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Aujourd'hui, dans "Bienfait pour vous", Mélanie Gomez et Julia Vignali ouvrent le dossier santé du jour avec Peter von Theobald et Léa Zubiria.
Retrouvez "La question du jour" sur : http://www.europe1.fr/emissions/vite-fait-tres-bien-fait

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Transcription
00:00 qu'il est temps maintenant d'accueillir notre expert de l'endométriose, c'est vous,
00:03 Professeur Peter von Theobald, bonjour !
00:05 Bonjour !
00:05 Alors vous êtes médecin gynécologue, vous êtes également l'auteur du livre
00:09 « L'endométriose, comprendre la maladie, soigner la douleur et traiter l'infertilité »,
00:13 publié chez Hérol.
00:14 On l'a dit, une femme sur dix est touchée par cette pathologie,
00:17 et pourtant, on a l'impression que c'est une maladie encore assez mystérieuse.
00:20 Est-ce que vous pouvez nous décrire peut-être à quoi ressemble l'endométriose concrètement,
00:25 mais simplement s'il vous plaît, et pourquoi ça cause autant de douleur justement ?
00:28 Oui, simplement, c'est un effort auquel je me suis livré dans ce livre,
00:32 puisque c'est un livre qui essaye d'expliquer en termes simples
00:35 les choses que tout le monde ne comprend pas forcément, même après longtemps.
00:39 L'endométriose, ce n'est pas très compliqué finalement.
00:41 Il y a dans l'utérus une peau, une muqueuse, qui saigne chaque fois qu'on a ses règles.
00:46 Et normalement, cette peau n'est que dans l'utérus, nulle part ailleurs.
00:50 L'endométriose, c'est que pour une raison qu'on ignore actuellement,
00:53 les morceaux de cette muqueuse se retrouvent ailleurs,
00:56 dans le ventre, voire dans le thorax, sur les intestins, sur les trompes, sur les ovaires.
01:01 Et chaque fois que cette femme va avoir des règles, normalement, avec son utérus,
01:07 les lésions d'endomètre, les implants d'endomètre qui sont ailleurs que dans l'utérus,
01:11 vont saigner en même temps et créer des hématomes, des écorchures, des nodules.
01:17 Et ces nodules saignent dans le ventre, c'est des écorchures,
01:20 les intestins s'abouchent, s'affrodent, ça fait très très mal.
01:23 - Justement, c'était ça la douleur. Qu'est-ce que vous décrivent vos patientes ?
01:27 C'est quoi le type de douleur liée à l'endométriose ?
01:29 C'est des crampes, des coups de poignard ?
01:31 - C'est des déchirures, c'est des serments.
01:36 Dans le livre, il y a à la fin des photos de femmes endométrioses
01:40 qui expriment ce qu'est la douleur de l'endométriose pour elles.
01:42 Elles sont pliées en deux à se tordre le ventre,
01:45 elles sont en chien de fusil par terre, elles sont vraiment très très mal.
01:49 C'est une douleur épouvantable.
01:50 - C'est des douleurs qui interviennent juste au moment des règles
01:52 ou un peu tout le temps, pendant le cycle ?
01:54 - C'est autour des règles, ça peut être juste avant, ça peut être pendant.
01:58 C'est rarement après, en général à la fin des règles, ça soulage.
02:01 Mais l'endométriose, comme elle provoque,
02:04 c'est des écorchures à l'intérieur du ventre,
02:05 donc les organes vont se souder entre eux, ce qu'on appelle les adhérences.
02:09 Et ça aussi, ça peut donner des douleurs,
02:11 et ça, c'est des douleurs qui peuvent survenir à tout moment.
02:14 Donc dans les endométrioses graves, on peut avoir des douleurs permanentes.
02:17 - Alors il y a peut-être des femmes qui sont reconnues dans ce que vous avez décrit en termes de douleurs,
02:21 mais je crois qu'on peut aussi avoir des douleurs lors des rapports sexuels,
02:24 quand on a de l'endométriose.
02:26 Est-ce que ça peut être la cause ?
02:27 Justement, il y a des femmes qui auraient des douleurs, qui nous écoutent sur Europe 1,
02:30 se disent "si j'ai mal pendant mes rapports, c'est peut-être que j'ai de l'endométriose".
02:33 - C'est tout à fait possible.
