• l’année dernière
Estelle Youssouffa, députée LIOT de la 1er circonscription de Mayotte.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 débuté cette nuit mais la justice en a donc décidé autrement. A Mayotte, l'opération de destruction des bidonvilles
00:04 qui devait permettre d'expulser des milliers de Comoriens en situation irrégulière et suspendue.
00:09 Décision du tribunal judiciaire de Mamoudzou, la capitale.
00:12 Il avait été saisi en urgence par des habitants de ce bidonville. Bonjour Estelle Youssoupha.
00:18 - Bonjour.
00:19 - Vous êtes députée de Mayotte, membre du groupe Liberté Indépendant Outre-mer et Territoire.
00:23 Vous êtes favorable à cette opération qui pour l'instant est donc sur pause.
00:27 La justice estime que ces destructions sont manifestement irrégulières
00:31 et qu'elles mettraient en péril la sécurité des habitants. Comment accueillez-vous cette décision ?
00:36 - Je suis consternée mais pas surprise.
00:38 A Mayotte, on a le sentiment d'avoir une justice qui travaille contre nous.
00:42 Le syndicat de la magistrature avait déjà exprimé il y a quelques semaines lorsque l'information était sortie
00:47 sur cette opération en Boufouque, que les juges à Mayotte s'opposeraient à cette opération.
00:53 On a en plus la mobilisation de collectifs d'avocats, ce sont eux qui sont derrière cette décision de justice.
01:00 Et puis ça fait des années en fait que la justice à Mayotte est particulièrement clémente
01:06 par rapport aux mineurs qui sèment la terreur à Mayotte.
01:09 On a une expression d'ailleurs, on les appelle les enfants des juges, "Moina Juji".
01:13 On appelle celles et ceux, les barbares en culottes courtes qui sèment la mort,
01:18 on les appelle les enfants du juge parce qu'il y a une mensuétude...
01:21 - Vous ne reconnaissez pas ?
01:22 - Non, il y a une mensuétude par rapport à ce qui se passe.
01:25 Non, je vais la reconnaître, on est tous... et la loi s'applique.
01:30 Mais si vous voulez, il y a quand même une logique de la part de ces associations
01:37 et d'une partie de l'écosystème ici à Paris d'utiliser Mayotte pour régler ses comptes
01:43 avec le ministre Darmanin et le gouvernement, et puis de faire avancer le droit des étrangers à Mayotte
01:48 parce que c'est un terrain favorable.
01:50 La moitié de la population est étrangère, donc si vous voulez, il y a toujours matière.
01:53 Je veux quand même dire que c'est 90% des affaires au tribunal administratif à Mayotte
01:59 concernent le droit des étrangers, Mayotte des aires judiciaires, des aires médicales aussi.
02:05 - Vous souhaitez que l'État fasse appel et que ces expulsions aient bien lieu ?
02:08 - Oui, évidemment, mais par contre, juste pour être clair, l'opération Bouffe,
02:11 ce n'est pas seulement la destruction des bidonvilles, c'est aussi une opération de maintien de l'ordre,
02:16 d'arrestation des chefs de bande et d'expulsion des étrangers en situation irrégulière,
02:22 donc l'opération n'est pas arrêtée.
02:23 - Elle est suspendue pour l'instant dans ce bidonville ?
02:26 - Elle est sur cette partie-là de l'opération.
02:29 Il y a aussi, je l'espère, la mobilisation des forces de l'ordre pour faire exécuter les décisions de justice
02:35 concernant l'expulsion sur les terrains privés, où des familles ont obtenu gain de cause au niveau de la justice.
02:41 Donc j'espère que la destruction des bidonvilles, c'est à peu près 5 000 hectares à Mayotte qui sont occupés illégalement.
02:47 - Ça fait des années que vous dénoncez la situation à Mayotte,
02:50 aujourd'hui, vous l'avez rappelé, la moitié de la population est étrangère,
02:53 une bonne partie, une immense majorité même, en provenance des Comores,
02:56 même si on a du mal à voir des chiffres officiels.
02:59 En quoi la situation pour vous était-elle intenable ?
03:01 - Aujourd'hui, on est face à une situation, c'est pas simplement le sujet avec la justice,
03:07 c'est aussi le fait que les autorités comoriennes refusent de reprendre leurs ressortissants.
03:12 Hier, il y a un bateau qui est revenu parce que Moroni a subitement trouvé qu'ils avaient des travaux à faire dans le port.
