Face à l'Info du 02/05/2023

  • l’année dernière
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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Transcript
00:00 -Bonsoir à tous. Comment vont mes mousquetaires de l'info ?
00:03 -T'es pas nul d'or ! -Charles, qu'est-ce qu'il y a ?
00:06 -Ah bah non, mais c'est d'une classe !
00:07 Oh ! Vous avez du vocabulaire !
00:10 -Il est agréable. -Une éducation !
00:13 -Ça va, ma beauté ? -Très bien.
00:15 -Tout en paillettes, tout en beauté. Ça va, le méchant ?
00:18 Rires.
00:20 -C'est le bilingue du plateau.
00:22 -Ça va, le beau gosse et la pochette ?
00:24 Dimitri, vous avez laissé mon muguet hier ?
00:26 -Non.
00:27 J'ai eu peur pour lui en vélo. Je me suis dit qu'il allait faire un vol.
00:30 -Je vous l'ai gardé. Je vous le redonne l'année prochaine.
00:33 -L'année prochaine.
00:34 -C'est pas mal, sur le vélo. Ça fait clochette.
00:36 Rires.
00:38 -Monsieur est en forme. La Minute Info, Adrien Spiteri.
00:40 ...
00:44 -Elisabeth Borne apporte son soutien aux forces de l'ordre.
00:47 La Première ministre a fait lever les députés aujourd'hui
00:50 pour leur rendre hommage.
00:51 Au lendemain des manifestations du 1er mai,
00:54 au total, 406 membres des forces de l'ordre
00:57 ont été blessés hier.
00:59 L'inflation repart à la hausse dans la zone euro.
01:02 7 % en avril contre 6,9 % en mars.
01:06 Ce chiffre pourrait encourager la Banque centrale européenne
01:10 à augmenter ses taux d'intérêt lors d'une réunion jeudi.
01:13 Les prix de l'alimentation continuent notamment de flamber.
01:16 Plus 13,6 % en avril.
01:19 Et puis, Antonio Gutiérrez dénonce des restrictions
01:22 imposées aux femmes en Afghanistan.
01:23 Le secrétaire général de l'ONU a participé à une réunion
01:27 aujourd'hui à Doha avec plusieurs représentants de puissance mondiale.
01:31 Le but, s'accorder sur l'approche à adopter
01:33 envers les autorités de Kaboul.
01:35 Depuis le retour des talibans au pouvoir en août 2021,
01:39 les droits des femmes ont été considérablement réduits.
01:42 -Au sommaire, ce soir, la police est attaquée,
01:48 l'ordre est ébranlé, la République est attaquée,
01:52 la France est donc attaquée.
01:54 406 policiers et gendarmes blessés hier
01:57 sur les manifestations du 1er mai.
01:58 Certains ne sont toujours pas rentrés chez eux,
02:01 mais hospitalisés.
02:03 Plusieurs regards se tournent vers Jean-Luc Mélenchon,
02:05 qui a souvent fustigé la police.
02:07 "Barbare, bon à rien, factueux", pour les plus nuancés.
02:10 "Cette police violente", ou encore "la police tue",
02:12 pour les affirmations les plus cinglantes.
02:14 Jusqu'à quand cette tolérance devant les incitations à la haine
02:18 envers les forces de l'ordre ?
02:20 L'édito de Mathieu Bourgeté.
02:23 -La présidentielle turque, qui a lieu dans 10 jours,
02:26 s'importe en France avec des incidents.
02:29 A Bordeaux, Marseille, Paris,
02:31 des incidents qui ont lieu entre partisans et opposants
02:34 aux présidents sortants à Erdogan,
02:36 alors que se tenait en France le vote des expatriés turcs.
02:39 Pourquoi la présidentielle s'importe-t-elle en France ?
02:43 L'analyse de Dimitri Pavlenko.
02:44 Les députés s'inquiètent des traces que laissera la réforme des retraites
02:49 après ces violentes manifestations hier, après les gilets jaunes.
02:53 Quel sera le monde d'après le décryptage de Charlotte Dornelas ?
02:57 Quand la pauvreté de l'expression s'invite à l'Assemblée nationale,
03:02 c'est le titre d'une enquête du Figaro.
03:04 Jamais dans l'histoire politique,
03:06 le niveau de la langue au sein du palimborbon ne s'est autant détérioré
03:10 au risque d'alimenter le climat d'antiparlementarisme ambiant,
03:13 Marc Menon raconte.
03:15 Et puis le pape François propose de repeupler les villages d'Europe
03:19 avec des migrants,
03:20 pour compenser la chute de la natalité autochtone en Europe.
03:23 Un peu d'humanité et de charité chrétienne pour les migrants,
03:27 pour un grand remplacement prôné par le chef des catholiques.
03:31 Est-ce là, finalement, la mission de la catholicité ?
03:33 L'édito de Mathieu Bocoté.
03:35 Une heure pour prendre un peu de hauteur avec nos mousquetaires.
03:40 En commentaire, on décrit, on analyse. Et c'est maintenant.
03:43 [Musique]
03:55 L'échange violent entre Gérald Darmanin et le député insoumis Antoine Léaumant
04:00 tout à l'heure à l'Assemblée en Dillon,
04:01 l'un reprochant à l'autre de ne pas avoir de mots pour les policiers blessés.
04:06 La France a du mal à cicatriser au lendemain des violences du 1er mai.
04:11 406 policiers et gendarmes blessés.
04:13 Et on pourrait interpréter une partie des événements d'hier
04:15 comme un appel à tuer du flic, ce qui nous protège.
04:19 Beaucoup de regards se tournent vers Jean-Luc Mélenchon,
04:21 qui a banalisé, passé sous silence, ou même légitimé les violences
04:25 contre les forces de l'ordre tous ces derniers mois, Mathieu Bocoté.
04:28 Il lui est aussi arrivé d'appeler à la fraternisation avec les forces de l'ordre.
04:32 Comment comprendre cette stratégie ? À quelle logique répond-elle ?
04:37 Il faut chercher à rentrer dans la tête de Jean-Luc Mélenchon
04:41 pour voir quel est son rapport au monde.
04:42 Parce que, manifestement, cet homme ne pense pas dans les mêmes termes
04:46 que le citoyen ordinaire, qu'il soit de centre, de gauche ou de droite.
04:50 Il a un tout autre rapport à la République, un tout autre rapport à la politique,
04:54 un tout autre rapport à la violence.
04:56 Il faut entrer dans sa tête pour comprendre le sens de ces déclarations
04:59 qui peuvent nous sembler outrancières et qui le sont, soit dit en passant.
05:03 Point de départ, un appel il y a quelques jours à la fraternisation.
05:06 C'est très particulier, ça.
05:08 Donc on est aujourd'hui dans une démocratie libérale en France,
05:10 une république en France, et il demande aux forces de l'ordre,
05:13 au moment des manifestations du 1er mai, rejoignez-nous.
05:16 Il demande, autrement dit, aux forces de l'ordre,
05:19 responsables d'assurer la sécurité publique, la sécurité des citoyens,
05:22 de désobéir à l'État, de trahir leur mission,
05:27 de se retourner contre l'État pour rejoindre les manifestants.
05:31 Ça, c'est un appel objectif à l'insurrection.
05:35 C'est une logique de factieux pour tous ceux qui sont à la recherche
05:38 de propos anti-républicains, pour tous ceux qui sont à la recherche
05:42 de gestes qui seraient objectivement factieux et extrêmes,
05:46 ou extrémistes, pour reprendre les termes à la mode, en voilà un.
05:49 Mais, quoi qu'il en soit, on ne lui fait pas le reproche.
05:52 Pourtant, Jean-Luc Mélenchon est clair, il ne cherche pas à dissimuler sa pensée.
05:57 Je cite une de ses phrases qui a quand même circulé beaucoup ces derniers jours.
06:00 « Abat la mauvaise république ! »
06:02 « Abat la mauvaise république ! »
06:05 Imaginons si un seul instant, Marine Le Pen ou Éric Zemmour
06:08 ou quelqu'un à droite utilisait cette formule.
06:10 La République serait en danger.
06:12 Là, « Abat la mauvaise république ! »
06:14 Et ça passe comme ça, ça passe comme si ça allait de soi.
06:17 On le sait, pour Jean-Luc Mélenchon, c'est l'appel à la 6e République qui compte.
06:20 Mais nous en avons premièrement fraternisation,
06:23 alliance des policiers et des manifestants.
06:26 Deuxièmement, « Abat la mauvaise république ! »
06:29 Et là, on arrive à la question de la violence qui est centrale.
06:32 Et je pense que c'est vraiment la question qu'on doit se poser.
06:34 Comment Jean-Luc Mélenchon pense-t-il la violence politique ?
06:37 Alors, si on est familier avec deux ou trois auteurs en sociologie,
06:40 en philosophie politique, on connaît même la formule
06:42 « L'État a le monopole de la violence légitime. »
06:45 Et on est normalement tous d'accord avec ça.
06:47 C'est le point de définition consensuel de l'État moderne selon Weber.
06:51 Puis on peut remonter à Hobbes qui disait à peu près la même chose de sa manière.
06:54 Jean-Luc Mélenchon n'est pas d'accord avec ça.
06:57 Il faut comprendre que Jean-Luc Mélenchon a un désaccord fondamental
07:00 par rapport au rôle de la violence.
07:02 Qui a le monopole de la violence légitime pour Jean-Luc Mélenchon ?
07:06 C'est Jean-Luc Mélenchon lui-même, le mouvement qu'il incarne,
07:10 le mouvement dit révolutionnaire, le mouvement qui veut transformer l'histoire.
07:14 Donc ce n'est plus l'État qui a le monopole de la violence légitime pour lui,
07:17 c'est le mouvement dont il se veut le porte-parole.
07:19 Je cite hier sa déclaration tweet.
07:21 « Le maintien de l'ordre » dit-il en guillemets,
07:25 « hier a tourné une fois de plus à une absurde violence générale,
07:29 Darmanin en est 100% responsable.
07:33 C'est pourquoi il veut reporter sa responsabilité sur les autres.
07:36 Les policiers devraient se méfier d'un chef aussi lamentable. »
07:40 Je comprends que pour M. Mélenchon, les milices d'ultra-gauche qui arrivent armées,
07:46 qui arrivent avec l'intention de tuer des policiers,
07:50 lancer un cocktail molotov sur un policier, c'est une tentative de meurtre.