02:34 Il y a d'autres causes de douleurs pendant les règles qui existent,
02:38 il y a d'autres causes de douleurs lors des rapports qui existent,
02:41 mais les douleurs pendant les rapports, qu'on appelle d'ailleurs des dyspareunies,
02:45 c'est un des grands signes de l'endométriose, avec la douleur pendant les règles,
02:51 et avec l'infertilité qui est également un des grands signes de l'endométriose.
02:55 - Et est-ce que ça existe une endométriose sans douleur ?
02:57 Parce que je crois que c'est une maladie qui peut se présenter vraiment très différemment d'une patiente à l'autre, non ?
03:02 - Ah oui, absolument.
03:03 Chaque femme est différente.
03:05 En matière d'endométriose, il n'y a pas de prêt-à-porter, c'est que du sur-mesure.
03:09 Chaque femme est différente et chaque traitement doit être différent, on y reviendra après.
03:12 Mais effectivement, il y a des endométrioses totalement indolores.
03:16 J'ai vu des femmes avec des nodules qui faisaient 4-5 cm, vraiment des trucs énormes,
03:20 voire des trous dans le rectum, et aucune douleur.
03:24 Et d'autres qui ont trois petites tâches et qui ont des douleurs excruciantes.
03:27 Alors, en gros, plus les lésions sont importantes, plus les douleurs sont importantes.
03:32 - Mais il n'y a quand même pas de règle.
03:33 - Mais il n'y a quand même pas de règle absolue et ce n'est pas linéaire.
03:36 Il y a des femmes qui passent complètement à côté d'une endométriose
03:39 et on va la découvrir au moment d'avoir des enfants, ça ne marche pas.
03:43 Et on trouve une endométriose parfois très importante.
03:45 - Alors on l'a dit, c'est une maladie dont on parle heureusement de plus en plus.
03:48 Et on ne va pas s'arrêter là, on voit beaucoup de fondations, d'associations,
03:51 d'événements qui parlent d'endométriose.
03:52 Vous avez travaillé avec EndoFrance dès sa création.
03:56 C'est important de parler de cette maladie, de la faire connaître encore davantage ?
04:00 - Oui, c'est fondamental, c'est ça qui a tout changé.
04:04 Alors c'est vrai que l'endométriose, on la connaît depuis quasiment l'Antiquité,
04:07 mais on a eu du mal à la diagnostiquer parce que,
04:11 il faut bien dire, il y a 30 ans, quand j'ai commencé à m'occuper d'endométriose,
04:15 il n'y avait pas d'IRM, il n'y avait pas d'échographie,
04:17 il n'y avait pas de celluloscopie.
04:19 Pour regarder dans un ventre, il fallait faire une grande incision
04:21 et rester une semaine à l'hôpital.
04:23 Donc forcément, c'était très difficile de savoir
04:26 qui avait une endométriose, qui avait autre chose.
04:29 Et en plus, c'était les maladies des femmes
04:31 et on est quand même dans une société un peu machiste.
04:34 Et la parole des femmes, "t'as mal".
04:37 Même les mamans disaient à leur fille "mais t'as mal ma fille pendant l'IRM,
04:40 c'est normal, moi aussi j'ai mal, c'est normal.
04:42 Tu fais la comédie si tu veux pas aller à l'école,
04:44 tu fais la comédie si tu veux pas aller travailler,
04:46 et c'est à peine si on l'amène pas chez le psychiatre".
04:49 Et donc cette parole des femmes n'avait pas grande valeur.
04:52 Et ça, ça a complètement changé quand même.
04:54 La technologie a augmenté, s'est perfectionnée,
04:58 et surtout, le féminisme s'est développé.
05:01 C'est le féminisme et ses associations,
05:04 c'est des associations féministes.
05:06 L'endométriose, c'est une maladie de la femme,
05:09 une maladie féministe,
05:11 une maladie de la qualité de vie qui désocialise
05:13 complètement les femmes qui en souffrent.
05:16 Et c'est vraiment la condition féminine qui est en cause.
05:18 Et le fait qu'on fasse un buzz, que les gens en parlent.
05:21 Regardez, il y a dix ans, personne ne prononçait le mot "règle"
05:24 à la télévision, à la radio.
05:26 Maintenant, on va parler de règles, il y a des émissions autour.
05:28 Ça a complètement changé.
05:29 La parole s'est libérée.
05:31 - Pas de gros mots.
05:31 Et dans une émission présentée par deux femmes
05:33 et avec un homme qui les aime,
05:34 on va continuer à en parler ce matin.
05:36 Vous restez avec nous, Professeur Peter Van Theobald.
05:39 Dans "Bien fait pour vous", ce matin,
05:40 on vous propose un focus sur l'endométriose.
