Lundi 17 avril 2023, SMART JOB reçoit Pascal Broquard (Ancien parachutiste, auteur)
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00:12 Le Cercle RH est un grand entretien aujourd'hui avec une couleur dans Smartjob autour de l'armée française et de l'engagement.
00:20 Un grand entretien avec Pascal Brocard. Bonjour Pascal.
00:23 Bonjour.
00:24 Très très heureux de vous accueillir.
00:26 Votre ancien commando parachutiste de l'air, pour ceux qui ne connaissent pas trop l'armée, c'est le CPA-10 qui est le corps d'élite.
00:31 Voilà, qui est le corps d'élite, un des corps d'élite de l'armée de l'air, puisqu'il y a aussi les avions, il y a aussi l'escadron de transport POTOU qui fait partie aussi des forces spéciales de l'armée de l'air.
00:42 Absolument.
00:43 Donc c'est le commando action de l'armée de l'air qui est dédié, qui est mis pour emploi auprès du commandement des opérations spéciales.
00:54 Le COSS.
00:55 C'est-à-dire, vous êtes parti, on va en parler, dans à peu près tous les théâtres d'opérations.
01:00 Afghanistan, Sahel.
01:02 Afghanistan, Sahel, Levant, la Bosnie aussi.
01:08 Exact.
01:09 Ça commence à être loin, 95.
01:11 95, on est au 93.
01:13 93, avec le général Morillon, qui supervisait les opérations.
01:19 Auteur de ce livre, et c'est intéressant parce que votre profil, et on va en parler avec vous, "Des forces spéciales à l'entreprise, comment gérer les crises", l'Armatan 2022, ce livre est récent.
01:28 D'abord, quelques mots sur vous et votre parcours parce qu'on va parler de ce que vous faites aujourd'hui, de l'accompagnement que vous faites, du coaching et des compétences que vous apportez.
01:38 Ils sont replacés où, vos copains du CPA10 ?
01:43 Est-ce que tous sont devenus des entrepreneurs, et j'allais dire des chefs de reprise ?
01:47 Parce qu'on en parle, ça, quand on est sur le terrain et qu'on a une pause, on réfléchit comme un sportif de haut niveau à ce qu'on va faire après.
01:53 Vous aviez déjà ça en tête, vous ?
01:55 Non, pas du tout. Pas du tout.
01:57 Moi, j'ai passé 14 ans en tant que chef de groupe Action, donc loin, on va dire, de ce que je peux faire maintenant.
02:03 Mais ça m'a amené à la culture de l'humain.
02:06 J'ai eu l'occasion, on va dire, c'est l'opportunisme en 92, au moment de la création des opérations spéciales, d'être au bon moment, au bon endroit, comme d'autres camarades avec moi.
02:18 Et ça a permis, ça a été une aventure humaine, ça a permis de monter justement, d'aller de l'avant, de découvrir un peu le fond de l'humain, jusqu'où on pouvait aller poser pour créer derrière.
02:28 Excusez-moi, Pascal, vous l'avez découvert, parce qu'empiriquement, sur le terrain, il se passe des choses si fortes dans un groupe qu'on est obligé, ou vous avez été accompagné, vous vous êtes formé.
02:38 On apprend sur le terrain et on se forme, ou c'est l'un ou l'autre ?
02:41 Alors, à ce moment-là, on est parti quasiment de zéro, donc on s'est formé.
02:47 On a été cherché dans certaines unités extérieures, notamment aussi au GIGN, certaines techniques.
02:54 Pourquoi ? Parce que ça a été très important aussi pour nous.
02:57 On a travaillé en collaboration, on travaille tous ensemble, à l'heure actuelle, toujours, toutes les armées, que ce soit l'armée de l'air, la marine, l'armée de l'air et de l'espace.
03:05 Pour aller chercher quoi, Pascal ?
03:06 Pour aller chercher la technicité, pour améliorer, pour être en permanence dans le perfectionnisme.
03:13 Parce que la perfection n'existe pas et on tente d'essayer de l'atteindre au travers des échanges, des erreurs que chacun peut commettre.
03:23 On commet tous des erreurs.
03:25 On a les feedbacks, on retravaille sur ces erreurs.
03:27 Tout à fait. On retravaille sur ces erreurs, on les met en poule commun et on continue d'avancer.