07:54 Je ne sais pas comment on va qualifier ça juridiquement,
07:57 mais le commun des mortels, dont je me veux le porte-parole à ce moment précis,
08:00 considère que lancer un cocktail molotov sur un policier,
08:02 c'est une tentative de meurtre.
08:04 Nous sommes devant des gens qui se comportent comme des assassins.
08:07 Je ne sais pas tous les black box...
08:09 - Vous parlez comme Marine Le Pen, entre parenthèses.
08:11 - Qui parle comme 99% des Français, je crois, sur cette question-là.
08:14 Et franchement, je pense que quiconque en ce moment dit
08:17 « nous sommes devant des gens qui ont une logique d'assassin »,
08:19 nomme simplement la réalité des choses.
08:21 Mais Jean-Luc Mélenchon nous dit « non, non, non,
08:23 ce ne sont pas des gens qui attaquent les policiers,
08:25 ce ne sont pas ceux qui foutent le feu,
08:27 ce ne sont pas ceux qui veulent bordéliser objectivement,
08:30 qui sont à l'origine du mal,
08:32 ce sont les gardiens de l'ordre, les gardiens de la sécurité ».
08:36 Alors, il faut comprendre, qu'est-ce qu'il nous dit à travers ça ?
08:38 Je disais, pour lui, la légitimité de la violence,
08:41 le monopole de la violence légitime n'appartient pas à l'État.
08:43 Ça appartient au mouvement parti.
08:45 Et les filles, c'est une forme de psychologie féministe.
08:48 Jean-Luc Mélenchon nous dit « il y a une cause,
08:50 une cause plus importante que tout, c'est la révolution,
08:52 telle qu'il l'a définie ».
08:54 La légitimité peut bien le penser.
08:56 Dès lors, l'État est un obstacle sur le chemin de cette révolution
08:59 parce qu'il empêche les forces insurrectionnelles,
09:01 il empêche les forces vivantes,
09:03 il empêche les forces transgressives d'émerger
09:06 et de faire tomber le vieux monde qui entrave,
09:09 qui empêche, qui inhibe, qui étouffe la révolution.
09:12 Dès lors, qu'est-ce qu'on peut faire ?
09:14 Tout ce qui est bon pour faire tomber ce vieux monde est légitime.
09:18 Et quand on voit la violence de l'État, violence légitime
09:20 pour défendre les biens, pour défendre les personnes,
09:22 pour défendre la propriété, pour défendre les individus,
09:24 il s'agit pour lui d'une violence de système
09:27 à laquelle répond la contre-violence défensive des manifestants.
09:31 Et on aura compris que Jean-Luc Mélenchon, de ce point de vue,
09:33 est le prince de l'amalgame.
09:35 Parce qu'il considère finalement que les « black bloc » violents
09:38 sont les véritables représentants des manifestants.
09:41 Quand il nous dit « le peuple est en colère,
09:43 le peuple est prêt à la violence », non, non, non, non, non,
09:45 l'immense majorité des gens qui manifestaient hier
09:47 n'étaient pas prêts à la violence,
09:49 n'étaient pas prêts à la destruction des biens,
09:51 des choses, ils ne voulaient pas attaquer les policiers,
09:53 ils ne voulaient pas tuer des policiers.
09:55 Quand Jean-Luc Mélenchon décide de dire « le peuple est violent »,
09:57 c'est qu'il y a un esprit d'amalgame chez lui,
10:00 il dit finalement que les « black bloc » sont les vrais représentants du peuple.
10:03 Il va encore un peu plus loin,
10:05 il nous dit, c'est cette espèce de leader maximum
10:07 un peu tardif dans sa carrière,
10:09 il nous dit « même les élections,
10:11 même les élections ne génèrent pas une légitimité suffisante. »
10:14 On sait que Jean-Luc Mélenchon, s'il gagne les élections,
10:17 alors c'est très bien, la révolution est autorisée,
10:19 on part ensemble.
10:21 Si la révolution, si les élections sont perdues,
10:23 qu'est-ce qu'on fait? Il y a le troisième tour social.
10:25 Si le troisième tour social ne fonctionne pas,
10:27 qu'est-ce qu'il y a? Il y a la censure sociale,
10:30 il y a la légitime défense sociale.
10:32 J'y reviens parce que c'est vraiment important,
10:34 il faut garder ça à l'esprit.
10:36 Quand Jean-Luc Mélenchon parle de violence,
10:38 de son point de vue, la violence légitime,
10:40 c'est celle qui est portée d'une manière ou de l'autre
10:42 par le mouvement de gauche radicale
10:44 dont il se veut l'expression politique.
10:47 Et la violence de l'État n'est plus une violence légitime,
10:50 il y a un renversement du cadre d'analyse
10:53 et si on ne comprend pas ça,
10:55 on ne comprend pas ces déclarations multiples,
10:57 nombreuses, qui visent à semer le chaos.
11:00 - Et c'est ça qui explique la dénonciation
11:02 de plus en plus violente des forces de l'ordre?
11:05 - Oui, je crois, je crois.
11:07 C'est-à-dire qu'on est devant quelqu'un
11:09 qui doit toujours pousser plus loin.
11:11 Jean-Luc Mélenchon n'a pas d'avenir
11:13 comme chef politique modéré appelé à discuter
11:15 avec la social-démocratie centriste.
11:17 Dans ce rôle, il est très mauvais.
11:19 Je reviendrai, vouloir quitter la scène.
11:21 Un homme politique comme ça ne veut pas quitter la scène,
11:23 il veut mourir sur scène, il veut être là jusqu'à la fin,
11:25 il veut faire son spectacle jusqu'à la fin,
11:27 aussi pathétique soit-il.
11:29 Dès lors, il a besoin d'en rajouter toujours.
11:31 Plus la situation est explosive, plus il est histrionique,
11:34 plus il prépare une scène qui lui convient.
11:37 Il y a aussi une dimension, soit dit en passant, électorale,
11:39 je ne m'y attarde pas, mais ça compte.
11:41 Jean-Luc Mélenchon croit, par ailleurs,
11:43 fidéliser une partie du vote des banlieues
11:45 en utilisant la rhétorique antipoliciaire.
11:48 En cherchant à convaincre les populations des banlieues
11:51 qu'elles sont victimes d'une forme de harcèlement néocolonial
11:54 et les policiers seraient les représentants en France
11:57 de l'ordre colonial qui aurait persécuté leurs parents chez eux.
12:00 Donc ça, il joue, il crée ce sentiment.
12:03 Lorsque ce sentiment est mineur, il l'amplifie,
12:05 lorsqu'il est absent, il le crée,
12:07 avec cette idée que c'est ainsi qu'il sera capable
12:09 d'augmenter sa base électorale.
12:11 Cela dit, faisons la liste pour le plaisir
12:13 de quelques-unes de ses déclarations sur trois ou quatre ans.
12:15 Voir jusqu'où peut-il aller lorsqu'il parle des policiers.
12:18 Je vais du plus récent au plus ancien.
12:20 Mars 2023, à propos des bravehèmes,
12:23 « Il est anormal de monter sur une moto pour tabasser des gens.
12:27 Nous enverrons ces gens se faire soigner. »
12:30 Jean-Luc Mélenchon psychiatrise les policiers,
12:33 psychiatrise ceux qui risquent leur vie pour assurer l'ordre public.
12:37 Ces gens ont besoin d'être soignés.
12:39 Pour lui, les policiers, les gens de la bravehème,
12:41 ce sont des malades.
12:43 C'est quand même assez particulier, mais c'est une déclaration forte
12:45 qui nous en dit beaucoup.
12:46 Pour lui, la rationalité n'est pas du côté de l'ordre,
12:49 elle est du côté de ceux qui veulent, d'une manière ou de l'autre,
12:51 faire tomber l'ordre, quitte à taper un jour ou l'autre sur les bravehèmes.
12:54 26 mars, « Assez de violences policières à Sainte-Céline.
12:58 Assez. Sans les bravehèmes, sans ce cirque,
13:00 il ne se passerait absolument rien d'autre
13:02 qu'une marche dans les champs. »
13:04 C'est génial.
13:06 Globalement, si jamais vous entrez chez moi,
13:08 vous cherchez à tout dévaliser, à tout voler,
13:10 si je ne vous résiste pas, je ne risque rien.
13:12 Mais si je résiste pour défendre mon bien,
13:14 c'est de ma faute.
13:16 Finalement, je me retrouve avec un coup de poing sur la gueule ou autre chose.
13:19 Autrement dit, ne vous défendez pas
13:21 lorsqu'il y a des milices d'ultra-gauche violentes
13:23 qui veulent tout saccager et faire un immense chaos,
13:26 parce que si vous vous défendez, c'est de votre faute
13:28 que vous serez le responsable de la chose.
13:30 21 février 2021, il assimilait,
13:33 dans le cadre d'une émission de...
13:35 C'était reconduit dans le cadre d'une émission de Cyril Hanouna,
13:37 les policiers à des barbares.
13:39 Et il considérait que ceux qui se taisaient dans la police
13:42 devant les actes barbares des uns et des autres
13:45 étaient eux-mêmes des barbares.
13:47 Est-ce que je comprends que pour Jean-Luc Mélenchon,
13:49 lorsqu'on se tait devant la violence de certains, on est barbare,
13:51 que doit-je dire, puisqu'il se tait devant la violence
13:53 des milices d'ultra-gauche?
13:55 Je lui laisse le raisonnement.
13:57 14 juin 2020, il plaidait dans les suites de l'affaire Floyd aux États-Unis,
14:00 comme quoi ce grand patriote français hexagonal et jacobin
14:03 prend son agenda quelques fois aux États-Unis.
14:06 Eh bien, il plaidait pour une police aussi désarmée que possible.
14:10 Là, si on trouvait des déclarations prises chez les Insoumis,
14:13 rappelons-nous simplement celles de M. Boyard,
14:15 M., je sais pas trop, Louis Boyard, allons-y comme ça,
14:17 ou Boyard, ou Louis, rappelons-le Louis.
14:19 Alors, Louis qui considérait que la police tue.
14:22 La police tue.
14:24 Donc faites la liste de ces déclarations,
14:25 et il y en aurait beaucoup d'autres.
14:26 J'aurais pu en énumérer pendant plusieurs minutes encore.
