• l’année dernière
La sortie d'une nouvelle adaptation ambitieuse des 3 Mousquetaires signe-t-elle le grand retour du cinéma d'aventure populaire français ?
Pourquoi la France a-t-elle autant de difficulté à faire exister ces genres cinématographiques, ainsi que la SF, le fantastique et l'horreur ?
Pourquoi exploite-t-elle si peu ou si mal ce patrimoine et sa propre
culture populaire ?

Avec POPulaire, Bolchegeek décrypte tous les mois pour l'Humanité ce que la culture pop a dans le ventre, et ce qu’elle dit de notre monde. Ciné, BD, séries, bouquins ou jeux vidéo, en convoquant Graeber, Lordon, Pif et Naruto, ça foisonne dans ses vidéos. Ça geeke aussi, ça marxise, et ça disperse façon puzzle !

Une émission écrite et présentée par Benjamin Patinaud et Kate
Image : Le Fils de Pub
Montage : Ace Modey
Musique : 2080
Générique : Copain du Web
Production : Kathleen Brun
Miniature : Boidin

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Amusant
Transcription
00:00 Le chevalier de Pardaillac, d'après le roman de Charles-André de Pontillac de l'accord
00:06 des milices françaises.
00:07 Elle a fière allure cette armée !
00:09 Cocorico, cette année signera-t-elle le grand retour du cinéma d'aventure populaire français.
00:24 Le premier volet d'un nouveau diptyque adapté des trois mousquetaires est sorti.
00:28 Un gros chantier aux allures de blockbusters hexagonales, 70 millions d'euros, un casting
00:32 ultra bankable et la réale confiée à Martin Bourboulon, déjà responsable d'un film
00:37 à gros budget sur un autre monument national, au sens littéral, Eiffel.
00:41 Bon, le célèbre roman de Dumas, on n'en compte plus les adaptations directes mais
00:45 aussi dérivées.
00:46 Albert, Albert, Albert le cinquième mousquetaire !
00:51 C'est presque devenu un exercice.
00:53 Il faut dire que le matériau d'origine se prête à la dimension épique du grand
00:56 écran, de l'action, de l'aventure, de la romance, des intrigues de couloirs, une
01:00 toile de fond historique chaude bouillante.
01:02 Bon, sans aller jusqu'à l'énorme porte-naouak de la version de Paul W.S.
01:06 Anderson, là c'est quand même vendu à fond les ballons sur une promesse d'aventure
01:10 en costume, bourrée d'action, dans des décors qui claquent.
01:13 Quand même, le trailer y joue Gangsta Paradise et une ref aux affranchis de Scorsese.
01:17 Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours rêvé d'être mousquetaire.
01:21 Ce nouveau souffle du cinéma d'aventure à la française passerait-il par son américanisation ?
01:26 Vous connaissez le discours, le cinéma français c'est soit des bourgeois qui chougnent dans
01:31 des appart' parigots, soit des comédies populaires pas bien fûtes-fûtes.
01:36 Comment on dit en France ? Chacun sa merde.
01:38 De vieux clichés, pas totalement infondés, mais des vieux clichés quand même, qui ont
01:42 tendance à servir d'excuses pour pas s'intéresser à tout le reste de ce qui se fait par chez
01:46 nous.
01:47 Alors aujourd'hui, je vous propose de nous poser la question un peu différemment.
01:50 Pourquoi aujourd'hui c'est si rare le cinéma populaire, ambitieux, d'aventure
01:54 ou de genre en France ? Pourquoi chaque tentative a l'air d'être un événement et un risque
01:58 tellement casse-gueule ? Pourquoi dans ce domaine, on complexe tant devant le cinéma
02:02 international et tout particulièrement ricain ?
02:04 Il y a évidemment le problème purement de marché, la concurrence déloyale avec cette
02:08 hégémonie culturelle mondiale, David contre Goliath, tout ça, mais ça répond pas à
02:12 la question.
02:13 Pourquoi c'est nous qui avons une peau fronde face aux gros géants avec des grosses paluches
02:17 ?
