• l’année dernière
Depuis onze jours, Xavier, vendeur à Castorama à Strasbourg, est en grève de la faim.
Il a été rejoint il y a 3 jours par Nicolas, qui est également salarié de l'enseigne de bricolage.
Leur revendication ? S'asseoir autour de la table avec la direction afin de négocier une augmentation des salaires, qui stagnent alors même que l'inflation explose.
En attendant, ils dorment dans leur voiture devant le magasin.


Musique :
Isolated - Innocence
Isolated - Perfection
Divkid - Rising Sunlhumanité
conflit castorama

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Transcription
00:00 Je suis en grève de la faim depuis 10 jours maintenant et je suis sur le parking de mon magasin Castorama à Strasbourg.
00:04 J'ors dans mon véhicule, c'est mon 10ème jour et c'est ça mon appartement on va dire.
00:08 J'ai mon sac de couchage, j'ai mes deux duvets et là où je dors, tout est nuit.
00:11 Là il y a Nico qui est en grève de la faim depuis lundi et il dort aussi dans le véhicule.
00:17 Ça va Nico, pas trop dur ?
00:19 Ben je vais pas me plaindre, c'est le deuxième jour alors que Xavier ça fait depuis le 13 mars.
00:25 C'est vrai que c'est pas évident vu que la direction générale attend que le corps de Xavier lâche.
00:29 J'ai dit il en faudra un deuxième.
00:31 Une semaine avant d'entamer ma grève de la faim, je suis allé voir mon médecin, beaucoup boire.
00:35 Boire avec aussi du sirop pour le glucose et après en fait c'est le mental.
00:40 Déjà physiquement on le voit au niveau du visage que j'ai un peu fondu.
00:44 Ça fait 13 ans que je suis à Castorama à Strasbourg.
00:50 Je gagne 1 400€ net par mois.
00:51 Je suis vendeur peinture et aussi délégué syndical CGT de l'établissement.
00:56 Donc en fait on fait la grève de la faim parce que ça fait 5 mois déjà qu'on est en lutte.
00:59 Ça fait 5 mois que derrière on envoie des courriers, qu'on fait des débrayages,
01:02 qu'on fait des occupations de magasins.
01:04 Et derrière il y a une réponse de mépris de la direction générale, Kingfisher,
01:08 même pas à Castorama mais directement Kingfisher,
01:11 qui nous sort qu'ils bougeront pas d'un pouce, ils ne négocient pas sous pression.
01:15 Kingfisher compte près de 1 400 magasins dans 8 pays.
01:18 Pendant la pandémie, l'entreprise a fait un bond de 13,5 milliards d'euros.
01:23 Nous notre vendication c'est mettre en lumière, proprement dit,
01:26 cette précarité qu'il y a à Castorama, et pas qu'eux bien sûr,
01:30 des faits qu'il y a des salariés qui dorment dans leur véhicule, comme moi,
01:32 sauf que moi je l'ai décidé, eux ne décident pas.
01:34 Il y a des salariés qui sautent des repas,
01:36 il y a des salariés qui sont obligés de faire des crédits à la consommation
01:38 pour pouvoir manger, remplir leur frigo ou faire leur plein de leur véhicule.
01:42 Et en fait moi je veux mettre en lumière ça, rendre visible l'invisible.
01:45 Contacté par l'Humanité, le groupe affirme avoir accordé une augmentation générale
01:49 minimum de 70 euros par salarié, sans préciser s'il s'agit de net ou de brut.
01:54 C'est mensonger parce que les 70 euros bruts, qu'est-ce qu'il y a dedans ?
01:56 Donc il y a 50 euros bruts d'augmentation générale, qui fait 37 euros net d'augmentation.
02:02 Les 20 euros bruts qui restent, c'est l'augmentation individuelle,
02:04 donc c'est à la tête du client, ça marche comme ça, c'est à la tête du client,
02:07 et surtout personne ou presque ne va recevoir cette augmentation individuelle.
02:10 On est sur 1,2% d'augmentation générale,
02:13 comparé à l'inflation qui est 10, 14, 16%.
02:17 On ne sait même plus exactement, vu le taillement que c'est élevé,
02:19 mais là il y a un gros décalage.
02:20 Donc même si notre rémunération, notre salaire était toujours aussi bas,
02:24 l'inflation n'était pas aussi présente,
02:26 et derrière on arrivait quand même à vivre,
02:29 maintenant c'est très compliqué de survivre.
02:32 Ce qu'on demande, c'est se mettre autour d'une table, dans le dialogue social,
02:36 pour pouvoir après discuter et trouver une solution pérenne,
02:40 pour qu'on puisse sortir un peu de cette précarisation, de cette précarité.
02:43 On ne sera pas riche, mais on veut un geste fort de notre entreprise,
02:45 qu'ils arrêtent simplement de regarder juste les actionnaires,
02:48 juste pour les gaver.
02:49 Parce que je tiens quand même à préciser, c'est Kingfisher.
02:51 Ces 540 millions de dividendes, pendant que nous,
02:54 et ça c'est sur la fiche de paye,
02:55 on va avoir 37 euros net d'augmentation.
02:57 Kingfisher déclare aussi que, en 2022,
03:01 nos collègues ont touché en moyenne plus de 15 mois de salaire.
03:03 Ce n'est pas du salaire, c'est de la rémunération, clairement.
03:06 Parce qu'en gros le salaire, on a 12 mois de salaire.
03:07 Le reste, c'est des primes.
03:08 Qui ne compte pas pour la retraite,
03:10 et quand vous cherchez un appartement, c'est votre salaire.
03:11 Ils regardent votre salaire, vous le faire un crédit, c'est votre salaire.
03:13 J'ai deux enfants, je ne les vois pas,
03:16 parce que je suis sur le parking de mon magasin.
03:18 Je suis dans la lutte, je suis dans le combat des salaires pour tous les collègues.
03:22 Je me bats aussi pour mes enfants.
03:24 En gagnant mieux ma vie, je pourrais directement après leur payer des études, etc.
03:27 Et de la vie de tous les jours, aussi leur acheter des petits cadeaux.
03:30 En fait, c'est ça en fait.
03:31 Les clients et les salariés de mon magasin,
03:33 et même nationalement, via les réseaux sociaux,
03:34 nous soutiennent.
03:35 Me disent "courage Javier, c'est courageuse ce que tu fais,
03:38 ne lâche pas, tu nous mets en lumière vraiment
03:40 ce qui se passe dans la grande distribution".
03:42 Et moi en fait, ça m'aide, parce que derrière, comme je dis,
03:44 je fais une grève de la faim, mais je me nourris de soutien.
03:46 Nous avons demandé à Kingfisher
03:48 si une rencontre entre la direction du groupe et Xavier Gaspar était envisagée
03:52 afin qu'il mette un terme à sa grève de la faim.
03:54 Le groupe n'a pas souhaité nous répondre.
03:57 [Musique]

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