05:42 Une femme sur dix est concernée en France.
05:45 Et on va voir ce matin notamment comment dompter
05:47 l'un des symptômes les plus difficiles, la douleur.
05:49 Alors pour en savoir plus, restez bien avec nous sur Europe 1.
05:53 Europe 1.
05:55 Bien fait pour vous.
05:56 Mélanie Gomez, Julia Vignali.
06:01 - Ravie de vous retrouver dans "Bien fait pour vous".
06:02 Nous sommes ensemble jusqu'à midi et on va s'intéresser
06:06 à cette maladie qui touche une femme sur dix, l'endométriose.
06:10 Et pour en parler, nous sommes toujours avec le professeur
06:12 Peter Van Theobald, médecin gynécologue et auteur du livre
06:16 "L'endométriose, comprendre la maladie, soigner la douleur
06:19 et traiter l'infertilité" et c'est publié chez Hérol.
06:22 Alors professeur, tout d'abord, comment on diagnostique
06:25 l'endométriose ? On va aller rechercher quoi ?
06:27 Est-ce qu'il y a un test, un examen infaillible justement
06:31 pour être sûr qu'on souffre de cela ?
06:34 - Alors l'examen infaillible, on va peut-être le trouver bientôt,
06:37 mais on ne l'a pas pour l'instant.
06:39 Pour l'instant, la seule façon d'être 100% sûr
06:41 qu'il s'agit d'une endométriose, c'est d'aller regarder dans le ventre.
06:44 C'est-à-dire, maintenant, en pratique, faire une stélioscopie,
06:46 un petit trou dans l'ombrile, on passe une fibre optique
06:48 et on regarde, sous anesthésie bien sûr, en ambulatoire.
06:51 - Ah l'échographie, ça ne suffit pas, il faut quand même aller regarder à l'intérieur.
06:54 - J'y viens, j'y viens tout à fait, je vois que vous connaissez bien.
06:57 L'échographie permet de voir essentiellement les endométrioses
07:01 quand elles atteignent les ovaires et font des kystes
07:04 pleins de sang de règles qui ne s'écoulent pas.
07:06 Et ça, ça se voit bien à l'échographie.
07:08 Sinon, l'examen de référence le plus performant, c'est l'IRM,
07:12 l'imagerie par résonance magnétique.
07:15 Mais même dans les meilleures mains, parce qu'il faut des radiologues
07:18 qui sont bien habitués à voir la maladie,
07:20 parce que même avec l'IRM, c'est difficile à voir,
07:22 donc il faut les gens entraîner,
07:23 bien même là, on a 20% d'erreurs.
07:26 Donc si on vous dit "IRM compatible avec une endométriose",
07:30 ça ne veut pas dire que vous en avez une.
07:32 Si on vous dit "pas de signes d'endométriose à l'IRM",
07:34 ça ne veut pas dire que vous n'en avez pas.
07:36 - Le seul examen, c'est celui dont vous nous parlez là-haut ?
07:38 - La stélioscopie, qui est une opération déjà,
07:41 puisqu'il faut assiser, faire un trou dans le ventre.
07:44 Ce n'est pas très agréable.
07:45 - Et ça, je ne sais pas, parce que l'endométriose,
07:47 j'imagine qu'on l'a peut-être dès qu'on a ses règles,
07:49 dès l'adolescence peut-être, on peut faire ça.
07:51 Donc l'IRM, c'est recommandé même chez les filles de 15 ans, 16 ans.
07:55 C'est important d'être sûr du diagnostic d'ailleurs ?
07:57 - Oui, c'est la seule façon d'être sûr.
07:58 Maintenant, on ne va pas faire un trou dans le ventre à 10% des femmes.
08:01 Déjà, le nombre de gynécologues qu'on ait n'y suffirait pas.
08:04 Et puis, il y a quand même un risque.
08:06 Il y a le risque de l'anesthésie, le fait de faire un trou
08:09 où on peut perforer un intestin ou la vessie.
08:11 Enfin, ce n'est pas sans conséquences.
08:13 Donc, on peut avoir une endométriose dès les premières règles.
08:17 Et puis, on peut la développer à 40 ans.
08:20 C'est très variable, encore une fois, selon les femmes.
08:23 - Mais ce n'est pas lié au changement hormonal ?
08:25 - Le changement hormonal, je ne sais pas trop ce que c'est.
08:28 La ménopause, vous voulez dire ?
08:29 - La ménopause et l'adolescence, justement, ce n'est pas...
