• l’année dernière
ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr
Dans son émission média, Philippe Vandel et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Stéphanie Murat, réalisatrice et Sébastien Boueilh, ancien rugbyman et fondateur de l’association "Colosse aux pieds d’argile", pour "Le colosse aux pieds d'argile" sur TF1.
Retrouvez "L'invité média" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-du-grand-direct
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video


Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Europe 1.
00:02 La suite de Culture Média sur Europe 1 avec vous Philippe Vandel et vos invités. Bonjour Stéphanie Murat.
00:07 Bonjour Philippe Vandel. Vous êtes réalisatrice, vous signez une fiction ce soir sur TF1 en unitaire "Le colosse aux pieds d'argile"
00:13 avec Eric Cantona dans le rôle titre. Grand prix de la fiction au festival de Luchon. Fiction tirée d'une histoire vraie
00:19 et malheureusement ordinaire, c'en est même devenu un livre "Le colosse aux pieds d'argile", livre signé Sébastien Boueille. Bonjour.
00:27 Bonjour. Dans le film c'est Eric Cantona qui joue votre rôle,
00:30 "Le colosse aux pieds d'argile" c'est donc vous, vous étiez rugbyman avec la carrure, avec les clichés qui vont avec,
00:36 vous étiez un joueur prometteur et à l'âge de 11 ans et demi, à cet âge ça compte les demi,
00:40 votre vie a été brisée par un ami de vos parents.
00:44 Oui exactement, le mari de ma cousine exactement.
00:47 Mes parents avaient tellement confiance en lui qu'il fallait que je parte avec lui, que je rentre avec lui des entraînements de rugby.
00:54 Et ce que savait pas mes parents c'est que cette personne était un pédocriminel, puisque ça a été les premiers,
00:58 mes parents avoir été manipulés par ce
01:01 prédateur.
01:03 Et ce que savait pas mes parents et ce qui a été rendu visible justement dans le
01:07 dans le film, et grâce à ce film, c'est que cinq minutes avant de me ramener il me violait, cinq minutes après il buvait le café avec mes parents.
01:13 Et on me pose la question souvent "ça a pas été trop dur ce film pour vous ?"
01:17 Je dis non, au contraire j'ai revécu le plus beau jour de mon passé qui est le procès,
01:23 et ça a été dur pour mes parents qui eux ont vu la réalité en face,
01:26 et ont vu d'un quel piège ils étaient tombés également.
01:31 On va parler du film, mais vos parents ne l'ont pas découvert avec le film, ils l'ont pas découvert non plus avec le livre ?
01:35 Non non non non non non, c'est vrai que c'était les premiers à être informés de ce qui m'était arrivé,
01:40 et heureusement d'ailleurs.
01:42 Pour qu'on comprenne bien l'enjeu et le traumatisme, ça a duré combien de temps ?
01:47 Plus de quatre ans.
01:50 Et 18 ans de silence.
01:53 On va justement en parler. Alors Stéphanie Murat, c'est pas un récit journalistique,
01:56 vous avez choisi d'en faire une fiction, pour quelles raisons ? Qu'est-ce que ça apporte ? Qu'est-ce que vous avez changé ?
02:01 Qu'est-ce qu'on a changé ? On a dû adapter un tout petit peu l'histoire de Sébastien, en tout cas trouver un autre,
02:08 pour faire une triangulaire disons, qu'on ne pouvait pas raconter l'histoire de Sébastien qui allait de 9 ans jusqu'à 50 ans aujourd'hui,
02:15 donc il a fallu effectivement reconstituer l'histoire et rajouter un autre personnage qui est aussi un enfant,
02:20 qui va être sauvé par Eric, enfin j'en dis pas plus, bref.
02:24 Voilà, donc on a dû adapter...
02:27 On va écouter la bande-annonce, on va l'entendre et on en parle.
02:31 Il paraît que Dilu est un peu déprimé, c'est leur maison qui se vend pas sûrement.
02:38 Maman, pourquoi tu parles de Dilu ? Ça fait des années qu'on se voit pas.
02:41 Pourquoi tu parles de Dilu ?
02:42 Je m'en ai jamais dit pourquoi. Vous ne vous voyez plus.
02:44 Bon écoute, ça a tout gâché.
02:45 Pourquoi tu t'énerves comme ça ?
02:47 Papa, je veux plus aller au déplacement avec Dilu.
02:52 Tu veux arrêter le rugby ?
02:53 Pourquoi tu veux plus aller au match ?
02:55 Je le vois bien qu'on s'en va pas.
02:59 Qu'est-ce qu'il y a ?
03:00 Attends, on a un secret entre les deux.
