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La comédienne et réalisatrice Sylvie Testud vient présenter son nouveau film « Maman, ne me laisse pas m'endormir » qui sera diffusé mercredi 26 avril sur Franc 2 à 21h10. Il s'agit de l'adaptation d'une histoire vraie, celle d'une maman qui se bat pour sauver son fils d'une addiction aux anxiolytiques. 

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Transcription
00:00 La comédienne réalisatrice Sylvie Testu et l'invité de Télématin. Bonjour Sylvie Testu.
00:04 Bonjour, bienvenue.
00:05 Merci d'être avec nous et de vous réveiller avec nous. On va parler de votre film "Maman ne me laisse pas m'endormir"
00:10 qui sera diffusé demain soir, mercredi sur France 2. Alors c'est l'adaptation d'une histoire vraie, celle d'une maman qui se bat
00:17 pour sauver son fils d'une addiction aux anxiolytiques. Pourquoi avoir choisi de nous parler de cette histoire, celle de Juliette et de Joseph Boudre ?
00:26 Parce qu'en fait, c'est contre nature de perdre un enfant. Et que l'adolescence c'est toujours un endroit qui est assez gracieux.
00:36 On quitte le monde de l'enfance, on n'est pas encore un adulte. Et c'est aussi le moment où pour obtenir une liberté, on a tendance à se cacher des parents
00:43 parce que c'est l'autorité. Et donc là, on se retrouve en danger. C'est-à-dire qu'il pense commencer à maîtriser, et c'est vrai, ce qui est normal,
00:50 il commence à maîtriser certaines choses, mais sans en connaître certaines conséquences. Et c'est-à-dire Joseph, à l'âge de 13 ans,
00:57 il rencontre assez rapidement les joints et il se trouve qu'il n'arrive plus à dormir. Et donc sa maman l'emmène voir un médecin en disant
01:05 "Voilà, mon fils a des petites crises d'angoisse, ça ne va pas", et lui prescrit du Xanax. Et là, en fait, il y a quelque chose qui...
01:13 Une machine qui s'emballe. Parce qu'en fait, c'est un médicament de confort. Le gamin ne peut pas savoir. Il y a une prescription.
01:20 C'est un médicament, on ne se méfie pas des médicaments. - Donc il pensait sans danger, parce que c'est le médecin qui lui a prescrit.
01:24 - Exactement. - Et sa maman aussi pensait que son fils était sans danger. - Mais sa maman, elle fait confiance aux sachants, on dit.
01:29 Alors on ne va pas incriminer le médecin, mais en fait, c'est quand même un sujet à soulever. C'est-à-dire qu'il faut se méfier.
01:37 Les gamins font confiance aux adultes, mais aussi s'en éloignent pour pouvoir faire ce qu'ils veulent. On transgresse quand on est adolescent.
01:46 - Donc c'est forcément une zone de danger. Julia le disait, c'est une histoire vraie. Ce film, il est parfois presque plus proche d'un documentaire que d'une fiction.
01:53 Vous avez même gardé les noms, les identités de Joseph et de Juliette Boudre dans le film. C'était important pour vous de coller à cette réalité ?
02:01 C'est quelque chose qui a compté pour vous dans votre regard de réalisatrice ? - Oui, parce que je crois que plus les histoires sont personnelles,
02:06 plus on peut les universaliser. C'est-à-dire qu'on ne peut pas faire rentrer toutes les histoires en une.
02:12 C'est pour ça que moi j'aime beaucoup les histoires qui sont ancrées, parce qu'on peut les traverser et se projeter à l'intérieur.
02:17 - Vous parliez de projection, effectivement, en tant que mère d'adolescent. Vous êtes une maman d'adolescent. - Absolument.
02:24 - Et je le suis. C'est vrai que c'est tout à fait terrifiant. - C'est angoissant. - C'est très angoissant, mais ce film est d'utilité publique et il mérite vraiment d'être vu.
02:31 Je vous propose qu'on regarde la bande-annonce. "Maman ne me laisse pas dormir" diffusée demain sur France 2.
02:37 - Qu'est-ce que tu fais là, avant d'entrer ? - Je suis avec ma femme. Tu vois ton fils ?
02:42 - Laisse-moi arriver. Posez mes affaires, au moins. - Non, je ne peux plus gérer toute seule, Vincent.
02:46 Je ne peux pas faire office de père. Je fais déjà du mal à être une mère correcte.
02:50 - Comment ça, une mère correcte ? Qu'est-ce que tu me racontes ? - Tu as deux enfants, tu t'en souviens ?
02:54 - Doigt qui est en train de devenir accro aux médicaments, tu vois ce que je veux dire ? - J'y jure, ne rentre pas là-dedans, s'il te plaît.
02:59 Il n'a pas voulu rester à la cure. Il n'a pas supporté d'être avec des gros camils, il ne savait même pas ce qu'il foutait là.
03:04 Tu imagines ce qu'il a vécu, tout seul, à 17 ans ? Tu imagines la violence ?
03:09 Bah oui, tu imagines, puisque tu l'as vécu toi-même.
03:13 Écoute, ce que je sais, c'est qu'on jour, ça ne sert à rien.
03:17 Tu m'as expliqué que c'était plus compliqué que ça.
03:20 Il fallait faire un travail sur soi, que ça prend du temps, que c'est difficile.
03:25 Il a 17 ans, Vincent. Tu savais le faire, toi, le travail à 17 ans ?
03:29 Bah vas-y, tu lui expliquais. Prends ton rôle de père à bras-le-corps, aide-le, parle-lui.
