• il y a 2 ans
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Transcription
00:00 [Musique]
00:14 Stanislas Zezé, bonjour.
00:16 Bonjour.
00:17 Merci d'avoir accepté l'invitation de CETInfo à l'occasion d'un événement que vous organisez chaque année et pour lequel CETInfo est partenaire.
00:26 La 7e conférence risque pays Côte d'Ivoire qui se tiendra à Abidjan le 4 mai prochain.
00:32 Alors nous nous adressons à un assez large public, on va essayer de ne pas être trop technique et de faire un peu de pédagogie sur un sujet très important qui nous occupe aujourd'hui.
00:43 Qu'est-ce que c'est d'abord que la conférence risque pays, une conférence risque pays ?
00:48 Alors déjà je voudrais vous dire merci de me recevoir à ce plateau, je suis très honoré.
00:54 L'objectif déjà de ces conférences c'était de créer la narrative, c'est-à-dire créer une voie de l'Afrique sur comment expliquer l'environnement des affaires.
01:08 Je crois que c'était très important.
01:10 Nous avons constaté dans beaucoup de cas que la perception sur l'environnement des affaires en Afrique était une perception un peu biaisée venant de l'extérieur.
01:20 Biaisée pourquoi ? Parce que les gens de l'extérieur avaient du mal à comprendre certaines nuances sur le continent et donc expliquaient les choses de façon universelle au lieu de les expliquer dans un contexte précis.
01:34 Un pays n'est pas égal à un autre pays.
01:36 Absolument. L'idée c'était ça. Donc créer une plateforme qui permettrait d'établir ce qu'on appelle la cartographie de risque d'investissement d'un pays.
01:46 Concrètement, ce qu'on trouve dans un rapport Bloomfield sur le risque pays c'est quel est le risque pour un investisseur étranger ? Jusqu'à quel point il prend un risque en investissant dans ce pays ?
01:58 Alors vous savez quand les investisseurs investissent, ils se posent trois questions.
02:02 La première c'est quelle est l'opportunité d'investir ? Donc évidemment ce rapport établit l'opportunité d'investir dans un pays.
02:09 La deuxième question c'est quel est le retour sur investissement auquel il devrait s'attendre ?
02:14 Le rapport également répond à cette question.
02:17 Et la troisième question c'est quel est le risque que je prends de perdre mon capital ?
02:21 Donc quand on dit risque pays, ce n'est pas seulement les risques qu'on met en relief.
02:25 Nous mettons en relief les opportunités, le retour sur investissement et le risque qu'éventuellement cet investisseur prendra.
02:34 Et ça s'adresse aussi aux investisseurs locaux, régionaux et internationaux, à tous les investisseurs.
02:39 Mais qu'est-ce qui fait qu'un investisseur peut perdre son capital investi ?
02:45 Risque pays par exemple, si on peut anticiper que dans un pays il y aura la guerre, il y aura une guerre civile,
02:52 il y aura comme ce qui s'est passé au Soudan qui était prévu par exemple,
02:56 évidemment les investisseurs ne prendront pas de risque d'investir sur la période où on estime qu'ils pourraient avoir une problématique,
03:05 qui pourrait créer un environnement pas propice à l'investissement.
03:10 Et vous évaluez aussi le comportement des opérateurs économiques sur place ?
03:15 Oui, nous évaluons tous les paramètres qui pourraient justement permettre d'établir cette cartographie de risque.
03:24 Nous évaluons tous les paramètres, les paramètres quantitatifs et les paramètres qualitatifs
03:29 qui nous permettent justement d'établir cette cartographie de risque.
03:33 Ça fonctionne, une conférence c'est un pays qui est examiné un peu sous toutes ses coutures.
03:39 Absolument, ce que nous faisons, nous le faisons dans différents pays.
03:43 Ça a commencé en Côte d'Ivoire, c'est la 7ème édition aujourd'hui, mais nous le faisons aussi en RDC,
03:47 il y a d'autres pays dans lesquels nous le faisons.
03:51 L'idée c'est ça, c'est chaque année sortir un rapport qui établit cette cartographie de risque
03:57 et dans la conférence c'est de présenter le rapport et on a une réaction du ministre des Finances de ce pays-là.
04:03 C'est là où l'exercice devient très intéressant.
04:05 Nous présentons notre rapport, nous donnons notre opinion en tant qu'agent de notations financières
04:09 et le pays réagit à notre opinion.
04:12 En général, les gens réagissent comment aux opinions que vous émettez ?
04:16 Quand je dis les gens, je dis les pays.
04:18 Écoutez, ils réagissent en fonction de comment ils comprennent et qu'ils acceptent notre opinion,
04:25 mais c'est notre opinion, donc évidemment ils ont la leur.
04:28 Des fois, on s'accorde sur un certain nombre de choses et sur d'autres choses,
04:35 il y a certainement une appréciation différente, ce qui est tout à fait normal,
04:42 parce que nous, nous sommes une entité extérieure et nous n'avons pas d'intérêt particulier dans ce pays
04:50 et eux ont un intérêt particulier parce qu'ils sont ceux-là qui dirigent le pays.
04:54 Donc l'approche, évidemment, est différente.
04:56 Mais vous leur donnez l'opportunité de pouvoir dire leur vérité.
05:00 Et c'est ça qui est original dans cette conférence, c'est que nous ne nous contentons pas de présenter notre opinion.
05:09 Nous voulons que cette opinion soit sujet à discussion, à débat constructif.