03:32 Ça travaille en même temps sur la technologie, ça travaille sur la technique, ça travaille sur des procédures, ça travaille sur plein de choses.
03:38 C'est de la remise en question permanente.
03:40 Ça, c'est intéressant parce qu'on va en parler dans vos activités de coach et d'entrepreneur.
03:44 Mais sur le terrain, ça veut dire quoi ?
03:46 Ça veut dire que vous êtes allé chercher ce qui vous permet d'avoir la meilleure performance, le plus grand calme.
03:51 Parce que j'imagine que la pression sur le terrain quand on est au combat, elle est maximale.
03:55 Comment on canalise ça ? Comment on fait pour ne pas exploser en vol et de rester dans la mission ?
04:02 Au sein de l'armée de l'air et de l'espace, il y a des techniques d'optimisation du potentiel qui ont été mises en place par la docteur Edith Perreau-Pierre,
04:13 notamment pour les équipages, pour les pilotes, qui ont une gestion du stress et un calme impressionnant dans leur mission de combat et dans tout ce qu'ils entreprennent.
04:24 Ça a été décliné en même temps pour toutes les forces au sol aussi, pour nous.
04:30 Maintenant, à l'heure actuelle, toutes les armées travaillent là-dessus.
04:33 Les deux ministères de l'Intérieur et de la Défense travaillent là-dessus aussi.
04:38 C'est important de pouvoir exporter ça, de dire qu'on peut gérer l'avant-mission, on peut gérer la mission et gérer l'après-mission.
04:47 C'est important l'après-mission.
04:49 C'est important.
04:50 Évacuer.
04:51 Gérer déjà la préparation. Pourquoi ? Pour gagner en autonomie en même temps sur le terrain.
04:56 C'est-à-dire arriver à 100% au maximum, au plus près du 100% de sérénité au moment de l'engagement.
05:06 C'est un objectif. Il y a toujours une mission et un objectif.
05:09 C'est un objectif. L'objectif est, si on est sur une libération d'otages, de pouvoir aller libérer les otages.
05:14 L'objectif, ce sont les otages, qu'ils soient vivants et de ramener tout le monde.
05:19 Juste d'un mot, parce que là, vous avez quitté l'espace de l'armée, de l'uniforme et du combat.
05:26 Puis, vous êtes passé de l'autre côté, de la force, du côté du monde de l'entreprise et du sport de haut niveau.
05:33 Vous y voyez quand même des différences. L'entreprise est quand même assez loin de ce que vous décrivez,
05:37 où elle est en train de se remettre en question et d'avancer un peu sur vos méthodologies.
05:41 L'entreprise n'est pas si loin que ça. Justement, c'est pour ça que j'en fais un parallèle tout au long du livre.
05:49 C'est-à-dire dans le leadership, dans la communication, dans la transition.
05:54 On parle beaucoup de management de transition. L'institution militaire est basée autour du management de transition.
06:01 En permanence ? En permanence. On ne découvre pas ça. C'est quelque chose qui est déjà maîtrisé dans l'institution.
06:08 Il y a quelque chose dans l'armée et dans la manière dont vous avez managé vos équipes sur le terrain en situation de crise,
06:14 en l'occurrence de tensions. Et ça, vous le dites, il y a l'idée de l'intelligence émotionnelle.
06:19 L'humain est au centre. Et combien d'invités qui viennent de l'entreprise et qui n'ont pas votre parcours militaire ne parlent que de ça ?
06:25 L'humain est au centre. Mais dans l'armée et dans vos actions de combat, il est essentiel que l'humain soit au centre ?
06:31 L'humain est au centre de tout. Beaucoup de gens disent que l'humain est au centre, mais faut-il encore lui laisser sa place ?
06:39 Faut-il encore le laisser se remettre au centre ? Quand on parle d'humain, il n'y a pas une pensée unique.
06:45 Il y a un chef, oui, mais on peut demander l'avis aussi à ses collaborateurs, à ses équipiers.
06:51 Et après, le chef prend la décision. Il va prendre ce qu'il juge être la meilleure décision.
06:57 Mais il se concerte ? C'est quand même bien ça, à la base. Ce qui est aussi une des techniques qui a été...
07:02 On parle d'amélioration continue. Les Japonais l'ont très bien mis en place. Et l'ont améliorée.
07:11 Votre livre, il porte aussi, je dirais, une pensée sous-jacente.
