Congé menstruel : "Il doit s'inscrire dans le cadre beaucoup plus large du bien-être au travail"

  • l’année dernière
Création d'un congé menstruel : "Il faut essayer d'insuffler le plus de flexibilité possible pour ne pas en faire un épouvantail. Il doit s'inscrire dans le cadre beaucoup plus large du bien-être au travail" explique Hélène Conway Mouret, sénatrice (PS) représentant les Français établis hors de France.

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Transcript
00:00 – Merci d'être avec nous Hélène Conway-Mouret,
00:01 de nous accompagner pendant cette première demi-heure,
00:03 vous êtes élue socialiste, vous représentez les Français établis hors de France
00:07 et c'est aujourd'hui la dixième journée de mobilisation
00:09 contre la réforme des retraites avec un dispositif policier sans précédent.
00:13 13 000 policiers et gendarmes dont 5 500 à Paris,
00:16 est-ce que vous saluez cette décision du ministère de l'Intérieur
00:19 de mettre les moyens pour assurer la sécurité des manifestations ?
00:22 – Alors assurer la sécurité bien entendu,
00:25 mais moi je suis assez surprise, le ministre vient de dire
00:28 qu'il y a 1000 éléments qui viennent de l'extérieur,
00:31 certains de l'étranger, c'est que donc ces personnes ont été identifiées
00:35 et je me demande pourquoi quelque part il n'est pas possible de les empêcher
00:42 de perpétrer ces violences auxquelles finalement le ministre se prépare.
00:48 Moi ce qui me dérange dans tout cela c'est que jusqu'à présent
00:51 nous avons eu des manifestations pacifiques,
00:53 nous avons eu jusqu'à près de 2 millions de Françaises et de Français
00:56 qui ont manifesté dans le calme, encadrés par la sécurité des syndicats
01:02 qui sont revenus maintenant dans la rue pour encadrer tout cela
01:07 et que d'un seul coup on a besoin de ce chaos,
01:09 on a besoin finalement de faire peur et quelque part cette violence
01:13 va démobiliser ceux qui jusqu'à présent sont descendus, manifestés
01:19 et qui aujourd'hui ne veulent pas se retrouver entre des black box d'un côté
01:23 et les forces de l'autre.
01:24 – Mais juste pour qu'on soit clair.
01:25 – De l'autre, enfin il y a quand même un souci.
01:28 – Vous dites qu'avant les black blocks étaient empêchés
01:30 d'arriver jusqu'aux manifestations et qu'aujourd'hui ils ne le sont plus ?
01:33 – Je ne sais pas s'ils étaient empêchés jusqu'à présent
01:35 mais là nous avons un ministre qui vient de s'exprimer
01:39 en disant qu'il y a la possibilité d'avoir des personnes
01:43 qui ne viennent que pour perpétrer de la violence,
01:47 s'attaquer à des magasins, voilà, et donc tout cela crée le chaos
01:52 mais s'ils sont identifiés, pourquoi est-ce que finalement
01:56 les équipements avec lesquels ils peuvent arriver dans leurs sacs à dos
01:59 ne leur sont pas retirés ?
02:01 Je suis allée manifester plusieurs fois dans les rues adjacentes au cortège,
02:06 eh bien il y avait des policiers qui vérifiaient le contenu des sacs jusqu'à présent.
02:11 Pourquoi est-ce que cela n'est pas fait ?
02:13 – Mais ce sera peut-être aussi le cas aujourd'hui ?
02:14 – Je l'espère mais alors il ne devrait pas y avoir de violence
02:18 telle que celle qui sont attendues.
02:20 – Vous pensez que le ministère de l'Intérieur a les moyens
02:24 d'empêcher toute forme de violence mais qu'il ne le fait pas ?
02:26 – Je le crois, je le crois.
02:27 – Dans quel but ?