14:29 Qu'est-ce que vous avez?
14:30 Vous avez une stratégie consciente, pensée,
14:32 de délégitimation de la police,
14:35 délégitimation des forces de l'ordre,
14:37 de délégitimation de l'État.
14:39 On oublie pourtant de le traiter d'antirépublicain.
14:42 Je peux citer une ou deux encore?
14:44 Mais allez-y.
14:45 J'ai vu la police tue,
14:46 et comme vous l'avez dit,
14:47 le groupe factueux Allianz justifie les tirs et la mort
14:50 pour un refus d'obtempérer.
14:51 La honte s'écant.
14:52 Juin 2022.
14:53 J'ai vu les barbares, vous l'avez dit.
14:55 J'ai vu encore cette police violente
14:56 qui fait ce qu'elle veut, quand elle veut.
14:58 Et c'est intéressant de s'arrêter
15:00 sur la multiplication effectivement de ces propositions.
15:04 C'est plus un érapage,
15:05 c'est un discours, c'est une stratégie.
15:07 Alors reprenons Mathieu Bocotte.
15:09 La première question,
15:10 quelle stratégie y a-t-il justement
15:13 derrière ce rapport à la police?
15:15 Jean-Luc Mélenchon veut vraiment plonger la France dans le chaos?
15:18 Oui ou non?
15:19 Ce n'est pas seulement du théâtre,
15:20 comme certains le prétendent, non?
15:22 - Vous savez, on en dit souvent de Jean-Luc Mélenchon,
15:24 ce discours, chez certains,
15:25 des gens qu'ils n'ont connus autrefois.
15:26 Vous savez, on l'a connu, vieux sénateur socialiste,
15:28 il joue à la radicalité, mais il n'y croit pas.
15:30 Moi, je crois qu'il y croit.
15:32 Je lui ai acquis au fil des temps une conviction,
15:35 aucun homme politique ne peut demeurer sur la scène
15:37 s'il ne croit pas qu'il y a une chance sur un million
15:40 qu'un miracle se produise et puisse le propulser
15:42 au premier rang pour qu'il en rencontre enfin son destin.
15:45 Donc, il y a probablement une partie du cerveau de Jean-Luc Mélenchon
15:48 qui croit qu'il pourra devenir sur le tard.
15:50 Vous savez, De Gaulle ne voulait pas devenir un dictateur à 67 ans,
15:53 mais Jean-Luc Mélenchon a des espoirs contraires.
15:55 Et on peut s'imaginer qu'il souhaite devenir à sa manière
15:58 une forme de Castro hexagonale, tardif,
16:00 pour enfin accomplir son destin,
16:02 si les circonstances lui permettaient.
16:04 Mais je crois qu'il ne deviendra pas le Castro qu'il souhaite devenir.
16:07 Donc, plus concrètement,
16:08 cette rhétorique histrionique, cette rhétorique violente,
16:11 cette rhétorique révolutionnaire, vraiment,
16:14 sert d'abord à assurer sa place dans le paysage politique.
16:17 Vous connaissez la phrase de Jean-Marie Le Pen
16:19 «un front national modéré, ça n'intéresse personne»,
16:22 mais Jean-Luc Mélenchon pense de la même manière
16:24 «un Jean-Luc Mélenchon modéré, ça n'intéresse personne».
16:27 La condition de sa présence dans l'espace public,
16:29 c'est un Jean-Luc Mélenchon toujours plus radical,
16:31 toujours plus explosif,
16:32 ça lui permet d'ailleurs de contrôler ses troupes.
16:34 Parce que si quelqu'un décide d'être en dissidence avec lui
16:36 lorsqu'il a traité un propos insurrectionnel,
16:39 c'est l'occasion de dire «vous êtes infidèle,
16:40 vous êtes déloyale, d'or».
16:42 Donc c'est une manière de contrôler véritablement son parti,
16:45 son mouvement,
16:46 puis à travers tout ça,
16:47 réhabilitation d'une imaginaire révolutionnaire
16:49 qui percole dans la société,
16:51 la violence politique est de retour,
16:53 aussi bien dans les mouvements trans, radicaux,
16:54 on en a souvent parlé,
16:55 lorsque le tribunal juridique normal
16:58 est sacrifié au nom du tribunal populaire
17:00 dans la question des violences sexuelles,
17:02 quand la gauche numérique décide de pratiquer
17:04 l'hébergement à répétition sur les réseaux sociaux,
17:06 quand l'IB dénonce la violence policière
17:09 mais ne dit pas un mot
17:10 sur l'ultra-gauche milicienne et agressive,
17:12 l'héritage de Jean-Luc Mélenchon, finalement,
17:14 lorsqu'il ne sera pas devenu Fidel Castro,
17:16 ce sera l'héritage d'une passion révolutionnaire réactivée,
17:19 une théorie de la violence légitimée
17:21 et une haine de la police normalisée.
17:23 - On allait passer le temps,
17:24 mais j'ai une petite question subsidiaire.
17:25 La NUPES va fêter ses un an, ce week-end.
17:28 Jean-Luc Mélenchon a gagné?
17:30 - Oui, c'est-à-dire, il n'est pas président,
17:32 mais il a gagné parce qu'il demeure au coeur du jeu politique.
17:34 Fondamentalement, c'est lui qui tire avantage,
17:36 c'est pas le seul,
17:37 mais il a tiré avantage de la crise des retraites,
17:39 il est au coeur de son mouvement,
17:40 c'est lui qui domine la gauche radicale,
17:42 c'est lui qui tire un langage insurrectionnel,
17:44 et il réussit à capter l'attention de tous,
17:46 l'imaginaire de tous,
17:47 et il normalise une culture de la violence politique
17:49 qui cadre avec son imaginaire très 1793.
17:52 De ce point de vue, je ne sais pas si lui a gagné,
17:54 mais il crée des conditions
17:55 pour que le mélenchonisme se perpétue.
17:57 - Merci pour votre regard.
17:58 Nous passons d'Éric, c'est hier après-midi,
18:00 à Marseille, Dimitri,
18:02 autour d'un bureau de vote pour les élections générales,
18:04 tenez-vous bien, Turc, mais ça se passe à Marseille.
18:07 Le scrutin est fixé le 14 mai en Turquie,
18:10 mais la diaspora peut déjà voter.
18:12 Alors, on compte au moins quatre blessés à Marseille,
18:14 mais il y a aussi Paris, Bordeaux,
18:15 où il y a eu des affrontements, on va dire.
18:18 Les forces de l'ordre ont dû intervenir à deux reprises
18:20 pour séparer les partisans et les opposants
18:24 de réceptes à Hypernogan.
18:25 Alors, le président turc au pouvoir depuis 20 ans
18:28 n'est pas tout à fait certain de l'emporter.
18:31 Et vous nous dites ce soir, Dimitri,
18:33 qu'il faut justement regarder un peu
18:35 ce qui se passe sur ces élections.
18:36 - Eh oui, parce que ces événements marseillais,
18:38 bordelais, parisiens, nous prouvent que ces élections
18:42 se jouent en partie sur le sol français.
18:44 Donc, selon l'INSEE, il faut savoir qu'on compte en France
18:47 entre 500 et 700 000 Turcs d'origine,
18:50 c'est-à-dire en fait, première ou deuxième génération,
18:52 c'est sûrement un à deux millions,
18:54 si vous ajoutez ceux qui sont plus anciennement en France.
18:57 Il y avait des Turcs en France depuis longtemps,
18:59 mais véritablement depuis 1965,
19:03 depuis la deuxième partie des années 60.
19:06 C'est en France la deuxième communauté turque d'Europe
19:09 après celle de l'Allemagne.
19:10 Les Turcs sont principalement implantés en Alsace,
19:12 Franche-Comté, Rhône-Alpes et la région parisienne.
19:15 Et c'est une diaspora, la diaspora turque,
19:17 qui a des traits assez particuliers.
19:19 Elle a une réputation de fermeture
19:21 et d'allégeance au pays d'origine.
19:23 Dans l'archipel français, vous savez, le livre de Jérôme Fourquet,
19:25 il parle même d'un isola turc.
19:27 On sait par diverses études, je vais vous donner quelques traits,
19:30 vous allez comprendre,
19:31 93% des femmes descendantes d'immigrés turcs en France
19:35 épousent un conjoint turc ou d'origine turque
19:38 et avec même une préférence pour des Turcs de Turquie
19:41 plutôt que pour des Turcs de la diaspora en France.
19:44 Il y a une réticence, voire un refus de l'acculturation,
19:47 c'est-à-dire l'adaptation, l'assimilation en France.
19:52 Ça va se voir dans la pratique de la langue.
19:54 Par exemple, vous prenez l'enquête "Trajectoire et origine"
19:57 qui est publiée par l'Ined en 2016
20:00 qui révélait que seuls 31% des femmes turcs,
20:03 57% des hommes immigrés turcs
20:05 se déclarent à l'aise à l'oral en français.
20:08 Donc c'est un peu plus d'un homme sur deux
20:10 et moins d'une femme sur trois, à l'aise avec le français.
20:13 C'est le niveau le plus bas de l'étude
20:15 qui s'intéresse aux diasporas les unes après les autres.
20:18 Mais en revanche, vous prenez les enfants turcs
20:20 quand ils vont à l'école en France,
20:22 très nombreux à suivre ce qu'on appelle les ELCO,
20:24 c'est-à-dire les enseignements de langue et de culture d'origine.
20:27 Ce sont des cours en langue turque,
20:30 sur la culture turque, délivrés par des enseignants turcs,
20:33 mis à disposition par le gouvernement turc.
20:35 Bravo l'intégration.
20:36 Bravo l'intégration, vous avez raison.
20:38 C'est l'école, c'est l'éducation nationale
20:40 qui organise les ELCO, je vous rappelle.
20:42 C'est pour ça que je dis.
20:43 Et la diaspora turque, elle est très attachée à sa turcité.
20:48 Et la turcité se repose sur deux piliers.
20:50 Vous avez la langue turque, donc,
20:52 et puis vous avez évidemment l'islam, l'islam turc en France,
20:54 qui est structuré de manière totalement séparée.
20:56 Il y a des églises turques où il n'y a que des turcs qui vont...
20:59 Des églises, des mosquées, pardonnez-moi.
21:01 Et des mosquées qui sont animées par des imams officiels
21:05 qui relèvent de la dyanète.
