"L'accès à un service public doit demeurer gratuit": Thierry Amouroux juge '"inadmissible" la privatisation des parkings d'hôpitaux

  • l’année dernière
Thierry Amouroux (Syndicat national des professionnels infirmiers) était en direct dans le Live Week-end.

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Transcript
00:00 -Oui, bien entendu. Ça fait des années que l'on dénonce la situation,
00:04 parce que le phénomène n'est pas nouveau.
00:06 Il faut bien comprendre que si on en arrive à cette situation,
00:11 c'est parce qu'année après année,
00:13 le gouvernement coupe les vivres des hôpitaux
00:16 qui sont asphyxiés financièrement et vont chercher des recettes.
00:20 Et là, vous avez des directions locales
00:22 qui n'hésitent pas à rendre payants
00:27 un accès à un service public,
00:29 parce que là, on est en vraie dérive,
00:31 une marchandisation des soins.
00:34 Et ça, ça choque profondément les gens,
00:37 parce que c'est indigne.
00:39 -Qu'est-ce qu'ils vous disent, justement ?
00:42 -C'est profiter de la misère des gens,
00:44 parce qu'ils ne viennent pas à l'hôpital par choix.
00:47 C'est parce qu'ils ont besoin de soins,
00:50 ils ont besoin de voir leurs proches,
00:53 donc c'est pas un choix de consommation,
00:55 c'est une situation qu'ils auraient imposée,
00:58 c'est-à-dire les taxes.
00:59 -Auprès des patients auxquels vous intervenez,
01:02 qu'est-ce qu'on vous dit ?
01:04 On vous dit parfois "je réduis mon temps de visite
01:07 "car je ne peux pas payer aussi cher".
01:09 -Oui, il faut bien comprendre que pour tout le monde,
01:13 c'est injuste, mais vous avez, en particulier,
01:17 dans la situation avec l'inflation actuelle,
01:20 où les gens sont confrontés à des choix,
01:23 c'est-à-dire que déjà, ils sont amenés,
01:26 lorsqu'ils vivent en périphérie,
01:29 à réduire leur nombre de repas
01:31 pour maintenir l'usage de la voiture
01:34 afin de se rendre au travail.
01:36 Là, c'est pareil, c'est-à-dire que les gens
01:39 qui sont dans la misère, ils doivent faire le choix
01:42 entre se soigner ou aller voir leurs proches
01:45 et garder le même nombre de repas.
01:48 Donc il faut voir quelle violence c'est pour les gens,
01:53 et c'est totalement indigne.
01:54 Parfois, un hôpital, c'est un service public,
01:57 et l'accès à un service public doit demeurer gratuit.
02:02 C'est inadmissible de mettre des gens
02:05 dans cette situation,
02:07 de devoir faire de tels choix.
02:12 Et nous, ça nous choque profondément.
02:14 Les choses ne font que s'aggraver,
02:16 parce qu'autrefois, les hôpitaux étaient en centre-ville,
02:20 et là, de plus en plus, vous avez des fermetures d'hôpitaux,
02:23 avec la construction de nouvelles structures en périphérie,
02:27 qui sont mal desservies par les transports en commun
02:30 et qui obligent les gens à prendre leur voiture.
02:32 -Thierry Amouroux,
02:33 une question pour vous de Laurent Neumann.
02:36 -Thierry Amouroux, vous avez parlé des patients,
02:38 et à juste titre, a priori, l'accès des soins est gratuit,
02:41 les obligés à payer le parking est totalement contraire
02:44 à ce principe, mais vous n'avez pas parlé des personnels,
02:48 parce qu'en enquêtant un peu sur le sujet,
02:50 je me suis rendu compte que dans certains hôpitaux
02:53 où le parking est devenu payant,
02:54 et vous avez raison de dire qu'il y en a beaucoup,
02:57 Caen, Lorient, Epinal, Le Mans, Amiens,
02:59 Toulouse, Lyon, Avignon, Nancy,
03:02 à Lonce-le-Seigney, par exemple,
03:03 les personnels de santé payent aussi
03:06 pour venir garer leur voiture.
03:07 Là, pour le coup, c'est doublement incompréhensible.
03:11 -Effectivement, pour le personnel,
03:14 il y a un nombre d'accès
03:18 au parking limité,
03:20 avec une sélection sur la base de la distance, etc.,
03:24 et les autres, effectivement, doivent faire le choix
03:28 soit de prolonger de manière importante
03:33 le temps de trajet en utilisant les transports en commun,
03:36 soit utiliser la voiture avec un parking à leurs frais.

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