05:14 Nous nous permettons, nous encourageons, le ministre des Finances à réagir.
05:20 Et d'ailleurs, c'est une très bonne plateforme pour lui, parce que ça permet justement d'avoir ce débat contradictoire.
05:28 Et ensuite, vous avez quatre panels.
05:30 Et ce que nous faisons par thème, sur chaque panel, nous mettons un ministre.
05:34 Un ministre du gouvernement.
05:35 Et on peut avoir d'opinion, justement, du gouvernement.
05:37 Alors on verra tout à l'heure pour la Côte d'Ivoire, mais encore de manière un peu générale pour comprendre,
05:43 sur quels éléments vous vous appuyez pour établir les conclusions que vous prenez,
05:49 et pour répondre aux questions des investisseurs ?
05:51 Je veux dire, quels sont les critères qui vous permettent de dire qu'un investissement dans ce pays va être plutôt intéressant ou pas ?
06:00 Déjà, nous regardons la performance macroéconomique, l'environnement sociopolitique, la gestion financière, le système financier,
06:11 ce type de paramètres-là.
06:13 Et nous avons une méthodologie scientifique qui est basée sur une échelle qui est sur 10.
06:24 De 0 à 2, nous sommes dans les risques systémiques, où nous encourageons même pas les gens à aller investir dans ce pays.
06:32 De 2 à 4, nous sommes dans les risques élevés.
06:35 Mais on se dit qu'on peut faire des investissements en prenant des garanties, en prenant un certain nombre de mesures.
06:43 De 4 à 6, c'est les risques modérés, où il n'y a pas systématiquement de frein à l'investissement.
06:50 Ceci dit, il y a quand même de poches de risque.
06:53 Entre 6 et 8, c'est les risques faibles, où nous encourageons les investisseurs à investir dans le pays.
07:00 Et entre 8 et 10, le risque, c'est quasiment inexistant.
07:05 Mais comment est-ce que vous garantissez votre objectivité, qui est quand même très indispensable dans ce type d'exercice ?
07:15 Si vous connaissez les agents de notations financières, notre actif le plus important, c'est notre crédibilité.
07:20 Et nous sommes agréés par différentes autorités de régulation du marché des capitaux.
07:26 Nous sommes reconnus, aujourd'hui nous intervenons dans 20 pays africains, dans 2 pays européens, 1 pays asiatique.
07:33 Donc ça montre bien qu'après 16 ans, nous avons quand même établi cette notoriété, cette crédibilité-là.
07:39 Je crois que basé sur ça, quand vous regardez l'engouement des gens à chaque édition de nos conférences pays,
07:47 ça montre bien que la confiance est établie.
07:50 Alors, pour en venir à la Côte d'Ivoire, c'est la 7ème année que vous organisez ce type de conférences sur la Côte d'Ivoire, donc à Abidjan.
08:01 Mais je me demandais, pourquoi est-ce qu'il faut le faire chaque année ?
08:06 Parce que d'une année sur l'autre, est-ce que vraiment les données peuvent changer fondamentalement ?
08:10 Vous allez me dire, peut-être il y a eu... Est-ce que la pandémie, par exemple, la pandémie du coronavirus,
08:15 ça est venu comme un chien dans un jeu de qui ? Modifier la donne.
08:19 Cette régularité de la notation, elle est importante ?
08:23 Absolument. Vous savez, le risque n'est pas gravé dans le MAP. Le risque, il est évolutif.
08:28 Donc évidemment, non seulement nous faisons la notation, l'évaluation de la cartographie annuellement,
08:35 mais nous faisons un suivi permanent. Parce que le risque peut changer d'une semaine à l'autre.
08:40 Vous avez vu, il y a deux semaines, il n'y avait pas de guerre au Soudan. Deux semaines après, il y a la guerre au Soudan.
08:48 Donc le risque, il peut surgir de partout. Et c'est pourquoi il est extrêmement important de faire un suivi.
08:56 L'avantage de cet exercice, ça rassure les investisseurs de savoir que tant que l'agence n'a pas dit entre-temps qu'il y a un sujet,
09:06 évidemment, il n'y a certainement pas de sujet. Donc ça permet justement aux investisseurs d'avoir un guide
09:13 et de pouvoir suivre leurs investissements sans être en train de se préoccuper tous les jours.
09:19 Donc nous, en tant qu'experts, notre travail, c'est justement de faire cette analyse-là et ce suivi pour le compte, en réalité, des investisseurs.
09:31 Est-ce que la pandémie de coronavirus a amené du risque supplémentaire dans le pays ?
09:38 L'idée, ce n'est pas d'éviter les crises ou les chocs extérieurs. L'idée pour les investisseurs, c'est de comprendre quelle est la capacité
09:49 d'absorption de ce choc et quelle est la capacité de justement en sortir.
09:54 C'est ça.
09:55 Et je crois que si on prend par exemple la Côte d'Ivoire, comme nous sommes en train de parler de risques que paye la Côte d'Ivoire,
10:01 elle a une bonne capacité à absorber ce risque, ce choc extérieur qui est la pandémie.
10:07 D'ailleurs, pendant que beaucoup d'économies étaient en récession, la Côte d'Ivoire a fait +2% de croissance,
10:13 ce qui est une très bonne chose dans une situation de crise.
10:18 Et l'année juste après, en sortie de crise, elle est montée à 6%.
10:24 Donc ça montre bien sa capacité de rebondissement.