02:29 – Écoutez, le fait de dissuader les Français d'aller manifester
02:34 fait que quand nous avions 2 millions, s'il n'y en a plus que 500 000 aujourd'hui
02:38 parce que les gens auront peur, parce que les gens n'aiment pas le chaos,
02:42 parce que les restaurateurs et tous ceux finalement qui sont les victimes
02:46 de ces violences vont bien sûr s'insurger contre ceux qui les commettent,
02:51 à un moment vous savez on tourne finalement la roue.
02:56 – Mais alors dans ce cas pourquoi déployer 13 000 policiers et gendarmes ?
03:00 – Parce qu'ils s'attendent à ces violences et que donc…
03:04 – Donc c'est bien qu'ils veulent les éviter ?
03:05 – Ils veulent les éviter, enfin ils les éviteront, non.
03:08 Vous avez vu jusqu'à présent les scènes de chaos auxquelles on assiste,
03:12 c'est-à-dire que la violence a lieu et dans les deux sens.
03:14 Parce que ce qui s'est aussi passé du côté des policiers,
03:18 aujourd'hui est à revoir, je sais qu'il y a un certain nombre d'enquêtes,
03:22 mais les violences de la part des manifestants comme celle des policiers
03:25 sont intolérables.
03:26 – Hier Emmanuel Macron a reçu à déjeuner Elisabeth Borne, des ministres
03:30 et puis les dirigeants de la majorité et il a eu cette phrase
03:32 "il y a un réel projet de la France insoumise de vouloir délégitimer nos institutions".
03:37 Qu'est-ce que vous pensez de ses propos ?
03:39 – Je pense que c'est irresponsable de la part de quelqu'un qui est élu
03:45 depuis 6 ans maintenant et qui a fait un choix très clair d'avoir un régime présidentiel
03:50 où toutes les décisions sont prises à l'Élysée,
03:53 où nous avons encore un conseil de défense, mais enfin pourquoi est-ce que personne
03:58 ne pose la question de la légitimité d'un conseil de défense qui a été mis en place
04:02 à un moment où nous avions la pandémie à gérer,
04:05 où nous étions dans une situation absolument exceptionnelle,
04:08 qui demandait en effet des actions exceptionnelles
04:12 et la mise en place par en effet de ce conseil de défense.
04:15 Aujourd'hui celui-ci continue à se réunir, les décisions principales,
04:21 enfin c'est ce que disent certains ministres, sont prises lors de ce conseil de défense
04:25 et non plus lors du conseil des ministres et nous voyons bien que depuis 6 ans,
04:29 nous avons les corps intermédiaires qui ont été délégitimés finalement de leur fonction,
04:34 à la fois les syndicats qui reprennent grâce quelque part à cette réforme des retraites
04:39 finalement à la place qu'ils auraient dû toujours avoir,
04:42 qui n'ont jamais été invités à l'Élysée quand le président dit aujourd'hui qu'il tend la main,
04:46 mais pourquoi ne l'a-t-il pas tendu avant la proposition de mise en place de ce conseil ?
04:53 – Olivier Véran, il dit, pour revenir à ce qu'on disait,
04:56 Olivier Véran il dit qu'il y a un continu entre la violence du discours politique
04:59 et la violence dans la rue visant sans aucun doute la France insoumise.
05:03 Vous partagez ça ?
