• il y a 2 ans
Emmanuel semble vouloir aller à la reconquête de l’opinion publique. Une opinion publique très contrariée par l'allocution télévisée d'un président décidé à ouvrir un nouveau chapitre après avoir occasionné une crise politique en imposant sa réforme des retraites à un pays qui n’en voulait pas. Le chef de l'Etat était en déplacement le 18 avril dernier, à Muttersholtz, en Alsace, pour visiter l’entreprise Mathis qui construit des charpentes pour les JO. A l’appel de l’intersyndicale et de plusieurs collectifs de la région, une foule a rejoint Muttersholtz dès 9h pour signifier à Emmanuel Macron, son opposition à la réforme des retraites. Et à l'homme. Munis de casseroles, percussions et sifflets, les habitants lui ont réservé un mémorable accueil. Et une fois dans l'usine, les énergéticiens de la CGT ont mis Macron en blackout.

Dans un communiqué, le collectif alsacien " On crèvera pas au boulot " qui réunit syndicats, politiques et citoyens, prévient : " Nous continuerons jusqu’à l’abandon de la réforme ou à l’extinction de la flamme olympique. Rappelons partout à, tout le temps à Macron, à ses ministres, aux élus renaissance, que sans retrait pas de JO ». Et de conclure, de manière humoristique mais très sérieuse : " L’Alsace passe désormais la casserole olympique à l’Hérault ! " L’appel a été entendu puisque dans l’Hérault, à Ganges plus précisément où Emmanuel Macron était en visite dans un établissement scolaire ce matin, le courant a été de nouveau coupé. Le chef de l’Etat a donc été contrait de faire son discours dans une cour de récréation aux côtés, notamment, de deux enfants qui semblaient ravis. Et pour contenir la colère et surement empêcher une nouvelle humiliation publique, les casseroles ont été interdites. Un arrêté a été pris par la préfecture pour interdire tout "dispositif sonore portatif". Une interdiction largement moquée par l'opposition et notamment par Paul Elek, doctorant en sociologie et analyste politique, qui est notre invité ce soir.

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Transcription
00:00 Alors Emmanuel Macron lui aussi tente d'apaiser, mais il a quand même quelques difficultés.
00:05 On le voit bien quand il est en déplacement sur le terrain.
00:08 Par exemple, le 18 avril dernier, il était à Mütterscholz en Alsace
00:14 pour visiter l'entreprise Matisse qui construit des charpentes pour les JO.
00:18 Et à l'appel de l'intersyndicale et de plusieurs collectifs de la région,
00:22 une foule a rejoint la ville des Neuveur pour exprimer son opposition à Emmanuel Macron,
00:28 à sa réforme des retraites, munie de casseroles, percussions et sifflets.
00:32 Les habitants lui ont réservé un mémorable accueil.
00:35 [Cris de la foule]
00:43 [Cris de la foule]
01:08 Est-ce que vous avez vraiment l'impression d'avoir apaisé le pays depuis lundi ?
01:12 Écoutez, je ne prends pas aux effets miracles.
01:15 Je pense qu'il faut simplement continuer d'expliquer.
01:17 A l'heure actuelle, il y a des gens qui sont prêts à entendre et qui entendent.
01:20 Il faut faire avancer les projets. Notre pays a besoin de quoi ?
01:23 D'avancer, de créer des emplois, de réindustrialiser pour pouvoir payer les services publics,
01:28 pour mieux payer les enseignants.
01:30 Monsieur le Président, je suis présente pour le chef syndical.
01:31 Ce qu'on peut faire, c'est, dès l'état, pour le pays, qu'il faudra vraiment retirer cette réforme.
01:36 L'intersyndicale est mobilisé, il est mis sur le terrain.
01:39 [Cris de la foule]
02:08 J'ai bien pire.
02:09 Oui, les Français nous régalent, il faut dire la vérité.
02:13 C'est plaisant pour ceux qui sont mobilisés de voir ces scènes-là,
02:17 parce que justement, quand je disais le mouvement passe à une course de fond,
02:21 la question, c'est donc une question difficile qui est posée.
02:24 Un, il n'y a plus de voie institutionnelle, de mécanisme et de porte de sortie institutionnelle.
02:28 A priori, il y aura peut-être cette nouvelle décision sur le RIP,
02:31 mais c'est une situation qui oblige le camp mobilisé à réfléchir à comment répondre.
