Zaho de Sagazan : "mon rêve, c'est d'écrire un chef d'oeuvre comme Brel ou Barbara"

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A seulement 23 ans, c'est déjà la grande révélation de 2023. Identité : Zaho de Sagazan. Profession : musicienne et chanteuse. Fait d'armes : avoir publié un premier album d'anti-pop électronique capable de séduire aussi bien les fans de Stromae que ceux de Kraftwerk ou Koudlam. De ses débuts à Saint-Nazaire à ses premiers pas sur Instagram en passant par ses obsessions, elle se livre pour Jack, sans complexes, sur la déflagration provoquée par cette merveilleuse "symphonie des éclairs".

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Transcript
00:00 J'avais aucune confiance en moi physiquement.
00:02 Par contre, j'avais une confiance en moi complètement surdimensionnée dans la musique.
00:05 La seule chose où j'avais confiance, c'est qu'un jour, j'écrirais des cheddaurs.
00:10 Mais alors que je savais qu'à l'époque, j'écrivais mal.
00:12 Mais je me disais, un jour, j'écrirais des chansons extraordinaires.
00:29 Mon premier souvenir de musique, un réel souvenir très fort que j'ai, c'est jeune.
00:35 Quand je reviens, il y a le spectacle de ma mère qu'elle faisait avec les enfants qu'elle avait à l'école.
00:41 Il y a « Summertime » de Janis Joplin qui passe.
00:44 Et là, je me dis, j'entends ses premières notes de guitare et je deviens complètement folle.
00:49 Et vraiment, j'ai un souvenir très très fort de ce que ça fait dans mon cœur.
00:52 La musique, moi, en pratique, est venue beaucoup plus tard.
00:55 J'étais vers mes 13 ans, j'étais fan de Tom Odell à l'époque et je le suis encore d'ailleurs.
00:58 Donc ça n'a pas changé.
00:59 J'ai arrêté la danse, ça faisait longtemps que je faisais de la danse.
01:01 Donc j'ai découvert l'ennui, j'ai essayé de trouver l'occupation.
01:04 Et je suis tombée dessus, complètement.
01:07 Sur le piano, un vieux piano qu'on avait à la maison, qui était le piano de ma grand-sœur.
01:11 Complètement désaccordé à côté d'une cheminée, donc vraiment pas fait pour.
01:14 Et je m'y suis mine.
01:16 Et là, tout d'un coup, ça a été pour le coup une révélation.
01:19 Marionnette, on est, et on le reste.
01:23 Marionnette, on est, et on déteste.
01:28 Très vite, j'ai compris que ça allait être un truc important.
01:30 Et je suis devenue obsédée complètement.
01:32 Je ne retournais qu'au piano, tout le temps.
01:34 Je suis passée de la petite fille qui est dans les jupes de sa mère,
01:37 à toujours poser des questions, et tout d'un coup, on ne la voit plus,
01:39 et elle est dans sa pièce froide.
01:40 Après, j'ai découvert la chanson française, donc là, il m'est venu l'obsession des mots.
01:43 Donc un mot délayé encore.
01:44 J'ai découvert Instagram, où je commençais à faire des petites vidéos pour mes potes à l'époque.
01:48 Et du coup, à cette époque-là, on n'avait que 15 secondes pour faire une vidéo.
01:52 Donc du coup, je devais en 15 secondes faire une belle histoire.
01:55 Donc j'ai découvert la notion de refrain, où je devais en 15 secondes raconter un truc.
01:59 Après, j'étais obsédée par mes vidéos Instagram, et en même temps par mes chansons.
02:01 Enfin, j'étais tout le temps obsédée.
02:03 Et je ne pensais qu'à...
02:04 Je mangeais mon goûter, et hop, je courais au piano.
02:07 Et dès qu'on me disait que Zao, il est 23h à te coucher,
02:09 j'étais à la mode, non, je n'ai pas fini ma chanson, c'est du sérieux.
02:13 [Musique]
02:25 Quand j'ai commencé Instagram, j'avais une confiance en moi qui était égale à zéro.