05:04 – Écoutez, moi je trouve que la violence vient de l'attitude du gouvernement,
05:09 souvent, nous l'avons vécu, moi je l'ai vraiment très très mal vécu,
05:12 d'ailleurs dans une des prises de parole, j'ai exprimé un sentiment très fort,
05:18 j'ai dit quelque chose vient de se casser cette semaine au Sénat,
05:21 même au Sénat où les débats finalement sont restés respectueux jusqu'à la fin,
05:26 bon, on nous a bloqué le vote, on nous a empêché de nous exprimer,
05:31 mais nous avons quand même continué jusqu'au bout, nous avons trouvé un consensus,
05:36 la majorité, je crois, LR, avait pris la mauvaise décision
05:40 et sont restés complètement figés sur ce totem des 64 ans qui est obsolète aujourd'hui,
05:47 enfin ce n'était pas la façon de présenter les choses,
05:49 c'est tellement peu la façon que l'on voit que les gens demeurent mobilisés,
05:54 et c'est intéressant ce que vous avez dit dans votre propos introductif,
05:58 il n'y a pas qu'à Paris qu'il y a des manifestations,
06:01 enfin dans toute la France, aujourd'hui les ministres ne vont plus en visite ministérielle dans le pays
06:07 parce que je pense qu'ils se feraient caillasser partout,
06:09 donc cette violence elle s'exprime à tous les niveaux jusque dans les plus petits villages.
06:14 – Effectivement, il n'y a pas qu'à Paris, et vous faites bien de le dire,
06:17 on va voir comment se prépare la mobilisation dans nos régions,
06:19 on va à Nice où on retrouve Denis Carreau, directeur des rédactions du groupe Nice Matin,
06:23 bonjour Denis, merci beaucoup d'être avec nous,
06:26 dixième journée de mobilisation aujourd'hui, Denis,
06:28 les précédentes mobilisations se sont déroulées dans le calme à Nice,
06:31 à quoi ça tombe aujourd'hui dans votre région ?
06:34 – Alors effectivement, Auriane, il n'y a pas qu'à Paris qu'il y a des manifestations,
06:38 pour cet acte X, c'est le titre de Nice Matin et de Var Matin,
06:42 on attend beaucoup de monde aujourd'hui,
06:44 deux manifestations sont prévues dans les Alpes-Maritimes, à Nice et au Canet,
06:48 trois dans le Var, à Toulon mais aussi à Draguignan et à Brignoles,
06:52 deux villes moins importantes mais où la mobilisation est conséquente,
06:56 et dans le Sud-Est, on a rarement vu autant de monde dans les rues,
07:00 à Nice jeudi dernier, ils étaient 40 000 selon les syndicats à défiler,
07:06 on a aussi enregistré beaucoup de perturbations,
07:09 à la fois dans le centre-ville et à l'aéroport,
07:12 et c'est une situation qu'on devrait revivre ce matin,
07:15 et il est à noter effectivement Auriane que depuis le début du mouvement,
07:19 toutes ces manifestations se sont tenues dans le calme,
07:22 pas de casse, pas de débordements, pas d'incendie,
07:25 on a même vu à Nice jeudi, des policiers baisser leur bouclier
07:30 et enlever leur casque au passage de manifestants qui scandaient "la police avec nous",
07:36 des scènes qu'on ne retrouve malheureusement pas forcément partout.
07:40 Alors d'où ma question à la sénatrice Hélène Conway-Mouret,
07:44 un peu comme les policiers niçois,
07:46 Elisabeth Borne tend la main aux syndicats et s'efforce d'apaiser la situation,
07:53 est-ce que vous pensez qu'elle a une petite chance d'y arriver ?
07:57 Je crois qu'elle a une petite chance si elle les entend,
07:59 tendre la main est une chose,
08:01 écouter et entendre ce qui est proposé en est une autre,
08:05 et je me répète pardon,
08:08 mais il était quand même utile de le faire avant même de présenter ce projet de loi.
08:13 Pourquoi n'y a-t-il pas eu de consultation ?
08:15 Il est tout à fait faux aujourd'hui, à la fois du président comme de la Première Ministre,
08:21 de dire qu'il y a eu de très larges consultations.
08:23 Pourquoi est-ce que les assemblées n'ont pas fait leur travail ?
08:26 Nous étions prêts, nous avions pléthore d'amendements pour améliorer un texte
08:31 qui pouvait l'être très largement.
08:33 Il n'y avait pas d'opposition à une réforme des retraites.
08:37 Nous savons très bien que sur le plan budgétaire,
08:39 nous avons besoin de faire des efforts et de planifier les choses.
