Écoutez l'interview du sénateur de la Vendée et Président du groupe Les Républicains au Sénat.
Regardez L'invité de RTL du 28 mars 2023 avec Amandine Bégot.
Regardez L'invité de RTL du 28 mars 2023 avec Amandine Bégot.
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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h43, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bégaud vous recevez ce matin
00:11 le président du groupe Les Républicains au Sénat Bruno Retailleau.
00:14 Nouvelle journée donc de mobilisation contre cette réforme des retraites.
00:17 Aujourd'hui c'est la dixième on se souvient de ces incidents.
00:20 La semaine dernière on a aussi vu cette violence inouïe ce week-end à Saint-Sauline.
00:24 Le ministre de l'Intérieur annonce un dispositif inédit.
00:27 13 000 policiers et gendarmes mobilisés dont 5 500 rien qu'à Paris.
00:31 Est-ce que ça va suffire Bruno Retailleau ?
00:33 Je ne sais pas mais on peut être inquiet.
00:35 Je suis Vendéen, j'étais en Vendée ce week-end.
00:39 C'était à quelques encablures de Saint-Sauline, des Deux-Sèvres.
00:42 Et vous avez raison, vous avez utilisé une expression qui est très juste.
00:45 Une violence inouïe.
00:47 Il y a le feu à la Maison France parce que trop de braise couvre depuis trop longtemps.
00:52 Le problème c'est que certains jettent de l'huile sur cette braise.
00:56 Certains ?
00:57 Certains, l'extrême gauche et notamment M. Mélenchon.
01:00 C'est lui le responsable de cette violence inouïe ?
01:04 Quand vous dites "il y a le feu aujourd'hui à la Maison France", c'est lui le responsable ?
01:07 Il y a des responsabilités partagées mais qui ne sont pas au même niveau.
01:10 Je pense que Emmanuel Macron a commis des maladresses.
01:12 Mais que je ne mets pas au même niveau que l'institutionnalisation de la violence
01:16 faite par l'extrême gauche française et notamment justifiée par M. Mélenchon.
01:21 Lorsqu'on a vu les débats à l'Assemblée Nationale
01:24 et cette violence dans les mots, dans les termes, dans les actes, notamment parlementaires,
01:30 il y a comme un prolongement entre cette violence-là dans l'hémicycle
01:34 et les violences qui sont justifiées à l'extérieur.
01:37 M. Mélenchon a fait un tweet dimanche en parlant à tout ce cirque.
01:40 S'il n'y avait pas eu ce cirque, je crois que l'expression qu'il a utilisée
01:44 serait une sorte de marche dans les champs.
01:47 La belle plaisanterie.
01:48 Non, M. Mélenchon est un ancien trotskiste.
01:52 Il n'a pas oublié ses leçons de l'emmertisme.
01:55 Il a un objectif, c'est faire tomber la Ve République.
01:58 Son objectif, c'est ça aujourd'hui ? Faire tomber la République ?
02:01 Son objectif, bien sûr.
02:02 Et il justifie chaque jour la violence.
02:05 Moi, je me souviens qu'hier, cette extrême gauche battait le pavé aux côtés des islamistes.
02:10 C'était en novembre 2019.
02:12 Et aujourd'hui, ils battent la campagne aux côtés des cagoules noires.
02:16 Cette violence-là ne doit pas passer.
02:18 On doit s'y opposer. On doit la dénoncer.
02:21 Et moi, ce qui m'a stupéfait, c'est que quand on est élu de la République,
02:25 on ne participe pas à des manifestations qui sont interdites.
02:29 On ne se mélange pas avec des cagoules noires.
02:32 On n'en devient pas le complice de cette violence.
02:34 Ça vous choque qu'il ne les condamne pas ?
02:36 Bien sûr.
02:37 Française Clémence Guéthet, la députée qui était hier assise à votre place,
02:40 elle n'a pas condamné les violences contre les gendarmes.
02:43 C'est profondément choquant.
02:44 Est-ce que vous imaginez un seul instant que Marine Le Pen ou quelqu'un du RN
02:48 ait ce type de comportement ?
02:50 Non. Mais on appellerait à la République en danger.
02:52 Est-ce que vous diriez qu'ils sont plus extrémistes, plus dangereux que le RN ?
02:55 Aujourd'hui, je pense que la menace vis-à-vis notamment de la Ve République,
02:59 de nos institutions, vient de cette partie de l'échec qui est politique.
