INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, CHATGPT : LE MONSTRE QUI VA NOUS DÉVORER _

  • l’année dernière
Allons-nous finir par être mangés par la grande, méchante intelligence artificielle ? Depuis le phénomène ChatGPT, faits et fantasmes se bousculent à la Une des médias et nous promettent souvent le pire. Si nous ne réagissons pas vite, c’en sera fini de nos emplois.

La vérité deviendra bientôt indissociable du mensonge, avec les images générées par les intelligences artificielle. Si on n’y prend pas garde, les Chinois et les Américains se serviront de l’intelligence artificielle pour en finir avec nous, notre souveraineté, nos économies, voire nos libertés. Les patrons des grosses firmes de la Silicon Valley, disent des choses contradictoires au sujet de l’intelligence artificielle. Et bien entendu, leurs intérêts financiers et stratégiques ne sont jamais bien loin.

Pour démêler le vrai du faux, nous avons voulu inviter sur ce plateau Jean-Baptiste Kempf. Que nous appelons au Média “le startuppeur qui ne voulait pas être riche”. Editeur de VLC, le logiciel français le plus téléchargé au monde, défenseur acharné de l’opensource et des libertés numériques, il nous a semblé l’interlocuteur idéal pour évoquer ce sujet.

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Transcript
00:00 Guillaume Gralet, vous avez un meilleur ami, nouveau meilleur ami en ce moment.
00:04 Oui, vous savez que je suis un petit peu, peut-être un peu trop sociable, on va le voir.
00:07 Et effectivement, en ce moment, je passe beaucoup de temps à parler avec un logiciel qui s'appelle "ChatGPT".
00:13 À ta place, tes profs ou ton boss vont me détester pour t'avoir montré cette astuce.
00:18 Cette vidéo n'est qu'un exemple des multiples posts sur les réseaux sociaux
00:23 où les étudiants s'incitent eux-mêmes à utiliser une intelligence artificielle pour faire leur devoir.
00:28 Ce programme informatique se présente comme ça.
00:31 Il est en libre accès sur Internet et totalement gratuit.
00:34 En fait, c'est un chat, sauf que vous ne parlez pas avec une personne physique,
00:38 mais vous parlez avec une intelligence artificielle.
00:41 L'intelligence artificielle peut-elle un jour remplacer le cerveau humain ?
00:45 Jusqu'où des logiciels comme "ChatGPT" peuvent-ils bouleverser notre quotidien ?
00:50 Faut-il se réjouir ou en avoir peur ?
00:56 Allons-nous finir par être tous mangés par la grande, par la méchante intelligence artificielle ?
01:02 Depuis le phénomène "ChatGPT", faits et fantasmes se bousculent à la une des médias
01:08 et nous promettent souvent le pire.
01:10 Si nous ne réagissons pas vite, ça en sera fini de nos emplois.
01:14 La vérité sera bientôt indissociable du mensonge,
01:17 avec les images générées par les intelligences artificielles.
01:21 Et si on n'y prend pas garde, les Chinois et les Américains se serviront de l'intelligence artificielle
01:26 pour en finir avec nous, notre souveraineté, nos économies, voire nos libertés.
01:31 Les patrons des grosses firmes de la Silicon Valley disent des choses contradictoires
01:36 au sujet de l'intelligence artificielle.
01:38 Et bien entendu, leurs intérêts financiers et stratégiques ne sont jamais bien loin.
01:43 Pour démêler le vrai du faux, j'ai voulu inviter sur ce plateau Jean-Baptiste Kempf,
01:48 que nous appelons au Média, le "startupper" qui ne voulait pas être riche.
01:52 Éditeur de VLC, le logiciel français le plus téléchargé au monde,
01:56 défenseur acharné de l'open source et des libertés numériques,
02:00 il nous a semblé l'interlocuteur idéal pour évoquer ce sujet.
02:04 Bonjour Jean-Baptiste. – Salut.
02:07 – Alors, est-ce que nous sommes en face d'une révolution, comme le dit Bill Gates,
02:12 au sujet de l'intelligence artificielle ?
02:14 Ce n'est pas maintenant qu'elle arrive, mais avec le buzz de la DPT,
02:19 on nous dit qu'il y a une accélération, est-ce que c'est vrai ?
02:23 – Oui c'est vrai, il y a eu un changement sur la dernière année,
02:27 qui est un changement très important.
02:29 Ce qui est étonnant, c'est qu'il n'y a pas beaucoup de changements techniques.
02:32 C'est-à-dire que tout ça, notamment tout ce qu'on appelle l'IA générative,
02:36 basée sur des transformers et des LM, ça fait quelques années qu'on a là.
02:41 En fait, le nom des technologies qu'il y a derrière,
02:43 puisque en fait autour de l'intelligence artificielle, on parle de plein de choses.
02:47 À la base, ce qu'on appelait intelligence artificielle
02:50 et tout ce qui a été machine learning,
02:52 c'est le travail de tout ce qui a été les réseaux de neurones,
02:55 les réseaux de neurones récursifs, profonds, les transformers et les LM,
03:01 qui donnent en fait, mid-journée ou tchad GPT.
03:03 Toutes ces technologies, le gros changement de l'intelligence artificielle,
03:07 vraiment scientifique, il y a dix ans, c'est juste qu'aujourd'hui,
03:11 on a des applications qui parlent aux gens.
03:14 C'est-à-dire que là, tchad GPT, c'est utilisable et ça donne des résultats
03:17 qui sont entre le pas mal et le bluffant.
03:21 – Arrêtons-nous quand même sur tchad GPT,
03:24 beaucoup de gens en ont entendu parler, d'autres un peu moins,
03:27 c'est quoi et pourquoi ça bluffe ?
03:30 – En fait, tchad GPT, c'est ce qu'on appelle l'IA générative,
03:35 qui fait du texte-to-texte.
03:36 C'est-à-dire que je lui demande quelque chose,
03:38 je lui raconte ce qu'on appelle un prompt, une phrase ou deux,
03:43 et lui, il va améliorer le prompt, il va rajouter les choses
03:46 et tu vas pouvoir le guider.