02:37 Parce que quand vous n'avez pas de porte de sortie ou de voie facile pour pouvoir changer la séquence,
02:42 vous vous opposez face à l'État, un gouvernement qui est complètement fermé sur sa décision.
02:46 Et là, la transformation de l'épreuve du rapport de force avec la bataille sur les chiffres,
02:50 le nombre de mobilisés, le nombre de grévistes et de blocages économiques,
02:53 elle se déporte en partie avec ces apparitions constantes de la mise en ridicule du pouvoir,
02:59 ou en tout cas, la mise de sa contestation et partout, dans les plus petits endroits.
03:04 On avait dit dans ce mouvement, il y a quand même énormément de mobilisation dans des petites villes,
03:09 des villes moyennes et les cortèges sont assez remplis.
03:11 Et là, il vient dans des villages, aujourd'hui, rebelote.
03:14 Donc non, effectivement, ça donne vraiment une illustration de la rupture de banque
03:23 qu'il y a entre le président de la République et une partie des Français qui est quand même extrêmement majoritaire.
03:28 D'autant plus qu'on a connu des mouvements sociaux qui ont été durs, qui ont duré,
03:32 et qui ont fini, voilà, ce qu'on appelle le pourrissement,
03:35 avec un peu des rapports où ça pète à deux, trois endroits, et puis ça s'arrête.
03:39 Là, la question, c'est qu'on ne sait vraiment pas quand est-ce que ça risque de s'essouffler.
03:43 Et le fait d'avoir calé des dates de mobilisation, notamment le 1er mai unitaire,
03:47 bon ben voilà, on peut maintenir l'effort. C'est, à mon avis, intéressant.
03:50 – Tu as dû le voir, Paul, lors de cette visite dans cette usine en Alsace,
03:54 les énergéticiens de la CGT ont mis Macron en black-out,
03:58 et ils l'ont fait d'ailleurs dans l'héros, on le verra plus tard.
04:00 Et dans un communiqué, le collectif alsacien "On crèvera pas au boulot"
04:04 qui réunit ces syndicats, des politiques, des citoyens,
04:07 rappelle que "notre arme c'est la lutte, nous continuerons jusqu'à l'abandon de la réforme
04:11 ou à l'extinction de la flamme olympique".
04:13 Rappelons partout, tout le temps à Macron, à ses ministres, aux aînés de Renaissance,
04:18 que sans retrait, pas d'I.O.
04:20 Et donc, il conclut ce communiqué par cette petite phrase assez rigolote,
04:24 "L'Alsace passe désormais la casserole olympique à l'héros",
04:27 et effectivement, l'appel a été entendu à Gange, donc dans l'héros.
04:31 Emmanuel Macron était en visite dans un établissement, le courant a été coupé,
04:36 ce qui a obligé le chef de l'État à faire son discours dans une cour de récréation,
04:40 aux côtés notamment de deux enfants qui semblaient ravis,
04:43 comme on peut le voir sur ces images.
04:46 Et pour l'occasion, les casseroles ont été interdites,
04:49 un arrêté a été pris par la préfecture pour interdire tout dispositif sonore portatif.
04:57 Ah, il y a une casserole là.
04:59 Il faudra les enlever, madame.
05:01 Pourquoi on va enlever les casseroles, s'il vous plaît ?
05:03 On est sur un arrêté préfectoral.
05:05 Sur un arrêté préfectoral ? Est-ce que je pourrais lire un document, s'il vous plaît ?
05:08 Oui, s'il vous plaît.
05:09 Et madame, la casserole ?
05:11 Non, je vous ai demandé un papier.
05:13 On a l'arrêté préfectoral.
05:15 Vous allez le lire, vous le mettez vous là.
05:17 Mais à quel moment on n'a pas le droit de prendre une casserole, en fait ?
05:20 Putain, mais c'est dingue, quoi !
05:22 On la pose là, mais on va aller en chercher.
05:24 Mais c'est pas mon sopalin, ni ma boîte de conserve.
05:26 On va te faire foutre. Ils nous prennent tout, n'importe quoi.
05:29 Non, mais la boîte de conserve, tu peux la prendre, c'est pas interdit.
05:33 Non, non, c'est sûr. On n'est pas à la boîte de conserve, en fait.