08:42 Donc nous y étions prêts, mais nous avons eu,
08:46 comme d'ailleurs depuis six ans maintenant,
08:49 un gouvernement qui arrive et qui est tellement sûr de lui-même
08:53 de posséder la science infuse et de surtout ne pas voir son texte touché
08:59 alors qu'il a été préparé par des services administratifs dans les ministères
09:05 et que le politique est là par le biais des députés et des sénateurs
09:10 pour apporter cet élément politique et faire en sorte qu'en effet,
09:15 la loi qui sera promulguée sera la plus juste possible,
09:20 juste dans tous les sens du terme.
09:22 Et donc voilà, tout ce travail n'a pas été fait.
09:25 En fait, ce texte a été présenté comme les autres auparavant,
09:29 c'est-à-dire qu'il nous est imposé.
09:31 Pendant cinq ans, l'Assemblée votait absolument tout ce qui lui était proposé.
09:34 Bon, maintenant avec le 49-3, il ne vote plus.
09:36 Donc il ne sert pas à grand-chose.
09:38 Et au Sénat, nous avons continué à essayer de travailler
09:41 avec finalement en limitant les dégâts pour un certain nombre de textes.
09:45 Donc en fait, c'est une méthode, c'est-à-dire qu'ils ont raison.
09:49 Je crois que si vous rejouez un petit peu les débats au Sénat,
09:54 le terme de mépris, il y a des termes qui sont revenus dans le débat.
09:59 C'était des sentiments qui étaient exprimés.
10:00 Alors on n'est pas là pour faire du pathos, bien évidemment.
10:03 Mais enfin, je crois que les uns et les autres se sont exprimés différemment
10:06 à l'Assemblée, de façon un peu plus violente, c'est vrai.
10:09 Mais bon, c'est la façon dont les choses se passent.
10:12 Pour avoir été au banc du gouvernement,
10:15 je peux vous dire que le Sénat est quand même beaucoup plus respectueux
10:19 et les choses se passent différemment.
10:20 Mais moi, je l'ai ressenti comme aussi une violence.
10:23 Cette imposition de toujours avoir raison, ce mépris, cette condescendance.
10:28 Voilà, à un moment, on en a assez.
10:32 – Denis, un dernier mot ?
10:34 – Justement, est-ce que ce gouvernement, il peut continuer ?
10:36 Est-ce que Elizabeth Warren, la Première ministre, peut rester
10:41 et enclencher des réformes ?
10:44 – Écoutez, je ne sais pas si c'est une histoire de personne.
10:47 Moi, je crains que celle ou celui qui lui succédera,
10:51 finalement, sera soumise toujours au diktat du Président,
10:54 qui continue à décider tout seul, qui prend ses décisions
10:58 dans son Conseil de défense maintenant, la plupart du temps,
11:01 entouré de quelques personnes.
11:03 Je crois qu'il demeure dans la logique du "start-up nation",
11:06 c'est-à-dire qu'on est avec deux ou trois personnes,
11:08 on décide d'une chose et puis on se lance.
11:11 Si ça passe, c'est très bien, si ça casse,
11:13 eh bien on passe à autre chose immédiatement.
11:15 Vous savez, le Président était déjà dans la réforme d'après,
11:21 souvenez-vous, la réforme n'était pas encore votée,
11:27 elle ne l'a pas été, que déjà, nous étions dans la présentation
11:32 du SNU, dans le texte suivant,
11:35 nous sommes dans une moulinette infernale
11:37 où dès lors qu'un texte est présenté, il doit être voté
11:41 et on passe à la chose suivante, voilà.
11:43 Comme si les projets de loi étaient simplement sur une page
11:46 d'un livre qu'on tournerait à toute vitesse.
11:49 – Merci Denis Carreau, merci beaucoup d'avoir été avec nous depuis Nice,
11:53 on regarde la Une de Nice ce matin, Denis, Acte X,
11:56 c'est à la Une de votre journal.