07:15 Il dit qu'un major des forces spéciales intégrée au COS, le commandement des opérations spéciales, toutes les opérations de guerre,
07:25 un commando a des compétences. Est-ce que quand vous étiez commando, vous aviez conscience des compétences que vous portiez ?
07:32 Qu'on est en train de décrire, d'ailleurs.
07:34 Mes compétences intrinsèques, je dirais non. Mais je regardais mes camarades, qui, eux, avaient des compétences.
07:41 C'est intéressant. Et c'était lesquelles ?
07:43 C'est les compétences d'altruisme, des compétences techniques qui évoluent.
07:48 Quand je vois... On a quatre sous-officiers et militaires du rang qui ont des prix d'innovation à l'unité.
07:57 Ils ne les ont pas eus. Et pourtant, ce ne sont pas des gens qui sont en diplomation à la sortie.
08:04 Ils ont créé sur place.
08:05 Ils ont créé par rapport aux besoins, par rapport au retour, au feedback qu'ils ont pu avoir,
08:09 tous les retours d'expérience qu'ils peuvent avoir, les manquements qu'il y a.
08:13 Et en même temps, on a besoin de micro-projets.
08:17 Donc ces micro-projets, ce ne sont pas des projets...
08:19 Pourquoi ? Parce que dans six mois, on va dire que le produit, on va passer à autre chose.
08:23 Parce que la menace évolue.
08:25 C'est exactement la même chose.
08:27 Mais vous, quand vous vous transposez, vous venez, là, vous n'êtes pas en uniforme, vous êtes en civil et vous l'êtes.
08:32 Quand vous arrivez dans l'entreprise, comment se passe cette rencontre ?
08:35 Ou dans une équipe de football, parce que je crois que vous avez accompagné une équipe de football qui était en perdition.
08:41 Qu'est-ce que vous leur dites ? C'est quoi les mots que vous utilisez pour les remettre en selle ?
08:46 Déjà, c'est de l'écoute. C'est de l'écoute et c'est du regard.
08:50 L'écoute active, j'en parle aussi dans le travail.
08:54 Très important.
08:55 C'est important. Gérer les émotions des autres, c'est déjà écouter.
08:58 Et recevoir.
09:00 Quand vous m'avez accueilli, je vous ai regardé, je vous ai écouté.
09:03 Et donc, vous m'avez abordé.
09:06 Et on se connecte.
09:08 Et après, on parle.
09:10 Donc, c'est aller chercher où est la problématique.
09:12 La problématique, on va aller la chercher au travers de l'écoute, au travers d'un ou deux petits messages que l'on va faire passer.
09:18 On va voir comment ça réagit aussi en face.
09:20 Et vous, vous observez, bien sûr.
09:22 On observe.
09:23 Vous voyez les hommes que vous avez en face.
09:25 C'est des regards.
09:26 Ou les femmes.
09:27 C'est des attitudes.
09:28 Moi, je ne fais pas de différence entre homme ou femme.
09:31 Pour moi, c'est la compétence.
09:33 Il n'y a pas si longtemps que ça, sur une conférence, on me dit "Vous n'avez pas parlé des femmes".
09:38 Je n'ai pas parlé des femmes parce que pour moi, c'est un non-sujet.
09:41 La compétence n'a pas de sexe.
09:43 Donc, si la femme est compétente, elle est compétente.
09:45 Si l'homme est compétent, il est compétent.
09:46 Mais il y a à la fois l'expérience que vous portez, évidemment, que vous amenez avec vous et qu'on sent.
09:51 Il y a les mots, il y a l'écoute, l'écoute active.
09:53 J'imagine ensuite que vous déployez quelque chose, vous accompagnez.
09:59 Comment vous transposez ce que vous avez vécu et expérimenté sur le terrain ?
10:04 Comment cette expérience-là, vous la faites vivre au sein de l'entreprise ?
10:08 Je la fais vivre de la meilleure manière qu'il soit en prenant les points forts et les faiblesses de chaque équipe,
10:17 de chaque individu, de chaque personnel.
10:19 Pour essayer de les transgresser et de leur montrer où sont leurs faiblesses.
10:24 Par contre, je vais prendre les points forts, je vais aller chercher les faiblesses dans leurs points forts.
10:29 Parce que bien souvent, on a un égo qui a tendance à monter.
10:32 Et cet égo, il faut essayer de le redimensionner et de le remettre au niveau de l'équipe, au niveau d'une intelligence collective.
