Passer à autre chose. En France, depuis que l’exécutif Macron-Borne a imposé par tous les moyens possibles sa réforme des retraites, l’objectif absolu du pouvoir est de “passer” à autre chose. C’est-à-dire braquer les regards sur autre chose que la guerre frontale aux classes laborieuses que représente cette réforme. Par exemple sur les immigrés.
Ou alors sur les cassos, ces vilains profiteurs qui mangeraient le pain des classes moyennes obligées de payer beaucoup trop d’impôts.
C’est un peu pour occuper ce terrain que Gabriel Attal a lancé une énorme opération de communication autour d’un site Internet lancé, c’est le cas de le dire, avec les sous de nos impôts. Un site dont le nom rappelle vaguement les émissions à la fois éco et conso sur M6 le dimanche soir : En avoir pour mes impôts.
qu’affirme dans un article fouillé, le site d’info Frustration Magazine. Un article écrit par Guillaume Etievant, responsable de la rubrique économie de ce média indépendant. Un article au titre offensif : “En avoir pour nos impôts : Attal nous enfume”. Et il n’y va pas avec le dos de la cuillère.
“Gabriel Attal a toujours vécu de l’argent public, en grenouillant dans les milieux politiques. Il est désormais Ministre des comptes publics et veut « donner aux contribuables l’opportunité de s’informer et d’exprimer leur avis sur l’utilisation qui est faite de leurs impôts », à l’aide d’un nouveau site à la con : « En avoir pour mes impôts ». Si déjà nos impôts pouvaient ne pas servir à rémunérer Gabriel Attal, ce serait un grand pas en avant.”
Entretien.
Ou alors sur les cassos, ces vilains profiteurs qui mangeraient le pain des classes moyennes obligées de payer beaucoup trop d’impôts.
C’est un peu pour occuper ce terrain que Gabriel Attal a lancé une énorme opération de communication autour d’un site Internet lancé, c’est le cas de le dire, avec les sous de nos impôts. Un site dont le nom rappelle vaguement les émissions à la fois éco et conso sur M6 le dimanche soir : En avoir pour mes impôts.
qu’affirme dans un article fouillé, le site d’info Frustration Magazine. Un article écrit par Guillaume Etievant, responsable de la rubrique économie de ce média indépendant. Un article au titre offensif : “En avoir pour nos impôts : Attal nous enfume”. Et il n’y va pas avec le dos de la cuillère.
“Gabriel Attal a toujours vécu de l’argent public, en grenouillant dans les milieux politiques. Il est désormais Ministre des comptes publics et veut « donner aux contribuables l’opportunité de s’informer et d’exprimer leur avis sur l’utilisation qui est faite de leurs impôts », à l’aide d’un nouveau site à la con : « En avoir pour mes impôts ». Si déjà nos impôts pouvaient ne pas servir à rémunérer Gabriel Attal, ce serait un grand pas en avant.”
Entretien.
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00:00 passer à autre chose.
00:01 En France, depuis que l'exécutif Macron borne
00:04 à imposer par tous les moyens possibles sa réforme des retraites,
00:08 l'objectif absolu du pouvoir est de passer à autre chose,
00:12 c'est-à-dire braquer les regards sur autre chose
00:15 que la guerre frontale ou classe laborieuse
00:17 que représente cette réforme.
00:19 Par exemple, sur les immigrés tiens.
00:21 Nos compatriotes, légitimement, ont ralbole de la fraude.
00:24 Ils en ont ralbole de voir des personnes qui peuvent toucher
00:26 des aides qu'ils payent eux-mêmes, c'est le contribuable qu'ils payent,
00:28 c'est l'entrepreneur, c'est le salarié qui paye ces aides,
00:31 ce n'est pas mon argent, c'est l'argent du contribuable.
00:34 Il n'a aucune envie de voir que des personnes peuvent en bénéficier,
00:37 leur envoyer au Maghreb ou ailleurs alors qu'ils n'y ont pas droit.
00:40 Ou alors sur les cassos, ces vilains profiteurs
00:44 qui mangeraient le pain des classes moyennes,
00:46 obligés de payer beaucoup trop d'impôts.
