Frédérique Camilleri, préfète de police des Bouches-du-Rhône, était l'invité de BFMTV ce mercredi. Un homme de 63 ans a été tué et un trentenaire grièvement blessé dans une fusillade lundi soir dans une cité des quartiers nord de Marseille gangrénée par le trafic de drogues. Le sexagénaire a reçu plusieurs impacts de balles au niveau du thorax et était déjà décédé à l'arrivée des secours près d'un établissement de restauration rapide situé à côté d'un point de deal au sein de la cité de la Busserine. Il n'était pas connu de la police pour trafic de stupéfiants a précisé le parquet de Marseille.
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00:00 Nous sommes avec la préfète de police des Bouches du Rhône aussi, Madame Frédérique Camilleri.
00:03 Bonsoir Madame la préfète, merci d'être en direct avec nous sur BFMTV.
00:07 Bonsoir.
00:07 Ce qui s'est passé à la cité de la Busserine, c'est-à-dire on tire un peu à l'aveugle
00:13 et tant pis si des personnes qui n'ont rien à voir avec le trafic de drogue sont blessées ou tuées ?
00:21 Ce n'est malheureusement pas très nouveau à Marseille et il y a un grand cynisme dans ces trafics de stupéfiants.
00:28 Les trafiquants n'hésitent pas à armer des jeunes, leur donner beaucoup d'argent pour aller tirer
00:33 effectivement à l'aveugle sur le point de deal du concurrent ou contre des cibles qu'ils peuvent désigner.
00:38 Et ils se préoccupent assez peu ces tueurs qui peuvent se trouver autour
00:42 et ils n'hésitent pas effectivement à aller tirer à l'arme de guerre.
00:45 Donc c'est une guerre que se livrent deux clans majeurs du trafic de stupéfiants à Marseille,
00:51 deux clans qui sont aussi lourdement armés et qui se livrent cette bataille
00:56 par des petites mains interposées qui se livrent à ces assassinats parce que c'est de ça dont on parle.
01:02 Et donc c'est une situation qui est effectivement compliquée à gérer pour les services de police.
01:06 Mais on y va, on a enregistré certaines victoires ces derniers jours.
01:11 On va y venir Madame la Préfète.
01:12 Pourquoi parlez-vous de recrudescence et de ces deux clans ? Qui sont ces deux clans en fait qu'on comprenne bien ?
01:19 Je ne donnerai pas de noms mais tout le monde à Marseille comprend bien ce qu'il se passe.
01:22 Il y a une guerre entre deux clans majeurs de la cité phocéenne qui se disputent le trafic de stupéfiants
01:27 sur une bonne partie de la ville, qui ont des intérêts dans différentes cités
01:31 et qui par des petites mains interposées, des jeunes qu'ils recrutent parfois sur les réseaux sociaux,
01:36 qu'ils arment, à qui ils désignent des cibles, vont essayer d'intimider leurs opposants
01:41 ou d'essayer de récupérer leur point de deal par la force, par la violence, par les coups de Kalachnikov.
01:46 Et donc notre enjeu là c'est d'arrêter ces équipes de tueurs.
01:49 On a enregistré des belles victoires dans cette bataille qui est une bataille importante
01:54 avec trois commandos qui ont été neutralisés rien que sur le mois d'avril.
01:58 C'est le fruit d'un travail de fond des services de police sur la voie publique,
02:01 des services de la police judiciaire également, qui vont aller chercher ces assassins,
02:06 les traquer et puis les ramener devant la justice où ils seront, je l'espère, très bientôt jugés.
02:12 Donc il y a une course contre la montre clairement pour aller démanteler ces équipes de tueurs.
02:16 Donc il y a de l'élucidation, on arrive à retrouver les assassins, à les présenter devant la justice.
02:22 Donc on ne peut pas dire que la situation est hors de contrôle à Marseille,
02:24 même si c'est la perception qu'on en a ?
02:26 C'est une situation qui est extrêmement violente avec une série de fusillades
02:32 qui a légitimement choqué et impressionné un grand nombre d'habitants de Marseille.