03:48 Donc tu vas pouvoir lui demander "raconte-moi une blague",
03:50 il va te raconter une blague et là tu vas lui dire
03:52 "raconte-moi une blague avec un pêcheur, un poisson et un homme politique".
03:56 Et donc là, il va commencer, en fait tu vas un peu le guider
03:59 et donc il va te fabriquer un texte.
04:03 – Non mais ce n'est pas de la magie, comment il le fabrique ?
04:04 En se servant de tout le contenu qu'il a aspiré
04:08 et qui lui permet d'aller chercher par-ci par-là ?
04:12 – Quand tu utilises ton téléphone et que tu envoies des textes, un SMS,
04:15 souvent en fait, tu as des petits mots à côté.
04:17 C'est ce qu'on appelle en fait de la suggestion, c'est le T9 suggestif.
04:21 Tchad GPT, c'est la même chose, sauf qu'au lieu d'avoir appris
04:25 sur juste tous tes SMS que tu as envoyés sur ton téléphone,
04:28 il fait ça sur l'intégralité des connaissances humaines
04:32 qui sont disponibles sur Internet.
04:34 Donc il a crôlé l'intégralité du web en 2021
04:39 et donc il est capable d'apprendre.
04:41 Et donc notamment, tu vas pouvoir lui demander de faire des résumés.
04:46 Donc voilà, je te donne toutes ces informations,
04:47 fais-moi quelque chose de plus court.
04:49 Tu vas pouvoir lui demander de faire des exposés,
04:51 c'est-à-dire tu lui dis "raconte-moi une blague"
04:53 et en fait il va trouver une blague.
04:55 Tu vas pouvoir lui dire "voilà ce code source informatique,
05:00 donne-moi le commentaire qui va avec"
05:02 parce qu'en fait il en a déjà vu, il s'est habitué.
05:06 Mais ça n'est vraiment que ce qu'on appelle des chaînes de Markov,
05:09 c'est-à-dire très évoluées, mais il connaît le contexte
05:13 et il va prédire les mots d'après.
05:15 Mais donc, tu vois, c'est comme quand sur ton téléphone
05:18 tu dis "salut, tu vas ?" et il te dit "bien".
05:19 Sauf que là, il a fait ça avec des milliards d'informations,
05:24 on n'est même plus dans le milliard,
05:26 on est dans du milliard de milliards d'informations
05:27 et donc il est capable de donner du contexte.
05:30 Mais ça veut dire qu'il va te raconter n'importe quoi
05:34 avec le même aplomb que quelque chose de vrai.
05:36 - Mais est-ce qu'on peut dire qu'il est intelligent ?
05:39 - Non, il n'y a pas d'intelligence.
05:40 - L'intelligence artificielle est toujours bête ?
05:42 - Ce n'est pas bête ou pas bête, ce n'est que de l'algorithme.
05:45 C'est-à-dire que l'intelligence artificielle
05:47 se base sur ce qu'elle a appris.
05:49 Donc si par exemple la moitié des humains,
05:54 90% des humains, te disent que 2+2=5
05:57 et que c'est partout sur Internet,
05:59 il va te dire 2+2=5.
06:01 C'est-à-dire qu'il a eu un certain nombre d'entrées,
06:04 qu'il a ingérées, c'est comme si…
06:05 T'imagines que c'est quelqu'un qui a lu l'intégralité d'Internet
06:08 et qui est capable de tout souvenir.
06:11 Donc à chaque fois que tu vas lui dire…
06:13 Regarde, je vais te faire un exemple.
06:15 Si jamais je demande à Chad JPT, théophile du Média,
06:18 a été ministre de quel ministère,
06:22 il va mettre un truc.
06:24 Mais parce qu'en fait je l'ai aiguillé là-dessus
06:27 et puis en fait il va regarder partout,
06:29 il a vu "théophile le Média", un ministre,
06:31 et il va remplir là.
06:32 Et ça n'a aucun sens.
06:33 Et si tu lui demandes quel est le métier de théophile,
06:35 il va dire "je journaliste au Média".
06:36 Donc en fait, il ne fait que du contexte.
06:40 C'est-à-dire qu'il ressort des mots dans un contexte
06:41 en fonction du contexte que tu lui as donné.
06:43 – En gros Google.
06:44 – Non, pas Google,
06:45 puisque Google en fait il lui fait une recherche très simple.
06:48 Là il est capable de rajouter, de remplir les blancs.
06:51 Donc il va beaucoup plus loin que Google.
06:53 Mais résultat, Google quand il ne sait pas,
06:55 il dit "je n'ai pas trouvé de réponse".
06:56 Dans le Tchatchépété, il va dire "oui, je sais".
06:58 – Donc au risque de se tromper.
07:00 Alors, je voudrais qu'on parle aussi…
07:01 – Donc ça n'est pas de l'intelligence, attention.
07:04 En tout cas pour Tchatchépété.
07:05 Par contre, ça a énormément d'utilisation,
07:07 c'est tout à fait utile.
07:08 Tu peux l'utiliser pour faire de la traduction.
07:11 Et ça marche très bien.
07:12 – On va parler de Mide Journée aussi,
07:15 qui a fait le buzz, notamment avec ses images
07:17 du pape en doublon, etc.
07:18 – Donc moi, évidemment, je suis un homme de l'image,
07:20 je suis absolument fan de Mide Journée.
07:22 – C'est quoi Mide Journée ?
07:23 – Mide Journée c'est la même chose,
07:24 c'est que tu lui demandes de dessiner quelque chose.
07:27 Donc tu lui dis "dessine-moi un mouton".
07:30 Là, tu lui dis "en fait, je veux que tu me dessines un mouton,
07:32 je veux que le mouton soit rouge,
07:34 que derrière il y ait une lune bleue,
07:36 et je veux que tu me le dessines à la manière de Dali".