21:07 Donc la dyanète, c'est le ministère des affaires religieuses turques,
21:10 ou bien par des confréries qui sont proches d'Ankara,
21:13 type Milli Gorouch.
21:14 Je ne sais pas si vous vous souvenez,
21:15 Milli Gorouch, on en avait parlé parce qu'il y a deux ans,
21:17 la mairie de Strasbourg avait envisagé
21:20 une subvention de 2,5 millions d'euros
21:21 pour les aider à construire une mosquée à Strasbourg.
21:23 Donc pour toutes ces raisons,
21:25 si je prends le temps de vous expliquer tout ça,
21:27 c'est parce que ce qui se passe en Turquie ne reste pas en Turquie.
21:31 Ça se diffuse dans la diaspora en France.
21:34 Et donc les affrontements marseillais nous révèlent quoi ?
21:37 L'ampleur des tensions politiques
21:40 qui ont lieu en cours actuellement en Turquie.
21:42 Vous l'avez dit, le président Erdogan est en difficulté
21:45 et pour la première fois en 20 ans de règne,
21:48 effectivement, il n'est pas du tout assuré
21:49 de l'emporter lors des élections générales.
21:51 Alors qu'est-ce qui se passe ?
21:52 Rappelons qu'il a beaucoup critiqué Emmanuel Macron.
21:56 Qu'est-ce qui se passe ?
21:57 Est-ce que c'est la conséquence du séisme
21:58 qui a ravagé aussi le pays, peut-être en février ?
22:01 Il avait interrogé la santé mentale d'Emmanuel Macron.
22:03 Il avait traité la Merkel de nazi aussi récemment, le président Erdogan.
22:06 Il n'a pas sa langue dans sa poche.
22:07 Il n'a pas sa langue dans sa poche.
22:08 Mais là, on dirait quand même qu'il a un peu peur
22:10 à la veille des élections.
22:12 Oui, et il n'est pas très en forme physiquement, on va en parler.
22:16 Le séisme, vous avez raison, début février,
22:17 on rappelle 50 000 morts, 1 million de déplacés.
22:20 Ça pèse lourd, évidemment, parce que la gestion
22:22 par les autorités turques du séisme a été, on va dire, chaotique.
22:26 Et les Français sont allés là-bas pour les aider.
22:28 Oui, et d'ailleurs, les Européens noient les Turcs sous les bisous, en fait.
22:32 Avec l'idée, l'arrière-pensée de se dire aussi
22:35 qu'il ne faut pas du tout laisser à Erdogan
22:37 le soin finalement d'être celui qui va sauver les Turcs.
22:41 Il y avait une arrière-pensée dans l'aide qu'on a déversée
22:45 dans cette diplomatie du séisme, comme on l'a appelée.
22:47 Et les Turcs ont découvert quelque chose d'intéressant,
22:49 c'est un peu la face cachée du miracle économique turc des années 2000.
22:53 Parce que, vous savez, Erdogan, c'est une très forte croissance
22:56 dans la décennie 2000, un peu comme le président Lula au Brésil, d'ailleurs.
23:00 Et essentiellement, ça a été une bulle immobilière très importante.
23:04 Et les Turcs ont découvert que les autorités turques
23:06 ont donné des permis de construire dans des zones sismiques
23:09 sans s'assurer que les normes sismiques avaient été bien respectées.
23:13 C'est ça qui s'est passé dans cette région d'Anatolie.
23:16 Mais il n'y a pas que ça.
23:18 L'inflation en Turquie, là, on est à 100% sur un an.
23:21 C'est pour ça que la question du coût de la vie, elle est importante chez nous.
23:23 Chez eux, c'est bien plus important.
23:25 La livre turque, la monnaie turque, sa valeur a été divisée par 50
23:29 en l'espace de 5 ans par rapport à l'euro, pour vous donner une idée.
23:33 Et puis le style Erdogan, qui est très agressif,
23:36 de plus en plus personnalisé, ça finit un peu par lasser.
23:41 Et on voit qu'Erdogan est assez affaibli.
23:42 C'est un homme qui a 69 ans.
23:44 Il a historiquement, si je puis dire, des problèmes intestinaux importants.
23:48 Ça fait une dizaine d'années qu'il se trimballe ça.
23:50 Et la semaine dernière, il est apparu malade.
23:52 Alors, officiellement, un virus intestinal.
23:54 Enfin, il n'avait vraiment pas l'air très en forme.
23:56 Et face à lui, cette fois-ci, il a un adversaire qui est très sérieux.
23:59 C'est un homme qui s'appelle Kemal Kiliç Daroglu.
24:02 Pardonnez mon turc, mais j'ai vérifié la prononciation.
24:05 C'est ça, Kiliç Daroglu, surnommé le "Gandhi turc".
24:09 Et cet homme, en fait, est le leader d'une...
24:12 Il est le candidat unique d'une coalition de six partis
24:15 qu'on appelle la "Table des Six".
24:17 Et arc qui va de la droite nationaliste à la gauche démocrate.
24:20 Vous voyez, en termes d'en même temps, là, on fait du très très fort.
24:23 Et pour vous donner une idée de la lourdeur de l'ambiance
24:26 de la campagne en Turquie actuellement,
24:28 il y a trois semaines, vous avez eu des tirs d'armes à feu
24:31 qui ont visé les façades des sièges de plusieurs des partis membres
24:34 de cette coalition de la "Table des Six".
24:38 La "Table des Six" n'a pas le droit...
24:39 La télévision turque ne diffuse pas les spots de ce candidat-là.
24:44 Voilà. Et puis, il y a une passion en Turquie pour les élections.
24:47 Le taux de participation en Turquie,
24:49 c'est de l'ordre de 80 % en moyenne à toutes les élections.
24:52 Quand on compare avec ce qui se passe en France,
24:54 c'est quand même une sacrée différence.
24:56 J'ai envie de vous demander, mais ce sera juste après la pause,
24:59 est-ce que la France et l'Europe ont un avantage
25:02 à ce que Recep Erdogan perde ?
25:04 Chut ! Après la pub.
25:07 C'est fini, la pub. Arrêtez vos histoires.
25:10 Dimitri racontait sa vie.
25:13 On a un retour en têne, un peu bizarre.
25:15 On s'entend en écho.
25:17 J'espère que vous ne nous entendez pas en écho.
25:19 Dimitri, alors, on s'intéressait...
25:21 Il y a deux Christine.
25:24 Oui, il y a un drôle d'écho.
25:26 Y a-t-il deux Mathieu ?
25:28 Oui. Parlez aussi, Mathieu.
25:30 Bonjour, bonjour.
25:32 - Coucou ! - C'est fini.
25:34 On est des gamins.
25:36 J'espère que les gens avaient l'écho, sinon ils vont nous prendre pour des fous.
25:40 Dimitri, on parlait de cette élection présidentielle turque
25:43 qui aura lieu le 14 mai.
25:45 On parlait de l'importation de cette élection sur le territoire
25:49 avec des rixes entre les opposants, les pro-Erdogan.
25:54 Est-ce que la France et l'Europe ont intérêt
25:57 à ce que Recep Erdogan perde ces élections ?
26:00 Je pense que c'est un peu le cas.
26:03 Le fait est qu'Erdogan est un partenaire difficile.
26:07 On ne va pas dire le contraire.
26:09 La liste des contentieux qu'on a avec la Turquie d'Erdogan est assez longue.
26:13 Sur l'adhésion de la Suède à l'OTAN,
26:15 le double jeu des Turcs avec les Russes,
26:17 le chantage migratoire,
26:19 les différents frontaliers avec la Grèce.
26:22 À un moment, on a frôlé un bâtiment militaire français
26:25 et s'est retrouvé né à nez avec un bâtiment turc
26:27 à deux doigts d'ouvrir le feu.
26:29 Il y a deux ou trois ans, l'occupation de Chypre-Nord, etc.
26:33 Je ne crois pas que si c'était son adversaire,
26:36 ce monsieur Kemal Kiliç Daroglu,
26:39 qui sera peut-être le prochain président turc,
26:41 ou pas, je ne pense pas que ça change fondamentalement
26:44 la relation qu'on aurait avec la Turquie.
26:46 Pour plusieurs raisons.
26:47 D'abord, la Turquie traverserait probablement,
26:49 en cas de défaite d'Erdogan, une période assez trouble.
26:52 Vous ne restez pas 20 ans au pouvoir
26:54 sans avoir un réseau, un tissu associatif extrêmement dense.
26:57 Il faut la pénétration des réseaux Erdogan
26:59 dans la vie quotidienne des Turcs.
27:01 Quand on voit l'influence qu'elle a, par exemple,
27:03 sur la communauté en France,
27:05 on imagine ce que c'est en Turquie.
27:07 Ces réseaux ne vont pas disparaître du jour au lendemain.
27:09 Et puis, il faut bien prendre conscience d'une chose,
27:11 c'est que la Turquie fait aujourd'hui partie
27:13 de ce que l'ancien diplomate Michel Duclos appelle
27:16 les puissances moyennes désinhibées.
27:18 J'aime bien cette expression,
27:19 parce que pour la Turquie, c'est exactement ça.
27:21 C'est-à-dire que c'est un pays qui n'est pas une grande puissance,
27:23 mais qui a des moyens, qui a des ambitions,
27:25 comme l'Iran, comme les Émirats arabes unis,
27:27 comme l'Arabie saoudite aussi, ou comme l'Inde, par exemple,
27:30 et qui joue sa partition en toute indépendance.
27:32 Regardez ce que font les Turcs depuis un an
27:34 avec la guerre en Ukraine.
27:35 D'un côté, ils vendent leurs drones à l'Ukraine,
27:37 et la semaine dernière, ils ont inauguré
27:39 une centrale nucléaire de fabrication russe
27:41 et Vladimir Poutine était présent en visio
27:43 pour participer et pour dire tout le bien
27:45 qu'il pensait de Recep Tayyip Erdogan.
27:47 Les Turcs viennent d'inaugurer, par exemple, un porte-drones.
27:50 Ça devait être un porte-avions,
27:51 et puis ils se sont rendus compte
27:52 qu'avec des drones turcs, ça marchait extrêmement bien.
27:54 La défense turque, elle était dépendante de l'extérieur à 80 %
27:57 il y a 20 ans, pour de matériels étrangers.
