Vendredi 21 avril 2023, LE GRAND ENTRETIEN reçoit Yoann Chery (Président Fondateur, Groupe Leader Insurance)
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00:00 Le grand entretien avec Yohann Chéry, qui est président fondateur du groupe Leader
00:09 Insurance.
00:10 Vous êtes serial entrepreneur.
00:12 Qu'est-ce que ça veut dire et comment êtes-vous arrivé là ?
00:14 Bonjour.
00:15 Alors, je suis tombé dedans, c'est-à-dire que je faisais des… durant mes études de
00:21 droit, j'avais un petit peu de temps libre et j'ai commencé par l'ouverture, à
00:24 l'époque, d'un vidéoclub.
00:25 C'était la grande mode des distributeurs automatiques.
00:27 Et ça a été finalement ma première expérience entrepreneuriale, une boutique très modeste
00:32 qui m'a donné surtout le goût et l'envie d'être indépendant, de continuer.
00:37 J'ai enchaîné par des affaires immobilières, ensuite de consergerie, de location, beaucoup
00:44 dans l'immobilier également, dans la restauration.
00:46 Et toutes ces sociétés, je les conserve.
00:49 Et l'assurance, donc, qui a été une société qui s'est développée rapidement.
00:56 En 2003.
00:58 Exactement.
00:59 Donc, Leader Assurance, qui est devenu le groupe Leader Insurance, c'est une création
01:03 en mai 2003, donc on fêtera très bientôt les 20 ans.
01:06 Pourquoi vous avez créé cette boîte ?
01:08 Alors, c'est-à-dire que ce n'était pas une vocation.
01:11 Et je crois que dans notre métier, avoir la vocation d'assurance n'existe pas forcément.
01:16 En revanche, l'assurance touche à beaucoup de domaines, quelque part, et pas que à l'assurance.
01:20 C'est-à-dire qu'en étant dans l'immobilier, naturellement, je parlais à des assureurs
01:24 et j'ai eu une opportunité qui consistait dans l'ouverture d'un point de vente à
01:30 Mantes-la-Jolie.
01:31 Nous sommes donc en mai 2003 et j'ouvre ma première boutique.
01:35 Je sentais qu'il y avait des choses à bousculer, des choses à dépoussiérer.
01:39 Et j'ai commencé, après mes études de droit, donc avec déjà un vernis assurantiel.
01:44 Je n'étais pas le plus grand technicien, mais je voyais, je percevais la capacité
01:50 de faire les choses un peu différemment.
01:52 Avec un management plus atypique, une technologie différente, et je me suis un peu lancé
01:56 comme ça.
01:57 – Alors comment vous expliquez qu'en démarrant en 2003, aujourd'hui, 20 ans après,
02:01 vous êtes dans le top 10 des courtages français ?
02:04 – Alors, je crois que toute la cause d'un succès, d'une croissance, quel que soit
02:10 le domaine, n'est pas forcément écrite au bilan de l'entreprise, ni dans un business
02:14 plan.
02:15 Ça revient, j'entends, à un management un petit peu atypique, à une création d'une
02:21 famille de gens très engagés, des collaborateurs qui se sont impliqués avec émotion dans
02:26 la boîte.
02:27 Et à partir de là, j'ai toujours voulu garder un côté également ludique, là où
02:31 le thème d'assurance ne l'est pas sur le papier, et quand on en parle, ne fait pas
02:35 spécialement rêver.
02:36 J'ai voulu personnaliser la relation, donc un point de vente, Leader Assurance en 2003,
02:42 deux, trois, quatre, une vingtaine de points de vente.
02:45 Donc de l'ouverture en retail, en multipoint de vente jusqu'en 2011, et ensuite le passage,
02:53 tout en gardant les points de vente, à ce qu'on appelle dans notre jargon le courtage
02:56 grossiste, c'est-à-dire la création de structures où on détient des mandats d'assureurs
03:02 pour les représenter auprès d'autres courtiers.
03:04 Donc ça a été vraiment une bascule vers le courtage grossiste en 2011.
03:07 – Que propose exactement votre entreprise ?
03:10 – Alors, on est un courtier généraliste, aussi bien pour les particuliers, les professionnels,
03:16 l'assurance de personnes.
03:17 En revanche, nous avons à partir de 2011, dans le courtage grossiste, on s'est spécialisé
03:22 dans l'assurance de la construction, c'est-à-dire la RCD Sennal pour les entrepreneurs du bâtiment,
03:27 et la Dommage Ouvrage pour les maîtres d'ouvrage.
