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Dans la deuxième heure de son émission consacrée à la culture, Philippe Vandel reçoit chaque jour un invité.
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NewsTranscription
00:00 - On continue en média jusqu'à 11h avec votre invité Philippe Vendel, vous recevez Frédéric Bec-Bédé.
00:03 - Bonjour Frédéric Bec-Bédé. - Bonjour Philippe Vendel.
00:06 - Romancier, auteur de romans traduits dans le monde entier, j'ai cité "99 francs" ou "L'amour dure 3 ans"
00:10 qui sont devenus des films, journaliste, chroniqueur au Figaro, président du prix de flore, figure du tout Paris littéraire.
00:15 Je vais le redire, vous avez été classé en 2014 l'homme le plus influent de Saint-Germain-des-Prés.
00:19 Voilà pour le côté lumineux.
00:21 Pour le côté sombre, parce qu'il en est beaucoup question dans votre nouveau livre,
00:24 il y a la drogue, les addictions de toutes sortes, le sexe, les polémiques, les amis qui qu'on vous reproche, Gabriel Maznev et autres,
00:30 et une maison taguée avec des insultes.
00:32 Vous racontez tout cela dans ce récit "Confession d'un hétérosexuel légèrement dépassé", c'est chez Alba Michel.
00:39 Je vais commencer par le récit.
00:41 Votre maison dans le sud-ouest que vous découvrez taguée un matin de 2018.
00:45 Votre petite fille vous demande qui a fait ça, si ce sont des méchants, vous répondez "non c'est juste une blague".
00:49 Heureusement elle ne sait pas lire.
00:51 Je vous lis "ma maison et ma voiture sont couvertes d'insultes roses,
00:54 le mur blanc de mon domicile basque est tagué de graffiti, me traitant de violeur et de salaud".
01:00 Pour quelle raison ? Qu'est-ce qui vous a valu ceci ?
01:03 - Alors c'est la question à laquelle j'essaie de répondre dans le livre, j'en sais rien.
01:07 On ne sait pas pourquoi des gens font des attaques nocturnes au domicile privé de quelqu'un.
01:13 - Vous le présentez, vous présentez cette pétition.
01:15 - Il y a sur les inscriptions, il y en a une avec le chiffre 343.
01:19 Donc je me suis dit oui c'est peut-être cette pétition qui était une pétition contre la pénalisation des clients de prostituées.
01:26 - C'est mieux que ça, c'était la pétition auto-proclamée des 343 salauds,
01:31 qui faisait référence à la pétition des 343 salopes,
01:34 qui avait manifesté en faveur de l'avortement en son temps,
01:37 et c'était contre la pénalisation des clients.
01:41 - Oui parce que bon voilà, je pensais qu'en démocratie on pouvait avoir des discussions sur les lois,
01:47 bon on voit que c'est visiblement une naïveté de ma part, y compris en ce moment.
01:53 - Quel était l'argument ? Pourquoi vous aviez signé cette pétition ?
01:56 - J'avais signé cette pétition parce que je ne suis pas abolitionniste,
02:02 je crois que c'est utopique de dire qu'on va abolir la prostitution.
02:06 Malheureusement, c'est triste mais on n'y arrive jamais,
02:10 et donc dans les pays les plus libertaires, on essaie de la réglementer plutôt que de l'abolir.
02:18 Et je crois que c'est plus raisonnable d'être comme ça.
02:20 Mais encore une fois, cet avis ne concerne que moi,
02:23 ne vous énervez pas, ne revenez pas taguer ma maison,
02:25 parce qu'en fait je m'en fous un peu de cette question.
02:28 - Qu'est devenue cette loi ?
02:29 - Je crois qu'elle n'est pas tellement appliquée, mais enfin qu'elle est promulguée, elle existe.
02:35 Si vous allez donner de l'argent à une dame contre un service sexuel,
02:41 vous risquez 1500 euros d'amende.
02:43 Ce qui est bête, puisque déjà vous dépensez bêtement votre argent en faisant ça,
02:48 donc en plus on va vous ajouter une amende.
02:51 Mais bon voilà, ce n'est pas un combat.
02:55 - J'ai compris, vous n'avez pas porté plainte ?
02:58 - Comment ?
02:58 - Vous avez porté plainte ou vous n'avez pas porté plainte ?
03:00 - Si, j'ai porté plainte pour le tagage de ma maison bien sûr au commissariat.
03:03 - C'est la même question que pour la loi, qu'est devenue cette plainte ?
03:05 - Personne n'a été retrouvé.
03:07 Ce qui est intéressant sur cette loi,
03:10 c'est que Médecins du Monde et le syndicat des travailleuses du sexe sont contre.
03:16 Donc ils sont d'accord avec moi pour dire qu'elle est contre-productive,
03:18 qu'elle n'a fait qu'aggraver la situation des travailleuses du sexe.
03:22 C'est le bilan qu'on peut en tirer.
03:25 - Vous êtes quelqu'un d'extrêmement cultivé, Frédéric Bédé,
03:27 vous connaissez le mot de champ fort,
03:28 la calomnie est une guêpe contre laquelle il ne faut faire aucun mouvement.
