• l’année dernière
A priori, impossible d’avoir loupé cette information. Depuis quelques jours, la presse et les commentateurs évoquent l’interview et les photographies faites par Marlène Schiappa, dans Playboy, le célèbre titre de presse masculine.
Cette “une” tombe à pique et permet à la presse bourgeoise d’occulter, petit à petit, la mobilisation contre la réforme des retraites.

Autant dire qu’au Média, on ne l’a pas lu. Puisque cet entretien de 12 pages nous détourne de ce qui pourrait être un scandale d’État…
Une nouvelle affaire pour la Macronie qui concerne la “petite protégée” d’Emmanuel Macron, celle qui est actuellement Secrétaire d'État chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative…

Dans cette carte blanche acerbe, notre chroniqueuse Marion Beauvalet revient sur un scandale d’état, trop vite occulté par cette interview à Playboy : le détournement d’argent public issu des « fonds Marianne » créés en 2021 par … la secrétaire d’État Marlène Schiappa. 2 millions d'euros « pour promouvoir les valeurs républicaines » après l’assassinat de Samuel Paty. Mais aussi, d’après les dernières révélations des journalistes de France 2 et de Marianne, pour servir des intérêts personnels…

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Transcription
00:00 Emmanuel Macron, en 2017, avait promis la République exemplaire.
00:04 Et depuis le début de son premier mandat, les scandales s'enchaînent
00:09 dans une indifférence plus ou moins forte.
00:10 Mais en tout cas, on a l'impression que rien ne change
00:12 et que toujours autant de membres du gouvernement, de députés,
00:15 sont impliqués dans des affaires qui sont bel et bien, pour certains, des scandales d'État.
00:22 [Musique]
00:29 – Alors Marion, depuis quelques jours, la presse et les commentateurs
00:32 évoquent l'interview et les photographies faites par Marlène Schiappa dans Playboy.
00:37 Ce sujet ne devrait pas nous intéresser un seul instant
00:39 puisqu'il nous détourne de ce qui pourrait être un scandale d'État
00:43 dans le contexte déjà tendu de la mobilisation contre la réforme des retraites.
00:48 – Oui, tout à fait, la vraie affaire par rapport à Marlène Schiappa,
00:52 ce n'est pas ce sujet dont beaucoup de gens semblent parler depuis quelques jours
00:56 et ce qu'on voit qui semble notamment plus intéresser la presse,
00:59 c'est donc le sujet dont on va parler après.
01:02 Là, tout à l'heure, avant de venir, j'ai regardé sur Google,
01:05 j'ai cherché donc Marlène Schiappa et je me suis dit qu'est-ce qu'on va voir principalement ?
01:09 Est-ce que donc on va voir la question de cette une ou cette interview dans Playboy
01:13 ou les révélations qui ont été faites par Marianne et une journaliste de France 2 ?
01:18 Eh bien, ça n'a pas manqué.
01:19 En fait, ce qu'on voit principalement, c'est des résultats
01:21 qui évoquent cette interview dans Playboy, donc contre-feu parfait
01:25 pour éviter de parler de ce qui pourrait être un scandale d'État.
01:29 Et donc là, si les images de Google sont passées,
01:32 ce qu'on voit, c'est que seule Ouest France, dans les derniers résultats que j'ai obtenus,
01:37 a accordé un article sur les fonds Marianne.
01:41 – Et c'est quoi les fonds Marianne, justement ?
01:42 – Alors, pour comprendre ce que c'est que les fonds Marianne,
01:44 on va faire un petit retour en arrière, donc on va revenir deux ans en arrière.
01:48 Au début de l'année 2021, donc Marlène Schiappa,
01:51 qui est donc maintenant secrétaire d'État chargée de l'économie sociale et solidaire,
01:55 ainsi que de la vie associative, ce qui reste important
01:57 pour comprendre ce qui se passe aujourd'hui.
