Nathan Devers : «Si le gouvernement entre dans la logique de violence des black blocs, il leur donne de l’écho»
Nathan Devers, agrégé de philosophie, estime «qu'il n’y a quasiment pas eu de violences structurelles dans les manifestations» avant le passage en force de la réforme des retraites.
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00:00 c'est que depuis une dizaine d'années,
00:02 à l'échelle européenne, pas que française,
00:04 on assiste à ça, c'est-à-dire à la manifestation
00:08 old school, syndical, slogan, banderole, barbecue,
00:11 si vous voulez, cette manifestation-là,
00:13 c'est-à-dire une manifestation en quelque sorte bonne enfant
00:15 qui continue de respecter les principes de la République
00:18 et qui ne veut pas casser la table.
00:20 Tant à être un petit peu remplacé
00:23 par un autre modèle de manifestation,
00:25 c'est un cortège de têtes qui est là,
00:26 des Black Blocs qui font des violences sur des policiers,
00:29 sur des magasins, etc.
00:30 et des manifestants pacifiques.
00:32 Et cette zone grise que vous dites.
00:34 Ce qui pose à mon avis d'ailleurs une question juridique,
00:36 c'est que comment on considère la zone grise ?
00:38 Est-ce qu'on limite le droit de manifester pour une zone grise ?
00:41 Est-ce qu'on estime que des gens sont dangereux a priori
00:43 pour cette zone grise-là ?
00:44 Là, il y a vraiment un test aussi de l'état de droit.
00:47 Moi, je pense surtout que si on veut vraiment
00:50 couper à la racine le problème des Black Blocs,
00:53 il faut se dire comment se fait-il
00:54 qu'il y ait de plus en plus de violence dans les manifestations ?
00:57 Et face à cela, il y a les discours insurrectionnels
00:59 que vous avez évoqués tout à l'heure, je suis d'accord avec vous.
01:01 Mais je pense qu'il y a une deuxième cause.
01:02 Vous aurez remarqué tous quand même que
01:04 dans la séquence sur la réforme des retraites,
01:06 il n'y a quasiment pas eu de violence avant le 49-3.
01:08 C'est-à-dire qu'au début de la première partie de la réforme des retraites,
01:11 il n'y a pas eu de violence structurée.
01:13 Il y a eu quelques personnes qui étaient...
01:14 - La CGT a coupé l'électricité dans des hôpitaux.
01:16 - Dans les manifestations.
01:17 - Attendez, quand même !
01:18 - Non, je parle des manifestations, on parle des Black Blocs.
01:21 - Quand on coupe l'électricité au sort d'un hôpital...
01:23 - C'est pas en manifestation, c'est différent.
01:24 Dans les manifestations, on parle des Black Blocs, on parle de la CGT.
01:27 Dans les manifestations, il n'y a pas eu de violence structurelle
01:30 de la part de groupes de Black Blocs dans les marches avant le 49-3.
01:33 - Donc vous nous dites que c'est la faute du gouvernement
01:35 s'il y a de la violence aujourd'hui dans les manifestations ?
01:36 - Non, ce n'est pas la faute du gouvernement.
01:37 C'est un climat politique où l'argumentation des Black Blocs...
01:42 Il faut bien voir que les Black Blocs, c'est quoi ?
01:43 C'est derrière, ce n'est pas seulement des gens qui cassent.
01:45 Derrière, il y a toute une idéologie qui est extrêmement structurée,
01:48 le comité invisible, etc.
01:49 Ce sont des gens qui ont toute une philosophie politique derrière.
01:52 Leur philosophie politique, c'est d'estimer, en gros, je caricature,
01:55 que le seul moyen de se faire entendre, c'est la violence.
01:57 Et si vous voulez, quand un gouvernement rentre dans cette logique-là,
02:01 eh bien, il leur donne de l'écho.
02:03 Sous-titrage Société Radio-Canada
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