10:27 Il y a beaucoup de pays africains qui sont dans le même cas.
10:30 Et je crois que généralement, l'Afrique a été plus résiliente vis-à-vis de la Covid que le reste du monde.
10:37 Et donc, c'est ces choses-là que les investisseurs veulent voir et comprendre après
10:41 de quoi est composée cette capacité de résilience et d'absorption de choc.
10:47 Alors, le point d'orgue d'un rapport risque-pays, c'est la note que vous donnez à ce pays.
10:52 J'ai bien compris que comme cette émission est diffusée avant la conférence,
10:57 nous ne connaîtrons pas la note de la Côte d'Ivoire maintenant.
11:01 Néanmoins, comment est-ce que vous évaluez ce pays en d'autres termes ?
11:07 Qu'est-ce qu'on va trouver en gros dans le rapport de cette année 2023 ?
11:11 Alors, déjà, il faut comprendre qu'il y a une évolution puisque c'est la 7e édition.
11:15 Je vous donne peut-être les notes des 3 dernières années ou des 4 dernières années.
11:20 Donc, la première année, les 4 dernières années, la Côte d'Ivoire était en risque faible.
11:25 On était dans la catégorie où on encourageait les investisseurs à investir dans ce pays.
11:31 L'année d'après, elle a chuté à 5,6.
11:36 C'était quand on rentrait dans la période de la pandémie.
11:40 Et 6,6, c'est risque modéré, où il n'y a pas de frein particulier, mais il y a des poches de risque.
11:47 Et l'année d'après, elle a été dégradée davantage de 10 points de base, d'en-dessus de 6,7 à 6,6.
11:54 Et l'année dernière, dans cette logique de rebondissement, elle a rebondi à 6,2.
12:02 Et donc, elle est rentrée à nouveau dans le risque faible.
12:06 C'est-à-dire que c'est pas vraiment… Enfin, avant la crise, elle était dans la catégorie de risque faible.
12:13 Donc, c'est pas vraiment une évolution d'un défi, sauf ces deux dernières années.
12:17 Et comme il n'y a rien eu d'extraordinaire depuis un an, on peut penser que ça va être dans cette mouvance-là.
12:22 Si l'on prend différents items qui sont abordés dans le rapport,
12:28 je vais vous demander de dire un petit mot sur chacun.
12:32 Le climat des affaires.
12:34 Alors, le climat des affaires, on va regarder, si vous voulez, l'administration.
12:38 Comment fonctionne l'administration, le secteur judiciaire.
12:40 Et là, on parle de la Côte d'Ivoire.
12:41 Oui, on parle de la Côte d'Ivoire.
12:43 On va regarder les politiques publiques qui ont été mises en place pour assurer les contrats des investisseurs,
12:51 pour rendre plus transparent et plus dynamique le secteur judiciaire.
12:59 Il s'est amélioré, ce climat des affaires ?
13:01 Oui, il s'est amélioré avec la création d'un tribunal, le tribunal de commerce, on l'appelle.
13:08 Évidemment, je crois qu'il y a un certain nombre de choses qui ont été faites pour améliorer le climat des affaires.
13:14 Il y a d'autres choses qui ont certainement ralenti le climat des affaires.
13:17 Comme quoi, par exemple ?
13:19 Pardon ?
13:20 Comme quoi, par exemple ?
13:21 Écoutez, je veux dire, la lenteur administrative, par exemple, peut créer un frein à l'investissement.
13:30 Parce qu'évidemment, l'investisseur va être sur une logique de temps.
13:34 Et donc, la lenteur peut poser un problème.
13:38 Si vous voulez, la mauvaise gouvernance, dans certains cas, peut poser également un problème.
13:43 Alors, il y a un autre thème, c'est la gestion des finances publiques, par exemple.
13:47 La gestion des finances publiques, évidemment, on va regarder la gestion de la dette,
13:51 on va regarder la performance du budget.
13:56 Donc, sur cela, évidemment, ces dernières années, depuis la Covid, il y a eu un déséquilibre budgétaire.
14:03 Ceci dit, avant, la Côte d'Ivoire était un bon élève de la...
14:07 Le président de la République, dans son discours devant le Congrès, a fait part de cette dette qui est relativement modérée,
14:14 en termes de pourcentage, par rapport à d'autres pays.
14:18 Alors, quand on parle de dette, je crois qu'il est extrêmement important.
14:22 Je pense que le président se référait au stock de la dette sur le PIB, qui est de 55% qu'il a dit,
14:28 mais évidemment, qui va certainement augmenter un peu avec le nouveau prêt,
14:31 qui vient d'être conclu avec le FMI.
14:35 Mais le plus important dans la dette, ce n'est pas le stock de la dette sur le PIB.
14:41 Parce qu'en réalité, vous pouvez être même surendetté, ce n'est pas trop un problème.
14:48 Le problème, c'est est-ce que vous êtes capable de rembourser votre dette ?
14:51 Donc, c'est le ratio du service de la dette qui est pour nous le plus pertinent.
14:57 Et quand vous regardez ce ratio-là, l'année dernière, il était à 48% des recettes.
15:06 Ça veut dire que 48% des recettes de la Côte d'Ivoire, hors dons et hors recettes fiscales et douanières,
15:13 partent dans le remboursement.
15:15 Ça, ça peut être quand même une source d'inquiétude.