02:37 Et donc comme je le disais, c'est un travail difficile parce que les cibles sont multiples.
02:41 Il y a de nombreuses cités qui sont entrées dans cette guerre de ces deux clans de trafiquants.
02:45 Il y a des personnes qui ne sont pas forcément très connues des services de la police ou de la justice
02:51 qui d'un coup avec des dizaines de milliers d'euros sont prêtes à les tuer.
02:56 Voilà, tout simplement.
02:57 Et donc c'est un changement dans la nature aussi de ces fusillades avec des gens plus jeunes
03:01 qui sont capables d'aller faire ça et qui pour l'argent sont capables d'aller tuer.
03:05 Donc c'est une course contre la montre et pour gagner cette course,
03:10 en fait nous mettons des moyens sur le terrain qui contrôlent tous les véhicules suspects.
03:14 Et c'est comme ça qu'hier par exemple que nous avons interpellé des personnes
03:17 qui étaient en possession de trois Kalachnikovs dans une des cités qui a fait l'objet de fusillades récemment.
03:22 Et ces personnes-là sont actuellement en garde à vue.
03:24 C'est comme ça aussi que la police judiciaire qui traque ces équipes,
03:27 qui essaie de démanteler leur logistique a trouvé aussi la nuit dernière,
03:32 interpellé des personnes en flagrant délit juste après des coups de feu qui ont été tirés dans une autre cité.
03:37 Donc ce travail de fond, il est fait.
03:39 Il commence à produire de vrais résultats parce que je considère que au cours de cette nuit dernière,
03:44 nous avons vraiment enregistré ces résultats très importants.
03:47 Je l'espère que ça va nous aider à rétablir en partie le calme.
03:50 Je sais que ce sera un travail de longue haleine.
03:52 Il y a peut-être encore des équipes de tueurs.
03:54 On va les trouver, on est dessus en tout cas.
03:56 Et on les traquera jusqu'au bout en fait.
03:58 - Madame la préfète, vous dites "on mène une course contre la montre" face à cette violence.
04:02 On marque des points mais que vous manque-t-il pour gagner cette course contre la montre ?
04:06 Davantage d'effectifs de police ? Davantage de moyens humains ? Moyens matériels ?
04:13 - Il y a eu un effort historique en termes de moyens matériels et humains à Marseille.
04:17 Avec des policiers du quotidien qui sillonnent les quartiers.
04:20 Et c'est comme ça, encore une fois, que cette nuit on trouve des personnes avec des kalachnikovs dans leur voiture.
04:25 Et il y a aussi des enquêteurs de la police judiciaire qui sont arrivés en renfort en début d'année.
04:29 Qui nous permettent de créer des nouveaux groupes à la police judiciaire.
04:32 Pour s'attaquer non seulement à ces assassins mais essayer de les trouver parfois avant même qu'ils commettent un assassinat.
04:37 On a démantelé ou déjoué 30 assassinats ces dernières années à Marseille.
04:42 C'est une estimation évidemment à travers un biais juridique et l'association de malfaiteurs.
04:47 On a également la volonté d'aller taper beaucoup plus fort sur toutes ces têtes de réseau.
04:53 Qui je le rappelle sont en fuite ou en prison.
04:55 Parce que les chefs ne sont plus à Marseille.
04:57 Et s'ils ne sont plus à Marseille c'est parce qu'on va les traquer là où ils sont.
05:00 Et donc ils sont en fuite pour certains dans des pays étrangers.
05:03 Ou tout simplement en prison.
05:05 Et cette violence c'est aussi le symptôme d'une instabilité dans ces réseaux.
05:09 Et cette instabilité elle vient aussi du fait que les services de l'Etat vont porter des coûts majeurs à ces trafics de stupéfiants.
05:16 On démantèle les points de deal.
05:18 On récupère leurs guetteurs, leurs vendeurs.
05:21 Ils sont mis en prison.
