Le "8h30 france info" d'Arnaud Robinet

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Arnaud Robinet, président de la Fédération Hospitalière de France, maire de Reims, est l'invité du "8h30 franceinfo"

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00:00 *Musique*
00:06 Bonjour Arnaud Robinet.
00:07 Bonjour.
00:08 Hier les internes en médecine se sont mobilisés contre leurs conditions de travail.
00:11 Il ne se passe pas un jour sans que la presse régionale se fasse l'écho de services fermés dans les hôpitaux,
00:16 de fonctionnement dégradé par manque d'effectifs.
00:19 Et pourtant Emmanuel Macron disait au mois de janvier qu'il voulait que le secteur sorte de ce jour de crise sans fin.
00:25 On a l'impression qu'on en est encore loin aujourd'hui.
00:28 Malheureusement, le système de santé ou la santé elle est gérée de façon urgente.
00:33 On le voit, on a des réactions crise après crise, les urgences, la Covid etc.
00:39 Ce que nous demandons nous à la Fédération de Pierre de France, c'est une véritable loi de programmation justement.
00:44 A l'image de ce qu'on fait pour la défense.
00:46 Sortir du court terme.
00:48 Sortir du court terme.
00:49 On arrête avec un système de santé géré de PLFSS en PLFSS.
00:54 Nous demandons une loi de programmation sur 5 ans.
00:57 Voilà, le temps d'un quinquennat qui donne des moyens, des objectifs,
01:01 partagés avec l'ensemble des acteurs du monde de la santé, afin de répondre aux enjeux et aux défis.
01:07 Qu'est-ce qu'il y aurait dans ce plan ?
01:09 Ça va bien évidemment des investissements pour l'hôpital public.
01:12 Ça va également des négociations avec la médecine libérale.
01:15 Nous avons besoin d'une médecine libérale, d'une médecine de ville forte.
01:18 Et moi je me refuse d'opposer le public au privé.
01:21 Nous avons besoin de travailler main dans la main.
01:23 On aura un hôpital fort si on a une médecine de ville forte.
01:26 Et entre nous, le problème de la médecine libérale et la médecine de ville,
01:29 bien évidemment qu'il faut accompagner le médecin de ville.
01:32 Mais le sujet reste la capacité de recruter et de former des médecins.
01:35 Il faut former beaucoup plus de médecins aujourd'hui.
01:38 Certes, ça prend du temps.
01:40 C'est 10 ans, 10 à 11 ans.
01:42 Mais il faut aller vers cet objectif.
01:45 Donc oui, une vraie loi de programmation santé.
01:48 J'ai pu échanger avec François Braune hier après-midi,
01:51 qui est venu me rendre visite à Reims.
01:53 Sur le fond, il n'y est pas opposé d'ailleurs d'avoir une véritable loi de programmation.
01:58 Maintenant, il faut bien sûr que Bercy, que l'Elysée et que Matignon soient d'accord.
02:04 Mais en tout cas, nous allons forcer vers cet objectif.
02:07 Et concernant les internes, leur mouvement est tout à fait légitime.
02:11 S'il y a de la maltraitance, il faut agir.
02:13 François Braune, c'est le ministre de la Santé.
02:15 Le PLFSS, c'est le projet de loi de financement de la sécurité sociale.
02:18 Vous dites une loi de programmation avec des moyens à très long terme.
02:24 Quand on voit par exemple que la note de la France est dégradée hier,
02:27 que Bruno Le Maire ce matin déclare à nos confrères de l'AFP,
02:30 que la France va continuer à mener des réformes structurantes.
02:33 Est-ce que vous dites qu'on ne touche surtout pas à la santé ?
02:35 Moi, je crois qu'il y a des objectifs.
02:37 La santé, l'éducation, la justice.
02:40 Ce qui est régalien d'une certaine manière.
02:42 Bien évidemment qu'il faut continuer à investir.
02:44 Mais est-ce que vous demandez des garanties claires ?
02:46 De dire que sur la durée du quinquennat, il faut que le président s'engage ?
02:49 Bien évidemment.
02:50 Que ce soit sur le sanitaire, comme sur le médico-social.
02:53 Et notamment avec une véritable loi sur le grand âge et le bien vieillir.
02:58 C'est un défi auquel nous sommes confrontés.
03:01 Il faut y mettre les moyens.