08:32 - Après la ménopause, c'est la guérison.
08:34 On est tranquille, il n'y a plus d'endométriose.
08:36 Et avant la puberté, il n'y a pas de règles non plus.
08:38 Donc, il n'y a pas d'endométriose non plus.
08:40 - Mais ça laisse quand même de nombreuses années où on va souffrir.
08:42 - Oui, ça fait un paquet d'années.
08:43 Et en plus, ce qu'on appelle les meilleures années.
08:45 Enfin, je ne sais pas si on doit le dire maintenant que la population vieillit,
08:48 mais c'est quand même des années bien agréables.
08:50 - On ne devrait pas souffrir, effectivement, et se préoccuper de ça.
08:52 - Mais pour revenir, oui, donc ces jeunes filles
08:56 qui, parfois à 11 ans ou 12 ans ou 15 ans,
08:59 ont des règles tellement douloureuses qu'elles ne peuvent plus aller à l'école.
09:02 Ce qu'on recommande, c'est d'abord de les mettre trois mois sous pilule.
09:05 Ce n'est pas toujours évident à expliquer aux mamans
09:07 parce qu'elles pensent que si on leur donne la pilule, elles vont avoir des rapports.
09:09 Je pense qu'il n'y a aucun rapport.
09:11 - Là, c'est donné comme un traitement médical.
09:13 - C'est un traitement médical test.
09:15 Si les douleurs disparaissent, ce n'est sûrement pas de l'endométriose,
09:18 c'est un dysfonctionnement hormonal qui va rentrer dans l'ordre
09:22 tout seul ou avec un peu de pilule pendant quelques mois.
09:25 Si, par contre, les douleurs persistent, là,
09:28 eh bien oui, il faut faire une IRM.
09:30 C'est la meilleure chose à faire parce que là, il faut aller plus loin.
09:33 - Donc, en fait, oui, il y a les pilules, si je comprends bien,
09:36 contraceptives qui peuvent aider pour calmer la douleur,
09:38 mais aussi les traitements hormonaux.
09:40 Est-ce que ça a le même effet que les pilules contraceptives ?
09:42 - Oui, oui, la pilule est un traitement hormonal
09:45 qui sert à supprimer la fécondité,
09:47 mais qui, si vous la prenez en continu,
09:49 normalement supprime également les règles.
09:51 Et si vous ne saignez pas à l'extérieur,
09:53 ça ne saigne pas à l'intérieur du ventre et les lésions s'assèchent et diminuent.
09:57 Donc, ça peut être un traitement.
09:58 C'est un traitement hormonal.
10:00 Alors, vous avez des traitements hormonaux comme la pilule
10:02 ou des équivalents où il n'y a que de la progestérone.
10:05 Enfin, après, c'est des questions de dosage de ce qu'il y a à l'intérieur
10:08 ou vous avez des traitements anti-hormonaux,
10:11 c'est-à-dire qui suppriment, qui provoquent une ménopause artificielle.
10:14 Il n'y a plus d'hormones du tout.
10:15 - Ça, ce n'est pas en même temps chez des petites gamines,
10:17 j'allais dire de 15 ans, justement, il n'y a pas de risque pour plus tard ?
10:19 - On ne le fait généralement pas chez des petites de 15 ans,
10:21 mais un peu plus tard, vers 25-30 ans,
10:25 on peut commencer ce genre de traitement.
10:26 Mais c'est un traitement qui peut entraîner une ostéoporose,
10:29 enfin une carence osseuse et des fractures et une fragilité.
10:33 Donc, ce n'est pas conseillé, ce n'est pas un traitement non plus
10:36 qu'on peut continuer sur les longues périodes.
10:38 Alors, il y a une nouvelle espèce de traitement anti-hormonal
10:42 qui vient d'apparaître sur le marché.
10:43 On n'a pas encore beaucoup de recul, mais qui semble mieux tolérer
10:46 et qui n'entraîne pas cette ostéoporose parce qu'il y a l'antidote dedans.
10:51 Mais c'est à vérifier, ce n'est pas encore sûr.
10:53 - Alors, vous dites que l'une des solutions les plus radicales et efficaces,
10:56 finalement, c'est quand même la chirurgie.
10:58 C'est d'ailleurs votre spécialité.
10:59 Pourquoi on ne la pratique pas davantage en France ?
11:01 J'ai l'impression vraiment que c'est réservé aux cas les plus graves, quoi, d'endométriose.
