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00:00 Est-ce qu'on parle assez aux français actuellement ?
00:02 Est-ce qu'on les écoute assez ?
00:03 On en a parlé tous les deux, Ségolène Royal,
00:05 on en reparlera tout à l'heure.
00:07 Parce que c'est vrai qu'aujourd'hui,
00:09 je vais vous dire, juste pour prendre un exemple,
00:11 on a toujours dit aux français,
00:13 si vous travaillez, si vous avez un travail,
00:16 si vous travaillez tous les jours de 9h à 19h,
00:19 vous allez pouvoir vous en sortir.
00:21 Aujourd'hui, le problème qu'on a en France,
00:23 c'est qu'il y a de plus en plus de français
00:24 qui travaillent tous les jours
00:25 et qui ne s'en sortent pas.
00:27 Et qui ne s'en sortent pas très vite dans le mois.
00:29 Et c'est vraiment à cause de l'inflation.
00:31 Et la hausse des prix, il y a quand même d'autres façons de faire.
00:33 D'autres pays ont réussi par exemple à baisser la TVA.
00:35 C'est-à-dire l'écoute qu'on doit apporter
00:37 à ceux qui n'arrivent plus à clé les fins de mois
00:40 malgré leur travail,
00:42 il faut apporter des réponses à cela.
00:45 Et les réponses, elles sont réalisables
00:48 si on considère, parce qu'il y a deux façons
00:50 d'exercer le pouvoir.
00:51 Soit aimer le pouvoir pour le pouvoir,
00:53 soit aimer les gens qui vous ont donné le pouvoir
00:56 avec la préoccupation permanente de leur faire du bien
00:59 et pas de rester arc-bouté sur des décisions
01:02 parce qu'on les a annoncées ou parce qu'on les a prises.
01:04 Vous pensez qu'un homme politique, il peut dire
01:06 "je me suis trompé".
01:08 Un président ou un premier ministre,
01:10 il peut dire "je me suis trompé,
01:11 je crois que j'ai fait une erreur,
01:13 je vais parler aux français,
01:14 je vais leur dire que j'ai fait une erreur,
01:15 voilà j'avoue, je vais revenir en arrière".
01:16 Est-ce que vous l'auriez fait vous ?
01:17 Si vous aviez été président ?
01:18 Bien sûr, je l'ai fait.
01:19 Je l'ai fait pour les bonnets rouges.
01:22 Souvenez-vous, c'était les pylons d'Attax Carbone,
01:24 je les ai retirés.
01:25 Vous vous êtes rendu compte que vous aviez fait une erreur
01:29 en discutant avec les français ?
01:30 Oui, en discutant avec les gens,
01:32 en discutant avec les camionneurs en particulier.
01:35 Les camionneurs m'ont dit "non, on va bloquer la France,
01:38 on a acheté les barbecues et les brochettes etc."
01:40 Et quand ils m'ont dit "on a acheté les barbecues
01:42 et les brochettes", j'ai regardé,
01:43 j'ai vu qu'ils avaient raison dans l'objection
01:46 contre l'éco-tax.
01:47 Parce qu'on voyait les transporteurs de choux-fleurs
01:49 de Bretagne qui payaient plus, plus cher
01:52 que les grands transporteurs internationaux
01:54 qui prenaient l'essence en Belgique,
01:55 qui traversaient la France, qui reprenaient l'essence en Espagne,
01:57 donc qui laissaient...
01:58 Donc vous êtes revenu en arrière.
02:00 ... les produits en France, et donc j'ai arrêté.
02:02 Et quand les gilets jaunes ont commencé,
02:03 j'ai appelé Emmanuel Macron.
02:05 Ah oui ?
02:06 Rarement je le fais, mais là je l'ai fait,
02:08 parce que je me suis dit "mais c'est exactement
02:10 la répétition de la crise sociale précédente,
02:12 il faut arrêter tout de suite".
02:14 Et faute d'avoir arrêté tout de suite,
02:16 il y a eu cette souffrance pendant des mois
02:18 de tous les côtés d'ailleurs.
02:20 Donc je pense que, comme je le dis dans le livre,
02:23 je décortique 30 ans de vie politique
02:25 pour montrer comment il peut y avoir des dérapages
02:28 dans l'exercice du pouvoir,
02:30 et comment on peut faire autrement.
