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Dans la deuxième heure de son émission consacrée à la culture, Philippe Vandel reçoit chaque jour un invité.
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Transcription
00:00 Et vous écoutez Culture Média avec votre invité Philippe Vandel.
00:04 Bonjour Zita Enro.
00:05 Bonjour.
00:06 Ravie de vous accueillir ici dans le studio d'Europe 1 de Culture Média.
00:10 C'est la première pour nous, comédienne César du meilleur espoir féminin en 2016
00:14 pour Fatima.
00:15 Et les espoirs portés en vous se sont concrétisés, vous avez enchaîné les rôles pour le cinéma,
00:19 vous êtes aussi devenue très populaire avec la série de Netflix Planqueur, 4 saisons
00:23 si je ne me trompe pas.
00:24 3 saisons.
00:25 3 saisons mais sur 4 ans.
00:27 Voici pourquoi je me suis dit tiens, j'ai une chance sur deux de me planquer.
00:29 Bim j'y étais.
00:30 3 saisons, 4 ans.
00:32 Votre actualité c'est ce film, A mon seul désir, film de Lucie Borleto, ça sort mercredi.
00:37 Ça se passe dans l'univers des clubs de strip-tease, c'est une histoire de femme,
00:41 mais une histoire de femme qui ose.
00:43 Comment on pourrait résumer ça ?
00:44 Oui tout à fait, vous avez bien dit ça, c'est l'histoire de femme qui ose, c'est
00:49 l'histoire du corps, du désir, de l'amour, du travail.
00:54 C'est un film qui réunit et qui explore beaucoup de sujets, des sujets très modernes,
01:02 de la femme au travail, le corps au travail, le corps dans l'intimité, c'est un film
01:07 riche.
01:08 Ce qui est très intéressant dans ce sujet, c'est quand on imagine un club de strip-tease,
01:11 on imagine que c'est le désir des hommes, il y a du désir des hommes, sinon ils ne
01:14 seraient pas là, mais il y a beaucoup de désir chez les femmes.
01:17 Oui il y a beaucoup de désir chez les femmes en effet, parce que tout est une question
01:21 de regard et de choix.
01:23 En fait ces femmes choisissent, on parle de femmes qui ont choisi de faire ce travail-là,
01:27 et qui décident où et quand elles se déshabillent et pour qui.
01:32 Donc ça change tout, il y a quelque chose qui n'est pas subie, elles ont fait ce choix-là,
01:36 et donc elles décident de se mettre au centre, elles décident d'être regardées, et donc
01:40 par le regard, par le fait de choisir quand est-ce qu'on est regardée, elles reprennent
01:44 aussi le pouvoir.
01:45 Deux personnages principaux, Aurore qui est jouée par Louise Chevillote, Mia qui est
01:50 votre personnage, pouvez-nous les situer toutes les deux, on va entendre la bande-annonce
01:54 mais comme ça pour les situer, pour qu'on sache de qui on parle et ce qu'on entend.
01:57 Alors, donc Aurore, le personnage de Louise, qu'elle interprète merveilleusement bien
02:01 d'ailleurs, est une jeune femme, je veux dire, qui n'a pas forcément beaucoup d'ambition
02:06 dans la vie, qui est assez curieuse, qui veut partir à la découverte de la vie, des choses,
02:11 qui veut faire des expériences, et Mia, elle est une jeune femme qui rêve d'être actrice,
02:16 et donc voilà, elle a ce désir-là qui est brûlant, qui est très beau, qui est plein,
02:22 et voilà, donc elles vont se rencontrer et je n'en dirai pas plus.
02:27 On va quand même en dire plus, on va en faire entendre davantage, on va entendre la bande-annonce.
02:33 Vous vous demandez où vous avez mis les pieds ?
02:35 Vous n'êtes jamais rentré dans un club de strip-tease, c'est ça ?
02:38 Je vais vous raconter l'histoire de quelqu'un qui a osé.