15:18 Ça, ça peut être une source d'inquiétude, parce qu'en réalité, ce que ça veut dire,
15:21 si ça continue et que ce chiffre augmente,
15:25 ça voudra dire qu'à un moment donné, la Côte d'Ivoire sera obligée d'empointer pour rembourser
15:29 et rentre dans un cercle qui est moins vertueux, qui n'est pas bon.
15:33 Vous parlez aussi de l'environnement politique.
15:35 Ça fait partie des critères que vous observez ?
15:38 Absolument, l'environnement sociopolitique.
15:39 Comment vous l'évaluez là ?
15:41 Alors, nous regardons un peu l'évolution de l'environnement sociopolitique.
15:45 Aujourd'hui, vous avez un environnement sociopolitique qui est en pleine mutation.
15:50 Il y a des alliances, il y a des désalliances.
15:53 En réalité, on voulait comprendre un peu qu'est-ce que ça voudrait dire,
15:56 qu'est-ce que ça voulait dire pour la stabilité politique dans ce pays,
16:00 avec l'historie que nous savons.
16:02 Et quelle est votre compréhension de la chose ?
16:04 Écoutez, vous allez savoir le quatre, n'est-ce pas ?
16:08 Par contre, ce que je peux vous dire, c'est que c'est très intéressant.
16:12 On a fait un panel politique, en réalité, sur cette mutation politique.
16:17 L'idée, c'était quoi ?
16:18 C'est de comprendre déjà, quel est le modèle politique de ce pays ?
16:21 Et est-ce que ce modèle politique-là peut garantir la stabilité politique ?
16:26 Parce que c'est extrêmement important, tout part du modèle politique.
16:31 J'allais vous poser la question de savoir, à votre sens,
16:34 quel est le plus gros risque lié à la Côte d'Ivoire ?
16:38 Est-ce que c'est la politique ?
16:40 C'est… Enfin, quand vous dites le plus gros risque, c'est-à-dire d'instabilité…
16:46 Risque pays, je ne sais pas dans votre acception du risque pays.
16:49 Je pense que le plus gros risque dans la majorité des pays africains, y compris celui-là,
16:53 c'est le risque sociopolitique, effectivement.
16:55 Et ce risque sociopolitique découle du modèle politique choisi.
17:00 Et c'est ce modèle politique-là qui, pour l'instant,
17:03 n'est pas un modèle politique dans la majorité des pays
17:05 qui pourrait garantir une stabilité à long terme.
17:10 Parce que vous avez des modèles politiques qui, en réalité, sont basés…
17:15 Ce n'est même pas le parti politique qui est au pouvoir,
17:18 parce que chaque parti politique qui vient au pouvoir
17:20 adopte le même système, le même modèle politique.
17:24 Ici, par exemple, depuis les années 60, donc depuis l'indépendance jusqu'à maintenant,
17:29 c'est le même modèle politique, ce modèle politique de concentration de pouvoir.
17:33 Et donc, cette concentration de pouvoir ne permet pas d'avoir un équilibre de pouvoir
17:38 et qui, justement, crée toujours ce risque-là d'instabilité sociopolitique à long terme.
17:45 Et à Blomfield, vous faites aussi des prévisions.
17:48 Alors, comment est-ce que vous jugez les performances de l'économie ivoirienne
17:53 à moyen et à long terme ?
17:55 Comment vous voyez évoluer cette économie dans l'avenir ?
17:59 En termes de performances, l'économie ivoirienne va continuer à performer, en réalité.
18:05 Elle performe très bien et va continuer à performer.
18:09 Mais le problème de la Côte d'Ivoire, ce n'est même pas la performance de l'économie,
18:12 c'est la structuration de l'économie.
18:15 C'est la structure de l'économie qui devrait changer,
18:18 qui permettrait, qui ferait que cette performance, non seulement,
18:22 serait une performance solide, mais ce serait une performance qui aura des résultats inclusifs.
18:27 Vous avez le sentiment que les pouvoirs publics, les responsables actuels,
18:31 ont conscience de ça et travaillent dans ce sens-là, de la restructuration économique ?
18:35 Je pense qu'ils ont conscience de ça.
18:37 En même temps, on est en train de parler de restructuration profonde,
18:43 mais oui, ils ont conscience de ça parce qu'une des choses que ce pays a compris
18:49 depuis l'indépendance, je pense que depuis les 20 dernières années,
18:53 ou 30 dernières années, c'est l'importance de la diversification de l'économie
18:58 qui a été faite, qui aujourd'hui est une économie très diversifiée,
19:02 d'où sa capacité d'absorption de choc extérieur.
19:05 La deuxième chose à faire aujourd'hui, c'est la transformation de l'économie.
19:10 Et cette transformation, elle a commencé, elle est lente, mais elle a commencé.
19:14 Et dans cette logique de transformation, il y a un élément extrêmement important
19:18 qui doit être fait, c'est la formalisation de l'économie.
19:21 Cette économie est informelle à 92%.
19:25 La formalisation de l'économie va résoudre énormément de problèmes,
19:29 notamment élargir la base fiscale pour pouvoir engorger plus de revenus, naturellement.
19:36 Donc ça, c'est un problème qui devait être pris à bras le corps,
19:39 la formalisation de l'économie.
19:42 Quelle est, et c'est la dernière question sur ce sujet avant de laisser la place au journal,
19:47 en un mot, à votre sens, quel est le pays le plus sûr sur le continent africain pour investir ?
19:54 Écoutez, je pense que quand vous regardez les évaluations et les notations des pays,
20:01 le pays qui a la plus forte note, c'est le Botswana.