05:35 C'est magique.
05:37 Allez-y, madame. Posez la boîte.
05:39 Allez.
05:41 Bonne journée.
05:44 Ok, moutons. C'est l'aberration complète.
05:46 Tout le fric est foutu pour ça.
05:49 S'il était tranquille, je pense qu'on ne prendrait pas autant de prédiction.
05:52 On ne peut pas poser les gamelles, c'est ça ?
05:54 On ne peut pas prendre les gamelles ?
05:56 Par arrêté préfectoral, il est interdit d'avoir une casserole.
05:58 Nous aussi, on rigole bien.
06:05 Une interdiction qui a été largement moquée par l'opposition,
06:08 notamment par toi, Paul.
06:10 Mais en même temps, ce n'est pas la faute d'Emmanuel Macron.
06:12 Lui, il est ouvert au dialogue.
06:14 L'usine, ça fait partie de, finalement...
06:16 C'est le moment qu'on vit.
06:18 Ça ne doit pas nous empêcher d'avancer.
06:20 On a des tas de défis.
06:22 Ce ne sont pas les casseroles qui feront avancer la France.
06:24 Il y a des gens qui ne sont pas contents,
06:26 il y a des gens qui sont plus calmes, il y a des gens qui sont contents.
06:28 Il faut de tout.
06:30 C'est normal que la colère s'exprime. Il faut continuer à avancer.
06:32 Le président vous avait dit que vous étiez prêts à aller échanger avec ces manifestants.
06:35 Ils sont prêts à échanger, j'ai dit.
06:37 Les gens sont prêts à échanger.
06:39 Si les gens sont juste prêts à acheter des choses pour faire du bruit, ça ne vaut pas la peine.
06:41 Cette séquence, elle t'a fait beaucoup rire.
06:44 Tu l'as commentée sur Twitter.
06:46 Oui, mais en fait, festival.
06:48 On avait l'habitude.
06:50 On se dit, le pays est tendu.
06:52 Que font les conseillers en communication ?
06:54 Typiquement, déjà, les enfants qui font la tête derrière.
06:56 Là, on a un niveau à rattraper sur les dictatures.
06:58 En Corée du Nord, les enfants sourient au moins sur les vidéos.
07:02 Là, on a une mise en scène pathétique.
07:04 On a le terme d'une phrase très méprisante.
07:06 Une phrase qui est dite de façon négligée, mais qui est aussi très méprisante.
07:10 Si ces manifestants veulent échanger,
07:12 s'ils savent parler et ne pas baragouiner,
07:14 peut-être que je veux bien aller les rencontrer.
07:16 C'était vraiment le fait du prince.
07:18 Et en même temps, tout ce ridicule sur l'interdiction des casseroles.
07:22 Je pense que c'est ça qui provoque la magnifique organisation,
07:26 ce relais de la casserole olympique entre collectifs.
07:30 Mais c'est fou.
07:32 Ça veut dire qu'on a besoin de peu pour que très vite,
07:35 les gens se mettent en contact
07:37 et pour pouvoir renouveler cette espèce de défi au pouvoir.
07:40 Et en même temps, le ridicule vient du fait que Macron a arrêté de gouverner.
07:44 Il règne.
07:46 Et comme le dit magnifiquement Saint-Just au préfet du roi Louis XVI,
07:50 il dit "on ne peut pas régner innocemment.
07:52 La folie en est trop évidente.
07:54 Tout roi est un rebelle et un usurpateur."
07:56 La folie en est trop évidente.
07:58 Bien sûr, alors là, ils ont dit "non, mais nous,
08:00 on n'a pas dit d'interdire les casseroles.
08:02 C'est les policiers qui ont fait du zèle."
08:04 Donc, ils mettent la faute sur les gendarmes.
08:06 Mais enfin, le fait que des gendarmes puissent penser
08:10 qu'il faille interpréter un arrêté
08:12 dans le fait de confisquer des casseroles
08:15 en fermant et en bouclant des villages
08:18 parce qu'il y a le président de la République,
08:20 où on est en fait ?
08:22 C'est une folie.
08:24 Un arrêté qui se fonde,
08:26 dans la scie juridique de cet arrêté-là apparemment,
08:28 il semblerait que ce soit une loi anti-terrorisme.
