Après Franco, le corps du “père du fascisme espagnol” a été exhumé

  • l’année dernière
Après le transfert de la dépouille de Franco, l'Espagne continue son difficile travail de mémoire en exhumant le corps de José Antonio Primo de Rivera, fondateur du phalangisme, enterré au mausolée du Valle de los Caídos.

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Transcription
00:00 Il est 6h41, c'est l'heure du choix de Marie Gintrich.
00:02 Marie, tu nous emmènes en Espagne, où les fractures du franquisme sont encore une réalité.
00:07 On l'a pu encore le constater ces dernières heures.
00:09 Oui, je voulais vous montrer ces images qui ont tourné sur les réseaux sociaux.
00:13 La scène a lieu à Madrid.
00:14 C'était hier.
00:15 Ces hommes et ces femmes que vous voyez avec le bras en l'air,
00:18 en fait, ils sont en train de faire un salut fasciste.
00:20 Est-ce que vous entendez ?
00:21 C'est un chant fasciste qu'ils sont en train d'entonner.
00:24 Le tout pour rendre hommage à José Antonio Primo de Rivera.
00:27 Est-ce que vous savez qui c'est ?
00:28 C'est la phalange ?
00:29 Exactement. C'est le créateur du parti de la phalange en 1933.
00:33 Un parti qui a été un pilier pour le franquisme.
00:35 Et du coup, on l'appelle, Primo de Rivera, le père du fascisme.
00:40 Et hier, sa dépouille, qui se trouvait dans un mausolée à côté de Madrid,
00:44 a été exhumée.
00:46 Et cette dépouille, elle a été transportée dans un cimetière de la capitale,
00:50 à une cinquantaine de kilomètres, donc un cimetière civil.
00:53 Cette exhumation intervient trois ans et demi après celle de Franco,
00:56 qui avait eu lieu en 2019.
00:58 Franco qui reposait dans ce même mausolée que vous pouvez voir à l'image.
01:02 En fait, le gouvernement espagnol veut faire de ce mausolée
01:04 un lieu de mémoire sacré, un lieu de mémoire pour les 500 000 victimes
01:07 de la guerre civile espagnole.
01:08 Guerre civile qui a eu lieu, on le rappelle, de 1936 à 1939.
01:12 Tout ça, ça s'inscrit dans une démarche beaucoup plus générale
01:14 du gouvernement socialiste, qui veut réhabiliter les victimes du franquisme
01:19 et qui souhaite aussi mettre fin à la nostalgie du franquisme
01:22 qui est encore présente en Espagne.
01:24 Et c'est ce qu'on voit avec les images que je vous ai montrées au début.
01:27 C'est partisans du franquisme et de Primo de Rivera
01:31 qui continuent à faire ces symboles fascistes.
01:34 Eux, ils estiment que Primo de Rivera, voilà, ça allait loin,
01:36 il y a eu même certaines arrestations.
01:38 Ils estiment que Primo de Rivera est une victime à part entière
01:41 de la guerre civile parce qu'il a été lui-même tué
01:45 pendant cette guerre civile, mais par le Parti républicain.
01:47 Bref, pour eux, cette exhumation, c'est tout simplement
01:49 une réécriture de l'histoire.
01:50 Écoutez.
01:52 Ceux qui l'ont tué, fusillé, veulent maintenant profaner sa tombe.
01:56 Pour la mémoire de José Antonio Primo de Rivera,
02:01 tout ce qu'il se passe là, c'est un outrage.
02:03 Aussi bien l'exhumation de Franco que la sienne.
02:07 Ça ne changera pas l'histoire.
02:08 Ils peuvent s'en têter autant qu'ils le veulent.
02:10 Alors, les images qu'on a vues sont assez difficiles à imaginer en France
02:14 parce que c'est vrai que chez nous, pour le coup,
02:16 les saluts fascistes sont complètement interdits.
02:18 Bon, on n'a pas non plus la même histoire.
02:19 Mais ce qui est intéressant, c'est qu'en Espagne,
02:20 il y a longtemps eu un flou autour de ces symboles de la dictature.
02:24 Ils sont interdits récemment, depuis octobre 2022,
02:27 avec la loi dite de mémoire démocratique
02:29 qui interdit de célébrer tout simplement la dictature franquiste.

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