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Transcription
00:00 "Refuser la cruauté du monde, le temps d'aimer est venu."
00:02 C'est aux éditions du Rocher.
00:04 Et on va s'attarder d'abord sur le titre,
00:06 avec cette phrase qui est presque christique.
00:09 "Le temps d'aimer est venu."
00:11 Vous trouvez qu'on manque d'amour, aujourd'hui ?
00:13 -Si, je me suis...
00:15 L'idée de ce livre est d'être pendant le confinement.
00:17 On a tous tellement souffert de cet effondrement des tendresses.
00:21 Je commence ce livre par les visites que je faisais à ma maman en EHPAD,
00:25 juste avant le confinement.
00:27 Quand le confinement est arrivé et que j'ai vu les gens souffrir
00:30 de ne pas pouvoir aller voir leurs anciens,
00:33 j'ai partagé cette douleur, en fait.
00:35 Aux deux extrémités, finalement,
00:37 les deux parties de la population les plus vulnérables,
00:40 les anciens et les très jeunes,
00:42 et les ados ou les étudiants qui ont été enfermés.
00:46 Et après cette période d'effondrement des tendresses,
00:50 et quand j'ai vu la politique,
00:52 les décisions politiques aussi cruelles, aussi brutales,
00:55 je me suis dit que j'ai donné 30 ans de ma vie à la politique
00:59 et je vois comment les choses sont gérées.
01:01 Et ensuite, dans la parole du désespoir des gens,
01:04 cette parole n'a pas été prise en compte.
01:07 Ce livre, c'est aussi leur donner la parole
01:10 par rapport aux souffrances qui ont eu lieu,
01:13 mais aussi un discours optimiste pour dire
01:15 que la politique peut être autre chose.
01:17 -Encore de l'espoir. -Et ça peut faire confiance
01:20 aux gens pour qu'il y ait une intelligence collective.
01:23 -Vous y croyez encore ?
01:24 Beaucoup de Français, on en reparlera,
01:27 me disent "Cyril, on n'y croit plus.
01:29 "On ne croit plus en la politique,
01:31 "on n'y croit plus en rien,
01:35 "on préférait que tout reparte à zéro,
01:38 "qu'on soit dans le chaos,
01:40 "car quoi qu'il arrive, on a voté à droite,
01:42 "ça s'est mal passé, à gauche aussi, au milieu aussi,
01:45 "donc on n'y croit plus."
01:47 Vous y croyez encore ?
01:48 -Il faut y croire, sinon il n'y a plus de démocratie
01:51 ou d'espoir.
01:52 Quand on voit aujourd'hui certains jeunes dire
01:55 "à quoi bon donner naissance à des enfants dans le monde
01:58 "comme il est aujourd'hui, avec la crise climatique
02:01 "et l'effondrement de la politique",
02:03 ça me fait mal au coeur, car si on échoue à transmettre
02:06 cette envie de transmettre à nouveau la vie,
02:09 on échoue sur tout.
02:10 Donc je pense qu'il y a d'autres façons de faire,
02:14 d'où ce livre.
02:16 Le grand historien Marc Bloch disait
02:19 "Notre peuple mérite d'être mis dans la confidence."
02:22 Il mérite d'être associé au décès
02:24 dans lequel il concerne.
02:25 C'était une phrase magnifique.
02:27 -On en parlera plus tard.
02:29 Est-ce qu'on parle assez aux Français ?
02:31 On en a parlé tous les deux.
02:33 On en reparlera plus tard.
02:34 C'est vrai qu'aujourd'hui, je vais vous dire,
02:37 juste pour prendre un exemple,
02:39 on a toujours dit aux Français,
02:41 si vous travaillez, si vous avez un travail,
02:44 si vous travaillez tous les jours de 9h à 19h,
02:46 vous allez pouvoir vous en sortir.
02:48 Aujourd'hui, le problème, c'est qu'il y a plus de Français
02:52 qui travaillent tous les jours et qui s'en sortent pas.
02:54 Très vite dans le mois.
02:56 -Notamment à cause de l'inflation.
02:58 Il y a d'autres façons de faire.
03:00 D'autres pays ont réussi à baisser la TVA.
03:02 L'écoute qu'on doit apporter à ceux qui n'arrivent plus
03:06 à clé les fins de mois malgré leur travail,
03:09 il faut apporter des réponses à cela.
03:12 Et les réponses, elles sont réalisables
03:15 si on considère...
03:16 Il y a deux façons d'exercer le pouvoir.
03:19 Soit aimer le pouvoir pour le pouvoir,
03:21 soit aimer les gens qui vous ont donné le pouvoir
03:24 avec la préoccupation permanente de leur faire du bien
03:27 et pas de rester arc-bouté sur des décisions
03:30 parce qu'on les a annoncées ou parce qu'on les a prises.
03:33 -Un homme politique peut dire "je me suis trompé".
03:36 Un président ou un Premier ministre peut dire
03:38 "je me suis trompé, j'ai fait une erreur,
03:41 je vais parler aux Français et leur dire que j'ai fait une erreur".
03:44 Vous l'auriez fait, si vous aviez été...
03:47 -Bien sûr, je l'ai fait pour la taxe sur les monnaies rouges.
03:50 C'était les plans d'Attaxe Carbone, je l'ai retiré.
03:53 -Vous vous êtes rendu compte que vous aviez fait une erreur
03:56 en discutant avec les Français ?
03:58 -Oui, en discutant avec les gens,
04:00 en discutant avec les camionneurs, en particulier.
04:03 Ils m'ont dit "on va bloquer la France,
04:05 "on a acheté les barbecues et les brochettes".