05:22 Ils sont condamnés.
05:24 On récupère comme on n'en a jamais récupéré autant d'argent de produits stupéfiants.
05:29 On a un vrai travail sur l'entrée de la drogue à Marseille à travers le port de Marseille.
05:32 On a fait des résultats exceptionnels en termes de saisie de cocaïne.
05:35 Et donc on déstabilise ces réseaux.
05:37 Et c'est ça qui crée aussi de l'instabilité dans le système.
05:40 Parce que il y a des coûts de boutoirs des services de l'Etat qui ne les lâchent pas.
05:44 Avec une nette montée en puissance depuis deux ans.
05:46 Grâce aussi à tous les renforts que l'on a obtenus.
05:48 Et les moyens matériels.
05:49 Parce que toutes ces investigations font appel aussi à des moyens techniques qui parfois coûtent très cher.
05:53 Justement parce que vous parlez des investigations.
05:55 Il y a aussi la peur.
05:56 La peur qui s'installe dans les quartiers qui sont livrés au trafic de drogue.
05:59 Et puis la peur de témoigner.
06:01 Est-ce que justement vous pouvez vous appuyer sur la population, sur les témoignages ?
06:05 Ou pas ?
06:07 Il y a de la peur.
06:09 C'est indéniable.
06:10 Mais nous sommes présents dans les quartiers tous les jours.
06:13 Et de multiples fois dans la journée.
06:15 Avec des opérations de CRS très visibles.
06:17 Et puis des opérations parfois plus discrètes.
06:19 Parce que moi aussi je me rends dans les quartiers plus de fois par semaine.
06:22 Et qu'ils savent qu'ils ont des autorités jusqu'au plus haut niveau.
06:24 Qui sont investis à leur côté.
06:26 La confiance est revenue.
06:27 On n'a jamais eu autant de renseignements.
06:32 Bien sûr qu'il y a de la peur.
06:33 Mais on a aussi développé des moyens pour recueillir des renseignements.
06:36 Anonymes.
06:37 Que l'on exploite tous.
06:38 A travers des plateformes internet, des adresses mail.
06:41 On reçoit.
06:44 Ils sont quasiment tous exploitables.
06:45 On a de vraies informations qui nous remontent.
06:47 On a des habitants qui sont engagés à leur côté.
06:50 Qui bien sûr ont peur.
06:51 Mais pour certains d'entre eux.
06:52 Et de plus en plus d'autres qui franchissent le pas de la peur.
06:55 Et qui viennent parler aux services de police.
06:57 Parce que la confiance est là.
06:58 Et qu'ils savent qu'on est là tous les jours à leur côté.
07:00 Et qu'on est dans le même combat avec eux.
07:02 Madame la préfète reste avec nous.
07:03 On a un petit souci avec votre micro.
07:05 Le temps de régler ça.
07:06 Et d'aller voir Maxime Brandstetter.
07:07 Qui est à Marseille depuis trois jours.
07:09 Qu'avez-vous vu au travers de ces trois jours dans la cité phocéenne ?
07:12 Justement Maxime.
07:13 Qu'avez-vous vu du deal ?
07:15 Est-ce qu'il s'étend effectivement partout ?
07:17 Et la préfète nous dit.
07:18 On mène un combat incessant.
07:21 C'est une véritable course contre la montre.
07:23 Alors avec Hugo Dorsemen.
07:26 On a pu se rendre dans plusieurs quartiers nord de Marseille.
07:29 Dans plusieurs cités des quartiers nord de Marseille.
07:32 Alors déjà il faut vous le dire de l'anglais.
07:34 Que pour y aller on doit faire profil bas.
07:36 Évidemment on n'a pas forcément une caméra avec nous.
07:38 On doit être accompagné de certaines personnes.
07:41 Pour pouvoir rentrer et le faire en toute tranquillité.
07:43 Et ce qu'on a vu question de deal.
07:45 C'est qu'on a vu plusieurs points de deal.
07:47 Par cité parfois à quelques centaines de mètres d'écart.
