L'invitée du jour : Plongeon dans le tourbillon de l'affaire Vincent Lambert

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Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h45, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.

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00:00 Notre invitée du jour est auteur et réalisatrice. Bonjour Elodie Buzuel.
00:04 Bonjour. Vous venez nous parler de "Lambert contre Lambert" au nom de Vincent.
00:08 C'est le titre de la série documentaire que vous avez co-réalisée avec Vincent
00:12 Trisolini qui est disponible sur Disney+. Alors c'est une affaire qui a
00:17 évidemment défrayé la chronique, divisée, passionnée les Français, celle de la fin
00:21 de vie de Vincent Lambert décédée le 11 juillet 2019 à l'âge de 32 ans après
00:26 dix années d'une saga familiale, médicale, judiciaire, politique et médiatique.
00:31 En fait ce sont deux camps familiaux qui se sont acharnés l'un contre l'autre
00:34 pendant toutes ces années sur le sort de cet infirmier psychiatrique
00:39 resté dans un état végétatif après un très grave accident de voiture.
00:42 Qu'est-ce qui vous, personnellement, l'histoire a touché toute la France,
00:45 toute la population, qu'est-ce qui vous a vous personnellement touché au point
00:48 d'en vouloir en faire une série documentaire ? Je crois comme beaucoup
00:51 finalement cette histoire-là, elle a fait ressurgir aussi mon parcours et puis
00:57 j'ai été moi-même en fait confrontée à une fin de vie comme ça qui s'éternise
01:02 pendant plus dix ans dans un état de conscience très altérée de mon
01:09 grand-père, même si c'était très différent parce que c'était une
01:12 personne âgée, mais c'est des choses qui peuvent nous arriver, qui arrivent
01:16 autour de nous et je me suis dit tiens il y a quelque chose, cette histoire
01:21 a quelque chose à nous apprendre de plus grande que la façon dont elle avait
01:26 été traitée. Il y avait un vrai fait de société, une histoire intime qui devient
01:29 une affaire d'état et il y a la confrontation finalement de cette
01:34 histoire personnelle intime qui vient percuter ou même l'inverse, l'affaire et
01:39 l'histoire de France finalement, l'histoire de l'évolution de la loi et
01:43 c'était comment finalement la vie de ce jeune homme a bousculé autant les
01:47 français. Vous pensez qu'à elle seule cette affaire Vincent Lambert elle
01:51 incarne le débat sur la fin de vie ? Non, heureusement elle n'incarne pas à elle
01:55 seule le débat sur la fin de vie parce que c'est une histoire très spécifique
01:58 d'une personne cérébralisée, mais ce qu'on a voulu faire c'est qu'elle
02:02 puisse aussi éclairer ce débat-là, participer à ce débat-là, interroger
02:06 aussi chacun sur la fin de vie, faire parler de notre finitude parce que
02:11 finalement c'est quand même un grand tabou français la mort. Sans prendre
02:14 partie d'ailleurs, faire parler tous les points de vue. Tout à fait, c'était
02:17 important justement que chacun puisse aussi d'abord être en empathie avec
02:24 chacun des personnages parce que ça a été une histoire douloureuse pour tous
02:29 les protagonistes qui nous ont délivré leurs témoignages et puis
02:33 aussi faire ce chemin de réflexion-là et se poser la question pour soi, pour ses
02:37 proches. Alors on va regarder à quoi ça ressemble, voici la bande-annonce.
02:43 Je m'appelle Rachel Lambert, j'ai été mariée à Vincent Lambert. Il a eu son accident sur une
02:50 route qui prenait quatre fois par jour. C'était un accident grave. Donc commence
02:57 l'attente, une longue attente qui va durer des années. On a été au bout, au bout de tout ce
03:05 que la médecine pouvait proposer. Vincent c'est un garçon résistant.
03:09 C'est quelqu'un qui n'a aucune relation avec l'extérieur. Il n'y a pas de
03:14 conversation dans son cerveau. Je suis le premier médecin qui parle de la fin de
03:19 vie. Je suis sa maman, je l'ai portée, je l'ai fait grandir et maintenant on veut
03:24 supprimer mon fils. Qui voudrait vivre en état végétatif ? Ce que nous n'acceptions
