François Ruffin, député LFI de la Somme, était jeudi 13 avril l’invité du 8h30 franceinfo.
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00:00 de l'économie Bruno Le Maire vient d'écrire aux grands industriels alimentaires pour qu'ils répercutent sur les prix, les baisses des coûts
00:05 constatées dans les transports, dans l'énergie depuis le début de l'année. Il a raison de leur mettre la pression ?
00:10 C'est vraiment rigolo Bruno Le Maire. C'est vraiment rigolo. À un moment, il lance des numéros verts tous azimuts.
00:16 Ensuite, on a Bruno demande aux industriels ou à Total. Maintenant, on a Bruno Le Maire écrit des courriers.
00:23 Il écrit des courriers aux industriels. Alors là, on sent que ça va trembler dans les guibolles.
00:28 — Mais ça se traduit à chaque fois par des réactions. — Ça se traduit par rien du tout derrière.
00:30 — Pour Total, par exemple, ça s'est traduit par une réaction. — Alors vous voulez qu'on revienne sur le débat total ?
00:35 — Non, non, non. Mais parlons des gens industriels d'abord. — Mais je vous dis... Quand il s'agit de dire aux Français
00:40 de travailler 2 ans de plus, est-ce que M. Bruno Le Maire envoie un courrier en français en leur disant
00:44 « Ça serait sympa de travailler 2 ans de plus ». Non, c'est bizarre. Là, on passe par la loi, on passe par des règles.
00:49 — Qu'est-ce qu'il devrait faire ? — Qu'est-ce qu'il devrait faire ? Il y a des choses qui ont... La première chose,
00:52 c'est indexer les salaires sur l'inflation. Les Français doivent vivre de leur travail.
00:56 — Vous savez qu'à chaque fois que vous ressortez cette proposition, on vous rappelle que c'est la gauche qui l'a mis en place
01:01 et supprimée sous Mitterrand. — Qui a été mise en place par Antoine Pinet, un homme de droite. Donc vous voyez, il n'y a pas de...
01:05 — Et remis en place par Antoine Mitterrand, un homme de gauche. — Et qui existe en Belgique...
01:08 — Et supprimée par le même. — ...et qui existe au Luxembourg.
01:10 — Mais vous connaissez le contre-argument. Vous savez que ça crée une spirale impressionniste.
01:14 — Alors là, c'est formidable, parce que regardez. Ça, c'est le contre-argument de Bruno Le Maire, justement,
01:18 qui est finalement en ce moment le plus mauvais économiste de France. Bon. Quand on regarde la BCE, elle s'est réunie pendant une semaine
01:26 dans un igloo en Finlande, dans un petit village, en séminaire, en se demandant qu'est-ce qui se passe.
01:30 On a en ce moment de l'inflation... Il n'y a pas de salaire qui augmente. Il y a un problème. Et ils s'en sont arrivés au fait que
01:36 ce qu'on dit depuis longtemps, il y a aujourd'hui une boucle prix-bénéfice. C'est les marges des entreprises qui augmentent
01:43 pendant ce temps-là. L'Insee vient de chiffrer ça et estime qu'un tiers de l'inflation est due aujourd'hui à l'augmentation
01:49 des marges des entreprises. — Donc vous faites le même constat que Bruno Le Maire. Et donc lui, c'est pour ça qu'il a écrit
01:52 aux grands industriels en disant « Baissez vos prix ». — Alors premièrement, je vous dis indexation des salaires sur l'inflation.
01:57 Il n'y a pas de raison que ça soit la femme des ménages, que ça soit l'auxiliaire de vie, que ça soit le cariste, que ça soit
02:01 le municipaliste pensionnaire qui voit leurs salaires augmenter deux fois moins vite que les prix, parce que c'est ce qui se passe
02:06 aujourd'hui. La deuxième chose, c'est qu'il faut des règles. Moi, je crois pas à un marché libre et tout ça. Il y a des règles.
02:12 Il y a des règles qui ont existé sur les prix agricoles et sur les prix de l'agroalimentaire, qu'on a détruits. Moi, je me suis bagarré
02:19 pendant le président Madras sur les États généraux de l'alimentation pour qu'on remette ça en veneur. Il y a eu les quotas de production,
02:24 il y a eu les prix planchers, les prix plafonds. Et il y avait un truc qui s'appelait le coefficient multiplicateur.
02:28 Le coefficient multiplicateur, c'est à partir du moment où vous achetez par exemple 1 € à un paysan, eh ben ça peut pas être vendu
02:35 en supermarché plus de 2 €. Et vous avez comme ça un coefficient multiplicateur sur l'ensemble de la filière. Eh ben, M. Bruno Le Maire,
02:42 à la place d'écrire des courriers pour demander aux industriels très gentiment de baisser leurs profits, on verra que l'effet, à la fin,
02:49 il sera marginal. Ils feront un petit truc pour être gentils. Ils feront l'aumône. Bon, OK. Mais au-delà de ça, qu'est-ce qu'il faut ?
02:56 Il nous faut imposer des règles. La question aujourd'hui... — Et la règle, c'est quoi ? C'est le blocage des prix ?
02:59 — Mais non. Le blocage des prix est une réponse temporaire. — Si vous bloquez les prix demain dans les rayons des supermarchés,
03:06 vous bloquez les revenus des agriculteurs aussi. On est d'accord. — Non. Parce que les revenus des agriculteurs...
03:10 — Encore même, vous les baissez. — Non, non. C'est pas vrai. Bon, c'est... Aujourd'hui, les revenus des agriculteurs,
03:14 ils ont augmenté, eux, grâce à la crise en Ukraine. Maintenant, c'est comment on rétablit la chaîne de valeur.
03:21 Où est-ce qu'on met de la valeur ? Aujourd'hui, c'est pas les agriculteurs qui captent la valeur. Ce sont les industriels.
03:26 C'est même pas la grande distribution. Si je veux dédouaner quelqu'un, il semble qu'à l'arrivée, c'est pas la grande distribution
03:30 qui se gave là-dessus. C'est l'industrie agroalimentaire. Donc il faut rétablir des règles dans la chaîne de valeur.
03:35 Et vous savez, c'est le vrai choix qui est posé là, le vrai choix qui est posé aux Français, qui devrait être posé aux Français
03:41 pour la suite. C'est est-ce qu'on pense qu'il faut un marché libre, une concurrence libre et non faussée, où il s'agit pas
03:47 de sortir du capitalisme, là, mais se demander s'il faut pas de régulation du marché, de l'encadrement du marché,
03:52 et ça sur plein de sujets. Sur le sujet du logement, sur le sujet de l'énergie, comment ça se fait qu'on a du prix de l'électricité
03:58 qui bondit dans tous les sens. Et bien ça, c'est un prix...
04:00 — Là, ça se joue au niveau européen. — Mais oui, mais c'est un prix qui mérite d'être encadré, d'être régulé aussi,
04:03 et pas d'être laissé au libre cours du marché. Et je pense que c'est le vrai choix qui est posé aux Français.
04:07 Et tous les jours où M. Bruno Le Maire envoie des courriers aux industriels, c'est tous les jours où il ne nous permet pas
04:12 d'opérer un vrai choix pour notre pays.