01:59 À l'époque, en 2021, elle était ministre déléguée à la citoyenneté
02:03 auprès du ministre de l'Intérieur.
02:05 À un moment, elle lance les fonds Marianne, donc au moment où Samuel Paty,
02:08 qui était professeur d'histoire-géographie à Conflans-Saint-Honorin,
02:11 était assassiné par un terroriste islamiste.
02:14 Donc suite à ça, on a des mesures qui sont prises,
02:18 et notamment la création de ce fonds, puisque à ce moment-là,
02:21 le gouvernement veut défendre les valeurs de la République en ligne
02:24 et lutter contre le cyberdjihadisme.
02:26 Et il lance un appel à projets de 2,5 millions d'euros,
02:30 de la part qui est lancée par le comité interministériel
02:33 de prévention de la délinquance et de la radicalisation.
02:37 Donc j'ai parlé de cyberdjihadisme.
02:38 L'objectif à l'époque, c'est de faire face à la, je cite,
02:41 "propagande séparatiste" et défendre les valeurs républicaines.
02:46 Donc Marianne, on reviendra après sur le fonds de l'article.
02:48 Déjà, note qu'ils ont eu du mal à accéder à ces 17 candidatures.
02:52 – Là, tu parles du journal Marianne.
02:54 – Oui, pardon, je parle du journal Marianne et pas du fonds Marianne.
02:56 Donc le journal Marianne a noté qu'ils ont eu du mal à accéder
02:59 en fait à ces 17 candidatures, que par ailleurs,
03:03 les journalistes étaient très étonnés effectivement de quelque chose.
03:06 Donc quand on lance un appel à projets, on se dit,
03:09 on va voir le temps que l'information circule,
03:11 que les associations découvrent qu'il y a un appel à projets,
03:15 qu'elles montent le projet, qu'elles définissent une équipe, etc.
03:18 C'est un processus qui va mettre du temps.
03:20 Et les journalistes se sont étonnés du fait qu'en fait,
03:22 le processus a été très rapide, puisqu'il s'est étendu que sur 3 semaines.
03:28 Or, ils ont fini par obtenir la liste des associations lauréates.
03:33 Et ce qu'ils notent, donc là, je les cite,
03:34 c'est que 3 structures se partagent à elles seules 1 million d'euros,
03:37 donc soit à peu près la moitié du fonds.
03:40 Et notamment, il y a 2 personnes qui, donc pas des associations, des lauréats,
03:45 mais 2 personnes qui sont administrateurs d'associations,
03:49 d'une association notamment qui s'appelle Mohamed Sifawi et Cyril Karungaran,
03:53 qui ont obtenu 120 000 euros pour se rémunérer.
03:57 On verra après que ce n'est pas du tout l'objet du fonds.
03:59 Mais donc voilà, l'article de Marianne et les travaux d'une journaliste de France 2
04:05 qui s'appelle Sophie Broyer, donc lance un petit peu l'alerte.
04:09 Et ce n'est pas quelque chose de récent, puisque déjà, en fait, il y a quelques mois,
04:14 donc Marianne avait commencé, le journal avait commencé à essayer de s'informer
04:18 en novembre 2022, Sophia Chikirou aussi a posé une question écrite,
04:23 voilà, députée FI NUPES, a posé une question écrite qui était restée sans réponse
04:29 concernant la grande opacité dans la démarche d'attribution de ces fonds.
04:34 Elle a réitéré sa question, donc le 21 mars 2023,
04:36 il n'y a toujours aucune réponse qui n'a été donnée concernant les modalités d'attribution.
04:41 Et on va voir un extrait du reportage de France 2 pour voir un peu ce qui a été découvert.
04:46 « Il y a deux ans, le ministère de l'Intérieur lance un appel à projets
04:51 pour soutenir des actions en ligne, à portée nationale,
04:54 destinées aux jeunes de 12 à 25 ans exposés aux idéologies séparatistes.
05:00 Le calendrier est serré.