03:02 On va t'offrir parce que tu y arriverais pas.
03:07 Il y a peut-être une autre raison.
03:08 J'étais comme toi quand j'étais petit.
03:10 C'est qui ? Une broche ?
03:11 César, il faut que tu parles.
03:13 C'est toi qui a parlé de ça. C'est quoi ?
03:19 Ce gamin, tu le sauveras pas si tu ne le sauves pas toi-même.
03:21 Sébastien Boueille, cet homme a abusé de vous pendant presque 4 ans,
03:26 s'en sont suivis ensuite 18 années de silence et de déni dans le film "C'est 30 ans".
03:30 Avant que vous ne portiez plainte, on va en reparler,
03:32 mais d'abord, pourquoi ne pouviez-vous rien dire pendant les faits et ensuite pendant 18 ans ?
03:38 Qu'est-ce qui bloquait votre parole ?
03:39 Ben lui, tout simplement.
03:41 Et comment ?
03:42 La place qu'il avait dans la famille.
03:43 Il est tellement apprécié par tout le monde.
03:45 Il était gentil, serviable, disponible, arrangeant.
03:47 Enfin, tout ce qu'on peut donner comme qualificatif à une personne appréciée.
03:53 Et puis la menace aussi.
03:55 Alors, on revient au début des années 90.
03:58 On ne disait pas homosexuel, on disait PD.
04:00 Tu sais, le rugby et être PD, c'est pas très compatible.
04:04 On va dire que t'es une tapette.
04:06 Donc si tu parles, on va dire ça de toi.
04:08 Voilà, exactement.
04:09 Et donc, il nous verrouillait la parole comme ça.
04:11 Mais surtout, avec la place qu'il avait dans la famille et dans le village.
04:16 On ne pouvait pas le dénoncer parce qu'on a eu peur de ne pas être cru aussi.
04:20 Il était tellement gentil.
04:22 C'était un ami de vos parents, c'était le mari de votre cousine.
04:24 Donc juste un mot, officiellement, c'était un homme qui aimait les femmes et pas les jeunes garçons.
04:29 Alors, il avait toutes les tares.
04:32 On a appris pendant le procès qu'il avait eu une relation homosexuelle suivie avec son frère.
04:40 Il avait couché avec sa sœur.
04:42 Il m'avait violé, il avait violé Mathieu et fait subir des attouchements à une autre, une troisième victime.
04:49 Et cette troisième victime, c'est grâce à lui que la parole s'est ouverte, s'est débloquée.
04:54 C'est la première victime.
04:56 Mathieu est la première victime qui avait un comportement sexuel dissolu.
04:59 Il a fait une hypnose partielle qui a révélé des viols qu'il avait subis pendant tout un été
05:03 par ce fameux criquette qui était son voisin et ami de ses parents aussi.
05:07 Après, je vais interroger Stéphanie, mais juste un mot, vous avez eu un rôle très actif dans cette fiction.
05:13 Le choix d'Éric Cantona, par exemple, comme comédien, c'est le vôtre ?
05:16 Alors non, c'est pas... J'ai orienté.
05:19 J'ai dit, on m'a posé la question, Sine Galon, un mec qui tape une, qui m'a posé la question
05:23 et qui m'a dit "Qui c'est que tu vois incarner le mieux ton rôle ?"
05:27 J'ai dit "Moi je pense à quelqu'un et j'en vois cœur parce que je pense qu'on a le même caractère."
05:31 - Éric Cantona. - Éric Cantona.
05:33 Et il a dit oui.
05:34 Et il me rappelle deux, trois mois après, il me dit "Bon, mais il a dit oui."
05:36 Stéphanie Murat, comment ça s'est passé sur le tournage ?
05:39 J'avais encore jamais vu une chose pareille.
05:40 D'abord, c'est un sujet qui n'est absolument pas facile à raconter.
05:43 Ce sont des scènes encore moins faciles à filmer, comme vous avez fait.
05:47 Et Sébastien a été présent sur le tournage, parfois.
05:49 Ah oui, il a été présent énormément.
05:51 De toute façon, je lui ai demandé depuis le début et je dirais que mon guide n'a été que de me plonger dans ses yeux
05:58 et de le regarder, de l'écouter.
06:00 Voilà, parce que c'est quand même une grande responsabilité que de raconter une histoire pareille.
06:04 Surtout quand la personne est présente et qu'elle est là.
06:09 Et puis aussi une responsabilité par rapport au nombre d'enfants à qui ça arrive.
06:14 C'était un sujet difficile, mais heureusement, la présence de Sébastien a été vraiment pour moi et pour Éric très très très importante.