11:05 - Vous avez tout à fait raison, oui, mais pour une simple raison,
11:08 c'est que la chirurgie, c'est dangereux.
11:10 Et que la chirurgie de l'endométriose est la chirurgie la plus difficile en gynécologie.
11:13 C'est plus difficile d'opérer une endométriose sévère qu'un cancer
11:17 parce que tous les organes collent ensemble et quand on les décolle les uns des autres,
11:20 eh bien, on peut faire des trous dans les organes.
11:22 Il peut y avoir des péritonites, des complications.
11:25 Et donc, c'est une chirurgie très difficile.
11:28 - On hésite beaucoup.
11:29 - Oui, on essaye d'abord les traitements médicaux
11:31 et si le traitement médical, soit ne fonctionne pas
11:34 ou n'est pas bien supporté du tout,
11:36 à ce moment-là, on va proposer la chirurgie.
11:39 - Alors, on sait que l'endométriose peut avoir un effet sur la fertilité chez certaines femmes.
11:43 Comment, justement, vous expliquez, comment ça s'explique ce lien entre les deux ?
11:46 - Alors, toutes les femmes ne sont pas infertiles.
11:48 On peut avoir une endométriose et avoir des enfants.
11:50 Il y a à peu près un tiers des femmes endométriosiques qui ont des problèmes de fertilité.
11:56 Mais il faut aussi savoir que l'endométriose est la deuxième cause de fertilité au monde.
12:00 Après les maladies sexuellement transmissibles.
12:02 - D'infertilité ?
12:03 - D'infertilité, oui.
12:04 - Et donc, ça veut dire que pour celles-là, en tout cas, qui auront des problèmes,
12:07 vous avez dit un tiers des femmes, à peu près, qui auront des problèmes de fertilité
12:10 à cause de cette endométriose.
12:11 Toutes celles-là, elles vont être obligées de passer, par exemple,
12:13 par la procréation médicale assistée pour avoir un bébé ?
12:15 - Alors, soit elles passent par certaines opérations pour déboucher les trompes,
12:19 pour enlever des quisses de l'ovaire
12:21 ou pour détruire un peu les petites taches d'endométriose
12:23 qui provoquent également une diminution de la fertilité.
12:25 Ça peut suffire.
12:27 Mais si les trompes sont abîmées ou vraiment complètement bouchées,
12:30 oui, là, la fécondation in vitro va être nécessaire.
12:33 - Alors, professeur, est-ce que l'endométriose peut avoir aussi d'autres effets douloureux
12:37 auxquels on ne penserait pas forcément ?
12:38 Vous dites que tout est un briquet, finalement.
12:40 Donc, sur le système digestif,
12:42 est-ce que ça se présente ?
12:44 Et si oui, de quelle façon ?
12:45 C'est quoi les signes ou symptômes dans ces cas-là ?
12:48 - Alors, effectivement, l'endométriose peut avoir beaucoup de signes.
12:50 Si c'est sur l'intestin, ça peut entraîner parfois des occlusions,
12:53 dans le pire des cas.
12:55 Mais des douleurs pour aller à la selle, quand les matières passent et appuient sur l'endométriose,
12:59 ça fait mal.
13:00 Du sang dans les selles aussi, si l'intestin est atteint.
13:04 Pareil pour la vessie, on peut avoir des douleurs lorsque la vessie est atteinte
13:08 ou voir même du sang dans les urines pendant les règles,
13:11 si la vessie est complètement transfixiée.
13:14 Il peut y avoir des endométrioses au niveau des poumons,
13:16 des douleurs respiratoires.
13:18 Il peut y avoir des endométrioses au niveau cérébral,
13:21 avec des crises d'épilepsie pendant les règles.
13:24 Dans ma carrière, j'ai rencontré pas mal de localisations un peu atypiques,
13:29 même une dans les sinus.
13:31 C'est une femme qui avait des douleurs sinusites terribles pendant les règles,
13:34 avec un saignement du nez.
13:36 Et quand on a cureté le sinus, on a retrouvé de l'endométriose.
13:39 On ne s'y attendait pas, on n'a connu qu'un cas.
13:40 - Mais on avance, un respect pour les hôpitifs.
13:42 La recherche avance, on va éditer de nouveaux traitements
13:45 et on va les prendre de mieux en mieux en charge, toutes ces femmes-là.
13:47 Vous êtes optimiste sur le sujet ?
13:49 - Je suis optimiste, oui, on avance.
13:51 Il y a beaucoup de recherches, depuis qu'on considère cette maladie.
13:54 Il y a quand même une priorité là-dessus.