00:50 Je pense qu'il y a aujourd'hui une attente extrêmement forte
00:53 de la classe moyenne qui travaille.
00:54 Ils nous disent quoi ?
00:56 Ils nous disent "on travaille"
00:57 et on a le sentiment qu'on nous en demande toujours plus
00:59 pour financer un modèle qui permet parfois à des gens de ne pas travailler.
01:02 C'est un peu pour occuper ce terrain que Gabriel Attal,
01:04 le ministre du Budget, a lancé une énorme opération de communication
01:09 autour d'un site internet lancé,
01:11 c'est le cas de le dire, avec les sous de nos impôts.
01:14 Un site dont le nom rappelle vaguement les émissions
01:17 à la fois éco et conso sur M6,
01:20 les dimanche soir, en avoir pour vos impôts.
01:22 Ce site enavoirpourmesimpots.gouv.fr
01:25 qui ouvrira, vous l'avez dit, en fin d'après-midi,
01:28 qui permettra au niveau national de dire de manière très concrète
01:31 à quoi sert l'argent public.
01:32 Tout le monde ne sait pas qu'un enfant,
01:34 une année dans une école primaire, c'est 8 000 euros d'argent public.
01:37 Mais en réalité, il s'agit d'un site bidon,
01:40 rempli de fake news.
01:42 C'est ce qu'affirme dans un article fouillé
01:44 le site d'info Frustration Magazine,
01:47 un article écrit par Guillaume Etiévant,
01:50 responsable de la rubrique "Economie" de ce média indépendant
01:53 dirigé par notre camarade Nicolas Framon.
01:56 Un article au titre offensif,
01:59 en avoir pour nos impôts,
02:00 Attal nous en fume.
02:02 Bonjour Guillaume Etiévant.
02:07 Bonjour.
02:08 Dans votre article, et c'est dans le style Frustration Magazine,
02:11 vous n'y allez pas avec le dos de la cuillère.
02:13 Je lis votre attaque.
02:15 Gabriel Attal a toujours vécu de l'argent public,
02:18 en grenouillant dans les milieux politiques.
02:20 Il est désormais ministre des Comptes publics
02:22 et veut donner aux contribuables l'opportunité
02:24 de s'informer et d'exprimer leur avis
02:27 sur l'utilisation qui est faite de leurs impôts
02:29 à l'aide d'un nouveau site à la con,
02:31 c'est votre expression,
02:32 en avoir pour mes impôts.
02:34 Si déjà nos impôts pouvaient ne pas servir
02:36 à rémunérer Gabriel Attal,
02:38 ce serait un grand pas en avance.
02:40 Est-ce que vous écrivez comme vous y allez ?
02:42 Oui tout à fait, c'est vrai que quand j'ai entendu
02:44 Gabriel Attal à la radio
02:45 commencer à parler de ce site,
02:48 ça m'a agacé, parce que le problème du consentement
02:50 à l'impôt dans notre pays,
02:52 ce n'est pas de savoir individuellement,
02:54 personnellement, ce que nous rapportent
02:57 les impôts qu'on verse.
02:59 On n'est pas dans une logique consumériste en France,
03:01 en tout cas on ne devrait pas l'être.
03:02 Donc c'est agaçant ce terme
03:04 de "en avoir pour ses impôts".
03:07 Et donc surtout si c'est pour présenter un site
03:10 d'une si piètre qualité,
03:11 c'est assez lamentable.
03:13 C'est vrai que si déjà nos impôts servent
03:15 à faire ce genre de site,
03:16 ce genre de communication,
03:19 c'est assez consternant.
03:21 Vous parlez de propagande ?
03:23 Oui c'est de la propagande.
03:24 C'est normal qu'un gouvernement fasse de la propagande,
03:26 que l'opposition fasse de la propagande.
03:28 Après, avoir une propagande aussi faible,
03:32 aussi pauvre,
03:34 ça ne fait pas très sérieux,
03:35 c'est un peu dommage, le sujet de l'impôt
03:36 il est fondamental dans notre pays.
03:39 On pourrait le traiter sérieusement.
03:41 On pourrait dire qu'en moyenne selon l'INSEE,
03:44 les deux tiers des Français
03:46 ont plus de prestations de services publics,
03:48 etc. qu'ils ne versent d'impôts.