20:04 Eh bien merci, c'est une surprise.
20:10 Stanislas Blumfeld Investment Corporation a 15 ans.
20:15 Et on vous prête une certaine audace d'avoir lancé en 2007 une agence de notation.
20:23 Ceci ne s'était encore jamais fait dans le monde de l'Afrique francophone.
20:29 Oui, nous sommes dans la 16e année.
20:31 Effectivement, c'était un pari fou, un pari nécessaire.
20:35 Aujourd'hui, évidemment, on se rend compte que c'était un pari nécessaire.
20:39 Je me suis rendu compte que l'Afrique avait besoin, l'Afrique francophone surtout,
20:43 avait besoin de cet outil-là pour justement changer la perspective de risque
20:48 et la perception des risques sur le continent.
20:51 J'ai l'impression, d'après ce que j'ai compris, l'idée à la base,
20:55 c'était d'avoir une approche africaine de la question et pas seulement des regards extérieurs
21:01 et aussi de contribuer à mettre en place des instruments objectifs de pilotage des économies
21:09 et puis des investisseurs.
21:11 Quand on dit une approche africaine, ça paraît un peu péjoratif.
21:15 Parce que quand on dit une approche africaine, c'était si comme il fallait baisser les standards
21:19 pour que ce soit au niveau de l'Afrique.
21:21 Non, ce n'est pas une approche africaine.
21:23 Ce n'était pas l'idée.
21:24 Non, je sais, mais je veux juste clarifier ça parce que généralement, peut-être que dans l'entendu de gens…
21:28 Non, c'est au plus proche de la réalité, de la connaissance des situations.
21:32 Donc, c'est surtout une approche contextuelle.
21:35 Voilà.
21:36 Voilà, une approche contextuelle.
21:38 L'idée, c'est de dire, les agents de notation internationale évaluent sur la base du dollar,
21:44 sur la base de la dévise étrangère.
21:46 Il se trouve que les pays africains, dans cette logique universelle de la dévise étrangère,
21:52 sont systématiquement pénalisés à cause de la structure de leur économie.
21:56 Donc, ce sont des pays qui ne sont pas des pays industrialisés,
21:59 donc qui ont très peu de dévises.
22:01 Ils collectent des dévises en vendant la matière première
22:04 et utilisent ces mêmes dévises pour importer les produits finis.
22:07 Donc, ils ont des niveaux de réserve de dévises qui sont faibles.
22:10 Donc, ils sont condamnés à avoir de mauvaises notes en dévise
22:13 parce qu'on évalue votre capacité à faire face à vos obligations financières en dévise étrangère.
22:19 Donc, si vous avez des dévises faibles,
22:21 quelle que soit la performance de votre économie, vous aurez de mauvaises notes.
22:25 Et c'est ce qu'on constate d'ailleurs.
22:26 Et donc, nous, nous faisons la notation financière en monnaie locale.
22:30 Ça veut dire que nous, nous allons établir la vraie qualité de crédit des pays,
22:34 c'est-à-dire leur crédibilité.
22:36 La proximité, c'est la connaissance du terrain, est quand même importante.
22:40 Absolument, quand il s'agit des paramètres qualitatifs,
22:44 parce que les paramètres quantitatifs sont les mêmes.
22:46 Les méthodologies des agents de notation financière sont les mêmes.
22:49 Quand il s'agit des paramètres quantitatifs, c'est l'approche qui est différente.
22:53 Mais alors, est-ce qu'il peut arriver, je ne sais pas, je me suis demandé,
22:56 que vous, Bloomfield, sur un pays,
23:00 vous ayez une notation radicalement différente d'une agence américaine ou européenne ?
23:05 Mais on a toujours des notes différentes parce qu'on n'est pas sur la même échelle.
23:09 Par contre, il n'est pas possible pour nous de voir des notes complètement différentes
23:16 d'une autre agence panafricaine qui utilise les mêmes informations.
23:21 D'accord.
23:22 Les méthodologies sont les mêmes.
23:23 Donc, on utilise les mêmes informations.
23:25 On peut avoir un décalage d'un cran, c'est-à-dire nous, on peut dire la Côte d'Ivoire est A+.
23:30 Et une autre agence panafricaine dira que la Côte d'Ivoire est A.
23:35 Mais est-ce qu'il peut arriver que vous disiez…
23:36 Par contre, avec les agences internationales, on a un équivalent.
23:39 Et sur la base de cet équivalent, évidemment, on aura toujours les notes dans la même catégorie, plus ou moins.
23:44 Donc, il ne peut pas arriver qu'un dise que c'est blanc et l'autre dise que c'est totalement noir.
23:49 Non, ce n'est pas possible.
23:50 Ce n'est pas possible.
23:51 On utilise les mêmes données.
23:52 C'est ça.
23:53 C'est juste que, comme nous sommes sur une échelle différente,
23:56 les notes sont plus faibles que les notes, mais qu'en fait, en équivalence,
24:00 généralement, on se retrouve au même niveau, en réalité, en termes d'explications.
24:03 Mais c'est parce que dans la notation en dévise étrangère, vous avez des contraintes.
24:09 Quand vous enlevez les contraintes, elles viennent au même niveau.
24:12 La note vient au même niveau.
24:13 Si vous rajoutez les contraintes chez nous, on revient au même niveau.
24:16 L'idée, c'est d'expliquer que la notation en dévise étrangère n'établit pas la crédibilité,
24:21 mais la capacité à payer dans une dévise précise.
