La directrice de l’IFRAP, Agnès Verdier-Molinié, était l’invitée du Grand Rendez-Vous CNEWS/Europe1 de ce dimanche 23 avril 2023.
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00:00 Écoutez, moi, c'est un sujet que j'ai beaucoup abordé dans nos
00:02 travaux de la Fondation IFRAP.
00:03 Dans mon livre, je fais une partie sur ce sujet qui s'appelle
00:07 "Et on paye aussi pour les fraudeurs".
00:09 Et je crois que c'est absolument essentiel de s'occuper de cette
00:12 question parce qu'il y a le sentiment, finalement, de ne pas
00:15 avoir les mêmes devoirs, souvent dans la société, que les autres.
00:18 C'est-à-dire qu'on paye beaucoup d'impôts, on paye beaucoup de
00:20 cotisations, on paye beaucoup de CSG, de taxes foncières.
00:24 Et puis, à la fin, on se dit "mais attends, finalement, il y en a
00:27 d'autres qui n'ont pas du tout les mêmes obligations".
00:30 Qui, finalement, n'ont pas besoin de sortir les mêmes papiers que
00:32 nous quand on fait des demandes.
00:33 Là, depuis que j'ai sorti ce livre, c'est incroyable le nombre
00:36 de témoignages que j'ai de personnes qui travaillent à l'intérieur
00:40 de la puissance publique et qui me disent qu'ils ont vu passer
00:43 dans leur carrière des fraudes au minimum vieillesse.
00:46 Des personnes qui se font faire d'attestations de
00:51 débergement pendant dix ans en France, alors que parfois,
00:54 ils ont à peine habité en France pour toucher le minimum
00:57 vieillesse qui est payé par les Français.
00:59 Et après, on se demande "mais attends, comment c'est possible ?
01:01 Pendant le Covid, il fallait sortir son attestation pour aller
01:04 acheter une baguette de pain et on peut falsifier hyper
01:08 facilement des documents pour toucher des minima qui ont
01:10 explosé en termes de coûts.
01:12 Certains, ils coûtaient 2 milliards dans les années 2009-2010.
01:16 Maintenant, on est à 10 milliards, je pense, au RSA, à la H,
01:21 au minimum vieillesse, etc.
01:23 Et on se dit...
01:23 Mais on en parle depuis dix ans ou quinze ans de la lutte
01:26 contre la fraude sociale.
01:27 Là, maintenant, c'est le ministre des Comptes publics,
01:29 Gabriel Attal, qui nous explique qu'il va nous sortir un nouveau plan.
01:32 Les plans, ça se succède et vous avez l'impression qu'il ne se
01:35 passe rien du tout, que le phénomène ne diminue pas ?
01:37 Pourquoi ?
01:38 L'impression, c'est qu'on en parle beaucoup, qu'il ne se passe pas
01:40 grand-chose.
01:40 Et pourquoi ? Il y a un laissé-faire, selon vous ?
01:42 Parce que qui contrôle la fraude sociale ?
01:44 Ce sont des administrations sociales,
01:45 ce n'est pas l'administration fiscale.
01:46 C'est ça, c'est le sujet sur lequel on met le doigt, nous,
01:49 depuis des années, en disant pourquoi est-ce que ce ne sont pas
01:51 les mêmes contrôleurs ?
01:52 Parce qu'en France, on a plutôt peur du contrôleur fiscal.
01:55 On sait que les impôts sont bien gérés et que si on fait quelque
01:59 chose un peu à la marge, de toute façon, on va se faire taper
02:04 sur les doigts, qu'on aura des amendes, etc.
02:05 Mais alors, quand on fait quelque chose à la marge sur le social,
02:08 par exemple, on se déclare parent isolé, mais on n'est pas
02:10 parent isolé.
02:11 On a toutes les chances d'avoir aucun problème et de toucher
02:13 des aides indues pendant des années.
02:15 Donc, c'est vrai, on en parle depuis longtemps, c'est vrai,
02:18 il ne s'est pas passé grand-chose, mais il est temps qu'il se
02:20 passe quelque chose.
02:20 Mais.
02:21 [Musique]
02:24 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]