03:50 C'est un chiffre notamment que l'Economist Christoffer
03:53 a mis récemment en avant,
03:54 qui vient de l'INSEE.
03:55 Évidemment, sur le site du gouvernement,
03:57 on ne va pas vous parler de ça.
03:59 On va plutôt essayer de vous montrer que
04:01 vous payez trop d'impôts en faisant une grande confusion,
04:04 en mélangeant tout,
04:05 en mélangeant cotisation sociale et impôts,
04:09 en étant systématiquement dans un grand flou,
04:12 en faisant un questionnaire qui est très orienté.
04:15 On va revenir dessus,
04:17 mais quel est l'objectif politique du gouvernement,
04:19 et en particulier de Gabriel Attal,
04:21 quand il lance ce site Internet à grand renfort de publicité ?
04:25 – Alors, je pense qu'il y a ce que vous évoquiez,
04:27 je pense qu'effectivement, ils cherchent des sujets
04:30 pour sortir du conflit des retraites.
04:32 Donc, ils ont du mal, ils essayent plein de choses.
04:34 Je pense que là, ils ont fait à l'arrache ce site
04:36 qui en fait existait déjà.
04:38 Ça avait été lancé par Darmanin en 2018.
04:42 – Quand il était ministre du budget.
04:44 – Voilà, et ça s'appelait à l'époque
04:46 "à quoi servent mes impôts".
04:47 Donc, c'était un intitulé qui était un peu différent,
04:51 un peu moins putassier qu'un intitulé actuel.
04:54 Et d'ailleurs, à l'époque,
04:57 Darmanin avait commandé à un cabinet de conseil
05:00 une étude pour voir si ça pourrait être intéressant
05:04 de présenter plutôt un site qui irait voir
05:07 si vraiment les gens en ont pour leur argent avec leurs impôts,
05:11 en listant les différentes dépenses de l'État.
05:15 Ils avaient payé ça autour de 300 000 euros,
05:17 ce cabinet de conseil,
05:18 qui avait conclu qu'il ne fallait pas le faire.
05:20 En fait, ce serait plutôt négatif d'aller sur ce terrain-là.
05:22 – Il aurait pu le morder, il aurait dit gratuitement.
05:24 – Alors, oui, c'est clair, ça aurait coûté moins cher
05:27 et on aurait eu vite la réponse.
05:29 Mais en tous les cas, on voit bien que Gabriel Attal,
05:32 ce conseil-là, il n'en a pas du tout pris en compte
05:35 parce que là, le but, il est vraiment politique
05:38 et ils savent que les effets sur l'opinion,
05:42 si les gens vont sur ce site, ce qui est peu probable,
05:45 la plupart des gens ne vont pas y aller,
05:46 ils auront bien raison,
05:47 mais si les gens y vont, le but c'est justement
05:51 qu'on puisse se dire "ah ben en fait, je paie vraiment trop d'impôts,
05:55 ça ne va pas, il faudrait qu'il y ait des baisses d'impôts importantes
05:59 pour ma part".
06:00 Voilà, donc on ne se fasse non pas du tout une amélioration
06:04 du consentement à l'impôt,
06:05 contrairement à ce que prétend Gabriel Attal,
06:07 mais l'inverse.
06:08 À mon avis, c'est plutôt l'inverse pour, à moyen terme,
06:12 annoncer à nouveau des baisses d'impôts
06:15 pour les entreprises et pour les plus riches,
06:17 en se basant sur cette pseudo-consultation
06:20 que constitue ce site internet,
06:22 où il y a ce questionnaire auquel on peut répondre
06:25 et on imagine bien, dans quelques mois,
06:28 pouvoir dire, que le gouvernement puisse dire
06:30 "ben voilà, à partir de cette grande consultation,
06:33 on voit que les Français considèrent qu'ils payent trop d'impôts,
06:36 donc on va diminuer les impôts,
06:37 mais comme d'habitude, ce sera les impôts des plus riches
06:39 et ce ne sera pas la TVA que tout le monde paye, notamment.