03:03 Alors ça, c'est le constat. Qu'est-ce qu'on fait ?
03:05 Je pense que ce que l'on fait, c'est d'abord, Emmanuel Macron, le faire.
03:10 Un, on tient en échec ces violents, ces ultra-violents.
03:14 On ne peut pas leur donner la victoire.
03:18 Ça, c'est les forces de l'ordre, notamment.
03:21 Et moi, je veux redire ma solidarité, je veux redire mon admiration
03:24 vis-à-vis des forces de l'ordre, des gendarmes, des policiers
03:28 qui mettent en danger leur vie pour nous protéger.
03:30 Ça, c'est la première chose.
03:32 Deuxième chose, il faut qu'Emmanuel Macron arrête ses maladresses.
03:35 On a eu, la semaine dernière, y compris d'ailleurs cette semaine,
03:37 mais la semaine dernière, notamment avec son interview,
03:40 un concours méticuleux de ses maladresses,
03:43 où il a tout fait d'ailleurs pour écarter Laurent Berger.
03:46 Je pense, moi, qu'on doit reprendre le contact,
03:48 il doit reprendre l'angle avec les syndicats,
03:51 ne pas appuyer sur le bouton "pause".
03:53 Oui, mais c'est ce que demande Laurent Berger, il dit "on appuie sur le bouton "pause" et on se parle.
03:56 Écoutez, il a des troupes, Laurent Berger, il en est aussi comptable.
03:59 Mais ça n'empêche pas de reprendre l'angle,
04:01 parce que la CFDT doit rester un syndicat réformiste.
04:05 Et tant que la CFDT sera collée, si j'ose dire, à l'intersyndical,
04:09 dans ce mouvement qui va créer de plus en plus de chaos,
04:12 je ne peux pas croire que Laurent Berger, à un moment ou à un autre, justifie ce type de chaos.
04:17 Donc ça, c'est le deuxième point.
04:20 Mais alors, concrètement, ça veut dire quoi ?
04:22 Parce que c'est pas mettre sur le bouton "pause"
04:24 Pardon, j'appuie sur mon bouton à moi.
04:26 C'est pas mettre sur le bouton "pause" et en même temps, Laurent Berger ne veut pas venir.
04:30 Vous dites quoi à Laurent Berger et quoi à Emmanuel Macron ?
04:32 C'est se revoir.
04:33 Donc vous dites à Emmanuel Macron "recevez Laurent Berger tout seul" ?
04:37 Il y a un gros sujet qui sera un sujet du partage de la valeur ajoutée.
04:41 Toutes les forces syndicales se sont mis d'accord sur un texte.
04:44 Il faut le reprendre in extenso.
04:46 Il y a des questions sur l'usure professionnelle, sur l'invalidité, sur la pénibilité.
04:50 Ces questions-là sont des questions essentielles.
04:53 Et à Laurent Berger, vous lui dites "arrêtez avec ces 64 ans, tant pis".
04:57 Je lui dis qu'on peut parfaitement, lorsqu'il y a de l'usure professionnelle, de la pénibilité,
05:02 sortir des travailleurs qui sont usés bien avant 64 ans.
05:05 Le texte déjà le permet.
05:07 Donc il y a moyen et il y a du grain à moutre dans la discussion.
05:10 La Première Ministre, à la demande du chef de l'État, va recevoir les différents partis politiques la semaine prochaine,
05:17 dont les Républicains, les syndicats, celles d'après.
05:21 Et certains appellent à un gouvernement plus élargi.
05:26 Rachida Dati même a parlé pour les Républicains d'un accord de gouvernement entre les Républicains et Emmanuel Macron.
05:32 On sait que c'est ce que Nicolas Sarkozy aussi soufflait depuis plusieurs mois.
05:35 Vous n'en voulez toujours pas ?
05:37 Ce n'est pas que je n'en veux pas, c'est qu'il faut qu'on soit très très clair.
05:40 Les députés LR ont été élus par leurs électeurs sur une ligne d'autonomie et d'indépendance.
05:46 Aujourd'hui, une des sources d'ailleurs des violences, c'est le malaise démocratique.
05:50 Et vous pensez qu'on va trahir ces électeurs-là en changeant de pied brutalement ?
05:54 J'observe par ailleurs que, quand bien même certains de chez nous pourraient faire une sorte d'alliance,
06:00 il n'y aurait pas plus de majorité.
06:02 Regardez pour les retraites, qu'est-ce qui a conduit au 49.3 notamment ?