08:30 Oui, a priori, c'est la loi d'octobre 2017,
08:32 dite sur la sécurité intérieure
08:34 et la lutte contre le terrorisme.
08:36 C'est le six lettres, on l'appelle,
08:38 qui permet que dans des espaces, dans des lieux,
08:42 on puisse provoquer des fouilles systématiques, etc.
08:46 En tout cas, c'est une loi dite scélérate.
08:48 J'aimais bien, c'est l'avocat,
08:50 notamment Raphaël Kempe,
08:52 qui a écrit un petit bouquin là-dessus,
08:54 que je conseille, qui dit, voilà,
08:56 ce sont des lois qui sont toujours faites
08:58 dans le coup de l'émotion, en réaction à un événement,
09:00 dans le but d'augmenter généralement
09:02 les pouvoirs de répression de l'État
09:04 ou du pouvoir administratif sur le pouvoir judiciaire,
09:06 la décision des juges, etc.
09:08 et qui doivent s'appliquer
09:10 pour contrer un ennemi particulier
09:12 et finiront de toute manière à s'appliquer
09:14 dans l'ensemble, à l'ensemble de la population.
09:16 Et en fait, cette loi-là, c'était la loi
09:18 qui retranscrivait l'état d'urgence
09:20 dans les droits communs. Donc effectivement,
09:22 là, on a aujourd'hui de nouveau
09:24 un arsenal immense
09:26 qui est déployé avec des fois, aussi,
09:28 le caractère illégal de sa pratique.
09:30 On a eu des dépôts par la préfecture de Paris
09:32 d'interdictions de manifestation de façon massive
09:34 qui ont été battus
09:36 en justice par, je crois,
09:38 il y a le syndicat des avocats de France,
09:40 c'est le syndicat de la magistrature, je ne sais plus qui a mené
09:42 les procédures. Donc vous voyez,
09:44 il y a des arsenales qui sont
09:46 complètement légaux et que le pouvoir confond
09:48 avec légitime et qu'ils utilisent en permanence.
09:50 Des fois, il y a des expérimentations
09:52 de durcissement sécuritaire pour empêcher
09:54 et c'est ce qu'on disait tout à l'heure, la bataille,
09:56 elle se fait entre ordre public, une vision très extensive
09:58 qui veut venir tout justifier,
10:00 et de l'autre côté, les droits. Et c'est ça
10:02 qu'il faut, à mon avis, dans la paix, y retenir, c'est qu'encore une fois,
10:04 les droits, quand ils sont
10:06 déclarés, il manque
10:08 quelque chose pour qu'ils vivent pleinement.
10:10 Et pour leur juste application, il faut des rapports
10:12 de force qui viennent remettre
10:14 en cause un peu plus que des rapports de force
10:16 électoraux ou des rapports de force entre
10:18 options politiques. C'est le fonctionnement
10:20 même des institutions et même au-delà
10:22 des institutions, des répartitions
10:24 qui existent dans les richesses ou ailleurs.
10:26 Quand je dis ça, c'est pour donner un exemple.
10:28 Le droit à l'avortement,
10:30 c'est très bien, l'opposition a proposé par exemple
10:32 de le mettre dans la constitution, de le
10:34 sacraliser quelque part par cet acte-là.
10:36 Mais si vous avez des cliniques
10:38 qui pratiquent l'avortement, qui sont fermées
10:40 parce qu'il y a de l'austérité budgétaire,
10:42 si vous avez une pénurie de médicaments,
10:44 parce que vous êtes dépendant de l'étranger
10:46 pour pouvoir produire
10:48 des pilules abortives, vous avez le droit
10:50 d'avorter, mais si vous ne pouvez pas, c'est un droit
10:52 creux. Et c'est tout l'enjeu, à mon avis,
10:54 des combats qui sont menés, que ce soit
10:56 celui sur la retraite ou autre, de dire "bon d'accord,
10:58 on s'oppose à des réformes, mais derrière, il faut
11:00 développer un récit". Et là, le récit,
11:02 il est évident, c'est la folie
11:04 d'un homme seul, isolé,
11:06 contre le peuple, ne peut
11:08 pas permettre d'avenir
11:10 satisfaisant pour l'ensemble
11:12 des intérêts qui sont ceux
11:14 des citoyens français.
11:16 [Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org]
11:19 [Musique]
11:22 [Musique]
11:25 [SILENCE]

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