07:40 Et il va te le faire parce qu'il a appris énormément d'images,
07:44 il a eu beaucoup de métadonnées sur chacune de ses images,
07:48 et donc il va essayer de se rapprocher de ce qu'il veut faire.
07:50 Mais même chose, il arrive et il est plus ou moins précis.
07:54 Et quand tu vas lui demander autre chose,
07:55 il va faire quelque chose de différent.
07:57 – Et donc la question avec Mide Journée,
08:01 c'est la question de la vérité du mensonge, et on y reviendra.
08:04 Mais de manière plus concernante pour chacun d'entre nous,
08:10 est-ce que ces outils d'intelligence artificielle
08:13 vont nous piquer notre job ?
08:15 Et à quelle vitesse ?
08:16 Parce que c'est un peu la peur qui est agitée,
08:18 je ne sais pas si elle est si légitime que cela.
08:21 – Oui et non, et c'est toujours pareil.
08:24 De la même façon que quand on a eu l'électricité,
08:27 on n'est pas allé non plus trop se plaindre aux marchands de bougies.
08:30 De la même façon que quand on a eu l'informatique partout,
08:34 on a moins de secrétaires qui tapent à la machinée à écrire.
08:38 Ceci étant dit, d'abord, un, les métiers évoluent,
08:41 et deux, ce n'est pas de la magie.
08:43 Donc par exemple, l'exemple très simple c'est Mide Journée.
08:45 Mide Journée V4, régulièrement quand tu lui demandais
08:48 de générer des gens, ils avaient six doigts.
08:50 Et il va avoir plein de choses comme ça.
08:53 Et donc en fait, ton retoucheur photo, il a besoin de l'éditer en fait, la photo.
08:57 Donc ce sont des outils qui vont être mis au disposition de,
09:01 ce que je vais appeler des professions intellectuelles,
09:05 un dessinateur, un traducteur, etc.
09:08 Et cela va leur permettre de faire une base.
09:09 C'est juste qu'ils vont être beaucoup plus efficaces.
09:11 Mais à la fin, il y aura toujours une patte,
09:12 il y aura toujours un truc, il y aura toujours un contresens.
09:16 Chad Gpt, il va te raconter n'importe quoi
09:19 en disant que toi tu es ministre de l'économie.
09:23 Il faut, il t'aura toujours besoin d'un fact-check.
09:26 Par contre, ce qui est vraiment très bien, c'est que la difficulté,
09:29 notamment quand tu démarres avec tes illustrateurs
09:31 pour repartir sur Mide Journée, c'est l'angoisse de la page blanche.
09:33 Et là, tu diras, attends, je veux une illustration avec un phare
09:38 et je veux un bateau.
09:38 Puis après, tu vas le modifier.
09:39 Mais au moins, ça va te faire une partie du travail.
09:42 Donc ça va faire évoluer énormément de boulot.
09:45 C'est évident.
09:46 Ça va énormément faire des métiers où on aura beaucoup plus de productivité.
09:52 Mais les gens vont se reconvertir, vont faire autre chose.
09:55 Et il y aura toujours besoin d'une patte humaine pour avoir de la qualité.
10:00 – Alors, OK, on a compris Chad Gpt et Mide Journée.
10:05 Ce que je comprends, c'est que ce genre de technologie
10:09 va augmenter très fortement la productivité.
10:12 C'est-à-dire ce qu'on faisait peut-être en 3 heures,
10:14 on le fera en 30 minutes.
10:16 – Tout à fait.
10:17 – Et donc, ça veut dire que ce que 10 personnes faisaient,
10:19 une personne le fera.
10:21 – Tout à fait.
10:22 – Donc, il y a des raisons de craindre pour,
10:24 pas les emplois individuels en tant que tels,
10:26 mais pour le marché de l'emploi.
10:28 – Non, parce que finalement, c'est ce qui s'est passé
10:29 dans toutes les révolutions, dans toute l'évolution industrielle,
10:35 puis informatique.
10:36 On aura… juste, on va produire plus.
10:39 Et en fait, moi, à mon avis, c'est qu'on te dit,
10:43 non, mais en fait, on est plus efficace,
10:45 donc on pourrait passer aux 35 heures,
10:46 puis aux 32 heures, puis aux 28 heures.
10:48 Et sauf que ce qu'on voit, c'est juste qu'on produit plus,
10:50 on fabrique plus, on fait encore plus de n'importe quoi.
10:53 C'est vrai.
10:53 En tout cas, la société pousse à faire ça.
10:56 Et donc, un illustrateur, avant, il faisait 3 heures par image,
11:01 il va faire ça en 30 minutes.
11:02 Très bien.
11:02 Mais sauf qu'au lieu de faire une illustration, il en fera 10.
11:05 Et la plupart des métiers ne seront pas changés.
11:11 Tu as besoin de traducteur, tu auras toujours besoin de traducteur.
11:13 Juste en une demi-heure, tu auras une qualité de traduction
11:16 que tu aurais en 3 heures.
11:18 Et comme aujourd'hui, de toute façon, on pousse tout à l'efficacité maximale,
11:22 c'est juste qu'on va avoir plus de qualité et on fera plus de choses.
11:25 – Mais nous sommes en pleine révolte contre la réforme des retraites.
11:29 La question du rapport de force entre capital et travail se pose.
11:33 Et d'une certaine manière, comme la productivité s'est beaucoup améliorée
11:38 en France, ce qui n'a pas forcément fait suivre les salaires,
11:44 l'augmentation de la productivité, globalement, dans la lutte des classes,
11:47 profite au capital plutôt qu'au travail.
11:49 – D'abord, c'est tout à fait vrai.
11:52 Mais en fait, ça a été vrai rien que le passage à l'informatique.
11:56 On a vu qu'un des problèmes principaux d'Internet,
11:59 c'est qu'on pensait que l'Internet allait permettre à tout le monde
12:01 de produire et accéder à la connaissance.
12:04 Et ce qu'on voit, c'est que ça a fait plus de milliardaires
12:07 et plus de concentrations de richesse qu'on n'en a jamais eues.
