Au Média, si on devait résumer la onzième journée de mobilisation contre la réforme des Retraites : ce serait sans doute, en une seule image.
Une image, hautement symbolique mais néanmoins très politique. Celle de pompiers belges et de leurs camarades français, unis, mains dans la mains, qui manifestaient sur les Champs-Élysées. Un moment puissant, notamment lors de "l'encerclement" de l'Arc de triomphe et du passage devant la tombe du soldat inconnu.
Pour protester contre la réforme des retraites, oui, mais aussi contre la paupérisation du peuple européen. Une belle démonstration de force, de solidarité internationaliste qui ne manquera pas de donner du courage à tous les manifestants.
Notre journaliste Lisa Lap était sur place lors de leur action, elle leur a tendu son micro…
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00:00 si il y a la moindre prise à partie, on n'enchaîne pas, on s'approche, on calme le jeu, mais on n'enchaîne pas,
00:14 là où on va aller, ça risque de monter en pression, on n'enchaîne pas,
00:20 si vous avez un problème, vous mettez les genoux au sol et les mains en l'air,
00:25 ça marche, vous êtes prêt à y aller?
00:30 bravo les pompiers, bravo les pompiers, merci à vous,
00:44 [Musique]
00:56 [Bruit de moteur]
01:16 L'action c'est de symboliser que les sapeurs-pompiers font partie de ce mouvement social contre cette réforme.
01:22 C'est symbolique, c'est très symbolique. Il y a la tombe du soldat inconnu, c'est quelqu'un qui est respecté.
01:26 Notre président, il va déposer une gerbe tous les ans. C'est des gens qui sont morts pour la France.
01:31 Nous on fait partie aussi des gens qui sont morts pour la France.
01:34 Tous les ans, il y a des sapeurs-pompiers qui décèdent en intervention ou alors qui décèdent suite à des maladies qui sont liées à la toxité des fumées.
01:42 Et ça pour nous, c'est quelque chose qui est très important et qu'on veut souligner et surtout qu'on veut montrer à toute la France.
01:48 [Musique]
02:14 Vous pouvez remarquer qu'il y a des gars qui sont avec une tenue différente de la nôtre.
02:18 C'est bien pour faire signaler que le métier de sapeur-pompier, c'est de contraindre de la retraite, elle est pour tous.
02:23 Et les pompiers belges sont venus nous soutenir dans ce combat-là.
02:26 Puisque eux aujourd'hui, ils ont une retraite officielle à 67 ans.
02:29 Donc aujourd'hui le gouvernement veut nous faire passer à 64, pourquoi pas demain à 67.
02:34 Donc ils sont vraiment venus nous dire, faites attention la vague d'après ça sera 67.
02:38 On est sur des actions similaires au niveau des pompiers en Belgique.
02:41 Donc il y a des grèves qui se sont lancées, qui ont démarré à Bruxelles et qui deviennent importantes au niveau fédéral.
02:46 Et donc on a jugé que c'était un minimum, en voyant la situation ici en France, qui est similaire avec les mêmes problèmes, les mêmes difficultés, les mêmes attentes,
02:56 de se montrer solidaires au niveau de la profession et de faire une démarche pour venir soutenir ici les collègues en France.
03:03 Je pense qu'on est vraiment confrontés à le recul de l'âge de départ.
03:08 Il y a forcément des carrières qui se prolongent au-delà d'un âge qui est raisonnable pour pratiquer le métier qu'on fait.
03:13 Nous en Belgique, on souffre aussi d'un sous-effectif qui a l'air d'être présent aussi dans les casernes ici en France.
03:18 Donc on a voulu marquer le coup, montrer que les actions qu'on fait chez nous, on est prêt aussi à les partager ailleurs.
03:24 Et aussi créer un échange réellement avec des collègues qu'on ne connaît pas et qui vivent les mêmes réalités que nous.
03:31 Le travail de la charge
03:35 Chez nous, évidemment, comme dans toutes les fonctions publiques et tous les services publics, les effectifs diminuent.
03:49 La charge se reporte sur de moins en moins d'agents.
03:53 Et donc forcément, ça crée des conditions de travail qui sont de plus en plus difficiles.
03:59 Avec des usures prématurées des corps humains.
04:02 Et là, j'insiste bien, ce n'est pas que les sapeurs-pompiers.
04:05 C'est dans le public, dans le privé, c'est vraiment partout.
04:08 Et en fait, où ça ne va pas du tout, c'est que le gouvernement base ça sur un budget, sur une enveloppe d'argent.
04:15 Et contre la santé des gens.
04:18 Et ça, ça ne passe pas du tout.
04:20 Nous, on ne pourra pas aller jusqu'à l'âge qu'ils nous demandent.
04:22 Ce n'est pas possible, on en perdra la moitié en chemin.
04:24 Et donc après, qu'est-ce qu'on fait des sapeurs-pompiers ?
04:27 Qu'est-ce qu'on fait aussi d'autres gens, d'autres professions qui ne pourront pas faire leur métier jusqu'au bout ?
04:31 Comme on l'a déjà suffisamment exprimé, on a une durée de vie qui est moins longue que la population normale,
04:36 que d'autres professions, que beaucoup d'autres professions.
04:39 Et à partir de là, de passer de 57 à 59 ans, quand on a une expérience de vie qui est de 62 ans en bonne santé.
04:46 Pourquoi ? Ça ne veut pas dire qu'on meurt à 62 ans.
04:48 Ça veut dire juste qu'on contracte des maladies, qu'on a des troubles musculosquelettiques.
04:52 Des choses qui font qu'on ne peut plus faire notre activité.
04:54 Et qu'on aura une retraite qui sera bien difficile et bien plus courte que la population normale.
04:59 Donc en fait, c'est pour ça que nous ça ne passe pas.
05:01 On a un gouvernement qui est sourd.
05:03 Ils annoncent, comme dans toutes les professions, qu'ils ont reçu des organisations syndicales.
05:09 Ils nous ont écouté deux secondes.
05:11 Et puis à la fin, c'est "non, ça sera comme ça".
05:13 Et ce n'est pas possible, on ne peut pas.
05:15 Et notre métier nous permet d'être au contact de la population au plus proche.
05:18 Il y a une vraie misère sociale.
05:22 Ce déclin va engendrer de plus en plus de difficultés sociales.
05:25 Et on est en train de monter un peuple vers une révolution.
05:28 Simplement parce que le peuple en a marre.
05:30 Peut-être pour certains juste de vouloir manger, juste de vouloir se reposer, juste d'avoir des soins.
05:34 On a l'impression que le monde se dirige dans un système de caste.
05:38 On a des gens pour qui tout va bien et des gens qui sont là pour alimenter ces gens-là.
05:42 Aujourd'hui, ce sentiment-là est de plus en plus fréquent.
05:44 [Musique]