03:18 La réalité, c'est que les Comores revendiquent Mayotte.
03:21 Aujourd'hui, c'est une date particulière, on est le 25 avril, le 25 avril 1841, Mayotte devenait française.
03:28 C'est un anniversaire qui est important pour nous, Mahoraises et Mahorais,
03:31 et qui est douloureux aujourd'hui parce qu'on se retrouve toujours face à nos voisins.
03:37 Le 25 avril 1841, le sultan Andrian Sully a vendu pour 1000 piastres l'île de Mayotte au commandant Passo,
03:45 le commandant français, pour nous protéger de nos voisins.
03:49 Ça fait plus d'un siècle et demi que ça dure.
03:53 Ça fait plus d'un siècle et demi qu'on subit les assauts des Comores.
03:56 Et là, aujourd'hui, on est avec une menace hybride d'un gouvernement qui instrumentalise les flux migratoires
04:02 pour nous déstabiliser et faire avancer la revendication sur Mayotte.
04:06 - Mais qu'est-ce qu'on fait des expulsés si les expulsions reprennent, sachant que les Comores les refusent ?
04:11 - Le Quai d'Orsay, j'espère, travaille sur le sujet.
04:13 Je m'inquiète de leur silence, mais je veux croire qu'ils y travaillent.
04:16 Sinon, je rappelle que c'est pas la première fois et qu'on a des leviers.
04:20 Je l'ai les avoir des Comoriens à Mayotte, parce que le franc comorien est adossé à la Banque de France.
04:26 Je l'ai les visas pour les ressorties sans Comorien.
04:29 Et puis la moitié du gouvernement comorien est quand même binational.
04:31 Donc si vous voulez, quand on rappelle l'ambassadeur de Chine pour ses propos sur la Crimée,
04:36 moi j'attends toujours qu'on rappelle l'ambassadeur des Comores qui se balade à Paris et fait ses courses au Galerie Lafayette.
04:40 - J'en reviens à la question principale.
04:42 Est-ce que tous les habitants de ces bidonvilles sont des clandestins ?
04:45 Et en quoi pour vous leur destruction permettrait de faire baisser la criminalité à Mayotte ?
04:49 - La majorité des habitants dans ces bidonvilles sont effectivement des ressorties sans Comorien en situation irrégulière.
04:55 D'abord, ces bidonvilles sont des zones insalubres, dangereuses pour les habitants qui sont dedans.
05:00 Et pour les habitants alentours.
05:02 Ce sont devenus des foyers non seulement dangereux au niveau sanitaire parce qu'il y a de la boue,
05:07 parce que c'est des foyers épidémiques à cause de la proximité et de l'insalubrité,
05:11 mais c'est aussi des refuges pour les chefs de bande qui sèment la terreur à Mayotte.
05:15 Et donc leur destruction, c'est non seulement reprendre le terrain perdu par la République
05:21 dans ces zones de non-droit dans lesquelles la police, la gendarmerie et les pompiers ne peuvent pas aller,
05:27 mais c'est aussi récupérer ces terrains publics et privés qui ont des propriétaires.
05:32 Ces terrains sont occupés illégalement.
05:35 Et donc nous on en a besoin pour la collectivité publique pour construire les infrastructures dont l'île a besoin,
05:41 et les familles qui payent leurs impôts dessus, qui ont payé pour ces terrains, elles ont besoin de récupérer leurs biens.
05:46 Donc c'est capital que la peur change de camp.
05:50 Parce qu'à Mayotte on ne vit plus, on vit dans une insécurité qui est inimaginable ici.
05:55 Nos enfants vont à l'école sous protection de la gendarmerie.
05:58 Il y a des affrontements tous les jours dans les bâtiments scolaires à Mayotte, dans les établissements scolaires à Mayotte.
06:03 On va travailler, on risque de se faire prendre dans des caillassages,
06:08 dans des barrages avec des jeunes qui sont armés de machettes et qui découpent en morceaux des conducteurs sur la route.
06:14 Je suis désolée de dire ces choses à cette heure-ci parce que les gens prennent leur petit déjeuner,
06:17 mais c'est la réalité à Mayotte, c'est pour ça que la population et les élus ont demandé cette opération Lambouchou
06:23 et qu'on est tous derrière. C'est extrêmement tendu sur le terrain.
06:26 Il y a des difficultés avec le gouvernement, mais on serrera les dents et on veut que ça aille jusqu'au bout,
06:31 ça prendra le temps que ça prendra.

Recommandations