04:08 Quand ils m'ont dit ça, j'ai regardé,
04:10 j'ai vu qu'ils avaient raison dans l'objection
04:13 contre l'éco-taxe, parce qu'on voyait
04:15 les transporteurs de chou-fleurs de Bretagne
04:18 qui payaient plus, plus cher que les grands transporteurs
04:21 internationaux qui prenaient l'essence en Belgique,
04:24 qui reprenaient l'essence en Espagne,
04:26 donc qui laissaient... -Vous êtes revenu en arrière.
04:29 -J'ai arrêté. Quand les gilets jaunes ont commencé,
04:32 j'ai appelé Emmanuel Macron.
04:33 Rarement je le fais, mais là, je l'ai fait,
04:36 car je me suis dit que c'était la répétition
04:38 de la crise sociale précédente.
04:40 Il faut arrêter tout de suite.
04:42 Et faute d'avoir arrêté tout de suite,
04:44 il y a eu cette souffrance pendant des mois,
04:47 donc je pense que, comme je le dis dans le livre,
04:50 je décortique 30 ans de vie politique
04:52 pour montrer comment il peut y avoir des dérapages
04:55 dans l'exercice du pouvoir et comment on peut faire autrement.
04:59 -Le mot "amour" est cité 178 fois dans le livre.
05:02 Daniel, ça vous fait rêver. -Oui.
05:04 -Non, mais c'est vrai.
05:05 Et je vais vous dire, le début du livre,
05:07 il est très émouvant.
05:09 Vous parlez, comme vous l'avez dit,
05:11 d'un instant, de votre maman, qui était en EHPAD,
05:14 du grand âge, de la dépendance, et vous faites le lien
05:17 avec les conséquences. Peu de temps après,
05:19 ma mère s'en fut allée, est arrivée la chape de plomb
05:22 du terrible confinement.
05:24 On a l'impression, dans le livre, que ça reste un souvenir
05:27 très pénible. -C'est très pénible.
05:29 Je fais des dédicaces de livres, et les gens ne me parlent que de ça.
05:33 Il n'y a pas eu cette phase, après le confinement,
05:36 de consolation, de récits de ce que les gens ont vécu,
05:39 de réparation.
05:41 On a besoin d'être consolé, de réparer,
05:45 quand on a subi une épreuve terrible.
05:47 En particulier, le leitmotiv, tous les soirs,
05:50 quand on avait le nombre des morts tous les jours,
05:52 je me suis dit, comment est-il qu'il n'y ait pas
05:55 dans l'appareil d'Etat quelqu'un qui dise
05:58 "Arrêtez avec cette comptabilité, donnez-nous les gens soignés,
06:01 "ayez un mot de condoléance."
06:03 Derrière les chiffres, c'était des gens qui perdaient
06:06 un être cher. Il n'y avait pas un mot de condoléance.
06:09 C'est ce que j'explique, c'est la politique par la peur.
06:13 On a fait peur aux enfants pour qu'ils obéissent.
06:15 Mais non, on est un peuple majeur, on est des gens responsables.
06:19 -Pour vous, la France, c'est encore un pays majeur ?
06:22 -On est un pays majeur, mais on est traités comme des mineurs.
06:25 On est traités comme des enfants qui ont fait peur
06:28 pour qu'ils obéissent. C'est très nocif.
06:30 Quand les gens ont peur, ils perdent de leur énergie,
06:33 ils perdent de leur capacité d'invention,
06:36 ils perdent de leur capacité de résistance.
06:38 C'est comme quand on élève un enfant,
06:41 on lui fait peur si on lui dit que demain sera pire qu'aujourd'hui.
06:44 Il ne peut pas grandir sereinement.
06:47 Un peuple, une société, c'est pareil.
06:49 Si on ne l'encourage pas, il y a un horizon, un objectif commun,
06:52 on va équilibrer les choses, on va participer
06:55 sur la façon de faire et de procéder.
06:57 On peut grandir collectivement.
06:59 -Vous dites dans le livre une phrase très forte.
07:02 "Avec sans doute ce triste calcul, prévoyons et annonçons le pire,
07:06 "même mensonger, pour avoir ensuite la reconnaissance du pire
07:10 "qui n'arrive pas."
07:11 Ca, c'est une attaque... -C'est grave.
07:13 -C'est une grosse attaque contre le gouvernement.
07:16 -C'est arrivé avec la... Je rends public la circulaire
07:19 sur les menaces de coupure de courant.
07:22 On s'est dit "Comment la France est-elle devenue aussi bas
07:25 "qu'on nous annonce des coupures de courant
07:28 "même sur les respirateurs artificiels ?"
07:30 -J'en rappelle. -C'était faux.
07:32 Il n'y a pas de possibilité de couper le courant.
07:35 On ne peut pas couper le courant dans les zones interconnectées
07:39 d'un site majeur, comme les hôpitaux,
07:41 comme les lieux de survie.
07:42 Donc, c'est impossible. On ne pouvait pas couper.
07:45 C'est faux. Et en plus, il y a un potentiel
07:48 de production suffisant.
07:49 Quand j'étais ministre de l'énergie,
07:51 le directeur d'EDF venait me voir en me disant
07:54 qu'il fallait annoncer des coupures de courant
07:57 et rouvrir les cendrales à charbon.
07:59 Je lui disais "Non, vous êtes payé pour délivrer
08:02 "le courant d'électricité. Si vous n'êtes pas capable de faire ça,
08:06 "quittez votre poste et je nomme quelqu'un d'autre."
08:08 J'ai justement de ces moyens.
08:10 En ce moment, on voit plein de boulangers,
08:13 de petits magasins, de gens qui sont obligés de fermer
08:16 parce qu'ils ont des factures d'électricité
08:19 qui font qu'ils ne peuvent pas tenir.