24:24 Et c'est cette précision qui n'est jamais faite et qui pénalise les pays africains.
24:29 D'accord.
24:30 Alors, une agence de notation, vous n'analysez pas seulement les pays,
24:34 vous analysez les entreprises, vous analysez des institutions,
24:39 même des institutions financières, des collectivités locales.
24:43 Donc, en fait, c'est ça, c'est d'essayer à chaque fois de voir les points forts et les points faibles d'une entité.
24:51 Quand il s'agit de notation financière, parce que la notation financière est différente de la cartographie de risque,
24:57 la notation financière, c'est d'établir ce qu'on appelle votre qualité de crédit.
25:01 Et la qualité de crédit, c'est votre capacité et votre volonté à faire face à vos obligations financières à coût moyen et long terme.
25:09 Et donc, on va regarder votre liquidité à court terme et vos fondamentaux à long terme.
25:16 Donc, ça correspond à cinq catégories de risque.
25:19 Les institutions financières, les corporate, les entités publiques, les souverains et les instruments financiers.
25:27 Et qui sont vos clients ? Qui s'adresse à vous et vous paye pour avoir ces informations ?
25:32 Des entreprises qui empruntent sur le marché boursier, qui empruntent auprès des banques,
25:37 des entreprises qui ont envie d'établir leur qualité de crédit par rapport à leur partenaire, par rapport à leur client.
25:43 Les assurances par exemple.
25:45 Elles-mêmes alors, pour elles-mêmes ?
25:46 Oui. Les assurances par exemple ne sont pas des entités qui empruntent, généralement,
25:50 mais veulent prouver à leurs clients qu'elles sont capables de faire face à leurs obligations financières.
25:58 Parce que quand vous avez un sinistre, évidemment, ça devient une obligation financière pour l'assurance.
26:02 Quelle est sa capacité à faire face à ce sinistre ?
26:05 Quand vous avez affaire à des grosses boîtes, elles veulent savoir si, en cas de sinistre, vous serez capable de faire face à vos obligations financières.
26:14 Donc vous notez toutes ces institutions, qu'elles soient publiques ou privées, ça vous donne quand même un certain pouvoir.
26:21 Mais qu'est-ce qui vous donne la légitimité de ce pouvoir, de pouvoir faire ça ?
26:26 Alors, il y a deux choses. Vous savez, pour être crédible, un agent de notation doit avoir l'acceptation du marché et ensuite l'acceptation administrative.
26:36 L'acceptation du marché, c'est-à-dire que nous sommes une société commerciale,
26:41 donc on n'a pas besoin d'agrément pour noter.
26:44 Par contre, on a besoin d'agrément pour que nos notes soient acceptées par les autorités de régulation du marché.
26:50 Eux-mêmes, d'ailleurs, demandent que vous ayez la crédibilité du marché.
26:55 Donc si des gens vous font confiance et vous laissent les noter, évidemment, cette confiance-là, elle est consolidée par l'agrément du régulateur.
27:05 Donc cette légitimité, elle n'est pas innée, elle est acquise par votre travail ?
27:11 Par le travail, par démonstration de notes sérieuses.
27:15 Mais alors au début, quand vous vous lancez en disant "Salut, j'arrive, je suis une agence de notation", on doit vous regarder bizarrement, en effet.
27:22 Oui, effectivement, c'est ce qui s'est passé d'ailleurs, mais ce n'est pas grave, parce que comme je dis toujours,
27:26 tant que vous n'avez pas fait vos preuves, souffrez qu'on ne soit pas rassuré que vous sachiez faire ce que vous dites que vous savez faire.
27:32 Et donc on a fait nos preuves et à un moment donné, évidemment, on a fait de la pédagogie pendant deux ans,
27:39 on a eu notre premier client deux ans après qu'on ait créé l'agence.
27:42 Donc on a quand même fait nos preuves.
27:44 Alors dans un ouvrage que vous avez publié récemment, "L'homme aux chaussettes rouges",
27:50 vous rappelez que le chemin entrepreneurial, justement, que vous avez mené pour créer cette agence de notation n'a pas été un lydros ?
27:59 Non, pas du tout. Ça a été par coup du combattant.
28:04 Mais vous savez, je suis resté longtemps aux États-Unis où j'ai fait mes études, où j'ai travaillé,
28:10 et il y a un adage américain qui dit "Only the strongest survive in the jungle".
28:15 Traduisez quand même pour nous.
28:18 Seuls les plus forts survivent dans la jungle.
28:21 Et ce monde s'apparente à une jungle.
28:24 Donc évidemment, vous ne pouvez pas rentrer dans cette jungle et penser systématiquement que les gens vont vous faire la part belle.
28:33 Il faut vous battre et montrer que vous êtes très fort pour pouvoir vous en sortir.
28:38 Et c'est exactement ce qu'on a fait.
28:40 Et ça nous a permis justement de mieux comprendre l'environnement, de mieux comprendre la psychologie de l'environnement,
28:46 et d'adapter notre outil en fonction de cette psychologie que nous avons compris.
28:51 Au début, vous vous êtes heurté au scepticisme de nombreuses personnes et de l'environnement économique ici,
28:56 en disant "mais ça ne peut pas marcher".
28:58 Non, parce que c'était quelque chose de nouveau.
29:02 Et c'est ça le challenge de l'innovation.
