Emmanuelle Ducros
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie
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00:00 Merci à tous les deux en tout cas. Emmanuel Ducrot du journal L'Opinion, c'est à vous.
00:03 L'histoire d'un bien... - Je suis là et rasée de près.
00:05 - Bon, on n'attend pas tant de vous.
00:07 L'histoire d'un bien étrange renoncement ce matin, Emmanuel.
00:11 Ça se passe à l'université de la Sorbonne.
00:13 Une conférence sur l'antrisme islamiste qui devait se tenir ce vendredi,
00:17 elle a été mystérieusement suspendue. Que se passe-t-il ?
00:20 - Cette conférence devait être donnée par une chercheuse en anthropologie, Florence Bergeau-Blackleur.
00:25 Elle devait parler de son dernier ouvrage qui est sorti en janvier
00:27 qui est intitulé "Le frérisme et ses réseaux, l'enquête",
00:30 un livre sur le mouvement islamiste des frères musulmans.
00:33 Elle avait été invitée entre autres par le collège de philosophie de la Sorbonne.
00:37 Mais coup de théâtre, hier mardi, la chercheuse est informée par un intermédiaire
00:41 que la doyenne a mystérieusement suspendu sa conférence pour des raisons de sécurité.
00:46 - Alors pour qu'on comprenne bien le fin mot de cette histoire, Emmanuel,
00:50 un mot quand même sur Florence Bergeau-Blackleur et son travail.
00:53 Qui est-elle ? Que fait-elle ?
00:54 - Alors, Florence Bergeau-Blackleur appartient à un institut de recherche public,
00:57 le CNRS, et elle a une spécialité, l'islamisme.
01:00 Elle s'est intéressée à la nourriture halal, à la formation d'une norme sociale islamique en Europe,
01:05 et ça l'a conduite à travailler longuement sur la confrérie des frères musulmans.
01:09 Cette société plus ou moins opaque développe selon elle une philosophie politico-religieuse
01:13 et un plan pour établir un califat en Europe.
01:16 C'est une philosophie devenue hégémonique.
01:18 Elle documente ses affirmations par la lecture de tout un corpus de textes,
01:22 mais son travail lui vaut de nombreuses inimitiés, y compris au sein de la recherche publique.
01:27 On la traite de complotiste, de raciste, d'islamophobe.
01:30 Elle explique qu'elle fait l'objet de fortes pressions,
01:32 qu'on multiplie les obstacles sur ses sujets de recherche.
01:35 Florence Bergeau-Blackleur est une chercheuse qui travaille sous pression.
01:38 - Et donc, revenons à la doyenne de l'université de la Sorbonne.
01:41 Pourquoi avoir annulé la conférence en question ?
01:44 - Alors, j'ai eu un échange de mail lapidaire avec l'université hier.
01:46 On m'a expliqué que la conférence n'était ni annulée, ni censurée,
01:49 ce sont les mots qui ont été employés, mais reportée à une date ultérieure.
01:53 Je n'ai eu en revanche aucune réponse sur les fameux motifs de sécurité
01:56 qui sont invoqués.
01:57 Florence Bergeau-Blackleur explique qu'elle n'a été alertée de rien,
02:01 aucune campagne contre sa conférence.
02:02 Elle est donc tombée de sa chaise, d'autant que la direction de l'université
02:05 ne l'a même pas contactée directement.
02:07 - Bon, alors qu'est-ce qu'on doit comprendre, Emmanuelle ?
02:10 - En l'absence de justification de l'université,
02:12 on peut quand même formuler quelques réflexions.
02:14 D'abord, il règne un tabou sur l'université française autour de l'islamisme.
02:18 Pour Florence Bergeau-Blackleur,
02:20 ça rend la recherche quasiment impossible sur ce sujet.
02:23 Selon elle, le cadre imposé par les frères musulmans,
02:26 qui consiste à assimiler toute étude, toute critique à de l'islamophobie,
02:29 fonctionne à merveille au sein de la recherche française.
02:32 Pas besoin de menaces, l'autocensure et l'ostracisation des chercheurs
02:35 font le travail toutes seules.
02:37 Pour Florence Bergeau-Blackleur, depuis la décapitation de Samuel Paty,
02:40 ceux qui résistaient encore ont tellement peur qu'ils ont renoncé.
02:44 - C'est vraiment une défaite intellectuelle pour l'université française, cette histoire.
02:47 - Oui, c'est terrible dans tous les cas.
02:49 L'université sort dégradée de cette histoire.
02:51 Soit il y a de vraies menaces et nous sommes dans la situation intolérable
02:54 où l'institution a capitulé.
02:56 Elle s'est soumise sous la menace,
02:58 elle renonce à protéger chercheurs et étudiants.
03:00 Ça donnerait raison à Florence Bergeau-Blackleur,
03:02 il y aurait bien une menace physique exercée par les frères musulmans et leur réseau.
03:07 La liberté de recherche et d'expression,
03:09 personne ne la garantit et personne ne fait face aux menaces.
03:12 Soit il n'y a pas de réelles menaces
03:14 et l'université a simplement intégré la défaite intellectuelle
03:17 de la raison face aux faits religieux.
03:19 Les notions de blasphème, de liberté d'expression,
03:22 conditionnées au ne fait de ne pas choquer les croyants musulmans,
03:25 ont été intégrées sans discuter.
03:26 Il y a donc des sujets auxquels on ne touche plus.
03:28 L'université aurait tout simplement éteint la lumière en silence.
03:32 - Signature Europe 1, Emmanuel Ducrox.
03:34 Merci beaucoup Emmanuel.
03:36 On vous dit à demain dans un instant.