Mort d'un élève pendant le bac : que s'est-il passé ?

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Transcript
00:00 - Au début de l'après-midi, c'est 70 élèves qui sont
00:04 dans une salle pour une épreuve, une épreuve de spécialité
00:10 économique.
00:11 - D'accord.
00:13 - Et au bout de quelques minutes, alors qu'on leur a
00:15 déjà distribué les copies ou les... Oui, les copies,
00:18 ce jeune homme, Nadir, qui avait juste 19 ans,
00:26 il avait fêté son anniversaire quatre jours avant ce drame,
00:31 tombe, fait un malaise, qui n'a pas été identifié
00:35 comme un malaise grave, à mon avis, au départ.
00:37 - C'est ça, l'histoire, c'est qu'au départ...
00:39 - Je pense que c'est ça.
00:40 - Voilà, c'est quoi?
00:41 C'était une épreuve de combien de temps?
00:42 - C'est une épreuve qui dure, je ne sais pas exactement,
00:44 mais c'est une bonne partie de l'après-midi.
00:46 - C'est ça.
00:47 - Il est...
00:48 - Donc au départ, il fait un malaise et je crois que
00:50 les personnes, les adultes, enfin, les gens qui étaient
00:52 là, ils se disent, bon, c'est peut-être l'émotion,
00:54 etc., voilà, il était stressé par cette épreuve,
00:57 par le bac, tout ça, et donc ça ne réagit pas trop.
01:00 Quand il est tombé au sol, l'épreuve a continué.
01:03 - Alors l'épreuve continue, il y a même des élèves
01:05 qui ont demandé à ce qu'elle soit suspendue compte tenu
01:08 du fait qu'ils avaient leur camarade par terre,
01:11 qui avait du mal à respirer, avait un peu bleuillé.
01:17 Je pense que personne n'a pris en fait la juste mesure
01:21 de la gravité de la situation.
01:23 - Alors il y avait des élèves donc qui se levaient
01:25 pour aller voir ce qui se passait, forcément,
01:27 et les adultes continuaient à passer dans les rangs
01:30 pour faire signer la feuille de présence alors qu'il était
01:32 toujours par terre et on leur disait d'aller se rasseoir.
01:35 - Oui, je pense que...
01:36 Ce que je dis, ils ont pas pris la mesure de la gravité.
01:40 Ils ont dû penser que c'était un malaise vagal
01:42 ou un petit malaise lié à l'émotion de la...
01:47 - Mais ça ne l'est pas.
01:48 - De l'épreuve étudiante.
01:50 En réalité, c'était beaucoup plus grave que ça.
01:53 Mais il y avait huit adultes, huit encadrants
01:56 dans cette salle et personne n'a vraiment pris conscience
02:02 de la situation.
02:04 Il y en a quand même un, un gamin qui a réussi,
02:06 un lycéen qui a bravé les interdits et qui a mis
02:11 son petit camarade en position latérale de sécurité
02:15 pour qu'il soit plus à l'aise.
02:19 Après, il y a la polémique sur à quel moment
02:22 on a appelé les secours.
02:23 - Alors, parce qu'il y a des gens qui disent
02:24 qu'il parlait plus, il commençait à devenir bleu.
02:25 - C'est ça.
02:26 - Une élève s'est levée quand même et l'a mise en PLS,
02:28 comme vous l'avez dit.
02:29 Nous, on se disait qu'il fallait appeler les secours.
02:31 Ce qui nous a choqués, c'est qu'il a été laissé
02:33 seul un moment par terre.
02:36 - Ni vous, ni moi, ni Étienne, il y a toujours un problème
02:40 d'interprétation quand on appelle les pompiers
02:42 ou qu'on appelle les gendarmes en situation d'urgence.
02:46 On trouve toujours qu'ils mettent beaucoup de temps
02:48 à venir alors qu'en réalité, quelquefois...
02:50 - Ils sont appelés rapidement.
02:51 - À ma connaissance, oui, ils ont été appelés.
02:53 Ils ont mis 20 minutes entre le moment où Nadir fait
02:58 son malaise et le moment où les pompiers arrivent sur place.
03:01 Il s'est passé 20 minutes.