02:18 C'est tout aussi logique qu'il y paraît.
02:20 Et quand on y pense, c'est même un des énormes paradoxes français.
02:23 Et un parfait gâchis à mon humble avis.
02:25 Même si, heureusement, et contrairement à ce qu'on aime se répéter, on produit
02:29 de très bonnes choses à ce niveau, force est de constater qu'on est à la peine alors
02:33 qu'on devrait être meilleur pour ce qui est du cinoche populaire, des grandes fresques
02:37 épiques, de l'aventure, mais aussi du polar, de l'ASF, du fantastique, de l'horreur,
02:41 etc.
02:42 Pas au sens où il y aurait une obligation pour le cinéma français de ressembler à
02:45 ça, ça pourrait tout à fait ne pas être son ADN, pas ce qu'il a à proposer au monde.
02:50 Non, il devrait au sens où ça devrait être notre truc tout ça.
02:53 Vous allez vraiment me dire que les grands récits d'aventure, c'est pas trop dans
02:56 la culture française ? La science-fiction, c'est un truc d'anglophone ? Et Jules
03:00 Verne, c'est du nuggets ? Jules Verne, rien que ça.
03:03 Et puis, c'est pas comme si on avait perdu la main.
03:05 Tenez, on parlait de post-apo dans une chronique précédente.
03:07 Le dernier homme, Jean-Baptiste Cousin de Grainville, 1805.
03:10 Le fantastique, c'est pas notre dada.
03:13 Mais même l'horreur, on a inventé le gore.
03:15 Pas mal non, c'est français.
03:17 Bon ok, inventer le gore, ça veut un peu rien dire, mais la base, c'est le théâtre
03:21 de Grand Guignol.
03:22 Le polar français, je vous fais même pas la fronde en parler.
03:24 Vous allez me dire "oui mais Hollywood, grosse machine, depuis des décennies".
03:29 Suivez-moi.
03:30 C'est quoi ça ? On est rue du premier film, c'est juste là où on a inventé le cinéma.
03:37 Est-ce que vous voyez des gros studios ? Est-ce que vous voyez un genre de Hollywood lyonnais ?
03:41 Non, il y a un institut, l'institut Lumière, qui est un haut-lieu du cinéma hyper cool,
03:46 mais pas un haut-lieu de production.
03:48 Ah Thierry ! En bois à coups ?
03:50 L'institut, c'est un institut.
03:54 On a de l'or entre les mains et on laisse à qui ? Aux Yankees ?
03:59 Même les effets spéciaux, c'est pas les ricains.
04:01 Mais si c'était que la domination US.
04:03 Regardez le cinéma de genre espagnol.
04:04 Dès que Franco et la censure ont dégagé, ils s'en sont donné à cœur joie.
04:08 Idem pour l'Amérique latine.
04:09 Regardez Hong Kong fut un temps, et maintenant la Corée du Sud.
04:12 Même la Nouvelle-Zélande, où vous avez vu leur industrie, alors qu'il n'y a que des moutons là-bas.
04:16 Mais bon, des paysages un peu jolis, j'avoue, une fiscalité bien sale,
04:25 et un droit du travail bien bien fracassé pour cirer les pompes des studios.
04:28 On pourrait parler de la Chine, de la Russie, de l'Inde, qui ont des marchés intérieurs énormes,
04:33 et qui ont commencé à bien bien comprendre qu'il fallait se donner les moyens de ces ambitions
04:37 pour que leur soft power tienne tête à celui des ricains.
04:40 C'est quand même dommage, on aime chombier.
04:42 On ne mobilise pas assez les imaginaires et la culture pop francophone,
04:45 alors que les autres, ils ont bien compris sa richesse pour la reprendre sauce barbecue.
04:49 Les trois mousquetaires, c'est adapté dans tous les sens, comme je disais,
04:52 mais pas seulement par nous, loin de là.
04:54 Le public international adore ce folklore.
04:57 Et désolé, la production française est loin de pouvoir s'en accorder tout le mérite.
