences dramatiques
20:51 sur notre manière de gérer les choses, parce qu'en fait,
20:52 finalement, on est complètement démunis et inefficaces
20:55 avec la multitude de recours.
20:56 Il y a une douzaine de recours possibles aujourd'hui,
20:58 et en fait, on travaille pour rien.
20:59 En fait, dans la police, souvent, on travaille pour rien.
21:01 Dans la lutte contre le stup, on travaille un petit peu pour rien.
21:03 Dans ce type de situation, on travaille également pour rien.
21:05 Il y a quelques thématiques pour lesquelles
21:07 on arrive encore à avoir du résultat,
21:08 c'est la lutte notamment contre le terrorisme,
21:10 mais dans le reste, on travaille un petit peu pour rien,
21:12 et particulièrement ça.
21:13 Je profite d'être encore là, juste quelques secondes.
21:14 - Allez-y, une taquemame. - On a un collègue
21:16 qui a été victime d'une tentative d'homicide volontaire.
21:18 Vous savez, lors de la manifestation du 1er mai,
21:20 Nasser, il a subi une tentative d'homicide volontaire
21:23 par immolation, cocktail molotov.
21:24 Il a brûlé, il a été brûlé au second degré.
21:26 Il est traumatisé, choqué, et heureusement, aujourd'hui,
21:28 il a au moins la possibilité de se reposer auprès des siens,
21:31 mais on aurait aimé éviter cela.
21:33 Je vais vous expliquer quelque chose, en fait,
21:34 qui nous affecte en tant que représentants du personnel.
21:36 Il y a quelques années, il y a un président de la République
21:38 qui, en faisant un geste à responsabiliser
21:41 l'ensemble des personnes qui occuperaient sa fonction,
21:44 c'est un homme, un président de la République,
21:46 qui s'est rendu au chevet d'une personne...
21:48 - François Hollande au chevet de Théo.
21:50 - C'est ça. Pour recontextualiser,
21:52 cette personne avait été interpellée
21:53 dans le cadre d'un trafic de stupéfiants.
21:54 Elle avait empêché l'intervention des policiers
21:56 en assénant un coup de poing à un des collègues,
21:58 et du coup, les collègues, en voulant l'interpeller,
22:00 il y a eu des blessures, ça, c'est la justice
22:02 qui se prononcera sur leur nature,
22:03 mais néanmoins, on a un président à l'époque
22:05 qui s'est rendu au chevet de la personne
22:06 sans aucun élément de procédure,
22:08 abandonnant complètement les policiers
22:10 et notamment la présomption d'innocence
22:11 pour laquelle autant, combien de personnes
22:13 sont très attachées, sauf quand ça concerne les flics.
22:16 Et donc, du coup, on a eu ce président de la République
22:18 qui est allé au chevet et qui a craché,
22:20 on va dire les choses, au visage de l'ensemble des flics.
22:21 - Et là, vous demandez quoi, Emmanuel Macron ?
22:23 - Notre collègue Nasser n'a même pas reçu un appel.
22:25 Tentative d'homicide volontaire par un fonctionnaire
22:27 qui protégeait les institutions,
22:29 qui encadrait une manifestation,
22:30 une manifestation à laquelle j'étais,
22:32 puisque c'était contre la réforme des retraites,
22:34 une manifestation qui a lieu
22:35 parce qu'aujourd'hui, on demande aux policiers
22:37 de régler les problèmes économiques et sociaux de ce pays.
22:40 Eh bien, ce collègue n'a pas eu un seul appel de l'Elysée.
22:42 Et je trouve que c'est quand même dramatique
22:44 qu'un policier qui manque d'être tué par le feu
22:47 parce qu'il protégeait les institutions
22:49 n'ait pas un seul appel de ces mêmes institutions.
22:52 Donc je trouve ça assez dramatique.
22:53 Le préfet a fait son travail.
22:55 En revanche, je pense qu'on aurait pu aller jusqu'à l'Elysée
22:57 à partir du moment où il y en a un, il y a quelques années,
22:59 qui a endossé le rôle d'aller au chevet de personnes
23:01 sans connaître des éléments procéduraux,
23:03 ce serait bien que les suivants aussi aillent au chevet
23:05 des policiers qui sont blessés.
23:06 C'est un geste que les policiers apprécieraient, évidemment.
23:07 Je vais vous dire honnêtement,
23:09 je pense que notre collègue Nasser, il s'en fout.
23:10 Aujourd'hui, il a juste envie d'être soigné,
23:12 de sortir du traumatisme qui est le sien
23:13 et de se voir mourir par le feu.
23:15 Mais en fait, c'est important, c'est une symbolique, oui.
23:17 C'est une symbolique, c'est de dire, on vous a pas oublié,
23:19 parce qu'en fait, on en a parlé le 1er mai,
23:21 mais depuis, on n'en parle plus,
23:22 parce que les policiers, vous savez, sont pudiques.
23:24 Vous savez très bien, les journalistes ont beaucoup de mal
23:26 à collecter les témoignages de policiers
23:27 qui sont blessés, très pudiques.
23:28 Ils s'étalent pas, ils font pas les dramas queen dans les médias
23:31 à parler de leurs blessures, contrairement à d'autres
23:32 qui n'ont rien et qui font semblant d'être victimes.
23:34 Mais qu'ils viennent témoigner, Mme Nasser.
23:36 Vous savez, il y a la pression de l'administration
23:38 qui leur impose une forme de devoir de réserve
23:41 qui est en réalité une interprétation
23:43 très administrative des choses,
23:44 parce que le devoir de réserve, en réalité,
23:46 et je le dis à mes collègues,
23:47 n'empêche pas de témoigner de ses blessures.
23:48 Les devoirs de réserve, c'est des contraintes,
23:50 notamment de probité, de bonne tenue
23:53 et de loyauté vis-à-vis de l'institution.
23:55 Mais au-delà de ça, si on n'en parle pas
23:57 et si j'en parle pas aujourd'hui, on va l'oublier.
23:59 Et je tiens à ce qu'on ne l'oublie pas.
24:00 Mais on ne l'oublie pas sur ces news.
24:01 Merci à peine, Catherine Ney.
24:03 C'est vrai qu'on a l'impression d'un décalage
24:05 et que là, d'aller au chevet de ce policier,
24:07 ça paraît tellement évident,
24:09 mais il faut que les policiers le quémentent.
24:11 Oui, ils ont besoin d'un soutien.
24:14 Ils font un travail très ingrat.
24:16 C'est vrai que les manifestants,
24:20 certains viennent pour casser du flic, ça, on le sait,
24:22 et du fric, du flic, non ?
24:25 Et donc, il y a souvent des blessés.
24:26 Il y a plus de blessés du côté des forces de l'ordre
24:28 que des manifestants.
24:29 Et je veux dire, c'est vrai qu'il y a sûrement un manque
24:34 et quelque chose qui n'est pas normal,
24:36 que l'État soit aussi peu...
24:39 ait aussi peu d'égards vis-à-vis de ceux qui sont...
24:42 - Des blessés. - ...blessés.
24:43 Merci pour ce coup de gueule, Linda Kebab.
24:46 Merci à vous.
24:47 Je pense que votre message sera entendu à 18h30,
24:49 passé de quelques secondes,
24:51 lors du rappel des titres de l'actualité
24:52 avec Mathieu Devese sur Europe Insignia.