28:00 Aujourd'hui, c'est à peine 20 %.
28:02 Les Turcs, vous les voyez manœuvrer en Libye,
28:04 vous les voyez manœuvrer en Syrie,
28:06 en Azerbaïdjan, etc.
28:09 En Afrique, beaucoup.
28:11 Ils construisent beaucoup, ils les reçoivent.
28:13 Effectivement.
28:14 La Turquie, on a cette image un peu,
28:15 le réservoir de main-d'œuvre,
28:17 l'arrière-cour industriel de l'Europe.
28:19 C'est en partie vrai, mais ça n'est plus ça.
28:21 Aujourd'hui, c'est une puissance géopolitique à part entière
28:24 et qui comprend le langage du XXIe siècle
28:26 et le langage du fer et du sang.
28:28 Parce que nous, Européens, nous sommes des herbivores,
28:30 naturels, avons beaucoup de mal à comprendre.
28:32 Je donne un exemple.
28:33 Erdogan vient d'annoncer la neutralisation
28:36 du chef présumé de Daesh en Syrie.
28:38 Capital.
28:39 Les Américains ont eu Ben Laden,
28:41 ils ont eu al-Baghdadi.
28:42 Les Turcs sont en train d'ouvrir leur tableau de chasse.
28:47 Merci beaucoup pour ce tableau très largement dépeint
28:52 et on comprend bien un peu sur la scène internationale
28:54 ce qui va se passer bientôt avec les élections turques.
28:58 Dans un instant, on parle avec vous de l'éloquence
29:00 à l'Assemblée nationale, enquête sur le Figaro,
29:02 où est partie notre éloquence.
29:04 Et dans un instant, le pape,
29:05 et j'aimerais bien aussi vous entendre, Charlotte, là-dessus,
29:07 le pape qui dit qu'il faut repeupler,
29:09 c'est votre pape, la France, l'Europe avec les migrants.
29:14 Charlotte, on reste avec vous.
29:17 La France, est-ce qu'elle a basculé ?
29:18 On a du mal à cicatriser, je le disais tout à l'heure,
29:21 après la journée de contestation hier.
29:23 Est-ce qu'on a basculé dans un nouveau type de contestation ?
29:27 Depuis les Gilets jaunes, jusqu'à cette opposition
29:28 à la réforme des retraites si violente hier,
29:31 est-ce qu'il faut s'inquiéter, comme certains députés,
29:33 des traces que laissera cette réforme dans le pays ?
29:37 On a l'impression qu'on a vraiment passé un cap
29:40 dans le style et le niveau de la contestation.
29:44 C'est-à-dire qu'on passe des caps très régulièrement.
29:46 Si vous regardez même la manière dont on parle de ces violences,
29:49 de manifestation en manifestation, on passe des caps à chaque fois.
29:52 Vous avez même les responsables politiques qui viennent eux-mêmes
29:55 commenter les caps que nous passons manifestation après manifestation.
29:59 Donc si on passe des caps, c'est que c'est une violence
30:01 qui est quand même de la même nature,
30:03 qui est une poursuite de la violence.
30:05 Et qu'en effet, quand vous essayez de jeter quatre fois des pavés
30:09 et qu'il ne vous arrive rien,
30:10 vous finissez par tenter le cocktail Molotov
30:12 et c'est ce qu'on a vu hier.
30:14 C'est évidemment une angoisse qui monte dans le pays,
30:17 mais je pense qu'il y a deux problèmes dans le commentaire
30:20 sur ces violences.
30:23 Un, de les délier les unes des autres,
30:24 c'est-à-dire de se focaliser en ce moment sur les manifestations
30:27 sans voir que la violence est présente de manière assez...
30:31 avec des formes différentes,
30:33 mais extrêmement présentes dans la société aujourd'hui d'une part.
30:36 Et la deuxième chose, de faire remonter ça
30:38 ou de lier ça uniquement au mouvement des Gilets jaunes
30:40 et à la réforme des retraites aujourd'hui.
30:42 D'abord, la violence dans les manifestations.
30:44 En effet, on a la question des Black Blocs,
30:47 question des Black Blocs que personne ne semble vouloir régler sérieusement.
30:52 Donc on peut aller de plateau en plateau
30:54 et expliquer que vraiment on passe des caps,
30:56 que les Black Blocs ce n'est plus possible,
30:58 mais on revient à la question initiale,
31:00 étant donné que nos services de renseignement
31:02 sont capables de nous donner le nombre quasiment à la personne près
31:05 et j'imagine donc d'avoir les profils qui sont extrêmement connus,
31:09 nous disent les responsables policiers.
31:11 Alors, qu'est-ce qu'on fait pour les empêcher d'agir ?
31:14 Et vous savez, c'est cette éternelle discussion.
31:16 Oui, mais l'État de droit, donc on ne peut pas faire ci,
31:18 on ne peut pas faire ça, on ne peut pas les empêcher avant,
31:21 on ne peut pas les empêcher pendant, on ne peut pas les retrouver après.
31:22 Bon, ma résultat, l'impuissance est totale.
31:24 Très bien, je rappelle quand même que le Conseil constitutionnel en 2018
31:28 avait en effet censuré la possibilité pour le préfet
31:31 de les empêcher d'aller en manifestation
31:33 en précisant que le texte était trop imprécis.
31:36 Je note que cette imprécision, personne ne s'est jeté sur le texte
31:39 pour le repréciser et le refaire passer devant le Conseil constitutionnel
31:42 dans la foulée, ça fait quand même quelques années maintenant.
31:44 Bon, je referme cette parenthèse.
31:46 On lit cette question des Black Blocs au gilet jaune.
31:50 Gilet jaune, si on refait un peu l'histoire quand même du mouvement,
31:52 qui se sont eux-mêmes les gilets jaunes initiaux,
31:55 les gilets jaunes du début, qui se sont eux-mêmes fait voler
31:57 leur mouvement quand il est devenu parisien
31:59 et qu'il a été phagocyté par des mêmes casseurs d'extrême gauche
32:03 avec certains qui se sont laissés tenter, c'est-à-dire que
32:05 ces Black Blocs, de manière générale, créent des vocations, ça c'est sûr.
32:08 Mais simplement, initialement, les gens sur les ronds-points
32:11 étaient soutenus par une immense majorité des Français
32:14 sur leur message de base et que le mouvement s'est transformé.
32:18 Il a été récupéré d'abord par la violence, ensuite politiquement.
32:21 Et on a vu à l'époque ces mêmes casseurs passer à travers
32:24 l'émail d'un filet policier et judiciaire qui était plus sévère
32:29 que dans d'autres manifestations.
32:31 Mais ces Black Blocs, à chaque fois on disait
32:32 "oui mais c'est compliqué de les attraper".
32:34 Très bien.
32:35 Et ce problème des Black Blocs que l'on lit à la fois
32:38 au mouvement des gilets jaunes et à ces manifestations
32:41 de réforme des retraites, les premières apparitions,
32:43 les premiers commentaires, les premiers débats, c'est 2016.
32:47 C'était avant ces manifestations populaires
32:49 qui sont, comment dire, phagocytées, encore une fois,
32:53 par ces mouvements-là.
32:55 Et par ailleurs, ils participent eux-mêmes à créer de la colère.
32:58 Pourquoi ?
32:59 Parce que quand vous avez des Black Blocs dans une manifestation,
33:01 manifestation composée majoritairement de gens
33:04 qui viennent manifester leur colère ou leur contestation,
33:06 leur opposition à quelque réforme que ce soit,
33:10 évidemment la présence de cette violence
33:12 est un frein à l'expression de la contestation.
33:16 Hier, vous retenez quoi ? Vous ne retenez pas le nom,
33:17 vous ne retenez pas les gens, vous ne retenez pas le message,
33:19 vous retenez l'image de ce policier qui est en train de brûler.
33:24 Donc eux-mêmes, en plus des vocations qu'ils créent
33:26 dans une partie de la population, génèrent eux aussi de la colère.
33:29 Et la deuxième chose sur la question des violences dans la société,
33:33 et ces élus ont évidemment raison de s'en inquiéter,
33:36 c'est qu'il faut lier cette question des violences
33:38 à tous nos autres débats.
33:39 Vous savez, le principe du débat public aujourd'hui,
33:44 c'est sans cesse de délier tous les sujets les uns des autres.
33:46 C'est-à-dire qu'on ne pense jamais les choses dans leur globalité.
33:48 Et donc, qu'est-ce qu'on a comme violence ?
33:50 - Souvent Mathieu et vous le soulignez.
33:52 - Oui, mais on a une augmentation de la délinquance violente,
33:55 les fameuses violences faites aux personnes
33:57 et non plus seulement aux biens,
33:59 la violence sur les élus dont on parle régulièrement,
34:01 des policiers qui sont à bout et qui eux-mêmes parfois craignent
34:04 en disant "on ne va plus pouvoir tenir, ça ne va plus être possible
34:07 de subir ça toute la journée sans répondre".
34:09 La question de l'autodéfense.
34:11 Vous savez, nos sujets en permanence,
34:13 est-ce qu'il est possible de se faire justice soi-même ?
34:14 Et il est impossible de le faire, mais en même temps,
34:16 qui va protéger les gens à leur place, etc.
34:18 Tous ces débats-là.
34:19 Les professeurs qui sont inquiets, évidemment, de manière générale,
34:23 après la mort de Samuel Paty, peut-être plus encore, évidemment.
34:26 La question des règlements de comptes.
34:28 Vous voyez des gens régler leurs comptes comme ça.
34:30 Alors, c'était initialement à Marseille et le nombre explose
34:33 et maintenant c'est dans d'autres villes.
34:34 Et vous avez des règlements de comptes quasiment quotidiens
34:37 qu'on commande sans même plus y faire vraiment attention.
34:41 La violence est partout, elle est en attaque, elle est en réponse
34:43 et elle est même parfois, ou elle est devenue, un mode de communication.
34:46 On pourrait ajouter, évidemment, la violence des antifas
34:49 à l'occasion de conférences ou de signatures dans des librairies.
34:54 Vous voyez, elle est partout et elle est, comment dire,
34:58 exprimée de manière différente et par des gens extrêmement différents.
35:03 Mais ce qui est sûr, c'est qu'elle est partout, en effet.