11:57 Merci Denis Carreau et à très vite, évidemment,
12:00 on va parler d'un autre sujet, Hélène Conway-Mouret,
12:02 puisque pour aider les femmes qui ont des règles douloureuses,
12:04 vous souhaitez instaurer un congé menstruel.
12:06 On va voir en quoi ça consiste avec notre journaliste Alex Poussard,
12:09 qui nous rejoint.
12:11 [Générique]
12:19 – Bonjour Alex. – Bonjour Yann, bonjour Hélène Conway-Mouret.
12:21 – Et Alex, vous allez donc nous parler de cette proposition de loi
12:23 d'Hélène Conway-Mouret qui propose d'instaurer un congé menstruel
12:26 pour les femmes qui ont des règles douloureuses.
12:27 – Oui, c'est un dispositif qui permettrait pour ces femmes souffrant
12:30 de douleurs menstruelles de prendre une journée ou deux journées
12:34 de congé par mois, c'est un dispositif flexible,
12:37 ça peut être aussi une journée de télétravail et il n'y aurait pas besoin
12:41 d'une prescription médicale pour pouvoir bénéficier de ces congés menstruels.
12:46 Actuellement, rares sont les pays dans le monde où ces congés menstruels existent,
12:50 il y a le Japon depuis 1947, l'Indonésie, la Zambie,
12:55 et depuis un mois l'Espagne est le premier pays européen
12:58 à avoir mis en place ce nouveau droit.
13:01 Alors, à quand un congé menstruel en France ?
13:03 Il y a votre texte, Hélène Conway-Mouret, il y a également un texte
13:07 sur lequel travaillent les députés écologistes et notamment Sandrine Rousseau.
13:11 Et puis à l'échelon local, cette semaine, une première ville en France
13:15 a mis en place ce congé menstruel pour ses agentes,
13:18 c'est la ville de Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis.
13:20 On va écouter le maire de Saint-Ouen.
13:23 Les femmes représentent 50% de la population en France
13:25 et la moitié d'entre elles souffre de règles douloureuses ou de règles incapacitantes.
13:29 À Saint-Ouen, dans ma ville, nous avons 2000 agents, 60% de femmes, 1200 femmes,
13:33 ce qui signifie statistiquement que nous avons entre 500 et 600 femmes victimes de règles douloureuses.
13:38 On ne pouvait pas ne rien faire, on a analysé l'arsenal juridique, l'arsenal financier
13:43 et on s'est dit on va mettre en place ce congé menstruel.
13:46 Et on est vraiment fiers qu'une bonne partie désormais des villes suivent le pas.
13:50 On sait que Paris a exprimé un vœu il y a quelques semaines et de nombreuses villes emboîtent le pas.
13:55 – Alors à voir maintenant si ce congé menstruel va être généralisé au niveau national.
13:59 On peut préciser qu'à l'automne dernier, dans le débat au Sénat sur le budget 2023,
14:04 la sénatrice écologiste Mélanie Vaugelle avait déposé un amendement
14:07 pour créer ce congé menstruel mais le Sénat avait rejeté cette proposition.
14:13 On peut préciser aussi que cette mesure fait quand même débat,
14:16 notamment dans les milieux féministes,
14:18 car certaines associations estiment que cela pourrait créer une discrimination à l'embauche pour les femmes.
14:24 Donc il y a un débat autour de cette mesure mais quand même,
14:27 on peut dire qu'en 2021, 2/3 des femmes en France se disaient favorables à la création du congé menstruel.
14:34 Hélène Connoy-Mouret, d'abord une petite précision, quand votre texte va être déposé ?
14:39 – Alors quand il sera juridiquement solide, ce qui n'est pas tout à fait le cas aujourd'hui
14:45 parce qu'en effet je suis partie du terme "congé" qui nécessitait en fait un amendement au code du travail.
