Premières impressions, ressentis, jeu d'acteur : on a demandé à Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder, deux jeunes actrices à l'affiche du film "Mon crime" de François Ozon, ce que ça faisait de travailler aux côtés des grands noms du cinéma français
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Court métrageTranscription
00:00 Elle c'est Nadia Tereskevic et elle c'est Rebecca Marder, deux jeunes actrices à l'affiche de Mon Crime de François Ozon
00:04 où elle côtoie le gratin du cinéma.
00:06 Du coup on leur a demandé ce qu'elles ont appris avec ces grands noms du cinéma.
00:09 Moi ça m'a saisi quand j'ai regardé le film pour la première fois.
00:12 J'ai trouvé que c'était un film où il n'y avait pas de numéro d'acteur.
00:14 Il y a beaucoup d'acteurs et pas des moindres.
00:16 Enfin non mais c'est vrai, on a la chance nous plus verte que tous ces monstres du cinéma qui nous entourent
00:22 et qui arrivent les uns après les autres.
00:24 J'ai l'impression qu'il y a un solfège commun entre tous les acteurs du film.
00:28 Moi j'étais très intimidée parce que justement c'est quand même des acteurs
00:31 qui nous ont suivi toute notre adolescence.
00:33 J'ai vraiment vu Isabelle Huppert, Fabrice Tuchini, toujours Danny Boon.
00:37 Ce crime est une atrocité.
00:40 Mais que voulez-vous ?
00:42 Je lui dois ma fortune.
00:43 Avec Isabelle, le fait d'avoir passé le cap de l'intimidation
00:46 et de voir qu'en fait elle est vraiment dans le jeu au service du film,
00:49 qu'elle est heureuse d'être là et qu'elle est normale en fait.
00:51 J'étais juste trop contente d'être dans le moment avec elle, avec Rebecca.
00:56 Après moi des fois j'avais un peu de recul et je me disais
00:58 "Oh là là, là je dois rembarrer Isabelle Huppert".
01:01 J'avais pas du tout envie de lui faire "Oh oui !"
01:03 Ça c'était des fois un peu dur.
01:05 Regardez-moi ce luxe !
01:06 - C'est trop de chance ! - Eh bien je vous en prie !
01:08 Et puis André Dusselier, Danny Boon, c'était des rencontres extraordinaires.
01:12 Tous ils ont été d'une générosité folle.
01:14 C'est des conseils aussi qu'on prend en observant.
01:17 On apprend beaucoup sur un plateau.
01:19 Observer comment ils ont une maîtrise de tout.
01:22 Pour le jour de tournage, Fabrice Tuchini m'a dit
01:24 "Oui, j'ai pas compris, pardon, tu peux articuler s'il te plaît ?"
01:29 Première réplique, j'étais là "Oh là, je suis mal barrée".
01:31 C'est la vanne, il m'a dit de travailler l'articulation,
01:34 il m'a dit de mettre un cléon dans la bouche, faire toutes mes phrases.
01:36 Et je l'ai fait très scolairement.
01:38 J'ai pris vraiment un plaisir fou à mettre les mots en bouche justement
01:41 et à travailler le texte et de se l'approprier pour justement ensuite
01:45 être libre sur le plateau.
01:46 Mais n'est-il pas possible en 1935 de mener sa carrière,
01:51 sa vie de femme, en toute égalité ?
01:53 Moi c'est Dominique Blanc qui un jour, alors qu'on répétait au théâtre,
01:57 j'étais en perte de confiance totale, je croyais plus en moi
01:59 ni en le fait que j'étais bonne pour faire ce métier.
02:02 Elle m'a dit "Rébecca, je t'observe la répéter
02:05 et j'aimerais que t'arrêtes de te tenir comme le bossu de Notre-Dame
02:07 et que t'arrêtes de jouer dos au public,
02:09 maintenant tu vas assumer qui tu es."
02:11 Et j'étais là "Oh mais Dominique, c'est incroyable que vous me disiez ça maintenant
02:15 alors que je croyais qu'il fallait que j'arrête ce métier."
02:18 Elle m'a dit "Bon, la prochaine fois que tu vas arrêter ce métier, tu m'appelles.
02:20 Et puis si t'hésites encore, tu peux me rappeler une deuxième fois
02:23 et puis tu me rappelleras une troisième fois
02:24 et je te dirai que t'es faite pour faire ce métier."
02:26 Je confirme le crime de ma cliente, mais je confirme aussi son innocence.
02:30 Après sept ans de comédie française,
02:33 moi j'étais heureuse de retourner à un tournage finalement assez artisanal.
02:38 Parce qu'on a travaillé en amonde, on a fait des lectures toutes les deux
02:43 avec Isabelle Huppert, avec Fabrice Lucchini
02:45 et on a eu cette chance de pouvoir répéter dans les décors
02:47 parce qu'il y avait quelques décors de studio.
02:49 Donc deux semaines avant le tournage, on s'est retrouvés
02:51 et c'était assez chorégraphié.
02:51 Donc ça permet une liberté quand même.
02:53 "Je suis une mauvaise actrice, toi une mauvaise avocate.
02:55 Nous devons s'employer.
02:56 Demain, nous serons à la rue.
02:57 C'est vraiment une bonne nouvelle."
02:58 Dans un truc qui est maîtrisé de bout en bout,
03:00 c'est là où en fait on se sent libre parce qu'on peut proposer des choses
03:04 sans avoir peur justement de se dire "Oh là là, mais si ça se trouve,
03:07 c'est la catastrophe le résultat."
03:09 Parce qu'en fait, François, il maîtrise tout.
03:11 C'est lui en fait qui choisit si ça marche ou pas.
03:14 Au montage, j'ai été rendue plus gentille.
03:17 Mais il y a des fois, il me demandait d'être exécrable.
03:19 Je disais à Pauline "Vraiment, non mais t'es bête."
03:22 Des trucs horribles.
03:23 Et je me disais "C'était sûr, vraiment ?"
03:25 Et en fait, c'était une question de dosage.
03:27 Et en fait, j'ai fait confiance, mais je me suis dit
03:29 "Mais là, je la déteste Madeleine.
03:31 J'ai pas du tout envie de jouer ça."
03:32 Et c'est vrai qu'à un moment donné, le fait de se dire
03:34 "Bon, de toute façon, je sais que François
03:37 trouvera l'équilibre dans la théâtralité aussi.
03:40 Il faut que ça soit naturel."
03:41 C'est de croire à ce qu'on dit et à ce qu'on vit.
03:44 Tous ces va-et-vient entre l'époque et le texte littéraire
03:47 et puis en même temps, tout ce qu'on croit.
03:50 C'est ça qui est chouette à trouver,
03:52 pour être le plus juste et le plus sincère possible.
03:55 Terminé !