06:05 C'est parce que beaucoup de voix se sont dispersées.
06:07 Il n'y avait pas une majorité, sinon il n'y aurait pas eu sans doute l'usage du 49.3.
06:11 Donc moi je pense qu'il vaut mieux respecter les suffrages
06:15 plutôt que d'essayer des combinaisons d'arrière-couloir.
06:19 Ce ne serait pas responsable ?
06:21 Je vais jusqu'à imaginer un gouvernement d'Union Nationale par exemple.
06:24 Vous dites "Laurent Berger a ses troupes et il doit aussi faire un pas, chacun doit faire un pas".
06:29 Est-ce que vous aussi, dans de telles circonstances, vous ne vous dites pas "je dois faire un pas" ?
06:32 Ce que je dis simplement, c'est qu'il faut respecter ses électeurs.
06:36 Et c'est parce que la politique et la démocratie est affaiblie,
06:39 c'est parce que nous n'avons pas, souvent, eu des reniements, des renoncements,
06:42 nous n'avons pas respecté notre électorat.
06:44 Je pense que les choses doivent être claires,
06:46 soit le chaos persiste, et à un moment donné, il faudra repartir, retourner devant les électeurs.
06:52 Donc ça veut dire dissoudre l'Assemblée ?
06:54 Et qu'après une dissolution, et qu'après justement avoir exposé les choses clairement auprès des électeurs,
07:00 y ait, si j'ose dire, une Union Nationale, si les choses étaient extrêmement graves,
07:05 s'il fallait sauver l'essentiel, pourquoi pas ?
07:08 Mais pas d'Union Nationale sans dissolution ?
07:10 Mais ce serait franchement une ultime solution.
07:13 Et la dissolution, ça doit être tout de suite ou faut attendre ?
07:15 Non, ça n'est pas ce que je souhaite, la dissolution.
07:19 Simplement ce que je dis, c'est que si le chaos devait persister,
07:22 dans une démocratie, quand il y a un blocage, la seule façon de s'élever au-dessus du blocage et de le débloquer,
07:28 c'est justement le recours au suffrage et donc aux électeurs qui trancheront cette difficulté-là.
07:34 Dernière question Bruno Rotaillot, est-ce que rétrospectivement,
07:37 vous ne vous dites pas que les Républicains ont un peu une part de responsabilité dans cette crise ?
07:41 Si les députés LR par exemple avaient voté cette réforme, on n'en serait peut-être pas là, non ?
07:46 Il m'arrive de le penser, vous voyez.
07:48 C'est un problème d'ordre, d'autorité dans votre parti ?
07:51 C'est un problème de lignes, vous voyez.
07:53 Moi je dis, j'avais écrit un livre, Refondation, et j'avais utilisé une expression,
07:58 chez nous c'est le tout à l'égo.
08:00 C'est-à-dire que la droite a privilégié toujours les individus, les personnalités,
08:03 au détriment du débat d'idées.
08:05 Ce qui fait qu'aujourd'hui, beaucoup d'entre nous ne savent plus ce qu'il faut penser.
08:07 Ils veulent réinventer une droite, une droite qui serait plus dépensière,
08:11 une droite où il faudrait toujours moins travailler.
08:13 Je suis désolé de leur dire, mais cette droite-là, elle est aussi vieille que nos reniements, que nos renoncements.
08:20 Je pense que pour nous, c'est le débat d'idées.
08:22 N'entrons pas trop vite dans les présidentielles, parce qu'il faut qu'on renouvelle notre logiciel.
08:26 Il faut qu'on dise aux Français, voilà ce que nous sommes aujourd'hui.
08:28 Voilà notre vision.
08:29 Ça c'est un message à leur invoquer ?
08:30 Non, non, non, je vous assure, pas du tout.
08:33 C'est un message à notre mouvement politique.
08:36 Revenons aux idées, choisissons une ligne claire, parce que tant qu'on n'aura pas cette clarté,
08:40 tant qu'on ne saura pas où on habite, je crois qu'il nous arrivera ce qui nous est arrivé sur les retraites,
08:45 et ce sera la dispersion.
08:47 Quand on n'a pas le nombre, et on est de moins en moins nombreux, on doit avoir la cohérence.
08:51 C'est la cohérence, la clarté.
08:52 C'est la clarté qui fait la politique.
08:54 La clarté sur les convictions.
08:55 Quelles sont nos convictions ?
08:56 Merci beaucoup.
08:57 beaucoup.
08:57 [SILENCE]