Les nouvelles restrictions d'eau entrent en vigueur ce mercredi, date de passage en situation de crise sécheresse dans les Pyrénées-Orientales. Le préfet Rodrigue Furcy, invité de France Bleu Roussillon, annonce des sanctions contre ceux qui ne respecteraient pas ces règles.
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00:00 En attendant à 7h44, l'invité de France Bleu Roussillon, c'est clairement l'homme du jour dans notre département.
00:06 Le préfet des Pyrénées-Orientales en studio avec nous pour revenir sur ces nouvelles mesures de restriction d'eau.
00:12 Roderick Furcy, à votre micro ce matin, Suzanne Chaudjaille.
00:15 Bonjour Roderick Furcy.
00:16 Bonjour.
00:17 Vous avez publié hier l'arrêté qui fixe les nouvelles restrictions liées à la situation de crise, sécheresse, les nouvelles dérogations aussi.
00:24 Vous avez mis plusieurs semaines à les définir précisément.
00:27 Qu'est-ce qui a guidé vos choix ? Est-ce que vous avez tenté de sauver tous les secteurs dans la mesure du possible ?
00:33 Oui, alors déjà ce qui a guidé le choix c'est d'abord la situation.
00:36 Situation qui, objectivement, est une situation de sécheresse historique, inédite probablement,
00:43 qu'on n'a pas connue en tout cas depuis 1959, date du début des relevés météo,
00:47 mais probablement depuis plusieurs dizaines voire centaines d'années.
00:51 Donc c'est ça qui a d'abord guidé la décision, la nécessité par rapport à cette situation où on se retrouvait dans une forme d'impasse,
00:59 c'est-à-dire qu'on n'avait pas suffisamment d'eau pour tenir jusqu'à la fin de l'été les usages prioritaires,
01:04 et bien de devoir, de façon équilibrée, en essayant de travailler dans une logique de partage de l'effort,
01:11 essayer de réduire les consommations là où c'était possible.
01:13 Alors de façon équilibrée, je pense que les agriculteurs s'étranglent en vous entendant ce matin,
01:18 parce que par endroits c'est jusqu'à 80% de restrictions d'eau pour les agriculteurs, l'irrigation de leur culture,
01:25 avec ça ils vont quand même pouvoir sauver l'outil de production, les arbres notamment ?
01:29 Alors c'est l'objectif, l'objectif c'est bien celui-là,
01:33 ce qu'il faut voir c'est qu'on peut regarder le sujet de façon administrative, c'est-à-dire la restriction,
01:37 il faut aussi regarder le sujet du point de vue de la réalité.
01:40 Quand on va sur le secteur de la glie, il y a déjà des récoltes qui sont perdues, il y a déjà des arbres qui sont en danger,
01:47 parce que tout simplement, qu'il y ait une décision administrative ou pas, il n'y a pas d'eau.
01:50 Donc quand il n'y a pas d'eau, on ne peut pas irriguer.
01:52 Donc l'objectif c'est bien là où c'est possible,
01:56 de maintenir un débit minimum pour permettre à la fois la sauvegarde de l'arbre,
02:01 et puis un minimum d'activité pour essayer de limiter l'impact.
02:05 - Il n'y a aucune certitude ? - L'impact il est important, bien sûr,
02:08 j'en ai parfaitement conscience, on a longuement discuté avec la profession agricole,
02:12 mais on essaie quand même de tenir un point d'équilibre qui leur permet de ne pas être en totale difficulté,
02:19 et de mettre en danger, en péril, leur outil de production.
02:23 - Le ministre de l'agriculture l'a bien promis,
02:25 il saurait indemniser ces agriculteurs qui vont perdre leur récolte cette année,
02:29 mais à quelle hauteur, est-ce que vous le savez d'ores et déjà ?
02:32 Qu'est-ce que vous pouvez leur répondre ce matin ?
02:34 - Alors ce que le ministre a annoncé, vous savez sans doute qu'il y a une assurance récolte qui a été mise en place
02:39 à partir du 1er janvier, il y a trois parts, je ne vais pas rentrer dans les détails,
02:42 il y a une part qui est à la charge de l'agriculteur, une petite part,
02:45 il y a une part qui est à la charge de l'assureur,
02:47 et il y a une part surtout qui est à la charge de la solidarité nationale.
02:50 Sur cette, il y avait une discussion, et c'est ce qu'est venu annoncer le ministre,
02:53 sur la deuxième et la troisième part.