02:43 Vous cherchez du monde ?
02:45 Non.
02:46 C'est payé combien ?
02:47 10 euros de l'heure.
02:49 Tu peux faire un essai toute seule, tout de suite, si tu veux.
02:52 C'était bien pour un essai.
02:59 Toi, t'avais l'air tellement à l'aise.
03:00 Oui, mais moi, je suis comédienne.
03:01 Je prépare le conservatoire.
03:03 T'as reçu bien ma quille.
03:04 Tu vas faire quoi ?
03:05 Je vais te rendre un petit bloc plus près de chez moi.
03:07 Est-ce que vous êtes prêts à accueillir ce soir notre débutante ?
03:12 Aura !
03:13 T'as deux clients, quoi, c'est un long-jeur, t'es quoi ?
03:15 Je vais prendre mon habitué. Je te laisse l'autre, tu veux ?
03:18 C'est juste une danse privée. Mais pas de sexe. Ta bouche, elle vaut de l'or.
03:22 Parmi les clients, il n'y en a pas un qui t'intéresse ?
03:30 En fait, c'est pas de l'argent facile, c'est de l'argent rapide.
03:32 Je vois des clients en extérieur, parfois.
03:34 On regarde pour deux heures ce qu'on gagne.
03:36 Je viens de réunir presque un an de loyer en deux mois, tu réalises ?
03:39 On n'est pas des putes, on est des danseuses.
03:41 Que connaissiez-vous des clubs de strip-tease avant de tourner ce film ?
03:46 Eh bien, écoutez, pas grand-chose.
03:48 Et c'était un peu une appréhension chez moi, parce que j'avais surtout pas envie de représenter
03:54 des femmes qui souffrent à l'écran et qui sont contraintes.
03:59 Et donc, la première fois que je me suis rendue dans un théâtre érotique,
04:02 parce que c'est assez différent, il y a une dimension du jeu, de la mise en scène.
04:07 Là, qu'est-ce que c'est ? C'est un club de strip-tease ?
04:09 En fait, c'est un théâtre érotique.
04:10 Vous savez quoi, ça me fait penser à "Une femme est une femme", le film de Godard.
04:13 C'était la seule fois où j'en avais vu, avec Anna Karina, qui fait ce petit boulot.
04:17 Mais évidemment, mais bien sûr. En plus, je n'ai pas vu, mais Lucie me l'avait envoyé pour que je le regarde.
04:23 Tout le monde s'en fout, mais c'est mon film préféré, je vous le dis juste.
04:25 - Ah mais moi, je m'en fous pas du tout, pas du tout, je le trouve magnifique !
04:29 Vous avez bon goût, je trouve.
04:32 Écoutez, je ne connaissais pas grand-chose, et donc on s'est rendu dans le théâtre érotique dont le film est inspiré.
04:39 Et ça m'a rassurée, ça m'a confortée dans mon désir de raconter cette histoire avec Lucie Borlotto.
04:47 Parce que j'ai vu sur scène des femmes qui s'amusaient,
04:51 et des femmes qui prenaient du plaisir, et qui jouaient des codes de l'érotisme et du porno
04:57 pour recréer ça, et pour s'amuser de ça.
05:01 Et donc du coup, je me suis dit, ok, c'est safe, ces femmes n'ont pas l'air de souffrir,
05:07 ces femmes sont joyeuses, il y a une légèreté aussi chez elles que je trouvais très importante,
05:12 et donc ça m'a beaucoup aidée aussi, et ça m'a obligée de sortir aussi de préjugés que je pouvais avoir sur ces métiers-là.
05:19 - On va parler de ces préjugés, on va parler aussi des scènes qui sont peut-être difficiles,
05:23 il y a une phrase de la réalisatrice qui dit que c'était peut-être un film qui pouvait faire peur,
05:28 il ne vous a pas fait peur, mais il vous a intrigué.
05:30 On est avec Zita Anrou, Culture Média continue sur Europe 1, à tout de suite.