06:43 – Vous êtes justement intéressé au questionnaire proposé par ce site,
06:47 un questionnaire biaisé, comme vous venez de le dire.
06:51 Vous donnez quelques exemples assez révélateurs des biais
06:55 qu'introduit ce questionnaire-là.
06:58 – Oui, oui, tout à fait, on a fait des captures d'écran
07:02 directement du questionnaire sur le site Frustration,
07:04 l'article est en accès libre, comme tous nos articles,
07:06 donc j'invite ceux qui nous regardent à aller regarder dans le détail.
07:10 Donc effectivement, on voit les biais,
07:11 c'est-à-dire que bon déjà, il y a très peu de questions,
07:13 donc ça ne va pas du tout dans les niveaux de précision
07:16 et ça va demander par exemple,
07:17 est-ce que vous pensez que les impôts ces dernières années ont plutôt baissé,
07:20 plutôt augmenté, sont restés stables ou vous n'avez pas d'opinion ?
07:23 À aucun moment on va demander, est-ce que l'impôt sur les sociétés,
07:27 par exemple, a baissé ?
07:28 Donc il est passé de 33% à 25%, ce qui est considérable comme baisse.
07:32 À aucun moment on peut dire dans ce questionnaire,
07:36 les impôts des entreprises ont baissé,
07:38 par contre les impôts des plus pauvres qui payent le taux de TVA,
07:42 celui-là n'a pas baissé, c'est impossible.
07:44 Donc on a une simplification comme ça de ces questions volontaires,
07:49 parce que du coup, qu'est-ce qu'on peut répondre à ce genre de questions
07:52 si on considère que les impôts ont trop baissé pour les entreprises, par exemple.
07:55 Et puis après, il y a certaines questions,
07:58 ils vont demander quels impôts ont été supprimés ces dernières années.
08:01 Donc on va avoir par exemple la CVAE,
08:03 qui est un impôt qui va être complètement supprimé,
08:06 mais on ne va pas nous parler de l'impôt sur la fortune qui a été supprimé.
08:12 – C'est-à-dire qu'ils font une liste des impôts qui ont été ou pas été supprimés,
08:16 et ils oublient l'impôt supprimé dont la suppression fait le plus d'iscensus.
08:22 – Oui, c'est celui que tout le monde a en tête,
08:26 que ce soit positivement pour les plus riches
08:28 ou négativement pour l'immense majorité de la population,
08:30 et bien ils n'en parlent pas.
08:31 – Ils ont oublié, soyons pas complotistes.
08:33 – Peut-être, c'est vrai qu'ils sont tellement nuls
08:35 qu'ils peuvent faire des oublis de cette taille.
08:37 Mais bon, on voit bien, c'est encore une fois un outil de propagande,
08:40 assez mal fait, fait sans doute à la va-vite,
08:43 je pense qu'ils ont voulu communiquer là, dans la période, rapidement sur ce sujet.
08:48 Ils ont actualisé un site déjà existant,
08:50 en faisant rapidement un questionnaire, une pseudo-consultation,
08:53 parce qu'en plus on peut y répondre autant de fois qu'on veut, j'ai essayé.
08:56 Donc de toute manière c'est complètement…
08:58 – Et est-ce qu'ils récupèrent les données, le mail ou le numéro de téléphone ?
09:03 Est-ce qu'on passe par des applications précises
09:09 pour pouvoir voter un certain nombre de fois ou non ?
09:12 – Non, même pas.
09:14 Donc à la fois, comme on n'a pas à remplir d'informations personnelles,
09:17 au moins ils ne les récupèrent pas,
09:18 donc ça c'est un côté plutôt positif de ce point de vue-là,
09:22 mais du coup on peut voter autant de fois qu'on veut,
09:23 parce qu'on n'a pas besoin de mettre un mail
09:25 avec après un code d'accès ou quoi que ce soit,
09:27 c'est vraiment on se connecte et on répond autant de fois qu'on veut.
09:29 – On va voir si les votes peuvent voter,
09:31 appel à tous ceux qui ont des votes,
09:33 d'essayer de faire voter autant que possible.
09:34 – Essayer, ouais.
09:36 – Vous avez essayé ?