02:32 Le mot "amour" est cité 178 fois dans le livre.
02:35 Daniel, ça vous fait rire.
02:36 Non, non, mais c'est vrai.
02:38 Et je vais vous dire, le début du livre,
02:40 il est très émouvant.
02:42 Vous parlez, comme vous nous l'avez dit,
02:44 un instant de votre maman, qui était en EHPAD,
02:46 du grand âge, de la dépendance,
02:48 et très vite vous faites le lien avec le confinement
02:50 et ses conséquences.
02:51 Vous dites "peu de temps après que ma mère s'en fut allée,
02:53 est arrivée la chape de plomb du terrible confinement".
02:55 Pour vous, on a l'impression, dans le livre,
02:57 on a l'impression que ça reste un souvenir
02:59 très très pénible.
03:00 C'est très pénible.
03:02 Et vous voyez, là je fais des dédicaces de livres
03:04 et les gens ne me parlent que de ça.
03:06 C'est-à-dire qu'il n'y a pas eu cette phase,
03:08 après le confinement, de consolation,
03:10 de récits de ce que les gens ont vécu,
03:12 de réparation.
03:14 On a besoin d'être consolé,
03:16 de réparer quand on a subi une épreuve terrible.
03:19 Et en particulier, le leitmotiv tous les soirs,
03:22 je ne sais pas si vous vous souvenez,
03:23 quand on avait le nombre des morts tous les jours,
03:25 tous les jours, tous les jours.
03:26 À un moment, je me suis dit "mais comment se fait-il
03:27 qu'il n'y ait pas dans l'appareil d'État
03:28 quelqu'un qui dise "mais arrêtez avec cette comptabilisation
03:30 quantifère, donnez-nous au moins les gens aussi
03:32 qui sont soignés, et ayez au moins un mot de condoléance".
03:35 Parce que derrière les chiffres, c'est quand même des gens
03:36 qui perdaient un être cher.
03:38 Il n'y avait pas un mot de condoléance.
03:40 Vous savez ce que j'appelle, ce que je décortique et j'explique,
03:42 c'est la politique par la peur.
03:44 On fait peur aux gens pour qu'ils obéissent.
03:47 Mais non, on est un peuple majeur,
03:49 on est des gens responsables,
03:51 et je suis sûre qu'on aurait fait...
03:52 - Pour vous, la France, c'est encore un pays majeur ?
03:55 - On est un pays majeur, mais on est traité comme des mineurs.
03:57 On est traité comme des enfants
03:59 qui ont fait peur pour qu'ils obéissent.
04:01 Et ça, c'est très nocif.
04:03 Parce que quand les gens ont peur,
04:06 ils perdent de leur énergie,
04:08 ils perdent de leur capacité d'invention,
04:10 ils perdent de leur capacité de résistance.
04:12 C'est comme quand on élève un enfant.
04:14 Si on lui fait peur, si on lui dit "demain sera pire qu'aujourd'hui",
04:16 mais on lui fait peur, il ne peut pas grandir sereinement.
04:19 Un peuple, une société, c'est pareil.
04:21 Si on ne l'encourage pas, si on ne lui dit pas
04:23 "il y a un horizon, il y a un objectif commun,
04:25 on va équilibrer les choses,
04:27 on va participer sur la façon de faire
04:29 et sur la façon de procéder",
04:31 à ce moment-là, on peut grandir collectivement.
04:33 - Vous dites dans le livre une phrase qui est très forte.
04:35 "Avec sans doute ce triste calcul,
04:37 nous voyons et annonçons le pire,
04:39 même mensonger pour avoir ensuite
04:41 la reconnaissance du pire qui n'arrive pas."
04:43 Ça, c'est une attaque...
04:45 - C'est grave, ça.
04:47 - C'est une grosse attaque contre le gouvernement.
04:49 - C'est arrivé avec la...
04:51 Je rends publique la circulaire
04:53 sur les menaces de coupure de courant.
04:55 Tout le monde a eu peur.
04:57 On s'est dit "mais comment la France
04:59 est-elle devenue aussi bas qu'on nous annonce
05:01 des coupures de courant, même sur les respirateurs artificiels ?"
05:03 Vous vous souvenez de ça ?