03:02 Mais concernant cette fameuse note de Flitch,
03:08 je dis attention, il faut prendre au sérieux cette alerte.
03:11 Derrière, certes, il y a cette tension sociale que nous connaissons aujourd'hui en France.
03:17 Mais il y a aussi le quoi qu'il en coûte qui a été nécessaire, bien évidemment,
03:21 pour soutenir l'activité économique et accompagner les Français dans les difficultés que nous avons traversées.
03:26 Mais il faut prendre au sérieux cet avertissement.
03:29 Et donc il faut aller vers des réformes structurelles, bien évidemment.
03:33 Et je le dis aussi clairement, vous savez, moi je ne fais pas partie de ceux qui disent qu'on ne dépense pas assez.
03:37 La part du PIB en termes de dépense sociale est extrêmement importante en France.
03:41 Mais il faut être plus efficient, bien évidemment.
03:44 Alors parlons des internes, puisqu'on va prendre peut-être les problèmes les uns après les autres.
03:47 Pour que ce soit parfaitement clair, vous disiez à l'instant que leurs revendications sont légitimes.
03:50 Ils demandent, pour rappel, que leur temps de travail soit mieux encadré,
03:54 que ça n'aille pas au-delà de la limite hebdomadaire des 48 heures.
03:57 Ils disent qu'ils font souvent 100 heures par semaine.
04:00 Il y a aussi une question de rémunération.
04:01 Je vous propose d'écouter Guillaume Bailly.
04:03 Il est interne en médecine cardiovasculaire, vice-président de l'intersyndicale national des internes.
04:08 Il était l'invité hier de France Info.
04:10 Aujourd'hui, nous assurons ce travail qui est, nous sommes tous fantastiques,
04:14 pour un travail, un salaire de 6,40 euros de l'heure, environ, brut.
04:17 Ce calcul, il est très simple en fait.
04:19 Il est rapporté sur le temps de travail horaire,
04:21 qui parfois dépasse allègrement les 100 heures par semaine pour les internes.
04:25 Et qui, du coup, rapporté au salaire avoisine du coup des chiffres qui, je rappelle,
04:30 actuellement sont en dessous des chiffres du SMIC.
04:34 Alors 6,40 euros brut de l'heure, d'abord, est-ce que vous êtes d'accord avec ce calcul ?
04:38 Et puis, est-ce que c'est normal ?
04:39 Non, ce n'est pas normal.
04:40 Et vous savez, quand j'entends certains qui parlent de coercition sur l'installation des médecins,
04:44 et la remise en question de l'hyperinstallation des médecins,
04:47 en disant qu'ils ont eu leurs études payées,
04:49 c'est normal qu'ils rendent à la société du temps et qu'on leur impose là où ils doivent s'installer.
04:54 Et bien, c'est la preuve. Et c'est le contraire.
04:56 Parce que les internes, ils ont un rôle essentiel dans le fonctionnement de nos hôpitaux,
05:00 nos CHU, mais nos CH également.
05:03 Et on voit là en quelles conditions ils travaillent aujourd'hui.
05:05 Parfois, il y a de la, je vais dire, de la maltraitance.
05:07 Et c'est une question de management.
05:08 Et là, il faut le travailler.
05:10 Il y a beaucoup d'universités qui travaillent dans ce domaine,
05:12 et notamment la doyenne, madame le doyen de la faculté de médecine de Reims, à titre d'exemple,
05:16 met en place un certain nombre de dispositifs concernant le management
05:19 et la lutte contre la maltraitance des internes.
05:21 Et vous dites oui aux 300 euros bruts par mois qu'ils demandent ?
05:24 Alors après, il faut vraiment une négociation.
05:26 Je ne sais pas si les 300 euros bruts sont l'alpha et l'oméga de la situation des internes en France,
05:31 mais qu'il y ait une négociation de revalorisation, bien évidemment,
05:34 cela me semble nécessaire.
05:36 Vous savez, l'hôpital public, il tient aujourd'hui à bout de bras grâce à des agents hospitaliers
05:41 qui font un travail remarquable, qui sont investis,
05:44 qui ont su s'adapter, qui ont su être réactifs face aux différentes crises.
05:48 Et nous devons beaucoup aux internes,
05:50 qui vont aujourd'hui au-delà des heures de travail légales d'une certaine manière.