09:37 – Non, non, non, je leur ai dit d'essayer,
09:38 après il ne faut pas y mettre trop d'effort,
09:40 parce que ce site n'a quand même pas tellement d'intérêt.
09:42 Nous on a fait cet article pour se moquer,
09:44 un petit peu, une fois de plus, de Gabriel Attal,
09:48 et surtout au-delà du site lui-même,
09:50 où il n'y a pas grand monde qui va le voir,
09:52 c'est tous ces passages radio, télé,
09:55 où il dit que ça va permettre aux Français
09:56 de voir la gabegie des services publics, etc.
09:59 C'est insupportable ce genre de discours.
10:01 – On va dire que ce site c'est un peu comme les livres politiques
10:03 qui sont sortis et qui se vendent à quelques centaines d'exemplaires,
10:06 même s'ils sont très peu lus,
10:08 ils donnent l'occasion à celui ou celle qui l'a écrit
10:10 de passer à la radio, à la télé et de faire beaucoup de bruit,
10:14 et là, en fait, ce site est un prétexte idéologique
10:18 pour occuper l'espace médiatique.
10:20 Vous expliquez que, comme souvent sur ce site officiel,
10:24 les notions d'impôt et de cotisation sociale
10:27 sont confondues, amalgamées.
10:30 Racontez-nous comment ils les confondent,
10:32 et dans le fond, pourquoi, une fois de plus,
10:35 ils jouent à ce petit jeu-là ?
10:38 – Alors effectivement, ça a été d'ailleurs relevé par d'autres articles,
10:42 c'est vraiment le problème de fond de ce site internet,
10:46 au-delà de ce qu'on évoquait,
10:48 c'est la confusion entre l'impôt et la cotisation sociale.
10:51 Et donc là, on voit qu'on est vraiment dans de la propagande
10:54 par rapport à ça, donc on le voit dans certaines informations
10:59 qui sont mises dans ce site.
11:02 Ils ne distinguent pas les deux.
11:03 Or, le financement de la protection sociale,
11:05 c'est financé par les cotisations sociales.
11:08 Alors, ces dernières années, on a eu une fiscalisation progressive
11:13 du financement de la protection sociale,
11:15 puisqu'on fait des exonérations de cotisations sociales
11:17 pour les entreprises, qui en payent donc moins,
11:20 et le budget de l'État, financé par l'impôt,
11:23 les compense en grande partie.
11:24 Donc, on a petit à petit cette fiscalisation-là,
11:27 et il joue là-dessus pour confondre tout ça,
11:30 puisqu'on sait que l'objectif à long terme du patronat,
11:35 c'est de mettre fin au financement par les cotisations sociales,
11:39 de regrouper tout cela pour plusieurs raisons.
11:43 L'une des raisons qui est très concrète,
11:46 c'est le fait que pour une entreprise,
11:47 c'est très difficile d'échapper au paiement des cotisations sociales,
11:51 puisque la cotisation sociale, c'est une socialisation du salaire.
11:53 C'est une partie du salaire, il y a la partie qui est le salaire net,
11:56 que vous allez toucher directement dans votre compte en banque
11:59 à la fin de chaque mois,
12:00 et il y a la partie de votre salaire qui va aller alimenter les caisses
12:03 pour financer la protection sociale.
12:06 Donc, vous avez le bulletin de paie et le salaire,
12:08 il y a la cotisation qui part pour un employeur,
12:12 quasi impossible d'y échapper.
12:14 Alors que l'impôt, en particulier l'impôt sur les sociétés, par exemple,
12:19 déjà le taux a beaucoup baissé, mais en plus il y a de nombreuses niches fiscales,
12:23 il y a de nombreux montages financiers,
12:25 via des refacturations entre les filiales d'un même groupe, etc.,
12:28 qui permettent de laisser un niveau de bénéfice à zéro en France,
12:32 et de ne pas payer, ou très très peu, d'impôt sur les sociétés.
12:35 Donc les entreprises, elles échappent facilement à l'impôt,
12:38 très difficilement aux cotisations sociales.
12:40 – Elles sont rattachées aux salariés,
12:41 qui sont une partie de l'argent que le salarié finalement
12:45 met dans le pot commun pour l'intérêt commun.