07:50 Alors on a vu notamment certains points de deal qui ne marchaient pas.
07:53 Certains habitants nous disaient.
07:54 C'est grâce à l'action des CRS.
07:56 Notamment la CRS 8.
07:58 D'autres notamment des policiers nous disaient.
08:00 C'est peut-être grâce à la CRS 8.
08:01 Ou c'est peut-être aussi parce qu'aujourd'hui.
08:03 On a du mal à trouver de la main d'oeuvre.
08:05 Parce qu'on a l'habitude de tirer sur la main d'oeuvre.
08:07 Et les gens qui sont autour.
08:09 Donc voilà on a pu se promener.
08:10 Mais ce qui est sûr c'est qu'on en a vu aussi du deal.
08:12 En tout cas ce qui avait l'air d'être du deal.
08:13 Avec vous savez ces fameux guetteurs.
08:15 Des gens qui sont installés sur des chaises.
08:17 À des carrefours.
08:18 Qui surveillent.
08:19 Qui crient à l'approche d'un véhicule des policiers.
08:21 On les a vu nous observer.
08:22 Parfois on a senti qu'on devait partir.
08:24 Qu'il y avait une certaine pression pour qu'on s'en aille.
08:27 Et d'ailleurs le quartier où il y a eu cette attaque lundi soir.
08:30 Et bien on a pu constater avec Hugo d'Orsemene.
08:32 Qu'il y avait des personnes qui étaient assis sur des chaises.
08:34 Qui semblait être des guetteurs.
08:36 Évidemment on n'a pas pu confirmer avec eux.
08:38 Mais en tout cas le deal semblait continuer dans ce point.
08:40 Même si on n'a pas pu le confirmer.
08:42 On va aller voir Aurélien Viers.
08:44 Qui est avec nous.
08:45 Qui est directeur de la rédaction de la Provence.
08:46 C'est vous qui signez un édito aujourd'hui Aurélien.
08:49 Bonsoir.
08:50 On sent un ras-le-bol.
08:52 Un édito rageur.
08:54 En vous demandant.
08:55 Mais pourquoi est-ce que ce grand-père est mort ?
08:57 Pourquoi est-ce qu'on l'a laissé presque mourir ?
09:00 Vous en avez assez ras-le-bol à travers cet éditorial.
09:03 Oui c'est beaucoup de tristesse surtout.
09:09 Et en effet on est accablés.
09:12 C'est un grand-père.
09:14 Un père de famille.
09:15 Qui jouait tranquillement aux cartes.
09:16 Au ramy avec ses amis.
09:18 Dans un snack.
09:19 Il se fait exécuter comme à la guerre.
09:21 Par une kalachnikov.
09:22 Par une arme de guerre.
09:24 Il laisse derrière lui des enfants.
09:26 Des petits-enfants.
09:27 Et il n'y a pas de réaction.
09:30 Très peu de réaction.
09:31 Demain ça sera oublié.
09:32 Dans quelle ville de France on peut permettre ça ?
09:34 Est-ce que si ça se passait à Lyon ?
09:36 À Bordeaux ?
09:37 À Paris ?
09:38 Boulevard Saint-Germain ?
09:39 Où on est exécuté alors qu'on boit son café.
09:42 Et qu'on n'a rien à voir avec un quelconque trafic.
09:44 Comment on peut permettre ça ?
09:46 À Marseille ça paraît normal.
09:49 Et en fait non.
09:50 C'est pas normal de mourir sous les balles.
09:52 Il y a des trafiquants.
09:53 Il y a aussi des petits...
09:54 Il y a des caïds qui meurent sous les balles.
09:56 Mais il y a aussi des petits guetteurs, des choufs.
09:59 On les appelle qui ont 14 ans, 15 ans.
10:01 Qui sont payés 50 euros par jour.
10:03 Et qui meurent sous les balles.
10:04 Ça c'est déjà pas normal.
10:05 Mais là on voit des passants.