03:29 On est aujourd'hui le premier courtier français dans ce domaine, où on réalise pas loin
03:35 de 2000 contrats construction par mois, et avec une équipe de 15 personnes dédiées,
03:41 parce que l'assurance construction c'est très technique, c'est des contrats à souscription
03:45 assez chronophages, qui nécessitent une technicité mais également une culture du bâtiment,
03:51 qui n'est pas directement liée à la culture assurancielle, et on a digitalisé la souscription.
03:58 Là où ça nécessitait pour les entrepreneurs du bâtiment beaucoup de paperasse, et quand
04:02 on est entrepreneur du bâtiment, on n'a pas le temps, on n'est pas forcément amoureux
04:06 de la bureaucratie, alors on a digitalisé la souscription, digitalisé la tarification,
04:12 et on se veut être pour les courtiers, et donc in fine pour le client au bout de la
04:18 chaîne, un facilitateur.
04:19 Quelle est votre mission ?
04:20 Ma mission aujourd'hui, alors j'ai pris de la hauteur dans le groupe, parce que le
04:26 groupe s'est développé.
04:27 Aujourd'hui, on a plus de 160 salariés, on est implanté sur plus de 30 sites, donc
04:34 naturellement j'ai mis en place un comité de direction, un comité exécutif, et en
04:40 tant que président et fondateur, j'ai un rôle, j'ai une mission, c'est de conserver
04:45 l'ADN de l'entrepreneur, pour ne pas tomber dans les espèces d'écueils, de réunionnites
04:51 et/ou d'intellectualisation en perdant la notion du client, qu'est-ce qu'un courtier,
04:58 qu'est-ce qu'un client, et mon job finalement, c'est de garder cette simplicité au sein
05:03 de mes équipes pour conserver notre ADN finalement.
05:07 L'assurance change beaucoup, comment voyez-vous l'arrivée des insurtech ?
05:12 C'est une bonne question, parce que c'est vrai, vous avez raison, il y a une modification.
05:17 Le pas de la digitalisation ne date pas d'hier, depuis 2012, on était d'ailleurs dans les
05:22 premiers à créer des extra nets, des tarificateurs online.
05:25 En revanche, la volonté d'une insurtech, c'est de digitaliser l'intégralité du
05:32 parcours client.
05:33 Au-delà de ma vision, il y a un constat, un constat que certaines insurtech ont perdu
05:39 un petit peu le lien et le liant avec le client, et se sont plus concentrées sur de la levée
05:44 de fonds.
05:45 Il y a eu quelques échecs cuisants récemment d'insurtech, qui à mon sens, se sont plus
05:50 concentrées à trouver et à lever des fonds, qu'à créer de la valeur, de l'économie
05:55 et du chiffre d'affaires.
05:56 Quand on regarde le bilan de ces insurtech au bout de quelques années, on constate un
06:01 haut bilan important par les fonds propres, et en revanche un bas de bilan un peu décevant
06:05 par une incapacité à créer la proximité.
06:09 Je crois que dans l'assurance, on ne vend pas un produit fini, on vend une relation,
06:14 on vend un suivi.
06:15 Nos clients vont nous confier leur patrimoine, ils aiment l'idée d'avoir quelqu'un qui
06:21 est disponible dans une relation également de face à face et dans une relation qui n'est
06:25 pas uniquement digitalisée.
06:27 À mon sens, les insurtech vont tranquillement faire un petit peu marche arrière pour rajouter
06:32 du lien de personnes et d'humanité quelque part dans un process qui montre ses limites.
06:37 On va voir les chiffres de votre entreprise avec Virginie Mass, et on se retrouve juste
06:40 après.
06:41 En 2003, par votre invité Michel, le groupe Leader Insurance collabore aujourd'hui avec
06:46 170 personnes et possède 36 en France.
06:50 20 ans après sa création, le groupe est dans le top 10 du courtage français et a
06:54 accompagné plus de 100 000 clients.
06:56 En 2022, le groupe Leader Insurance a réalisé un chiffre d'affaires de 60 millions d'euros
07:01 et a enregistré une croissance de 20%.
07:04 Donc vous avez plus de 100 000 clients, une croissance de 20% l'année dernière, donc
07:09 ça va quoi.
07:10 On est très content de ce résultat.
07:13 L'assurance change beaucoup.
07:14 Comment voyez-vous la suite ? C'est un métier qui a beaucoup évolué avec le digital.