08:21 Est-ce qu'il y a, aujourd'hui, vous connaissez bien le sujet,
08:24 qu'il y a des solutions pour ces Français
08:27 qui ont vu leur facture d'électricité
08:29 multipliée par 10 ? -Par 10.
08:31 -Vous imaginez bien, un boulanger,
08:33 quand il a 1 000 euros et que par mois, ça devient 10 000 euros,
08:37 les baguettes, ils les vendent toujours le même prix.
08:40 Est-ce qu'il y a aujourd'hui des solutions ?
08:42 On n'en parle pas assez, mais chaque jour,
08:45 il y a des boulangers qui ferment,
08:47 chaque jour, il y a des boulangeries qui meurent.
08:50 Ils ne pourront pas revenir après.
08:52 Aujourd'hui, on sait qu'il y a une urgence incroyable là-dessus.
08:55 Est-ce que vous savez que si le gouvernement fait quelque chose
08:59 ou pas ? Parce qu'on a l'impression que là,
09:01 c'est un marasme total pour les boulangers, notamment.
09:05 -Pourquoi ça arrive ? -Pourquoi ?
09:07 -Pourquoi est-ce que certains ont eu leur prix
09:10 de l'électricité multiplié par 10 ?
09:12 C'est parce qu'il y a une privatisation
09:14 de la vente de l'énergie à cause des règles européennes.
09:17 Et ça, c'est pas normal.
09:19 Donc, il faut absolument réformer le marché européen
09:22 qui a imposé la privatisation.
09:24 C'est-à-dire que des opérateurs sont venus sur ce créneau,
09:27 même des opérateurs, par exemple, Total,
09:30 est venu sur ce créneau de rachat et de vente d'énergie.
09:33 Vous vous souvenez des publicités sur "quittez EDF"
09:36 et puis "venez"...
09:37 Même les centres Leclerc, à un moment,
09:40 ont fait de l'énergie.
09:41 Pour rester sur cet exemple,
09:43 les centres Leclerc, le jour où ça leur a pas rapporté suffisamment,
09:46 ont quitté le marché et les gens se sont retrouvés
09:49 sans électricité et sans opérateurs énergéticiens.
09:52 Il y a eu des prédateurs qui sont venus sur ce marché
09:55 de l'achat et de la revente d'énergie,
09:58 alors que c'est les Français qui ont payé les centrales nucléaires,
10:02 qui ont payé la production d'énergie.
10:04 Il n'y avait aucune raison d'accepter cette privatisation.
10:07 Il y a des solutions en reprenant le contrôle national
10:10 de la production et de la vente de l'électricité.
10:13 -Vous revenez aussi sur les moqueries
10:15 ou les attaques dont vous avez été victime,
10:18 même dans votre propre camp, lors de la campagne de 2007.
10:21 On me dit "qui va garder les enfants ?"
10:23 Je n'avais pas mesuré à ce moment-là
10:25 le ressort profond de jalousie de cette attaque
10:28 lorsque j'ai été candidat à la présidentielle.
10:31 Le retouchement d'une contestation de compétences
10:34 le renvoie au tâche domestique,
10:36 c'était la contestation d'une intrusion
10:38 dans un monde censé être réservé aux hommes.
10:41 Sur 180 chefs d'Etat, il n'y a qu'une quinzaine de femmes.
10:44 Et c'est vrai que vous étiez pas loin.
10:46 C'est vrai que... -47.
10:48 -Nicolas Sarkozy, vous n'étiez pas loin, Ségolène.
10:52 Est-ce que vous avez senti une grande jalousie ?
10:54 À un moment, on a senti quand même qu'il y avait une dynamique.
10:58 Vous avez senti qu'il y en avait, même dans votre camp,
11:01 qui se disait "on n'a pas envie qu'elle gagne".
11:04 -Oui. Autour de mon adversaire, ça faisait bloc.
11:07 Là, avoir émergé une femme,
11:09 oui, il y a plein d'hommes qui se sont dit
11:11 "mais non, c'est pas sa place".
11:14 C'est vrai qu'une première femme au second tour
11:16 de l'élection présidentielle, c'était pas anecdotique.
11:20 Et malgré ces oppositions,
11:22 ces dénigrements, y compris dans mon propre camp,
11:26 j'arrive au second tour de la présidentielle.
11:29 -Vous faites un beau score. -Oui, c'est pour ça
11:32 que c'est quand même une réussite.
11:34 -Vous avez pensé à un moment, vous avez dit "je vais arrêter,
11:37 "je vais pas y aller". -Non.
11:39 -Jamais ? -Jamais.
11:40 -Oui. -Vous avez la responsabilité
11:42 après des gens qui vous suivent. -Vous y avez cru ?
11:45 -Il croit en vous. -Vous avez dit "je vais gagner".
11:48 -Oui, je pense. -Oui. À quel moment ?
11:51 -A Charletti, par exemple. -Oui, je me rappelle.
11:53 -Aux meetings de Charletti. -Vous sentiez
11:56 qu'il y avait une dynamique.
11:58 Quelles sont vos relations avec Nicolas Sarkozy ?
12:01 -Je le rencontre pas. -C'est vrai ?
12:03 -C'était une belle campagne. -C'est vrai.
12:05 -C'était une très belle campagne. -Moi, je vais vous dire,
12:08 j'aime beaucoup Nicolas Sarkozy aussi.
12:11 Je vous aime beaucoup, mais je suis aussi amie avec lui.
12:14 -C'était une belle campagne.
12:16 -Il y avait deux idées, deux incarnations,
12:18 deux personnalités. C'était pas un vote de barrage.