05:00 Vous voyez bien tous les autres exemples qu'on pourrait prendre.
05:03 Victor Hugo, c'est bien joli l'enseigner à l'école, mais il faut en faire quelque chose, non ?
05:06 Qu'une des versions de Notre-Dame de Paris les plus connues,
05:09 ce soit le Disney, qui est mortel.
05:11 C'est toi, Quasimodo ?
05:12 Oui ?
05:14 Ah ouais, quand même.
05:15 Ça va qu'on s'est rattrapés avec une bonne grosse comédie musicale.
05:18 Et en parlant de comédie musicale,
05:19 vous vous rendez compte que Les Misérables, bon, vous, on connaît bien,
05:22 mais une des raisons de son poids dans la culture populaire internationale,
05:25 c'est la version de Broadway, qui est mortelle aussi.
05:27 Il y a un jeu vidéo de baston japonais, Les Misérables,
05:30 et ça dépend, avec Jean Valjean, et il y a Robo Valjean.
05:33 Allons-y, Cosette, ce n'était qu'un vilain cauchemar.
05:35 Terrible ironie.
05:37 Faudrait-il combattre le feu par le feu ?
05:39 Faire comme Hollywood pour battre Hollywood ?
05:41 Mais on en bouffe déjà bien assez,
05:43 et l'hégémonie de leur culture, de leurs valeurs, de leur mode de vie,
05:46 ça pose quand même un sérieux problème.
05:48 Le truc, c'est que leur hégémonie repose aussi sur l'utilisation,
05:51 voire la récupération, des cultures des autres,
05:54 qu'ils arrivent très bien à mobiliser eux.
05:56 C'est à eux qu'on doit le film Moulin Rouge.
05:59 Kichi kichi yadada.
06:01 T'es nul en code ou c'est comme ça ?
06:03 Évidemment, on peut penser à la méthode de Besson,
06:05 ce qui est bien la moindre des choses qu'il lui a reproché, mais bref.
06:08 Autant en tant que producteur que réalisateur,
06:11 on peut dire qu'il est le français des blockbusters,
06:13 mais des blockbusters à l'américaine,
06:15 voire carrément états-uniens,
06:17 vu comme certains s'inscrivent totalement dans leur industrie du divertissement
06:20 et sont même pas en langue française.
06:22 Et ce, même s'il essaie parfois de mobiliser la culture populaire de son pays d'origine,
06:26 avec pas toujours des résultats très heureux.
06:28 Du coup, est-ce que ça apporte vraiment quelque chose,
06:30 à part toujours plus de la même chose ?
06:32 Et un peu d'emploi et de moyens industriels en France,
06:36 ce qu'il utilise pour faire du chantage au pouvoir public,
06:38 comme un gros patron qui menace de se casser s'il doit payer des trucs.
06:41 Non, un autre cinéma de genre populaire est possible.
06:44 La preuve ? On en faisait.
06:46 Je sais pas, les films d'action, avec Bebel qui faisait ses propres cascades,
06:49 les films de gangsters à la plume inimitable,
06:51 Fantomas, du fantastique au Louvre avec Belphégor ou d'autres séries comme
06:55 Les Brigades du Tigre,
06:56 de l'anticipation sur des vraies problématiques de la France de l'époque
06:59 avec Le Prix du Danger d'Yves Boisset,
07:01 pompé par les Ricains quelques années après,
07:03 et 40 ans avant Squid Game.
07:05 Tenez, le post-apo encore.
07:06 Melville, Robert Merle,
07:09 y'a un film post-apo avec Serot,
07:11 Villerey, Trintignant et Dutronc.
07:13 C'est pas ouf ça ?
07:14 C'est du déjà là.
07:16 Alors il sait pas c'est quoi.
07:17 Parfois, on met un peu ça sur le dos de la nouvelle vague.
07:20 Mais en fait, l'un n'empêche pas l'autre.
07:21 Ben regardez Belmondo, justement.
07:23 Pourtant, on a l'impression qu'un type comme Jean-Pierre Melville
07:25 a plus inspiré les Ricains que ses compatriotes.