10:07 Il y a un chauffeur de VTC qui a été tué il n'y a pas longtemps.
10:10 Parce qu'il transportait un mauvais client.
10:12 Un client visé par un autre gang.
10:15 Et ce chauffeur de VTC a été également tué.
10:18 Il y a un footballeur de National 2, Santana Mendi,
10:21 qui a été tué avant Noël.
10:22 Parce qu'il était retourné dans son quartier.
10:24 Il habitait au Bagne.
10:25 Il est retourné à Marseille.
10:26 Et il s'est fait tuer par une balle perdue.
10:29 Ce n'est pas normal.
10:30 Dans quel pays on tolère ça ?
10:31 Dans quelle ville on tolère ça ?
10:32 - Aurélien Viers, vous dites "on tolère ça" par rapport...
10:34 - Et à Marseille, pour tout le monde, ça paraît normal.
10:35 Parce que c'est Marseille.
10:36 - Oui, voilà.
10:37 Comme s'il y avait une fatalité marseillaise.
10:38 Mais vous avez entendu la Madame la Préfète
10:39 qui était avec nous, Frédéric Emiliéry, dire
10:41 "Voilà, on a engagé la course contre la montre.
10:43 On commence à avoir des résultats.
10:44 On enquête, on arrête, on incarcère.
10:48 On s'occupe aussi des trafics."
10:50 Donc il y a quand même une volonté d'essayer d'en finir.
10:53 Même s'il y a du travail.
10:55 - Oui, je disais que le seuil de tolérance n'est pas le même.
11:01 Bien sûr que ce n'est pas tolérable et que personne ne le tolère.
11:03 On sait qu'il y a un vrai travail de fourmis.
11:06 Un vrai travail de fonds engagés par les autorités,
11:09 par la police, par la justice.
11:10 Que c'est très compliqué.
11:11 Qu'ils ne sont pas toujours tous les moyens qu'ils réclament.
11:13 Même s'ils en ont eu un peu plus ces derniers temps.
11:16 Mais on voit que leur travail est extrêmement compliqué.
11:19 Et que ce n'est pas assez.
11:20 L'État doit faire encore plus contre ces gangs
11:23 qui sont passées à une nouvelle ère.
11:25 C'est vraiment un changement d'époque.
11:27 Un point de bascule.
11:28 Maintenant, on rentre dans l'ère des rafales à l'aveugle.
11:31 On tire dans le tas.
11:32 On tire sur des passants.
11:33 On tire sur des voitures.
11:34 On tire sur des bars.
11:35 A Aix-en-Provence, ce week-end,
11:37 on a tiré sur des clients d'un bar qui prenaient le café.
11:40 Comment on peut accepter ça ?
11:42 Ce n'est pas normal.
11:43 Il y a beaucoup de moyens engagés.
11:45 Je sais qu'ils font beaucoup de choses.
11:47 Mais ce n'est pas encore assez.
11:49 Merci d'avoir été avec nous Aurélien.
11:51 Vous avez entendu Mme la Préfète, ce coup de gueule
11:53 de notre confrère de la Provence.
11:54 Il a l'impression qu'on tolère à Marseille
11:56 ce qu'on ne tolèrerait dans aucune autre ville du pays.
11:59 J'ai eu une très longue discussion avec lui récemment.
12:03 Je sais quelle est sa position.
12:05 De notre côté, il n'y a évidemment aucune tolérance.
12:08 Nous sommes tous les jours sur le terrain.
12:10 Les moyens continuent à arriver pour lutter
12:12 contre les trafics à Marseille.
12:13 Cela veut bien dire que c'est une priorité
12:15 sur laquelle on est prêt à mettre des moyens
12:17 supplémentaires sans cesse.
12:19 Il y a changé aussi nos méthodes de travail.
12:21 Beaucoup d'innovations en termes de police judiciaire
12:23 ou de lutte contre les trafics ont commencé à Marseille.
12:25 Parce qu'on fait face à une situation qui est inédite
12:28 par rapport au reste de la France,
12:30 mais qui parfois est précurseur.