12:10 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le nombre de milliardaires
12:11 qui sont au-delà de 100 milliards est incroyable,
12:13 alors qu'avant, il y en avait un sur la planète et on en parlait pendant 20 ans.
12:18 Donc, l'intelligence artificielle n'est pas différente.
12:21 – On reste dans le même paradigme.
12:22 – C'est le même, il n'y a pas de changement majeur.
12:25 Après, effectivement, si tu parles de société, oui, il y a un vrai problème
12:29 qui est que l'augmentation de productivité jusque dans les années 70
12:33 allait avec l'évolution des salaires et qu'à partir des années 70,
12:36 on a un vrai décrochage entre l'augmentation de la productivité
12:39 et l'augmentation des salaires.
12:40 Et l'intelligence artificielle, et en tout cas la partie générative,
12:44 ne change rien à ça, elle peut le concentrer.
12:46 Moi, ce dont j'ai peur, effectivement, c'est que ce soit concentré
12:49 auprès de certaines entreprises.
12:52 Et là, on a un vrai problème avec chaque GPT.
12:54 C'est que, donc, on a eu cette entreprise qui s'appelait Open AI,
12:57 donc Intelligence Artificielle Ouverte.
13:00 Et donc, c'est un peu la blague, c'est comme la République ouverte
13:04 et libre et démocratique de Corée, quoi.
13:07 Enfin, les gens qui sont obligés de...
13:09 - De Corée du Nord.
13:10 - De Corée du Nord, qui sont obligés de dire qu'ils sont ouverts,
13:12 qu'ils sont open.
13:13 À un moment, il y avait Orange en France,
13:15 qui nous avait fait l'open internet by Orange,
13:17 où tu avais la moitié d'internet, tu n'avais pas accès.
13:19 C'est obligé de dire que tu es open, ça ne sent pas bon.
13:21 Et d'ailleurs, c'est effectivement...
13:22 Donc, ils étaient une association, loi 1901, l'équivalent,
13:26 comme Vidéolan, et puis tout d'un coup, ils se sont rendus compte
13:28 et ils sont passés, c'est une entreprise...
13:29 - Comme Wikipédia.
13:30 - Comme Wikipédia.
13:32 Et maintenant, c'est une boîte, tout ce qui est plus capitalistique,
13:35 qui vaut maintenant des fortunes et qui s'est complètement détourné
13:39 de sa mission originelle, ou en tout cas de ce qu'ils avaient vendu
13:43 à l'origine en disant "on va être une fondation".
13:46 - Mais quelque part, il y a aussi, peut-être pas un problème juridique,
13:51 mais un problème moral au fait d'aspirer des données
13:53 qui ne sont pas à vous et d'en tirer bénéfice.
13:55 - Alors là, effectivement, et c'est beaucoup plus visible
13:57 que ce qu'a fait Google.
13:59 Google, en fait, gagne de l'argent en aspirant le contenu de ton site.
14:02 - En indexant.
14:03 - Oui, mais c'est quoi la différence ?
14:05 Pour indexer, il faut aspirer.
14:06 - Parce qu'a priori, Google ramène vers ton site web à toi,
14:10 alors que tu as TP.
14:11 - Mais c'est moins vrai qu'avant.
14:12 Regarde maintenant, quand tu tapes sur un truc sur Google,
14:14 tu as l'encard de Wikipédia dans Google.
14:16 Résultat, tu ne vas plus sur Wikipédia.
14:18 Tu tapes la météo, tu as la météo là-dessus.
14:22 Donc, tu ne vas plus sur météo.com ou météofrance.com.
14:26 Google a fait le même truc.
14:29 Ils ont commencé, c'était vraiment que de l'indexation.
14:30 Puis, tu cliques et maintenant, il y a plus en plus…
14:32 Tu cherches des trucs de cinéma, Google te donne les…
14:35 - Mais ce phénomène-là va être radicalisé.
14:37 Il est radicalisé maintenant par…
14:39 - C'est sûr, c'est juste que là, c'est à l'extrême et tu le vois.
14:41 Pour moi, il y a deux problèmes.
14:42 Il y a le premier problème qui est…
14:46 Il ne partage pas assez la richesse aux gens qu'on crée.
14:49 Ça va donner que certaines personnes vont vouloir arrêter de se faire indexer.
14:54 Et l'autre problème, c'est qu'à partir du moment
14:56 où tu génères tout par intelligence artificielle,
14:58 combien est-ce que tu lui apportes de la nouvelle connaissance ?
15:01 Puisqu'il ne crée rien.
15:04 C'est un énorme mixeur du passé et des données qu'il a indexées.
15:08 Il le fait très bien très vite, mais ça reste…
15:11 Il n'invente rien.
15:13 Donc là, il y a plusieurs sujets.
15:15 Et c'est pour ça que tu auras toujours besoin d'illustrateurs.
15:18 Il va falloir un peu gérer des choses
15:21 pour que ces intelligences artificielles fonctionnent.
15:24 Donc, bon, ça, c'est la question…
15:27 Cette question-là, je voudrais qu'on évoque également
15:30 la question, disons, de la course des firmes de la Silicon Valley,
15:35 donc des grosses firmes américaines, à l'intelligence artificielle.
15:40 C'est ces firmes, en fait, qui ont connu leurs heures de gloire
15:43 à la fin du XXe siècle, au début du XXIe,
15:45 qui essayent de se réinventer.
15:48 On pense à Microsoft, à Google, à Facebook, etc.
15:52 et à Twitter.
15:55 Quelques-unes d'entre elles se sont lancées dedans.
15:58 Bill Gates, le patron historique de Microsoft,
16:01 considère que c'est l'avenir et mise tout là-dessus.
16:05 Elon Musk, le patron de Twitter et d'autres grosses boîtes,
16:10 il est plus réticent.
16:12 Est-ce que c'est une bonne nouvelle qu'il se jette
16:15 sur l'intelligence artificielle ?
16:16 Qu'est-ce qu'ils veulent en faire ?
16:17 Et pourquoi, par exemple, certains sont plus pessimistes que d'autres ?