07:28 Car Seine-Lupin est plus repris à l'international que dans l'Hexagone.
07:31 Enfin même si...
07:33 Pas tout à fait, vous allez voir.
07:34 Beaucoup d'exemples que j'ai cités ont eu des tentatives de relance
07:36 plus ou moins récentes.
07:37 Malheureusement, pas toujours heureuses, on va dire.
07:40 Alors c'est quoi le problème ?
07:42 On sait plus faire ?
07:43 Prenez l'énorme culture de la BD franco-belge.
07:46 C'est pas qu'on en fait pas des films.
07:47 C'est souvent que c'est des films ni fait ni à faire.
07:49 Il est dur, hein ?
07:51 Mais juste...
07:52 Mais...
07:53 Et pendant ce temps, c'est les USA qui font de la thune sur les schtroumpfs
07:56 de la pire des façons.
07:57 Et faut attendre Spielberg pour avoir un bon gros Tintin.
08:00 Astérix, on en a un seul de bien.
08:02 Et au lieu que ça ouvre la voie, eh ben non.
08:04 On est reparti faire des trucs nuls.
08:06 Là, on met le doigt sur un souci de culture, de production.
08:09 La volonté d'investir ses genres et ses imaginaires,
08:11 ça serait déjà un bon début.
08:13 Mais ça implique une industrie qui en a le respect et le savoir-faire.
08:16 Des réals qui ont appris à les mettre en scène,
08:19 des techniciens qui savent comment donner vie à ces univers,
08:22 des acteurs qui ont l'habitude de jouer ce type de trucs.
08:24 Manifestement, oui, on a un peu perdu la main.
08:27 Ce qui donne un cercle vicieux.
08:28 On a un peu l'impression qu'en France,
08:30 la défiance vis-à-vis de ces cinoches-là ne leur laisse aucun droit à l'erreur.
08:33 Par exemple, il y a régulièrement des nouvelles vagues de films d'horreur,
08:36 portées par des nouvelles générations de réals qui en veulent.
08:39 Déjà, ils galèrent à monter leurs projets, mais en plus,
08:42 bon, bah, des fois, ça marche moyen.
08:44 Et boum, fini.
08:45 On décrète que le cinéma d'horreur marche pas en France,
08:48 alors que le public se rue pour en voir du venu d'ailleurs.
08:51 Comment voulez-vous qu'on développe une culture et une industrie dans ces conditions ?
08:55 Et comment s'étonner que ces réals, du coup, se barrent outre-Atlantique ?
08:58 Pour soit s'intégrer à leur industrie...
09:00 Et puis, il y a le paysage, l'Arizona, qui est absolument magnifique,
09:03 ce lac, le bruit des vagues, l'été indien, quoi.
09:06 Soit revenir la queue entre les jambes parce qu'ils étaient traités comme des tâcherons.
09:09 Exemple typique.
09:11 Bon, je vais pas tirer sur l'ambulance, hein.
09:14 Au contraire, même.
09:14 Vidocq, la démarche, sur le papier, elle est impec.
09:17 On prend une figure hyper intéressante de notre folklore historique,
09:20 direction artistique Marc Caro, mesdames et messieurs,
09:23 qui arrivait parfaitement, fut un temps, avec son complice Jeunet, à produire ces imaginaires-là.
09:27 Un écrivain à succès au scénar, et même une volonté de prouesse technique.
09:31 Bon, puis, résultat...
09:32 Bon, ben, c'est raté, voilà.
09:36 Et pourtant, c'est bien ça qu'il faut faire.
09:38 Juste, il faut plein de propositions comme ça,
09:40 pas juste un film-événement sur lequel tout repose.
09:43 Ils savent tous que si ce film-là ne marche pas, il n'y en aura pas forcément beaucoup d'autres.
09:48 Si un film comme ça ne marche pas, il n'y a plus un financier qui va remettre de l'argent dans les films.
09:52 Et j'ai un peu peur que ce soit encore la même avec les trois mousquetaires.
09:55 Mais voilà, "Pacte des loups", excellent exemple.