12:32 On a besoin aussi, nous, d'être ceux qui inventent
12:35 de nouvelles méthodes de travail.
12:37 On a créé par exemple une nouvelle cellule
12:39 qui permet de retrouver les trafiquants d'armes.
12:41 On a d'excellents résultats sur la saisie des armes
12:43 qui sont l'objet de cette violence.
12:45 Avec une trentaine de Kalachnikovs, par exemple,
12:48 saisies depuis le début de l'année.
12:49 Plus de 400 armes saisies, des armes à feu,
12:51 à Marseille depuis le début de l'année.
12:53 Il y a un vrai travail sur tous les tenants
12:55 et aboutissants du trafic.
12:57 Et là, on est sur du désarmement logistique.
12:59 On veut aussi aller encore plus sur le désarmement financier.
13:02 On parlait des points de deal qui parfois
13:04 continuent à tourner malgré nos opérations.
13:06 Mais ils tournent dans quelles conditions ?
13:08 Dans le cas de la paternelle, vous aviez 4 points de deal
13:10 qui tournaient.
13:11 Qui étaient à 80 000 euros par jour.
13:12 Aujourd'hui, ils tournent à 2 000 euros par jour.
13:14 Les gens nous le disent.
13:16 Les dealers qu'on arrête encore tous les jours,
13:18 ils continuent à nous donner ces informations.
13:20 On sait que les coups de boutoir que l'on porte
13:22 à ces trafiquants, ils ont un effet sur leur chiffre d'affaires.
13:25 Ils ont un effet sur leur main d'oeuvre.
13:27 Ils ont un effet sur leur logistique.
13:28 Et donc, on va y arriver.
13:29 Mais c'est un combat qui est long, qui est difficile.
13:31 Et c'est une problématique.
13:32 La drogue qui n'est malheureusement pas nouvelle à Marseille.
13:35 Et donc, il y a aussi tout un travail à faire
13:37 sur les consommateurs.
13:38 Sur tous ces jeunes qui basculent dans le trafic.
13:41 Qui, je pense, à 14 ans, n'avaient pas forcément envie
13:44 de rentrer dans le trafic.
13:45 Mais ils se sont repris dans les circonstances et qui rentrent.
13:47 - Mais ça veut dire qu'il faudrait, madame la préfète,
13:48 il faudrait, pardon, je vous coupe,
13:49 mais il faudrait, vous avez parlé des consommateurs,
13:50 il faudrait davantage sanctionner aussi les consommateurs.
13:52 Ça pourrait faire partie de l'arsenal de lutte
13:54 contre le trafic, contre la drogue ?
13:56 - On les sanctionne comme on ne les a jamais sanctionnés.
14:00 Parce qu'on a un nouvel outil depuis 2 ans
14:02 qui s'appelle l'amende forfaitaire délictuelle.
14:04 On en a fait des dizaines de milliers depuis 2 ans.
14:07 Là, depuis le début de l'année, on en a fait plus de 5000 à Marseille.
14:10 Ce n'était pas le cas avant.
14:12 Parce qu'il fallait interpeller, placer en garde à vue.
14:14 C'était très compliqué de faire ça aux consommateurs.
14:16 Et cet acte-là, qui est cette amende qui est inscrite
14:18 au casier judiciaire, qui est une réponse pénale,
14:20 je le rappelle, elle permet aussi de dire aux consommateurs
14:22 qu'il a une responsabilité énorme dans ces trafics.
14:25 Il a une responsabilité énorme aussi dans ces assassinats
14:27 qui sont en bout de chaîne.
14:28 Parce que ces assassinats, ils sont possibles
14:31 parce qu'il y a de l'argent qui circule.
14:33 Et cet argent, il sort de la poche des consommateurs.
14:35 Voilà. Donc tout ça, c'est l'argent qui crée la violence aussi,
14:38 qui permet d'armer ces tueurs et qui permet de les rémunérer
14:41 car ce sont des tueurs à gage, tout simplement.