12:48 – Voilà, c'est une partie de son salaire qu'il ne touche pas, lui, maintenant,
12:52 dont d'autres vont bénéficier s'ils ont besoin de protection sociale à ce moment-là,
12:56 et lui plus tard s'il en aura besoin.
12:58 C'est une socialisation du salaire,
13:01 donc c'est quelque chose de très important dans notre modèle social.
13:04 Et la confusion dans les termes, donc là sur le site internet,
13:08 on a sous le terme "impôt" tout ce qui est cotisation sociale.
13:11 Ils appellent ça "impôt", ils regroupent tout ça dans la même chose,
13:16 et ce qui permet, quand ils montrent un peu la proportion
13:18 de la contribution de chaque impôt au budget de l'État,
13:22 c'est complètement faussé, puisque dans la contribution des entreprises,
13:25 ils mélangent l'impôt et les cotisations sociales.
13:27 – Qui sont rattachées aux salariés pourtant.
13:29 Là on est en pleine fake news, ce n'est plus que de la propagande, c'est du mensonge.
13:34 – Même les articles dans la presse mainstream l'évoquent,
13:36 parce que là on est vraiment dans le mensonge complet,
13:39 et ça permet aussi que la part du financement par la TVA soit beaucoup plus faible,
13:45 comme on fait une partie financière entreprise qui comprend les cotisations sociales,
13:48 la part TVA dans ce grand ensemble est plus faible.
13:50 Alors qu'en réalité c'est la TVA qui est la principale contributrice au budget de l'État,
13:55 et la TVA, eh bien tout le monde la paye, en proportion de son revenu,
14:00 évidemment c'est les plus pauvres qui la payent le plus,
14:03 et ça évidemment quand on lit le site internet du gouvernement,
14:05 c'est impossible de le voir.
14:07 – Alors le paragraphe sur la dette publique vous a fait sursauter,
14:12 et il sonne quelque part comme un aveu, pourquoi ?
14:16 – Alors le paragraphe sur la dette publique, oui il est étonnant,
14:20 parce que c'est vrai qu'aujourd'hui c'est vraiment mis en avant par le gouvernement
14:26 ce problème de la dette, alors ils ont commencé il y a quelques semaines à dire
14:30 si on n'arrive pas à faire la réforme des retraites,
14:33 on va du coup être dégradé par les agences de notation,
14:36 et avoir du coup des taux d'intérêt sur notre dette qui vont augmenter,
14:41 ça va être une catastrophe, nous on avait fait un article
14:45 pour démonter cette propagande, en indiquant que l'annonce de réforme
14:51 des retraites de toute manière n'avait eu aucun effet sur les taux d'intérêt
14:55 à ce moment-là, que la dette française, ces taux d'intérêt qui sont payés
15:01 sont tout à fait mesurés, des taux d'intérêt parfois même négatifs,
15:06 sur la dernière période ils étaient négatifs, donc ça coûtait très peu,
15:10 il faut savoir que la France paye chaque année les intérêts justement
15:15 sur cette dette, mais ne paye pas la dette elle-même,
15:19 la dette elle-même elle est remboursée quand elle arrive à échéance
15:22 par un nouvel emprunt, donc ce qui pèse vraiment c'est cette charge d'intérêt
15:26 qui est assez mesurée, donc il n'y a pas du tout de problème de ce côté-là,
15:31 et là de voir sur le site internet du gouvernement,
15:35 que en deux phrases qu'on cite dans l'article,
15:38 ils disent que les taux d'intérêt sont très mesurés,
15:40 voire même négatifs sur la dernière période et qu'il n'y a pas de problème de dette,
15:44 c'est étonnant.
15:45 – Et ils vous donnent raison ?
15:47 – Ils nous donnent raison, je ne sais pas qui a écrit ça…
15:49 – Mais ils n'en tirent pas les conséquences ?
15:49 – Ah, ils n'en tirent aucune conséquence effectivement dans leur discours,
15:53 et là c'est intéressant de voir actuellement,
15:55 comme on le disait sur notre article concernant ces taux d'intérêt
15:59 il y a quelques semaines, que la dégradation par les agences de notation
16:04 elle vient en fait de la conflictualité sociale actuelle
16:09 qui fait dire aux agences de notation que faire des réformes structurelles à l'avenir
16:13 va être plus compliqué pour le gouvernement.