12:21 Il y avait un vrai choix.
12:23 -Pour moi, je vous le dis, c'est la dernière belle élection.
12:26 Je le pense vraiment. -Il y avait deux propositions.
12:29 -Il y a eu François Hollande face à Nicolas Sarkozy.
12:32 C'était plus contre Nicolas Sarkozy.
12:34 -On votait contre, on votait contre.
12:36 -A chaque fois, au deuxième tour, on a voté contre.
12:40 C'est la dernière élection où, là, il y avait deux projets.
12:44 On se disait, on vote pas contre, on vote...
12:46 -L'adhésion. -Exactement.
12:48 Les 47 % qui ont fait Ségolène Auréal,
12:50 c'était de l'adhésion.
12:52 C'était... Je vous le dis.
12:54 Pour moi, c'est la dernière grande élection.
12:56 Est-ce qu'il y a certaines remarques,
12:58 certains agissements qui vous ont remarqué en politique ?
13:02 Est-ce qu'il y a des hommes...
13:03 C'est un milieu où il y a énormément d'hommes.
13:06 Est-ce qu'il y a eu des comportements un peu lourdaux ?
13:09 -Beaucoup. -Vraiment ?
13:11 -Sexistes. -Genre quoi ?
13:12 -Vaut mieux les oublier.
13:14 -Vraiment. Il y en a un qui vous est resté en tête ?
13:16 -Vaut mieux tourner la page.
13:18 -Pfff... -Moi, j'en ai un.
13:20 -Ah oui ? C'est mieux que les autres.
13:23 -Allez-y.
13:24 -A l'Assemblée, on vous a traité de vache folle.
13:27 C'était violent, je trouvais. Inadmissible.
13:29 -A l'époque, parce qu'il y avait une commission d'enquête
13:33 sur les farines animales, vous vous souvenez ?
13:35 J'étais élue députée des Deux-Sèvres, très rurale,
13:38 et donc j'étais membre du bureau de cette commission.
13:41 Un député dit qu'il ferait une vache folle au bureau.
13:44 Et personne n'a bougé.
13:46 -Ni dans votre camp, d'ailleurs. -Voilà.
13:48 Personne n'a bougé.
13:50 Aujourd'hui, je me réjouis de l'évolution.
13:52 -C'est vrai. -Ca serait plus possible.
13:54 Il y aurait des sanctions.
13:56 Quand même, il y aurait plus de solidarité.
13:58 -En 2006, vous avez été au coeur d'attaques parfois misogynes,
14:02 même au sein du PS.
14:03 -Ah oui, beaucoup. -Vraiment beaucoup ?
14:05 -Ah oui, beaucoup. -Genre quoi ?
14:07 -Les hommes se demandaient ce que je faisais là.
14:10 Je sais pas, par exemple, Michel Rocart avait dit
14:13 "Vous allez pas confier la France à Ségolène Royal,
14:17 "c'est comme confier un poids lourd
14:18 "qui transporte de l'énergie nucléaire
14:21 "à quelqu'un qui a pas le permis de conduire."
14:23 Par exemple. -Ah ouais.
14:25 -Où il y avait toujours...
14:27 Ils avaient inventé, mais ça,
14:29 c'était plus du côté de mon adversaire.
14:31 Vous savez, elle fait des bourdes.
14:33 Dès que j'y sais quelque chose, elle fait des bourdes.
14:36 C'était malin en termes de communication.
14:39 Ils avaient conçu "bourde" qui rime avec "gourde".
14:42 Donc c'était une attaque à mon intelligence.
14:45 C'était "Une femme est forcément idiote".
14:48 -Mais ils voulaient vous faire perdre.
14:50 -Elle dit que j'ai des bêtises.
14:52 -Même dans votre camp, Ségolène Royal,
14:54 il y en avait beaucoup qui voulaient vous perdre.
14:57 Je parlais avec beaucoup de gens à l'époque.
15:00 Et ça, c'est souvent dans le propre camp aussi
15:03 qu'on vous met le plus de difficultés, de peau de banane.
15:06 -Les amis sont pires que les ennemis.
15:08 -On lui a savonné la planche. -Bien sûr.
15:10 -J'étais une femme et les hommes se disaient
15:13 que c'était pas sa place.
15:15 J'étais une intruse, finalement. -Ouais, c'est ça.
15:18 -J'ai osé transgresser un interdit du droit
15:21 à accéder aux responsabilités.
15:23 Finalement, ça a aussi ouvert la voie à plein de femmes.
15:26 -Je pense que vous étiez la meilleure candidate en 2007.
15:29 Je vous lis, dans votre camp,
15:31 je pense que vous étiez la meilleure candidate.
15:34 -En plus, j'ai gagné à personne. -Bien sûr.
15:36 Il n'y avait plus de débat.
15:38 -Il y avait un coup de demande, d'ailleurs.
15:41 -Il y avait un débat entre Fabius et Strauss-Kahn.
15:43 -Pas mal. Entre Fabius et Strauss-Kahn.
15:46 Je vous le dis. -Vous avez gagné au premier jour
15:49 avec 60 % des voix. -C'est énorme.
15:51 -Les gens pouvaient venir voter en avant.
15:53 -C'est important de le rappeler.
15:55 C'était pas face à deux toccards.
15:58 -C'était pas volé.
16:00 -C'est quoi, le Royal ? Est-ce que vous pensez...
16:03 Est-ce que, parfois, la nuit,
16:06 vous rêvez que vous avez été élue ?
16:08 Ou est-ce que, pour vous... -Non.
16:11 -Ca reste un traumatisme ou un beau souvenir ?