02:29 Donc j'ai toujours eu beaucoup de mal avec mon physique,
02:32 et à cette époque-là, j'étais très loin de penser que ma force, ça serait mon physique.
02:37 Donc déjà, je pense que ça enlève complètement la notion de...
02:40 Juste, je me fais belle et je souris un petit peu, et je fais deux, trois notes.
02:44 Je savais que pour que ce soit intéressant, il faut qu'il y ait une intensité quelque part.
02:47 Par contre, j'avais une confiance en moi complètement surdimensionnée dans la musique.
02:51 La seule chose où j'avais confiance, c'est qu'un jour, j'écrirais des chefs-d'oeuvre.
02:56 Mais alors que je savais qu'à l'époque, j'écrivais mal.
02:58 Mais je me disais, un jour, j'écrirais des chansons extraordinaires.
03:02 En fait, j'ai très vite compris que le seul moyen d'être bon, c'est de le faire.
03:05 Et donc, il y a eu ce côté vraiment de travailler, de continuer.
03:09 Et puis très vite, j'ai vu par Instagram plus qu'un outil pour plaire,
03:12 un outil pour me comprendre et me plaire à moi.
03:15 Là où j'étais pour moi la définition de quelqu'un pas du tout de féminin,
03:19 les yeux qui tombent, j'étais plus ronde, j'étais voix grave et tout.
03:25 Pour moi, j'étais l'opposé du féminin, de ce qui peut plaire aux garçons.
03:29 Du coup, je trouve de la force là-dedans.
03:31 Et tout d'un coup, en me filmant, je remarque que mes yeux, ils sont effectivement un peu durs,
03:36 mais ils percent pas mal l'écran.
03:37 Donc je me dis, attends, je peux peut-être faire un truc avec ce regard-là.
03:39 Plus que de me dire, à la fin, je vais faire une vidéo, tout le monde va me trouver génial.
03:44 J'étais un peu en mode genre, un peu réel dans ma tête.
03:48 Un peu de devenir la star que je voulais être.
03:50 Être riche, ça me fait peur. Je me dis, l'argent, ça rend les gens cons.
03:54 Tout ça, ça me fait peur.
03:55 Par contre, j'avais une obsession, c'est de faire un classique.
03:58 Je veux faire un "Dit qu'on reviendra" de Chou.
04:00 * Extrait de "Dit qu'on reviendra" de Chou *
04:13 Ce qui m'a inspirée, c'est ces gens qui vivent leur truc.
04:17 J'adore le théâtre, j'adore l'acting, etc.
04:20 Et quand j'ai vu Bred, j'ai vu un mec...
04:24 J'aime aussi le côté généreux.
04:26 Il te prend pendant trois minutes et tu as besoin de regarder en boucle,
04:33 parce que tu viens de voir un truc pas possible.
04:35 * Extrait de "Dit qu'on reviendra" de Chou *
04:47 Je me rappelle quand j'ai écouté la chanson "Les bonbons" de Bred.
04:50 Tout d'un coup, Bred m'ouvrait la porte de "On peut faire une chanson avec une voix comme ça".
04:56 "Je vous apporte des bonbons".
04:58 Et je me disais "Mais attends, mais quoi ? On peut faire comme ça ?"
05:00 Et je me disais "Génial !"
05:02 Et tout d'un coup, je me disais "Mais tout est possible, quoi !"
05:04 Les gens qui m'inspirent le plus, c'est ceux qui m'ouvrent toutes les portes de la liberté
05:07 de "Tu peux faire ce que tu veux, quoi".
05:09 * Extrait de "Les bonbons" de Chou *
05:13 Pour expliquer la pochette "La Symphonie des éclairs",
05:15 je pense qu'il faut expliquer mon rapport à l'électronique,
05:17 comment est-ce qu'on y est arrivé, parce que c'est effectivement ça.
05:19 En tout cas, quand j'ai fait cette pochette,
05:21 c'est un besoin de mettre en avant le côté électronique de cet album.
