Manifestations : mais que fait la police ? En toute subjectivité

France Inter

Avec Anne-Cécile Mailfert, fondatrice de la Fondation des femmes, ancienne Porte-parole d’Osez le féminisme.  Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/en-toute-subjectivite

Transcript

00:00 En toute subjectivité, ce matin avec la présidente de la Fondation des femmes.

00:03 Bonjour Anne-Cécile Maïfert.

00:04 Bonjour.

00:05 Ce matin vous voulez nous parler de cinq jeunes femmes nantaises.

00:09 Elles ont 20 ans, elles sont pleines d'énergie, encore étudiantes et déjà très engagées.

00:13 Elles sont à l'image de cette jeunesse d'aujourd'hui, qui sait mieux que nous, ce qui nous attend

00:17 si nous n'y arrivons pas à changer ce monde qui déraille.

00:20 Ce lundi, alors qu'elles rentraient d'une action militante sur le périphérique nantais,

00:24 elles ont vu arriver des policiers.

00:25 Les CRS ont alors nassé illégalement toute la bande d'amis et exfiltré les jeunes

00:30 femmes derrière un rideau de camions.

00:32 Tout est allé vite et pourtant tout a duré une éternité.

00:35 Les regards intimidants, les paroles dégradantes et les gestes avilissants des policiers.

00:40 « Je vais te fouiller la chatte, t'es sale ! » Au mépris de toutes les lois, une policière

00:45 engouffre une main gantée à plusieurs reprises dans la culotte de chacune de ces cinq femmes.

00:49 Des faits qui pourraient être qualifiés juridiquement d'agressions sexuelles.

00:53 Peu après, l'une d'entre elles s'effondre, elles ne comprennent pas ce qui vient de leur

00:56 arriver.

00:57 Le lendemain, quatre d'entre elles portent plainte.

00:59 Elles seront rappelées par l'IGPN.

01:00 Une enquête est ouverte.

01:01 Et vous nous dites qu'il s'agit de violences policières ?

01:04 D'où ça vient qu'un policier puisse s'autoriser ainsi à outrepasser la loi et pour ses femmes

01:08 leur intimité ? Car il n'y a pas de passage à l'acte sans sentiment d'impunité.

01:12 La réponse peut être trouvée ces derniers jours dans les déclarations d'Eric Dupond-Moretti

01:16 qui appelle à la plus grande sévérité envers les manifestants.

01:19 Ou encore de Gérald Darmanin qui, lorsqu'interrogé sur cette fouille illégale, répond par un

01:24 silence avant de faire applaudir les policiers victimes de violences.

01:27 Ces violences ne sont pas inédites dans notre pays.

01:30 Quand c'était dans les quartiers, elles étaient méprisées, au mieux ignorées.

01:33 La crise des gilets jaunes a marqué un tournant avec l'irruption de visages ensanglantés

01:37 sur les écrans télévisés.

01:38 Si le début du mouvement des retraites nous a rassurés, ce calme apparent n'était

01:41 qu'un mirage.

01:42 Le schéma de maintien de l'ordre, les techniques, les armes, leur niveau de militarisation définissent

01:47 aussi le niveau de violence des manifestations.

01:49 Et tout ça, c'est des choix politiques.

01:51 Et ce virage vous inquiète ? Oui car lorsqu'un pouvoir se trouve minoritaire,

01:55 son erreur sera toujours de croire que pour assurer son maintien, la répression est une

01:58 solution.

01:59 Dès qu'il y a des violences dans les manifestations, les femmes sont moins nombreuses à oser s'y

02:02 joindre et particulièrement les plus vulnérables.

02:04 La démocratie se rétrécit et subsiste alors un champ de bataille virile où les têtes

02:08 brûlent et sont matraquées par des têtes casquées.

02:10 J'ai appris la citoyenneté en apprenant à marcher.

02:13 Comme ces jeunes nantaises, à 20 ans j'ai marché pour les droits des femmes, pour la

02:16 planète et souvent pour nos retraites.

02:17 Parfois on a fait reculer des lois et même démissionné des gouvernements.

02:21 Pour qu'aujourd'hui toutes les jeunes femmes et toutes personnes en réalité de

02:24 notre pays puissent exercer ces libertés sans craindre d'être réprimées, je souhaiterais

02:29 rappeler à notre président l'article 12 de la Déclaration des droits humains.

02:33 « La garantie des droits de l'homme et du citoyen nécessite une force publique.

02:37 Cette force est donc instituée pour l'avantage de tous et non pour l'utilité particulière

02:42 de ceux auxquels elle est confiée.

02:44 Merci à vous Anne-Cécile Maïfera.

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