14:53 Or aujourd'hui, après beaucoup de consultations notamment avec le corps médical,
15:00 on se rend compte que finalement ce congé menstruel devrait être pris en charge par la Sécurité sociale
15:08 et donc ne nécessite pas une modification du code du travail mais du code de la Sécurité sociale.
15:15 Tout simplement parce que la mise en place de celui-ci est compliquée sur le plan budgétaire
15:24 où bien évidemment on demande immédiatement combien cela va coûter,
15:30 c'est absolument impossible comme les arrêts maladie finalement en France à en faire une estimation
15:36 et c'est pour cela, et dans la façon dont vous l'avez présenté,
15:39 j'essaye d'insuffler le plus de flexibilité possible,
15:43 en effet de parler de télétravail si la personne ne peut pas se déplacer
15:48 et de ne pas avoir finalement ce congé menstruel comme un épouvantail
15:52 et cela a été le cas malheureusement en Espagne,
15:55 vous avez en effet mentionné que la loi était promulguée mais elle n'a pas été encore mise en place
15:59 parce que les principaux syndicats espagnols aujourd'hui bloquent et continuent à bloquer
16:08 jusqu'au moment de la promulgation des décrets qui permettra la mise en place de cette loi
16:13 mais de trouver finalement le support juridique correct.
16:17 Donc moi je m'inspire de ce qui se fait en Espagne absolument
16:21 et je vais d'ailleurs rencontrer bientôt les députés qui eux ne sont pas aussi avancés que moi,
16:27 j'avais proposé trois articles justement, la possibilité d'introduction du télétravail
16:32 mais ce que j'ai fait valider pour l'instant par les services juridiques n'est pas suffisamment solide.
16:39 Donc j'attends mais je pense qu'en fait il faut insérer finalement ce congé menstruel
16:46 dans le cadre beaucoup plus large du bien-être au travail et également de la santé des femmes
16:53 et donc c'est pour ça que ce travail avec le corps médical est important
16:57 où celui-ci aujourd'hui est plutôt dans une logique de prendre en compte pour la première fois finalement
17:04 ses douleurs, ses incapacités de travail et d'avoir peut-être finalement un arrêt maladie
17:12 qui ne serait pas prescrit tous les mois mais qui s'inscrirait dans une longue durée
17:18 qui ne nécessiterait pas à la femme chaque mois d'aller voir son médecin.
17:21 – Et du coup si vous n'arrivez pas à aboutir à une proposition de loi,
17:24 vous pourriez déposer par exemple un amendement dans la loi travail qui serait examiné avant l'été ?
17:28 – Nous y réfléchissons et je vais voir avec les députés où ils en sont
17:33 parce que leurs consultations sont différentes des miennes
17:36 et en fait je pense qu'il faut que nous travaillions correctement
17:39 et puis surtout d'avoir un soutien le plus large possible.
17:43 En effet ma collègue a proposé cet amendement qui a été rejeté,
17:47 je pense parce qu'il n'avait peut-être pas été travaillé dans le détail
17:50 de ce que nous serons en capacité de démontrer et de proposer la prochaine fois
17:55 avec la délégation ici au droit des femmes et la guillotinée des chances,
17:58 voilà nous avons besoin de ce soutien politique un peu plus large aussi.
18:02 – Et sur le fond il y a actuellement très peu de pays dans le monde
18:04 qui ont créé ce congé menstruel, comment vous l'expliquez ?
18:07 Il y a une forme de tabou sur ces douleurs ?
18:09 – Je le crois et je pense que justement le fait d'en parler, c'est déjà une victoire,
18:15 le texte viendra plus tard mais je pense que nous avons besoin d'avancer,
18:20 de progresser avec des tabous et des choses qui sont tout à fait naturelles
18:26 et le fait d'en parler fera aussi peut-être, mettra un coup d'arrêt
18:30 à certaines remarques désobligeantes de la part de certains dont les femmes souffrent
18:36 parce qu'il y a la souffrance physique et il y a la souffrance psychologique également.