16:21 - Alors, ça, c'est deux questions différentes.
16:24 Google est en train de changer sa stratégie en interne très, très rapidement.
16:28 Ils ont quasiment raté le virage.
16:30 Facebook est en train de faire aussi un énorme virage là-dessus.
16:33 Microsoft a été les premiers et ont été capables d'intégrer ça très, très vite.
16:38 Notamment, ça va être dans quasiment tous les produits Office,
16:40 tout Outlook, où tu vas avoir vraiment directement une liaison générative.
16:45 - Ça va changer quoi, par exemple ?
16:47 - Traduire, faire des résumés.
16:50 - Tu vas rester, comment dire, dans l'enveloppe, par exemple ?
16:53 - Ça veut dire que tu commences, tu ouvres un fichier, un document texte,
16:56 et tu ne sais pas comment c'est.
16:58 Et là, tu dis, fais-moi un rapport sur ce sujet, ce sujet, ce sujet-là.
17:01 Et là, ça te produit tes cinq premières pages.
17:04 Alors après, tu vas modifier, mais c'est juste que déjà,
17:06 tu n'as plus ta page blanche.
17:08 Adobe a montré avec leur projet qui s'appelle Firefly.
17:11 Ils arrivent, ils disent, dessine-moi un tigre qui soit comme ça, comme ça.
17:15 Et après, c'est intégré dans Photoshop, tu peux l'éditer,
17:17 tu peux faire vraiment tout ce que tu veux.
17:19 Donc, oui, il y en a qui ont un peu raté le coche, mais tout le monde s'y met.
17:23 Google, en fait, et Facebook étaient ceux qui avaient les meilleurs chercheurs
17:29 en théorie de l'intelligence artificielle,
17:32 notamment quelques Français très connus qui sont là-bas.
17:35 Mais c'est OpenAI qui s'est alliée avec Microsoft
17:38 qui a réussi vraiment à productiser le premier.
17:41 Google a fait son Google Bard et a fait justement un lancement en France.
17:45 La démo a été une catastrophe.
17:48 Ce qui est une mauvaise nouvelle, c'est que là, on a eu GPT-3, on a eu GPT-4.
17:53 À chaque fois, de chaque génération, tu as un ordre de grandeur de plus de complexité.
17:58 Et ça veut dire qu'aujourd'hui, pour entraîner un GPT-4,
18:01 ça coûte un dixième de tranche nucléaire.
18:05 Donc, ça veut dire que ça coûte cher.
18:09 Ce n'est pas toi et moi qui allons aller…
18:12 - Donc, c'est déjà mort. Ils ont déjà gagné, en gros, par exemple.
18:15 On peut dire que Bill Gates avec Microsoft…
18:17 - Ils n'ont pas gagné parce que justement, la bataille, elle arrive.
18:20 Sur les quelques prochaines années, tu te réveilles dans trois ans, c'est mort.
18:26 Et notamment parce qu'il faut commencer par indexer.
18:29 Et là, eux, ils ont indexé le web de 2021.
18:32 - Ils indexent dans des grandes…
18:34 - C'est des quantités astronomiques d'informations.
18:37 - Des gros disques durs.
18:41 - Mais surtout, plein d'ordinateurs avec des cartes graphiques
18:44 puisque la plupart de cette indexation de machine learning est faite par des cartes graphiques.
18:48 Ça coûte très cher en achat de matériel, en CAPEX.
18:51 C'est donc assez compliqué.
18:53 - C'est pas super écolo non plus.
18:54 - C'est une catastrophe.
18:56 C'est sûr que…
18:58 Donc, voilà. Donc, ça, ce n'est pas une bonne nouvelle.
19:00 C'est que ces gens-là ont énormément d'argent,
19:04 donc vont être capables d'être les premiers,
19:06 ou en tout cas, et même ceux qui ont un peu raté l'étape,
19:09 vont mettre des sommes monstrueuses.
19:11 - Il n'y aura pas le Wikipédia de l'intelligence artificielle.
19:14 Il n'y aura pas, disons, l'open source de l'intelligence artificielle.
19:18 On peut déjà dire de ça.
19:20 - Ça va être compliqué.
19:22 En fait, il faudrait faire un open AI.
19:25 Et c'est un peu ce que dit Elon Musk.
19:27 Donc, ça me fait un peu mal d'être d'accord avec lui.
19:29 Mais bon, qui est de dire, en fait, c'est pas bien.
19:34 C'est un bien qui doit être un bien quasiment commun.
19:37 Et ce n'est pas bien que ce soit…
19:39 - Privatisé.
19:40 - Privatisé par quelques personnes.
19:41 - Dans la mesure où, effectivement, ce sont des données qu'ils n'ont pas produites.
19:43 C'est quand même important.
19:44 - C'est sûr que ce sont des données qu'ils n'ont pas produites.
19:46 Mais il faut quand même savoir qu'il y a un travail absolument hallucinant
19:51 de nettoyage d'informations.
19:52 Je m'explique.
19:53 Imagine que toi et moi, là maintenant, on trouve un milliard d'euros par terre.
19:56 Imaginons.
19:57 Et là, on se met à aspirer tout le web de façon durable,
20:02 avec des data centers qui fonctionnent à l'énergie nucléaire.
20:05 OK, pas de problème.
20:06 Toi, ça se fait en France.
20:07 On va avoir un modèle de données, la chat GPT, qu'on appellera MediaGPT.
20:12 Et MediaGPT, il ne va pas être incroyable.
20:15 - Il existera à une coopérative.
20:16 - Non, mais surtout, il ne va pas être incroyable.
20:18 Ensuite, il va falloir avoir des centaines et des milliers de petites mains
20:21 qui ont nettoyé.
20:22 Et donc, c'est ce qui a été fait sur chat GPT,
20:24 notamment avec pas mal de gens aux États-Unis et en Afrique, si je ne me trompe pas.
20:30 - Au Kenya, notamment.
20:31 - Au Kenya, notamment, exactement.