02:55 Puisque un certain nombre d'assureurs ont mis des restrictions dans les clauses contractuelles,
02:59 qui disent que quand il y a un arrêt de l'irrigation en raison d'une décision préfectorale,
03:05 on ne compte pas finalement la production telle qu'elle résulte de l'irrigation.
03:09 Donc ça réduit très fortement le montant de l'indemnisation possible.
03:13 Pour la deuxième part et pour la troisième part,
03:15 ce qu'a annoncé le ministre, la troisième part, la part de l'État la plus importante,
03:19 ça représente souvent plus de la moitié, qui concernera tout le monde,
03:23 donc assuré, pas assuré, cette troisième part, elle sera prise en compte avec l'irrigation.
03:29 C'est-à-dire qu'on considérera la perte de récolte en regardant la situation avec une irrigation.
03:35 Donc ça sera une meilleure indemnisation par rapport à...
03:37 Donc ça c'est quand même un point très important.
03:39 Après il y a d'autres sujets qui ont été mis sur la table,
03:41 sur les cotisations MSA, sur les éléments de taxation,
03:45 sur d'autres éléments, ça c'est des choses qui devront être regardées plus finement,
03:51 à partir d'une évaluation fine des impacts,
03:53 mais le premier point c'est que ça sécurise quand même cette part qui est la plus importante,
03:57 et sur laquelle ça apporte des réponses au monde agricole.
04:00 La vente de piscines hors sol qui est désormais interdite jusqu'à nouvel ordre dans le département,
04:05 est-ce que ça concerne aussi les petites piscines gonflables pour les enfants ?
04:08 Alors sur ce sujet, il faut être...
04:11 C'est un sujet de cohérence.
04:13 Ce qui a été décidé hier dans cet arrêté,
04:17 donc comme vous l'avez dit, qui a fait l'objet de nombreuses discussions avec l'ensemble des acteurs,
04:21 c'est qu'on considère que cette année il n'est pas possible d'avoir de piscines individuelles.
04:27 Donc oui ou non ça concerne les petites ?
04:29 Je vais vous répondre, mais je pense que c'est important de le redire,
04:31 parce que j'ai vu circuler des commentaires qui ne sont pas tout à fait juste sur la situation.
04:35 Donc les piscines collectives, oui,
04:37 donc aller dans la piscine municipale, aller dans...
04:39 Ça oui c'est possible, parce qu'il y a je dirais une utilisation qui est relativement économe,
04:46 puisqu'elle sert à tout le monde, il y a plusieurs personnes,
04:48 et puis ça concerne toutes les catégories de population.
04:50 Les piscines individuelles, toutes les piscines individuelles,
04:54 qu'on soit je dirais à son domicile,
04:56 ou qu'on soit en position d'acheter un nouvel équipement pour cette année,
05:02 cette année il faut être réaliste, il faut avoir un petit peu de bon sens,
05:06 cette année ça fait partie des usages.
05:08 Je sais qu'on aimerait tous pouvoir ne pas avoir de restrictions,
05:12 mais cette année on ne peut décemment pas avoir ce type de pratique.
05:17 Donc comme il est interdit de remplir, il est interdit d'installer.
05:22 Parce qu'on pourrait trouver ça un peu incohérent d'interdire le remplissage des piscines,
05:29 mais de pouvoir aller acheter dans un centre commercial une piscine qu'on installe,
05:33 qu'on n'aurait pas le droit de remplir.
05:34 Donc c'est une suspension pour la durée des restrictions,
05:37 après c'est des mesures qui, pour les surfaces commerciales,
05:41 conduisent à stocker un petit peu, ils pourront vendre plus tard,
05:44 on n'est pas en train d'interdire une activité, simplement c'est une mesure de bon sens.
05:48 Pour tous les usages individuels, on dit que là cette année ce n'est pas possible.
05:51 Donc les petites piscines gonflables pour les enfants aussi ?
05:54 Les piscines qu'on vend dans les centres commerciaux.
05:58 Vous avez prévu des contrôles chez les particuliers pour vérifier que c'est respecté ?
06:03 Alors oui, quand on prend des mesures de restriction,
06:06 la première des choses c'est qu'elles soient bien énoncées,
06:08 qu'elles soient clairement énoncées et qu'il n'y ait pas d'hésitation sur la nature des mesures.
06:13 Il y a une petite phase pédagogique, comme quand on prend des mesures c'est naturel,
06:18 et ce qu'on fait là actuellement ça y contribue,
06:21 mais ensuite bien sûr il y aura des contrôles,
06:23 il y aura des contrôles sur tous les items,
06:26 les piscines, les arrosages, etc.