05:55 - Elles leur sont payées les heures en plus ?
05:56 Parce que de ce que je comprends, ils disent "on travaille 100 heures",
05:58 mais elles ne sont payées que 48 heures hebdomadaires.
06:01 - Tout travail mérite salaire.
06:02 Et là, on est dans le domaine de la santé.
06:04 C'est-à-dire que c'est l'enjeu de la prise en charge des patients,
06:06 de la sécurité des patients,
06:08 mais également, je dirais, des conditions de travail,
06:10 des agents hospitaliers, et là notamment des internes.
06:12 - Mais pourquoi les hôpitaux n'arrivent pas à dire combien d'heures
06:14 précisément travaillent leurs internes,
06:16 alors que le Conseil d'État leur a demandé de mieux décompter,
06:19 de mieux respecter le temps de travail ?
06:20 On a un cadre légal qui n'est pas respecté aujourd'hui.
06:22 Comment ça s'explique ?
06:23 - Bien évidemment, et il faut, et les hôpitaux, et notamment les CHU,
06:26 se sont engagés, bien évidemment,
06:29 et à la FHF, nous les accompagnons dans cette direction,
06:32 justement, de vérifier, de contrôler le nombre d'heures travaillées par les internes.
06:37 Il faut que, mais on parle encore de management,
06:39 il faut que chaque chef de service joue le jeu, bien évidemment,
06:43 comptabilise les heures de travail effectuées par les internes,
06:46 et qu'on respecte, je dirais, le cadre légal.
06:49 - Pourquoi c'est si compliqué, finalement ?
06:50 Il faut en passer par la justice, même, les syndicats,
06:52 ils ont attaqué la totalité des CHU devant les tribunaux,
06:55 avec d'ailleurs une première victoire à Strasbourg.
06:57 Ça veut dire qu'il faut vraiment se battre pour faire respecter le cadre légal.
07:02 - Vous savez, c'est symptomatique de ce que vit l'hôpital aujourd'hui,
07:04 c'est-à-dire que le manque de personnel, le nombre de postes vacants,
07:08 je rappelle qu'il y a 30% de postes titulaires vacants
07:11 chez les médecins à l'hôpital public,
07:13 et donc avec des programmations suite aux différentes crises,
07:17 des postes vacants chez les infirmiers ou infirmières,
07:19 chez les aides-soignantes,
07:20 et que derrière, il faut quand même aussi assurer la prise en charge des patients,
07:23 à l'image des urgences, et donc on demande de plus en plus,
07:26 bien évidemment, aux agents hospitaliers, et notamment aux internes.
07:29 Mais je crois qu'il va falloir mettre le "holà",
07:31 il en va de la sécurité sanitaire des patients,
07:33 mais également de la santé de nos soignants.
07:37 - Arnaud Robinet, président de la Fédération hospitalière de France,
07:39 maire de Reims, vous restez avec nous,
07:41 on s'interrompt, le temps de faire le point sur l'actualité de ce samedi matin,
07:44 à 8h40, c'est le Fil info de Valentine Letez.
07:47 - La finale de la Coupe de France doit rester un enjeu sportif,
07:51 estime sur France Info le président par intérim
07:54 de la Fédération française de foot, Philippe Diallo.
07:56 Ce soir, Nantes et Toulouse se disputent le titre
07:59 dans un contexte politique tendu.
08:01 3000 policiers et gendarmes sont mobilisés
08:04 et les rassemblements contre la réforme des retraites prévues
08:07 autour du Stade de France interdit.
08:09 Une atteinte grave aux libertés publiques, selon la CGT.
08:12 A à moins, c'est la nouvelle note de la France
08:15 par l'agence de notation américaine Fitch,
08:18 avec le mouvement contre la réforme des retraites,
08:20 notamment le risque que la France ne parvienne à réduire sa dette
08:24 et plus élevé selon l'organisme financier.
08:27 En Ukraine, le bilan des frappes russes sur plusieurs villes du PIR
08:30 grimpe à 26 morts.
08:32 Le président ukrainien Volodymyr Zelensky
08:34 exige une riposte internationale à la terreur russe.
08:38 C'est un samedi chargé sur les routes de France
08:41 entre la fin des vacances scolaires pour la zone B
08:43 et ce week-end de 3 jours.
08:45 C'est orange en région parisienne dans le sens des départs,
08:48 selon Bizan Futé.
