Sylvie Testud et Nemo Schiffman dévoilent les coulisses du film de France 2 Maman, ne me laisse pas m'endormir
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00:00 On dit qu'on fait les comédies très sérieusement, mais les drames, il faut garder de l'humeur
00:07 et de la bonne ambiance parce que sans ça, on s'écrase et on n'écroule pas quelqu'un
00:12 qui est déjà mort.
00:13 Pour que quelqu'un, on sente sa faiblesse, il faut qu'il ait été fort.
00:17 S'il est faible depuis le début, alors il est faible.
00:19 C'est toujours un équilibre dans tout.
00:21 J'ai aucun rituel.
00:25 Pas du tout.
00:27 J'en ai pas du tout.
00:32 C'est un bonheur de travailler avec Sylvie.
00:35 Déjà, c'est un bonheur de travailler avec des gens qui sont comédiens eux-mêmes.
00:38 Dans la manière de diriger, il y a un truc tout de suite plus frontal.
00:42 Un acteur qui dirige ne dira jamais à un comédien "là, il faut que tu pleures".
00:44 C'est comme disait Sylvie, c'est comme un rendez-vous amoureux.
00:47 Il ne faut pas que tout soit dit, sinon ça tue le truc.
00:48 Moi, quelqu'un qui me dit "il faut que tu pleures là", je ris.
00:50 Elle a ce truc de pudeur dans la manière dont elle parle, mais parfois elle dit des
00:55 choses comme "non, mais là, j'y arriverai pas moi-même, mais je te demande quand même
00:58 ça et on va continuer jusqu'à ce que tu le trouves".
01:00 Tout part du ventre.
01:01 C'est très spontané, ça vient des viscères.
01:05 J'adore ça avec Sylvie.
01:06 Tu joues peu au final.
01:08 Tu ressens beaucoup.
01:09 Il y a cette scène la première fois où il rentre d'une cure, la dernière des cures
01:17 qu'il fait.
01:18 Ce jour-là, il a une crise d'angoisse.
01:20 Il demande à sa mère de lui donner des médicaments.
01:22 Il faut qu'elle le calme parce que le gamin devient dangereux.
01:25 Il est plus fort qu'elle physiquement et ça devient compliqué.
01:29 Cette scène a été éprouvante pour les deux.
01:31 Et pour nous aussi à regarder.
01:33 Pour moi particulièrement, à tourner, pour l'équipe à mettre en place, c'est la scène
01:37 de l'hôpital que je ne vais pas révéler.
01:38 Là, franchement, il n'y en avait plus un qui parlait.
01:41 Tout le monde a été un peu mal.
01:43 D'ailleurs, au montage, il m'a fallu une semaine avant de m'y faire.
01:47 Maintenant, évidemment, je développe un syndrome un peu sadique.
01:50 À force des projections, je demande "alors combien on pleurait ?"
01:53 Il y avait quand même des scènes bien balèzes dans ce film.
01:56 Je me souviens d'une, la première scène chez le psychologue, où il essaye d'expliquer
02:01 ses angoisses et qu'il lui fait un peu un truc.
02:04 J'ai une énorme boule noire à l'intérieur.
02:06 Je ne sais pas pourquoi, j'ai eu énormément de mal.
02:08 C'est une scène sur laquelle on a pris énormément de temps.
02:10 Alors quand on fait de la télé, on n'a pas souvent le temps.
02:12 Là, vraiment, on a fait 15 prises.
02:13 Célie a été incroyable.
02:14 Elle ne lâchait pas, elle ne lâchait pas.
02:17 C'était hyper dur de jouer le mec qui essaye de déconner, qui fait genre tout va bien,
02:22 juste il a des problèmes de sommeil.
02:24 Mais après, on voit qu'en fait, ça ne va pas du tout.
02:25 Lui non plus ne sait pas ce qu'il fait.
02:27 C'est la scène où je trouve Joseph le plus paumé.
02:29 Il est paumé, il ne sait pas ce qu'il fout.
02:32 D'ailleurs, la scène a été un peu raccourcie.
02:33 À un moment, il disait "je ne sais plus où j'habite, je ne sais plus où je vais,
02:36 je ne sais plus qui sont mes amis".
02:37 Je trouve ces phrases de lourdes sens.
02:39 Et du coup, ça, c'est vraiment un état que j'ai mis du temps à atteindre, mais
02:45 qu'on a bossé avec Célie.
02:46 Les convulsions, j'avais regardé pas mal de vidéos bien hardcore de gens qui convulsent
02:55 et tout.
02:56 Et après, j'ai parlé avec un neurologue qui m'a expliqué quelles étaient les cinq
02:58 étapes de la crise d'épilepsie, la tétanie, puis les râles dans la gorge, les hurlements.
03:04 On n'a pas fait les cinq étapes, mais du coup, je m'étais quand même pas mal renseigné
03:08 pour le faire.
03:09 Et après, il fallait juste se lancer dedans, pas avoir peur d'être ridicule ou quoi.
03:13 Et ça a fonctionné.
03:14 [Musique]