06:31 Puisque bien sûr il faut que chacun participe.
06:33 Avec des risques d'amende, de poursuites ?
06:36 Oui, quand il y a des mesures de restriction qui s'appliquent,
06:39 il y a des contrôles, il y a des contrôles pédagogiques,
06:42 il y a des contrôles qui peuvent donner lieu à des amendes.
06:44 On va le définir ce matin avec les équipes et le procureur de la République,
06:48 justement pour définir la politique de contrôle, mais des contrôles il y en aura.
06:52 Il est 7h50 sur France Bleu Roussillon, n'hésitez pas à nous appeler pour réagir
06:57 en part de la sécheresse avec notre invité Roderick Furcy sur France Bleu Roussillon,
07:00 notre numéro le 04 68 35 5000.
07:03 Créé chez vous, pour vous, avec vous, le 6 9 France Bleu Roussillon.
07:08 Bonne dîner !
07:09 Le réveil en circuit court.
07:11 Notre invité à la radio, à la télé, sur France Bleu Roussillon et France 3.
07:14 PI, Catalan, Suzanne Chaudjailly, Roderick Furcy, préfet des Pyrénées-Orientales.
07:17 Parlons des golfs et des stades.
07:19 Vous autorisez désormais l'arrosage des grines et des terrains
07:22 à condition que l'eau soit intégralement issue d'un processus de réutilisation.
07:26 Ça veut dire quoi ? C'est de l'eau de station d'épuration ?
07:29 Oui, alors c'est plus exactement au sens inverse.
07:31 C'est-à-dire que l'arrosage est interdit sur tous les golfs,
07:34 à l'exception de la partie la plus sensible, donc les grines,
07:39 pour lesquelles l'arrosage qui prélève de l'eau
07:42 qui est en concurrence avec d'autres usages prioritaires n'est pas possible.
07:46 C'est l'eau potable ?
07:47 C'est pas possible, donc c'est clairement interdit d'arroser les grines.
07:51 Ce qui est autorisé, la petite ouverture qu'on fait,
07:54 c'est que dans la mesure où les golfs arriveraient à s'organiser
07:58 pour aller récupérer de l'eau qui serait perdue,
08:00 de l'eau qui sort d'une station d'épuration et qui va à la mer,
08:04 ils peuvent avoir cet usage-là pour sauver leur outil de production.
08:08 C'est cette ouverture qu'on fait.
08:10 J'entends beaucoup de choses sur le sujet,
08:12 il faut être très clair, l'arrosage des golfs est interdit,
08:15 des grines aussi, sauf dans ce cas particulier.
08:18 Pareil pour les stades ?
08:19 Pour les stades, c'est la même chose.
08:22 Les stades, c'est une ouverture qu'on fait dans un esprit d'équilibre,
08:27 parce que je ne comprendrais pas qu'on autorise cette dérogation pour les grines
08:33 et qu'on ne l'autorise pas pour les stades,
08:35 ça correspond à un usage de loisirs populaires.
08:38 C'est par souci d'équilibre, pour le coup c'est une réouverture,
08:41 puisque jusqu'à présent c'était strictement interdit,
08:43 sauf pour les compétitions nationales.
08:46 On laisse la possibilité, à raison d'un terrain par installation,
08:51 d'avoir un arrosage minimal qui permet de maintenir ces équipements.
08:55 Le tourisme est assez épargné par les restrictions de crise,
08:59 pourquoi avoir décidé par exemple de ne pas fermer les parcs aquatiques ?
09:03 Je ne suis pas d'accord, le tourisme n'est pas épargné,
09:07 il y a un grand travail qui a été fait avec tous les acteurs du tourisme,
09:11 qui a permis de faire des économies très substantielles,
09:13 entre -30 et -70%.
09:15 Dans les campings et les hôtels, par exemple,
09:19 on peut faire le niveau des piscines,
09:22 alors que les particuliers n'ont pas le droit de le faire ?
09:24 Il y a un protocole qui a été discuté,
09:26 on peut rentrer dans les détails si vous voulez,
09:28 par exemple pour les parcs aquatiques,
09:30 prenons l'exemple des parcs aquatiques,
09:32 parce que je crois que vous le citiez ce matin.
09:34 Il y en a trois dans le département,
09:36 ça représente une toute petite quantité d'eau utilisée,
09:39 ils font une économie de -50% par rapport à l'habitude,
09:42 ils réduisent de 50% leur consommation d'eau,
09:45 et sur le 50% restant,
09:47 il y en a une toute petite partie qui part en évaporation,
09:49 et le reste, c'est mis à la disposition des usages prioritaires.