18:41 Donc je pense que le fait d'en parler aujourd'hui et les médias ont très largement
18:47 finalement suivi ce sujet, est une très bonne chose.
18:51 – Donc il y a la nécessité d'avoir une prise de conscience sur ces douleurs menstruelles,
18:54 on a vu qu'il y a eu une initiative locale avec la mairie de Saint-Ouen,
18:57 ça peut renforcer cette prise de conscience ?
18:59 – Oui vous savez que nous avons une dizaine de PME aujourd'hui en France
19:03 qui l'ont instaurée, alors on voit bien à chaque fois
19:05 que c'est dans une petite structure, le parti socialiste également
19:09 et ce qui est intéressant c'est que finalement la mise en place permet de tester aussi
19:15 sur le plan budgétaire et peut-être d'apaiser les craintes et les inquiétudes de certains
19:22 si, je l'espère un jour, cette proposition de loi est acceptée
19:27 une fois qu'elle est juridiquement bouclée,
19:31 fera en sorte qu'il n'y aura pas de peur de la part des syndicats, des grandes entreprises
19:36 et que finalement il n'y aura pas d'opposition à cela.
19:41 – Merci Alex, à tout à l'heure.
19:42 – A tout à l'heure, on parlera de la popularité d'Emmanuel Macron.
19:46 – Ce sera à suivre dans le club.
19:47 On va parler de l'Afrique pour terminer, c'est un sujet évidemment que vous suivez,
19:51 Hélène Conway-Moury, le Burkina Faso a suspendu hier la diffusion de la chaîne France 24
19:56 au motif qu'aurait été diffusé sur la chaîne un interview du chef d'Al Qaïda au Maghreb islamique,
20:00 des accusations sans fondement pour France 24 qui rappelle
20:03 ne lui avoir jamais donné la parole directement, qu'est-ce que vous pensez ?
20:06 De cette décision des autorités du Burkina Faso.
20:09 – C'est une grande tristesse, en fait j'étais hier avec Madame Saragosse
20:15 qui était vraiment très perturbée par cela, absolument,
20:18 Marie-Christine Saragosse qui était auditionnée à l'Assemblée des Français de l'étranger
20:22 qui se réunit toute la semaine à Paris.
20:25 Et elle était vraiment très perturbée par cette nouvelle qu'elle devait gérer.
20:32 Je pense que c'est un signe supplémentaire de la descente aux enfers finalement.
20:39 Pour le peuple burkinabé, vous savez c'est le peuple des hommes valeureux,
20:44 qui ne mérite absolument pas cela,
20:47 qui aujourd'hui connaît des actes de violence de plus en plus nombreux
20:53 et qui, je l'espère, ne fera pas appel à ceux qui aujourd'hui sévissent au Mali,
20:59 je parle de Wagner, je pense que les burkinabés, je l'espère,
21:05 résisteront à cette tentation de se dire que s'ils n'arrivent pas à résoudre
21:09 ce problème de violence localement eux-mêmes, ils feront appel à l'extérieur.
21:14 – Mais vous parlez de Wagner, là il y a eu la décision de suspens France 24,
21:18 il y a quelques semaines le Burkina Faso a demandé le départ des soldats français
21:22 qui étaient présents dans le territoire.
21:24 Est-ce que pour vous il y a une pression de la Russie
21:27 qui attise le sentiment anti-français sur place ?
21:31 – Bon, alors bien sûr on connaît aujourd'hui les actions de la Russie
21:36 mais de la Chine également, ils ne sont pas les seuls
21:39 qui ont bien saisi l'opportunité par les réseaux sociaux finalement
21:44 de faire de la propagande dans un premier temps
21:47 et ensuite d'aller dans le sens de ce qu'ils souhaitent,
21:49 c'est-à-dire finalement pousser les français dehors pour prendre leur place
21:53 mais pas la même place, pas pour les mêmes raisons non plus.