03:31 Pourquoi avoir décidé de parler de ce sujet et d'autres,
03:35 d'en faire un livre et même d'en faire le premier chapitre du livre ?
03:38 - Alors, ce n'est pas du courage, c'est de l'inconscience.
03:41 C'est-à-dire que moi je pensais qu'on pouvait parler librement,
03:44 voilà, je suis un homme, je désire les femmes, je suis hétérosexuel,
03:49 je pensais qu'on pouvait parler de cette question.
03:51 Virginie Despentes le fait dans "Cher connard" très brillamment.
03:55 - Quand vous dites "je pensais", vous vous situez à quel moment ?
03:57 - Je ne sais pas, j'ai commencé à écrire ce livre il y a quelques années,
04:03 ça fait longtemps que j'ai envie d'analyser ce livre.
04:07 - Parce que l'événement date de 2018.
04:08 - Oui, voilà.
04:09 Là, j'ai voulu faire des confessions au sens Saint-Augustin, Rousseau du terme,
04:16 c'est-à-dire essayer d'analyser qui je suis, de me présenter humblement
04:20 et d'analyser mon rapport aux femmes.
04:24 Et je m'aperçois que quand on fait ça, aujourd'hui on est confronté à des réactions complètement délirantes.
04:30 - Et c'est exponentiel, puisque quand vous faites de la promo,
04:32 ensuite des gens reprennent votre texte dans la promo et on refond d'autres interventions.
04:37 - Oui, je pense. Donc ça explique pourquoi ce livre est un des premiers sur ce sujet.
04:41 Il n'y a pas eu de livre auparavant, simplement, comme c'est dans "Les bronzés font du ski",
04:46 vous savez, pourquoi, je ne sais pas ce qui me retient de faire ça, ben la peur.
04:50 - Les gens ont la trouille, je pense que les hommes ont la trouille de parler de ce sujet-là.
04:54 - Ça parle de ces sujets-là, ça parle de cocaïne, vous parliez de Saint-Augustin,
04:58 ça parle d'une retraite dans un monastère, ça parle même de stages dans les troupes de marine,
05:02 ça parle surtout de Frédéric Beigbeder.
05:04 - Culture Média continue sur Europe 1.
05:06 - Vous écoutez Culture Média sur Europe 1 avec Philippe Vandelle
05:09 et votre invité, Philippe Frédéric Beigbeder et son nouveau livre.
05:13 - "Confessions d'un hétérosexuel légèrement déplacé",
05:17 - Non, pas déplacé, son nouveau livre n'est pas un roman, c'est un récit,
05:21 vous tendez parfois le bâton pour vous faire battre quand vous écrivez qu'il y a en France 70 millions de victimes,
05:25 vous savez très bien qu'on ne peut pas comparer les unes et les autres.
05:28 - Non, il y a des hiérarchies bien sûr, mais en même temps,
05:31 j'essaie de dire que la compétition victimaire est un peu une absurdité
05:35 et que ça ne donne pas forcément des bons livres non plus.
05:38 Moi je parle plus de littérature puisque c'est mon métier de critique littéraire.
05:42 - Ah, vous parlez de vous quand même, vous dites "critiquer le mâle blanc hétéro de plus de 50 ans,
05:46 c'est être raciste 4 fois".
05:48 - J'ai pas choisi d'être un homme, j'ai pas choisi d'être blanc,
05:52 j'ai pas choisi d'être né en 1965,
05:56 ça fait 3, et donc c'est toutes ces choses que j'ai pas choisi sur lesquelles on me critique.
06:01 Mais j'y peux rien moi en fait, mâle blanc hétéro.
06:03 - Mais en quoi c'est être raciste ?
06:05 - Je pense qu'il y a quelque chose, disons de juger quelqu'un sur son être,
06:09 sur son essence, plutôt que sur ses choix, sur ses décisions.
06:14 Je préfère qu'on me dit critique sur mon travail, que sur tout ce que je n'ai pas décidé.
06:20 - Alors vous revenez aussi sur les ravages de la cocaïne,
06:22 et pour quelle raison ? Parce que tout le monde sait que c'est pas bien.
06:25 - C'est l'Obs qui m'a demandé, et donc finalement au début je voulais pas...
06:30 - Oui c'est la fameuse couverture de l'Obs qui dit "j'arrête".
06:32 - Et ça m'a amené à une introspection, j'aime beaucoup "La fêlure" de Fitzgerald,
06:37 qui est un texte qu'il avait fait pour Esquire quand il avait 40 ans,
06:41 et à un moment il parlait de son alcoolisme, moi je me suis dit
06:45 "tiens, c'est l'occasion de raconter ça, comment on rencontre le produit,
06:50 ce qui se passe quand on en prend, comment on devient dépendant".
06:55 - Et comment on le glamourise, parce que c'est ça qui est très intéressant dans votre personnage.