16:16 Donc finalement c'est le fait d'avoir voulu imposer cette réforme de retraite
16:19 – De cette manière-là ?
16:19 – De cette manière-là qui va dégrader la note de la France,
16:23 et ce n'est pas du tout une potentielle impossibilité de la mettre en place
16:29 qui aurait dégradé la note,
16:31 puisque les agences de notation encore une fois
16:32 n'avaient pas du tout réagi à l'annonce de la réforme.
16:35 Donc ça c'est intéressant pour le mouvement social actuel je trouve,
16:39 c'est l'une de ses réussites, il faut s'en féliciter,
16:42 c'est-à-dire que quand on arrive à ce niveau de conflictualité-là,
16:46 ça commence à menacer les marchés financiers,
16:49 et donc ça peut être, dans le rapport de force par rapport au gouvernement,
16:53 ça peut être un élément qui est important.
16:55 – Quelque part c'est le gouvernement d'Emmanuel Macron qui est sanctionné
16:58 dans la mesure où l'ONU et les grandes ONG internationales
17:01 attirent l'attention sur les violences policières en France,
17:05 la violence du gouvernement, les grands médias américains,
17:08 les grands médias anglo-saxons disons,
17:10 qui dictent un peu la doxa démocratique libérale,
17:15 condamnent le gouvernement d'Emmanuel Macron,
17:17 ça c'est sur le plan politique et sur le plan économique,
17:20 les agences de notation finalement constatent l'incapacité du gouvernement
17:24 à tenir le pays quelque part.
17:27 – Ah ben oui complètement, c'est-à-dire que les marchés financiers,
17:30 ils souhaitent, ça leur va qu'il y ait des réformes des retraites évidemment,
17:35 l'enjeu à notre sens, c'est ce qu'on écrit aussi dans un article pour Frustration là-dessus,
17:40 c'est surtout le développement de la capitalisation,
17:41 les marchés financiers ne demandaient pas absolument à ce qu'il y ait ce type de réforme,
17:47 mais ils voient aussi qu'il y a plutôt le calme dans le pays,
17:52 pour que les affaires continuent à tourner.
17:55 Donc là, le gouvernement en s'entêtant de cette manière-là,
18:00 je suis certain qu'il y a une partie du grand pastoruna, des marchés financiers,
18:05 qui auraient préféré qu'il ne mette pas en œuvre cette réforme des retraites,
18:12 pour qu'on ait plutôt une stabilité dans le pays.
18:14 Et ce qui est certain, c'est que si le gouvernement avait renoncé à sa réforme des retraites,
18:20 il n'y aurait pas eu de dégradation de sa note par certaines agences de notation,
18:24 alors que là il a cette dégradation de la note.
18:27 Donc là, il y a un entêtement dont socialement,
18:31 il faut d'une certaine manière se servir en continuant à le contester,
18:36 parce que son image se détériore.
18:41 Si ça limite sa capacité à l'avenir, comme le craignent les agences de notation,
18:45 à mettre en place de futures réformes structurelles,
18:47 qui seront forcément en défaveur de la population,
18:50 ce sera un acquis, ce sera déjà quand même un acquis positif de la lutte.
18:55 – Donc les casseroles-là ne sont pas vaines d'une certaine manière.
18:59 – Non, non, il faut continuer, ça n'est pas vain, on construit l'avenir.
19:03 – Merci beaucoup Guillaume Etiennevant,
19:04 je rappelle que vous êtes responsable de la rubrique économie
19:08 du site "Frustration Magazine", un site d'information que vous pouvez soutenir,
19:15 comme vous pouvez soutenir le média, les médias indépendants sont aujourd'hui
19:19 la garantie d'une forme de démocratie informationnelle,
19:25 si on peut utiliser ce mot qui n'est pas très heureux.
19:28 Merci de rester connecté au Média.
19:29 – Merci à vous.
19:31 – Sous-titrage : Le Crayon d'oreille -
19:35 [Silence]