29:05 C'est plus facile de repliquer quelque chose que de quelqu'un faire, que d'innover.
29:09 Donc évidemment, notre responsabilité était de faire de la pédagogie,
29:13 d'éduquer les gens sur l'utilité de cet outil pour eux-mêmes et pour cet environnement.
29:18 Et c'est ce qu'on a réussi à faire pour pouvoir justement atteindre ce niveau de notoriété.
29:23 La persévérance dont vous avez fait preuve, tenir,
29:27 est-ce que c'est le conseil que vous donneriez,
29:31 le conseil essentiel que vous donneriez à des entrepreneurs qui en sont au début de leur projet ?
29:38 Et c'est ce que je fais tout le temps.
29:40 Je parle souvent aux jeunes entrepreneurs, aux apprentis entrepreneurs,
29:44 ou ceux qui envisagent être des entrepreneurs.
29:46 Qu'il y a des valeurs fondamentales qui sont extrêmement importantes pour pouvoir rentrer dans ce secteur-là.
29:55 Le courage, la résilience, la persévérance.
29:59 Si vous n'êtes pas doté de ça, ça va être compliqué.
30:02 Parce qu'en réalité, quand vous commencez l'entrepreneuriat, à un moment donné, vous...
30:08 C'est toujours dur.
30:09 C'est toujours dur.
30:10 C'est surtout que vous pourrez être envahi par le doute.
30:12 Oui.
30:13 Le doute est l'ennemi féroce de l'entrepreneur.
30:16 Dès que vous êtes envahi par le doute, la probabilité de réussir s'aménuise.
30:23 Et donc c'est juste de comprendre que la traversée du désert
30:28 est une partie intégrante de ce processus d'entrepreneuriat.
30:33 Merci.
30:34 Disons que nous, à cette info, ça nous rassure.
30:39 Vous dites justement que l'échec n'est pas une option lorsqu'on entreprend.
30:44 Et je me disais, l'échec, ça peut aussi faire partie de l'apprentissage de tout un chacun.
30:50 Ça dépend de comment on entend.
30:52 Ça dépend de comment on comprend échec.
30:54 Échec = abandon.
30:57 C'est quand vous avez abandonné que vous avez échoué.
31:00 Mais le challenge, ce n'est pas un échec.
31:03 Tomber, se relever, ce n'est pas...
31:06 Le fait de tomber n'est pas un échec quand vous vous relevez.
31:10 Ça devient un échec quand vous restez à terre.
31:13 Donc, pendant ce parcours d'entrepreneur, vous avez beaucoup de challenges.
31:18 Et vous allez les relever, les relever jusqu'à ce que vous arrivez à un succès.
31:23 Quand vous passez le bac, celui qui a eu le bac au premier coup
31:28 et celui qui a eu le bac après dix tentatives, ils ont tous les deux le bac.
31:34 Est-ce que celui qui a eu le bac la première fois, son bac est supérieur à l'autre ?
31:39 Non, c'est le bac.
31:40 Quand on vous pose la question, on vous demande "Avez-vous eu le bac ?"
31:43 "Oui, j'ai eu le bac."
31:44 On ne vous demande pas combien de fois vous avez passé.
31:46 Par contre, celui qui l'a eu au bout de la dixième fois, s'il arrêtait au bout de la huitième fois,
31:52 oui, il aurait échoué parce qu'il n'aurait pas le bac.
31:54 Mais alors, est-ce que vous diriez vous-même que vous avez commis des erreurs ?
31:57 Et lesquelles ?
31:58 Ou que vous avez connu l'échec à un moment donné ?
32:02 Moi, je n'ai jamais connu d'échec parce que je n'ai jamais abandonné, tout simplement.
32:07 Et les erreurs, oui, tout le monde fait des erreurs, mais pourquoi on appelle ça des erreurs ?
32:13 Ce ne sont pas forcément des erreurs en réalité.
32:15 C'est-à-dire que vous allez faire des choix qui n'auront pas donné les résultats escomptés
32:20 et vous allez réfléchir, repenser et réessayer jusqu'à ce que vous réussissez.
32:24 Donc finalement, ce ne sont même pas des erreurs.
32:26 Si vous voulez, ce sont des tentatives de résolution de problématiques qui n'ont pas marché.
32:33 Et donc, vous tentez autre chose jusqu'à ce que vous réussissez.
32:37 Il faut toujours garder l'œil sur l'objectif.
32:40 Donc votre livre, on pourrait le rebaptiser "Le pitbull aux chaussettes rouge".
32:44 Il ne faut jamais lâcher.
32:46 C'est ça.
32:52 À un jeune entrepreneur, on voit que c'est pour vous l'élément essentiel, cette persévérance.
32:57 Ne jamais lâcher, ne pas penser à l'échec, ne pas se faire envahir par le doute.
33:02 Quels autres conseils, votre expérience vous permet aujourd'hui de donner quand vous parlez à des entrepreneurs ?
33:10 Deux choses essentielles.
33:11 La première, c'est de dire, informez-vous sur le secteur d'activité dans lequel vous voulez rentrer.
33:18 Posez-vous toutes les questions avant de décider d'entreprendre.
33:24 Les questions, on ne se les pose pas après.
33:26 C'est un chemin de non-retour.
33:30 Une fois que vous rentrez, vous êtes condamné à arriver jusqu'au bout.
33:34 Donc, toutes les questions que vous pourrez vous poser, qui sera mon client ?