09:57 Truc de ouf.
09:58 Folklore historique français, bête du Gévaudan, tout ça.
10:01 À partir de là, ils font un film de...
10:03 C'est même pas un film de genre, c'est un film de plein de genres, peut-être un peu trop de genres,
10:06 avec du kung-fu, de l'enquête, toile de fond politico-historique,
10:10 avec l'approche de la Révolution française.
10:12 Film de monstre, au bout d'un moment, puisqu'il y a carrément la bête et tout,
10:16 donc le film, il a des problèmes.
10:18 Et genre, ça a déboîté, moi je l'ai vu je sais pas combien de fois au cinéma,
10:20 ça cartonnait, ça a été très très dur à faire.
10:23 Et après, c'était fini quoi.
10:25 Gantz, il arrive plus à financer de films comme ça, alors que...
10:29 Enfin genre, la démarche, elle est juste trop trop bien, même si bon, voilà.
10:32 Il y a quand même une scène de dialogue entre Jean-Yann et Marc Dacascos,
10:36 et ça c'est... voilà, il n'y a que le cinéma populaire qui peut nous offrir ce genre de cadeau.
10:41 Pourrais-tu te reproduire avec une femme de notre race ?
10:45 Toutes les femmes ont la même couleur, en chandelle et tétinte.
10:48 Tenez, je vais pas vous refaire tout le topo Pif Gadget,
10:51 mais mince quoi, t'avais de l'aventure, de l'action, du western, des grandes fresques populaires,
10:55 avec des façons de faire et des valeurs totalement opposées à ce que faisaient les ricains à ce moment-là.
11:00 Du coup, abonnez-vous à l'Humain pour les convaincre de me revendre Pif.
11:03 Genre... 100 balles, je le fais.
11:05 Plus sérieusement, il est où le cortomaltès que Christophe Gantz veut faire depuis des années ?
11:09 Oh bah il a annulé !
11:10 Et son rahant ?
11:11 Oh bah il a lâché l'affaire après des années à pas trouver de financement.
11:15 Mais pas de souci, y'en a un qui les a trouvé les financements pour le faire.
11:19 Michael Youn !
11:20 Mais bien sûr, faisons comme ça !
11:22 Oh !
11:23 Alors là... la colle !
11:25 Et pour notre patrimoine historique ?
11:27 Pareil !
11:27 J'ai toujours eu la volonté d'être un cinéaste populaire.
11:30 Dans "populaire", il y a "peuple".
11:32 J'ai envie de m'adresser au plus grand nombre.
11:34 J'adore l'histoire de France et notre littérature.
11:36 J'ai essayé de lui donner un souffle comme Alexandre Dumas
11:39 et une complexité politique comme Balzac.
11:41 Monter un projet différent, c'est presque un acte de résistance.
11:44 En vrai, "Richer", il est pas parfait, mais il en veut, quoi !
11:47 L'Empereur de Paris, y'avait une bonne vibe film d'action
11:50 avec toile de fond politico-historique.
11:52 On a laissé tout le pan de la distraction non décérébrée aux Américains.
11:55 En France, on peut faire des films populaires sans se moquer des spectateurs.
11:58 C'est l'ambition de ce film d'aventure.
12:00 Bon bah, ça a bidé.
12:01 Encore une fois, les Ricains, ils ont deux pauvres siècles d'histoire
12:04 et pour le moins de cow-boys, le moins de pères fondateurs,
12:06 ils en font des grandes fresques, des comédies musicales,
12:09 des grands films politiques...
12:10 Et il est où, nous ?
12:11 Le film musical sur la sécu,
12:13 avec César du meilleur acteur pour Ambroise Croisa ?
12:15 Il est où, le film de monstre sur la Tarasque,
12:17 le western en Camargue ?
12:18 Ok, pardon, je m'emporte un peu, je sais, mais je dis juste,
12:21 donnez-moi 75 petits millions
12:23 pour un film d'aventure pendant la Commune de Paris
12:25 avec des combats de savates et des méchas steampunk !
12:28 C'est trop demander, ça !