10:39 Dans une entreprise, ce qui fait la grandeur de l'entreprise, ça va être l'intelligence collective qu'elle développe.
10:45 Ça, vous y tenez beaucoup, à ce concept d'intelligence collective.
10:48 C'est-à-dire que vous leur dites quand même, si vous réussissiez à vous connecter tous ensemble,
10:53 à mettre vos égos dans la poche et à bâtir un projet, puisqu'on en revient à votre mission et à l'objectif,
10:58 il y a peut-être des chances que vous gagniez la guerre. C'est ça l'esprit.
11:03 On ne gagne pas la guerre tout seul. On ne gagne pas les combats commerciaux tout seul.
11:07 On les gagne au sein d'une équipe. Tout seul, on n'a rien.
11:10 À plusieurs, on est très fort. Pourquoi ? Parce qu'il y a des complémentarités.
11:14 On a tous des plus, on a tous des moins.
11:18 – Vous avez accompagné une équipe de football, on ne va pas la citer, même on peut la citer,
11:22 il n'y a pas de secret, mais c'était une équipe qui était en Ligue 2, me semble-t-il.
11:25 – C'est une équipe de rugby, oui. – De rugby, donc en probé, et qui était un peu en perdition.
11:30 Et vous vous êtes retrouvé devant ces bonhommes, et vous les avez remis en selle.
11:36 – C'est une très belle équipe. C'est une très belle équipe avec plein de valeurs.
11:40 Avec des valeurs intrinsèques, avec des sacrés joueurs.
11:44 Un excellent coach, en même temps, qui se bat et qui a du bien.
11:48 – Qu'est-ce qui se passait ?
11:50 – Vous savez, dans une équipe, après, des fois, il y a un petit verre.
11:55 Il y a un petit verre qui est dans le fruit, c'est le principe de la pomme,
11:59 et en même temps, ça gangrène.
12:01 Donc, tant qu'on n'a pas sorti ce petit verre, il faut déjà leur redonner confiance.
12:04 Parce qu'une équipe qui commence à perdre, après…
12:06 – Elle doute. – Elle doute.
12:08 Mais imaginons que je sois le patron du PSG, ce qui n'est évidemment pas le cas.
12:13 C'est une entreprise, vous voyez, l'Apsus qui est une équipe,
12:16 et aussi une entreprise d'ailleurs, qui est en souffrance sur le plan des résultats.
12:20 Peut-être pas sur le plan des résultats financiers,
12:22 mais en tout cas sur le plan sportif, elle est en souffrance.
12:24 Vous rentrez au club, on vous dit, remettez-moi cette équipe
12:27 pour lui faire gagner la Ligue des champions.
12:29 Qu'est-ce que vous mettez en place ?
12:31 – Il va falloir aller voir un petit peu déjà tout le collectif,
12:35 parce que c'est un collectif.
12:37 – C'est vraiment un collectif, c'est un peu le débat posé d'ailleurs.
12:39 – C'est un collectif. Là, on travaille beaucoup,
12:42 quand on écoute, on écoute beaucoup sur les individualités.
12:47 Oui, mais des individualités, c'est pas parce qu'on a plusieurs champions du monde
12:51 qui sont là, qu'on va avoir forcément la meilleure équipe.
12:54 On va avoir les meilleures individualités.
12:57 Mais est-ce qu'on arrive à les faire jouer ensemble ?
13:00 Est-ce qu'on arrive à avoir le meilleur état d'esprit ?
13:02 Est-ce que l'intérêt c'est de gagner ?
13:03 Ou est-ce que l'intérêt c'est que 1) Marc…
13:06 – Et brille tout seul.
13:07 – Et brille tout seul.
13:08 – Mais ça, c'est un discours que, parce que je ne l'ai pas précisé,
13:11 mais vous êtes aussi, vous avez été instructeur,
13:13 donc vous avez accompagné de jeunes soldats commandos pour travailler ensemble.
13:17 Il y a aussi des égaux chez les commandos,
13:19 il y a une sorte de fierté de l'être, il y a l'envie de briller.
13:21 Ça aussi, c'est un message que vous faites passer dans vos…
13:24 – On ne peut pas rentrer dans les forces spéciales si on n'a pas un égo fort.
13:27 – Mais bien sûr.
13:28 – Voire pour certains, surdimensionné.