05:33 - Vous écoutez Culture Média sur Europe 1 avec Philippe Vandel,
05:37 Philippe vous recevez aujourd'hui Zita Anrou à l'affiche du film "À mon seul désir".
05:41 - Peut-être la CPE que tout le monde connaît, c'était où, Mme Zibra ?
05:45 - Mme Zibra, c'était dans la vie scolaire de "Grand corps malade" et de "Médier dire",
05:50 c'est un film que j'ai adoré tourner, et moi ça me réjouit de savoir qu'il a autant parlé à une génération,
06:00 et ça c'est génial quand t'es actrice.
06:02 - Peut-être "À mon seul désir" parlera-t-il autant à une autre génération ou à la même,
06:06 parce qu'il est question du désir des femmes, c'est un film de Lucie Borleto qui sort mercredi avec Louise Chevillotte.
06:13 Il y a beaucoup de scènes en petite tenue et même de nus, et pourtant, comme l'écrit Mme Figaro,
06:18 ce conte moderne, érotique et joyeux n'est jamais vulgaire.
06:22 Comment allez-vous aborder les scènes de nus ? Parce qu'il n'y en a pas qu'un peu.
06:26 - Les scènes de nus c'est drôle parce que mon personnage a une scène de nus, de véritable nus,
06:32 et c'est dans un autre contexte que le contexte du théâtre érotique.
06:35 - On ne peut pas tout raconter, mais c'est la scène de la clarière.
06:39 - Voilà, on n'en dit pas plus.
06:41 Et c'est vrai que c'est très intéressant que ce soit uniquement à ce moment-là qu'on découvre mon personnage complètement nu,
06:49 parce qu'il y a différentes formes de nudité aussi, c'est ça qui est intéressant avec le film,
06:53 c'est qu'il y a différentes façons de raconter des scènes de sexe au cinéma, de les filmer.
07:01 Donc moi c'est ça que j'aime avec ce film, c'est qu'on explore toutes ces façons-là.
07:06 Et donc j'ai carrément oublié votre question.
07:09 - Comment on se prépare ?
07:11 - J'ai bien conscience que ce film pouvait faire peur.
07:13 Avez-vous eu peur ? Avez-vous été rassuré ? Et comment avez-vous abordé ces scènes ?
07:18 Il y a deux choses dans la nudité, vous le dites, il y a la nudité et puis il y a la danse,
07:22 et j'imagine que quand on danse, on est protégé par cette action-là.
07:27 - Mais alors évidemment que j'ai eu peur quand j'ai lu le scénario,
07:30 je lisais les scènes d'amour en fait, et de sexe, parce que c'est différent encore que des scènes de nus,
07:37 de simuler le sexe à l'écran, c'est complètement différent encore.
07:44 Donc j'ai eu peur, j'ai pas dit oui tout de suite, j'ai eu besoin en fait de rencontrer vraiment Lucie,
07:49 c'était quelqu'un avec qui j'avais très envie de travailler, parce que j'avais adoré Fidelio,
07:53 mais j'ai eu besoin de la rencontrer, et on s'est vu, revu, et on s'est vu dans plein de contextes différents.
07:58 Moi je fais de l'escalade à la salle d'escalade à Pantin, elle venait, on prenait des cafés et on discutait cinéma ensemble.
08:03 Donc je pense qu'on avait besoin de ça, pour savoir quel film on allait faire, comment on allait raconter cette histoire,
08:10 et de savoir que je pouvais lui faire absolument confiance, et que je n'allais pas me sentir forcée à un moment.
08:16 Et donc c'est un film auquel, quand j'ai dit oui, ça a pris plusieurs mois en fait, le processus pour dire oui à ce projet,
08:23 mais c'était un oui franc, et qui était réfléchi, et qui était vraiment pesé.
08:31 - Donc vous avez dit également "jamais un scénario ne m'avait intrigué à ce point".