35:06 - Alors, ce que je ne comprends pas, Charlotte Dornelas,
35:09 comment est-ce qu'on peut expliquer cette augmentation de cette violence
35:11 que personne ne semble pouvoir endiguer réellement
35:14 alors que tout le monde ou beaucoup s'inquiètent vraiment ?
35:18 C'est quoi ce paradoxe ?
35:20 - Là où il y a de quoi s'inquiéter, c'est que plus nous attendrons
35:23 à choisir une réponse politique adaptée à cette violence,
35:28 plus nous attendrons, plus ce sera compliqué de le faire.
35:31 Parce que c'est-à-dire qu'on peut dire tous les jours
35:32 "oui, mais l'état de droit, oui, mais l'état de droit"
35:34 et il y a un moment où, quand cette violence aura pris toute la place,
35:38 on voit des images comme on voit et que c'est de pire en pire à chaque manifestation,
35:40 que c'est de pire en pire dans la délinquance,
35:42 que c'est de pire en pire dans les règlements de compte,
35:44 à l'arme de guerre, à l'arme de guerre dans les villes, en fait,
35:46 à l'arme de guerre.
35:47 Donc, si on attend, il va se passer quoi ?
35:49 Ce sera quoi la réponse à la fin ?
35:50 Ce sera pire, évidemment, ce sera pire.
35:53 Et je pense que cette violence, elle est la cause et la conséquence,
35:57 et c'est là où elle est composite, on va dire,
35:59 d'un décrochage total dans le pays et de toutes parts.
36:02 D'un décrochage d'abord de l'État par rapport à ses prérogatives
36:06 et d'un décrochage de la population en conséquence de la cause
36:09 qui est le décrochage de l'État.
36:10 Je m'explique.
36:11 Le décrochage de l'État, c'est un État extrêmement fort
36:16 au moment d'imposer, par exemple, une réforme particulièrement impopulaire,
36:20 par exemple, au moment de gérer la crise sanitaire,
36:24 on n'a jamais vu un État aussi fort que pendant la crise sanitaire,
36:26 c'est-à-dire qu'on claquait des doigts, tout le monde rentre chez soi,
36:28 il n'y en a pas un qui sort, vous prenez une amende,
36:30 vous remplissez un papier, on n'avait jamais vu ça de notre vie.
36:33 On ne pensait même pas que c'était possible.
36:35 Et là, l'État de droit s'est adapté à la situation.
36:38 Tiens donc, l'État de droit s'est adapté à la situation.
36:40 C'est la seule fois de notre vie qu'on a vu ça.
36:42 Et vous avez un État particulièrement faible
36:45 et qui confesse lui-même son impuissance quand il s'agit de faire respecter la loi,
36:50 de protéger des citoyens, de se faire respecter lui-même,
36:53 d'assainir son propre fonctionnement,
36:55 la fameuse réforme de l'État qu'on attend depuis des années,
36:57 de s'imposer sur des sujets qui sont réclamés d'élection en élection,
37:01 qui sont non seulement réclamés par les Français,
37:03 mais promis par les hommes politiques qui sont en campagne.
37:06 Une fermeté qu'on ne retrouve jamais dans les émeutes que connaît le pays.
37:11 En face d'Erdogan, par exemple, dont vient de nous parler Dimitri,
37:14 en face du gouvernement des Comores,
37:16 qu'on a entendu nous humilier encore publiquement il y a quelques jours,
37:19 en face de... Vous pouvez prendre tous les sujets à peu près,
37:22 en face du président algérien qui sort des insultes à Emmanuel Macron
37:27 toute la journée et nous, on continue à s'excuser.
37:29 Au moment de négocier des normes avec l'Union européenne,
37:31 là, il n'y a plus personne. L'État, il est très très faible.
37:33 Et il l'applique, même avec plus de zèle encore qu'on lui demande.
37:36 Quand on accueille l'Océan Viking, on nous promet que, évidemment,
37:38 personne ne restera là. Tout le monde sort dehors et c'est l'État de droit.
37:41 Quand on veut expulser un imam, ça dure trois mois
37:43 et à la fin, c'est la Belgique qui le fait à notre place.
37:45 Quand il faut faire respecter une OQTF, on nous explique que,
37:47 bah oui, mais c'est très compliqué. Bon, c'est très compliqué, formidable.
37:50 Quand il faut lutter contre la fraude sociale et fiscale,
37:52 ça fait 15 ans qu'on en parle, on ne sait toujours pas comment ça va se passer.
37:55 Quand il faut remettre à sa place une association subventionnée
37:58 qui dépasse les limites et qui s'oppose elle-même à l'État,
38:01 alors on en parle beaucoup, mais avant que ça arrive,
38:04 à mon avis, on a le temps de vieillir beaucoup.
38:07 Quand il s'agit de réformer la justice,
38:09 quand il s'agit de donner plus de moyens aux policiers,
38:11 quand il s'agit de donner plus de moyens aux hôpitaux,
38:13 aux magistrats, à qui vous voulez.
38:17 Donc, on a beaucoup de Français qui finissent par saturer
38:21 d'être toujours les seuls sur qui pèsent tous les efforts
38:24 d'un pays qui ne tient plus rien.
38:27 Et là, vous arrivez à la conséquence de ce décrochage de l'État,
38:31 qui est le décrochage des citoyens.
38:33 Et ce décrochage, il n'est pas inexplicable.
38:35 On se dit parfois "mais pourquoi, pourquoi ?"
38:37 Vous votez pour des projets qui ne sont jamais entrepris,
38:39 vous avez voté, donc vous ne votez plus.
38:41 Vous vous adressez à des hommes politiques
38:44 qui confessent eux-mêmes leur impuissance sur tous les sujets importants,
38:46 notamment régalien.
38:47 Vous votez lors d'un référendum,
38:49 et finalement, on se passe de votre avis,
38:51 puisque vous n'avez pas donné le bon.
38:53 Vous manifestez pacifiquement,
38:55 vous voulez obtenir le quart du huitième de ceux qui cassent tout,
38:58 parce que c'est les seuls pour qui on réagit.
39:01 Vous trouvez un État fort quand il s'agit de venir chercher vos impôts,
39:04 quand vous vous faites flasher par un radar,
39:06 quand vous vous stationnez au mauvais endroit,
39:08 quand il s'agit de remplir des papiers en temps et en heure avant minuit,
39:11 quand il s'agit d'ajouter des taxes aux taxes,
39:13 quand il s'agit de remplir une feuille pendant le Covid.
39:16 Là, vous trouvez un État très fort,
39:18 parce que finalement, vous êtes un citoyen assez honnête
39:20 qui essaie de respecter les règles,
39:22 qui dépasse 2-3 km par-ci et qui se fait flasher par un radar.
39:25 Et vous le trouvez impuissant devant la délinquance qui est en bas de chez vous,
39:28 devant la criminalité, au moment de maintenir votre école,
39:31 votre ligne de train ou votre hôpital.
39:33 Et pire encore, quand vous exprimez ce sentiment-là,
39:36 on criminalise votre pensée.
39:38 On vous explique que vous n'avez pas le droit de le penser comme ça,
39:40 parce que vous surfez sur la haine, parce que vous jouez sur les peurs
39:43 et parce que finalement, vous êtes décliniste.
39:45 Insulte suprême, vous êtes décliniste.
39:47 Vous constatez que votre pays va mal, vous êtes décliniste.
39:49 Alors le résultat de tout ça, c'est la fatalité, puis la colère.
39:52 Vous décrochez, puis finalement, vous vous énervez
39:54 parce que vous n'en pouvez plus de décrocher.
39:56 Vous n'en pouvez plus de ne pas être prise en compte
39:58 et les doutes se nourrissent, évidemment.
40:00 J'ai envie de savoir si vous pourriez lier deux sujets.
40:08 Parce que ce que vous venez d'expliquer,
40:10 et aujourd'hui, par exemple, plusieurs associations se sont réunies
40:13 devant la préfecture du Rhône
40:15 pour défendre le droit des étrangers qu'elle juge bafoués.
40:20 Il y a quelques jours, l'ancien député maire socialiste de Sarcelles
40:24 se voyait, lui, obligé de constater le grand remplacement
40:28 dans sa ville, à Sarcelles, en Seine-Saint-Denis.
40:31 Est-ce qu'on va y avoir un lien, justement,
40:33 entre ce que vous dites, démonstration brillante, et ça ?
40:36 Le lien que je vois, c'est que je m'échappe du sujet
40:39 qui est le nôtre en ce moment, c'est-à-dire la question
40:41 de la réforme des retraites, et j'en prends un autre.
40:43 Parce que oui, il y a un lien.
40:44 C'est-à-dire qu'on a François Puponi, figure du PS,
40:47 qui a été à la tête de Sarcelles et qui habite Sarcelles depuis 60 ans,
40:50 et qui nous dit "je suis bien obligé de constater
40:52 que j'ai 60 ans et aujourd'hui ma ville n'est plus du tout la même,
40:55 pourquoi ? Parce que la population a intégralement changé".
40:58 Donc il utilise le terme de grand remplacement.
41:00 - Électrochoc, quand même.
41:01 - Électrochoc, évidemment.
41:02 Il finit par accepter, aujourd'hui, François Puponi,
41:05 de voir ce qu'il voit, tout simplement,
41:07 de voir ce qu'il a vu pendant des années.
41:09 Et aujourd'hui, il dit "oui, évidemment, ça n'est plus la même ville".
41:12 D'ailleurs, il dit "on peut s'en féliciter ou pas, peu importe,
41:14 à la limite, c'est dur pour ceux qui le vivent", précise-t-il.
41:17 Et pendant ce temps-là, vous avez des associations, en effet,
41:20 fonctionnées par les mêmes Français qui demandent d'année en année
41:23 de restreindre l'immigration, en tout cas de reprendre le contrôle
41:25 sur l'immigration, et ces mêmes associations,
41:28 à qui l'État délègue objectivement sa politique d'immigration,
41:31 se rassemblent devant la préfecture en nous disant
41:34 "il faut que les droits des étrangers ne soient plus bafoués".
41:37 Pourquoi ? Parce que ça prend trop de temps de renouveler ces papiers.
41:41 C'est vrai, on en avait déjà parlé. Pourquoi ? Pourquoi ?
41:44 C'est ça, la question qu'il faut poser aux associations.
41:46 Pourquoi il est vrai que les délais sont beaucoup trop longs ?