07:19 Je pense que les sociétés full digital vont devoir soit inventer des produits, on sait
07:30 que c'est compliqué parce que la matière assurable n'est pas infinie, et c'est pour
07:34 ça que la présence aujourd'hui en retails et en visite de boutiques d'assurance sera
07:40 peut-être limitée, mais je crois que le compromis est entre les deux.
07:43 Le digital va permettre de communiquer, va permettre de toucher une clientèle qu'on
07:49 n'aurait pas pu toucher dans du commerce de proximité.
07:51 En revanche, la connaissance, la discussion avec le client est encore nécessaire et présente.
07:58 Je pense qu'il y a encore de très belles années pour le développement des boutiques
08:04 de courtage d'assurance.
08:05 Je pense que le digital faisait la différence il y a quelques années dans ce qu'on appelle
08:10 le front office, c'est-à-dire pour le client et/ou pour le courtier, la tarification.
08:14 Désormais, la différence, on doit la faire également dans le back office, faciliter
08:19 la gestion d'un sinistre pour un client, faciliter l'indemnisation par la blockchain.
08:25 Tous ces éléments vont modifier l'assurance plus sur le back office, là où pendant des
08:30 années on s'est beaucoup attaché uniquement au front.
08:34 Comment voyez-vous l'évolution de votre société ? Quels sont les objectifs à court
08:37 et moyen terme ?
08:38 Depuis 2021, depuis juillet 2021, nous sommes associés à un fonds d'investissement.
08:46 J'ai cédé 48% des parts du groupe, je suis encore président et actionnaire majoritaire.
08:52 On veut s'intéresser beaucoup au build-up, c'est-à-dire à la croissance externe.
08:56 On est dans un métier où le papy boom est très présent, il y a de très belles opportunités
09:02 de business.
09:03 On est en veille constante et on veut garder un côté très agile.
09:07 Agile pour pouvoir ingérer des sociétés, ça veut dire adapter leur culture d'entreprise
09:13 à la nôtre, mais agile dans le déploiement de nos outils également.
09:16 On a de très belles années en croissance externe et en croissance interne.
09:19 Aucun voyant nous inquiète dans le sens où dans la construction, on travaille beaucoup
09:25 avec des petits entrepreneurs du bâtiment qui ne sont donc pas directement touchés
09:29 par une crise, une inflation du coût des matériaux.
09:32 On est assez résilient.
09:33 Les assurances sont parfois critiquées par les clients.
09:37 Est-ce que les assureurs sont toujours à la hauteur ? Quel est votre rôle dans tout
09:42 ça ?
09:43 Oui, que les assureurs soient critiqués, c'est un fait.
09:46 Je crois qu'il y a lieu de mesurer nos propos.
09:50 Le système de l'assurance en France fonctionne très bien.
09:53 Les assureurs ont été critiqués au moment du Covid, mais je pense que l'exercice n'était
09:59 pas représentatif.
10:00 On est en train de parler d'une pandémie totalement historique.
10:02 Et d'ailleurs, Dieu merci, ils n'ont pas eu à couvrir parce que les plus grands assureurs
10:08 institutionnels qui répondent toujours présents, je pense à AXA, Generali, Allianz, MMA, ainsi
10:13 de suite, n'auraient pas eu la solvabilité pour faire face à une telle pandémie.
10:17 Donc, l'assureur n'a pas à se substituer au gouvernement dans des cas de crise pandémique.
10:25 En revanche, l'assureur est au rendez-vous.
10:27 Il y a un chiffre qui va corroborer mes propos, c'est que le rapport sinistre-prime moyen
10:32 d'un assureur est proche de 100%.
10:34 Dit autrement, un assureur gagne de l'argent beaucoup plus dans ses placements financiers
10:39 que dans l'exploitation pure.
10:41 Les assureurs payent les sinistres.
10:43 Il y a tous, évidemment, autour de nous, des cas de personnes qui ont eu un problème
10:47 avec leur assureur, mais c'est rarement un problème d'un payé.
10:50 C'est plutôt un problème de délai où, en effet, la bureaucratie est présente.
10:54 Certains assureurs sont de très lourdes machines.
10:58 Donc, les délais et le côté chronophage de gestion peut être au préjudice du client,
11:02 c'est vrai.
11:03 Merci beaucoup, Johan Chéry.
11:04 Merci à vous.
11:05 Merci, c'est bien.
11:05 C'est bien.
11:05 Sous-titrage Société Radio-Canada
11:07 Bismarck