08:50 Toujours avec Arnaud Robinet, président de la Fédération hospitalière de France.
09:01 On évoquait il y a quelques instants la situation des internes.
09:04 S'ajoute à cela le bras de fer entre le gouvernement
09:07 et les médecins intérimaires.
09:09 Leurs tarifs ont été plafonnés par une loi, la loi RIST,
09:11 qui vient d'entrer en vigueur.
09:13 Et mécontents, ces médecins disent
09:15 "on n'ira plus exercer dans les hôpitaux".
09:17 Est-ce que la Fédération hospitalière de France
09:20 a une évaluation du nombre de services affectés
09:23 par ce retrait des médecins intérimaires ?
09:26 Précisément non, mais ça évolue de jour en jour.
09:29 Et donc nos fédérations régionales, d'ailleurs en lien avec
09:32 le ministère de la Santé et le cabinet du ministre,
09:35 nous évaluons quasi quotidiennement le nombre de services
09:38 qui ferment, qui réouvrent, etc.
09:40 Et combien fonctionnent, allez, normalement ?
09:42 Plus de la moitié continue à fonctionner normalement ?
09:44 Bien sûr, plus de la moitié fonctionne normalement, bien évidemment.
09:46 Et je crois que la sécurité sanitaire est assurée.
09:49 Ça sera du coup qu'à cet été, par exemple ?
09:51 Parce que ça va s'ajouter au problème de conflit, etc.
09:53 J'ai fait part de mes inquiétudes, et vous avez raison sur le sujet,
09:56 j'ai fait part de mes inquiétudes au ministre de la Santé,
09:58 comme à la Première Ministre, sur les périodes de vacances,
10:01 notamment sur la période des vacances de Pâques que nous traversons,
10:04 sur la période estivale, afin que l'on puisse anticiper
10:07 que les astreintes soient partagées par l'ensemble,
10:10 bien évidemment, des acteurs de la santé,
10:13 qu'il y ait une coordination entre le public et le privé.
10:16 Mais sur la Loiriste, c'était une nécessité,
10:18 et la FHF a toujours soutenu et a demandé l'application de la Loiriste,
10:22 pour deux raisons. Premièrement, une raison...
10:24 Un petit plafond, je précise. Un plafond de rémunération à 1390 euros brut,
10:27 par garde de 24 heures, donc les médecins ne peuvent pas être payés davantage,
10:30 même s'ils viennent pour compenser un trou au planning.
10:33 Mais pour deux raisons. On parle d'argent public, d'argent du contribuable.
10:37 Aujourd'hui, l'intérim, c'était quasi 2 milliards d'euros par an pour l'hôpital public.
10:41 Ce que j'ai demandé au ministre de la Santé, c'est plutôt...
10:44 Ces 2 milliards d'euros, est-ce qu'on ne peut pas justement
10:46 reventiler une partie pour revaloriser les gardes et les astreintes à l'hôpital public ?
10:51 Deuxièmement, imaginez dans un même service,
10:54 des médecins, et notamment les agents hospitaliers,
10:57 qui font preuve de fidélité à l'hôpital public depuis des années,
11:00 qui, pendant 24 heures, ont dans la même équipe un médecin qui est payé 2 à 3 fois plus qu'eux.
11:05 Et donc, en termes de cohésion d'équipe, c'est un peu compliqué.
11:08 Et puis, il y a le suivi du patient également.
11:10 Quand vous êtes intérimaire, je ne suis pas contre l'intérim, on en a besoin bien évidemment,
11:13 mais quand vous êtes intérimaire, ce suivi du patient, il n'existe plus.
11:16 Cette prise en charge, elle est faite par les médecins hospitaliers, les équipes hospitalières.
11:19 Mais ce n'est pas une loi qui pousse les médecins vers le privé,
11:21 qui crée justement une santé à deux vitesses ?
11:23 Moi, je ne le pense pas, vous savez.
11:25 Normalement, il va falloir bien sûr renforcer l'attractivité de l'hôpital,
11:28 mais quand on s'engage à l'hôpital public, c'est chevillé au corps,
11:31 et je crois que c'est un engagement.
11:33 Et en travaillant aussi avec nos amis de la FHP,
11:37 c'est-à-dire de la Fédération Spiralière Privée de France,
11:40 nous allons donc trouver des solutions pour qu'il y ait cette complémentarité nécessaire.