41:48 Parce que ces associations encouragent l'immigration au début,
41:51 elles dégainent des référés à chaque fois qu'il y a une décision
41:54 qui ne leur plaît pas, elles entament des poursuites,
41:56 elles accueillent son discernement, elles accompagnent
41:59 des parcours agressifs envers la France, qu'elles accompagnent
42:01 notamment juridiquement, elles organisent l'évolution
42:04 des jurisprudences en se saisissant systématiquement
42:08 devant les tribunaux, et l'État est totalement débordé.
42:11 Résultat, vous avez des préfectures absolument submergées,
42:16 le contentieux des étrangers qui prend les trois quarts
42:19 des procédures des tribunaux administratifs,
42:21 la Cour nationale du droit d'asile qui est le plus grand tribunal de France
42:24 et en effet, tout ça se fait avec l'argent des Français,
42:27 peu importe leur avis.
42:28 Alors entre François Puponi et ses associations,
42:31 il y a à mon avis le résumé du malaise français,
42:33 du fausset français qu'on peut décliner sur tous les sujets que l'on veut.
42:37 Merci beaucoup pour votre regard et c'est intéressant
42:42 parce qu'on apprend à l'instant par exemple que le Pentagone
42:46 déclare que les États-Unis vont déployer 1 500 soldats supplémentaires
42:49 à leurs frontières sud.
42:50 Si c'était Donald Trump, ce serait un silence tranquille,
42:54 comme c'est Joe Biden, tout le monde s'en fiche.
42:55 C'est ce que j'allais dire, mais je préfère que ce soit vous qui le disiez.
42:59 Merci Charlotte.
43:01 Dans un instant, le pape, préparez-vous parce que
43:03 il y a un truc que je ne comprends pas.
43:05 Marc Menand, quand la pauvreté de l'expression
43:09 s'invite à l'Assemblée nationale ?
43:10 Alors ça c'est le titre d'une enquête du Figaro,
43:14 jamais dans l'histoire politique, le niveau de la langue
43:18 au sein du Palais Bonbon ne s'est autant détérioré,
43:21 risque d'alimenter le climat d'anti-parlementarisme ambiant.
43:25 Oui, alors on ne va pas citer les grands noms,
43:28 faisons vite quand même, Clemenceau, Jaurès, Blum, De Gaulle, Mitterrand,
43:33 le père Le Pen, des gens qui étaient goulus du vocabulaire,
43:38 des gens qui faisaient en sorte qu'il y ait véritablement
43:42 une démonstration et qui vous emportait.
43:44 Pour certains, ça pouvait simplement se conduire comme une musique,
43:47 mais il se passait quelque chose, les tripes s'exprimaient
43:51 et l'intelligence était dans son ampleur.
43:53 Que se passe-t-il ? Pourquoi on arrive-t-on là ?
43:55 Eh bien déjà, on pourrait penser qu'un certain nombre de personnes
43:59 à l'école n'ont pas eu la bonne éducation,
44:02 mais ça va plus loin que ça.
44:04 C'est-à-dire que partout aujourd'hui,
44:07 on a des centres de formatage de la pensée et de l'expression.
44:13 Ce sont ces agences de communication.
44:17 Vous adhérez à un parti politique,
44:19 alors c'est au nom d'une idée, mais déjà qui est très vague,
44:22 que l'on résume à un slogan.
44:24 Et là, on vous convoque et on vous dit,
44:26 il va y avoir les élections,
44:28 on ne vous demande pas quelle est la capacité d'expression qui est la vôtre,
44:35 votre force à la rhétorique,
44:36 comment vous allez vous adresser aux autres.
44:39 On dit, oubliez ce que vous êtes,
44:41 vous allez deux heures prendre vos crayons, vos papiers
44:44 et voilà ce que vous allez devoir dire.
44:46 Alors on érode le vocabulaire, on lime, on gratte, on rabote
44:52 et on fait en sorte qu'il n'y ait plus que quelques mots fourre-tout qui demeurent.
44:56 - Éléments de langage. - Éléments de langage.
44:58 Donc on n'est plus du tout dans ce désir
45:03 de pouvoir transmettre et d'induire la réflexion.
45:07 Ce qu'il faut, c'est barater, barater, barater,
45:10 avoir des slogans et de là forcément un effondrement pour les uns et les autres
45:18 et c'est pour ça qu'ils ont même besoin d'avoir leur petit papier.
45:21 Qui aujourd'hui improvise ?
45:23 Non, non, il faut venir simplement pour dire bonjour
45:26 et si à l'Assemblée quelqu'un vous provoque,
45:31 eh bien forcément vous êtes démuni, alors ça devient un salaud, pauvre con.
45:34 C'est beaucoup plus naturel quand on n'a pas la chance de fouiner
45:38 et de putiner les mots au quotidien dans les livres, car personne ne lit.
45:43 On retrouve ça chez les journalistes, écouter d'une radio à l'autre,
45:47 c'est partout, à part quand on a la chance de prêter l'oreille à Dimitri.
45:52 Sinon, sinon c'est quoi ? Mais non, c'est une sorte de bavardage.
45:59 Que disent ? Une sorte de mâchouille qui va et vient.
46:03 Il n'y a plus d'idées en tant que telles.
46:06 On est dans l'allégation et c'est comme ça que l'on veut prendre la parole
46:11 et ça se retrouve partout, ça va même plus loin que ça.
46:14 Là, vous avez aux États-Unis les scénaristes qui sont en train de…
46:18 Vous allez dire qu'il vient de vous casser les pieds,
46:20 il est en train de parler de la langue française.
46:22 Oui, mais attendez, c'est que là-bas les scénaristes,
46:25 ce ne sont pas ceux qui mettent en scène uniquement une histoire,
46:29 ce sont ceux qui écrivent pour les animateurs des divertissements
46:34 comment ils doivent dire bonjour.
46:36 Alors là encore, il faut t'élaguer, il faut que les mots,
46:39 le dernier des personnages se trouvant dans son téléviseur, ça lui vienne.
46:44 Que ce ne soit pas compliqué, que ça n'offense pas,
46:47 que ça n'égratigne pas, il faut que ça soit simplement d'une petite joie,
46:54 vous voyez ? Et alors on a après les applaudissements pour aider.
46:58 Eh bien ça, on le retrouve partout, ça va dans l'édition.
47:02 Aujourd'hui, vous avez des comités qui relisent les manuscrits.
47:07 Oh là là, vous ne pouvez pas dire ça, quel mot chatoyant,
47:11 mais Mme Michu va pas comprendre, donc prenez quelque…
47:16 Enlevez le mot ! Et c'est ce que l'on fait en réécrivant.
47:21 Vous voyez comment on est dans la paupérisation des esprits,
47:24 on est dans la renonciation, on arrive à l'avachissement le plus total de telle sorte.
47:30 Eh bien que ça ne füsse que personne de voir cette gangrène nous envahir,
47:35 là, l'écriture inclusive.
47:38 Ben ça ne füsse que personne, on peut soudain comme ça prétendre
47:42 qu'un mot a un sexe au lieu d'avoir un genre.
47:46 Sexe devient synonyme de genre, vous voyez ?
47:50 On a une sorte d'assimilation qui empêche à l'homme d'exister dans toute sa dimension.
47:58 Et notre première dimension est une dimension intellectuelle,
48:02 mais on nous la retire quand on voit qu'en science de la nature,
48:08 on découvre que les vers de terre ont des neurones,
48:11 que les vers de terre, donc, mènent un petit raisonnement.
48:14 Eh bien nous, on n'a plus besoin de ça,
48:16 il suffit simplement de crachoter ce que l'on vous a dit ici et là,
48:21 et surtout, surtout sans déranger.
48:23 Donc ce sont les émotions qui nous gouvernent.
48:26 Et alors on peut parler d'intelligence artificielle,
48:29 ça ne füsse que personne, alors qu'il n'y a pas d'intelligence artificielle,
48:33 il y a simplement la synthétisation de tout ce qui est préétabli.
48:38 Ben effectivement, c'est ce que nous faisons,
48:40 nous sommes des perroquets et on peut avoir une machine qui nous remplace.
48:44 Ah, j'avoue que pour les jeunes d'aujourd'hui,
48:46 on a du mal à les faire miroiter un avenir joyeux, un avenir d'enthousiasme.
48:52 J'aime bien votre exigence des mots.
48:54 Ça vous fait rire quand les vers de terre ont des neurones ?
48:57 Dimitri, il m'en dirait.
48:59 Je l'ignorerai totalement.
49:01 Il paraît qu'on en a dans les intestins.
49:03 Ah ben voilà, dans Face à la Faux, on apprend tout, bam bam bam, c'est comme ça.
49:06 Dernière partie.
49:08 De passage en Hongrie, le pape François a plaidé, encore une fois,
49:12 pour une ouverture de l'Europe aux migrants.
49:14 L'Europe doit ouvrir ses portes et renoncer au repli sur soi.
49:18 Ce message en surprendra peu,
49:20 car ce n'est pas la première fois que le pape le tient.
49:23 Faut-il y voir un message de charité ?
49:25 Faut-il s'inquiéter néanmoins de cette proposition ?
49:27 Je vais plus loin.
49:28 Non, non, non, commencez pas, je vais plus loin.
49:30 Non, parce qu'il a appelé à repeupler.
49:32 Non, mais...
49:34 Tout est ensemble, ce n'est pas surprenant chez lui.
49:36 C'est de la charité, de la charité chrétienne.
49:39 Ah oui, il appelle ça comme ça.
49:40 Expliquez-nous.
49:41 Reprenons les étapes de son raisonnement.
49:43 En Hongrie, le pape François nous dit
49:46 « Il est triste et douloureux de voir les portes fermées,
49:49 les portes fermées de notre égoïsme
49:51 envers ceux qui marchent chaque jour à nos côtés,
49:54 les portes fermées de notre indifférence
49:56 à ceux qui sont dans la souffrance et la pauvreté.
49:59 S'il vous plaît, ouvrons les portes ! »
50:02 dit-il à Viktor Orban et plus largement aux Européens.
50:05 Faut donc comprendre que pour le pape François,
50:08 l'Europe, en ce moment, ne reçoit pas assez de migrants
50:12 et n'est pas assez accueillante à leur endroit.
50:15 Pour le pape François, l'Europe est un continent fermé,
50:19 forteresse, qui n'est pas assez accueillant.