13:56 - C'est très clair, professeur, vous ne bougez pas.
13:58 On va continuer à parler de l'endométriose et à dompter la douleur
14:01 qui va bien souvent avec, hélas, on l'a compris.
14:04 Il peut y avoir aussi une douleur psychologique,
14:06 car c'est une maladie qui use, vous allez l'entendre.
14:08 On en repart dans quelques minutes, alors restez sur Europe 1.
14:10 - Soyez les bienvenus si vous nous rejoignez sur Europe 1.
14:21 Comment dompter la douleur dans l'endométriose,
14:23 qu'elle soit physique ou psychologique ?
14:25 On fait le point avec le professeur Peter von Theobald,
14:28 médecin gynécologue et auteur du livre "L'endométriose"
14:30 publié chez Erroll.
14:32 Professeur, c'est un aspect indirect de l'endométriose,
14:35 mais l'impact psychologique de cette maladie est souvent dévastateur.
14:40 On a tendance d'ailleurs à le minimiser, cet aspect-là.
14:43 Certaines, on peut le dire, des patientes que vous avez dû aider,
14:46 que vous avez suivies dans votre carrière,
14:47 on peut dire qu'elles ont été vraiment en détresse psychologique.
14:50 Ça peut aller jusque là ?
14:51 - Ça peut aller jusqu'au suicide.
14:52 J'ai des patientes qui se sont suicidées.
14:54 Il faut voir que c'est une douleur chronique.
14:57 Tous les jours, elles ont mal.
14:59 Elles ne peuvent plus travailler.
15:01 Elles n'ont plus envie d'aller voir leurs amis, leur famille.
15:04 Elles ont une image d'elles-mêmes qui est complètement détériorée.
15:08 Elles n'ont plus confiance en elles-mêmes.
15:09 Elles ont des cicatrices partout, parfois des poches
15:12 pour les intestins, etc.
15:14 Elles se désocialisent complètement.
15:17 Elles se recroquevillent sur elles-mêmes.
15:18 Et effectivement, ça entraîne des pressions.
15:21 La dépression entraîne une augmentation des douleurs.
15:23 Et c'est un cercle vicieux.
15:25 - Nous sommes maintenant en ligne avec Léa Zubiria,
15:28 diététicienne, nutritionniste et auteure du livre
15:31 "Endométrio, je trouve enfin la paix".
15:33 C'est publié également chez Hérol.
15:35 Bonjour Léa !
15:36 - Bonjour, merci beaucoup de me donner la parole.
15:38 - Avec plaisir.
15:39 L'envie d'écrire ce livre n'est pas venue évidemment par hasard,
15:42 car vous êtes vous-même atteinte d'endométriose.
15:45 Et chez vous, ça a commencé à l'âge de 24 ans,
15:47 après l'arrêt de votre pilule.
15:48 C'est bien ça.
15:49 Racontez-nous comment ça s'est manifesté ?
15:51 - Oui, tout à fait.
15:52 Moi, comme beaucoup de femmes, je pense,
15:54 je suis tombée sur l'endométriose,
15:56 enfin sur le terme, tout à fait par hasard.
15:59 J'avais environ 24 ans, j'ai arrêté ma pilule.
16:02 Et puis là, effectivement, en quelques mois,
16:04 j'ai eu une dégradation impressionnante de mon état de santé.
16:09 Le lien était fait plus tard.
16:10 Mais en tout cas, à ce moment-là,
16:13 je me souviens avoir vu apparaître des symptômes
16:16 qui étaient cycliques,
16:18 mais difficiles à mettre en lien avec les règles.
16:20 On va dire, moi, j'avais mal au cœur,
16:23 j'avais des sensations d'oppression.
16:24 Je me souviens, j'étais essoufflée,
16:27 j'ai fait un pneumothorax,
16:28 j'avais une petite boule qui m'est poussée sous la peau
16:31 au niveau de l'aine,
16:32 qui me provoquait des difficultés à marcher.
16:34 Et puis, j'étais extrêmement fatiguée.
16:37 Et je pense que c'est effectivement important de le dire
16:39 que l'endométriose n'est pas forcément localisée
16:42 au niveau du ventre.
16:42 Et je crois que c'est ce qui,
16:44 c'est ce qui rend parfois le diagnostic difficile aussi.
16:47 - Et justement, vous, vous l'avez dit,
16:48 votre endométriose, elle s'est développée.