16:13 -Ca reste un beau souvenir. -La campagne ?
16:16 C'est magnifique, parce que c'est un dialogue
16:19 avec le peuple, avec les gens.
16:21 C'est extraordinaire, une campagne présidentielle.
16:24 -Vous le referiez ? -Une campagne présidentielle ?
16:27 Bien sûr. -Pourquoi vous vous présentez pas
16:29 en 2027 ? -Je vais pas tomber dans ce piège.
16:32 C'est tout le contraire de ce que je recommande, d'ailleurs,
16:35 dans mon livre, en disant...
16:38 Les gens sont tellement fatigués,
16:40 des égaux et des itinéraires personnels.
16:44 Je ne sais pas, c'est l'histoire qui décidera.
16:46 C'est le moment qui décidera.
16:48 Moi, je ne demande rien.
16:50 J'ai mon expérience politique,
16:52 j'ai ma passion pour le pays,
16:54 pour la démocratie participative,
16:57 pour l'écologie, c'est tout.
16:59 -Vous parlez de la brutalité dans la politique.
17:01 Vous dites "la brutalité de ce monde politique"
17:04 avec un exemple fou.
17:05 Vous avez vu votre domicile saccagé par deux fois.
17:08 -Ces saccages s'envolent,
17:10 juste pour faire peur et me décourager de la politique.
17:13 En 2008, je suis désigné comme la mieux placée
17:16 pour gagner la présidentielle.
17:17 Quelques temps plus tard, le plan de mon domicile
17:20 sera retrouvé dans le coffre de Bernard Squarsini,
17:23 ancien directeur du renseignement.
17:25 -C'est fou. -On vous a fait peur.
17:27 -Les petites affaires de ma fille étaient alignées sur son lit,
17:31 comme ça, comme la mafia.
17:34 Et pendant la campagne,
17:37 tous les ordinateurs de toute mon équipe rapprochée
17:40 ont été volés la même nuit.
17:42 Il y avait des barbouzes,
17:44 qui sont spécialistes des intrusions sans effraction,
17:49 et qui font des procédures...
17:51 Oui, des méthodes de mafieux, d'intimidation.
17:55 C'est dur quand on voit la politique.
17:57 Je n'ai rien dit, parce que je me suis dit
17:59 que je vais susciter des réactions de dingue,
18:02 qui vont dire "on peut rentrer chez Ségolène Royal".
18:05 -C'est ça.
18:06 -Je suis obligée de me taire dans ces cas-là.
18:09 -Vous le dévoilez dans le livre.
18:10 C'est une histoire folle.
18:12 Vous parlez aussi, je ne vais pas dévoiler tout le livre,
18:15 mais c'est très fort, tout ce que dit Ségolène.
18:18 Vous parlez de fraternité et d'amour.
18:20 Vous êtes sur un sujet inattendu,
18:22 vous parlez de la marseillaise.
18:24 Pour vous, les paroles doivent être repensées.
18:27 "L'amour" est inscrit dans notre devise républicaine.
18:30 Il est vrai dans les paroles de notre hymne national,
18:33 mais pour lequel de nombreux enseignants,
18:35 en s'adressant à la ministre de l'enseignement scolaire,
18:39 confiaient leur difficulté à faire aimer ces paroles
18:42 qui, dans les temps présents, mériteraient d'être repensées.
18:45 -C'est un tabou, justement.
18:47 Avec cet hymne de la marseillaise,
18:49 que j'ai remis dans les meetings,
18:51 c'est un hymne révolutionnaire,
18:53 ce qui avait un sens quand cet hymne a été conçu.
18:56 Vous connaissez sans doute les belles paroles de Louise Michel,
19:00 la communarde révolutionnaire,
19:02 qui chantait la marseillaise dans sa classe
19:04 et en pleurait parce que c'était l'idée.
19:07 "Aux armes citoyennes, le sang impur",
19:09 c'était contre les armées de l'étranger
19:11 qui voulaient venir en France écraser la révolution.
19:14 Aujourd'hui, tellement souvent,
19:16 j'ai entendu des enseignants dire
19:18 que c'était compliqué d'apprendre la marseillaise
19:21 car on dit aux enfants "égorgez vos fils mon combat",
19:24 "le sang impur cabre vos sillons".
19:26 Même dans le sport, c'est difficile
19:28 pour les sportifs de ne pas comprendre le sens des mots.
19:31 Quand on regarde, et ça mériterait d'être complété,
19:34 quand on regarde les paroles, les hymnes des autres pays,
19:37 c'est sur le progrès, sur la fraternité,
19:41 sur la fierté, sur l'amitié.
19:43 C'est des choses qui transportent, qui emballent.
19:47 -C'est trop guerrier.
19:49 -Vous isolez les paroles, si vous voulez,
19:51 le sang impur, "égorgez vos fils vos compagnes",
19:55 c'est assez violent.
19:56 Les enseignants disent
19:58 "on apprend la non-violence aux enfants,
20:00 "mais on ne peut pas leur expliquer ça".
20:02 C'est pas ça qui change les choses,
20:04 mais ça serait une belle démarche,
20:07 peut-être avec des enfants et des adolescents,
20:09 d'ailleurs, des sportifs, de re-réfléchir,
20:12 de repenser ces paroles, pour qu'on ait un destin commun.
20:16 -Vous avez regardé Emmanuel Macron hier ?
20:19 -Oui. -Vous l'avez trouvé comment ?
20:21 -Je l'ai trouvé qui ne répondait pas
20:24 à la détresse, aujourd'hui, du peuple français.
20:27 -Vous auriez fait quoi, vous ?
20:29 -J'aurais retiré la réforme, pour apaiser.
