ÉDITO - Une "guerre des phrases" entre Laurent Berger et l'exécutif

  • l’année dernière
À l'issue de la réunion entre l'intersyndicale et Élisabeth Borne, le secrétaire national de la CFDT, Laurent Berger, a parlé de "crise démocratique". Une phrase à laquelle a vivement réagit l'entourage du président de la République. 

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00:00 Nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites, la 11e.
00:03 On va surveiller cette mobilisation, le niveau de cette mobilisation, bien évidemment,
00:07 alors que la réunion entre l'intersyndicale et le gouvernement n'a une nouvelle fois rien donné hier.
00:12 En même temps, ce n'est pas une surprise, on s'y attendait.
00:14 Mais il y a un mais, Mathieu, parce qu'on a l'impression que le ton monte entre l'exécutif et le secrétaire général de la CFDT.
00:21 Ah oui, c'est peu de le dire.
00:22 La petite phrase de Laurent Berger sur le perron de Matignon hier a particulièrement agacé.
00:27 Le secrétaire général de la CFDT a parlé de crise démocratique après le refus d'Elisabeth Borne de retirer sa réforme,
00:32 ce qui a fait bondir l'Élysée.
00:34 En direct de Pékin, l'entourage du président de la République, comme on dit dans les articles bien informés,
00:39 a évidemment contesté cette analyse et s'en est pris vivement à Laurent Berger.
00:43 Pour la première fois de son histoire, la CFDT n'a pas présenté un autre projet.
00:46 La seule réponse, c'était rien.
00:48 Alors, ce n'est pas la première fois que l'Élysée, Emmanuel Macron s'en prend nommément à un syndicaliste,
00:52 et notamment à Laurent Berger.
00:54 Il l'avait déjà fait lors de son interview télévisée, vous vous souvenez, en reprochant à Laurent Berger déjà de n'avoir rien proposé,
00:58 ce qui avait fait bondir l'intéressé, pour le coup, qui avait dit "déni, mensonge".
01:02 Laurent Berger était l'invité de BFMTV hier soir, il a réagi ?
01:06 Il a réagi à la sulfateuse. Regardez.
01:09 J'en ai assez là. Ça fait deux fois.
01:11 Il n'en aura pas trois.
01:12 Il n'en aura pas trois.
01:13 Ça fait deux fois qu'on pointe la CFDT en termes de responsabilité.
01:16 Ça suffit maintenant.
01:17 J'appelle à garder ses nerfs.
01:18 J'appelle le président de la République à ne pas lancer des petites phrases.
01:22 Sinon quoi ?
01:22 Sinon quoi ?
01:23 Sinon, il va finir par se mettre à dos l'ensemble des organisations syndicales.
01:28 Il ne joue pas, en fait, Laurent Berger.
01:29 C'est un type posé, Laurent Berger.
01:31 Et là, vraiment, c'est une colère froide, de laquelle on n'est pas habitué.
01:35 Non, et on se dit que cette guerre des phrases a pris une tournure personnelle,
01:38 quasiment un règlement de compte aussi surprenant qu'absurde de la part de l'exécutif.
01:42 Le patron de la CFDT, il faut le rappeler, c'est le premier syndicat de France.
01:45 C'est en effet lui qui détient la clé du conflit.
01:47 Il a proposé plusieurs portes de sortie, une pause, une médiation,
01:49 mais à chaque fois, l'Élysée a décidé de leur embarrer,
01:51 comme il le fait depuis le début de la réforme des retraites,
01:53 parce qu'en fait, l'Élysée pensait que Laurent Berger finirait par se coucher.
01:56 On sait que son congrès en juin dernier était opposé à toute mesure d'âge,
02:00 mais l'exécutif pensait qu'il s'opposerait mollement ou qu'il se dégonflerait.
02:04 Or, Laurent Berger ne s'est pas dégonflé et on le voit encore aujourd'hui.
02:07 Mais ils s'entendaient plutôt bien, ces deux hommes, il y a quelque temps.
02:09 Oui, sur le papier, en tout cas, ils avaient tout pour s'entendre.
02:12 Ils se connaissent depuis dix ans.
02:13 Ils ont négocié du temps où Emmanuel Macron était à l'Élysée avec François Hollande.
02:17 C'est tous les deux des réformistes.
02:18 Mais voilà, ils n'ont pas du tout la même vision du dialogue social.
02:21 Emmanuel Macron, lui, déteste les grandes messes sociales.
02:23 Il s'est toujours méfié des syndicats.
02:25 Il dit qu'ils sont à leur place, oui, mais dans les entreprises.
02:27 Quant à Laurent Berger, lui, il a déjà mouillé la chemise
02:29 pour soutenir une réforme des retraites sous Emmanuel Macron,
02:32 celle du système parpoint, vous savez, qui avait été abandonné sous le Covid.
02:35 Et à l'époque, il avait très mal pris qu'on lui glisse au dernier moment
02:37 une peau de banane, des mesures d'âge, tiens, justement, auxquelles il s'était opposé.
02:41 Ça peut durer longtemps ?
02:42 Ça peut durer longtemps.
02:44 Il faudra bien que ces deux-là se rabibochent.
02:46 Emmanuel Macron a annoncé qu'il recevrait les syndicats
02:48 après la décision du Conseil constitutionnel le 14 avril.
02:51 Et autour de lui, de nombreuses voix de la majorité trouvent son attitude
02:54 avec Laurent Berger contre-productive, voire stérile.

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