20:32 Et donc, qui ont nettoyé pour dire, ah non, là, c'est incohérent.
20:36 Et ce travail-là, le problème, c'est qu'il est difficile à reproduire.
20:39 Et que chaque génération de GPT, en fait, entraîne et aide à l'entraînement de la suivante.
20:47 - Au Kenya, il y a eu même des scandales autour de l'exploitation des travailleurs et des travailleuses.
20:53 - Alors, je suis sûr que les travailleurs qui sont les ouvriers du numérique, je veux dire,
20:57 alors, ce n'est pas du travail à la chaîne en usine qui te casse le dos,
21:00 mais ce n'est pas des métiers agréables.
21:02 Et d'ailleurs, on en parle très, très peu,
21:04 mais il y a beaucoup de gens…
21:06 - Il y a de la modération aussi de contenus violents.
21:08 - Bien sûr, les ouvriers de la donnée, on n'appelle pas ça des ouvriers de la donnée,
21:12 mais ce sont des métiers qui sont horribles.
21:14 On en a parlé un peu à un moment quand c'était la modération sur Facebook,
21:17 mais là, quand tu dois modérer les quantités monstreuses d'informations,
21:21 ce n'est pas très agréable.
21:23 - Ranger aussi, ranger, modérer, assiduer, nettoyer.
21:26 - Là, on n'est pas dans le ranger, on est plutôt dans l'aiguillage
21:29 pour savoir si c'est vrai ou faux,
21:30 pour éviter que justement, ils te fassent un humain à sept doigts.
21:33 Donc le problème, c'est qu'ils ont pris une avance qui est quand même importante
21:37 et qui va être difficile à rattraper.
21:39 Et plus on se réveille tard, plus ça va être long à rattraper.
21:42 - Justement, arrivons au sujet un peu clé, au sujet qui suscite le plus de passion,
21:47 c'est la guerre géopolitique que peut…
21:50 - Ah ben là, il faut se réveiller, on est déjà en retard.
21:52 - Que peut ou qu'a déjà engagé…
21:55 - La partie dont tu parlais, qui est un peu de la manipulation de masse,
21:59 en fait, j'ai envie de dire, c'est bien.
22:01 Je suis assez content, parce que ça y est,
22:03 les gens vont commencer à se remettre à douter de l'information qu'on leur envoie.
22:08 Ça, c'est bien.
22:09 Avant, c'est juste que tu faisais ça à coup de photomontage sur Photoshop,
22:13 j'étais capable de faire déjà les mêmes photos de Macron
22:17 en train d'allumer des poubelles ou du pape en doudoune Balenciaga,
22:22 j'étais déjà capable de les faire sous Photoshop.
22:24 Juste là, au lieu d'y passer quelques heures, ça me prend 20 secondes et ça ne me fatigue pas.
22:28 - Et donc, il y a une sorte de submersion.
22:30 - Et donc là, ça veut dire que la production d'une n'importe quoi
22:35 et donc de la propagande va être maintenant à la main de tout le monde, normalement.
22:41 - La propagande et le brouillage aussi,
22:43 c'est-à-dire qu'envahir les gens, les noyer sous plein de fonds, il faut qu'on continue.
22:47 - C'est une façon de faire de la propagande.
22:49 En sécurité informatique, on te parle de vraiment te faire hacker,
22:53 mais une des façons de ne pas te hacker, c'est juste de te submerger d'informations
22:56 pour que tu ne vois rien.
22:59 Les gens, bon, ok, ça va être dur quelques années,
23:01 mais dans 5 ans, la plupart des gens auront compris que la plupart des choses qu'ils voient,
23:04 ils ne sont pas sûrs, il faut les vérifier à la source.
23:06 Donc il va y avoir peut-être enfin un vrai retravail vers les journalistes,
23:09 vers des gens qui ont une connaissance et surtout une vérification.
23:14 Donc ça, ce n'est pas trop ce qui me gêne,
23:16 au parti d'estabiliser des régimes avec des fausses images.
23:19 Non, ça, je n'y crois pas.
23:21 Par contre, c'est vrai, c'est que là, on a un risque, en fait,
23:23 que les États-Unis et les Chinois gagnent un ordre de grandeur de technologies
23:31 qui ne seront pas disponibles aux autres.
23:33 Déjà, on a bien vu les GAFAM, on n'a pas d'équivalent en Europe ou presque pas.
23:37 Et donc, ils vont encore continuer à concentrer de la richesse encore plus.
23:42 Donc, on va avoir encore une problématique de distribution des richesses mondiales
23:45 qui va être aux mains de très peu de personnes qui vont être de plus en plus riches
23:49 et qui vont avoir tendance à garder et voire à réinvestir cet argent
23:52 pour les rendre encore de plus en plus riches.
23:54 Et on va être de plus en plus dépendants de ces pays,
23:56 et donc de leur bon vouloir.
23:59 – Au-delà, justement, de la richesse des personnes,
24:02 c'est aussi la liberté et l'indépendance des nations qui est en jeu.
24:05 – Alors pour moi, là, il y a un vrai sujet, il y a un vrai sujet,
24:08 notamment de vie privée.
24:10 Moi, je l'ai déjà dit, par exemple, les entreprises françaises
24:15 qui utilisent le cloud de Google et d'Amazon, ce sont des débiles profonds.
24:19 Je veux dire, ce n'est pas nouveau.
24:22 Quand tu es dans une boîte industrielle importante,
24:26 ça veut dire que les agences américaines, quand elles en ont besoin,
24:30 vont aller regarder tes données.
24:33 Et elles ne font pas ça juste pour des questions géopolitiques,
24:36 elles le font aussi pour des questions de politique industrielle.
24:40 Et je pense que, notamment, c'est de nous arriver sur l'histoire de sous-marins
24:43 ou l'histoire d'avions, on a perdu des contrats,
24:45 parce que les Américains ne se gênent pas.
24:48 Là, qu'est-ce qui va se passer ?
24:50 C'est que quand tu vas avoir besoin que ton chat GPT apprenne…
24:56 – Ton chat GPT privé, oui.