13:30 – Surdimensionné, exactement.
13:31 – Il faut juste les canaliser et les mettre en musique.
13:33 Il n'y a jamais, pourtant, il n'y a quasiment jamais d'eux,
13:38 on n'est pas forcément tous du même avis, surtout,
13:40 et c'est tant mieux, c'est ce qui fait avancer,
13:42 c'est ce qui permet à un moment donné de se remettre en question.
13:46 Mais la décision est prise, tout le monde adhère à la décision.
13:51 – Mais ça, avant de vous parler de la reconversion,
13:54 parce qu'en fait vous avez fait une reconversion réussie,
13:56 ça ne vous manque pas quand même ?
13:58 Parce que c'est comme une drogue, le fait d'accompagner, d'encadrer,
14:02 d'aller sur le terrain, ça ne vous manque pas tout ça ?
14:05 – Je suis toujours réserviste opérationnel.
14:07 – D'accord.
14:08 – Donc là, on est le CPA 10, justement, on monte une cellule environnement humain.
14:14 Donc pour continuer, pourquoi ?
14:16 Parce qu'on a des blessés, on a des blessés physiques,
14:18 on a des blessés psychologiques, les blessés de l'âme, c'est compliqué.
14:21 – Plus compliqué, oui.
14:22 – En sachant qu'un blessé physique, bien souvent, on ne voit que la blessure,
14:25 mais derrière, il y a aussi une blessure à l'âme,
14:27 parce qu'on a été impacté dans sa chair, donc c'est compliqué.
14:30 Et on voit le blessé, mais derrière, il y a un périmètre, c'est la famille du blessé.
14:34 – Bien sûr.
14:35 – Qui elle aussi est impactée.
14:37 – Et vous travaillez sur ce sujet-là ?
14:38 – Voilà.
14:39 Donc c'est important d'aller travailler aussi, de continuer à donner de l'aide derrière,
14:43 que ce soit pour des commandants d'unités chez nous,
14:47 qui sont ouverts là-dessus, qui déploient tout ce qu'ils peuvent.
14:52 Tous les commandants d'unités que j'ai eus ont déployé tout ce qu'ils pouvaient,
14:55 donc essayer de déployer le maximum, justement, pour pouvoir amener aux familles,
14:59 les familles des disparus aussi, parce que tout ça, c'est important de les conserver.
15:05 – Oui, l'humain et la famille.
15:06 Avant de nous quitter, choc de génération, on parle beaucoup de la génération Z,
15:10 ces jeunes alors qu'ils ont le nez sur le téléphone, qui cherchent du sens,
15:14 qui sont très slasheurs, qui décident, qui changent d'avis, qui changent de job.
15:19 Comment vous les regardez et qu'est-ce que vous avez envie de leur dire,
15:21 vous qui êtes un major, un instructeur des forces spéciales du CPA 10 ?
15:26 – Justement, je suis vacataire à l'Université de Montpellier,
15:29 à l'ESSEC à Montpellier, en Master 1, justement, en termes de Management.
15:32 – Vous les avez devant vous là ?
15:33 – Je les ai devant moi.
15:34 – C'est ça, oui.
15:35 – Je les ai devant moi et dans la classe, comme c'est des gens qui sont en alternance,
15:37 j'ai aussi des générations Y et encore de temps en temps un X,
15:43 qui est en deuxième partie de carrière,
15:46 et là-dessus, on arrive à les faire travailler ensemble.
15:49 Et cette génération Z, c'est la plus belle génération que l'on puisse avoir.
15:52 Elle est autodidacte, il y a des tutos pour tout.
15:55 Maintenant, ils ne savent pas se mettre en musique,
15:59 ils leur montrent juste un mentor au-dessus.
16:01 Si on les mentorise, on va au bout du monde.
16:03 Ils cherchent du sens, ils ne cherchent pas de l'argent, ils cherchent du sens.
16:06 – Ils cherchent leur père aussi quand même, non ?
16:08 – Oui, justement, c'est là où le mentor…
16:10 – Oui, oui.
16:11 – C'est là où il faut les mentorer.
16:13 Donc leur repère, il sera là et là où on les gardera.
16:15 Si on ne les mentor pas, on les perd au bout de trois ans.
16:18 – Quand vous dites "mentorer", ça veut dire exactement ce que vous nous avez dit
16:21 au début de l'entretien, remettre en confiance, donner confiance.