09:53 C'est-à-dire que l'eau qui est utilisée,
09:55 les 50% qui restent d'utilisation par rapport à la moyenne des années précédentes,
09:59 il est réutilisable pour les autres usages,
10:01 donc agricole, sécurité incendie,
10:03 et tous les usages qui sont prioritaires.
10:05 Donc l'empreinte eau du secteur,
10:07 elle est quasiment nulle pour les parcs aquatiques.
10:10 Et c'est pareil dans tous les autres secteurs d'activité,
10:12 pour les ports par exemple,
10:14 parce qu'on a eu un travail aussi avec les activités nautiques,
10:16 on va couper l'eau sur les pontons,
10:19 on va réduire de 60 à 70% les usages,
10:21 donc je ne crois pas qu'on puisse dire que le secteur du tourisme soit épargné,
10:25 ce qui est vrai, c'est qu'ils ont fait un travail très important
10:28 de façon volontaire, qu'on a travaillé de façon très stimulante.
10:32 - Vous comprenez que les particuliers qui ont une piscine
10:34 et qui ne pourront pas s'en servir parce qu'ils ne pourront pas faire le niveau,
10:37 soient un petit peu déçus ?
10:39 - C'est le même usage pour tout le monde.
10:40 Là où il faut être clair, c'est que c'est le même usage pour tout le monde.
10:43 Il ne faut pas voir le type d'activité,
10:45 il faut voir le type de structure.
10:47 Les usages individuels sont interdits.
10:49 Ils sont interdits pour les particuliers,
10:51 ils sont interdits pour les touristes.
10:53 Parce que dans les structures touristiques individuelles,
10:57 les piscines seront de la même façon,
10:59 seront soumises aux mêmes règles.
11:01 En revanche, les piscines collectives,
11:03 qu'on soit dans une piscine municipale, dans un espace aquatique
11:06 ouvert à toute la population ou dans une structure touristique,
11:09 là c'est accessible parce qu'on considère
11:11 qu'une piscine, dès lors qu'elle sert à plusieurs personnes,
11:13 elle est plus économe en eau que la piscine qui sert qu'à une seule personne.
11:16 - Deux petites questions pour terminer, et on finira rapidement s'il vous plaît.
11:19 L'arrêté est pris jusqu'au 13 juin, pourquoi pas plus loin ?
11:22 - Parce qu'il faut qu'on fasse des points réguliers sur la situation,
11:26 qu'on évalue l'évolution, et donc on aura un prochain comité
11:29 ressources en eau début du mois de juin,
11:31 première quinzaine de juin, et on adaptera éventuellement les mesures.
11:34 Il faut être très clair, ça nous permettra aussi d'évaluer
11:36 la bonne mise en œuvre, y compris des démarches volontaires,
11:39 et puis si on constate qu'on ne respecte pas
11:41 les engagements qui ont été pris, on pourra ajuster nos mesures.
11:44 - Donc il pourrait y avoir d'autres mesures d'ici là, si je vous comprends bien.
11:47 Pourquoi ne pas avoir classé le bassin du Teck également ?
11:50 - Alors le bassin du Teck...
11:52 - On précise pour l'instant, ça concerne la tête et la glie.
11:55 - Le bassin du Teck, il est objectivement soumis à une situation
11:59 qui est comparable aux autres secteurs.
12:01 Simplement, au cours des deux dernières semaines,
12:04 et puis les prévisions météo qu'on avait,
12:06 nous laissaient voir des précipitations plus importantes sur le Teck.
12:09 Et on l'a constaté notamment dans les deux dernières semaines,
12:12 il y a eu des précipitations plus importantes.
12:14 Donc on s'est laissé un tout petit temps d'ajustement possible.
12:16 Donc on va refaire un point de situation,
12:18 c'est un point sur lequel on regarde l'état des nappes,
12:20 qui est très dégradé aussi sur le bassin du Teck.
12:22 - Ça peut changer d'ici là, dans les prochaines semaines ?
12:24 - Ça peut, et ça a l'occasion d'être réexaminé.
12:26 - Les Pyrénées-Orientales qui sont désormais au régime de crise,
12:29 sècheresse, toutes les nouvelles restrictions,
12:31 vous les avez sur le site internet de France Bleu Roussillon.
12:33 Merci beaucoup Roderick Curcie d'avoir été avec nous ce matin.
12:35 Bonne journée. - Merci à vous.