03:03 - Alors, il souffrait d'une cardiopathie sévère.
03:06 Bruno Megarman, qu'est-ce que c'est, ça?
03:09 - Une cardiopathie, c'est une maladie qui touche le coeur.
03:11 - C'est ça, oui.
03:12 - C'est assez simple.
03:13 Après, évidemment, toutes les pathologies qui touchent
03:15 le coeur, par définition, on va les appeler cardiopathies.
03:18 Donc, il y a des maladies qui touchent le muscle cardiaque,
03:21 des maladies qui vont entraîner un problème de circulation,
03:25 de l'influx électrique, avec des maladies qui ont tendance
03:29 à faire emballer le coeur et d'autres plutôt à ralentir
03:32 de façon extrême le coeur.
03:34 Il y a des maladies qui touchent les coronaires,
03:36 c'est-à-dire les vaisseaux qui irriguent le coeur.
03:38 Donc, le mot cardiopathie est non spécifique.
03:40 Il désigne tout simplement maladie cardiaque.
03:42 - Alors, on sait qu'il avait des problèmes de coeur.
03:44 Il devait souvent rater les cours pour aller à l'hôpital.
03:46 Il portait un pacemaker aussi.
03:47 - Oui, donc, très probablement, c'est-à-dire qu'il y avait
03:50 sûrement une certaine atteinte, un certain type d'atteinte
03:53 du courant électrique qui est nécessaire pour faire contracter
03:57 les cellules musculaires cardiaques.
03:59 - Alors, il a été laissé au sol pendant plusieurs minutes.
04:01 Est-ce que... c'est la question qu'on se pose toujours.
04:04 Est-ce que s'il y avait eu une réaction plus rapide
04:07 et des gestes de secours, premiers secours plus rapides,
04:10 est-ce qu'il aurait pu survivre?
04:12 - Alors, évidemment, on ne peut pas du tout répondre
04:15 à ce dossier et je ne connais...
04:17 - Vous ne pouvez pas.
04:18 - Je ne connais pas les événements très précisément.
04:20 En fait, lorsque l'on développe un arrêt cardiaque,
04:22 évidemment, c'est une urgence vitale.
04:24 Donc, il faut aller le plus vite possible.
04:26 Et à partir du moment où le coeur s'arrête,
04:28 vous avez trois minutes globalement pour initier
04:30 le massage cardiaque.
04:31 Sinon, vous allez avoir des séquelles cérébrales liées
04:34 au manque d'oxygène ou évidemment, si la durée
04:37 sans réanimation se prolonge, vous allez mourir
04:40 de votre arrêt cardiaque.
04:41 C'est ce qu'on appelle la mort subite.
04:43 Il y a environ 50 000 cas par an en France de mort subite,
04:46 c'est-à-dire une personne qui ne devait pas mourir
04:49 et puis qui, brutalement, présente un arrêt cardiaque
04:52 non prévisible.
04:53 Et donc, effectivement, ce qu'il faut, c'est mettre
04:56 en place les gestes d'urgence le plus vite possible
04:58 pour lui donner une chance de pouvoir éventuellement
05:01 survivre.
05:02 Et il y a des gens qui font une mort subite
05:05 et qui survivent sans aucune séquelle.
05:07 C'est pourquoi, d'ailleurs, l'initiation de ces gestes
05:11 d'urgence doivent se faire lorsque l'on trouve quelqu'un
05:14 qui a perdu connaissance et qui respire de façon anormale.
05:17 Sans plus chercher à savoir est-ce qu'il est en vie ou pas,
05:20 est-ce que son coeur bat ou pas, du moment qu'il a perdu
05:23 connaissance, qu'il respire de façon anormale,
05:26 il faut tout de suite le mettre sur le dos, sur un plan dur
05:28 et initier le massage cardiaque avec une fréquence
05:31 de 100 massages, 100 compressions par minute.
05:34 - Je crois qu'il a cassé les côtes.
05:36 - Il n'y a pas besoin de faire...
05:37 - Il a cassé les côtes, oui, très fort.
05:39 - Alors, il faut enfoncer de 5 à 6 cm le sternum.
05:41 Donc, en fait, on mesure, on voit où se localise le sternum,
05:44 c'est-à-dire au milieu des côtes.
