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00:00Et pour aller plus loin, on retrouve depuis Dakar Aïda Diong Niang,
00:04climatologue vice-présidente du groupe de travail 1 du GIEC qui se penche
00:08notamment sur les aspects scientifiques du système climatique et l'évolution du
00:12climat. Merci à vous d'être avec nous. Justement, cela fait plusieurs années
00:17que l'on constate des épisodes de pluie et des inondations qui s'abattent sur la
00:21région. Comment vous, au GIEC, justement, vous expliquez la récurrence et la
00:26gravité de ces phénomènes ?
00:30Merci bien Fatma Tawan. En fait, il faut noter que les pluies en Afrique de l'Ouest et
00:35dans la partie nord de l'Afrique centrale sont gouvernées par le système
00:38de mousson. Et depuis la fin des années 90, nous avons des pluies plus abondantes
00:45que les décennies précédentes et que ce système de mousson connaît aussi des
00:49variations sur plusieurs années, mais d'une année à une autre et aussi pendant
00:54la saison de pluie, ça c'est normal. Mais le changement climatique intensifie,
00:58exacerbe ces variations. De notre côté, le changement climatique
01:04intensifie les pluies parce qu'on a une atmosphère plus chaude avec le
01:08réchauffement climatique et qui contient plus d'humidité qu'elle va rétablir
01:13lors des événements pluvieux, les rendant plus intenses.
01:17Donc nous allons assister à des pluies plus intenses à mesure que la
01:21température augmente, à mesure que les émissions de gaz à effet de serre
01:25augmentent. Avant de venir justement sur cette question des gaz à effet de serre,
01:30j'aimerais savoir justement est-ce que les sécheresses, dont on fait l'écho
01:35dans ce journal ici même, est-ce que justement ça aggrave le phénomène des
01:41inondations qui arrivent par la suite ? C'est vrai que les sols asséchés, parce
01:46que le changement climatique également, assèche davantage les sols pendant la
01:51saison sèche, ce qui fait qu'il y a plus de ruissellement quand les pluies
01:55arrivent. Et dans d'autres régions du monde, il y a plus de sécheresses que de
01:59pluies, donc on accentue à la fois les périodes sèches et les périodes humides.
02:04Le changement climatique, vous l'avez dit, et notamment justement les émissions de
02:10gaz à effet de serre, comment l'Afrique peut justement se
02:14prémunir, ou en tout cas prévenir ces catastrophes naturelles, sachant que le
02:19continent africain n'est pas le plus gros pollueur finalement à l'échelle de
02:23la planète ? L'augmentation de ces événements extrêmes dépend des émissions
02:29mondiales, donc il doit y avoir un effort considérable pour réduire ces émissions
02:34dès maintenant. Donc les pays africains se mobilisent lors des COP, lors des
02:41négociations pour que les émissions soient réduites, mais il faut que ces
02:46réductions se fassent de manière forte, rapide et soutenue tout au long du siècle
02:50et commence dès maintenant pour qu'il puisse y avoir un effet dans les 20 ans
02:54à venir. Alors au niveau africain, comment est-ce que les gouvernements ou les
02:59populations peuvent faire pour réduire justement les effets des inondations ?
03:05C'est vrai qu'au niveau local, quand même, on a d'autres leviers parce que les
03:10inondations dépendent non seulement des aléas climatiques, mais également d'autres
03:15facteurs environnementaux tels que les types de sols, la topographie, mais
03:19également des facteurs socio-économiques. Vous savez, l'Afrique, c'est le continent
03:23qui connaît les taux d'urbanisation les plus rapides et que cette urbanisation
03:27n'est pas maîtrisée, souvent non planifiée. Également, il y a des installations
03:32anarchiques au niveau des zones inondables, donc il faudrait prendre des
03:36mesures pour éviter ces installations anarchiques, travailler plus sur un
03:41aménagement du territoire qui tient compte des zones inondables, mais
03:45également avoir des infrastructures basées sur les normes hydroclimatiques et
03:50qui tiennent compte de l'évolution du climat, parce que la climatologie que nous
03:54avions il y a 20 ans ne peut plus être utilisée pour dimensionner les
03:59ouvrages que nous allons mettre en place. Donc il faut de la sensibilisation
04:02également au niveau des populations. Est-ce que vous avez l'impression, vous,
04:07au GIEC, sur le continent africain, d'être suffisamment entendus par les
04:12autorités africaines ? Ces dernières années, on a vu quand même qu'il y a
04:17plus de dialogues entre scientifiques et décideurs, mais je pense qu'il faudrait
04:23les renforcer. Il faudrait vraiment renforcer ces dialogues-là. De toutes les
04:26manières, les mesures à mettre en place pour éviter les impacts négatifs des
04:34inondations doivent être basées sur des connaissances scientifiques et sur les
04:39connaissances également locales. Donc il faudrait qu'il y ait plus de dialogues
04:43entre les scientifiques d'un côté et les décideurs de l'autre côté, mais
04:47également il faudrait qu'il y ait plus de données, parce que le continent
04:50africain manque énormément de données et ce manque de données a impacté
04:54également les évaluations du GIEC sur le continent africain, les données
04:57hydroclimatiques, je veux dire, également d'autres données socio-économiques.
05:01Merci, merci beaucoup Aïda Diong Nian, justement, depuis Dakar. Je rappelle que
05:07vous êtes météorologue sénégalaise, vice-présidente du groupe de travail
05:10Indu-GIEC. Merci pour votre décryptage. Merci beaucoup.