05:23 Le premier pas que j'ai fait dans l'électronique, c'était "Alcoolic Hymne" de Coudlam.
05:27 Un EP, un vinyle que mon père m'a donné quand j'avais 15 ans,
05:31 qui m'a dit, je le dis à chaque fois parce que je trouve ça quand même très drôle d'avoir osé dire ça
05:35 et en même temps d'avoir eu raison.
05:36 "Tiens, je te donne ce vinyle, ça va changer ta vie."
05:38 Donc je prends son vinyle, j'ai dit "Ok, je vais écouter",
05:40 il est toujours un peu "too much", donc je me suis dit "Bon, je vais écouter".
05:42 Il avait raison, le con, parce que ça m'a complètement bouleversée.
05:46 "Alcoolic Hymne"
05:50 Donc petit à petit, j'ai regardé toutes les pochettes que j'adore.
05:57 Je me suis rendu compte que les pochettes de chansons françaises, on s'ennuie à mourir.
06:01 Parce que c'est vraiment juste une belle photo de toi et que moi l'idée d'être belle,
06:04 déjà pour quelqu'un, l'adolescente que j'étais aurait dit "Non, c'est pas vrai, tu n'étais pas du tout comme ça à l'époque".
06:10 Déjà, je suis très inspirée par la musique électronique,
06:12 je trouve que les pochettes de musique électronique sont géniales
06:14 et entre autres, il y a une liberté énorme dans la musique électronique.
06:18 On peut faire n'importe quoi et il y a cette liberté du dessin.
06:22 Et j'aimais l'idée de mettre en avant ce côté modulaire.
06:24 Je trouve que les modulaires qu'on a beaucoup utilisé dans l'album,
06:28 il y a une notion un peu de truc de pilotage, comme dans un vaisseau spatial,
06:35 tu touches des boutons, tu ne sais pas pourquoi, tu es censé savoir mais tu ne sais pas exactement.
06:40 Et j'aimais l'idée que quand on touche des petits boutons modulaires,
06:45 ces petits boutons que j'adore deviennent eux-mêmes des étoiles.
06:50 C'est ça l'idée de la pochette, c'est que je suis en même temps dans un vaisseau spatial,
06:54 on ne sait pas si c'est un vaisseau spatial, si c'est un studio, un homme studio ou quoi que ce soit,
06:58 mais on sait juste que ces petits boutons là deviennent des étoiles.
07:01 Et je trouvais ça très poétique, et j'aime la poésie et j'aime le rêve,
07:05 que je touche des boutons avec mes copains et que je construis un univers avec ça.
07:09 Tout se passe tout doucement, pour arriver plus facilement,
07:17 Auvers, sans noir et isolé.
07:21 Moi je crois que ma plus grande fierté c'est d'avoir fait ça avec mes copains.
07:24 Si cette symphonie des éclairs plaît aux gens et devient une grande symphonie,
07:28 j'aurais fait avec mes trois meilleurs potes, ne tourne qu'avec des copains.
07:32 Je crois qu'il y a vraiment cette notion de famille, moi j'ai une grande passion pour l'amitié,
07:36 je connais pas l'amour, mais par contre l'amitié je la connais très bien.
07:39 On se fait tous confiance et je crois que c'est surtout ça dont je suis très fière.
07:42 C'est de faire un truc beau mais avec des gens bien aussi.
07:44 Moi j'ai un puissant besoin d'être aimé par tout le monde,
07:47 quand je rarrive dans une pièce avec les gens,
07:49 là tu sais que tout le monde, il y a des gens qui vont te connaître avant même que t'arrives,
07:52 c'est un truc très bizarre, j'y suis pas encore, je vais voir, on se revoit plus tard,
07:56 si ça marche, je suis pas sûre de lui, très bien,
07:59 mais en même temps si j'étais vraiment en contre la faim, je ferais pas d'interview.
08:03 Ce qui est terrible c'est que mon rêve de faire un classique va forcément dans le même sens
08:06 que d'être connue et c'est ça qui me plaît un peu moins.
08:09 [Musique]

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