05:01 En quelques semaines, 17 dossiers ont été retenus pour un montant global de 2,17 millions d'euros.
05:09 Après quatre mois d'enquête, nous nous sommes procurés la liste des 17 structures
05:13 qui ont reçu des subventions.
05:15 Associations sportives, productions audiovisuelles, éditeurs de bandes dessinées,
05:20 des contenus sont mis en ligne.
05:24 Au total, quelques dizaines de milliers d'euros de subventions pour certaines,
05:28 plusieurs centaines de milliers d'euros pour d'autres.
05:31 Quatre associations se partagent près d'un million trois cent mille euros.
05:35 Parmi elles, l'Union des sociétés d'éducation physique et de préparation aux services militaires.
05:41 355 000 euros de dotation.
05:44 Avec pour objectif, selon la convention d'attribution,
05:48 déployer un contenu multimédia et un message positif de réenchantement des valeurs de la République.
05:55 Une association présidée à l'époque par Cyril Karounagaran,
05:59 au sein de laquelle on trouve également Mohamed Sifawi,
06:02 un expert reconnu des questions de radicalisation.
06:06 Parmi les productions de l'association notamment,
06:08 13 vidéos sur Youtube dont la majorité ne dépasse pas les 50 vues.
06:13 Un compte Instagram avec seulement 138 abonnés.
06:18 Qu'est-ce qu'on peut finalement tirer de ces révélations
06:22 faites par les journalistes de Marianne et de France 2 ?
06:25 Alors voilà, donc déjà les journalistes, donc on a Sophie Broyez d'une part
06:28 et Gérald Dandrieu et Gabriel Libert d'autre part.
06:31 Et ce qui semble se dessiner, c'est qu'il est possible que ce fonds ait servi à rémunérer
06:35 des intérêts plutôt personnels que des associations.
06:38 Donc on le voit dans le reportage, enfin en tout cas des projets sérieux.
06:44 Les vidéos, donc quand on regarde, elles sont présentées dans le reportage.
06:47 En fait, il n'y a quasiment aucun visionnage.
06:51 Dans les choses qui ont été créées, par exemple, il y a un compte Facebook
06:54 qui n'a que cinq amis et globalement aucune publication à son actif.
06:57 Donc en fait, c'est quasiment du travail fantôme avec des personnes.
07:01 Et ce qui est intéressant aussi, donc les personnes que j'ai citées plus tôt
07:04 et qui sont citées dans le reportage, qui ont empoché 120 000 euros de salaire
07:08 alors que les statuts de leur association interdisent aux administrateurs
07:12 de toucher une quelconque rémunération.
07:13 Et ce n'était pas non plus l'objectif de ces fonds Marianne.
07:17 Ce que les journalistes notent, c'est que certains mois,
07:20 ils se sont rémunérés à deux ou trois reprises.
07:23 Et ce ne sont pas sans doute pas les dix salariés de cette mission-là
07:27 qui ont été rémunérés, mais seulement eux.
07:30 Et ce qui leur permet d'affirmer ça, c'est qu'ils ont pu consulter
07:33 les relevés bancaires de l'association, donc qui montrent qu'il y a eu
07:36 assez peu de mouvements d'argent et vers un nombre très restreint de personnes.
07:41 Voilà, peut-être quand même noter, là je voyais ça tout à l'heure,
07:45 que certaines personnes évoquées dans l'affaire ont commencé à répondre
07:50 et surtout que le secrétariat d'État à la citoyenneté,
07:53 qui est dirigé par Sonia Baques, qui est aussi rattachée au ministère de l'Intérieur,
07:57 a annoncé qu'ils allaient diligenter une enquête et rendre des conclusions fin mai 2023.
08:02 Pour autant, même en attendant, il y a quand même beaucoup de choses, disons,
08:05 qui restent très douteuses et par exemple Marlène Schiappa, globalement, refuse de répondre.
