Soudan : de nouvelles explosions entendues à Khartoum

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00:00 200 morts, 2000 blessés. C'est le dernier bilan au Soudan après quatre jours de
00:03 combat entre raids aériens et rafales de tirs. Deux généraux et leurs troupes se
00:08 disputent le pouvoir. Bastien Renouilh, on vous retrouve en
00:12 direct du Kenya voisin. Est-ce que la situation a évolué d'abord ?
00:18 Eh bien pas beaucoup pour ce qui concerne Khartoum. Selon mes contacts sur place
00:24 les combats continuent. Ils me disent toujours entendre des coups de feu,
00:26 toujours entendre des explosions. Ils ont vu des hélicoptères survoler la
00:30 ville une bonne partie de la matinée. Des hélicoptères qui ont bombardé
00:33 plusieurs positions des forces de soutien rapide dans la capitale à
00:37 plusieurs reprises durant la journée. Les forces de soutien rapide qui ont
00:40 d'ailleurs affirmé que ces bombardements avaient touché l'un de leurs hôpitaux,
00:43 qu'ils avaient tué des blessés, des blessés récents des derniers combats.
00:47 Ce qui a immédiatement nié l'armée qui a publié un communiqué disant qu'il
00:51 s'agissait d'un poste de police qui était occupé par les forces de soutien
00:54 rapide. Impossible donc de savoir qui dit la vérité et c'est la même chose
00:58 absolument partout dans la capitale. Il y a une réelle guerre de communication
01:02 entre l'armée et les forces de soutien rapide. Impossible de savoir qui détient
01:06 tel ou tel bâtiment, qui contrôle telle ou telle institution. Donc ça c'est pour
01:09 la situation à Khartoum. Pour le reste du pays la situation a un petit peu
01:13 évolué dans différents endroits. Commençons par Port-Soudan situé au
01:16 nord-est de Khartoum. Là-bas la ville est contrôlée par l'armée. Il semble qu'il n'y
01:21 a plus de combats. En revanche dans la ville de Méroé, juste au nord de Khartoum
01:24 à 200 km, qui est extrêmement importante car il y a un aéroport
01:27 militaire sur place, les combats continuent. Difficile de savoir qui
01:32 prend le dessus. Et enfin dans la région du Darfour, certains habitants sur place
01:36 me disent qu'ils peuvent vaquer à leurs occupations dans les centres-villes des
01:39 villes d'El Facher, de Nihala, que certains magasins ont rouvert, qu'ils ont pu
01:43 aller à la boulangerie et que donc les combats se sont éloignés des centres-villes.
01:46 Ça fait quatre jours que les combats ont commencé. Les ONG demandent des
01:51 corridors humanitaires. Bastien, la situation reste très
01:55 compliquée donc pour des millions de civils sur place.
01:59 Oui, impossible de savoir exactement quelle est la situation pour tous les
02:04 civils de toutes les villes affectées mais je vais vous parler de Khartoum car
02:06 c'est là que j'ai le plus facilement de contacts et le contact avec un bon nombre
02:10 de personnes. Et sur place les gens bien me disent qu'il manque d'eau, il manque
02:14 de nourriture, certains n'ont pas d'électricité depuis le début des
02:17 combats samedi matin. Ils sont extrêmement effrayés, je vous le disais, ils
02:20 entendent le bruit des combats depuis samedi, des explosions, ils ont peur
02:23 d'être touchés par ces combats, par ces bombardements, par les tirs de mortier
02:27 qui ont lieu régulièrement dans la capitale. Ils me disent aussi qu'ils ont
02:31 peur des forces de soutien rapide, qu'il y a de plus en plus de membres de ces
02:35 forces de soutien rapide qui se déplacent dans les quartiers
02:37 résidentiels, qui attaquent certains habitants, qui paient et pillent des maisons.
02:41 Donc ils ont peur d'être victimes des forces armées et des forces de soutien
02:45 rapide. Alors certains essaient de quitter la capitale, ceux qui habitent à
02:48 l'est de Khartoum principalement, pour aller dans les régions voisines qui ne
02:52 sont pas touchées par les combats. Certains qui ont effectué le chemin ont
02:55 croisé des forces de soutien rapide, qui les ont laissé passer, qui n'ont pas
02:58 insisté pour les retenir dans la capitale. Mais voilà, tout le monde ne
03:01 peut pas se permettre de quitter Khartoum. Beaucoup sont encore confinés dans
03:04 leurs appartements. Merci beaucoup pour ces précisions.