16:49 Donc sur votre thorax, votre diaphragme, votre foie,
16:52 vos organes reproducteurs,
16:53 vous avez subi quatre chirurgies très éprouvantes,
16:55 mais l'endométriose revenait toujours.
16:57 Puis, alors, vous avez entendu parler de thérapie alternative.
17:00 Qu'est-ce qui a changé à ce moment-là ?
17:03 - Alors oui, il faut savoir que
17:06 je crois que ça a été évoqué, la chirurgie,
17:08 dans de nombreux cas, c'est la solution.
17:09 Ce n'est pas toujours la réponse.
17:11 Moi, j'avais des nodules assez mal placés.
17:14 Et qui finalement repoussaient entre guillemets tout le temps.
17:19 Et donc, après plusieurs chirurgies que j'ai fait aussi
17:23 pour essayer en fait de, comment dire,
17:27 cette notion de fertilité aussi avec les chirurgies.
17:30 On espère toujours après les chirurgies
17:32 avoir un pic de la fertilité,
17:33 ce qui n'a pas été le cas.
17:35 Et après tout ça,
17:36 on est arrivé un petit peu au bout
17:37 de ce qu'on pouvait me proposer.
17:38 Donc je suis repartie avec un traitement
17:41 antidouleur à l'époque.
17:42 Et il m'a fallu commencer à trouver des solutions
17:45 un petit peu par moi-même.
17:47 Et là, je suis tombée sur tout un monde
17:49 en fait de thérapies alternatives
17:51 que je décris beaucoup plus dans mon livre.
17:54 J'y parle de l'acupuncture, la sophrologie,
17:56 le yoga, l'hypnose, l'ostéopathie,
17:58 même l'arthérapie.
17:59 - Ça vous a aidé, ça ?
18:00 Ça vous a calmé ?
18:01 - Et ça, ça m'a aidé déjà à diminuer la douleur,
18:05 à mieux vivre avec cette maladie,
18:06 puisque c'est aussi des rencontres
18:08 qui ouvrent la voie de l'acceptation,
18:10 à renouer avec mon corps,
18:11 que finalement j'avais fini par détester,
18:14 puisque d'une part, il me faisait mal,
18:16 et d'autre part, il ne me permettait pas
18:18 de mener à bien une grossesse.
18:21 Donc voilà, ça, ça m'a aidée.
18:23 - Et vous êtes diététicienne, nutritionniste,
18:25 et pour vous, l'un des moyens de lutter
18:27 contre l'endométriose,
18:28 ou au moins de la soulager un peu,
18:30 c'est l'alimentation,
18:31 et particulièrement l'alimentation anti-inflammatoire.
18:34 Est-ce que vous pouvez nous expliquer
18:35 en quoi ça consiste concrètement ?
18:37 Quel type d'aliment il faut favoriser
18:39 ou au contraire éviter ?
18:42 - Oui, alors l'alimentation,
18:44 je le vois des deux côtés en tant que thérapeute,
18:46 mais aussi en tant que patiente.
18:47 C'est vrai que c'est une des armes
18:48 qui est vraiment efficace pour soulager la douleur.
18:52 Donc ça agit sur beaucoup de choses,
18:53 puisque l'endométriose va très souvent
18:55 avec des symptômes digestifs.
18:57 Ça, c'est pareil, c'est un peu marginalisé,
18:58 mais c'est une réalité.
19:00 Il y a une notion de déséquilibre hormonal,
19:01 mais pour en revenir à ce caractère
19:04 anti-inflammatoire, c'est vrai que l'alimentation
19:07 permet, entre guillemets, je simplifie,
19:09 mais d'éteindre un petit peu le feu,
19:11 puisque on sait que certains aliments
19:13 vont pouvoir contrer les mécanismes inflammatoires.
19:15 - Lesquels par exemple, pour nous donner une idée ?
19:17 - Alors lesquels ?
19:19 Je dirais dans les très très grandes lignes
19:21 qu'une alimentation anti-inflammatoire,
19:24 c'est faire la part belle aux fruits et légumes de saison,
19:27 aux fruits et légumes colorés,
19:28 aux produits qui vont être bruts et non transformés.
19:31 On sait que la consommation d'oméga 3
19:33 qu'on retrouve dans les poissons gras,
19:34 les oléagineux, ça a des vertus anti-inflammatoires
19:39 très importantes.
19:40 On va chercher à favoriser les produits complets
19:44 plutôt que les produits raffinés,
19:46 chercher à limiter les produits transformés,
19:48 l'alcool, la caféine, le tabac, le sucre.