08:11 Donc c'est important que ces révélations qui ont été faites par des journalistes
08:15 ne retombent pas en attendant la fin du mois de mai.
08:18 – On peut dire que c'est quand même un mépris assez manifeste de refuser de répondre
08:22 à des questions de journalistes avec des faits aussi fortement étayés.
08:27 Quand même, a priori, quand on est au service de l'État, on a un devoir de répondre
08:34 quand on nous pose des questions, quand des journalistes,
08:36 en plus des journalistes du service public, pour le coup, nous posent des questions.
08:39 On voit bien que derrière l'affaire Playboy, il y a quelque chose de beaucoup moins anecdotique.
08:44 On peut parler de scandale et ces révélations s'ajoutent en réalité à une longue liste de scandales
08:50 que connaît l'entourage du président Emmanuel Macron.
08:53 – Oui, tout à fait.
08:54 Pour rappel, Emmanuel Macron, en 2017, il avait promis la République exemplaire.
08:59 Et depuis le début de son premier mandat, les scandales s'enchaînent
09:03 dans une indifférence plus ou moins forte.
09:05 Mais en tout cas, on a l'impression que rien ne change et que toujours autant de membres du gouvernement,
09:09 de députés sont impliqués dans des affaires qui sont bel et bien, pour certains, des scandales d'État.
09:16 Avant de venir, j'ai regardé.
09:18 Donc déjà, c'était Alexandre Benalla, il y a Éric Dupond-Moretti,
09:23 quelqu'un qui était un peu passé sous les radars, qui n'est plus ministre délégué aujourd'hui,
09:27 mais qui était Alain Griset lors de la précédente mandature,
09:30 qui avait été condamné à 6 mois de prison avec sursis et 3 ans d'inéligibilité
09:35 avec sursis pour déclaration incomplète de son patrimoine.
09:38 Une autre affaire et quelqu'un qui, pour le coup, reste en place, c'est Alexis Kolar,
09:42 qui est secrétaire général de l'Élysée depuis 2017.
09:45 – C'est pas n'importe quel poste.
09:46 – C'est ça, et très régulièrement, c'est un poste moins, disons, médiatique.
09:51 Mais cette personne, très régulièrement, son nom revient dans la presse
09:54 par rapport à l'affaire MSC, dont je vais parler très rapidement après.
09:57 Et il reste en place.
09:58 Ça fait maintenant plus de 6 ans qu'il est secrétaire général de l'Élysée.
10:01 Et pourtant, donc, en fait, il a des liens avec un armateur,
10:05 donc MSC, Mediterranean Shipping Company, qui est dirigé par un des cousins de sa mère.
10:11 Et il est soupçonné de trafic d'influence et de prise illégale d'intérêt
10:14 par le parquet national financier, ce qui n'est pas rien.
10:17 Et surtout, c'est des suspicions le concernant qui sont, encore une fois, très étayées,
10:23 et qui remontent à avant 2022.
10:25 Pourtant, il est resté en poste.
10:26 On a tout un tas, encore une fois, de reportages assez solides de journalistes.
10:31 Je pense, par exemple, au journaliste de Off Investigation,
10:33 qui étaille encore un peu plus les soupçons du parquet national financier.
10:37 Et cet homme reste à sa place, il ne bouge pas.
10:40 – Justement, Off Investigation, donc on ferait de l'Off Investigation,
10:43 publier récemment la traduction d'un article extrêmement important
10:46 qui revient sur les liens, non pas d'Alexis Kohler,
10:49 mais de MSC avec le milieu du trafic de drogue.
10:52 Ce sont des révélations qui sont troublantes et qui sont même effrayantes,
10:58 quand on sait notamment que l'État français appuie MSC,
11:01 notamment en Afrique, dans la conquête des ports africains
11:04 et dans le fameux grand remplacement africain de Vincent Bolloré.
11:08 De toute façon, ceux-là ne nous regardent pas, c'est une affaire entre milliardaires.
11:11 Merci Marion pour cette chronique assez…
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