21:57 Donc c'est vrai qu'ils sont actifs mais il ne faut pas simplement regarder
22:03 ce que les Russes font, pourquoi le font-ils
22:06 et pourquoi ont-ils aussi la possibilité de le faire, pourquoi ça marche ?
22:10 – Est-ce que ça ne marche pas parce que la France
22:13 est en train de perdre toute influence au sein ?
22:14 – Voilà, donc il faut que nous nous posions des questions nous-mêmes d'abord
22:18 sans simplement se dire "c'est la faute des Russes",
22:21 oui les Russes sont là, les Russes s'imposent de plus en plus, mais pourquoi ?
22:26 Qu'est-ce que nous n'avons pas fait ou pas fait correctement
22:29 pour aujourd'hui être dans cette situation où finalement
22:32 notre ambassadeur a été rappelé, a été expulsé en fait du Mali
22:38 et aujourd'hui nous avons une pression en effet où la France n'est plus bienvenue.
22:43 – Et pourquoi selon vous ?
22:44 Est-ce qu'il y a eu des erreurs de la part du gouvernement,
22:48 des politiques publiques d'Emmanuel Macron ?
22:49 – Non, pas forcément, vous savez, je l'ai blâmé tout à l'heure
22:53 pour un certain nombre de choses qui sont justifiées,
22:57 mais non, je pense que nous n'avons certainement pas pris peut-être
23:01 les bonnes décisions pendant longtemps, c'est-à-dire de mettre là,
23:05 finalement ce que nous faisons aujourd'hui, enfin,
23:08 l'accent sur l'aide publique au développement, sur le développement du pays.
23:13 Nous avons là une jeunesse incroyablement qualifiée
23:18 qui ne demande qu'à travailler, qui ne demande qu'à s'épanouir
23:21 dans des pays aujourd'hui qui sont dans une grande pauvreté
23:25 où la violence sévit, enfin voilà, aussi pour des raisons climatiques,
23:30 il y a une conjonction de facteurs qui fait que ces pays n'y arrivent pas
23:36 et que notre présence qui aurait été peut-être moins évidente
23:39 sur le plan militaire mais beaucoup plus sur le plan finalement
23:43 du développement économique, du développement éducatif et ainsi de suite de ces pays,
23:48 ferait que nous ne serions pas perçus de la même façon.
23:51 Donc oui, mais bon, en même temps, nous avons répondu à des appels
23:55 à certains moments où ces pays étaient, je parle du Mali, là je reviens au Mali,
23:59 la France n'est pas allée au Mali militairement toute seule.
24:02 – Elle est allée à la demande du Malien.
24:04 – Un dernier mot, il nous reste un peu de temps sur l'Assemblée des Français de l'étranger,
24:08 vous nous en avez parlé, vous en êtes membre,
24:11 en quoi ça consiste, quels sont les enjeux du moment ?
24:14 – Alors ce sont 90 élus locaux, c'est une réforme que j'ai portée en 2013,
24:20 où nous avons 443 Françaises et Français qui sont élus localement
24:25 dans tous les pays du monde, là où nous avons une présence diplomatique,
24:31 éducative, culturelle, économique, voilà.
24:34 Et donc ce sont un peu des conseils municipaux,
24:36 nous avons créé des conseils consulaires autour du consulat
24:38 puisque nous n'avons pas de mairie à l'étranger,
24:40 et donc ces conseils consulaires réunissent ces élus
24:44 qui ont des compétences dans tous les domaines que je viens d'exprimer
24:48 et qui s'occupent pour beaucoup, font beaucoup de social finalement,
24:52 s'occupent de ces communautés françaises qui sont en expansion un peu partout,
24:58 avec des jeunes qui pour beaucoup partent étudier
25:02 et puis qui ont un coup de cœur pour le pays et décident de s'y installer.
25:06 – Merci Hélène Codrou et Mauré, merci beaucoup d'être venue nous voir
25:09 pendant cette première demi-heure.

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