16:24 – C'est ça.
16:25 – Et leur donner, quoi, une voix, leur dire "c'est possible,
16:28 tu peux le faire, je t'accompagne".
16:30 – Le domaine des possibles est vaste.
16:32 Ce qui n'était pas possible il y a dix ans est possible aujourd'hui.
16:34 La technologie a évolué.
16:36 Ce qu'on n'arrivait pas à faire il y a dix ans, aujourd'hui, on peut le faire.
16:38 Mais on peut le faire avec eux.
16:40 – Donc ça veut dire, ne faites pas partie de ceux qui considèrent
16:42 que cette génération Z est une génération sacrifiée,
16:44 au contraire, vous dites que c'est la plus belle des générations.
16:46 – C'est la plus belle des générations.
16:48 On a une génération tampon qui est la génération Y,
16:50 qui est coincée entre cette génération X, qui a grandi dans la méritocratie,
16:54 et une génération Z qui est autodidacte.
16:56 La génération Y, elle a un petit peu le syndrome du deuxième enfant
17:00 dans une fratrie de trois.
17:02 – Et l'ancien militaire, mais que vous êtes toujours de cœur
17:05 et on voit d'engagement par votre réserve nationale,
17:08 comment vous regardez l'évolution du monde du travail ?
17:10 Parce que ça y est, vous êtes baigné, vous êtes entrepreneur,
17:12 mais vous le voyez, ce monde du travail ?
17:14 Vous avez une main d'œuvre, un salarié qui démissionne,
17:17 des affections de sa relation au travail, comment vous regardez cela ?
17:21 Parce que les soldats sont engagés, les commandos sont engagés,
17:23 ils ne comptent pas leurs heures, c'est jour et nuit s'il le faut.
17:27 – C'est jour et nuit, justement, moi j'ai des gars, des camarades
17:34 qui sont aussi dans les entreprises,
17:37 il y en a, j'ai des chefs qui sont à des postes importants aussi
17:40 dans des grosses entreprises, qui eux, justement, délivrent tout leur savoir,
17:49 toutes leurs compétences en termes d'accompagnement,
17:51 parce qu'il faut accompagner ces jeunes, il faut leur donner confiance.
17:54 – Non mais je veux dire par là, Pascal, soyons cash,
17:58 quand un militaire arrive dans une entreprise, on le recrute pour sa rigueur,
18:01 on le recrute parce qu'il arrive souvent un quart d'heure ou 20 minutes avant,
18:04 parce qu'il part souvent une heure après et qu'il ne compte pas ses heures
18:06 et que quand il a décidé d'aller au bout, il va au bout.
18:09 On est face aujourd'hui à des patrons qui vous disent dans l'entreprise
18:12 "bah c'est un peu compliqué d'engager mes collaborateurs".
18:15 – Oui mais est-ce que les collaborateurs ont confiance en leurs patrons ?
18:20 La confiance ça se gagne, ça ne s'impose pas.
18:22 – Donc c'est aussi dans le charisme de celui qui dirige, le manager.
18:25 – Un leader, il y a des leaders cachés,
18:29 il y a des leaders qui seront mis en exergue, qui se mettront en exergue un jour.
18:32 – Mais il faut les révéler ces leaders. – Il faut juste les révéler.
18:35 – Merci Pascal Brocard d'être venu nous rendre visite,
18:37 instructeur, commando des forces spéciales,
18:40 l'élite des corps d'armée avec le CPA10, je le redis,
18:44 ils ne sont pas que là pour garder les bases militaires, on est d'accord,
18:48 ils sont en ce moment engagés sur les théâtres d'opération.
18:50 – Ils sont engagés, oui, sur plusieurs théâtres d'opération.
18:53 – Merci, votre livre "Des forces spéciales à l'entreprise,
18:55 comment gérer les crises chez l'arme à temps" avec une préface de Denis Mercier.
19:00 Merci de nous avoir rendu visite et puis découvrez ce livre.
19:04 – "Des forces spéciales à l'entreprise", d'ailleurs je n'ai pas cité,
19:07 "Top management". – "Top intelligence émotionnelle consulting".
19:10 – "Top intelligence émotionnelle consulting", voilà, nous sommes complets,
19:13 tout de suite c'est fenêtre sur l'emploi pour terminer notre émission
19:16 et on découvre tout de suite notre invité.