11:43 Mais je ne crois pas que cela va accroître la concurrence entre le public et le privé.
11:47 - Et comment on va s'en sortir de ce bras de fer ?
11:49 Alors, est-ce qu'on attend tout simplement que les médecins intérimaires,
11:51 ils se lassent de ce retrait, et puis qu'ils reviennent finalement dans le service ?
11:54 - Non, mais moi, j'appelle à que chacun prenne ses responsabilités.
11:57 Vous savez, quand on s'engage dans le milieu médical, dans une profession médicale,
12:02 c'est une profession où, je veux dire, de cette manière, on se donne aux autres,
12:06 et c'est la prise en charge, c'est le prendre soin de ses concitoyens.
12:10 Et donc, il y a une question d'éthique, je rappelle le serment d'Hippocrate,
12:13 bien évidemment, il y a une question d'éthique.
12:15 Et moi, je ne doute pas que les médecins intérimaires prendront leurs responsabilités.
12:19 Moi, je ne veux pas les pointer du doigt.
12:21 Ils faisaient partie d'un système qui existait.
12:24 D'ailleurs, je ne veux plus pointer du doigt les boîtes d'intérim que les médecins eux-mêmes.
12:28 On a besoin des intérimaires, bien évidemment,
12:31 mais il me semble logique, pour des questions d'éthique et des questions de finances publiques,
12:34 qu'il y ait un plafond et une limitation des zones horaires des médecins intérimaires.
12:38 - D'ailleurs, ce sont des besoins qui s'expriment dans certaines spécialités,
12:41 ou c'est tous les services qui sont...
12:43 - Non, on a quelques spécialités plus particulières, mais on a les urgences, bien évidemment,
12:48 la question également dans les maternités, gynéco-obstétriciens, les anesthésistes.
12:52 Donc, on a des spécialités extrêmement importantes dans le fonctionnement du système de santé
12:55 qui sont aujourd'hui touchées.
12:57 Mais franchement, je crois que les ARS ont fait un remarquable travail sur les territoires,
13:01 avec les professionnels de santé de territoire.
13:03 Cela a été étudié territoire par territoire.
13:05 Et aujourd'hui, je dirais que la caisse est quand même limitée.
13:07 - On va y revenir aux urgences.
13:09 D'un mot, il devait y avoir un projet de loi immigration
13:11 pour faciliter l'installation de médecins étrangers avec un titre de séjour spécifique qui était créé.
13:15 Sauf que le texte qui prévoyait ce titre de séjour, il est repoussé à l'automne.
13:19 Et on sait que l'été dernier, l'hôpital avait aussi tenu avec un renfort de médecins étrangers.
13:23 Comment ça va se passer cet été ? Où est-ce que vous allez trouver les bras ?
13:26 - Alors aujourd'hui, on n'est pas limité en termes de recrutement de médecins étrangers.
13:31 Et au fait du cas par cas, bien évidemment, moi je suis aussi sollicité par certains hôpitaux
13:35 qui me disent "voilà, on a des médecins formés dont on a besoin,
13:39 qui sont performants, professionnels, compétents.
13:41 On a besoin, donc on travaille avec les préfets de chaque département.
13:44 Mais c'est vrai qu'on a annoncé ce report de la loi immigration.
13:48 Entre nous, j'ouvre une parenthèse, non santé, je pense que c'est pas une des priorités de nos concitoyens.
13:53 Et qu'elle soit reportée, je dirais que c'est une bonne chose aujourd'hui.
13:56 Rajoutons pas de l'huile sur le feu aux tensions que nous connaissons aujourd'hui.
13:59 Mais nous trouvons des solutions pour accueillir les médecins étrangers
14:04 formés sur le territoire français ou ailleurs, mais qui bien sûr, qui ont la compétence pour le faire.
14:09 - Alors Emmanuel Macron a mis les urgences au cœur de ses prochains chantiers.
14:13 Il a désengorgé les services d'urgence d'ici la fin de l'année, d'ici 2024.
14:17 Est-ce que cette ambition vous paraît réaliste, avec la situation actuelle ?
14:20 - Je lui dis chiche, allons-y et mettons les moyens.
14:24 Ça va bien sûr de l'attractivité des urgences, de la revalorisation des gares, des astreintes.