20:31 -Vous pensez que c'est une connerie ?
20:34 Pourquoi tous les présidents ont voulu la faire,
20:36 et tous ont dit que c'était nécessaire,
20:39 ils sont tous revenus en arrière,
20:41 et Emmanuel Macron est le seul qui va au bout ?
20:43 -Le problème, c'est pas de réformer pour réformer,
20:46 c'est de faire de bonnes réformes.
20:48 -Vous pensez que c'est pas une bonne réforme ?
20:51 On est là pour la plupart, contre, ici, en plus,
20:54 mais est-ce que c'est une mauvaise réforme pour les Français ?
20:58 -On écoute le gouvernement, il nous dit qu'on doit la faire,
21:01 sinon... Il y a même Emmanuel Macron,
21:03 il dit que si il était élu jusqu'en 2027,
21:05 s'il voulait être aimé, il n'aurait pas fait cette réforme,
21:09 il n'aurait pas besoin de la faire,
21:11 ça ne lui amène que des merdes.
21:13 Il le dit, c'est vrai.
21:14 Il dit que c'est pour le bien des Français.
21:17 Est-ce que c'est vrai ? -Non.
21:19 -Pourquoi il le fait ? -Ca fait souffrir les Français.
21:22 Il l'a dit et il n'ose pas reculer.
21:24 -Vous pensez que c'est ça ?
21:26 -Il dit qu'il y a des gens qui ne toucheraient pas à l'âge,
21:29 il le fait quand même.
21:31 Il dit qu'il y a besoin de financement,
21:33 c'est faux, le système est équilibré.
21:35 C'est une réforme idéologique qu'on lui a imposée
21:39 au niveau européen.
21:40 On dit au niveau européen...
21:42 Il faut que la France recule sur les services publics
21:45 car le modèle français n'est plus conforme au libéralisme.
21:48 Il faut tout privatiser, c'est plus efficace.
21:51 Mais non, on est en France, on a notre histoire,
21:54 sur les retraites, sur l'école, sur l'hôpital,
21:57 sur la retraite, sur la sécurité sociale,
22:00 qui ont été construites par nos grands-parents
22:03 après la guerre,
22:04 quand la France avait moins de moyens qu'aujourd'hui.
22:07 Comment on nous dit qu'il n'y a plus d'argent
22:10 alors que ses acquis sociaux ont été construits
22:13 à la libération, quand la France n'avait plus rien ?
22:16 D'autre part, quand les Français voient
22:18 les profits boursiers, les profits financiers
22:22 qui explosent, la suppression de l'impôt
22:24 sur les grandes fortunes financières,
22:27 Total, qui ne paye pas d'impôt en France,
22:30 l'argent, franchement, on peut le trouver
22:32 sur les profiteurs de crise,
22:34 notamment le secteur de l'énergie,
22:36 le secteur de la banque, le CAC 40.
22:38 Franchement, que de prendre deux ans de vie
22:41 aux gens, surtout dans les métiers les plus difficiles.
22:44 -C'est le plus pénible.
22:46 -Pensez juste que c'est parce que, limite,
22:49 il ne veut pas reculer.
22:50 Il a dit "je l'ai dit, je le fais".
22:52 -C'est ça. Et c'est très nocif.
22:54 C'est très mauvais, le problème.
22:56 On est entre les mains d'un seul homme.
22:59 Vous voyez, il y a une espèce de dérive autocratique.
23:02 On s'en fiche, finalement.
23:04 -Je vais vous montrer une vidéo.
23:06 Il y a une scène incroyable qui s'est déroulée hier soir,
23:09 juste après l'allocution du président.
23:11 Il est sorti dans la rue avec Brigitte,
23:14 et il a fini par chanter un chant pyrénéen
23:16 avec des jeunes qu'il avait interpellés.
23:19 -Vous voulez dire avec nous ?
23:21 -C'est vrai ? -Qu'est-ce qu'on chante ?
23:23 -Le refuge. On prend le refuge.
23:25 -On la chante avec vous, alors.
23:27 -Le cerf dans la montagne
23:32 Un réfuge perdu
23:38 Entouré d'arbres clairs
23:43 Des lacs verts en j'ai vu
23:49 -C'était une petite image.
23:52 C'est vrai que ça s'est fait énormément parler.
23:55 -Il s'en bat les dents,
23:56 puisque le groupe avec lequel il chante n'est pas un groupe...
24:00 -Après, les mecs...
24:01 Je voudrais vous faire agir sur un autre fait d'actualité.
24:05 Vous savez que c'est mon ami, mais vous pouvez tout dire.
24:08 Marlène Schiappa, qui a fait la couverture de Playboy.
24:11 Vous êtes prononcée là-dessus.
24:13 Pour vous, il fallait pas la faire.
24:16 -Qu'est-ce que c'est qu'être ministre ?
24:19 Elle serait pas ministre, elle fait ce qu'elle veut.
24:22 Mais qu'est-ce que c'est qu'être ministre ?
24:24 C'est avoir un devoir d'exemplarité, quelque part.
24:27 Poser dans un journal, dont le fondateur est un sale type,
24:31 puisqu'il y a eu des problèmes d'agression sexuelle, etc.,
24:36 un journal qui fait du corps des femmes une marchandise,
24:39 tout le monde est libre de le faire, de le poser, de l'acheter,
24:43 mais quand on est ministre, quand on est mère de famille,
24:46 non, on fait pas ça, on choisit pas ça.
24:49 En plus, un journal qui était en cours de faire faillite...
24:53 -Ils ont vendu plus de 100 000 exemplaires.
24:55 C'est un carton total.
24:57 -C'est déplorable.
24:58 Il y a peut-être d'autres supports de presse qui étaient encouragés.