05:45 On se met au milieu, on met la main au milieu et puis
05:48 on essaye d'enfoncer, donc à une fréquence de 2 compressions
05:51 par minute. Alors, ce qui est important, c'est qu'il faut
05:54 comprimer, mais aussi décomprimer d'une durée
05:57 à peu près équivalente, donc 100 massages par minute.
06:00 En fait, il ne faut pas essayer de faire un bouche-à-bouche,
06:03 parce que c'est vrai que c'est quelque chose qui peut rebuter
06:06 un peu et puis surtout qui n'est pas utile pour améliorer
06:09 la survie du patient. Donc, il faut faire le massage
06:13 de façon à ce que le patient soit en forme de corps.
06:16 - Et surtout, s'il y a d'autres personnes autour de soi,
06:19 demander d'alerter les secours, voire, lorsque l'on est
06:22 dans un lieu comme une gare, un aéroport, amener un
06:25 défibrillateur semi-automatique qui va permettre, en fait,
06:28 de, si besoin, de faire un choc électrique qu'au patient
06:31 pour ramener le coeur en rythme normal.
06:34 - Alors, on a eu le témoignage de son papa et c'est vrai
06:37 que ça nous a brisé le coeur, vraiment. Il a révisé toute
06:40 la matinée, dit son papa, jusqu'à 14 h. Juste avant
06:43 le vaccination, il a dit, "Je vais le faire, je vais le faire,
06:46 mais je l'aurai, ce bac." Il voulait toujours faire
06:49 plaisir à son père. Voilà. Et c'est vrai que...
06:52 Voilà. Et son papa dit, "D'après les échos que j'ai eus,
06:55 il aurait demandé à sortir, mais on lui aurait refusé."
06:58 Et c'est vrai que, voilà, c'est un drame pour la famille.
07:01 Et ses parents et son père étaient d'une dignité
07:04 incroyable. Et franchement, ils nous ont brisé, voilà,
07:07 brisé le coeur. Voilà, je vous dis, on a été vraiment...
07:10 On a été très tristes ce matin de ce drame et d'avoir eu
07:13 le papa au téléphone qui était vraiment...
07:16 Voilà, il était forcément très, très triste, mais très digne.
07:19 Merci. En tout cas, merci, Michel. Merci, Bruno,
07:22 d'avoir été avec nous. Vous avez quelque chose à ajouter,
07:24 Gilles?
07:25 - Bah, juste qu'effectivement, il y a tellement de témoignages
07:28 d'élèves qui dénoncent le temps trop grand et le manque
07:31 de réactivité que le ministère de l'Éducation nationale
07:34 a tout de suite ouvert une enquête administrative pour savoir
07:37 si la prise en charge a été faite à temps avant l'arrivée
07:40 de la crise. Et il a ouvert une enquête également.
07:43 - Qui en pense très, très fort à sa famille.
07:46 - Moi, je dirais que c'est juste une occasion pour rappeler
07:49 l'importance des gestes de premier secours et d'encourager
07:52 tout le monde, y compris les enfants, les jeunes,
07:55 d'apprendre ça parce que c'est facile et ça peut sauver
07:58 des vies, y compris au sein même de votre famille.
08:01 - Je ne sais même pas pourquoi on ne le fait pas à l'école.
08:04 - Je pense...
08:05 - Il doit le faire à l'école.
08:07 - Merci.
08:08 - Il y a quand même une pathologie qui touche
08:10 les enfants du second banc.
08:11 - Il y avait quand même un pacemaker.
08:13 - Est-ce que les huit adultes dans la pièce en avaient connaissance?
08:16 - C'est pourquoi c'est très simple. Peu importe de faire
08:19 le diagnostic ou pas de l'arrêt cardiaque, ce qu'il faut,
08:22 c'est lorsqu'on voit quelqu'un inconscient qui a du mal
08:25 à respirer, initier immédiatement le massage cardiaque
08:28 et appeler le secours. On ne se pose pas de questions.
08:31 Si d'ailleurs la personne était toujours en vie, à ce moment-là,
08:34 lorsque vous débutez le massage, vous ouvrez les yeux
08:37 [Musique]

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