50:21 Premier élément, je reviendrai.
50:22 Ça donne des envies de laïcité de temps en temps.
50:25 Qu'ils s'occupent du gouvernement de Mozart.
50:27 Vous aussi, Charlotte ?
50:28 Et on ne s'occupera de nos remparts.
50:29 Envie de laïcité.
50:30 Ensuite, les croyants dans le Christ
50:33 mettent à la première place la charité qui unit
50:36 et non pas les différences historiques, culturelles
50:39 et religieuses qui divisent.
50:41 Je reviendrai parce que c'est intéressant.
50:43 Le pape François, qui a un rapport trouble à la logique,
50:46 dit le contraire quand on parle d'autres peuples.
50:48 Mais je poursuis.
50:49 Il poursuit.
50:50 Il poursuit, on le dit à sa manière, finalement,
50:52 le migrant au visage christique.
50:54 Je cite le passage dont vous m'avez parlé,
50:56 qui est assez remarquable sur la...
50:58 - Le repeupler.
50:59 - Oui, il invite, en fait, il nous dit,
51:00 les villages d'Europe sont souvent vides,
51:03 donc on va demander aux migrants de les repeupler.
51:05 Je cite.
51:06 "Il y a un autre problème qui est lié à la migration,
51:08 c'est le taux de natalité.
51:10 Il y a des pays comme l'Italie et l'Espagne
51:12 qui ne font pas d'enfants.
51:13 Et l'année dernière, j'ai pris la parole
51:15 lors d'une rencontre des familles sur cette question.
51:17 Et récemment, j'ai constaté que le gouvernement italien
51:19 et d'autres gouvernements en parlaient également.
51:22 L'argent moyen en Italie est de 46 ans.
51:24 En Espagne, c'est encore plus élevé.
51:25 Et il y a les petits villages déserts,
51:27 un programme migratoire, mais bien porté,
51:30 reprenant le modèle que certains pays ont fait adopter
51:32 en matière de migration.
51:33 Je pense, par exemple, à la Suède,
51:35 qui peut aussi aider ces pays qui ont un faible taux de natalité.
51:38 Donc, le pape François, je ne pense pas trahir sa pensée,
51:41 nous explique qu'il propose une substitution
51:44 programmée de populations,
51:45 et en faisant en sorte que les populations européennes,
51:48 qui ne se reproduisent pas assez,
51:49 on trouve un principe de substitution
51:51 chez les populations venues d'ailleurs.
51:53 Ça fait penser à Cala, soit dit en passant.
51:55 C'est-à-dire cette idée qu'il faut généraliser.
51:57 La population n'est plus suffisante,
51:59 les êtres humains ont passé,
52:00 ce que j'appelle moi, la diversité des peuples,
52:02 à l'interchangeabilité des populations.
52:04 Et le pape, à travers tout ça, nous dit,
52:07 les différences, les identités, c'est dépassé,
52:10 laissez ça de côté, ce n'est plus pour notre temps.
52:13 - Mais ça a l'air généreux, ça a l'air normal,
52:15 ça a l'air l'amour des uns pour des autres.
52:18 Est-ce que le pape François n'a pas raison de demander
52:20 au peuple de ne pas s'enfermer dans leur différence?
52:22 - Alors, le pape François nous dit que les peuples
52:24 ne doivent pas s'enfermer dans leur différence.
52:26 Sauf que mars 2023, le pape François,
52:30 parlant des peuples indigènes, avec leur culture...
52:33 - Indigènes? - Oui, des peuples indigènes,
52:35 qui ont un statut particulier pour lui.
52:37 Avec leur culture, leur langue,
52:39 leur tradition et leur spiritualité,
52:41 il évite de les respecter, leur dignité, leur droit,
52:44 en ayant conscience que la richesse de notre grande famille humaine
52:47 consiste précisément dans sa diversité.
52:50 Alors là, mon cerveau, il fait "boum", il ne comprend plus.
52:53 Il y a quelque chose qui fonctionne.
52:55 Donc, si je comprends bien la logique,
52:57 puis en plus, il nous explique que ce sont des peuples indigènes
52:59 qui ont un rapport originel à la nature.
53:02 Donc, il y aurait une forme de supériorité morale chez eux
53:04 parce qu'ils seraient en harmonie avec la Terre
53:06 à la différence des peuples européens
53:09 qui, eux, auraient saccagé la planète.
53:11 Donc, il y aurait une forme de hiérarchie des peuples.
53:14 Et cette hiérarchie se juge dans leur rapport à la nature.
53:17 Et certains ont le droit de conserver leur identité
53:19 et d'autres n'ont pas le droit de la conserver
53:21 parce que leur identité serait dégradée.
53:24 C'est-à-dire que c'est une forme de hiérarchisation des peuples.
53:26 Certains ont le droit de garder leur identité, d'autres pas.
53:28 Ils devraient avoir un nom pour ça, mais il ne me vient pas à l'esprit.
53:31 Ensuite, ce qui est valable pour les peuples indigènes
53:35 n'est pas valable pour les peuples européens.
53:37 Je comprends que du point de vue du pape François,
53:39 les peuples européens qui sont enracinés dans leur pays
53:41 depuis des milliers d'années ne sont pas des peuples indigènes
53:43 ou autochtones chez eux. C'est intéressant.
53:45 Probablement qu'en Italie, ils diraient que les seuls
53:47 véritables indigènes sont les étrusques.
53:49 Après ça, ce sont les migrants.
53:51 Ça m'intéresse quand même comme point de vue.
53:53 Alors, il y a à travers ça, évidemment, la pensée du pape François
53:55 qui est une pensée, je dirais, globalement hostile à l'Europe,
53:58 quoi qu'on en dise.
54:00 C'est une espèce de basculement.
54:02 Vous savez, le pape Benoît XVI avait cette idée.
54:06 Il s'inquiétait beaucoup de la déchristianisation de l'Europe.
54:09 Il disait que l'Europe qui se déchristianise n'est plus l'Europe.
54:12 Mais il s'inquiétait aussi, bien qu'il ne le disait pas dans ses termes,
54:15 de ce qu'on pourrait appeler la déseuropéanisation du christianisme.
54:18 Et je pense qu'avec le pape François, on est avec cette espèce
54:20 de déseuropéanisation du christianisme.
54:22 Un christianisme qui, pour devenir véritablement universel,
54:25 pour véritablement embrasser l'ensemble du genre humain,
54:28 doit sacrifier son berceau historique, doit sacrifier le continent
54:32 qui en a fait presque un principe de civilisation,
54:35 doit sacrifier le continent qui en a fait une identité culturelle
54:38 bimillénaire. Donc, pour que le christianisme devienne
54:41 véritablement universel pour le pape François,
54:43 il doit, d'une certaine manière, rompre avec l'héritage de l'Europe.
54:47 Et tout ce qu'on va tolérer comme identité pour les Européens,
54:50 c'est ce principe d'accueil infini de la différence.
54:53 C'est singulier. Vous devez accueillir la différence de l'autre,
54:56 mais à partir de quelle position qu'elle a votre?
54:59 Est-ce que vous avez votre propre différence?
55:01 Non! Parce que vous ne devez pas vous y enfermer.
55:04 Donc, pour s'ouvrir à la différence de l'autre qui est essentielle,
55:07 vous devez gommer votre propre différence et ne conserver
55:09 du christianisme qu'un principe d'accueil universel qui vient
55:13 abolir les frontières, qui vient abolir les pays,
55:15 qui vient abolir les cultures, qui vient abolir les patries.
55:18 Je vous l'ai dit, tout cela me donne un féroce désir de laïcité
55:21 que le pape François, si ça l'intéresse, cherche à convertir les âmes.
55:25 Pour moi, ça ne l'intéresse pas beaucoup.
55:27 Mais si ça me fait l'intéresser, tant mieux.
55:29 Pour le reste, on s'occupera de nos remparts et de nos cités.
55:31 Gardez un peu de foi.
55:33 Charlotte, votre regard, ensuite, marque rapidement.
55:35 En trois secondes, je dirais simplement que l'Église me l'a donnée
55:38 pour père, mais elle m'a aussi donné l'immense liberté
55:41 de pouvoir être en désaccord avec mon père.
55:43 Mais c'est extraordinaire, pardon.
55:45 Le laïc. Le laïcard.
55:47 Le pape dit "Vive l'animisme", parce que ces peuples indigènes,
55:51 leur culture qu'ils dédièrent, c'est l'animisme.
55:54 Alors si c'est l'animisme qui domine, adieu Jésus, adieu Dieu,
55:58 puisque ce sont les forces de la nature qui nous gouvernent
56:01 et on en appellera aux esprits.
56:03 Vous savez, quelques fois, c'est difficile.
56:05 Pour les catholiques, je crois que c'est assez difficile de l'être,
56:07 parce qu'il faut l'être malgré ce qui est devenu l'Église,
56:10 malgré le pape, malgré ce que devient le pape.
56:13 De ce point de vue, leur foi est absolument admirable.
56:15 Merci pour votre regard à tous.
56:17 Michael Dos Santos, et dans un instant, l'heure des proies, avec Pascal Proch.
56:22 Gérald Darmanin appelle à une loi anti-casseurs.
56:25 Le ministre de l'Intérieur a demandé des sanctions pénales plus fermes
56:29 contre les agresseurs de policiers et de gendarmes.
56:32 Il souhaite également empêcher les ultras de manifester,
56:35 comme cela a été fait pour les hooligans dans les enceintes sportives.
56:38 Au total, 406 membres des forces de l'ordre ont été blessés
56:41 lors des manifestations du 1er mai.
56:43 Vaste coup de filet contre le trafic de drogue sur le Dark Web.
56:46 288 vendeurs et acheteurs ont été arrêtés
56:49 sur cette version clandestine d'Internet.
56:52 Ils venaient principalement d'Europe et des Etats-Unis.
56:55 Le montant total de la saisie s'élève à 51 millions d'euros, selon Europol.
56:59 Et puis des milliers de scénaristes de télévision et de cinéma
57:02 en grève à Hollywood.
57:04 Ils réclament une hausse de leur rémunération.
57:06 A cause de ce mouvement social,
57:08 plusieurs late-show américains vont être interrompus.
57:10 Des films et des séries vont également connaître d'importants retards.
57:13 tard.
57:13 ♪ ♪ ♪

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