03:35 Parce que moi, je ne peux plus, là. Je n'ai plus la force, c'est trop lourd.
03:39 - On t'a fait un film comme celui-ci, à 6 vitesses.
03:44 Ça vaut toutes les campagnes de prévention, non ? C'est la raison pour laquelle vous l'avez fait ?
03:48 - Oui, c'est en fait de livrer ce problème, cette histoire, et en fait, cette joie qui s'éteint.
03:55 Parce que c'est une famille joyeuse, aimante.
03:59 Les parents sont présents, sont là, discutent.
04:03 Ce gamin, c'est un gamin hyper intelligent, hyper solaire.
04:07 D'ailleurs, on le voit au début du film, il est avec ses potes, ils font la fête.
04:10 - Il chahute avec ses frères. C'est un gamin plein de vie.
04:13 - Il a conscience qu'il a un problème, petit à petit. Il s'en rend compte, sa maman.
04:17 - Lui, il s'en rend compte, mais là, je parle un peu au nom de tous les parents qui vous écoutent.
04:20 On a tous peur quand on voit nos enfants grandir.
04:22 On se dit, bon, il ne faut pas aller brusquer, il change de comportement, c'est normal.
04:25 Est-ce qu'il y a des signaux qui doivent nous alerter, nous dire, attention, là, il faut réagir ?
04:29 Là, ce n'est pas simplement l'adolescence.
04:31 - Alors, en discutant avec beaucoup de psy, en fait, ils disent que le changement de comportement rapide est un problème, quoi qu'il arrive.
04:39 Alors après, les adolescents, évidemment, se transforment, ils deviennent des adultes, ils ont des doutes, ils sont traversés par plein de choses.
04:45 C'est normal. Mais un gamin qui change complètement de comportement, c'est qu'il y a quelque chose.
04:51 - Alors que Joseph, il dit toujours à sa maman, je connais mes limites, en gros, laisse-moi tranquille.
04:55 - Mais tous les gamins disent ça, n'est-ce pas ?
04:57 - Mais à quel moment on réagit ? Parce que voilà, c'est ça qui est compliqué.
04:59 - Et c'est ça qui est insupportable. En fait, ce que ça raconte aussi, c'est qu'on n'a pas encore trouvé comment régler, en fait, le problème de l'accompagnement,
05:08 quand il y a un problème, et ni celui de l'addiction. On n'arrive pas à régler.
05:12 - Addiction, accompagnement et question de confiance.
05:14 - Alors, c'est une question que je me suis beaucoup posée, c'est que qu'est-ce qu'on demande à un enfant ? Est-ce que je peux te faire confiance ?
05:21 On lui demande, à nous, mais en fait, on lui pose sur les épaules quelque chose. C'est lui qui devrait avoir confiance en nous réellement.
05:28 Donc à nous, ça nous met une charge qui est monstrueuse.
05:31 - Et cette charge, vous l'avez, parce que vous avez été, pendant le tournage, la maman d'un adolescent, et je crois qu'il vous appelle le FBI carrément.
05:37 Vous en faites beaucoup, c'est-à-dire que vous êtes beaucoup dans la vigilance ? Trop ?
05:41 - En fait, moi j'ai un garçon qui est aujourd'hui à 18 ans, mais il avait 16 ans et demi au moment où je tournais le film.
05:48 Comme tous les gamins, il se met en bande de potes, et puis il me dit toujours "oui, je vais aller là" et machin.
05:54 - Ils embrouillent, c'est normal.
05:56 - Et souvent, je disais "bon, tu m'appelles quand t'arrives, je vais t'appeler une fois pendant la soirée, puis une fois quand tu pars".
06:01 Et du coup, quand je téléphonais, il me disait "attends, c'est le FBI qui m'appelle, je te dis, je m'en fiche".
06:06 - Mais vous lui avez aussi dit, vous m'avez dit tout à l'heure, que peut-être pour les parents qui nous écoutent,
06:10 c'est un bon truc de dire qu'il ne faut pas être un ringard en soirée, c'est-à-dire que ce n'est pas forcément celui qui picole le plus qui est le plus cool.
06:16 - Oui, voilà, c'est ça. C'est-à-dire de dire "on peut faire la fête, évidemment, on a envie de ça, mais il faut le faire sans être ringard,
06:22 sans être le bouffon de la soirée". Et je lui disais toujours "tu n'es pas le dernier à partir".
06:28 - Où est-ce que vous mettez la limite, vos jeux, en tant qu'inspecteur du FBI ? Il faut jouer les détectives...
06:32 - Elle est très fille de la mienne, il met de l'attention.
06:34 - Vous regardez ce qu'il y a dans son téléphone, vous traquez ses réseaux sociaux ?
06:37 - Vous le géolocalisez ou pas ? - Non.
06:39 - Ah bon, pourquoi ? - Je ne suis pas intrusive pour le coup.
06:42 Mais en revanche, il y a vraiment des règles, s'il y en a une qui ne respecte pas, ça a des conséquences.
06:49 - Ah, conséquences, très bien. - Qui se répercutent, en fait.
06:53 - C'est-à-dire un cadre, c'est peut-être ce qui peut les sauver, nos enfants.
06:56 - Oui, enfin, évidemment, ça c'est sûr.
06:58 - C'est bien parce qu'on a l'impression d'être en consultation, les parents qui viennent en consultation avec vous.
07:01 - C'est mon avis. - Maman ne me laisse pas en dormir, ça sera difficile.
07:04 Demain soir, suivi d'un débat avec Julien Bugier sur France 2, c'est un film d'utilité publique.

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