24:58 – Voilà, exactement.
24:59 Tu vas vouloir, je ne sais pas, on va prendre quoi,
25:01 tes Airbus, tu veux que… tu as un process,
25:04 tu as une façon de faire des présentations internes, des rapports,
25:06 tu veux que chat GPT le fasse, qu'est-ce que tu vas faire ?
25:10 Tu vas donner toutes tes informations, de l'intégralité de tes documents,
25:13 de l'intégralité de ta boîte à une entreprise américaine
25:16 qui va, à ce moment-là, indexer l'intégralité de tes informations.
25:19 Moi, ça me semble complètement suicidaire de faire ça,
25:23 alors que tu as envie d'avoir un média GPT qui soit, en tout cas,
25:27 s'il n'est pas souverain, au moins, qui soit au stable en France,
25:31 et tu vérifies que les données, en fait, elles restent un peu chez toi.
25:35 Et ça, je pense qu'il faut se réveiller vite, voire on est un peu en retard.
25:39 – Mais est-ce que, quelque part, l'Europe, par exemple, ou l'Afrique, l'Asie,
25:45 enfin l'Asie hors Chine, qui ne sont même pas parvenus
25:49 à créer des équivalents de GAFAM, est-ce que c'est déjà peine perdue
25:54 sur l'intelligence artificielle ? – Non, je ne pense pas.
25:57 – Ou alors c'est une nouvelle bataille qui remet tout à zéro ?
26:01 – Juste, en fait, les GAFAM, on ne s'en est pas méfié,
26:04 parce qu'on ne s'est pas rendu compte que ça allait être aussi important.
26:07 Au début, Google, c'était un moteur de recherche,
26:10 jusqu'à 2005-2006, c'était une grosse boîte tech,
26:13 ça n'a pas eu le shift aussi important qu'on a eu après.
26:18 Je rappelle, Apple, c'est quand même une boîte qui est morte deux fois,
26:21 et maintenant, c'est la plus grosse capitalisation boursière au monde.
26:25 Donc, on aurait pu dire qu'on n'était pas au courant,
26:28 on n'était pas au courant des start-up.
26:30 Aujourd'hui, en France, en Allemagne, en Angleterre,
26:32 on sait qu'il faut faire des start-up,
26:34 on sait qu'il faut investir dans des entreprises tech.
26:37 Donc, il y a un vrai changement de mindset qui a été opéré sur les dix dernières années,
26:41 qui fait qu'on n'est plus aussi naïf qu'avant.
26:44 Donc, je ne pense pas que ce soit trop tard, mais par contre,
26:46 il faut y aller et il faut le faire à notre sauce rapidement.
26:50 – Mais est-ce qu'on peut interdire l'indexation, par exemple, qui est la base…
26:53 – Impossible, c'est impossible, c'est absolument impossible.
26:57 Pour moi, j'ai entendu deux choses qui me semblent complètement délirantes,
27:01 l'interdiction de l'indexation, un, deux, le moratoire, on va arrêter ça.
27:06 D'abord, le plus simple, c'est on va interdire ça, on va faire des moratoires.
27:10 Ce n'est pas possible, c'est comme si vous interdisiez les maths.
27:13 Ça n'arrivera pas.
27:15 La seule chose que vous allez faire, c'est accumuler du retard.
27:17 C'est trop tard, les technologies…
27:19 – Donc, en gros, c'est juste une course vers l'innovation ?
27:21 – Ah ouais, là, tu es obligé.
27:23 La technologie de base de chat GPT, elle est simple,
27:26 elle est à la portée de tout le monde aujourd'hui.
27:28 Il y a le projet de Facebook qui s'appelle Yamalama, il est dispo, c'est utilisable.
27:34 Tu peux le faire tourner sur des ordinateurs.
27:36 Donc, à un moment, tu fais quoi ? Tu attends combien de temps ?
27:40 C'est trop tard, quoi.
27:42 Ça, la techno, elle est dehors, elle est inarrêtable.
27:44 Voilà, c'est comme dire je vais être contre l'électricité.
27:46 Non, c'est fini.
27:47 Maintenant, la deuxième question, elle est, qu'est-ce que nous, on va en faire ?
27:52 Est-ce qu'on est capable de le faire ?
27:54 Et comment on le fait pour que, justement, on puisse éviter que toutes nos données
27:59 partent intégralement aux États-Unis et en Chine, qui vont indexer les données ?
28:03 Mais là, pareil, tu vois, tu n'as jamais réussi à empêcher Google d'indexer ton contenu.
28:07 Si ton contenu était disponible pour un humain,
28:10 il va être disponible pour une intelligence artificielle.
28:13 De toute façon, sinon, tu dis, j'arrête Internet.
28:16 Donc, aujourd'hui, tu ne peux pas, à partir du moment où tu as des humains qui peuvent y aller,
28:21 tu ne peux pas interdire à des robots d'aller indexer Internet.
28:24 – Est-ce que, d'un point de vue purement utopique, on peut imaginer que l'Europe,
28:30 pour se dissocier de la Chine et des États-Unis, crée un chat GPT, mais collaboratif ?
28:36 – Tout à fait, c'est ce que je te disais, c'est qu'en fait…
28:38 – Un Wikipédia ou un Vidéoland…
28:42 – C'est ce que je te disais, c'est un média GPT,
28:44 c'est un moteur d'intelligence artificielle générative
28:51 qui soit open source, géré par une fondation,
28:54 et dans lequel tu es une certaine indexation,
28:56 qui soit partagée à l'ensemble des gens, au plus grand nombre,
29:00 pour que tu puisses, toi, le customiser pour tes besoins personnels.
29:03 Et ça, oui, ça, je pense que c'est quelque chose qui est faisable,
29:06 et qui même doit être fait, par contre, je ne pense pas que nos hommes politiques
29:08 soient suffisamment intelligents pour le faire.
29:10 Ou alors, ils sont trop liés aux gros intérêts capitalistiques pour vouloir le faire.