06:23 Il a vraiment été notre guide.
06:25 Scène très forte, évidemment, quand le personnage de Sébastien, Éric, avoue à son père qu'il a été violé par cette amie de la famille.
06:32 Vous étiez présent au tournage de cette scène, Sébastien.
06:36 C'est la même question pour tous les deux.
06:38 Dans quel état émotionnel étiez-vous à ce moment ?
06:41 Parce que même quand on regarde la chose, moi j'ai vu le film, je sais que c'est de la fiction,
06:45 je sais que ça n'est pas arrivé à Éric Cantona, je ne peux pas m'empêcher d'avoir le cœur qui se serre.
06:49 D'abord, il faut penser à André Marcon qui joue le père et qui est un acteur exceptionnel.
06:54 Voilà, et comment ça se passe ?
06:57 Ça se passe comme tous les tournages, on se concentre, on dit moteur et puis on y va.
07:03 Ça c'est l'avis de l'opérationnel. Et vous-même, quel effet ça vous a de voir sur le combo, le combo c'est le petit écran,
07:07 de voir cette scène se rejouer, votre scène si j'ose dire.
07:11 Ça n'a pas été la plus sensible pour moi.
07:13 Ah bon ?
07:14 Non.
07:15 Laquelle a été la plus sensible ?
07:16 Le procès.
07:17 Ça a été une journée où déjà la veille j'étais rempli d'émotions et je pleurais avec le sourire
07:22 parce qu'en fait j'étais tellement heureux de repartir le lendemain dans ce tribunal pour entendre cette libération.
07:30 Et il y avait ton avocat d'ailleurs.
07:31 Et il y avait mon avocat qui est figurant.
07:33 Et cette scène, elle m'émeut, c'est celle quand je libère ma parole devant mes parents
07:40 parce que j'ai encore aujourd'hui beaucoup de peine pour eux qui sont dans une culpabilité énorme.
07:45 Évidemment, parce qu'ils n'ont rien vu, ils ne comprenaient pas ce qui est arrivé pour vous,
07:48 quand bien même vous ne leur parliez pas.
07:50 J'ai trouvé une déclaration de vous Sébastien Boyle très étonnante pour moi.
07:52 Vous dites "si je devais refaire l'histoire, ça peut choquer mais je ne changerais pas une virgule".
07:56 Ça surprend.
07:58 Vous ne regrettez pas ce que vous avez subi ?
08:01 Non, parce que ce que j'en ai fait aujourd'hui et ce qu'on en fait aujourd'hui quotidiennement...
08:06 Aujourd'hui j'ai publié un texte où je parle au petit Sébastien, je le remercie d'avoir parlé.
08:12 Mais vraiment, quand on voit toutes ces victimes que l'on libère grâce à ce témoignage, c'est extraordinaire.
08:19 Je vais dire ce que vous faites aujourd'hui.
08:21 Votre agresseur a d'abord été condamné à 10 ans de prison, c'est en 2013,
08:24 et puis vous avez monté cette association colosse au pied d'argile
08:27 qui vient en aide aux victimes d'agressions sexuelles, de viols et même de bizutages.
08:31 Il y a un numéro, le 0558 48 40 48.
08:34 Je sais, je l'ai dit vite, mais je parle vite, mais vous pouvez tout réécouter sur Europe 1.fr.
08:38 Et puis à l'occasion de la diffusion du film, le 119, là c'est facile,
08:41 le numéro d'appel pour l'enfance en danger va augmenter ses effectifs pendant quelques jours.
08:46 Un grand merci à tous les deux d'être venus dans Culture Média.
08:49 Stéphanie Murat et Sébastien Bouaille, d'un mot Sébastien ?
08:51 - Un mot. Ce film montre que les hommes aussi ont pu être victimes.
08:54 On a lancé un questionnaire dédié aux hommes victimes qui sont invisibilisés aujourd'hui.
08:59 Donc vous êtes un homme victime, n'hésitez pas à parler, n'hésitez pas à remplir ce questionnaire
09:03 qui est dédié pour vous, enfin.
09:05 - Merci beaucoup, merci d'avoir été avec nous. Culture Média continue.
09:10 Après les infos de 10 heures, notre invitée c'est la comédienne Agnès Jaoui.
09:13 Vous la connaissez Stéphanie Murat ? Vous m'avez dit que vous la connaissiez très bien, Agnès.
09:16 - Très bien, oui. - Voilà, elle a mis son casque pour dire très bien.
09:19 - Et je l'aime, et je l'aime.
09:21 - Qui la met en scène dans une masterclass, ça s'appelle "Le cours de la vie".

Recommandations