06:59 Vous écrivez ceci au premier étage des bains, c'est une boîte de nuit,
07:01 on pouvait croiser Hubert Boukhobsa, c'était le patron, Robert De Niro,
07:04 Jack Nicholson et Roman Polonsky, en grande conversation avec des mannequins
07:08 autour de traces de poudreuses. Ces célébrités luttaient contre leur isolement,
07:12 et à 20 ans, je m'identifiais à elles, je cherchais une forme de fraternité chimique.
07:17 Je n'y songe pas sans une boule au ventre en réalisant que peut-être plus tard,
07:21 d'autres couillons se sont identifiés à moi.
07:23 - C'est possible, oui, c'est une de mes nombreuses culpabilités,
07:28 et la fraternité c'est vraiment le sujet central de ce livre,
07:33 c'est-à-dire que c'est vraiment l'histoire d'un égoïste cynique des années 80
07:38 qui cherche une chaleur humaine.
07:41 - Vous l'êtes toujours cynique ou non ?
07:43 Parce que vous dites des choses très justes, très profondes, très vraies sur la cocaïne,
07:47 et puis tout d'un coup vous dites 10 pages plus loin,
07:49 "c'est pourquoi je suis favorable à la légalisation,
07:52 une fois dépénalisé et servi sur ordonnance médicale,
07:55 la cocaïne sera aussi pitoyable qu'un picon bière",
07:58 donc on est sur le terrain de brancher ou pas brancher,
08:00 vous le pensez ou c'est de la provoque ?
08:02 - Je pense que la drogue est en train de devenir ringarde,
08:06 et que donc il faut arrêter de la glamouriser en l'interdisant,
08:11 que l'interdiction participe de cette espèce d'effet fascinant.
08:17 Oui, je pense qu'il y a des expériences qui sont faites, notamment au Canada,
08:22 de légalisation des drogues dures,
08:25 et en fait ça marche assez bien,
08:27 c'est vraiment une toute petite, infime catégorie de toxicomanes,
08:32 qui vont se fournir et qui sont surveillés par la police,
08:37 et peut-être soignés.
08:39 - Écoutez, je vais vous dire, on se connaît depuis des années,
08:41 et je n'arrive pas à savoir si vous pensez ce que vous dites,
08:43 ou si vous faites de la provoque.
08:44 - Non, non, mais en fait souvent je m'exprime sur des sujets,
08:47 d'abord sur lesquels je ne connais rien,
08:49 et en plus j'aime bien prendre le contre-pied.
08:52 - C'est l'esprit de contradiction.
08:54 - C'est exactement le sens de ma question,
08:55 parce que ce qui est très touchant dans ce livre,
08:57 c'est que alors qu'on vous a connu ne faisant que des contre-pieds,
09:00 vous étiez un peu le Zidane de la dialectique,
09:03 tout d'un coup là vous êtes la balle du plat du pied en ligne droite.
09:06 Et donc c'est pour ça qu'on est étonné.
09:08 - Non, mais c'est-à-dire que j'essaie d'analyser qui je suis,
09:11 à un certain âge, maintenant, voilà,
09:13 je ne vais pas écrire encore énormément de livres,
09:15 donc il faut que ce soit d'une sincérité totale.
09:17 Donc je raconte qui je suis, d'où je viens, de quel milieu,
09:21 dans quelle éducation j'ai grandi,
09:23 et c'est exactement ce que faisait Jean-Jacques Rousseau.
09:27 Moi j'aime bien qu'à un moment dans la vie,
09:29 un livre dise "la vérité d'un homme".
09:32 - Moi aussi.
09:33 - Ce que dit Rousseau, c'est ça, je...
09:34 - J'ai compris.
09:35 - "Montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de sa nature,
09:38 et cette honte ce sera moi."
09:39 - Mais dans ce livre, pour l'avoir lu,
09:40 ce n'est pas un rebranche que je vous fais,
09:41 c'est la vérité d'un homme,
09:42 avec plein de petits morceaux de Provoque dedans.
09:45 - Ah, je ne peux pas me corriger complètement,
09:47 j'essaie de me déconstruire, mais ça prendra encore quelques temps.
09:50 - La parabole du scorpion.
09:51 Vous racontez aussi la retraite dans un monastère,
09:53 pourquoi y être allé ?
09:55 - Pourquoi y être allé, là aussi,
09:58 c'était d'abord un projet littéraire avec d'autres auteurs,
10:02 on est allé tous dans une abbaye qui s'appelle La Grâce,
10:04 qui est un endroit du 8e siècle absolument somptueux,
10:08 enfin somptueux non, très austère mais très beau.
10:11 - J'ai mal posé ma question, il faut répondre de manière très courte,
10:14 parce qu'on marque une pause à cet instant.
10:16 Vous êtes allé, genre dans l'optique, rendez-vous en terre inconnue,
10:20 Jean-Edouard Balladur découvre le métro,
10:22 où vous êtes allé pour retrouver vos racines ?
10:25 - Réponse 1 puis 2.
10:28 Réponse courte, BigBD c'est faire ça aussi.
10:31 FuturMédia continue.