29:16 – Alors là, c'est à toi et à nos viewers de juger,
29:20 moi je pense qu'ils sont juste nuls, toi tu dis que… je ne sais pas.
29:25 Moi je pense qu'ils sont nuls, ils sont incompétents,
29:27 ils ne comprennent rien, ils n'ont jamais rien compris,
29:29 on a des ministres du travail qui n'ont jamais travaillé de leur vie…
29:33 – Non, mais il y a quand même des raisons d'être pessimistes,
29:35 dans la mesure où il n'y a même pas de moteur de recherche européen,
29:39 on a vu Quant et ses échecs, Quant qui était censé être le moteur de recherche français.
29:44 – Mais ce n'était pas la même chose, c'était que là, en fait, ton moteur de recherche,
29:48 tu t'en servais pour indexer Internet, pour aller sur d'autres sites,
29:51 là c'est quelque chose que tu vas avoir dans l'intégralité de tes métiers,
29:55 c'est-à-dire que l'intelligence artificielle, ça va être partout, partout, partout,
30:00 ça va être quand tu es là en train de gérer la caméra
30:04 pour pouvoir faire du recadrage automatique,
30:06 ça va être là quand tu vas rédiger tes e-mails, ça va être là quand tu vas faire tes rapports,
30:12 ça va être là quand tu vas faire de la traduction, ça va être là partout,
30:16 et ça va être intégré dans tous les autres produits,
30:18 donc c'est beaucoup plus important qu'un moteur de recherche.
30:20 – Mais les intelligences artificielles, dans le chemin qu'elles prennent,
30:24 elles vont être extrêmement centralisées, ça veut dire qu'on saura tout sur tout le monde, non ?
30:28 D'une certaine manière, c'est-à-dire, dès lors que mon Google,
30:32 ou bien les logiciels d'utilisation quotidienne seront dans une sorte d'interaction permanente…
30:38 – Tout à fait, exactement, donc c'est très important d'avoir des moteurs
30:41 qui soient ouverts, open source, et/ou souverains au sens large de la souveraineté,
30:46 et d'avoir des logiciels open source, où tu sais que tes données,
30:49 elles ne partent pas à gauche, à droite, ça va être d'autant plus clé,
30:53 parce qu'évidemment, mais bon, aujourd'hui, les gens passent leur temps
30:57 à parler à leur espion favori qui s'appelle leur téléphone, et ils le font bien.
31:01 – Mais c'est l'inverse quand même du web décentralisé, cette histoire ?
31:04 – Eh bien, oui, oui, je veux dire oui, c'est sûr, c'est que là en fait…
31:08 – C'est une dystopie, là où le web décentralisé est une autopie, on a l'impression que…
31:13 – Mais d'un autre côté, si tu te le dis, que tu fais un entraînement
31:17 d'intelligence artificielle commune, en mettant des ressources en commun,
31:21 européennes par exemple, ou avec des gens qui devraient être nos amis,
31:24 comme les Coréens ou les Japonais, qui se retrouvent un petit peu
31:27 dans la même situation que nous, entre la Chine et les États-Unis,
31:31 tu fais un entraînement commun, et après tu partages juste la base,
31:35 et après chacun fait son logiciel en utilisant la même base de données,
31:39 le même moteur, mais chacun l'héberge et l'utilise de sa façon qu'il le souhaite,
31:44 de façon complètement distribuée.
31:45 – Ce dont tu parles, ça n'existe pas encore ?
31:47 – Ce dont je parle, ça n'existe pas encore, c'est ce que je te disais tout à l'heure,
31:49 Open, Open AI ou Média GPT.
31:51 – Donc, merci beaucoup.
31:53 – Mais quand même, il ne faut pas avoir peur, parce que la peur ne sert à rien,
32:00 la seule chose qu'il ne faut pas faire, c'est être timoré et se faire submerger,
32:05 c'est un peu ce que dit Elon Musk, il dit que l'intelligence artificielle,
32:09 en tout cas, doit être faite par une fondation, doit être faite quelque chose
32:12 qui doit être partagée pour éviter qu'il y ait quelques personnes qui l'ont,
32:15 mais tu ne pourras pas arrêter ces quelques personnes.
32:18 Et l'exemple typique, ça a été la GDPR, la GDPR qui était là pour emmerder
32:23 Google, Facebook, RGPD, donc là, les cookies, etc.
32:28 – Le règlement des données européens.
32:32 – La seule chose que ça a fait, c'est que Google et Facebook,
32:35 ils se sont adaptés très très vite, et ça a fait une barrière à entrer
32:38 pour tous les autres, c'est-à-dire qu'en essayant de réguler mal,
32:41 en comprenant assez peu ce qu'on fait, on fait des choses
32:43 où en fait, on renforce encore les gaffes.
32:45 Or, aujourd'hui, il faut réagir.
32:47 – Réagir en offrant à l'humanité entière.
32:49 – Mais tout à fait, en partageant de la connaissance.
32:51 – De s'approprier.
32:52 – Tout à fait, en partageant de la connaissance, on a les gens compétents
32:56 en Europe, on a des gens qui sont capables de faire du logiciel libre,
33:00 on a des gens qui sont capables de faire des maths,
33:03 on est capable de le faire, il faut vraiment décider, et oui, ça va coûter cher.
33:07 On ne va pas négocier, ça va coûter très cher, mais moins cher que d'avoir
33:14 l'intégralité de tout ce qui passe par Google, Microsoft, Bing et JPD.
33:20 – Et les Chinois ?
33:22 – Et les Chinois, c'est très difficile de savoir,
33:27 parce que même pour des gens qui sont très intéressés,
33:31 il est très difficile de suivre les évolutions de la technologie chinoise
33:36 à cause des barrières de la langue.
33:38 Ce sont les seuls au monde, avec les Japonais,
33:42 qui font encore de la technologie dans leur langue.
33:44 Tout le monde fait de la technologie aujourd'hui en anglais.
33:47 Eux continuent à produire de la science et de la technologie en anglais.

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