08:35 - Oui c'est vrai. - Qu'est-ce qui vous a intrigué ?
08:37 - Alors moi j'ai eu l'impression de le dénuder, faire un travail de...
08:42 Mais c'est vrai parce qu'en fait il y a plein de choses dans ce scénario,
08:45 et comme on parle du désir, et que le désir c'est quand même quelque chose de mystérieux,
08:49 et qui relève aussi du secret, il y avait quelque chose où...
08:54 C'est un scénario qui est très riche, et j'ai eu besoin de le lire et de le relire pour comprendre et pour le sentir.
09:01 - Lucie Barlotot, la réalisatrice, dit qu'elle a monté une résidence de strip, toutes les filles ensemble, sans caméra.
09:08 C'est-à-dire, toutes les comédiennes, la technique, la réalisatrice elle-même, vous avez fait du striptease ?
09:13 - Oui, alors il n'y avait pas la technique, il y avait la troisième assistante mise en scène qui s'occupait aussi du casting,
09:19 mais il y avait donc les comédiennes qui allaient jouer dans le film, et qui allaient jouer nos collègues dans le théâtre érotique.
09:28 Et donc c'était très important aussi qu'il n'y ait pas de caméra, et qu'on apprenne parce que c'est difficile de se déshabiller,
09:34 et de se mettre nue, et en fait il fallait vraiment qu'on ait cet endroit safe,
09:40 et un endroit de confiance et de bienveillance, et de savoir qu'on était vraiment regardés.
09:48 - Toutes les filles ont dansé, y compris la réalisatrice ?
09:52 - Exactement. - Nue ?
09:54 - Oui, elle s'est déshabillée, oui. Oui, elle était nue.
09:57 Moi par exemple, je ne me suis pas mise nue pendant cette résidence, parce que je n'avais pas envie,
10:01 et j'attendais la caméra pour le faire.
10:05 Non mais c'est vrai !
10:07 Voilà, j'ai donné ça à la caméra.
10:11 - C'est des comédies Louis Jouvet, on donne tout quand ça tourne.
10:14 - Oui, on donne tout, tout ce qu'on a sur le moment.
10:20 - Je dois dire aussi que c'est un film de filles. - Complètement.
10:23 - Il y a beaucoup de femmes, il y a aussi quelque chose d'extrêmement intéressant,
10:27 ça faisait longtemps qu'on n'avait pas vu ça dans le cinéma français,
10:30 les rôles d'hommes ne sont pas tous désagréables, misogynes, grincheux, dégueulasses, pour ne pas dire pire.
10:38 Mais en fait, ce film est un film qui est féministe,
10:42 parce qu'il raconte les corps et la diversité des corps des femmes, et le plaisir des femmes.
10:47 Donc forcément, il y a quelque chose de politique là-dedans,
10:50 mais c'est un film qui est moderne et qui est généreux,
10:53 parce que Lucie Borleto, c'est quelqu'un d'extrêmement cinéphile, d'extrêmement généreux,
10:57 et c'est quelqu'un de brillant et de pétillant.
11:00 Il y a une légèreté, une joie chez elle qui est très belle,
11:03 et donc du coup, quand elle écrit des rôles,
11:06 j'ai l'impression qu'il y a de l'amour, et non pas de la haine.
11:11 Et c'est vraiment important, et donc les hommes ne sont pas représentés
11:15 comme des personnes méchantes et bêtes, pas du tout.
11:20 En fait, ce qui est beau dans ce film, c'est qu'il y a de la contradiction,
11:23 il y a de l'épaisseur, c'est ni noir ni blanc, c'est moderne.
11:28 - Et c'est pas non plus un film naïf, ni béni-oui-oui.
11:31 On continue d'en parler de ce film et beaucoup d'autres choses,
11:33 on va parler de jeux vidéo, on va parler de BD,
11:36 Zita Anrot est avec nous et on en est absolument ravis !
11:39 Culture Média continue sur Europe.