Ce matin sur BFMTV, Bruno le Maire a lancé un ultimatum aux industriels: ils ont une semaine pour reprendre les négociations avec les grands distributeurs. L'objectif est de répercuter dans les rayons les baisses de prix des matières premières pour limiter l'inflation. Car certains produits alimentaires voient leur coût de production baisser, mais leur prix d'achat augmenter. Les explications de Pierre Kupferman.
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00:00 Pierre, le gouvernement lance un ultimatum aux industriels, leur laissant quelques semaines
00:04 pour reprendre des négociations avec la grande distribution dans l'objectif de répercuter
00:08 dans les rayons les baisses des prix de l'énergie et des matières premières.
00:11 Oui, Bruno Le Maire affirme que si les négociations n'ont pas repris d'ici la fin mai, il convoquera
00:18 tout le monde à Bercy avec cet objectif que la répercussion à la baisse soit aussi rapide
00:24 que la répercussion à la hausse.
00:26 Et c'est vrai que pour certains produits, les industriels ont négocié cet hiver des
00:30 hausses de tarifs qui paraissent aujourd'hui en net décalage par rapport à l'évolution
00:36 de leurs coûts de production.
00:37 Alors on va regarder ça avec des exemples précis.
00:39 Exactement.
00:40 Je vais reprendre les exemples qui sont cités par l'expert du secteur Olivier Dauvert sur
00:43 son blog.
00:44 On commence par le rayon huile où les prix en moyenne en mars étaient supérieurs de
00:50 22% au niveau affiché à la même époque l'année dernière.
00:53 Sauf que la bouteille de fruits d'or sur la même période a pris 33% et celle d'Izio
00:59 4, 27%.
01:00 On est revenu tout ça alors que le cours du tournesol a baissé de 55%.
01:10 On est revenu au niveau, à peu près, au niveau d'avant la guerre en Ukraine.
01:15 Donc au prix actuel, Unilever, propriétaire anglo-néerlandais de fruits d'or, réalise
01:21 des marges importantes que le contexte ne justifie plus vraiment.
01:25 Et cette remarque vaut aussi pour le Sieur, propriété du groupe Avril, dont le patron
01:29 vient d'être élu président de la FNSE.
01:32 Mais que les agriculteurs gagnent un petit peu mieux leur vie, on peut estimer que c'est
01:35 une bonne chose.
01:36 Sur le principe, absolument, je suis complètement d'accord.
01:38 Sauf qu'une partie non négligeable de ce qu'on appelle les marques nationales sont
01:43 en fait des filiales de multinationales étrangères qui ne s'approvisionnent pas systématiquement
01:49 en France.
01:50 Le biscuit par exemple, où les prix ont augmenté sur un an, vous allez voir, en moyenne de
01:55 15%, alors que le cours du blé a baissé, lui, de 40% sur la même période.
02:00 Et vous voyez que les paquets de BN et les paquets de Prince coûtent autour de 25% plus
02:07 chers.
02:08 Alors pour BN, le propriétaire turc de la marque, il joue la carte du blé français.
02:13 Mais pour l'U, c'est plus complexe.
02:15 L'U, marque historique française, est détenue par une multinationale américaine,
02:22 Mondelez.
02:23 Et cette marque, l'U, assure utiliser du blé français pour une partie de sa production,
02:29 notamment pour les petits beurres.
02:31 Mais il n'y a pas pour les Prince de mention de l'origine du pays du blé.
02:37 Et pour une raison, peut-être qu'on peut expliquer comme ça, c'est qu'il se trouve
02:41 que les Prince sont produits dans une usine belge.
02:44 Alors Pierre, on a aussi les produits alimentaires dont la matière première ne pousse pas chez
02:49 nous.
02:50 Oui, le café semble le meilleur exemple.
02:52 Le cours de l'Arabica, il se trouve qu'il est nettement plus bas en ce moment que l'année
02:56 dernière à la même époque.
02:57 Vous voyez les chiffres, c'est -16%.
02:59 Et pourtant, au rayon café, les prix affichés sont nettement au-dessus de ceux de mars 2022.
03:05 Et alors la différence, elle est encore plus spectaculaire, vous le voyez à l'écran,
03:10 entre deux marques très très appréciées des Français, l'or qui est propriété d'une
03:15 multinationale néerlandaise et carte noire qui appartient à l'italien Luigi Lavazza.
03:21 Merci beaucoup.