03:07 Bastien Renouilh en direct de Nairobi. Et bonjour Bruno Darrou. Un peu de
03:11 contexte et d'analyse avec vous. Comment le Soudan a-t-il pu plonger dans ce chaos ?
03:16 Bah écoutez, il faut remonter d'abord évidemment au renversement d'Omar el-
03:19 Bechir en avril 2019, puis au coup d'État qui a été mené par le général
03:24 Bourane et le général Daglo, qui à l'époque étaient alliés, qui se sont
03:28 emparés du pouvoir au détriment des civils. Vous savez, il y avait, pour faire simple,
03:32 un conseil mixte qui devait assurer une transition vers le pouvoir civil.
03:36 Depuis cette date, les relations se sont détériorées entre les deux hommes, tout
03:41 simplement parce que, avant la transition civile, il fallait régler
03:45 justement le problème de ces forces de soutien rapide dirigées donc par le
03:50 général Daglo. C'est une force pari-militaire absolument énorme.
03:54 C'est environ 100 000 hommes, lourdement armés. Ils n'ont pas de tanks et pas
03:58 d'avions. C'est tout ce qui les différencie de l'armée. Mais ils sont
04:02 redoutablement efficaces et évidemment peuvent affronter une armée comme on le
04:09 voit. Et donc, évidemment, il ne pouvait pas y avoir deux armées dans le pays. Donc
04:12 l'accord prévoyait l'intégration de ces FSR au sein de l'armée régulière. Et les
04:20 autorités de l'armée régulière, le général Bourane en tête, ont dit "il faut le faire
04:24 très vite". Or, comme du côté des forces de soutien rapide, on sentait un peu une
04:29 hostilité de la part de l'armée. On ne voulait pas comme ça s'intégrer très
04:33 vite. Donc on dit "non, non, il faut d'abord faire la transition civile et puis après
04:36 on verra au cours des mois et peut-être même des années". Et c'est ce désaccord
04:41 entre les deux hommes qui a fait d'abord que leur entente a cessé de
04:46 fonctionner depuis le coup d'état et qu'on en est arrivé à ce stade où il
04:52 n'y avait plus aucun accord possible. Et donc les FSR et l'armée sont entrés en
04:57 affrontement. Il faut dire aussi, Julien, qu'on était normalement à une semaine du
05:01 début de la transition civile. Ça montre aussi que ni les miliciens, si on peut
05:07 dire ça, des FSR, ni l'armée régulière n'a visiblement envie d'abandonner le
05:12 pouvoir. Et là c'est une lutte à mort que se livrent quand même les deux hommes
05:17 malgré les appels au cessez-le-feu. Il doit y en avoir un qui doit débuter dans
05:22 quelques heures mais déjà... - 24 heures. - Ouais, alors c'est le général Daglot qui a
05:27 proposé ce... qui a dit qu'il acceptait ce cessez-le-feu. - C'est pas encore très clair. - Et en face, visiblement, du côté du
05:32 général Bouran, on dit "voyez, ça veut bien dire que les FSR sont en difficulté,
05:35 ils essayent de dissimuler leur défaite". Donc vous voyez, le cessez-le-feu déjà commence pas
05:39 très bien avant même d'avoir commencé. Il faut espérer qu'il y ait ce cessez-le-feu
05:45 parce que sinon on va aller vers une aggravation des affrontements et vous
05:48 l'avez entendu avec Bastien Ronouille dont les civils payent évidemment un prix très fort.
05:52 - C'est une guerre pour le pouvoir ? Ça peut aboutir à quoi ces scénarios ?
05:56 - Oui, alors là, c'est clairement une guerre pour le pouvoir, non seulement pour le fait d'exercer le pouvoir et de ne pas le donner aux civils,
06:02 mais aussi parce que le pouvoir, il faut le rappeler quand même, dans ce pays, amène une richesse économique très forte
06:10 et du côté des militaires et du côté des FSR. Le général Daglot est un des hommes les plus riches du pays.
06:17 Il a une société qui s'appelle Al-Junaid, qui est spécialisée dans l'extraction de mines d'or mais après qui s'est énormément diversifiée.
06:25 En fait, c'est pour ça que la lutte est très féroce parce que qui détient le pouvoir militaire et politique détient aussi le pouvoir économique
06:34 et comme ce sont des sommes très importantes, eh bien voilà, on comprend ce qui se passe en ce moment.
06:40 - Merci beaucoup Bruno pour vos explications.

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