03:30 pas, c'est l'euthanasie. Ça supprime personne que la famille de Roland Néclas
03:34 à ce moment-là. Elle a accepté de le laisser partir ?
03:39 Non, de le faire mourir, c'est différent.
03:43 On est dans un combat pour les vies et donc tout est permis, y compris le pire.
03:50 Vincent doit vivre ! Vincent vivra !
03:54 Ce n'était pas le président de l'arbitre qui devait être l'arbitre de cette situation, c'était la loi.
03:58 Le cas de Vincent Lambert est devenu emblématique de la question de la fin de vie.
04:01 Cet homme est en état de conscience minimale depuis cinq ans.
04:04 En état végétatif depuis sept ans.
04:06 On a voulu nous mettre face à face comme ça.
04:09 Il n'y avait rien à gagner.
04:10 Ils vont le tuer sans rien nous avoir dit !
04:12 C'est des monstres !
04:14 Ça peut arriver à vous, à moi, ce soir, demain.
04:18 Nous sommes tous des Vincent Lambert.
04:26 On le voit autour des interviews nombreuses que vous avez réalisées.
04:31 Il y a un mélange d'images d'archives, y compris d'archives personnelles, familiales,
04:34 et puis des reconstitutions.
04:37 Pourquoi ce choix de réalisation ?
04:39 D'abord, on a vraiment cherché, avec Vincent Tresolini, mon co-réalisateur,
04:44 à mettre vraiment Vincent au centre.
04:46 C'est une histoire incarnée, personnelle.
04:50 Il était important que Vincent Lambert soit représenté dans cette histoire
04:55 et que, là où il avait été invisibilisé lorsque l'affaire devient justement une affaire,
05:00 il puisse retrouver sa posture d'homme et non pas de dossier.
05:04 C'était important de raconter aussi l'enfermement,
05:09 la condition dans laquelle il avait été dans cette chambre.
05:12 Il y a une sorte de huis clos qui se déroule au fil des images de fiction.
05:19 On est dans cette chambre avec chacun des protagonistes
05:23 qui vont interpréter aussi les postures, les attitudes de Vincent Lambert.
05:30 Le sujet de La fin de vie est au cœur du débat public depuis de longues années.
05:35 En particulier en ce moment, le chef de l'État veut un projet de loi
05:39 sur un modèle à la française d'ici l'été, après avoir lancé une consultation citoyenne.
05:45 À votre avis, qu'a changé cette affaire dans l'histoire de la France à ce sujet ?
05:50 L'affaire a quand même fait modifier la loi, puisque la loi Claes-Leonetti de 2016,
05:56 qui est un peu la continuité de la loi Leonetti de 2005,
06:01 a, avec cette affaire, dû préciser des éléments de la loi,
06:05 notamment que l'alimentation et l'hydratation sont des traitements,
06:10 ce qui n'était pas précisé dans la précédente loi.
06:13 Elle a mis en place la sédation profonde et continue,
06:15 et puis elle a donné aussi le focus sur les directives anticipées,
06:19 qui sont quand même la grande leçon de cette affaire.
06:23 C'est important. Aujourd'hui, seulement 8% des Français...
06:26 Seulement 8, j'avais 13%, mais ça reste pas beaucoup...
06:29 Ça reste très peu.
06:31 ...donnent leurs intentions, tant qu'ils sont en bonne santé, mais incapables de le faire.
06:36 Si le documentaire peut aussi, à l'issue du visionnage, produire ça,
06:42 engendrer cette rédaction de directives anticipées, je crois que ce sera un grand pouvoir.
06:48 Parce que ça, c'est déjà prévu par la loi ?
06:50 C'est déjà prévu par la loi, c'est très méconnu.
06:52 Je crois qu'aux États-Unis, il y a 80% des personnes qui ont rédigé leurs directives anticipées,
06:55 donc on est quand même très, très loin en France.
06:58 Donc oui, ça reste un dispositif possible, méconnu, et donc très important.
07:02 Et à encourager pour éviter de tels déchirements familiaux, à votre avis.
07:06 Peut-être que ce sera accentué dans le projet de loi qui sera présenté d'ici l'été.
07:11 Merci beaucoup, Elodie Bujuel. Merci d'être venue nous présenter votre série documentaire.
07:16 Ça s'appelle "Lambert contre Lambert" au nom de Vincent.
07:19 Vous l'avez co-réalisé avec Vincent Trisolini.
07:21 C'est disponible sur Disney+, auquel on peut accéder via ma channelle.
07:25 [Musique]

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