12:29 Euh... Donc, bon, c'est ce que j'ai dit, si je l'ai dit...
12:31 Pour de vrai, la question du financement, c'est le nerf de la guerre.
12:34 Ces trucs-là, ça coûte cher.
12:36 Et regardez, il a fallu obliger Netflix à financer des prods françaises
12:39 pour avoir un nouveau Lupin qui cartonne non seulement ici,
12:42 mais à l'international.
12:44 Comme quoi, il y a une demande et il y a un savoir-faire.
12:46 On peut critiquer le mode de financement français sur plein de points,
12:49 mais de là à se plier au capitalisme débridé d'Hollywood,
12:52 surtout pas, parce que déjà, à ce jeu-là, ils vont nous bouffer tout cru,
12:55 et puis, surtout, est-ce que c'est ça qu'on veut ?
12:57 Regardez la Corée du Sud.
12:59 Ils ont des systèmes proches de ce qu'on a avec le CNC,
13:02 le marché du film de Cannes,
13:03 et des formes de protectionnisme,
13:05 comme quoi l'exception culturelle française,
13:07 c'est pas tant une exception.
13:08 Et eux, ça donne un cinéma de genre,
13:10 populaire, ambitieux,
13:11 à succès, et même engagé.
13:13 Bon, en réalité, il y a des possibilités,
13:16 et même beaucoup de choses qui se font,
13:18 en télé comme en cinéma.
13:19 Regardez, cette année, il y a Mars Express de Jérémy Perrin,
13:21 un long-métrage d'animation SF
13:23 qui a de la gueule et de l'ambition,
13:24 et qui va tous nous sauver !
13:25 Jérémy, j'y crois, pas de pression.
13:27 On peut déjà commencer à reconnaître ça,
13:29 et pas se contenter d'une critique clichée, facile, sur le ciné français.
13:33 J'espère juste que ces trois mousquetaires
13:35 sera pas un coup de tromblon foireux,
13:37 mais surtout que, même si c'est le cas,
13:39 on baisse pas les bras.
13:40 Le but, je pense, c'est surtout pas de copier les ricains,
13:43 ni même de vouloir à tout prix être chauvin,
13:46 parce que tout ça, c'est pas vraiment une histoire de cocorico,
13:48 c'est pas vous qui les faites les films de toute façon,
13:50 enfin, pour la plupart.
13:51 Non, c'est un enjeu plus profond de renouer avec des imaginaires populaires,
13:55 cruellement laissés en jachère,
13:57 de cesser la défiance envers ce cinéma-là,
13:59 et d'apporter de la diversité dans une culture pop mondialisée
14:02 qui en a bien besoin.
14:04 Au fait, tant que je vous tiens,
14:06 ça vous est déjà arrivé de vous dire que c'est le méchant qui a raison,
14:09 qu'il est traité injustement,
14:11 que ses motivations sont louables ?
14:12 En effet, tous les méchants ne commettent pas leur méfait pour de vile raison,
14:16 bien au contraire.
14:16 Certains ne veulent pas détruire le monde,
14:18 ils veulent le changer.
14:19 Les utopistes, dont le projet vire malencontreusement à la dystopie,
14:23 les extrémistes aux méthodes peu reluisantes,
14:25 les libérateurs aux penchants totalitaires,
14:27 les éco-terroristes, ceux vivants comme des résistants,
14:30 c'est à eux que j'ai consacré un bouquin.
14:32 Et comme il fallait trouver un nom à ce phénomène,
14:34 le voici, le syndrome Magneto.
14:36 À la base, c'était une vidéo qu'on avait réalisée sur notre chaîne Bolchegui
14:39 qu'il y a quelques années.
14:40 Depuis ce script d'une petite dizaine de pages,
14:42 le concept a bien fait son chemin puisque ce joli pavé en fait plus de 400.
14:46 C'est édité au Diable Vauvert et dispo dans vos librairies préférées
14:50 à partir du 6 avril.
14:52 Sous-titrage ST' 501
14:54 *clic*
14:56 Merci.

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