14:28 Ça va d'une meilleure complémentarité entre l'hôpital et la médecine de ville.
14:32 La généralisation de ces fameux SASS qui regroupent médecine de ville,
14:36 collaboration ou partenariat entre les acteurs de santé d'un territoire,
14:41 permettant justement la réorientation des patients, soit c'est le médecin de ville, soit aux urgences.
14:46 - Donc le problème, c'est pas qu'il y a trop peu de moyens aux urgences,
14:49 c'est qu'il y a trop de monde qui devrait aller ailleurs.
14:51 - Vous savez, aujourd'hui, il y a...
14:54 Le nombre de patients aux urgences a augmenté de plus de 20% ces 10 dernières années.
15:00 Et il y a de l'expérimentation sur certains territoires, et notamment à traverser SASS,
15:04 qui ont montré une diminution de 20% des entrées aux urgences.
15:07 Donc on a la possibilité de le faire. Donc chiche, allons-y, mais mettons les moyens.
15:10 Revalorisons les gardes et les astreintes, et bien évidemment, généralisons ces fameux SASS
15:15 sur l'ensemble du territoire, en renforçant la collaboration médecine de ville-hôpital,
15:20 et également la génération de la permanence des soins, qui aujourd'hui n'est assurée que par le public.
15:25 - Pour bien expliquer, vous dites qu'il y a des gens qui viennent aux urgences,
15:27 mais qui en réalité devraient être envoyés vers d'autres services,
15:29 et c'est à la médecine de ville de le faire. - Bien sûr.
15:31 - Et pourquoi c'est pas fait davantage ? Ça existe aujourd'hui ?
15:33 Pourquoi est-ce que l'urgence reste le point d'entrée vers l'hôpital ?
15:38 - Vous savez, vous avez un cercle de Français qui n'ont pas de médecins traitants.
15:43 Et donc, quand on veut se faire soigner et qu'on n'a pas de médecins traitants...
15:46 - C'est aussi ça qu'il faut régler. - Et bien oui, on va aux urgences.
15:48 Moi, je ne pointe pas du doigt les consignes qui vont aux urgences.
15:50 Je dis juste que nous devons mieux réguler nos urgences.
15:52 Il y a des maisons médicales, comme à Reims d'ailleurs, et dans d'autres hôpitaux,
15:56 je reviens de la Réunion, où ça existe également,
15:58 où nous avons des médecins de ville qui réorientent les patients à leur arrivée,
16:02 prises en charge des patients, et s'il y a une nécessité d'urgence, direction les urgences.
16:07 Mais il faut mieux réorganiser le système.
16:09 - Vous demandez aussi une meilleure solidarité avec les cliniques privées,
16:11 avec les médecins libéraux. Ça veut dire que ce sont des mondes qui sont trop étanches aujourd'hui ?
16:15 - Bien sûr. Vous savez, beaucoup, depuis des années, ont essayé d'opposer les uns aux autres.
16:19 La crise Covid, c'est là une chose, en tout cas, qui a révélé quelque chose de positif.
16:23 C'est cette possibilité de travailler ensemble entre le public et le privé.
16:27 Et ça a été fait durant la crise Covid. Il faut continuer.
16:30 Le système de santé français, il repose sur deux piliers.
16:33 Le public, le privé, c'est sa richesse.
16:35 On ne veut pas les méchants d'un côté et les gentils de l'autre,
16:37 pas blanc d'un côté et noir de l'autre. On a besoin de tout le monde.
16:40 Chacun doit assumer ses responsabilités.
16:42 Le partage de la permanence des soins, bien évidemment.
16:45 Et une meilleure articulation, médecine de ville, hôpital.
16:48 Je le dis, je suis opposé à l'hospitalocentrisme.
16:50 Parce qu'on ne règlera pas le problème de l'hôpital si on n'accompagne pas la médecine de ville.
16:55 Et la médecine de ville, également, a besoin, bien sûr, d'un hôpital performant.
16:58 - En quelques secondes, il peut y avoir des réquisitions de personnel cet été ?
17:02 - C'est toujours possible, bien évidemment, par les préfets sur les territoires, s'il y a nécessité.
17:06 - Merci Arnaud Robine et président de la Fédération hospitalière de France,
17:10 maire d'Orince, d'avoir été dans le studio de France Info ce matin.

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