19:51 Et on sait aussi, alors c'est un petit peu au cas par cas,
19:54 mais que l'éviction du gluten
19:57 permet une amélioration assez rapide,
20:00 plus ou moins, des symptômes chez 75% des femmes.
20:02 Il y a autant de pistes à explorer.
20:05 - Très bien, merci beaucoup Léa.
20:07 Et donc d'autres conseils de santé à retrouver
20:09 dans votre livre "Endométriose, je trouve enfin la paix"
20:11 paru chez Hérolle.
20:13 Professeur, justement, vous êtes ouvert,
20:15 vous êtes tout à fait pour ces médecines alternatives
20:17 pour les femmes qui souffrent d'endométriose.
20:19 Vous recommandez même l'ostéopathie,
20:21 je crois, en cas de maladie.
20:23 L'idée c'est quoi avec l'ostéopathie,
20:25 d'aller assouplir ce bassin qui est un peu figé, c'est ça ?
20:28 - Je n'appelle pas ça des traitements alternatifs.
20:31 Je suis tellement pour que j'appelle ça des traitements complémentaires.
20:33 Je les propose d'emblée, dès le début.
20:35 Parce que c'est des traitements qui vont aider à traiter la douleur,
20:39 à traiter la contraction musculaire
20:41 et à traiter la cause hormonale de l'endométriose.
20:45 Trop d'oestrogène, qu'on retrouve dans du soja,
20:48 dans pas mal de choses, dans les modificateurs endocriniens,
20:51 les bouteilles plastiques, etc.
20:53 eh bien, aggrave la maladie.
20:55 Donc moi, je les conseille d'emblée.
20:56 Et l'ostéopathie, par exemple, la diététique, c'est fondamental.
20:59 C'est vraiment le premier truc, c'est éviter les hydrates de carbone le plus possible.
21:03 Et l'ostéopathie, c'est extrêmement important
21:06 parce que quand vous avez une douleur dans le ventre,
21:09 vous allez vous contracter autour de cette douleur.
21:12 Et cette contracture des muscles tout autour va s'étendre
21:15 comme une tâche de cire chaude de plus en plus large.
21:19 Et même si vous retirez la douleur par une opération,
21:22 la contraction va rester.
21:23 - Je peux avoir mal au ventre et mal au dos, en fait,
21:25 parce que tout est contracté.
21:26 - Et au début, ça va être une petite zone.
21:28 Et plus la douleur va durer, plus ça va s'étendre.
21:31 Et donc, l'ostéopathie va traiter cette contraction.
21:33 Et certains éléments comme le calcium, le zinc, etc.,
21:36 vont également relâcher le muscle, vont favoriser les choses.
21:39 Et donc, il y a vraiment tout un traitement qui est complémentaire
21:44 et qui doit vraiment être associé dès le départ, à mon avis.
21:46 - Pour vous, ça va avec aussi bien que les antidouleurs,
21:49 que les pilules qu'on peut prestigier,
21:51 ces choses-là sont très importantes.
21:52 - L'idée, c'est de prendre moins d'antidouleurs,
21:54 de prendre moins d'hormones
21:55 et de remplacer une partie par des traitements
21:57 qui sont du bon sens et des traitements sains.
22:00 - Vous avez dit que l'alimentation est très importante,
22:01 elle est fondamentale dans le traitement de la douleur,
22:03 en tout cas, et de l'inflammation.
22:05 Vous avez dit bannir les...
22:09 - Les citrates de carbone, le sucre.
22:10 - Tout ce qui est transformé aussi, c'est ça,
22:11 c'est manger le plus brut possible.
22:13 - Tous les colorants, toutes ces choses-là
22:16 sont également des modificateurs endocriniens.
22:19 - Et peut-être ne pas faire cuire ses viandes trop...
22:21 Je veux dire, il fallait les faire flamber,
22:22 un peu comme au barbecue, tout ça, c'est l'enfer, non ?
22:24 - Oui, griller à la plancha, la plancha, c'est bien.
22:27 - C'est plus doux.
22:28 - Et pas trop de viande quand même.
22:30 - Oui, ça aussi, il faut faire attention.
22:32 - Très bien, merci beaucoup,
22:34 professeur Peter von Theobald,
22:35 d'avoir été avec nous sur Europe 1 depuis 11 heures
22:37 pour parler d'endométriose
22:38 et surtout des moyens de la soigner,
22:40 de traiter la douleur,
22:41 sans oublier aussi celle qui est psychologique,
22:43 on l'a compris, c'est très important.

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