33:38 Est-ce que le produit que je veux mettre sur place est un produit qui sera bien, qui va intéresser les gens ?
33:43 Quel sera ma politique ?
33:44 Tout ça, vous posez avant.
33:46 Une fois que vous décidez, c'est un point de non-retour.
33:48 La deuxième chose, c'est d'approcher des gens qui ont déjà entrepris et qui ont réussi un projet,
33:56 pour comprendre leur histoire.
33:58 La histoire ne va peut-être pas être la vôtre, mais tous les entrepreneurs ont à un moment donné une histoire similaire.
34:05 Donc, c'est de comprendre leur parcours, leurs erreurs, comment ils se sont relevés de ces erreurs, ainsi de suite.
34:13 Et ça vous guide, et ça vous permet d'éviter un certain nombre de choses.
34:18 Et vous devenez meilleurs entrepreneurs que ceux qui vous ont expliqué leur histoire.
34:24 Ce livre que vous avez publié, "L'homme aux chaussettes rouges", vous l'avez fait pour eux ?
34:29 Pour les jeunes, pour les entrepreneurs ?
34:31 Absolument.
34:32 Parce que vous êtes votre histoire, et c'est ça, c'est partager votre histoire.
34:36 Absolument.
34:37 Je crois que malheureusement, en Afrique, on ne le fait pas souvent.
34:40 Et j'encourage d'ailleurs tous les entrepreneurs qui ont réussi un projet,
34:44 de partager, d'écrire leur biographie et de raconter leur histoire à cette jeune génération qui vient.
34:51 Nous sommes un continent qui est de plus en plus jeune.
34:54 En 2030, 60% de la population africaine aura moins de 20 ans.
34:58 Donc, ça veut dire que ce continent sera dirigé par des jeunes dans 20 ans, dans 30 ans.
35:03 Il est extrêmement important de partager avec eux, de les guider, de les orienter et de les responsabiliser.
35:10 De sorte à ce qu'on soit en train d'assurer l'avenir de l'Afrique.
35:14 Comment faire pour ramener au pays ceux qui se sont formés à l'extérieur,
35:21 et qui sont bien formés et qui ont toutes les capacités et qui peuvent tant apporter à leur pays d'origine ?
35:28 Je crois que c'est une question de volonté politique de capitaliser sur tous ces actifs-là.
35:37 Mais pour ça, quand on a la volonté politique de le faire,
35:41 on crée l'environnement nécessaire qui le permettrait de revenir.
35:45 C'est extrêmement important.
35:47 Et qu'est-ce que vous appelez par créer l'environnement qui leur permet de revenir ?
35:50 C'est-à-dire, quand vous êtes un pays, au lieu de vous demander,
35:55 au lieu de vous dire, il va falloir qu'on impose à nos partenaires des hommes de nous transférer la technologie,
36:03 moi je dirais plutôt, essayez de rapatrier tous vos ingénieurs que vous avez à travers le monde
36:11 pour créer des unités de transformation, de fabrication.
36:16 Créer un environnement, c'est de dire, quand vous dites à un ingénieur d'un pays africain,
36:22 qui travaille par exemple à la NASA, rentrez dans votre pays
36:26 pour aider à mettre en place justement une unité comme la NASA.
36:32 Et lui, il touche 25 000 dollars par mois, et vous lui dites, parce qu'il vient pour son pays,
36:39 il propose 2 000 dollars par mois, ça ne va pas marcher.
36:43 Il faut être conséquent, il faut voir ça.
36:45 Mais il faut avoir les moyens aussi.
36:47 Oui, mais on se donne les moyens de sa politique en réalité.
36:49 C'est extrêmement important, on se donne les moyens.
36:52 Je suis sûr que si on réduit un peu le gaspillage dans beaucoup de nos pays,
36:59 on pourrait créer une cagnotte spécialement pour faire revenir ces gens.
37:03 Et la corruption ?
37:04 Ça fait partie du gaspillage.
37:06 Ça fait partie de l'évaporation.
37:07 Et donc ça veut dire que si on met en place des systèmes de contrôle qui sont plus efficaces,
37:12 qui permettent de réduire cette corruption,
37:15 on permettra de créer un fonds, justement, qu'on pourrait peut-être appeler
37:20 le fonds de patrimoine de l'aliaspora, et faire venir des gens qui vont créer.
37:24 Vous faites venir 25 ingénieurs qui travaillent dans des boîtes de construction automobile à travers le monde.
37:32 Quelle est la probabilité qu'avec ces 25, vous ne pourrez pas créer votre propre marque ?
37:37 Bien sûr.
37:38 Pour moi, ce sont des choses qui me paraissent très simples,
37:41 et sur lesquelles on devrait capitaliser en réalité.
37:44 Dernière question, Stanislas Zezé.
37:46 Pourquoi portez-vous toujours des chaussettes rouges ?
37:49 Ah, écoutez, je vous invite, et j'invite tous ceux qui nous regardent, à acheter les livres.
37:54 La réponse est dans les livres à la page 100.
37:57 Excellent.
37:58 Merci en tout cas.
38:00 Merci Stanislas Zezé d'être venu à cette info.
38:03 Je rappelle la 7e conférence Risques-Pays Côte d'Ivoire,
38:07 qui se tiendra à Abidjan le 4 mai prochain, et dont cette info est partenaire.
38:13 Merci à vous Stanislas.
38:14 Merci infiniment.
38:15 Merci pour votre attention, à la prochaine fois.
38:17 [Musique]
38:29 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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