25:02 -Après, je me fais l'avocat de Marlène Schiappa.
25:05 Elle a choisi ce support pour qu'il y ait vraiment
25:09 un retentissement sur les causes qu'elle défend.
25:12 Elle s'est dit, et on en a jamais autant parlé,
25:14 elle parle beaucoup de toutes les causes qu'elle défend,
25:17 "en faisant ça, je vais interpeller les gens,
25:20 "ils vont l'acheter et voir de quoi je parle."
25:23 -J'aime bien la cohérence dans la vie.
25:25 J'aime bien les valeurs cohérentes.
25:27 Un journal qui fait du corps des femmes une marchandise,
25:30 une ministre qui défend, soi-disant, les droits des femmes,
25:34 et qui est ministre, en plus, ne fait pas ça.
25:36 Elle aimerait bien que sa fille, un jour,
25:38 pour vivre, pose nu dans Playboy.
25:41 Je pense pas qu'elle ait envie de ça pour ses enfants.
25:44 -Je la défendrai toujours, c'est Golen.
25:46 Mais c'est vrai que les photos, en plus,
25:49 elles sont pas très sexy, ça va, ça passe.
25:53 Une ministre peut faire des photos comme ça, c'est sobre.
25:57 -C'est le support.
25:59 -C'est le support qui vous gêne.
26:01 -Il faut être cohérent,
26:02 parce qu'il y a tellement d'incohérences.
26:05 On sait plus où sont les valeurs,
26:07 où est la hiérarchie de ce qui est important.
26:09 S'il n'y a pas de repères, tout s'effondre.
26:12 -On lui disait la même chose à Marlène Schiappa,
26:15 qui était la première invitée politique à venir ici.
26:18 Elle a montré que les autres sont venus derrière.
26:21 Plein de gens lui disaient aussi que c'était pas la place
26:24 d'une ministre.
26:25 C'est très bien passé.
26:27 Plein de ministres ont suivi.
26:28 -On peut la défendre.
26:30 -Pratiquement tous les candidats à la présidentielle sont venus.
26:33 C'est vrai que Marlène Schiappa...
26:36 -Elle a été invitée par ailleurs.
26:38 -Vous vous avez déjà rencontrée ?
26:40 -Oui, elle m'a demandé conseil.
26:42 -J'organise un déjeuner. Ca me fait plaisir.
26:44 On a décidé de revenir avec vous sur l'affaire Katnins.
26:47 Le député LFI a été condamné pour violence conjugale
26:50 le 13 décembre dernier.
26:52 Quatre mois après, on a appris qu'il réintégrait
26:55 la France insoumise.
26:56 -Ce que je trouve positif, si vous voulez,
26:58 c'est que le fait de frapper sa femme
27:01 soit devenu un fait de société et susciter une sanction.
27:05 Il n'y a pas si longtemps, ça faisait rigoler.
27:08 Ou ça passait à la trappe, on dit "c'est pas grave".
27:11 Vous savez, ce fameux dicton scandaleux,
27:15 "Frappe ta femme, si tu sais pas pourquoi,
27:18 "elle le sait pas pourquoi."
27:19 On entendait ça avant.
27:21 Je préfère retenir ça en disant qu'il y a eu une sanction.
27:24 Après, la réintégration,
27:26 il n'est pas réintégré dans les responsabilités.
27:29 Mais ce que je veux dire par là, c'est qu'à ce moment-là,
27:32 tous les parlementaires qui ont voté par rapport à la loi,
27:35 à ce moment-là, doivent être aussi sanctionnés.
27:38 Il y en a un qui a été pris avec de la cocaïne,
27:41 un autre qui a été pris pour agression sexuelle,
27:44 un troisième qui a eu l'investiture de son parti.
27:46 Il faut traiter tout le monde de la même façon.
27:49 -Vous savez quoi, vos rapports avec Jean-Luc Mélenchon ?
27:52 -Pas mauvais. -Pas mauvais.
27:54 -Si je voulais, je trouve qu'il subit un excès de critiques,
27:58 de ce que je comprends, c'est la vie politique.
28:00 Mais j'ai beaucoup de respect pour les gens qui sont engagés,
28:04 qui travaillent, qui ont des choses à dire,
28:07 parfois avec excès, mais c'est aussi sa personnalité.
28:09 -Vous avez voté pour qui ? -Ou à la présidentielle ?
28:12 Pour lui. -Vous l'avez dit.
28:14 -Oui. -Il aurait fait un meilleur président
28:17 qu'Emmanuel Macron ? -L'union de la gauche
28:19 était nécessaire pour avoir, au second tour,
28:22 quelle que soit son opinion, un vrai choix de société.
28:25 -Qu'est-ce que vous dites ? -Le vote barrage...
28:27 On est aujourd'hui dans un chaos complet en France,
28:30 alors qu'il y a eu un vote barrage.
28:32 Il aurait dû y avoir un rassemblement.
28:35 -Jean-Luc Mélenchon est le plus dangereux.
28:37 -Mais dangereux pour quoi ? -Son programme, ses idées,
28:40 ses crises de colère. Tout le monde dit que...
28:43 J'entendais tout le temps, c'était vraiment...
28:45 Tout le monde me dit que si Mélenchon arrive au pouvoir,
28:49 on quitte la France. -Ceux qui disent ça,
28:51 ce n'est pas des arguments politiques.
28:53 Il faut qu'ils s'opposent,
28:55 qu'ils articulent un argumentaire.
28:57 -Ce qu'il dit sur la police, par exemple.
28:59 -Tu es des armées de la police, c'est la révolution.