05:05 - Il n'y a pas de possibilité de couper le courant
05:07 puisqu'on ne peut pas couper le courant
05:09 dans les zones interconnectées où il y a des sites majeurs,
05:11 comme les hôpitaux,
05:13 comme les lieux de survie.
05:15 Donc c'est impossible.
05:17 On ne pouvait pas couper, c'est faux.
05:19 Et en plus, il y a un potentiel de production suffisant.
05:21 Et je raconte que quand j'étais ministre de l'énergie,
05:23 tous les ans, le directeur d'EDF
05:25 venait me voir en disant "il faut peut-être
05:27 annoncer des coupures de courant,
05:29 puis rouvrir les cendres à charbon."
05:31 Je lui disais "mais non, vous êtes payés
05:33 pour délivrer le courant, l'électricité.
05:35 Si vous n'êtes pas capable de faire ça,
05:37 vous quittez votre poste et je nomme quelqu'un d'autre."
05:39 Et jamais j'ai...
05:41 - Justement, vous avez été ministre de l'énergie,
05:43 justement, c'est Gaëlle Moriane.
05:45 En ce moment, on voit plein de boulangers,
05:47 de petits magasins, de gens
05:49 qui sont obligés de fermer parce qu'ils ont
05:51 des factures d'électricité qui font
05:53 qu'ils ne peuvent pas tenir.
05:55 Est-ce qu'il y a, aujourd'hui,
05:57 vous connaissez bien le sujet,
05:59 qu'il y a des solutions pour ces Français
06:01 qui ont leurs factures d'électricité
06:03 multipliées par 10 ?
06:05 Vous imaginez bien, un boulanger,
06:07 quand il a 1 000 euros et que par mois,
06:09 ça devient 10 000 euros,
06:11 les baguettes, ils les vendent toujours
06:13 le même prix. Est-ce qu'il y a, aujourd'hui,
06:15 des solutions ? Parce qu'on n'en parle pas assez,
06:17 mais chaque jour, il y a des boulangers qui ferment.
06:19 Chaque jour, il y a des boulangeries qui meurent.
06:21 Et ils ne pourront pas revenir après, c'est terminé.
06:23 Aujourd'hui, on sait qu'il y a
06:25 une urgence incroyable là-dessus.
06:27 Est-ce que, vous, vous savez
06:29 que si le gouvernement fait quelque chose ou pas ?
06:31 Parce qu'on a l'impression que là,
06:33 c'est un marasme total
06:35 pour les boulangers, notamment.
06:37 - Oui, c'est vrai. Mais pourquoi ça arrive ?
06:39 - Pourquoi alors ?
06:41 - Pourquoi est-ce que certains ont eu leur prix
06:43 de l'électricité multiplié par 10 ?
06:45 C'est parce qu'il y a une privatisation
06:47 de la vente de l'énergie à cause des règles européennes.
06:49 Et ça, c'est pas normal.
06:51 Donc, il faut absolument réformer
06:53 le marché européen qui a imposé
06:55 la privatisation, c'est-à-dire que
06:57 des opérateurs sont venus sur ce créneau.
06:59 Même des opérateurs,
07:01 par exemple, Total,
07:03 est venu sur ce créneau de rachat et de vente d'énergie.
07:05 Puis, vous vous souvenez des publicités ?
07:07 - Bien sûr. - Sur... Qui étaient EDF.
07:09 Et puis, venait... Même les centres Leclerc
07:11 à un moment ont fait de l'énergie.
07:13 Et puis, même, par exemple, pour rester sur cet exemple,
07:15 les centres Leclerc, le jour où ça leur a pas
07:17 rapporté suffisamment, ils ont quitté le marché
07:19 et les gens se sont retrouvés
07:21 sans électricité et sans opérateurs énergéticiens.
07:23 Donc, il y a eu des prédateurs
07:25 qui sont venus sur ce marché
07:27 de l'achat et de la revente d'énergie,
07:29 alors que c'est les Français qui ont payé
07:31 les centrales nucléaires, c'est les Français qui ont payé
07:33 pendant des années la production d'énergie.
07:35 Et il n'y avait aucune raison d'accepter
07:37 cette privatisation.
07:39 Donc, il y a des solutions en reprenant
07:41 le contrôle national
07:43 de la production et de la vente de l'électricité.
07:45 [Musique]