29:03 -Oui, la révolution. -Vous trouvez que ce n'est pas dangereux,
29:06 la situation dans laquelle on est ?
29:08 Vous avez vu la presse internationale ?
29:10 -On ne peut pas tenir la violence.
29:12 -Mélenchon serait au pouvoir.
29:14 Il y aurait une situation comme ça en France.
29:17 Il y aurait une presse internationale
29:19 aussi catastrophique. -Ce serait pire avec Mélenchon.
29:22 -Avec un discours parlé, c'est une révolution.
29:25 -Vous êtes pour désarmer la police ?
29:27 -Ne caricaturez pas. Il faut juger les gens sur les actes.
29:30 On nous disait que Macron n'est pas dangereux.
29:33 Vous avez vu la situation ? -Moi, j'ai vu.
29:35 -C'est une souffrance tous les jours.
29:37 Pour tous les Français, quelle que soit leur opinion politique,
29:41 on allume la télévision, c'est une souffrance.
29:44 Les manifestants frappés, les policiers blessés,
29:48 les commerçants désespérés, l'explosion du prix de l'énergie,
29:51 l'agression qui n'est pas maîtrisée.
29:54 -Vous êtes comme Mélenchon, vous êtes pour le désarmement
29:57 de la police. Vous y croyez, à son histoire ?
30:00 -Je suis pour une police républicaine.
30:02 Je l'écris dans mon livre, je suis pour une police
30:04 où on ne dit pas aux policiers que le peuple est un ennemi.
30:08 -Vous pensez ce qu'il a dit ? -Je suis pour une police...
30:11 -C'est pas ce qu'il leur dit.
30:13 Jean-Luc Mélenchon, justement, il dit que la police
30:16 est un ennemi pour le peuple.
30:17 -Il y a quand même un discours très virulent
30:23 sur "dégager les places publiques", etc.
30:25 Sur la base d'arrêtés, il l'égoue.
30:27 Il y a eu un arrêté pris par le préfet de police
30:30 qui interdit les rassemblements nocturnes,
30:33 mais on est en République.
30:34 Le droit de rassemblement, cet arrêté a été annulé.
30:37 Mais non !
30:39 Il y a eu une escalade de la violence.
30:41 Regardez les images même des femmes qui sont frappées à terre.
30:44 -Non, mais ça, on l'a montré ici.
30:46 -C'est inadmissible. -Bien sûr, mais...
30:49 -Je vous dis une chose, il n'y aurait pas
30:51 la réforme des retraites, pas de manifestation,
30:54 donc pas de besoin de policiers, pas de répression.
30:57 -C'est ça, on repart de la réforme des retraites.
30:59 -Une bonne gestion d'un pays doit permettre
31:02 de ne pas avoir de manifestation.
31:04 C'est assez simple d'avoir la paix sociale.
31:06 Donc, toutes ces exactions...
31:08 -Vous ne pensez pas que Jean-Luc Mélenchon
31:11 se réjouit du chaos ? -Absolument pas.
31:13 -Vous êtes sûre ? -Absolument pas.
31:15 Pourquoi voulez-vous se réjouir du chaos ?
31:17 -On le connaît un peu. -Vous croyez que c'est vrai ?
31:20 -Il le prône parfois. -Personne ?
31:22 -Vous crédite. -Mais comment est-ce
31:25 que vous créditez la République ? Vous seriez président
31:28 de la République les uns ou les autres.
31:30 Vous voyez ça à la télé, vous dites non.
31:32 -C'est ça, oui. -Pourquoi la gauche
31:34 n'a pas supprimé la réforme quand on est passé de 60 à 62 ans ?
31:38 -Si. On a intégré les facteurs de pénibilité,
31:40 ce qui fait que tous les métiers pénibles
31:43 peuvent partir à 60 ans, et on a fait la durée de cotisation.
31:46 La première chose qu'a faite Emmanuel Macron
31:49 en arrivant, c'est de supprimer les critères de pénibilité
31:52 et de supprimer l'indexation des retraites sur l'inflation.
31:55 Avant, les retraites augmentaient automatiquement.
31:58 C'était très protecteur.
32:00 Ca a été supprimé pour sauvegarder le système de retraite.
32:03 A chaque fois, il y a une nouvelle réforme
32:05 pour sauvegarder le système de retraite.
32:07 C'est idéologique, c'est pour faire peur aux gens,
32:10 pour que les gens aillent vers les assurances privées.
32:13 Les retraites, c'est 340 milliards d'euros.
32:16 Les assurances privées et les banques veulent mettre la main
32:19 sur ce pactole. C'est comme pour l'hôpital public.
32:22 Si le public se dégrade, l'hôpital privé va prendre la clientèle
32:25 et faire payer les gens.
32:27 Et dans cette révolte dans la rue, c'est au-delà des retraits.
32:30 Les Français ont compris qu'il y avait un déclin
32:33 et que si on ne stoppait pas cette réforme des retraites,
32:36 d'autres choses allaient basculer.
32:38 C'est une façon de dire "stop".
32:40 "Stop, on ne veut plus que ça décline,
32:42 "on veut remonter la pente."
32:44 Je crois qu'on peut remonter la pente.
32:46 -Ségolène Royal, refuser la cruauté du monde.
32:49 Je voudrais terminer par cette phrase,
32:51 qui est une phrase très importante.
32:53 "Si le climat avait été une banque,
32:55 "il aurait été sauvé depuis longtemps."
32:57 Elle parle du climat.
32:59 C'est très fort, parce que je suis d'accord avec elle.
33:02 Merci, Ségolène Royal, d'avoir été avec nous.
33:04 "Refuser la cruauté du monde", le temps d'aimer est venu.
33:08 [Musique]

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